Skip to main content

We will keep fighting for all libraries - stand with us!

Full text of "ABADY_Yemen_Archaeology_2_8"

See other formats




ARCHAOLOGISCHE berichte 

AUS DEM YEMEN 



BAND VIII 



DEUTSCHES ARCHAOLOGISCHES INSTITUT SAN C A 3 



ARCHAOLOGISCHE BERICHTE 

AUS DEM YEMEN 



BAND VIII 

1994 




VERLAG PHILIPP VON ZABERN • MAINZ AM RHEIN 



DEUTSCHES ARCHAOLOGISCHES INSTITUT SAN C A 3 



LES FORTIFICATIONS D'ARABIE 

MERIDIONALE DU T AU l er SIECLE 

AVANT NOTRE ERE 



PAR 
JEAN-FRANgOIS BRETON 



1994 
VERLAG PHILIPP VON ZABERN ■ GEGRUNDET 1785 • MAINZ 



IX, 203 Seiten nut 59 Abbildungen und 32 Tafeln mit 93 Abbildungen 



Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme 

Archaologfcche Berichte aus dem Yemen / Deutsches 

Archaologisches Institut San'aV - Mainz am Rhein : von Zabern. 

Erscheint unregelmaBig. - Aufnahme nach Bd. 6 (1993) 

ISSN 0722-9844 

Bd. 8. Breton, Jean-Francois: Les fortifications d'Arabie 
meridionale du 7e au ler siecle avant notre ere. - 1994 

Breton, Jean-Francois: 

Les fortifications d'Arabie meridionale du 7e au ler siecle avant 

notre ere / par Jean-Francois Breton. 

Deutsches Archaologisches Institut $an'a'. - Mainz am Rhein : 

von Zabern, 1994 

(Archaologische Berichte aus dem Yemen ; Bd. 8) 

ISBN 3-8053-1487-6 



© 1994 by Philipp von Zabern, Mainz am Rhein 

ISBN 3-8053-1487-6 

Alle Rechte, insbesondere das der Obersetzung in fremde Sprachen, vorbehalten. 

Ohne ausdruckliche Genehmigung des Verlages ist es auch nicht gestattet, dieses Buch oder Teile daraus 

auf photomechanischem Wege (Photokopie, Mikrokopie) zu vervielfaltigen. 

Printed in Germany by Philipp von Zabern 

Printed on fade resistant and archival quality paper (PH 7 neutral) 



A MINOU, 

CLARA 

ET OLIVIER 



Table des matieres 



AVANT-PROPOS 1 

INTRODUCTION 3 

Les sources 5 

Les criteres de classification 7 

Le cadre de l'ouvrage 9 



PREMIERE PARTIE: 
ARCHITECTURE 

CHAPITRE 1: SITES ET TRACES 

DES ENCEINTES 11 

1. Les sites 11 

1.1 Les villes au niveau de leurs zones 
irriguees 11 

1.2 Des fortifications au sommet de tells .. 12 

1.3 Des topographies plus accidentees .... 12 

2. Les traces des enceintes 14 

2.1 Les enceintes uniques 14 

2.2 Les enceintes doubles 17 

3. Les dimensions 17 

CHAPITRE 2: LES TECHNIQUES DE 

CONSTRUCTION 21 

1. Les materiaux 21 

1.1 La brique crue 21 

1.2 La pierre 22 

1.3 Les matdriaux de liaison 25 

1.4 Le bois 26 

2. Les structures des constructions 26 

2.1 Les massifs de brique crue 27 

2.2 Assemblages et structures internes 

de pierre 27 



2.3 Les socles de pierre 32 

2.4 Les structures de bois 32 

2.5 Quelques termes techniques 33 

3. Les appareils 33 

3.1 Le petit appareil 34 

3.2 L'appareil cyclopeen 34 

3.3 Le grand appareil 34 

3.4 L'appareil «diamantaire» 38 

4. Les parements 39 

4.1 Parements non decores 39 

4.2 Parements decores a ciselures 
perimetriques 39 

4.3 Tailles ornementales tres fines 41 

CHAPITRE 3: LES MURS ET LES 

TOURS 43 

1 . Le trace des murs 43 

1 . 1 Les traces rectilignes 43 

1.2 Les murs a cremaillere 44 

1.3 Les murs courbes 44 

1.4 Problemes de datation 44 

2. Courtines et saillants 45 

2.1 Rapport courtines/saillants 45 

2.2 Hauteur des saillants et des courtines . . 47 

2.3 Dispositifs interieurs: quelques 
hypotheses 48 

3. Les saillants 48 

3.1 Trois exemples de saillants 50 

3.2 Hypotheses de restitution 53 

3.3 Quelques dispositifs particuliers 53 

CHAPITRE 4: LES PORTES 59 

1. Typologie des portes 59 

1.1 Les portes situees entre les edifices ... 59 

1.2 De simples ouvertures 60 



VIII 



TABLE DES MATIERES 



1.3 Les portes des murailles sabeennes 

et mineennes 62 

1.4 Les portes qatabanites 68 

1.5 Les poternes 71 

2. Des dispositifs plus elabores 71 

2.1 Des portes aux dispositifs lateraux 
disymetriques 71 

2.2 Des portes aux dispositifs coudes 75 



DEUXIEME PARTIE: 

L'HISTOIRE DES FORTIFICATIONS 

CHAPITRE 5: LES FORTIFICATIONS 

«ARCHAIQUES» EN PIERRES 

BRUTES 79 

1. Les fortifications du wadl Ragwan: 
al-Asahil et Hirbat Sa c ud 79 

1.1 Hirbat Sa'ud 79 

1.2 al-Asahil 81 

2. Gidfir ibn Munayhir 83 

3. Yala 84 

4. Hagar am-Barka 86 



CHAPITRE 6: LES FORTIFICATIONS 

SABEENNES EN GRAND APPAREIL . 89 

1. L'enceinte de Marib 89 

1 . 1 Les dedicaces de construction 89 

1.2 L'etat de la muraille 91 

2. L'enceinte de $irwah 92 

2.1 Les dedicaces de construction 93 

2.2 L'6tat de la muraille 94 

3. La muraille d'al-Bayda' 95 

3.1 Les dedicaces de construction 95 

3.2 Caracteristiques techniques 97 

CHAPITRE 7: LES FORTIFICATIONS 

DES VILLES DU GAWF 99 

1. Kamna 99 

1.1 Les dedicaces de construction 102 

1.2 Les techniques de construction 102 



2. Hirbat Hamdan 103 

3. As-Sawda' 103 

3.1 Les dedicaces de construction 104 

3.2 L'etat de la muraille 104 

4. Ma°ln 105 

4.1 Les portes et leurs inscriptions 105 

4.2 Les murs et leurs inscriptions 107 

4.3 Inscriptions hors-contexte 107 

4.4 Caracteristiques techniques 108 

5. Innaba' 109 

6. BaraqiS 109 

6. 1 La muraille et ses inscriptions 109 

6.2 Remarques sur la construction 112 

CHAPITRE 8: LES FORTIFICATIONS 
QATABANITES 115 

1. Les premieres fortifications 115 

1.1 Les fortifications du wadl Guba 115 

1.2 Gabal Raydan 116 

2. Les fortifications des wadls Bayhan 
et Harib du 4e (?) au ler (?) siecle 

avant notre ere 117 

2.1 Hagar Kuhlan 117 

2.2 Hinu az-Zurayr 120 

2.3 Autres territoires qatabanites 122 

3. Le wadl Bayhan aux 2e — 3e siecles 

de notre ere 122 

CHAPITRE 9: LES FORTIFICATIONS 
DU HADRAMAWT 125 

1. Les fortifications du wadl Girdan 125 

1.1 Barira 125 

1.2 al-Bina' 126 

2. Sabwa 128 

2.1 Lcsitc 128 

2.2 Les systdmes deTcnsifs 128 

2.3 Les dedicaces de construction 130 

3. Lc wad! Hadramawt oriental 131 

3.1 Oarat Kibda 131 

3.2 Husn al- l Urr 133 

3.3 Husn at-Tawba 134 

4. Les marges du Hadramawt 135 

4. 1 les marges meridionales 135 

4.2 Les marges orientalcs 138 



TABLE DES MATIERES 



IX 



TROISIEME PARTIE: 
FORTIFICATIONS ET HISTOIRE 

CHAPITRE 10: LES SYSTEMES 
DEFENSIFS DE TYPE ARCHAIQUE . . 141 

1. L'organisation de ces systemes 141 

1.1 Des remparts a caissons ou a case- 
mates? 141 

1.2 Des systemes defensifs faits d'edifices 
contigus 142 

1.3 Problemes de datation 147 

1.4 Permanence de ce type defensif 150 

2. Des edifices contigus . . . aux remparts . 151 

2.1 Yala/ad-Durayb 151 

2.2 Hizmat Abu-Tawr 152 

3. Les remparts du wadl Ragwan 

et de Yala 153 

CHAPITRE 11: FORTIFICATIONS ET 
SOCIETE 155 

1. Puissance des souverains et des tribus .155 

2. Les chantiers: organisation 

et financement 157 

2.1 Chantier et ouvriers 157 

2.2 Le cout des fortifications 158 

3. La fortification: signe de richesse 159 

CHAPITRE 12: STRATEGIE ET 
POLIORCETIQUE 163 

1. Controle des routes et des oasis 163 

1.1 Surveillance des acces aux villes 163 



1.2 Defense des oasis 163 

2. Hadramawt et Gawf: deux systemes 

de defense 164 

3. Hypotheses sur l'art de la guerre 166 

3.1 Quelques tactiques 166 

3.2 L'art des sieges 167 

CONCLUSION 170 

RESUME EN ALLEMAND 173 

BIBLIOGRAPHIE 187 

INDICES 193 

Index toponymique 193 

Index des inscriptions de contruction 

de fortifications 195 

LISTE DES TABLEAUX 197 

LISTE DES FIGURES 198 

CREDITS DES FIGURES 199 

LISTE DES PLANCHES 
PHOTOGRAPHIQUES 200 

CREDITS DES PHOTOGRAPHIES 202 



TAFELN 1-32 



Avant-Propos 



Par leur 6tat de conservation, par leur prestige, par leur interet architectural et historique, les fortifica- 
tions de l'Arabie meridionale antique ont attire depuis le milieu du 19 erne siecle l'attention des voya- 
geurs. Les uns ont copie les nombreuses dedicaces de construction encastrees dans les murs, les autres 
ont illustre leurs succintes descriptions de croquis et de photographies. Mais les conditions meme des 
recherches dans les territoires situes en bordure du desert du Ramlat as-Sab c atayn ont sans doute con- 
tribue a une dispersion des etudes et a une indigence des methodes d'approche. 
Notre interet pour les fortifications remonte a 1980, l'annee des premieres prospections menees dans le 
wad! Gawf, en particulier sur les sites d'al-Bayda', Ma°m et Baraqis. Depuis cette date, la poursuite 
des prospections et la fouille de quelques ouvrages militaires ayant considerablement elargi nos con- 
naissances et notre documentation, il convenait de tenter de les rassembler dans un ouvrage de syn- 
thase . 

Mes remerciements vont tout d'abord a Ernest Will, membre de l'lnstitut, a qui va ma reconnaissance 
la plus profonde pour son appui constant aux recherches archeologiques en Arabie mendionale et a 
Jean-Marie Dentzer, professeur d'Archeologie a l'Universite de Paris 1. 

L'etude architecturale des fortifications n'aurait pu se faire sans l'aide de ceux qui m'ont aide pour la 
plupart des releves, Remy Audouin (archeologue), Christian Darles (architecte) et Jacques Seigne 
(architecte a l'lnstitut Francais d'Archeologie du Proche-Orient). Les remarques sur les techniques de 
construction et d'ornementation de quelques enceintes du Gawf doivent beaucoup a Jean-Claude Bes- 
sac (ingenieur de recherche au CNRS); il m'a notamment permis d'utiliser les notes prises au cours 
d'une mission commune en hiver 1990. 

L'etude epigraphique des fortifications n'aurait pu se faire sans Christian Robin (directeur de recher- 
che au CNRS), au cours des missions effectuees dans le Gawf entre 1980 et 1984. Jacques Ryckmans 
(professeur Emerite a l'lnstitut Orientaliste de Louvain-la-Neuve) a bien voulu me conseiller sur plus 
d'un point d'histoire et d'epigraphie. Qu'ils trouvent tous deux ici l'expression de ma profonde grati- 
tude. 

Jean-Claude Bessac et Pierre Leriche (directeur de recherche au CNRS) ont bien voulu relire les cha- 
pitres consacres aux techniques de construction, a 1' architecture et aux problemes d'histoire des fortifi- 
cations; Francois Bron (charge de recherche au CNRS) et W. W. Miiller (professeur de Semitistik a 
l'Universite de Marburg) ont de meme relu avec minutie les chapitres traitant des dedicaces de con- 
struction. Que tous soient remerci6s pour leurs nombreuses remarques et suggestions. 
Je ne saurais enfin oublier les autorites archeologiques de la Republique du Yemen, en particulier 
Abdullah Muheiriz, directeur des Antiquites d'Aden de 1976 a 1988, decede en 1991, et Muhammad 
Abd al-Qadlr Bafaqlh, president de l'Organisation Generate des Antiquites et des Bibliotheques de 
Sana c a': ils ont tous deux reserve a la Mission archeologique francaise le meilleur accueil et lui ont 
fourni en toutes circonstances une aide tres efficace. 

Les illustrations graphiques ont ete pour la plupart realisees par Christian Darles; je lui exprime toute 
ma reconnaissance pour ce fastidieux travail. 

Burckardt Vogt, archeologue au Deutsches Archaologisches Institut de Sana c a' a bien voulu m'aider 
pour la mise au point de cet ouvrage, et traduire en allemand le resume figurant a la fin, qu'il soit ici 
vivement remercie. 



AVANT-PROPOS 



Je remercie enfin Mr. le Professeur Jiirgen Schmidt, directeur de cet Institut, d'avoir accept^ de 
publier cette etude dans la collection des Archaologische Berichte aus dem Yemen. 

Jean-Francois Breton 
(CNRS, Paris) 
Juin 1992 



Introduction 



Le desert de Ramlat as-Sab c atayn, denomme parfois Sayhad, forme l'avancee la plus meridionale du 
Rub al-Hali, entre les monts du Yemen a l'ouest, et les plateaux du Hadramawt a Test. Entre cette 
depression sableuse et les montagnes, une sorte de glacis, couvert de graviers et de sable, forme un 
couloir large d'une dizaine de kilometres tout au plus. Son altitude est homogene: 1000 metres au 
debouche du wadi al-Gawf, 1150 metres dans la region de Marib, 1000 metres au debouche du wadl 
Marha et 700 metres vers Sabwa, et sa pente uniforme vers le desert. Mais cet horizon est loin d'etre 
monotone: ici des buttes-temoins et des domes volcaniques forment des escarpements parfois tres rai- 
des, la des plis diapirs sont creuses de mines de sel 1 , la encore les dunes s'avancent jusqu'a l'entree des 
grandes vallees. Ce couloir souvent sterile, aux arbres tres epars, est strie de bandes de terre a la vege- 
tation plus fournie, correspondant aux depots limoneux charries par les wadis qui devalent des hau- 
teurs; ces alluvions ont permis dans l'Antiquite une mise en valeur intensive, et sont partout de nos 
jours remises en culture. Le cadre geographique determine ainsi la carte des etablissements sudarabi- 
ques 2 : ils se situent a l'intersection des cours d'eau intermittents et des pistes tracees entre le desert et 
le pied des montagnes. Ils se developpent au contact des terres irriguees et des zones arides, et done 
entre regions d'economies complementaires; il en est ainsi tout au long de cet arc-de-cercle qui s'etend 
de Nagran au nord-ouest a Sabwa a Test. 

S'il parait difficile, dans l'etat des recherches, de preciser les origines de la fortune de ces grands eta- 
blissements, il est tentant d'etablir un lien entre celle-ci et l'apparition d'une premiere graphie monu- 
mentale des la premiere moitie du premier millenaire. Ces textes, graves sur pierre, temoignent de 
modifications politiques aux contours encore vagues: les historiens, soulignant seulement leur impor- 
tance, notent qu'elles s'accompagnent de programmes nouveaux de construction, le plus souvent 
defensifs. Ces travaux que l'archeologie commence prudemment a dater des 8 e — 7 e siecles avant notre 
ere semblent correspondre a l'emergence d'un Etat sabeen: ces circonstances historiques expliquent 
partiellement 1 'unite des ouvrages militaires mis en oeuvre. 

Unite de taille d'abord, les enceintes ne depassent pas un milker de metres en moyenne de pourtour, a 
l'exception de quelques capitales, Hagar Kuhlan, Marib et Sabwa; de trace ensuite, quadrangulaire 
pour la plupart et plus rarement ovale (Yala, al-Bayda' et Baraqis). Elles comportent en general un 
mur assez bas, aux contreforts exterieurs disposes a intervalles reguliers et aux courtines etroites, que 
ne protegent ni glacis ni ouvrage avance. Elles seront posterieurement constituees d'un massif de bri- 
que crue double d'un mur de pierre eleve en carreaux et boutisses; ce mur comporte des tours peu sail- 
lantes, de plus en plus hautes, aux amenagements interieurs en bois. Cette technique de construction 



De nombreux Etablissements antiques se situent non 2 La localisation des sites de 1'age du Bronze repond a 

loin de ces domes de sel, parfois encore exploited de nos d'autres criteres dont la presentation se situe hors du 



jours. Voir la carte p. 13 de Shatoury (M.E.), Al-Kir- cadre de notre Etude. 

bash (S.A.), Othmann (S.), Analysis of lineaments in 
Lansat-1 photographs of Yemen and their geological 
significance, dans Dirasat Yamaniyyah, 3, 1979. 



INTRODUCTION 



s'impose progressivement sur toutes les franges du desert au point de devenir la caracteristique primor- 
diale de la muraille «sudarabique». 

Cette unite geographique, historique et architecturale ne doit pas cependant masquer d'importantes 
diff6rences. Geologiques tout d'abord. Le socle primaire n'apparait que dans certaines regions, dans 
les monts de c AmIr au nord-ouest, vers Sirwah au centre, dans les wadls HarTb et Bayhan et le Gabal 
an-Nisiyln au sud 3 . Sur le flanc meridional du wad! al-Gawf, ce socle disparait sous l'epais calcaire des 
series dites de «Amran»; dans la region de Marib, les couches calcaires des Gabal Balaq contrastent 
avec les hauteurs volcaniques des Gabal al-Hasab et Ham 4 . Enfin, a Test, les hauts-plateaux du Hadra- 
mawt, du d6but du tertiaire (Paleocene et Eocene), fournissent des bancs de calcaires de fades diffe- 
rents, riches en silex par endroits. 

Les constructions sudarabiques, les murailles en particulier, utilisent done des materiaux differents 
selon les regions. Les enceintes du wad! al-Gawf sont 61ev6es en calcaires oolithiques, celles de Marib 
en calcaires, tufs et laves, celles des wadls Bayhan/Harib en granits ou en schistes, et celles du Hadra- 
mawt en calcaires divers et en gres. Si les calcaires sont en general associes aux appareils rectangulai- 
res, les blocs de granit sont souvent montes en appareil cyclopeen ou irregulier. 
Les fortifications pr6sentent enfin de grandes differences d'aspect, liees en partie a l'utilisation du bois; 
celui-ci entre en effet de maniere tres variable dans la construction des murs. Aux murailles mineennes 
ou sabeennes construites essentiellement en brique et en pierre (le bois 6tant reserv6 aux planchers et 
aux amenagements interieurs), s'opposent certaines murailles qatabanites constitutes de soubasse- 
ments en pierre et de superstructures en bois. Les premieres se rattachent a une tradition, sans doute 
tres ancienne, de batir en brique a laquelle s'ajoute (vers la premiere moiti£ du premier mill6naire?) 
l'utilisation de la pierre; les secondes a une tradition d'dlever des ossatures de bois au-dessus de puis- 
sants socles de pierre. II en resulte des aspects r^gionaux tres varies que soulignent les dedicaces de 
construction. 



Voir notamment F. Moseley, A reconnaissance of the 4 F. Geukens, Contribution a la gtologie du Yimen, dans 
wadl Beihan, South Yemen dans Proceedings of the Mimoires de I' Institut geologique del' Universite" de Lou- 
Geological Association, vol. 82, part 1, 1971, p. 61-69 vain, tome XXI, Louvain, 1960, p. 132 et 170. 
et 4 fig., ainsi que l'6tude en cours de B. Coque-Del- 
huille, Professeur de G6ographie Physique a l'Univer- 
sit6 de Paris VII. 



Les sources 



Tenter d'6crire une histoire de ces fortifications pose l'inevitable probleme des sources. Celles-ci sont 
de deux ordres, archeologique et epigraphique. 

Ce sont plus d'une trentaine d'etablissements fortifies, etablis a intervalles reguliers, sur les franges du 
desert de Sab c atayn. Dans l'ordre, du Nord au Sud, il s'agit de Nagran, de la dizaine de sites du wadl 
al-6awf (d'Ouest en Est: an-Nlr, Hizmat Abu-Tawr, al-Mabniyya, al-Bayda', as-Sawda', Kamna, Hir- 
bat Hamdan, Main, Baraqis et Inabba'), des deux sites du wadl Ragwan (Hirbat Sa°ud et al-Asahil), 
des sites du wadl 'Adana et de ses affluents (Marib, Sirwah et Yala), de ceux du wadl Guba (Hagar ar- 
Rayhanl), du wadl Harib (Hinu az-Zurayr), du wadl Bayhan (Hagar Kuhlan), du wadl Marha et de ses 
affluents (Hagar Lagiyya, am-Barka, Talib, am-Nab, Yahir, etc.), du wadl al-Higr (al-Ganadila), du 
wadl Girdan (BarTra et al-Bina'), du wadl Mayfa c a (Naqab al-Hagar), du wadl c Atf/ c Irma (Sabwa), du 
Hadramawt enfin (Qarat Kidba, Husn al- c Urr et at-Tawba), sans oublier Hor Rori dans le Zufar. 
Certains de ces etablissements n'ont pu faire l'objet d'une etude exhaustive: Hizmat Abu Tawr, Hirbat 
Hamdan, Inabba', Barlra et al-Bina'. Les uns en effet disparaissent sous la vegetation (Hizmat Abu- 
Tawr), les autres sous les constructions recentes (Hirbat Hamdan et Inabba'), d'autres encore ont ete 
rapidements visites (dans ce cas, les observations au sol ont ete reportees sur les plans disponibles ou 
sur les photographies aeriennes). D' autre part, certaines etudes de detail, notamment sur les techni- 
ques de construction, n'ont pu, pour des raisons pratiques (disparition sous les deblais, le sable ou les 
constructions recentes, etc.) etre menees a terme. Quelques fortifications ont fait enfin l'objet de fouil- 
les ponctuelles, en particulier certaines portes a Marib, Sabwa, Hagar Kuhlan, Nagran et Hor Rori. En 
definitive, le materiel rassemble ici est assez heterogene et n'autorise que des conclusions partielles et 
provisoires. Puissent les fouilles futures permettrent de les preciser. 

Neanmoins cette documentation parait suffisante, dans un premier temps, pour etablir une typologie 
des systemes defensifs et des techniques de construction, et dresser des cartes de leur distribution 5 . A 
une description statique des elements architecturaux, il a sembl6 preferable de retracer 1'evolution de 
ceux-ci; tache delicate car les ouvrages defensifs elabores, mettant en oeuvre des techniques particulie- 
res, sont peu nombreux et souvent mal dates. Cette rarete pose indirectement le probleme de la stag- 
nation relative des conceptions defensives qui peut etonner dans les villes mineennes en contact regu- 
lier avec le monde mediterranean. Enfin, l'etude des techniques de construction en pierre souleve la 
question des origines de celles — ci. S'il est acquis que certains traits semblent participer d'un heritage 
proprement sud-arabe, d'autres elements peuvent eventuellement attester des emprunts puis des adap- 
tations locales 6 . Des lors, les comparaisons, volontairement restreintes dans cet ouvrage, si seduisantes 
soient-elles, doivent etre considerees comme des hypotheses de travail provisoires, les fouilles «monu- 
mentales» permettront a l'avenir de les confirmer eventuellement. 

5 Pour les questions m^thodologiques, nous renvoyons h dans Doura-Europas, Etudes, Syria, t. LVX, 1988, 

P. Leriche et H. Trdziny: La fortification dans I'histoire p. 297-313. 

du monde grec, Paris, 1986, et a J. -CI. Bessac, 6 J.-Cl. Bessac, Techniques de construction, de gravure et 

L'analyse des procides de construction des remparts en d'ornementation en pierre dans le Gawf (a paraitre). 
pierre de Doura-Europos. Question de mithodologie, 



LES SOURCES 



Les sources epigraphiques permettent heureusement de completer ces donnees archeologiques. Au 
total, ce sont pres de trois-cents dedicaces de construction qui figurent sur les murs des enceintes. Geo- 
graphiquement, elles se repartissent de facon inegale: 170 environ proviennent du wadl al-6awf (dont 
91 pour la seule muraille d'al-Bayda'), 26 du wadl Ragwan, une trentaine de la region de Mario et de 
Bayhan, mais une quinzaine seulement du Hadramawt et aucune des wadis Marha, al-Higr et Ham- 
mam. 

Toutes ces inscriptions sont gravees sur les contreforts, les tours et les courtines des enceintes. Elles 
rapportent d'abord le nom de leur batisseur: moukarribs sab6ens, souverains qatabanites ou membres 
influents des clans tribaux dans les villes mingennes. En Hadramawt, ce sont tantot ces personnages 
aises, tantot des rois qui entreprennent la construction des fortifications. Ces textes consignent ensuite 
la designation (tours ou courtines), la denomination et le nombre des ouvrages defensifs realises. lis 
contiennent souvent aussi de nombreux termes techniques qui peuvent designer soit des matenaux, 
soit des parties de l'ouvrage. Chacun de ces termes a fait l'objet de plusieurs interpretations, les unes 
en fonction du comparatisme semitique, les autres a l'aide de comparaisons avec des fortifications 
orientales, mais elles ne correspondent pas toujours au contexte architectural; aussi contentons — nous 
de proposer de nouvelles traductions pour certains termes quand le contexte architectural est clair, et 
de retranscrire sans traduction les autres. Ces dedicaces de construction renferment enfin des donnees 
d'ordre juridique (decrets, etc), religieux (offrandes ou ceremonies) ou economique (livraison de 
nourriture aux ouvriers, mentions de commerce caravanier). Ces textes suffisent-ils a rendre compte 
de la part respective de l'Etat et des differents groupes sociaux dans le mode de fonctionnement des 
chantiers, et de facon plus generate a evaluer la richesse de telle ou telle ville? La reponse est trop sou- 
vent negative, sauf dans le cas de Ma°In et de Baraqi§. Dans le cas des systemes defensifs faits d'edifi- 
ces contigus, comme a HinQ az-Zurayr, les inscriptions ne fournissent guere de details sur la spedficite 
de leur organisation socio-politique. 

La chronologie de ces textes repose encore en grande partie sur les classements paleographiques 7 , 
faute de fouille. Dans de nombreux cas, elle permet de determiner approximativement les cycles de 
construction et d'abandon des fortifications. On distingue provisoirement ainsi une phase importante 
de construction sous les premiers moukarribs sabeens, une phase de mise en oeuvre des grandes fortifi- 
cations mineennes, qatabanites et hadramites, et une periode de dedin. Les decouvertes archeologi- 
ques recentes 8 permettent, sous toutes reserves, d'attribuer la premiere de ces phases aux environs des 
8 e — T (?) siecles avant notre ere, la seconde aux environs des 5 C — 4 e siecles, et la derniere au 1 er siecle 
avant notre ere. Mais ces datations sont encore provisoires, et le present ouvrage n'y fait reference que 
de maniere indicative. Que le lecteur veuille bien prendre en compte ces considerations preiiminaires. 



Paleographie d'apres J. Pirenne, Paleographie des ins- reich der Sabaer bis zu seinem Ende im friihen 4. Jh. 

criptions sud-arabes. Contribution a la chronologie et a v. Chr.. hcrausgegehen von W. W. MUller. OAW-SB. 

I'histoire de I'Arabie du Sud, tome 1, Des origines a 402. Bund. Wien. 1^82. 

Pepoque himyaritc, Bruxcllcs, 1956. A scs theses reluti- « Mentionnons en psirticulicr des fouilles italicnnes a 
ves a la chronologic du 1 er milldnaire avanl noire ere. Yalii et Barfiqis, franvaises ;"» as-Sawda" (temple dc 'Al- 
ii semble desormais prdfdrable dc suivre cclles de H. t ;,r du-Risaf). sovieiiques a Raybun et allemandes a 
von Wissmann. Die (Seschichte von Saba' II. Ihis Croft- Marib, 



Les criteres de classification 



Ces sources determinent en termes g6neraux la valeur des differents criteres de classification des syste- 
mes defensifs. 

Le premier critere est fonde sur l'etude typologique des elements architecturaux, en particulier des 
appareils et des parements. La seule these en cours 9 tend a demontrer que l'appareil isodome associe 
aux parements dits piquetes apparait au Yemen entre le T et le 5 e siecle avant notre ere et qu'il est uti- 
lise pour les plus beaux specimens de 1' architecture sudarabique: les sanctuaires d'Almaqah a Marib et 
Sirwah. Puis cette qualite se perdrait progressivement dans les edifices plus recents, a savoir principa- 
lement les enceintes de Ma°in et Baraqis. L'auteur de cette these, G. van Beek pensait ainsi determi- 
ner une chronologie relative qu'il suffisait de mettre en rapport avec les inscriptions in situ pour parve- 
nir a des datations absolues. Cette demarche a le merite de rendre compte de la grande qualite de la 
maconnerie sabeenne et devrait etre poursuivie. Cependant les differences d'appareil tiennent autant a 
la nature des materiaux qu'au soin apporte aux edifices. Les conclusions de G. van Beek selon lesquel- 
les les enceintes peuvent etre datees ainsi a moins d'un siecle pres semblent encore bien optimistes 
dans l'etat actuel de notre documentation; un tel essai de typologie peut a la rigueur etre tente sur une 
seule serie d 'enceintes, celle du Gawf mineen 10 . 

Le second critere, d'ordre fonctionnel, repose sur la comparaison entre les implications tactiques du 
moment et les recits de combats. Mais cette demarche ne peut etre entreprise que dans le cas d'une for- 
tification adaptee aux dernieres inventions dans l'art des sieges. Or, les fortifications sudarabiques 
comportent peu d'elements «typiques» ou d'innovations architecturales, et l'impact eventuel de la 
cavalerie sur les systemes defensifs a compter du 1 er siecle de notre ere deborde du cadre chronologi- 
que imparti. 

Le lecteur tiendra done les hypotheses chronologiques relatives aux elements architecturaux comme 
fragiles et provisoires. 

Le dernier critere, d'ordre qualifie de conceptuel, est fonde sur la difference entre les systemes de 
defense. Le premier type est constitue d'edifices plus ou moins contigus relies par un ou deux murs, ou 
parfois juxtaposes, et disposes en couronne (par exemple Hinu az-Zurayr ou Nagran). Le second type, 
plus commun, comporte une enceinte lineaire batie sur un plan preconcu. Le troisieme type montre a 
la fois une muraille continue et des edifices intra-muros, a 1' aspect de maisons-tours et aux allures 
defensives 11 . 



9 G. van Beek, Marginally Drafted, Pecked Masonry, Marib and the ^interwoven structure* (Emplecton) of 
dans Archaeological Discoveries in South Arabia (Publi- Vitruvius, dans ABADY, IV, 1987, p. 63-79 et 
cations of the American Foundation for the Study of 79-97. 

Man. II), Baltimore, 1958, p. 287-299. 11 A. de Maigret, The Sabaean Archaeological Complex 

10 Des recherches ont ete entreprises dans le Gawf par in the wadi Yala (Eastern Hawldn at-Tiydl, Yemen 
J. -CI. Bessac (voir note 6), ainsi qu'a Marib par Arab Republic), A preliminary Report, IsMEO, 



G. R. H. Wright, Some preliminary observations on Rome, 1988, p. 10-13. 

the masonry work Marib et Masonry Construction at 



LES CRITERES DE CLASSIFICATION 



Des facteurs historiques expliquent sans doute ces differences de conception. D est probable que les 
systemes constitues d'edifices contigus apparaissent vers les 10 e — 9 e siecles avant notre ere (?) 12 . Par la 
suite, aux 8 e -7 e siecles avant notre ere, Emergence d'un Etat sabeen sous les premiers moukarribs, 
semble s'accompagner de nouvelles conceptions militaires: les villes de ce type dont les Sabeens s'em- 
parent, sont alors entourees de murailles (par exemple Yala), et les villes qui leur dchappent directe- 
ment conservent leurs systemes traditionnels, souvent pendant plusieurs siecles. 
II est assure que tous ces criteres n'ont pas une valeur dquivalente: c'est done leur conjugaison qui per- 
met de classer et d'analyser les differents types de fortifications. 



12 J.-F. Breton, A propos de Nagran dans Etudes sud- tions de I'lnstitut Orientaliste de Lou vain, 39, Louvain 

Arabes, Recueil offert a Jacques Ryckmans, Publica- 1991, p. 70. 



Le cadre de l'ouvrage 



G6ographiquement, notre etude se limite a la peripheric du Ramlat as-Sab c atayn, du c AsIr au nord- 
ouest au Hadramawt a Test, et done aux etablissements sus-mentionnes. Le site de Hor Rori, dans le 
Zufar, a ete ajoute a cette liste pour des raisons historiques. 

Les fortifications des monts du Yemen repondent a d'autres principes defensifs: accrochees a des ele- 
ments plus ou moins abrupts du relief, elles sont souvent constitutes d'edifices contigus voire juxtapo- 
ses et de pans de murs de longueur restreinte (exemple: Haz, Gayman, Haklr). Elles ne sont qu'excep- 
tionnellement mentionnees a titre de comparaison 13 . 

Chronologiquement, le cadre de notre etude se situe entre les 8 e -7 e siecles avant notre ere, et le ler 
siecle avant. II est aise d'en saisir les raisons. Les premieres de ces dates correspondent, de maniere 
tres approximative, a l'apparition des premieres inscriptions dites «sudarabiques». Les fortifications 
qui comportent des inscriptions, encore in situ ou provenant certainement de leurs murailles, sont 
done considerees comme «sudarabiques». 

Les fortifications qui ne comportent aucune dedicace de construction peuvent, en raison de similitudes 
architecturales, etre class6es comme «sudarabiques» (par exemple: Ganadila, Hagar Yahir, etc.). 
La presence descriptions permet d'esquisser, de maniere approximative, une histoire des fortifica- 
tions par wadls ou par regions, plutot que par royaumes. Mais, faute de textes et aussi de fouilles, nous 
avons jug6 prudent de ne pas tenter d'esquisser une histoire des systemes deiensifs du wadl Marha, et a 
fortiori du royaume de'Awsan, 

Le premier siecle avant notre ere semble marquer la fin des grands programmes de construction d'en- 
ceintes autour du desert de Sab c atayn. Certes, des ouvrages sont mis en oeuvre, d'autres font l'objet de 
restaurations, mais plus aucune fondation urbaine importante n'implique l'elaboration de nouveaux 
systemes d6fensifs. 

Quelques themes enfin ont ete retenus dans la troisieme partie de cet ouvrages pour illustrer la place 
de la fortification dans l'histoire du Yemen antique: la societe tribale, principalement mineenne, peut 
etre apprehendee en effet par les dedicaces de construction, tout comme l'art de la guerre par des ins- 
criptions en general tardives. Cette approche de la place de la fortification dans la societe sudarabique 
demeure neanmoins tres prudente. 



13 Signalons qu'aucune dtude d'ensemble des etablisse- prise, sans doute en raison du pillage de la plupart de 

ments fortifies dans les monts du Yemen n'a 6t6 entre- ces sites. 



Premiere partie: architecture 
Chapitre 1: Sites et traces des enceintes 



Les villes sudarabiques se trouvent dans le couloir qui, a une altitude de 800 a 1000 metres, separe les 
monts du Yemen et les plateaux du Hadramawt de la depression sableuse du Ramlat as-Sab c atayn. Ce 
couloir est traverse a intervalles reguliers par les wadls qui devaient des hauteurs et qui donnent nais- 
sance a des oasis irrigu^es. Parmi elles, l'oasis de Marib au debouche du wadl 'Adana et celle de Hagar 
Yahir au debouche du wadl Marha. 

D'autres villes se sont installees plus a l'interieur, sur les fonds plats de ces larges vallees qui rejoignent 
le desert. Ce sont Hagar Lagiyya, Hagar Talib (p. lb), Hagar am-Nab aux structures de schiste gris 
dominant l'horizontalite beige des champs antiques, ou encore les tells d'as-Sawda', Kamna, Hirbat 
Hamdan et Main (pi. 2a), aux pans de murs de calcaire jaunatre surplombant de plusieurs metres leur 
territoire irrigue par les eaux du wadl Madab. Ce sont aussi les grandes villes de Hinu az-Zurayr et de 
Bayhan, situees au milieu des wadls H ar ib et Bayhan, alors larges de plusieurs kilometres, et entourees 
d'etablissements secondaires implantes en ligne le long des canaux d'irrigation. 



1. Les sites 



Les villes sudarabiques se sont installees sur un horizon dur et plat; leur fortification s'adaptent done 
aisemment a cette topographie peu contraignante. Cette situation commune ne doit pas masquer des 
nuances importantes: il convient en effet de distinguer les villes qui se developpent au milieu meme de 
leurs zones irriguees, celles qui, a l'epoque «archai'que» (e'est a dire dans la premiere moitie du pre- 
mier millenaire), s'installent au sommet de tells et celles qui enfin s'accrochent a des elements de relief 
plus ou moins abrupts. 



1.1 LES VILLES AU NIVEAU DE LEURS ZONES IRRIGUEES 

Cette situation commode, par la proximite des ressources et par les facilites de circulation, n'est cepen- 
dant pas depourvue de dangers. Ces villes doivent faire face a la menace des eaux, parfois violentes, et 
a celle de Talluvionnement, regulier et continu. 

II est fort probable que les eaux ne devaient pas affouiller la base des fortifications; les canaux qui diri- 
geaient les crues, devaient, semble-t-il, contourner de loin les murailles, ou servir, le cas echeant, de 
fosses remplis eventuellement d'eau a l'occasion de crues. H. St. J. B. Philby puis J. Ryckmans notent 
ainsi un fosse, situe a quelques metres en avant des murs sur les cotes occidental et meridional de 



12 



LES SITES 



Nagran, et une levee de terre situ^e face a la porte meridionale 14 . En Hadramawt, les deux villes de 
Raybun 15 et d'al-Hurayda 16 etaient prec6dees de reservoirs, face a 1'arrivee des eaux des wadls Haga- 
rayn et c Amd. Des fosses ont-ils protege de cette facon d'autres etablissements? Le nivellement gene- 
ral des terrains autour de nombreux sites interdit toute reponse. 

Des levees de terre devaient aussi prot6ger les murailles; c'est le cas d'al-Asahil dans le secteur meri- 
dional et de Nagran dans le secteur oriental 17 ; a Marib, c'est un veritable rempart qui s'eievait a quel- 
ques metres en avant de la muraille occidentale (pi. 3). 

De nos jours, la distance qui separait les fortifications des wadls ou des canaux d'irrigation, ne peut 
etre pr6cis6e, en raison des divagations de ces cours d'eau et de la reprise de Perosion lors de l'abandon 
des reseaux d'irrigation: c'est ainsi que de nombreux wadls ont partiellement detruit certains pans de 
murailles 18 . 

Autre menace, celle de l'alluvionnement progressif qui, pendant un milienaire, peut Clever le niveau 
general d'une oasis de pres d'une dizaine de metres de hauteur. II est done probable que les murailles 
ont 6t6 rehaussees peu a peu: c'est vraisemblablement le cas du rempart de Marib, au moins dans le 
secteur meridional, comme celui de ses sanctuaires extra-muros. Mais on ne peut encore, faute de son- 
dages, connaitre la hauteur totale de ces remparts. 



1.2 DES FORTIFICATIONS AU SOMMET DE TELLS 

Dans la premiere moitie du premier milienaire, les remparts sudarabiques couronnent des tells, hauts 
d'une dizaine de metres, comme a as-Sawda', Kamna, Hirbat Hamdan voire Ma'in. A Kamna, les fon- 
dations de la muraille de pierre, au point 1 dans le secteur nord-est (fig. 40), se situent a pres de neuf 
metres au-dessus du niveau actuel de la plaine; au point 3, dans le secteur meridional, elles se trouvent 
a pres de six metres encore au-dessus. En ce cas, le talus peut etre consider^ comme un element defen- 
sif, une sorte de glacis naturel. 

Ces remparts s'adaptent done aux contours des systemes defensifs (?) anterieurs et leurs plans sont en 
general polygonaux (comme a Kamna et as-Sawda'). 



1.3 DES TOPOGRAPHIES PLUS ACCIDENTEES 

Assez rares sont les villes qui s'installent sur des eminences naturelles: c'est le cas de Sirwah adosse a 
une arete granitique, et probablement aussi de BaraqiS et de Sibam (Hadramawt) 19 . Hagar Kuhlan 



14 J. Ryckmans, al-Ukhdud: The Philby-Ryckmans- Lip- 
pens Expedition of 1951, dans PSAS, vol. 11, 1981. 
p. 57 et fig. 53a. 

15 A. S. Sedov, Recherches archtologiques dans le w&dl 
tfa4ramawt, dans Vestnik Drevnej Istorii, 1989, fig. 2, 
p. 137. 

16 G. Caton Thompson, The Tombs and Moon Temple of 
Hureydha (fjaframawt) (Reports of the Research 
Committee of the Society of Antiquaries of London, 
N° XIII), Oxford, 1944, p. 14 et pi. LXXVII. 

17 J. Zarins, A. R. Kabawi, A. J. S. Murad, S. Rashad, 
2-Preliminary Report on the Najrdn/UkhdQd Survey 
and Excavations 1982/1402 AH, dans Atlal, 7, part 1, 



confirment qu'un «mur de brique(?) bute du cdte' 
oriental contre le premier mur de pierre», p. 24 et 
fig. 30 Bet 31 A. 

18 C'est ainsi que le wadl 'Adana a emportc' une partie du 
rempart meridional de Marib, le wadl Girdan une par- 
tie du rempart septentrional de Barira, et le wadl 
Marha une partie de la muraille occidentale de Hagar 
Yahir. 

19 Pour BaraqiS: hypothese formulae par A. de Maigret 
dans une communication a Sana's' en 1989; pour 
Sibam( Hadramawt) hypothdse formulae par Ch. Dar- 
les dans un rapport remis a I'UNESCO en 1984. 



DES TOPOGRAPHIES PLUS ACCIDENTEES 13 



s'accrochait-elle aussi a l'un de ces reliefs disseques qui se dressent en ligne de part et d'autre du wad! 
Bayhan? II est bien difficile de repondre 20 . 

Sabwa est un cas isole (pi. 2b): la ville s'est installee sur un pli diapir qui, au milieu meme du wadi c Atf/ 
c Irma, a forme des collines tres raides par endroits. Celles-ci dessinent un vaste triangle dont les cotes 
sont formes, au sud par l'arete d'al- c Aqab, a l'ouest par la colline de Qarat al-Hadlda culminant a pres 
d'une cinquantaine de metres au-dessus du niveau des champs et a Test par les collines de Qarat al-Fi- 
ran, Burayk et al-Hagar; au centre s'etend la vaste depression d'al-Sabha, comportant plusieurs mines 
de sel 21 . Les differents systemes defensifs s'adaptent a cette topographie originale: l'enceinte interieure 
s'adosse a l'arete d'al- c Aqab, et les systemes defensifs exterieurs, heterogenes, suivent les cretes des 
diverses collines (fig. 47). 

Sur les marges meridionales du plateau du Hadramawt, la ville de Naqab al-Hagar 22 s'est installee sur 
un piton rocheux aux escarpements tres abrupts par endroits. La muraille ne defend que les parties 
basses ou faciles d'acces, principalement dans les secteurs occidental et meridional, la ou s'ouvrent les 
deux portes (fig. 51). 



20 B. Coque et P. Gentelle ont proc6d6 k une etude geo- 21 Voir J.-F. Breton, Le site et la ville de Shabwa, dans 

logique et geomorphologique du site, sans pouvoir Fouilles de Shabwa II, Rapports pr^liminaires, 

conclure de maniere satisfaisante. Seules des prospec- p. 61—66. 

tions g6ophysiques permettraient d'apporter une 22 J.-F. Breton, Ch. Robin, J. Seigne, R. Audouin, La 

reponse. muraille de Naqab al-Hagar, dans Syria, t. LXIV, 

1987, p. 4-7 et fig. 1. 



14 



LES TRACES DES ENCEINTES 



2. Les traces des enceintes 



Sur ces terrains plus ou moins plats, les systemes d£fensifs s'inscrivent sur des traces geom&riques, 
quadrangulaires, polygonaux ou parfois ovales. 



2.1 LES ENCEINTES UNIQUES 

Nagran / al-Uhdud est sans doute la seule fortification d'Arabie mendionale etablie sur un plan carrg 
r6gulier, de 235 m de cot6 (fig. 58). Hagar am-Barka s'dleve aussi sur un plan approximativement 
carre, mais ses cotes presentent de nombreuses sinuosit6s (fig. 36). 

Les deux fortifications du wadl Ragwan s'61event sur un plan rectangulaire: Hirbat Sa c ud s'inscrit dans 
un rectangle de 195 m de long sur 175 m de large qui pr6sente un pan coupd a Test et une partie sail- 
lante au sud (fig. 1), et al-Asahil, gleve' a l'origine sur un plan rectangulaire, connut de nombreuses 
modifications (fig. 2). Les grandes enceintes du Gawf s'inscrivent en general aussi dans un rectangle: 
la muraille de Matn dessine ainsi un rectangle de 322 m de long (nord-sud) sur 310 m de large environ, 
aux cotes rectilignes mais parfois convexes (notamment dans les angles nord-est et sud-est) (fig. 41), et 




13 12 11 10 9,„ 



19 



20 



21 



22 



23 




L 

24 



20 



26" 27 



1 



28 20 



I 1- 






Fig. 1 Hirbat Sa c Qd: plan de la muraille. Les numeros extencurs correspondent aux saillants, les num^ros I aux inscriptions. 



LES ENCEINTES UNIQUES 



15 




Fig. 2 Al-Asahil: plan de la muraille. 



celle d'as-Sawda' un rectangle de 360 m sur 280 m. A l'extremite orientale du Gawf, la ville d'Inabba' 
semble s'inscrire dans un rectangle de 225 m (est-ouest) sur 195 m (nord-sud) 23 . 
Les enceintes polygonales sont certainement les plus nombreuses: Gidfir ibn Munayhir, Marib, Hagar 
Kuhlan/Timna c , Hagar Yahir, al-Ganadila, al-Banra, etc. Leur trace resulte soit d'un projet primitif, 
soit de modifications ulterieures, distinctions qui sont parfois difficiles a etablir, faute de degagements. 
Si la muraille presente une maconnerie homogene, il est probable qu'elle fut edifiee assez rapidement: 
ce pourrait etre le cas de Gidfir ibn Munayhir (fig. 34). A l'inverse, le cas d'al-Asahil semble significa- 
tif (fig. 2): les murs meridionaux et occidentaux, rectilignes, sont pourvus de simples contreforts tandis 
que les murs septentrionaux montrent des decrochements de longueurs variables, probablement con- 
stants a une epoque differente 24 . 

Les enceintes ovales sont assez rares. Dans le Gawf, al-Bayda' (fig. 38) dessine un ovale tres irregulier 
comportant meme des sections rectilignes (de 17 a 22 par exemple) et de nombreux decrochements (de 



23 II est desormais impossible de relever le plan d'Inabba' 
en raison des multiples constructions qui s'y sont 
implantees depuis quelques annees. 



24 Ch. Robin et J.-F. Breton, al-Asahil et Hirbat Sefud: 
quelques complements, dans Raydan, vol. 4, 1981, 
p. 90-94 et pi. 1 et 2. 



16 



LES TRACES DES ENCEINTES 



48 a 52). Baraqis forme un demi-ovale (fig. 42 et pi. 15) dont 1'arc, orient^ est-ouest, marque un leger 
renflement; la porte principale s'ouvre dans un large decrochement de Tangle sud-ouest. La muraille 
de Yala enfin est batie sur un trace" semi-ovale, comportant a l'ouest une longue section rectiligne et 
des angles assez marques (fig. 3S) 25 . C'est aussi sur un ovale irregulier que les systemes d£fensifs d'al- 
Ganadila (fig. 55), de Hagar Kuhayla et de Hagar ar-Rayhanl 26 se sont mis en place. 
Les plans circulaires ne semblent guere communs aux bordures du desert: seul, Hagar 3 Arra, au con- 
fluent des wadls Mafayir et 3 Arra, forme un cercle assez regulier de 110 m environ de diametre. 
Dans l'etat actuel de nos connaissances, il est hasardeux d'gtablir une chronologie precise de ces divers 
traces. On peut seulement indiquer que les enceintes «archa'i'ques» (vers le T siecle avant notre ere?) 
de Hirbat Sa'ud et d'al-Asahil s'elevent sur des plans rectangulaires, et que les fortifications construites 
ou reedifiees par les premiers moukarribs sabeens (vers les T— 5 e siecles avant notre ere) sont dans la 
majeure partie des cas de plan ovale (al-Bayda, Baraqis" et Yala). Plans rectangulaires puis ovales? la 
chronologie de ces enceintes demanderait a etre pr6cisee. 

D faut enfin r6server une place a part aux fortins situds a I'extr6mit6 orientale du Hadramawt: Husn al- 
IJtt (fig. 49), Qarat Kibda et Hu§n at-Tawba (fig. 50) perches sur des pitons au milieu meme du wadl 
IJadramawt 27 . Le fortin d'an-Nir, situ6 dans le wad! as-Surayra, semble d'une nature similaire 
(pi. 22c). Parmi les fortins, dtablis au fond des vallees, mentionnons dans le wadl al-6awf al-Mabniyya 
(fig. 3 et pi. 8 b) a l'ouest d'al-Bayda', et al-Lisan au nord de Gidfir ibn Munayhir. 





u 



4-5- 



10 



20 
— Im 



Fig. 3 Al-Mabniyya: plan de la muraille. 



25 



26 



A. de Maigret (Edit.), The Sabaean Archaeological 
Complex, p. 10-14 et fig. 15. 

M. R. Toplyn, The wddl al-Jubah Archaeological Pro- 
ject, vol. I, Site Reconnaissance in North Yemen, 1982, 
Washington, 1984, p. 33 ne public aucun plan du site. 



27 D. van der Meulen et H. von Wissmann, Hadramaut, 
Some of its mysteries unveiled (De geoje-Fund, IX), 
Leiden, 1932. Husn al- c Urr (p. 152) et Husn at-Tawba 
(p. 173-177). 



LES ENCEINTES DOUBLES 17 



2.2 LES ENCEINTES DOUBLES 

Un certain nombre de systemes defensifs paraissent doubles, au moins sur les photographies aerien- 
nes; les verifications operees au sol montrent souvent que les lignes interieures sont des adjonctions 
souvent bien posteneures (cas de Main, par exemple, voir pi. 2 a). Une serie de sites presente nean- 
moins des systemes defensifs doubles, ceux qui comportaient a l'origine des structures disposees en 
couronne et qui ont ete par la suite entoures d'une muraille continue. 

Le site de Hagar am-Barka, sur le cours moyen du wadi Marha (fig. 36) comporte une enceinte exte- 
rieure quasi-carree, de 250 m/260 m de cote, faite d'un large mur, et une ligne defensive (?) interieure 
qui s'accroche au cote meridional, de 130 m environ de cote. Mais, faute de fouille, il est difficile de 
connaitre la nature de cette ligne interieure, et son rapport chronologique avec la ligne exterieure. 
La ville de Yala/ad-Durayb comporte un «anneau» interieur fait de structures contigues formant une 
«ville haute» de 450 metres de pourtour environ (fig. 35). Un rempart continu, au trace ovale irregu- 
lier, enserre cet anneau et forme une avancee vers le nord. Les deux systemes defensifs sont done jux- 
taposes, et la fouille devrait permettre de savoir s'ils ont fonctionne a la meme periode. Sur les photo- 
graphies aeriennes de Hagar Lagiyya, situe sur le cours moyen du wadi Marha, une ligne mediane, 
orientde nord-ouest/sud-est semble separer le site en deux parties inegales. Mais apres verifications au 
sol, il apparait que cette ligne correspond en effet a des structures contigues, de meme nature que cel- 
les des secteurs ouest, sud et est, mais peut - etre mieux conservees (fig. 56). 
Sabwa s'impose a nouveau par son originalite, due en grande partie a une topographie accidentee 
(pi. 2b), evoquee ci-dessus. L'enceinte interieure, enserrant le perimetre urbain proprement dit, ados- 
see a l'arete d'al- c Aqab, forme un trapeze irregulier de 500 m de long environ, de 240 m de large au 
sud (entre Dar al-Kafir et Husn al-Ma), et de 350 m de large au nord. Longue de 1500 m environ, cette 
muraille homogene est renforcee de tours a intervalles reguliers. A Test du site, la colline d'al-Hagar 
est surmontee d'une citadelle, longue d'une quarantaine de metres. Enfin, les collines qui ferment le 
site sont couronnees de murs heterogenes a cremaillere, longs de 2500 m environ. Sabwa serait ainsi le 
seul site a posseder une citadelle, isolee a l'origine sur une colline, puis rattachee aux lignes defensives 
exterieures. 

En raison meme de la diversite et de l'eloignement de ces sites, il est difficile de conclure a un type 
defensif fait d'une double enceinte. Seuls, les etablissements faits d'une ligne interieure d'edifices con- 
tigus ou juxtaposes, puis entoures d'une muraille continue peuvent representer un type architectural 
bien defini (voir l'etude p. 151). 



3. Les dimensions 



Les etablissements fortifies faits de structures juxtaposees se caracterisent en general par leurs faibles 
dimensions 28 : 210 m de pourtour (Hagar as-Safra D ), 260 m (Dar as Sawda'), 280 m (Hagar Hamuma)), 
300 m environ (Hagar 'Umm Yahmum), 320 m (Hagar am-Daybiyya), 350 m (Hagar Arra) 29 , 440 m 
(ville haute de Yala/ad-Durayb) et 540 m (Oanadila). Plusieurs sites sont neanmoins de taille plus 
importante: Hagar Talib (790 m), Hinu az-Zurayr (800 m), Hagar Lagiyya et Nagran (940 m environ). 

28 De maniere arbitraire, les systemes defensifs de moins 29 A I'exception de Dar as-Sawda', tous les sites susmen- 

de deux-cents metres de pourtour n'ont pas 6te rete- tiones se trouvent sur le pourtour du Gabal an-NisTyln, 

nus a Test du wadi Bayhan. 



18 



LES DIMENSIONS 





too 



200 
—I rr 



Fig. 4 Hagar Yahir: plan de la muraille. 



Ces dimensions modestes caract6risent aussi les enceintes continues. La muraille d'al-Bina* n'excede 
pas 600 m de pourtour, celle de Barira 650 m, celle de Hagar Kuhayla 6S0 m, celle de Hirbat Sa'ud 
645 m, celle de Hagar ar-Rayhani 720 m, celle d'al-Asahil 740 m, celle de §irwah 720 m et celle de 
Naqab al-Hagar 745 m. II faut sans doute considerer ces dimensions comme le module de taille le plus 
frequent en Arabie meridionale. 

Les villes du wad! al-6awf mesurent toutes plus de 750 m de p£rimetre: BaraqiS (770 m), Inabba' 
(850 m), Main (1150 m), as-Sawda' (1200 m environ) et Kamna (1350 m). La plus grande ville du 
6awf, al-Bayda', n'atteint que 1500 m de pourtour. 

Les grandes capitales des royaumes depassent toutes le millier de metres de pourtour. Hagar Yahir, 
capitale pr£sumee de 'Awsan, dessine un polygone irregulier, conserve sur 1100 m seulement (fig. 4) 
car les crues du wadi Marha ont erode tout Tangle occidental, et les dunes recouvert d'importantes 
zones dans le secteur meridional. L'enceinte de Hagar Kuhlan/Timna c forme un polygone de 1850 m 
environ de pourtour 30 , mais l'ensablement des secteurs occidental et septentrional ainsi que l'extension 
du village de Hagar Kuhlan ne permettent guere a de nombreux endroits de reconnaitre le trace" primi- 
tif de la muraille (fig. 43). 



30 Voir photographie dans B. Doe, Southern Arabia, 
pi. 106, ainsi que le plan public par R. L. Bowen, 
Archaeological Discoveries in South Arabia (Publica- 



tions of the American Foundation for the Study of 
Man, II). Baltimore, 19S8. p. 18 et fig. 16. 



LES DIMENSIONS 



19 



Deux villes meritent une attention particuliere: Sabwa et Marib. Nous avons deja evoque le double 
systeme defensif de Sabwa, constitue d'une muraille interieure longue de 1500 m, et de lignes defensi- 
ves exterieures, conservees sur 2500 ra environ. Quant a Marib, sa muraille, visible sur 4200 m envi- 
ron, forme le systeme defensif le plus vaste du Yemen antique, mais ce chiffre est inexact dans la 
mesure ou il ne subsiste rien de la liaison entre l'avancee triangulaire occidentale et les rives du wadl 
'Adana (pi. 3). 

L'impression qui se degage de ce tableau est celle de villes, aux dimensions bien modestes en compa- 
raison avec celles des villes du Levant ou d'Asie Mineure, aux territoires agricoles exigus et aux habi- 
tants sans doute peu nombreux. 



Tableau 1: Dimensions des enceintes 31 



Hagar as-Safra': 


210 m 




Dar as-Sawda': 


260 m 




Hagar Hamuma: 


280 m 




Hagar 'Umm Yahmum: 


320 m 


(environ) 


Hor Rori: 


350 m 




Hagar 'Arra: 


350 m 


(environ) 


Hagar Dalimayn: 


400 m 




Yala (interieur): 


440 m 


(environ) 


Hagar Ruma: 


470 m 


(environ) 


al-Ganadila: 


540 m 


(environ) 


Gidfir ibn Munayhir: 


550 m 




Yala (exterieur): 


580 m 




al-Bina': 


600 m 




Hirbat Sa'ud: 


645 m 




al-Barira: 


650 m 


(environ) 


Hagar Kuhayla: 


650 m 




Hagar am-Nab: 


690 m 


(environ) 


Naqab al-Hagar: 


710 m 





Hagar ar-Rayhanl: 


720 m 


(environ) 


Sirwah: 


720 m 


(environ) 


al-Asahil: 


740 m 




Baraqis: 


770 m 




Hagar Talib: 


790 m 




Hinu az-Zurayr: 


800 m 


(environ) 


Qarat Kibda: 


850 m 


(environ) 


Hagar am-Barka: 


900 m 




Nagran: 


940 m 




Hagar Lagiyya: 


940 m 


(environ) 


Hagar Yahir: 


1100 m 


(environ) 


Ma'in: 


1150 m 




as-Sawda': 


1175 m 


(environ) 


Kamna: 


1350 m 




al-Bayda' 


1500 m 




Sabwa (interieur): 


1500 m 




Hagar Kuhlan: 


1850 m 


(environ) 


Sabwa (exterieur): 


2500 m 


(environ) 


Marib: 


4200 m 


(environ) 



31 II ne figure dans ce tableau que les enceintes recon- 
nues et dtudiees par la suite. Quelques tells de perime- 
tre sup6rieur a 200 m par exemple: Hagar c Abd Allah, 
ad-Dimna, Suqqam, etc dans le wadl Gibah, ou encore 
Hagar 3 Ibtayn dans le wadl du meme nom, ou Hagar 



Suhuh dans le wadT du meme nom, mais dont les syste- 
mes defensifs n'ont pas ete reconnus, souvent en rai- 
son de leur ensablement, ne figurent pas dans ce 
tableau. 



Chapitre 2: Les techniques de construction 



1. Les materiaux 



Brique crue, pierre et bois sont les principaux materiaux utilises dans la construction des systemes 
defensifs. 



1.1 LA BRIQUE CRUE 

La brique crue est un materiau d'utilisation tres frequente a la periode sudarabique; elle sert a edifier 
les murs des maisons des villages 32 et a remplir les cadres formes par les ossatures de bois des super- 
structures de certains edifices religieux ou civils 33 . 

Dans les fortifications, la brique joue aussi un role important, tout d'abord en fondation. La plupart 
des enceintes en effet, notamment celles du Gawf, reposent sur une fondation de brique que l'erosion 
a parfois mis au jour, a Ma^n (dans une courtine orientale) et a as-Sawda' 34 . La brique sert aussi a 
monter des massifs associes a des murs constitu6s d'une ou deux rangees de pierre a l'horizontale. Ces 
massifs constituent l'interieur des tours et des courtines de quelques enceintes du Gawf, Ma°in et Bara- 
qis, ainsi que de Marib, Sirwah et Sabwa. Les assises de brique crue sont alors montees simultanement 
avec les carreaux ou les boutisses, les eclats de rectification sur place des lits d'attente et des joints, 
deblayes a chaque fois, apparaissent entre les assises de brique (fig. 5). Pour un carreau de 0,25 m de 
haut, on compte trois assises de brique de 0,08 m d'epaisseur. 

Aucune typologie systematique des briques n' ay ant ete entreprise, faute de fouilles en nombre suffi- 
sant, nous ne pouvons ici que noter certaines dimensions: 45 cm de long sur 27 cm de large et 9 cm 
d'epaisseur a Baraqis (tour 4) et 45 cm sur 27 cm sur 9 cm a Hagar Yahir. Notons encore a Sabwa: 
28 cm sur 24 cm sur 8 cm a al-Hagar, 50 cm sur 50 cm sur 7 cm dans le passage a Test d'al- c Aqab, et 
50 cm sur 30—32 cm sur 8/9 cm a la porte meridionale. Dans la muraille de Marib il existe deux modu- 
les principaux de briques: l'un de 30 cm de long sur 25 cm de large sur 9/10 cm d'epaisseur, et l'autre 
de 25 cm sur 20 cm et 9 cm 35 . 

La forme des briques est parfois convexe comme a la porte meridionale exterieure de Sabwa. Selon 
Ph. Gouin qui la degagea en 1975, la face convexe se trouve au-dessus et Ton «peut voir la trace des 



32 Cet habitat sudarabique de brique crue a fait l'objet de Le wadi Hadramawt. Prospections 1978—1979, Bey- 
rares fouilles, mentionnons seulement celles de Sabwa, routh, 1982, p. 24— 25 et Ch. Darles, L' architecture 
a al-'Oqm et au pied du versant oriental de Qarat al- civile a Shabwa, dans Fouilles de Shabwa. II, p. 91-92. 
Hadlda; voir les contributions de R. Audouin et J. -CI. 34 A Sabwa aussi le massif de brique crue apparait en fon- 
Roux, dans Fouilles de Shabwa II. Rapports preliminai- dation de quelques murs d'al-Hagar. 

res, 1992, respectivement p. 55—57 et p. 315—327. 35 B. Finster, Die Stadtmauer von Marib, dans ABADY, 

33 Voir J. Seigne, Les structures I, J et K de Masga, dans III, 1986, p. 73-95. 



22 



LES MATlJRIAUX 




Fig. S BarSqiS: angle nord-ouest de la tour 4. 

doigts de l'artisan qui a egalise' la boue dans le moule a briques* 36 . Rappelons a cette occasion que des 
briques plano-convexes sont utilisees comme remplissage des ossatures de bois du chateau royal de ce 
site. 

La brique, Element pourtant essentiel dans la construction de nombreuses fortifications, est rarement 
mentionnee dans les dedicaces de construction. Elle y est designee, deux fois seulement semble-t-il, 
par le terme «ftl» dans les inscriptions MAFYS-Naqab al-Hagar 2 et 3^ et par «Iibin $ams», «brique 
sechee au soleil», dans RES 2687/5 a Libra'. Mais, a notre connaissance, ce terme n'apparait pas dans 
les textes de construction des murs mineens. 



1.2 LA PIERRE 

Constituant le materiau privil6gi6 de toutes les enceintes sudarabiques, la pierre temoigne de la diver- 
site" geologique des regions ou elles s'elevent. 

1.2.1 Les calcaires 

Une £tude menee en 1990 par J.-Cl. Bessac a permis de reconnaitre plusieurs types de calcaires dans 

les enceintes du fiawf 38 : 

— un calcaire greseux, dans le rempart de Hirbat HamdSn (secteur oriental), 



36 Voir rapport inldit de Ph. Gouin, et note 39. 

37 Breton-Robin-Seigne-Audouin, La muraille de Naqab 
al-Hagar, dans Syria, p. 18-20. 



38 Voir J.-Cl. Bessac, Techniques de construction, de gra- 
vure et d'ornementation de pierre dans le Gawf(h para- 
ttre). Nous le remercions d'avoir pu utiliser ses notes 
avant publication. 



LA PIERRE 



23 



un calcaire oolithique ferme, comportant des oolithes calcaires et des debris fossiles lies par un 
ciment moderement resistant ce qui donne une durete moyenne a la pierre; il est utilise de prefe- 
rence en elevation. 

— un calcaire oolithique dur, depourvu de fossiles visibles, a texture particulierement serree, qui est 
utilise par exemple pour les carreaux et les boutisses de MaTn. 

- un calcaire oolithique froid, proche du precedent, ou les oolithes se melent au ciment calcaire; c'est 
un calcaire tres dur qui apparait essentiellement a Kamna dans le doublage interieur des murs et 
dans l'ensemble de leurs fondations, mais aussi dans l'elevation exterieure du secteur ouest de l'en- 
ceinte. 

Ces quatre types de calcaires sont propres aux enceintes, un autre type est utilise dans les edifices reli- 
gieux, la lumachelle. 

Le calcaire oolithique ferme, de taille aisee, sert aux fondations, elevations et couronnements des 
enceintes de Baraqis, Ma°in, as-Sawda' et al-Bayda'. Mais, dans les murs comportant horizontalement 
deux rangees de carreaux (par exemple a la porte ouest de Ma°in et a Kamna) deux types de calcaires 
sont mis en oeuvre: les plus durs a l'interieur, grossierement tallies, et les plus fermes a l'exterieur, 
ornementes. 

A Sabwa, plusieurs types de calcaires ont 6te utilises: un gris (rempart ouest), un oolithique blanc a 
grains fins (secteur occidental: chantier VI, et porte meridionale: chantier I), un oolithique jaune a 
gros grains (Dar al-Kafir) et un jaunatre (secteur sud) 39 . Dans les autres fortifications, mentionnons 
l'utilisation d'un calcaire blanc fin a Marib (secteur oriental) et a Sirwah (tour d'angle meridionale), 
d'un calcaire jaunatre a Hirbat Sa'Tid et a al-Asahil, d'un calcaire brun a Barira, etc. 
Les tentatives de confronter les types de calcaires mis en oeuvre dans les enceintes avec leurs lieux d' ex- 
traction n'on pu, pour des raisons diverses, etre menees systematiquement dans le Gawf. Certes de 
nombreuses carrieres de calcaire ont ete identifiees dans le Gawf, dans le wadl Sadba au nord d'al- 
Hazm, dans le Gabal Yam au sud d'al-Bayda', dans le wadl Hulayf au sud-ouest de Baraqis, dans le 
wadl Magzir au sud-est de Baraqis, etc, mais il resterait a prouver qu'elles ont precisement fourni les 
blocs de tel ou tel ouvrage militaire. II en est de meme pour Sabwa ou la destination finale des blocs 
des carrieres de Si c b al-Layl, Hayd al-Gallb, Husm Miraq et Si°b al-Biri est encore a determiner 40 . 
Quel terme sudarabique designe le ou les types de calcaires? certains epigraphistes proposent de 
reconnaitre le «calcaire» dans le terme de blq. En effet la lecture de quelques textes a Ma°in (RES 
2797/1 = M 52) et a Baraqis (RES 2952/2 = M 172, RES 2975/2 = M 197, RES 2965/2 = M 185 . . .) 
permet, semble-t-il, de reconnaitre le calcaire oolithique si frequemment employe en construction 
dans le terme blq. Mais ce terme s'applique-t-il aussi aux autres types de calcaires que les batisseurs 
anciens distinguaient surement? C'est probable puisqu'a MaTn ou plusieurs types de calcaires sont 
employes, aucun terme autre que blq ne semble utilise, et qu'a Baraqis ou, jusqu' a present, un seul 
type de calcaire a 6te reconnu dans le rempart le terme de blq apparait seul. 



39 Le chantier I designe la porte meridonale exterieure 
fouillee par Ph. Gouin en 1975, le chantier VI le secteur 
occidental du rempart fouille par R. Audouin en 1976. 
Les notes proviennent de leurs deux rapports de fouille 
inedits; elles seront reprises dans la publication des 
systemes defensifs de Sabwa par J. Seigne (voir notes 
250 et 254). 

40 Les carrieres du wadl Sadba (SDB 4 et 5) sont signages 
dans S. Cleuziou, M. L. Inizan et Ch. Robin, Premier 
rapport preliminaire sur la prospection des vallees nord 
du Wadi al-Jawf (Rapport a diffusion restreinte, 1988), 
celles du wadl Magzir nous ont ete signalees par B. 



Marcolongo. A Sabwa, les carrieres du Si c b al-Layl sont 
evoquees dans J. Pirenne, Fouilles de Shabwa, I, Les 
temoins ecrits de la region de Shabwa et I'histoire, Paris, 
Geuthner, 1990 p. 49-50; elles se situent au pied de 
l'escarpement de Hayd al-Gallb qui domine Sabwa au 
sud-ouest, a moins de 2 km du site. Les carrieres de cal- 
caire de Husm Miraq et de Si c b al-Biri se trouvent au 
nord de Sabwa a une dizaine de km, et celles de gres 
dans le massif d'al-Haras dans le wadl 'Atf (voir carte 
generale dans J.-F. Breton, Conclusion, dans Fouilles 
de Shabwa, II, fig. 1, p. 421). 



24 LES mat£riaux 



1.2.2 Les granits 



Le socle primaire affleure en de nombreux points des franges du desert du Ramlat as-Sab c atayn, dans 
les monts du 'Aslr, aux environs du 6abal al-Lawd, au Gabal an-Nisiyln (a Test du wadl Bayhan) ou 
les granits, gneiss et schistes sont d£sign£s par le terme «Aden Metamophic Group*, et dans les envi- 
rons du wadl Guba, etc. 41 . 

C'est ainsi que les granits sont utilis6s dans les murs de Nagran, de Hinu az-Zurayr et de Hagar Kuh- 
lan. Sur ce dernier site, ils forment notamment les soubassements des tours de la porte mendionale 
montes en appareil cyclopeen (fig. 27). Sur les hauts-plateaux au-dessus des wadls Bayhan et Hirr, gra- 
nits et schistes sont employes dans les murailles d'al- HasI et d'al- Mi c sal. A Test du wadl Bayhan, les 
granits servent encore a monter les murs de Hagar as- $afra (dans le wad! du meme nom), de Hagar 
ad-Dimna (dans le wadl du meme nom), de Hagar Waiiqa et Wala (dans le wadl 6ibab.), etc. Mais il 
est etonnant que la muraille de Sirwah, adossee a une arSte granitique, ne mette en oeuvre aucun bloc 
de ce materiau. 

La duret6 du granit explique la quality de conservation des d6dicaces de construction, notamment des 
textes RES 4329 de Hinu az- Zurayr, et RES 3881 et Ja 2437 sur les deux soubassements de la porte 
sud de Hagar Kuhlan/Timna c . 

1.2.3 Les schistes 

Ce sont les schistes de diffdrents types (mica-schistes, chlorito-schistes etc.) qui forment partiellement 
le massif du 6abal an-Nisiyln; ils sont done utilises naturellement dans les systemes delensifs des 6ta- 
blissements du pourtour de ce massif: Hagar Talib, am- Nab, Ruma, Hamuma. L'enceinte septentrio- 
nale de Hagar Lagiyya est ainsi montee de dalles de schiste, hautes d'une trentaine de centimetres au 
maximum (pi. 4c). 

1.2.4 Les gres 

Rares dans le wadl al-Gawf , les gres sont d'utilisation frequente en bordure du plateau du Hadramawt. 
A Sabwa, dans le secteur occidental de l'enceinte inteneure, de gros blocs de gres constituent le mur 
d'un etat ancien (vers la tour 1, chantier VI). Plus au nord, du gres est utilise^ soit en petits moellons 
lies a l'argjle, soit en gros blocs pour constituer les deux parements de grand appareil d'un mur large de 
pres de 2,10 m (au nord-ouest du chantier VI). Dans de nombreux pans de muraille de l'enceinte int6- 
rieure, des gres de couleurs differentes (bruns, verts, etc.), taill6s en petits moellons, sont employes en 
fondation: ils forment notamment une assise de fondation de la tour de Dar al-Kafir (pi. 28c); dans les 
enceintes ext^rieures, les gres apparaissent aussi a al-Hagar (en fondation) et dans les parements de la 
porte mendionale (chantier I). On compte done deux modules de gres en fondation: des blocs parfois 
de grandes dimensions (0,80 m sur 0,70 m) (secteur ouest) et des petits moellons (0,20 m a 0,30 m en 
moyenne), et au moins un module en elevation. 



41 Pour l'6tude g^ologique ct g6omorphologique des Reconnaissance Geology of the al-Jubah Quadrangle, 

wadls Bayljan et environnants entreprise en 1989 par B. Yemen Arab Republic, dans The wadi al-Jubah 

Coque-Delhuille, voir: Giomorphologie et palioenvi- Archaeological Project, volume 4: Geological and 

ronnements quaternaires et historiques dans la region de Archaeological Reconnaissance in the Yemen Arab 

Bayhan (a parattre dans YEMEN, IsMeo). Pour le wadl Republic, 1985. Washington, 1988, p. 155-175. 
Guba, se reporter a W. C. Overstreet et M. J. Grolier, 



LES MATERIAUX DE LIAISON 



25 



1.2.5 Les basaltes 

Des blocs de basalte forment le blocage interieur de certains murs de Marib 42 , dans le secteur meridio- 
nal notamment (points I R S - 6 S); il sont utilises aussi en fondation (points 1 1 N, 1 10-11 N, 15-16 
N, III 3 . . .). A Marib encore, le tuf est employe en fondation (points 1 1 N, I 5 N) et en elevation prin- 
cipalement du cot6 meridional (NO 3 S-4 S) et dans Tangle sud-ouest. 



1.2.6 Les concretions calcaires 

Des blocs de concretions calcaires, de couleur blanchatre, servent a monter les massifs interieurs de 
nombreux pans de murs a Sirwah (pi. 12 b et c). 



1.3 LES MATERIAUX DE LIAISON 

Les murs de Hirbat Sa c ud et d' al-Asahil ne connaissent pas l'usage du mortier, pas plus que ceux de 
Gidfir ibn Munayhir et Yala. Dans le Gawf, a al- Bayda', as-Sawda', Main et Baraqis, carreaux et 
boutisses ne sont jamais liaisonnes au mortier, tout comme ceux de Marib. 

La chronologie de l'apparition du mortier en Arabie meridionale n'a fait encore l'objet d'aucune etude 
systematique. Nous ne pouvons done que noter son apparition dans le mur du temple de 'Imqh a 
Marib, dans les superstructures du temple de Syn d- Hlsm a Ba-qutfa en Hadramawt oriental, mais la 
datation de ces bailments encore trop incertaine ne peut servir de point de repere 43 . 
Une seule enceinte connait l'usage extensif du mortier, celle de Sabwa. Du mortier rose est utilise de 
facon abondante pour liaisonner les blocs de gres, en fondation notamment, dans les secteurs ouest, 
sud et nord de l'enceinte interieure, et en elevation dans les murs d'al-Hagar (pi. 29b) ou dans les pa- 
rements des murs de la porte meridionale (chantier I): e'est peut-etre la un indice d'une datation tar- 
dive (3 e siecle av.-ler siecle av.?). C'est peut-etre aussi une date similaire qu'il faut attribuer aux murs 
qui constituent l'avant-cour de la porte ouest de Ma°in ou carreaux et bouchons sont liaisonnes avec un 
epais mortier 44 . En definitive, cette absence quasi-generale de mortier dans les murs explique sans 
doute qu'aucun terme mineen ne lui soit attribue dans les textes de construction. 
D'autres liants que le mortier sont utilises en construction. De l'argile, tout d'abord, comme dans les 
murs de Hirbat Sa c ud et al-Asahil, et des liants faits d'argile et de caillasse, d'argile et de galets, de 
galets et d'eclats de taille lies au mortier (a Sabwa, secteur ouest de l'enceinte interieure). 



42 Finster, Die Stadtmauer von Marib, p. 87—95. 

43 Le temple de 'Imqh de Marib serait attribue au 3 e (?) 
siecle avant notre ere, selon les datations au 14c: voir 
U. Brunner, Die Erforschung der Antiken Oasis von 
Marib mit Hilfe geomorphologischer Untersuchungen 
dans ABADY, II, 1975, p. 72-73 et 134. Le temple de 
Ba-Qutfa serait attribue" a la fin du 4 e siecle avant notre 
ere, selon les cri teres paleographiques de J. Pirenne, 



dans L'apport des inscriptions a V interpretation du tem- 
ple de Ba-Qutfa, dans Raydan, 2, 1979, p. 209-211. 
Mais il est fort probable que ces deux batiments soient 
plus anciens que les dates fournies ici. 
44 Ce mortier peu resistant est employe la pour Her les 
blocs et pour reparer de nombreuses cassures liees aux 
operations de recuperation tardive de ces blocs, voir 
Bessac, Techniques de construction (a paraitre). 



26 



LES STRUCTURES DES CONSTRUCTIONS 



1.4 LE BOIS 

De nombreuses dedicaces de construction mentionnent l'utilisation du bois dans les constructions. 

C'est ainsi qu'a Main le texte Tawfik 5 = M 401 45 mentionne « toute la construction de la tour Yhr 

et sa courtine Rt' en bois ( c d) . . .» et que le texte RES 2783 = M 37 consigne «... la reparation d'une 
courtine ... en bois ( c d), et en parement decor6 (?) (ou en appareil regulier) (?) (tqr) . . .», et ainsi qu' a 
Baraqis, RES 2965 = M 185 mentionne «. . .les parties ou les amenagements int6rieurs (?) (m'dr) en 
bois ( c d) et en parement decorg (?) (tqr) et en pierre blq. . .». A Hagar Kuhlan, RES 3880 16 men- 
tionne« ... les soubassements Hmrr et §hb months en appareil cyclopeen ('bn) et en pierre blq et en 
bois ( c d) . . .» 46 . Ces quelques extraits de textes suffisent a montrer l'utilisation extensive du bois dans 
certaines fortifications, mais ne pr6cisent pas les diff6rents types d'essences utilis6es, et les donnees 
archeologiques, en raison de la disparition des charpentes par suite d'incendie ou d'arrachage, ne sont 
pas d'une grande utility. 

Mentionnons brievement les essences susceptibles d'etre employees dans la construction des enceintes. 
En premier lieu le c ilb ou Zyzyphus Jujuba (le jujubier) ou Paliurus Spina Christi dont on connait 
l'usage a Sabwa dans quelques batiments 47 ainsi qu' a Marib. Mais d'autres essences peuplaient egale- 
ment les piemonts du Yemen: les diverses vari6t6s d'acacias (Commiphora, Tortilis, Etbaica . . .) et de 
tamaris. A partir de 1500 metres d'altitude, dans les zones de pluviom6trie moyenne (300—600 mm par 
an), on trouve des genevriers: le Juniperus Phoenica (entre 1500 et 2100 m) et le Juniperus Excelsa 
(au-dessus de 2000 m) 48 ; ses peuplements sont localises au Yemen dans le Hawlan as-Sams, les Gabal 
al-Lawd et Sawraq et le Hugarya. Les recherches archeologiques permettront, sans doute, en multip- 
liant les analyses, de dresser une liste exhaustive des essences utilisees a l'6poque pr6-islamique. 



2. Les structures des constructions 



Les enceintes juxtaposent divers types de structures: en brique crue, en bois et en pierre; les murs peu- 
vent fitre h^terogenes, constitu6s horizontalement d'une ou de deux assises de pierre, et associes ou 
non a des massifs de brique crue. 



45 Le sigle Tawfiq renvoie aux inscriptions relev6es par M. 
Tawfiq dans Les Monuments de Mdln (Ye~men), Publi- 
cations de l'lnstitut Francais d'Archeologie Orientale 
du Caire, Etudes Sud-arabiques: tome 1, Le Caire, 
1951. Le sigle M renvoie a M. Garbini, Iscrizioni Sud- 
arabiche, vol. 1: Iscrizioni Minee, Napoli, 1974. 

46 RES 3881, partiellement similaire a RES 3880, a fait 
l'objet d'un comentaire dans J. Pirenne, CIAS, t. 1, 
section 1, Louvain, 1977, 1-109-116. Le texte MAFYS- 



Timna c 1 contient aussi des termes de construction simi- 
laires: 'bn, 'd, blq. 

47 Des analyses de bois ont 6l6 dffectudes a Sabwa dans le 
sanctuaire principal: il s'agit de Zyzyphus Jujuba ou 
Paliurus Spina Christi. 

48 Voir F. N. Hepper, Were there forests in Yemen?, dans 
PSAS 9, 1977, p. 65-71, et aussi P. Kbnig. Vegetation 
und Flora im stldwestlichen Saudi-Arabien ('Aslr, Tiha- 
md), Stuttgart, 1987. 



ASSEMBLAGES ET STRUCTURES INTERNES DE PIERRE 27 



2.1 LES MASSIFS DE BRIQUE CRUE 



De nombreuses fortifications comprennent un massif de brique crue. Son epaisseur est souvent difficile 
a mesurer car il disparait sous les deblais et les constructions posterieures. II mesure 2,70 m d'epaisseur 
en moyenne a Hagar Yahir, 3 m en moyenne a Sabwa 49 , 2 m en moyenne a Baraqis (en arriere des 
courtines), 3,70 m a Marib dans le secteur septentrional, 4 m a Hagar Kuhlan non loin de la porte sud 
et pres de 5 m a al-Bina' dans le secteur nord-est. 

II est difficile aussi de connaitre la mise en ceuvre de ce type de massif, faute de fouille, hormis quel- 
ques cas precis. La muraille d'al-Bina' (pi. 27 d) semble constitute de plusieurs murs juxtaposes, epais 
d'environ un metre et non liaisonnes. A Sabwa, Ph. Gouin remarque que le massif de la porte meridio- 
nale exterieure fouille en 1975 50 est forme «de deux murets de brique crue de hauteur variable suivant 
la pente du terrain. Un remplissage interieur de terre assure le rattrapage de l'horizontale. Au dessus, 
le massif de brique crue commence. II faut noter la presence d'un muret transversal a l'aplomb du 
redans ou la denivellation est trop forte. . .», ce qui pourrait evoquer une maconnerie a caissons. 
D'autres massifs de brique, a Sabwa comme sur d'autres enceintes, etaient-ils montes sur ce meme 
principe? L'absence de fouilles ne permet pas de repondre. En elevation, l'appareillage du massif de 
cette porte de Sabwa se fait par «superposition en alternance d'une assise de briques posees dans le 
sens de la largeur, puis d'une assise de briques posees dans le sens de la longueur», mais «la largeur de 
la brique n'etant pas egale a la moitie de sa longueur, il s'ensuit un decalage progressif quand les bri- 
ques sont montees en assises croisees, ce qui conduit inevitablement a la superposition des joints» 51 . 
Comment se presentait ce massif, une fois mont6? Etait-il recouvert d'un enduit lisse a la main et d'un 
dallage de pierre au sommet? II manque d'elements pour repondre. A Baraqis, la presence d'un mur 
de petit appareil doublant le massif de brique, en arriere des saillants 12—13 et de leur courtine, est 
peut-etre liee a la presence du temple voisin. 

La hauteur des massifs de brique parait, dans la majeure partie des cas, difficile a evaluer. Les murs a 
carreaux d'al-Bayda' comportent une serie de boutisses qui penetrent dans le massif de brique crue en 
arriere du mur de pierre: la limite superieure de ces boutisses determine done l'elevation maximale du 
massif de brique crue, soit 2,20 m en arriere d'un mur de pierre haut de 4 m en moyenne (fig. 9). Dans 
les murailles mineennes, le massif de brique crue s'eleve a moins de la moitie de la hauteur des murs 
des saillants et des courtines: a Baraqis, ce massif atteint 5 a 7 m de hauteur tandis que les murs des 
saillants s'elevent jusqu'a 14 m de hauteur (fig. 11); a Ma c In, dans un mur de courtine haut de pres de 
8,00 m, une boutisse isolee a mi-hauteur semble correspondre a la partie superieure du doublage inte- 
rieur en brique. A Sabwa, le massif de brique s'eleve a pres de 4 m de haut en arriere des murs de l'en- 
ceinte exterieure d'al-Hagar (pi. 29a et b) et a pres de 4 m aussi a al-Bina'. 



2.2 ASSEMBLAGES ET STRUCTURES INTERNES DE PIERRE 

2.2.1 Les murs en pierres brutes 

Ces murs sont faits de blocs, a peine degrossis, sans taille d'appareillage, entasses les uns sur les autres, 
les intervalles etant bouches par de petites pierres 52 ; ils sont composes de deux parements contenant un 
remplissage de moellons et de terre selon la technique de l'emplecton. 

49 Selon Ph. Gouin, le massif de brique a la porte meiidio- 51 Rapport inedit de Ph. Gouin. 

nale mesure 3,50 m de large; voir J. Pirenne, Premiere 52 R. Martin, Manuel d 'architecture grecque, t. 1, Mate- 

mission archeologique, CRAIBL, 1975, p. 268, fig. 2. riaux et techniques, Paris, 1965, p. 372-373. 

50 Rapport inedit de Ph. Gouin. 



28 LES STRUCTURES DES CONSTRUCTIONS 



Les murs de Hirbat Sa'ud (pi. 7 a et b) et d'al-Asahil, larges de 3,50 m en,moyenne, component ainsi 
deux parements d'appareil irr6gulier qui enserrent un blocage a tout venant liaisonne" par un mortier 
de terre. Aucune boutisse ne lie ces deux parements, et, afin de prevenir leur effondrement sur de lon- 
gues sections, ils sont renforcds sur leur face exteme de contreforts (fig. 1 et 2), ce qui toutefois n'a pas 
empecbi de nombreux affaissements. Les inscriptions in situ confinnent indirectement ce terme de 
contrefort puisqu'aucune d'entre elles n'utilise les termes de fhft et de mhfd, traduits en sabeen ou en 
mineen par courtine (ou rentrant) et tour (ou saillant) 53 . Dans ces deux fortifications, le sommet des 
murs pr6sentent une surface empierr6e avec soin. 

On pourrait aussi ranger dans cette categorie des murs, beaucoup moins larges, d'un a deux metres, 
qui doublent un massif de brique crue. Hagar Yahir est ainsi entour6 d'un mur, epais de 1,50 m en 
moyenne, fait d'un double parement enserrant un bourrage inteneur de petits blocs liaisonnes au mor- 
tier de terre, et al-Asahil d'un mur a double parement d'appareil irregulier dans le secteur nord-est. 



2.2.2 Les murs composes horizontalement de deux rangees de pierre 

Quelques enceintes du wadi al-Gawf comportent des murs faits horizontalement de deux rangees de 
pierre, l'une int6rieure, l'autre ext&ieure, 61ev6es simultanement. 

A Kamna, en plusieurs points de la muraille (points 2,3 et 4; fig. 40), les murs, 6pais de 1,20 m a 
1,40 m, comportent une double s6rie de carreaux et quelques boutisses 54 (pi. 4b). De facon g6n£rale, 
ces boutisses, disposers a intervalles tres irreguliers, partent de l'exteneur vers l'interieur du mur sans 
toutefois traverser toute son 6paisseur. Les assises mesurent, au point 1: 0,38/0,41 m de haut, au point 
2: 0,26/0,30 m, au point 3: 0,34/0,30 m et au point 4: 0,34/0,39 m. Dans certains secteurs, au point 3 
notamment, les blocs intlrieurs, taillds dans un calcaire dur, sont sommairement regularises tandis que 
les blocs exteneurs, tailles dans un materiau plus tendre, sont parementes. 

A Ma'in, le mur d'une courtine orientate, conserve sur 3,80 m de long et pres de 7,80 m de haut, est 
compose' en epaisseur de deux rangdes de pierre (fig. 8 et pi. 21 a, b et c). U comporte des series verti- 
cals de boutisses, longues de 1 m a 1,10 m, en forme de parpaings, parementees sur les deux extre'mi- 
tes visibles, et des carreaux, hauts de 0,26/0,36 m, parementes de fa$on similaire. A la porte occiden- 
tale, les murs constituant le passage entre les deux tours sont faits de deux rangees de carreaux et de 
senes verticales de boutisses; comme a Kamna les carreaux inteneurs et exteneurs sont tailles dans des 
calcaires de natures differentes, le plus tendre, r6serv6 a l'exterieur, est soigneusement parement^. 
Hors du 6awf, a Sabwa, certains secteurs du rempart occidental sont constitu6s d'un mur 6pais 
2,10/2,20 m, form6 de deux series de blocs de gres, hauts de 0,50/0,60 m en moyenne, et il est probable 
qu'aucun massif de brique ne s'61evait en arriere contre ce mur. Plus composite est le mur de la porte 
mendionale (ext^rieure), constitu6 de blocs r£guliers de calcaire a l'ext^rieur et de moellons Uaisonnes 
au mortier a l'int^rieur. 



53 Ch. Robin et J. Ryckmans, Les inscriptions de al-AsS- 54 Dans ce type de mur, les assises, de hauteurs similaires 

bil, ad-Durayb et Hirbat Sa'Qd (Mission Archiologique a I'intfrieur comme a l'extdrieur, ont done 6t£ montees 

francaise en Rtpublique Arabe du Yimen: Prospections simultanement, voir J.-F. Breton et J.-Q. Bessac, 

des Antiquitis prf-islamiques, 1980), dans Rayddn, 3, Observations sur les murs de Ma'in et de Kamna (a 

1980, p. 113-181 et pi. 1-30. Pour les termes mhfd et parattre). 

sbft, voir Ch. Robin, A propos des inscriptions in situ de 
BaraqiS, ['antique YTL, (Nord-Ye'men), dans PSAS, 
vol. 9, 1979, p. 105. 



ASSEMBLAGES ET STRUCTURES INTERNES DE PIERRE 29 



2.2.3 Les murs composes horizontalement d'une rangee de pierres 

La majorite des enceintes du Gawf comportent une seule rangee de blocs elevee en avant d'un massif 
de brique crue, ce n'est pas un «habillage» posterieur d'un massif de brique puisque celui-ci est monte 
simultanement aux carreaux et boutisses du mur (fig. 5). Ces murs dont les divers elements (fondation, 
elevation, liaison avec le massif de brique, couronnement) ont ete etudies particulierement dans le 
Gawf, se trouvent egalement dans d'autres regions: toutes ces observations sont traitees dans le para- 
graphe qui suit. 



2.2.3.1 Plates-formes de brique et fondations 

Tous ces murs reposent d'abord sur une semelle de brique. A Ma°in, les fondations reposent sur un 
massif de brique, epais d'au moins 0,80 m, qui debordait probablement a l'exterieur; a as-Sawda', ce 
massif apparait encore par endroits a la base des murs; a Sabwa, une semelle de briques crues est 
encore visible a la base de certains murs d'al-Hagar et de la porte meridionale exterieure. C'est done 
un systeme generalise, de veritables plates-formes construites de briques crues sur plusieurs metres de 
hauteur, que Ton retrouve aussi en architecture civile comme fondation des hauts soubassements de 
pierre, par exemple dans le chateau royal de Sabwa. 

Les soubassements de pierre apparaissent a la base de certains murs des enceintes mineennes, et, mal- 
gre leur apparence rustique, ils n'etaient pas enterres et devaient done etre visibles (par exemple dans 
les tours 4, 11 et 22 de BaraqiS). Considerons cette tour 22 (fig. 6): elle comporte sept assises visibles 
qui forment une fondation d'au moins 3 m de haut: hautes, de bas en haut, de 0,30, 0,40, 0,38, 0,50, 
0,50, 0,40 et 0,52 m, elles sont montees en blocs bruts de carriere a peine retouches. Au-dessus, et 
avec un retrait de 0,20 m, la tour comporte quatre assises de grand appareil dont les blocs sont ornes 
d'un bossage delimite par des ciselures perimetriques: ce soubassement mesure 1,70 m. Le mur pro- 
prement dit marque un retrait de 0,20 m par rapport au soubassement. Un dispositif similaire se 
retrouve a la base de la tour 11: au-dessus des trois assises (visibles) de blocs frustes, sont montees, 
avec un retrait de 0,20 m, deux assises a bossage mis en valeur par deux ciselures perimetriques latera- 
les et une ciselure inferieure (fig. 10); ces ciselures fonctionnelles de reglage limitent sur une, deux, 
trois, mais rarement quatre aretes, la plupart des faces taillees. 

A Ma°In, trois assises de blocs regies par des ciselures, constituent les fondations d'un mur de courtine 
orientale, et les carreaux en elevation se trouvent en retrait de 0,35 m par rapport au nu du soubasse- 
ment (fig. 8). A as-Sawda', le soubassement de l'une des tours de Tangle sud-ouest comporte plusieurs 
assises, de pierres brutes de carriere a peine retouchees et de blocs inacheves ou brises en cours de 
taille, disposees en carreaux ou en position de boutisses et hautes de 0,14 a 0,27 m; le grand appareil 
ornemente au-dessus marque un retrait de 0,10 m par rapport au nu du soubassement (pi. 23c): ce 
systeme de fondation en saillie par rapport au mur en elevation est done courant dans les enceintes du 
Gawf. 

A Sabwa, dans le secteur ouest, les fondations comprennent deux assises de moellons de gres, hautes 
de 0,20/0,30 m, puis quatre assises de blocs de gres bruts, hautes de 0,50/0,70 m; l'assise superieure de 
calcaire marque un retrait de 0,15-0,20 m par rapport au nu du soubassement. Ce soubassement en 
gres, en saillie par rapport aux blocs de calcaire de l'elevation, se retrouve encore a plusieurs endroits 
de ce secteur occidental. 



30 



LES STRUCTURES DES CONSTRUCTIONS 



dernloro 
assise in situ 







0.5 




Fig. 6 BaraqiS: face nord de la tour 22. 



2.2.3.2 Liaison mur-massif de brique 

Le probleme des batisseurs dtait d'assurer une liaison cohirente entre la rangee de pierre et le massif 
de brique, deux types de matenaux soumis a une dynamique differente. Le plus souvent, le mur est M 
au massif de brique par une sdrie verticale de boutisses en alternance avec les carreaux et disposers a 
intervalles r^guliers. 

Ces liaisons sont parfois difficiles a observer, et on ne voit souvent en surface qu' un blocage inteneur 
fait de moellons divers cates avec de petites pierres en partie prises dans la brique crue (par exemple 
dans la tour 4 de BaraqiS, fig. 5) ou de blocs de basalte et de galets (par exemple dans le secteur nord 
de Marib, a la porte septentrionale notamment, fig. 18), ou encore de petits blocs de granit (par exem- 
ple a la porte mendionale de Hagar Kurjlan). 



ASSEMBLAGES ET STRUCTURES INTERNES DE PIERRE 31 



Mais a Main, la destruction ou l'arrachage quasi-systematique du parement des tours permet de mul- 
tiples observations, notamment a la porte meridionale oil le massif de brique domine de plusieurs 
metres les carreaux et les boutisses restants (pi. 20c). Essentiellement composes de carreaux, les murs 
comportent toutefois, a intervalles assez reguliers de 3 m environ, des boutisses noyees a l'arriere dans 
le massif de brique. Ces boutisses, disposers en series, une assise sur deux entre les carreaux, forment 
ainsi un systeme coherent d'accrochage du mur de pierre dans le massif de brique. La face ouest de la 
tour orientale comporte encore quelques boutisses, longues de 1,27 m a 1,35 m, debordant en arriere 
de la face posterieure des carreaux de 0,95 m. L'espace compris entre deux assises de boutisses est 
alors comble en arriere par un bloc, brut d'equarissement en carriere sur toutes ses faces, qui evite 
ainsi aux boutisses de s'affaisser. A cet endroit, les faces de quelques boutisses portent encore des frag- 
ments de l'inscription MAFRAY-81/1. 

Le rapport entre la largeur du massif de brique et celle du mur de pierre avoisine 6 pour 1: par exem- 
ple: 3 m d'epaisseur pour un parement de 0,50 m d'epaisseur, dans le secteur nord de Marib; de tels 
rapports de dimensions s'observent aussi a Main. Ce rapport avoisine 3 pour 1 a la porte meridionale 
de Sabwa ou le massif de brique mesure 3 m d'epaisseur et le mur de pierre un metre environ. Est-il 
possible, a partir de ces seuls exemples, de supposer que les murs de pierre s'epaississent progressive- 
ment au detriment du massif de brique? Les donnees sont encore insuffisantes pour deceler une evolu- 
tion de ce type. 



2.2.3.3 Les renforts d'angle 

Dans certaines enceintes du Gawf , les angles des tours sont renforces de deux series de boutisses alter- 
nees. II s'agit notamment de Tangle de la tour nord a la porte occidentale et de Tangle de la tour ouest 
a la porte meridionale de Main, deux tours qui se trouvent a gauche en franchissant ces portes. Si ce 
procede se retrouve egalement dans les angles de certaines tours de Baraqis (tour 11 notamment: 
pi. 17a), il est curieusement absent des tours d'al-Bayda' et des rares angles visibles a Kamna et as- 
Sawda'. Hors du Gawf, cette technique de renforcement est aussi attestee a Sirwah, dans un angle de 
mur au point 3 (pi. 12 a). 

On connait de meme un systeme similaire de pseudo-renforcement des angles par boutisses, visibles 
seulement exterieurement, dans certains edifices du Gawf, notamment dans les sanctuaires intra-mu- 
ros de Main (le batiment central quasi-intact) et de Baraqis (temple de Nkrh). II conviendrait done 
d'etudier le developpement chronologique de cette technique de construction qui n'est pas sans evo- 
quer les chaines verticales de boutisses assurant une liaison avec le massif interieur de brique. 



2.2.3.4 Les couronnements 

Les murs des tours et courtines des fortifications sabeennes et mineennes sont en general couronnes 
d'une assise de blocs decores de pseudo-boutisses, mais, seule, Tenceinte d'al-Bayda' conserve encore 
un bon nombre de ces blocs in situ (pi. 13 b, c et d). A Main, au contraire, le pan de courtine orientale 
est surmonte d'une couverture de dalles plates non decorees (pi. 21 a et b). Ce decor de pseudo-boutis- 
ses n'est pas propre aux enceintes puisqu'il se retrouve aussi au sommet des murs d'edifices religieux, 
dans la region de Marib-Sirwah (dans le temple tflmqh a Sirwah) et du Gawf (par exemple dans le bati- 
ment a redans d'al-Bayda'). 



32 LES STRUCTURES DES CONSTRUCTIONS 



2.3 LES SOCLES DE PIERRE 

Les socles de pierre proprements dits sont frequents dans de nombreuses regions d'Arabie m6ridio- 
nale; mais en architecture militaire, ils sont principalement mis en ceuvre dans les regions qatabanites 
et hadramites. 

Rappelons leur principe de construction: des murs de pierre d'appareil divers forment une enveloppe 
ext6rieure qui renferme une s6rie de murs dispose" s a l'orthogonale. Ces murs d61imitent des caissons 
bourr&s de mat6riaux divers (terre, brique crue, d6chets de taille . . .) et servent de fondation aux 616- 
vations. Dans les 6difices de petite taille, d'environ 10 m de c6t6 (les maisons), on compte en g6n6ral, 
deux longs murs transversaux et des murs perpendiculaires; dans les grands 6difices, c'est une frame 
plus ou moins s6rr6e qui est 6difi6e. Mais dans tous les cas, ces soubassements, hauts d'un a plusieurs 
metres, servent de fondation sur€16v6e a des superstructures de natures diverses, faites soit d'ossatures 
de bois avec un remplissage de brique (cas de nombreux 6difices civils et religieux) (cf. infra), soit de 
pierres, soit encore de brique. Ces types de superstructures sont d6sormais bien connus, suite aux 6tu- 
des entreprises en Hadramawt (a MaSga, Suna, Raybun etc.) et aux fouilles de Sabwa (notamment cel- 
les du chateau royal) 55 . 

Parmi les ouvrages d6fensifs ayant recours a ce principe constructif, mentionnons les deux soubasse- 
ments de la porte sud de Hagar Kuhlan/Timna c . Longs de 11 m environ et larges de 5,50 m environ, ils 
sont faits de murs 6pais de 0,80/1,40 m d'appareil cyclop6en formant une puissante enveloppe. Ces 
socles montrent a l'int6rieur deux murs orthogonaux, delimit ant, au sud un grand caisson en forme de 
L (3,30 m sur 3,50 m), et au nord deux caissons paralleles de largeurs diffdrentes (1,10 m et 1,50 m); la 
nature du bourrage des ces caissons n'est pas connue. Mentionnons aussi les socles de la tour m6ridio- 
nale de Gidfir ibn Munayhjr, d'une tour m6ridionale a al-Bina', etc. 



2.4 LES STRUCTURES DE BOIS 

De facon g6n6rale, le bois est utilise dans deux types d'ouvrages militaires. II constitue tout d'abord les 
superstructures (Tenements d6fensifs aux soubassements de pierre. Un exemple suffit: les socles de la 
porte sud de Hagar Kuhlan/Timna c supportaient a l'origine des superstructures faites d'une ossature de 
bois et d'un remplissage de brique crue, ce qu'attestent, sans grande hesitation, les deux textes RES 
3880 et 3881. L'6tude des maisons I, J et K de Masga 56 , du sanctuaire de Ba-qutfa 57 et du chateau royal 
de Sabwa 58 a mis en valeur la nature de ces ossatures regulieres de bois: un systeme de poutres trans- 
versales, longitudinales et transversales puis de poteaux permet d'61ever une ossature orthogonale en 
trois dimensions dans laquelle viennent s'ins6rer les briques et 6ventuellement les ouvertures. Dans le 
chateau de Sabwa, la combinaison de deux modules d'ossature hauts de 1,50 m forme un 6tage de 3 m. 
C'est assez vraisemblablement un systeme d'assemblage similaire qui 6tait mis en ceuvre pour 6difier le 
ou les 6tages au-dessus des soubassements des portes de Hagar Kuhlan. Ce type de charpente de type 
modulaire permet ainsi de r6aliser de grandes constructions. 



55 Pour les maisons du Hadramawt, voir Seigne, Lesstruc- 56 Seignc, Les structures, p. 24. 

tures, p. 27-29; pour les maisons de Sabwa, voir Dar- 57 J.-F. Breton, Le temple de Syn jj- tflsm a Bd-Qutfah 

les, L' architecture civile, dans Fouilles de Sabwa, II, (Rtfpublique Dtmocratique du Ye" men), dans Rayddn.l, 

p. 83-92; pour le chateau de Sabwa, voir J. Seignc, Le 1979, p. 187- 188. 

ch&teau royal, architecture, techniques de construction et 58 Seigne. Le chdteau royal, p. 1 1 1 - 166. 

restitutions, dans Fouilles de Shabwa, II., p. 114 et 

132-143; pour la porte de Timna', voir note 100. 



QUELQUES TERMES TECHNIQUES 33 



Le second type d'ouvrage en bois se trouve en arriere des murs faits horizontalement d'une ou de deux 
rangees de pierre (cf. supra). Le bois sert alors a r6aliser les amenagements inteneurs: etages, plan- 
chers et vraisemblablement moyens d'acces. Les poutres 6taient encastrees dans les ouvertures amena- 
gees entre deux carreaux d'une meme assise, d'une hauteur egale a celle de l'assise (0,20 a 0,28 m 
selon les cas) et d'une largeur d'une quinzaine de centimetres (cas de Ma'in); elles supportaient des 
planchers en ayant probablement recours a des assemblages a mi-bois. De tels precedes de construc- 
tion se retrouvent principalement dans les grandes enceintes du 6awf ou les tours de Baraqis", Ma'in, 
as-Sawda' comportaient des dispositifs interieurs de bois aujourd'hui disparus (voir page 52). 



2.5 QUELQUES TERMES TECHNIQUES 

Comment tous ces types de structures de construction sont-ils consigned dans les d£dicaces de construc- 
tion? A Ma'in, Baraqig, as-Sawda 3 et Marib, ces textes comptent en effet plusieurs termes, hormis ceux 
deja mentionnes supra, tqr, 'bn, qdm, mwsm et m'dr 59 . 

Le terme tqr, rarement associe^ a blq (RES 2965/2 = M 185) mais plus souvent seul (a BaraqiS: RES 
3012/1 = M 236, RES 3022/1 = M 247, RES 3535/1 = M 347), semble s'opposer a 'bn (RES 3012/1). 
Comme a Baraqis un seul calcaire a 6t6 reconnu, ces deux termes ne pourraient alors designer des 
materiaux differents. N'indiqueraient-ils pas plutot des distinctions de parties de murs (tqr d6signant 
l'elevation et 'bn les fondations), d'appareil (tqr: le grand appareil et 'bn: les pierres brutes de carrie- 
re), ou d'ornementation des blocs (a parement decore ou sans decor)? Le peu d'occurences de ces ter- 
mes, hormis a Baraqis, ne permet pas une reponse definitive. A Timna c , le terme 'bn semble bien de- 
signer l'appareil cyclopeen des soubassements des portes sud et nord (RES 3881/2 a, RES 3380/6 et 
MAFYS-Timna c 1/4). 

Le terme qdm pourrait designer, semble-t-il, le mur de pierre «de fa?ade» ou «en avant» (du massif de 
brique); associe a mwsm (a Baraqis dans RES 3535/1 = M 347 et RES 2965/1 = M 185), les deux ter- 
mes pourraient s'appliquer au «mur decor6 en facade» (ou en avant). A l'inverse, le terme m'dr pour- 
rait designer les «parties int6rieures» ou les «amenagements int6rieurs»; associe a 'd (le bois, vraisem- 
blablement) (dans RES 3535/1 = M 347), les deux termes indiqueraient les «structures interieures en 
bois»: planchers et moyens d'acces. 

A Timna c , les termes de nmr, de mwgl et de mrt (dans MAFYS-Timna c 1/4, RES 3880 et 3881) pour- 
raient respectivement designer les socles (des tours), l'albatre et un type de calcaire ou encore un 
enduit(?), peut-etre l'enduit lisse recouvrant les panneaux entre les ossatures de bois. 



3. Les appareils 



En 61evation, les murs de pierre presentent de grandes differences dont il convient de noter les aspects 
metrologiques ainsi que la repartition r6gionale, plus importante a nos yeux que les distinctions chro- 
nologiques. 



59 Voir notamment Robin, A propos des inscriptions in 
situ de Baraqish, 1979, p. 105-107. 



34 ' LES APPAREILS 



3.1 LE PETIT APPAREIL 

II faut distinguer plusieurs types de petit appareil. 

Le premier met en oeuvre des blocs de taille tres variable, a peine assises, cates avec de petites pierres. 
C'est l'appareil du contrefort d'al-Asahil ou se trouve encastree l'inscription n° 7 (pi. 6b), des murs 
des secteurs nord et sud de cette meme enceinte et des murs de Gidfir ibn Munayhir (a 1'exception de 
la tour meridionale). 

Un appareil, plus regulier, caracterise les murs de Hirbat Sa'ud, al-Asahil Yala, etc.: ce sont des blocs 
de dimensions similaires aux precedents, assez r6gulierement assises (assises hautes de 0,25 a 0,30 m) 
dont les parements ne pr^sentent ni bossage ni decoration. C'est notamment l'appareil de Tangle 
oriental d'al-Asahil, des murs de Hirbat Sa'ud (pi. 7a et b), de Yala, de Barlra (pi. 4a), etc. 
Dans le 6awf proprement dit, le petit appareil n'apparait pas dans les elevations des murs d'enceinte; 
il n'a ete reconnu que dans les murs qui doublent le massif de brique crue a BaraqiS, en arriere des 
tours 12-13. Ce type d'appareil est pourtant bien atteste - dans l'architecture religieuse du Gawf ou il 
caracterise les murs d'enveloppe des sanctuaires extra-muros de MaTn et d'as-Sawda'. Le moyen appa- 
reil - hauteur d'assises comprises entre 0,15 et 0,40 m et longueur des blocs entre 0,30 et 0,70 m - est 
peu frequent dans les murs d'enceinte du Gawf: il est, par commodity, assimiie ici au grand appareil 
(cf. infra). 



3.2 L'APPAREIL CYCLOPEEN 

A la suite de R. Martin, nous qualifions de maconnerie «cyclop6enne» les murs faits de gros blocs, a 
peine degrossis, sans taille d'appareillage et entass6s les uns sur les autres, les intervalles etant touches 
par de petites pierres. Ce type d'appareil caracterise essentiellement les soubassements des fortifica- 
tions de Qataban et d'Awsan, et parfois du Hadramawt. Dans les wadis Harib et Bayhan, c'est un con- 
texte g£ologique particuUer (presence de granits et de schistes) plus qu'un souci d'economie qui semble 
expliquer ces traditions architecturales. Le meilleur exemple de ce type d'appareil n'est-il pas celui des 
deux socles de la porte sud de Hagar Kuhlan/Timna c (pi. 26)? En effet, le bloc flanquant la face orien- 
tale du bastion ouest mesure 1,70 m de haut, 2,80 m de long et 0,50 m d'epaisseur, et le bloc portant le 
texte RES 3881 2,00 m de long (a l'origine d'apres G. W. Bury), 0,87 m de haut (au maximum) et 
0,30 m d'6paisseur. 

Les origines, comme la diffusion de cet appareil cyclopeen, semblent difficiles a fixer, en l'absence de 
fouilles; tout au plus peut-on supposer qu'il fut mis en oeuvre au moins des le T— 6 e siecle avant notre 
ere dans le chateau royal(?) de Timna 060 . Sur le site voisin de Hinu az-Zurayr, on peut observer une 
distinction, semble-t-il autant chronologique que qualitative, entre les murs d'appareil cyclopeen des 
edifices constituant l'enceinte interieure et l'appareil regulier des tours construites en avant de celle-ci 
du cote meridional. 



3.3 LE GRAND APPAREIL 

II caracterise essentiellement l'eievation de toutes les enceintes du Gawf (al-BaydS', as-Sawda', Ma°!n 
et BaraqiS. . .) et des regions avoisinantes (Marib et Sirwah). Tous ces murs sont faits de carreaux a 



60 G. van Beek, Recovering the Ancient Civilization of 
Arabia, dans BA, XV, 1952, p. 12. 



LE GRAND APPAREIL 



35 



l'exception des chatnes verticales de boutisses assurant la liaision avec le massif de brique interieur. 

Ces boutisses apparaissent aussi dans les angles saillants pour les renforcer (cf. supra). 

II convient de noter tout de suite une caracteristique de cet appareil: la presence de decrochements en 

retrait, de l'ordre de 2 a 3 cm, toutes les trois ou quatre assises: trois a Baraqis (tour 11) et a as-Sawda' 

(tour sud-ouest). A §irwah, curieusement, la face orientale de la tour d'angle meridionale (point 1) 

montre un premier retrait de 2 cm a quatre assises visibles au-dessus du sol, un second quatre assises 

plus haut, un troisieme dix-sept assises plus haut et un quatrieme encore quatre assises plus haut 

(pi. 11a et b). Ce dispositif de retraits est atteste dans plusieurs Edifices civils (soubassements de mai- 

sons, comme le chateau royal de Sabwa) et religieux (temples de Ba-Qutfa, de 'Imqh a Marib et de 

Nkrh a Baraqis 61 ). 

Les blocs mis en oeuvre offrent des hauteurs d'assises tres variables, de 0,25 a 0,50 m en moyenne. 

J. -CI. Bessac remarque que les hauteurs des assises en calcaire ferme d'as-Sawda' s'echelonnent entre 

0,40 et 0,53 m, et les assises des murs en calcaire dur de Matn entre 0,22 et 0,38 m, et suppose done 

que la qualite de calcaire ferme offre sans doute en carriere de plus grandes possibilites de hauteur de 

bancs que le calcaire dur 62 . 

Les recherches effectuees permettent de noter quelques dimensions des blocs utilises dans ce grand 

appareil: 



Tableau 2: M6trique des blocs (carreaux et boutisses) 
(dimensions en centimetres) 



SITE 
Localisation 



Longueurs 

(grandes et moyennes) 



Epaisseurs 
en queue 



Hauteur 
d'assises 



AL-BAYDA' 
porte ouest 



secteur nord 
tour 57 



tour 58 



grands blocs: 


170- 


-295 


blocs moyens: 


80- 


-160 


boutisses: 


35- 


- 42 


grands blocs: 


195 




blocs moyens: 


65- 


- 70 


boutisses: 


39- 


- 47 


grands blocs: 


215 




blocs moyens: 


120- 


-130 


boutisses: 


30- 


- 42 



33-35 
33-35 



24-35 



25 



29 



AS-SAWDA' 
tour sud-ouest 



grands blocs: 
blocs moyens: 
boutisses: 



140-162 
80-100 
30 cm 



32-48 
32-48 



14-27 (socle) 
40-53 (elevation) 



61 Pour Ba-Qutfa, voir Breton, Le temple de Syn djilsm, 
p. 189; pour Marib, voir F. P. Albright, Excavations at 
Marib in Yemen, dans R. L. Bowen et F. P. Albright, 
Archaeological Discoveries in South Arabia, Baltimore, 
1958, p. 247, fig. 156; pour Baraqis, voir A. de Mai- 
gret, Gli scavi delle Missione Archeologica nella citta di 
Baraqish, Conferenze IsMeo, Roma, 1991, fig. 4 et 5. 



62 Bessac, Les techniques de construction (a paraitre). II 
serait en effet interessant de ddterminer avec precision 
les carrieres de chaque ville du 6awf , et de savoir si le 
territoire de chacune d'entre elles ne comprenait pas 
des carrieres, au nord comme au sud du wacH Madab. 



36 



LES APPAREILS 



SITE 
Localisation 



KAMNA 
secteur nord-est 
(point 1) 
mur est 
(point 2) 

mur sud 
(point 3) 
mur ouest 
(point 4) 



Longueurs 

(grandes et moyennes) 



Epaisseurs 
en queue 



long, variables: 80—160 

long, variables: 83—127 

boutisses: 35 

long, variables: 83—155 

long, variables: 65-188 



26-35 
26-50 

30-47 
23-36 



Hauteur 
d'assises 



38- 


-41 


26- 


-30 


34- 
i 


-39 



34-39 



MAIN 
courtine est 

tour est 
porte ouest 
porte ouest 
(avant-murs) 

porte sud 



long, variables: 


76- 


-189 


boutisses: 


25- 


■ 38 


long, variables: 


85- 


-188 


long, variables: 


85- 


-188 


grands blocs: 


51- 


-133 


boutisses: 


24- 


- 32 


grands blocs: 






boutisses: 


30- 


- 35 


grands blocs: 


115- 


-120 


blocs moyens: 


70- 


- 85 


boutisses: 


40 




grands blocs: 


70- 


- 95 


blocs moyens: 


80- 


- 95 


blocs moyens: 


75- 


- 95 


grands blocs: 


140- 


-160 


blocs moyens: 


120- 


-140 


grands blocs: 


215 ( 


maximum) 


grands blocs: 


90- 


-135 



100-108 



20-54 
20-54 



26-36 

27-30 
27-30 

28-37 

28-37 



BARAQlS 
tour 4 



tour 11 
tour 17 
tour 18 

tour 19 

tour 22 



32 



35-40 



28-30 



24-35 
34-38 
35-36 
35-36 
30-32 

40 



MARIB 
tour nord 

secteur nord 
secteur est: 
secteur sud 



SIRWAH 
tour sud 
(point 1) 

mur nord-est 
(point 2) 
mur ouest 
(point 3) 

mur ouest 
(point 4) 



grands blocs: 250 

blocs moyens: 100-150 

boutisses: 40- 45 

blocs moyens: 100—130 



50 
50 
40 
40-48 



carrcaux: 


85-225 


boutisses: 


46- 48 


carrcaux: 


48- 68 


carrcaux: 


105-158 


boutisses: 


12- 25 


carrcaux: 


UK)- 170 


boutisses: 


40- 42 



? 

? 

35 
? 



35-40 

36-42 

37 (base) 
32 (sommet) 



33-38 

20-22 
29-31 

28-29 



LE GRAND APPAREIL 



37 



SITE 
Localisation 



SABWA 

enceinte exter.: 
porte sud 

enceinte inter.: 
ch. VI, tour 2 
enceinte inter.: 
secteur sud-ouest 
secteur ouest 
Dar al-Kafir 



Longueurs 

(grandes et moyennes) 



secteur est: 


80-135 


secteur ouest: 


60-210 


grands blocs: 


80-150 


fondation: 


50/60 


elevation: 


110/120 


grands blocs: 


190-275 


grands blocs: 


200-260 



Epaisseurs 
en queue 



50-70 



Hauteur 
d'assises 



46 
62 

35 

50/60 

60 

80-90 

95-115 



Tableau 3: Rapport hauteur des assises et longueur des carreaux. 



AC. 



35 .. 



30_. 



IS .. 



2lo_. 



E 

o 

n 
o 

.2 

'3 A 5 _ . 
■ 

a 

3 -io_. 
a 



7 . * 15 



.12 



' 1. 
13* *14 -' 



6 # 



1^ Mfl 
\ J 19 ' 



.16 
8. 



17 



4. 



60 



?o 



^o 



90 



-ioo 



4AO 



AQ.Q 



-T30 



■iWO 



4SO 



A6Q 



long, carreaux ci 



Legende: 



1 al-Bayda': 

2 al-Bayda': 

3 al-Bayda': 

4 al-Bayda': 

5 Kamna: 

6 Kamna: 

7 Kamna: 

8 Kamna: 

9 Main: 
10 Main: 



porte ouest 
tour 57 
tour 58 
tour 50 
point 1 
point 2 
point 3 
point 4 
courtine est 
tour est 



11 Main: 

12 Main: 

13 Baraqis: 

14 BaraqiS: 

15 Marib: 

16 Sirwah: 

17 Sirwah: 

18 Sirwah: 

19 $irwah: 



porte ouest 

porte ouest (avant-cour) 

tour 4 

tour 11 

secteur nord 

point 1 

point 2 

point 3 

point 4 



38 LES APPAREILS 



En l'absence de fouilles, hormis celles de Sabwa, et done de datations prdcises de ces murs, il est 
impossible de determiner une 6volution des dimensions des carreaux mis en oeuvre. Neanmoins en 
mettant en correlation les dimensions des carreaux (hormis ceux d'une tres grande longueur) et les 
hauteurs des assises, dans les fortifications du 6awf et de la region de Marib, il se degage trois grands 
groupes: 

— un groupe ou les assises mesurent une quarantaine de centimetres de hauteur et les carreaux de 120 
a 130 cm de longueur; il comprend la plupart des murs de Kamna et du secteur nord de Marib. 

— un groupe ou les assises mesurent une trentaine de centimetres de hauteur et les carreaux de 120 a 
135 cm de long; ce groupe comprend tous les murs de Ma°in (a l'exception des avant-murs de la 
porte ouest), ceux de $irwah (points 3 et 4) et ceux d'al-Bayda (tour 58). 

— un groupe ou les assises mesurent une trentaine de centimetres de haut et les carreaux de 79 a 90 cm 
de long seulement; a ce groupe appartiennent les murs de BaraqiS et les murs de Favant-porte ouest 
de Main. 

D'apres les donn^es epigraphiques disponibles, il semble que l'ordre de ces trois groupes soit chrono- 
logique (cf. infra); on pourrait ainsi en d^duire provisoirement que la hauteur moyenne des assises et 
la longueur moyenne des carreaux tendent a diminuer du T— 6 e siecle (?) avant notre ere (Marib, al- 
Bayda') au 5 e — 4 e siecle (?) avant (Ma°in et BaraqiS). Mais la hauteur des assises n'est-elle pas plutdt 
directement li£e a la hauteur des bancs de calcaire dans les carrieres, ce qui rendrait tout classement 
chronologique inoperant. Tout ceci demande en tout cas des verifications precises qui pourraient etre 
menees ulterieurement dans le Gawf . 

A Sabwa il est difficile, en raison de l'he'terogen&te' des murs d'enceinte, d'£tablir quelques modules 
de blocs du grand appareil. Neanmoins, il semble que la longue ligne septentrionale (intlrieure) de 
defense met en oeuvre de blocs longs de 1,80 a 2,80 m en moyenne, et hauts de 0,80/0,90 m en 
moyenne. Exceptionnellement, dans le grand appareil de Dar al-Kafir, se trouvent des blocs calcaires 
longs de 2,00/2,60 m et hauts de 0,95/1,15 m (pi.: 28c). 



3.4 L' APPAREIL «DIAMANTAIRE» 

II comporte des blocs coniques dont la base constitue une face plus ou moins circulaire, dr£ssee sou- 
vent sommairement, et qui sont liaisonn6s au mortier. II apparait dans certains Edifices civils 63 et dans 
les murs d'enceinte de Sabwa, notamment a al-Hagar (pi. 29 b). 



63 Darles. L' architecture civile, p. 101, fig. 15 et p. 108. de Sabwa qui comporte un tel appareil n'est pas anti- 
fig. 25 (appellation «blocs prismatiques»). II est proba- ricur au 1 er de notre ere: peut-etre en est-il de mime 
ble que I'emploi giniralisi de tels blocs ne soit pas tres pour les murs d'al-Hafcar? 
ancien (ler s.av.n.e- 1 er s. de n.e.). Le batiment n° 41 



PAREMENTS DECORES A CISELURES PERIMETRIQUES 39 

4. Les parements 



II faut distinguer les parements non d6cor6s, les parements d6cor6s a ciselures perimetriques et les par- 
ements a ciselures perimetriques incisees. 



4.1 PAREMENTS NON DECORES 

De tels parements apparaissent souvent dans certains murs de Kamna constitues de pierres dures ou 
froides, par exemple au point 2. A cet endroit, la face des carreaux du parement exterieur a 6t€ som- 
mairement regularisee au marteau (ou au marteau t€tu) puis taillee au ciseau a bout rond etroit (d'un 
centimetre environ): c'est, selon J.-Gl. Bessac, une «taille point6e de degrossissage» 62 . Le resultat final 
montre des irr^gularites de plan£it6 de l'ordre de 2 cm en profondeur. A l'inverse, les carreaux int6- 
rieurs sont bruts d'extraction de taille, les seules retouches sont faites a grands coups de masse (ou de 
marteau tetu). 



4.2 PAREMENTS DECORES A CISELURES PERIMETRIQUES 

Les parements decores connaissent une grande faveur dans la construction sudarabique, des le 7 e — 6 e 
siecle (?) avant notre ere. Dans les fortifications du Gawf, ils sont fr^quemment utilises; aussi les 
remarques qui suivent concernent-elles essentiellement cette region. De fa9on generale, les blocs com- 
portent des ciselures penmetriques irr6gulieres, larges de 2 a 6 cm, delimitant une partie centrale 
piquetee. Les ciselures verticales sont plus etroites que les verticales; faites au ciseau de moins d'un 
centimetre de large, elles deiimitent un contact d'aspect irregulier, en «dents de scie», avec la partie 
centrale. Le piquetage de cette partie est le «r6sultat d'une multitude de percussions verticales produi- 
tes a l'aide d'un gravelet a bout rond etroit, c'est a dire de 0,2 a 0,5 cm de large» M . Choisissons comme 
exemple les carreaux de la courtine orientale de Ma°in: ils comportent une ciselure perimetrique 
irreguliere, de l'ordre de 4 a 5 cm de large, horizontale et verticale, taillee a 1' oblique ou a la perpendi- 
culaire, avec un ciseau de 1,5 a 1,7 cm de large. La partie centrale est sommairement piquetee au 
ciseau ou gravelet a bout rond de 0,2 a 0,3 cm de largeur. 

Parfois, a Baraqis ou a al-Bayda, la delimitation entre les ciselures et la partie centrale, plus r^guliere 
et plus fine, correspond a «un arret du piquetage sur une surface deja bien aplanie par une ciselage 
general* 65 . 

Une 6tude plus specifique menee par J.-Cl. Bessac a al-Bayda' (sur les tours 38 et 39), a Main (sur la 
porte ouest) et a Kamna (aux points 1 a 4) permet de comparer ces differents types de parements ainsi 
resumes 66 . 



64 Bessac, Les techniques de construction (a paraitre). qui cite comme exemple la tour 38 d'al-Bayda' (corn- 
Dans le 6awf, cette techniques de taille, bien attestde portant le texte CIH 636 de style B3') et certains murs 
dans les murailles (al-Bayda', Main, BaraqiS . . .) mais de Baraqig. 

fort peu dans les Edifices religieux, ne peut etre dat6e 66 Bessac, Les techniques de construction, et Breton-Bes- 

avec une grande precision (6 e — 5 e siecle avant n. e.?). sac, Observations sur les murs (a paraitre). 

65 Voir Bessac, Les techniques de construction (a paraitre) 



40 



LES PAREMENTS 



Tableau 4: Techniques de taille des parements 
(a al-Bayda', Main et Kamna 
(dimensions en centimetres) 



PAREMENTS EXTERIEURS 
caracteristiques al-Bayda' 

tour 39 


Main 
porte ouest 


KamnS 
point 4 


ciselure 


perim&rique 
irreguliere 


perimetrique 
irreguliere 


pe"rim£trique 
irreguliere 


largeur de la ciselure 
verticale 


5/6 cm 


3/4 cm 


4/5 cm 


largeur de la ciselure 
horizontale 


6/8 cm 


6/8 cm 


5/8 cm 


partie centrale 


pointee de courts sillons 
plus ou obliques, longs de 
0,5/1 cm, faits au gravelet a 
bout rond 


pointee au gravelet a bout 
rond 


brochee en sillons longs de 
0,4/1,2 cm faits au gravelet 
a bout rond. 


centre: espacements 
des impacts 


0,5/2 cm 


1 cm 


2 cm 


contact zone 
piquetee-ciselee 


ligne en poindlld realisee 
par percussion 


pas de ligne 


pasde ligne 


joints montants 


ciselure penmltrique sur 4 
cdtes, large de 3—6 cm 


joints tres bien adapts a la 
regie malleable 


une ciselure anteneure; 
joints en creux sommaire- 
ment demaigris 


lits d'attente 


ciselures sur leurs aretes en 
contact avec parements, 
larges de 3/6 cm; centre 
surcreuse' 


non accessibles, adaptes a 
la regie malleable 


ciselure oblique sur arete 
anteneure; arriere piquetee 


lits de pose 


tailles a la demande a la 
regie malleable selon lit 
d'attente 


non accessibles, adapted a 
la regie malleable 


ciselure sur arete anteneure 


PAREMENTS INTERIEURS 

al-Bayd9' 
tour 39 


Main 
porte ouest 


KamnS 
point 4 


parements int6rieurs 


face arriere: brute d'eclate- 
ment a la masse ou tfitu 


bruts d'equarissement en 
carriere 


sommairement regularises; 
rectifications au gravelet 


joints 


reguliers 


reguliers 


lesbiens (espace: 1/1,5 cm) 



En r6sume\ les blocs d6cor6s d'un piquetage soigne\ fait au ciseau ou gravelet a bout rond, a I'intlrieur 
de ciselures penm&riques a peu pres r^gulieres (les ciselures horizontales 6tant a peine plus larges: 6 a 
7 cm, que les verticales: 5 cm en moyenne), se retrouvent dans bon nombre de fortifications du 6awf: 
as-Sawda', al-Bayda', Matn, Baraqig ainsi qu' a Sirwafc (points 1 a 4) et Marib. 



CONCLUSION 



41 



4.3 TAILLES ORNEMENTALES TRES FEMES 

* 

Des blocs, a partie centrale finement piquetee et d^limitee par des ciselures lineaires tres fines, appa- 
raissent parfois dans les ouvrages defensifs. Le meilleur n'est-il pas la tour d'angle sud-ouest d'as- 
Sawda' (pi. 23 c)? Les carreaux de cette tour, sur sa face meridionale, comportent des ciselures p6ri- 
m6triques larges de 5 a 5,5 cm (ciselures inferieure et sup6rieure) et de 2,5 cm (pour les joints mon- 
tants): la largeur d'une ciselure horizontale est done le double d'une ciselure verticale. Les ciselures 
sont separees du centre du parement par incision lineaire et percussion perpendiculaire. La face occi- 
dentale de cette meme tour montrant un decor inacheve, J.-Cl. Bessac 67 a pu distinguer plusieurs Sta- 
pes de decoration. La face anteneure des blocs est d'abord sommairement degrossie tandis que les 
ciselures p6rim6triques sont a peine marquees. L' ensemble de la face est ensuite regularisee au ciseau 
en taille perpendiculaire aux ardtes longues du bloc, et la surface centrale piquetee au gravelet a bout 
rond, en reservant des marges assez importantes de chaque cote\ La ciselure ornementale est enfin 
delimitde par impact perpendiculaire au ciseau, et le piquetage acheve jusqu'au trait delimitant la cise- 
lure definitive. Toutes ces etapes sont faites au ravalement, en procedant de haut en bas. Rappelons 
enfin que ce type de parement a partie centrale finement piquetee et ciselures lineaires fines se 
retrouve dans de nombreux Edifices du Gawf (notamment le batiment a redans d'al-Bayda'), des 
r6gions sabeennes (temple d' Imqh a $irwah) et hadramites (soubassement du chateau royal de Sab- 
wa) 68 . 

Si ces variantes de types de parement ont peu de valeur chronologique dans l'ensemble, on pourrait 
seulement remarquer que les parements decor6s d'un piquetage soigne dans un cadre non incise (a al- 
Bayda') semblent faire place a des parements a la partie centrale grossierement piquetee (Main: cour- 
tine orientale), mais ces variations temoignent peut-etre de differences de soin dans le traitement des 
parements. 

CONCLUSION 

Si ces quelques remarques esquissent une carte de la distribution regionale des techniques de construc- 
tion, elles ne permettent pas encore d'en tirer des conclusions chronologiques assurees, cependant 
quelques points peuvent deja etre precises. 

Les murs de pierres brutes, epais de 2 a 3 m a al-Asahil et Hirbat Sa'ud, et les murs d'un type similaire, 
epais de 1 a 2 m a Yala et 6idfir ibn Munayhir, forment un type de construction «archaique» qui pour- 
rait etre date des environs du T siecle avant notre ere (cf. p. 79—86); et il est probable que les murs de 
pierres brutes associees a un massif de brique (du type Hagar Yahir) leur soient contemporains. 
Les murs, faits horizontalement d'une rangee de pierre, sont assez disperses du nord au sud et d'est en 
ouest, ce qui temoigne d'une diffusion generate de cette technique de construction, peut-etre a partir 
du 6 e — 5 e (?) sifecle avant notre ere 69 . Dfes cette epoque, semble-t-il, leurs parements sont decores de 



67 Bessac, Les techniques de construction (a paraitre). 

68 Seigne, Le chateau royal de Shabwa, p. 13. 

69 Le probleme des origines des techniques d'ornementa- 
tion de pierre n'est pas volontairement pas 6voqu6 ici, 
les premiers elements de rdponse, au moins pour le 
Gawf , se trouvent dans Bessac, Les techniques de con- 
struction (a paraitre). Par exemple, la taille pointee 
ornementale tres fine qui s'observe a as-Sawda' (tour 
ouest), a al-Bayda' (bStiment a redans), a Marib (tem- 
ple d"lmqh) etc. semble difficile a dater. On pourrait 



6voquer le 5 e (?) si&cle avant notre tie, comme G. van 
Beek, Marginally drafted, pecked Masonry, dans 
Archaeological Discoveries in South Arabia, Baltimore, 
1958, p. 287-295 . . . C'est peut-etre a cette epoque 
qu'il faut attribuer les tailles pointdes ornementales 
offrant des contacts irreguliers, en dents de scie, avec 
les ciselures pdrimetriques (murailles de Matn et de 
BaraqiS). Nous aurons l'occasion de revenir sur ces 
questions. 



42 LES PAREMENTS 



ciselures penm6triques d61imitant parfois finement une partie centrale p|quet6e (ex.: al-Bayda' porte 
ouest, cf. p. 67). 

Quant aux murs faits de deux rangees de pierre, attests principalement a Kamna (aux points 2 et 3), 
Main (dans la courtine orientale) et Sabwa (secteur occidental), il semble prudent de ne pas tenter de 
dater leur origine; tout au plus peut-on supposer qu'ils sont mis en ceuvre des le 6 e — 5 e siecle avant 
notre ere. 

Quant aux systemes deiensifs faits d'un soubassement de pierre surmonte' d'une construction en bois, 
ils se situent principalement dans les regions qatabanites (Hagar Kuhlan et Hinu az-Zurayr), 'awsani- 
tes et plus rarement hadramites (al-Barira): leur origine fait encore l'objet de nombreuses discus- 
sions 70 . 



70 Voir une breve mise au point dans J.-F. Breton, Quel- du colloque d' «Arabia Antiqua» de Rome en mai 1991 

ques dates pour Varchiologie sud-arabe, dans les actes (sous presse). 



Chapitre 3: Les murs et les saillants 



1. Le trace des murs 



Les fortifications situees en bordure du desert offrent plusieurs types de traces de murs, class6s ici dans 
un ordre chronologique provisoire que les fouilles a venir permettront peut — §tre de preciser. 



1.1 LES TRACES RECTILIGNES 

Les murailles de Hirbat Sa°ud et des secteurs sud-est et sud-ouest d'al-Asahil comportent de longues 
sections rectilignes que ne defend aucune tour. Elles sont contituees d'un mur epais, a double pare- 
ment, renforc6 de contreforts (pi. 6 a et 7a et b), mesurant en moyenne 7,50 m de long a al-Asahil 
(fig. 2) et 7,85 m a Hirbat Sa°ud (fig. 1). Ces contreforts encadrent des portions de murs rectilignes, 
longues de 13,85 m en moyenne a Hirbat Sa°ud (19 m pour les plus longues et 12 m pour les plus cour- 
tes), et de 12,80 m en moyenne a al-Asabil. Ces contreforts marquent une projection de 1,00 m en 
moyenne a Hirbat Sa'ftd (notamment dans le secteur nord-ouest: fig. 7), et de 0,80 m en moyenne a al- 
Asaliil. 

L'enceinte de Hagar Yahir, dans le wadl Marha, faite d'un mur de pierres brutes accole a un massif de 
brique, presente des sections rectilignes, longues de 50 m a 70 m, ou tres legerement incurv^es, ne 



INT^RIEUH 




INSCRIPTION na2 i 

26 



& 




1 23 5 



— Im 



Fig. 7 Hirbat Sa'ud: plan et coupe de la courtine nord-ouest. 



44 LE TRACE 1 DES MURS 



comportant que de rares saillants (fig. 4). De meme, la muraille de Yala/^d-Durayb est constitute d'un 
mur totalement rectiligne dans son secteur occidental et legerement courbe au nord comme a Test 71 . 
Ce mur, epais de 2,5 m a 3 m, renforce" de contreforts larges de 5,50 m et espaces de 4,50 m en 
moyenne, ne compte qu'un saillant (fig. 35). 

1.2 LES MURS A CREMAILLERE 

De nombreux murs d'enceinte montrent des dlcrochements plus ou raoins reguliers. 
Le meilleur exemple de ce type de trace est l'enceinte de 6idfir ibn Munayhir, compos6e d'une succes- 
sion assez reguliere de sections longues de 27,50 m en moyenne (40 m pour la plus longue) slparees 
par des d6crochements rentrants ou saillants de 0,70/0,80 m (fig. 34 et pi. 8a). Cette enceinte n'est 
defendue par aucun saillant, a l'exception d'un petit bastion flanquant la porte nord, et d'un autre, au 
sud, vTaisemblablement posteneur a la construction de la muraille. D'autres portions de remparts pr6- 
sentant ce meme type de murs a d£crochements, se rencontrent dans les secteurs nord-est et nord- 
ouest d'al-Asahil (fig. 2), nord-ouest et sud-ouest de Main (fig. 41). Plus tardive, sans nul doute que 
ceux-la, l'enceinte exteneure de Sabwa, au sud de la colline de Hagar, pr&ente tous les 12-15 m un 
decrochement de 2 a 3 m perpendiculaire au nu du mur (fig. 47): c'est un mur, large de 4,20/4,90 m, 
fait d'un massif de brique et d'un parement maconne\ En outre, le mur de galets qui suit les cr€tes des 
collines exteneures (Qarat al-Firan et al-Hadida), montre des dlcrochements reguliers tous les 15 m 
en moyenne 72 . 



1.3 LES MURS COURBES 

Les murs au trace" courbe sont peu frequents en Arabie du Sud. Dans le cas d'enceintes ovales ou qua- 
si-circulaires, leur trace" juxtapose de petites sections bris£es, comme par exemple a al-Bayda' (fig. 38). 
II est done int£r£ssant de noter les rares exemples de murs entierement concaves ou convexes: a 
Kamna, un mur convexe, long d'une dizaine de metres, se trouve en avant d'un angle de l'avancee 
orientale (fig. 40); a Hagar Kuhlan/Timna c , a Test de la porte mendionale, un mur concave d'une cin- 
quantaine de metres de long £tait constitue" d'un glacis — forme exceptionnelle — de pierres brutes 
incline a 45°. Mais seul le rempart de Hagar Yahir prdsente de longues sections convexes ou concaves 
qui se suivent dans Tangle nord, sur plus d'une centaine de metres de long (fig. 4). 

1.4 PROBLEMES DE DATATION 

Si plusieurs d€dicaces de construction, au nom de KaribTl Watar fils de Damar c aII, encastr^es dans les 
murs de Hirbat Sa°ud et d'al-Asahil permettent d'attribuer certains de leurs secteurs au T s. av.n.e. 
environ (voir p. 81), si le texte mentionnant la construction d'une enceinte a Yala (Y 85.Y/3 a-b) sem- 
ble posteneur de quelques generations a ce souverain (voir p. 84), d'autres murailles comme celles de 
6idfir ibn Munayhir ou de Hagar Yahir semblent plus difficiles a dater. Les comparaisons avec d'au- 
tres fortifications permettent-elles de preaser leurs origines?. 



71 de Maigret, The Sabaean Archaeological Complex, 72 Scion les releves effectuis par J. Seigne en 1979 et 

1988, p. 10-11 et fig. 16. 1 980 . 



RAPPORT COURTINES/SAILLANTS 



45 



Les remparts de Syrie du Nord fournissent quelques 616ments de comparaison. Us comportent en effet, 
soit de tongues sections rectilignes depourvues de saillants (Carchemish) 73 , soit des sections tres cour- 
tes munies de bastions saillants a intervalles rdguliers (Karatepe ou enceinte exterieure de Zincirli) 74 . 
L'aspect des murailles du «palais» de Sakca G6zu (fig. 59), 6difi6 entre le 10 6 et le 8 e siecle avant notre 
ere, n'est pas aussi sans 6voquer celui de Hirbat Sa'ud 75 . Mais toutes ces comparaisons, peut-etre for- 
tuites, demanderaient d'etre vahdees par des fouilles en Arabie du Sud. 

D'autre part les murs a decrochements, de Gidfir et de Main, semblent bien anterieurs aux traces 
similaires h6116nistiques 76 , et aucun rapprochement ne semble concluant. Quant a l'enceinte exterieure 
a d^crochements de Sabwa, il faut, semble-t-il, lui attribuer une date relativement basse 77 . 



2. Courtines et saillants 



L'apparition d'un rythme regulier de saillants et de courtines semble constituer une 6tape decisive dans 
l'architecture militaire; elle caracterise une quinzaine de fortifications elevees entre le 6 e (?) et le 4 e sie- 
cle (?) avant notre ere. 



2.1 RAPPORT COURTINES/SAILLANTS 

Le rapport entre les saillants et les courtines connait une lente evolution. 

Dans les plus anciennes fortifications, les courtines semblent tres tongues. A Marib 8 , le secteur nord- 
ouest comporte des courtines tongues de 33 a 35 m, et des saillants larges de 5,00 m en moyenne; le 
secteur ouest (vers la porte II) des courtines tongues de 14 a 22 m, et des saillants larges de 5,80 m en 
moyenne; le secteur sud-ouest des courtines tongues de 8,50 m, 16,50 m et 20,50 m ainsi que des sail- 
lants larges de 4,90 m en moyenne. Comme plusieurs modules de courtines semblent avoir €t€ utilises, 
il est difficile d'etablir un rapport significatif entre la longueur des saillants et celle des courtines; dans 
le secteur nord-ouest, ce rapport s'etablit vers 6,5/7. 



73 C. L. Wooley, Carchemish, II: The town Defences, 76 
1921, pi. 3. 

74 R. Koldewey, Ausgrabungsbericht and Architektur Tl 
(Ausgrabungen im Sendschirli, il, Mitteilungen aus 

den orientalischen Sammlungen der Berliner 
Museen), Berlin, t. II, pi. XXIX. 

75 J. Garstang, W. J. Phythian-Adams et V. Seton-Wil- 78 
Hams, Third Report on the Excavations at Sakje-Geizi 
1908-1911, dans AAA, 1937, 24, p. 119 et pi. XX. 



F. E. Winter, The Indented Trace in Later Greek For- 
tifications, dans AJA, 75, n° 4, 1971, p. 413-426. 
Pour la datation relative des elements de l'enceinte de 
Sabwa, se reidrer a l'6tude de J. Seigne (a paraitre 
dans le volume III des Fouilles de Shabwa) (voir note 
251). 
Finster, Die Stadtmauer von Marib, fig. 32. 



46 



COURTINES ET SAILLANTS 



Tableau 5: Dimensions des saillants et des courtines 



site 



largeur des saillants 



longueur des courtines 



Marib 
porte HI: 
secteur nord 
(en discontinu) 



porte II: 

secteur 

ouest 

(en continu) 



secteur 

ouest 

(en continu) 



al-Bayda': 



5,68 et 5,87 m 
saillants: 4,07 m 



saillants: 



5,68 m 
3,40 m 
5,75 m 
6,20 m 
5,10 m 
6,00 et 6,10 m 

4,70 m 
4,78 m 
6,15 m 
7,90 m 

3,86 m 
4,30 m 
3,90 m 
5,80 m 
5,83 m 
5,60 m 



saillant 
saillant 
saillant 
saillant 
saillant 
saillant 
saillant 32: 
saillant 33: 
saillant 34: 
saillant 35: 
saillant 36: 



8,00 m 
8,30 m 
8,10 m 
8,15 m 
7,95 m 
7,85 m 
7,00 m 
7,70 m 
7,50 m 
6,20 m 
5,80 m 



courtines: 15,06 m 
35,87 m 



33,00 m 
33,90 m 



22,26 m 
15,26 m 
18,57 m 
14,15 m 

8,47 m 
8,90 m 
16,85 m 
16,10 m 
20,95 m 
20,78 m 



courtine 
courtine 
courune 
courtine 
courtine 
courtine 
courtine 32- 
courtine 33 
courtine 34 
courtine 35- 
courtine 36 



21,20 m 
22,40 m 
22,65 m 
23.00 m 
22,70 m 
22,05 m 
33: 31,00 m 
34: 20,10 m 
35: 20,40 m 
36: 20,70 m 
37: 21,05 m 



Main 

(en discontinu) 

secteur ouest 



secteur sud 



secteur est 



saillant: 



saillant: 



saillant: 



5,00 m 
6,30 m 
6,30 m 
4,50 m 
12,00 m 
9,00 m 
5,00 m 
8,20 m 
6,00 m 
4,75 m 
4,75 m 
4,00 m 
4,80 m 



courtine: 12 m 
10 m 



courtine: 7,00 m 
5,00 m 



HAUTEUR DES SAILLANTS ET DES COURTINES 



47 



site 



Baraqis* 



largeur des saillants 



saillant 9: 6,50 m 
saillant 10: 5,80 m 
saillant 11: 6,20 m 
saillant 12: 5,32 m 
saillant 13: 5,72 m 
saillant 14: 5,89 m 

saillant 33: 6,14 m 
saillant 34: 5,98 m 
saillant 35: 5,95 m 
saillant 36: 6,00 m 
saillant 37: 6,13 m 



longueur des courtines 



courtine 9-10: 
courtine 10-11 
courtine 11-12 
courtine 12-13 
courtine 13—14: 
courtine 14—15 



11,00 m 
9,70 m 
7,67 m 
6,67 m 
8,32 m 

10,22 m 



courtine 33-34: 6,97 m 

courtine 34-35: 5,76 m 

courtine 35-36: 6,00 m 

courtine 36-37: 6,75 m 

courtine 37-38: 6,37 m 



Les saillants d'al-Bayda' atteignent 7,70 m en moyenne, et dans de nombreux cas plus de 8,50 m tandis 
que les courtines restent tres longues: 19,65 m en moyenne; en moyenne le rapport courtine/saillant 
s'etablit a 2,55. 

L'enceinte de BaraqiS montre des differences sensibles entre plusieurs secteurs de la muraille. En effet 
les saillants du secteur meridional (du n° 10 a 20) mesurent 5,84 m de large en moyenne et les courti- 
nes 8,50 m de long en moyenne, soit un rapport de 1,45; dans le secteur septentrional, les saillants 
mesurent 6,00 m de large et les courtines 6,40 m de long, soit un rapport de 1,06: saillants et courtines 
ont ici des dimensions similaires. Ces differences laissent supposer que ces deux secteurs ne sont pas 
contemporains, ce que confirment quelques inscriptions encore in situ (cf. p. 109—112). 
L'allure generate du secteur sud de Baraqis n'est pas sans evoquer celle de l'enceinte intdrieure de 
Sabwa (fig. 47). Du c6t6 septentrional, les saillants mesurent environ 5 m de large et les courtines 9 a 
10 m de long en moyenne, mais dans le secteur ouest, au chantier VI, les saillants ont 6,50 m de large 
et les courtines 6,60 m: ici comme dans le secteur sud de Baraqis, saillants et courtines ont presque les 
memes dimensions. A Sabwa, pres du village de Matna, on note meme l'existence de deux saillants de 
4,90 m et de 4,50 m delimitant une courtine de 3,60 m seulement, cas exceptionnel de saillants plus 
larges que leur courtine. 

La destruction de nombreux saillants et courtines sur les sites de Kamna, as-Sawda', Matn, Sirwah et 
Hagar Kuhlan nous prive de plus d'un element de comparaison. Toutefois ces quelques exemples per- 
mettent de conclure — de facon provisoire — a une diminution de la longueur des courtines. Au terme 
de cette Evolution, vers le 4 e — 3 e siecle avant notre ere (?), saillants et courtines sont de dimensions 
similaires. 



2.2 HAUTEUR DES SAILLANTS ET DES COURTINES 

L'une des fortifications construite sous les premiers moukarribs sabeens dans le 6awf, al-Bayda', est 
constitute de courtines et de saillants de meme hauteur, environ 4 m (4,40 m pour le plus haut mur, 
n° 26). Les deux saillants qui flanquent la porte occidentale font exception: ils depassent de 2 m envi- 
ron les courtines avoisinantes. A l'origine, saillants et courtines etaient couronn€s d'une assise de blocs 
ornes de pseudo-boutisses formant une ligne continue. 

II est possible que les villes min^ennes reprennent un modele similaire, et que saillants et courtines 
s'61event a la meme hauteur. A Ma'in par exemple, le seul mur de courtine conserve, haut de 8,00 m 



48 LES SAILLANTS 



(pi. 21a et b), comporte de part et d'autre, des carreaux laiss6s en harpe pour la relier avec les murs 
contigus. On remarque en outre que des feuillures ont 6t6 taill6es verticalement aussi bien sur les pier- 
res d6passant en harpe que sur les boutisses, ce qui montre que les pans de murs dtaient months ind6- 
pendamment 79 . Or, ce dispositif en harpe se retrouve jusqu'au sommet, preuve que les murs adjacents 
s'elevaient aussi haut que ce pan de courtine. Mais ces remarques, faites pour un seul pan de court ine, 
suffisent-elles a prouver que les saillants et les courtines s'elevaient partout a la meme hauteur sur 
toute la longueur de la muraille? la question demeure sans r^ponse. 

A Sirwah, le mur d'angle meridional est visible sur une trentaine d'assises, soit une hauteur d'environ 
10 m (pi. 11a). A BaraqiS, les saillants se dressaient au moins a 14 m de haut, si Ton en juge par l'6tat 
de conservation du saillant 11, sur le cot6 occidental (voir pi. 17 a). Or, la partie supeneure ouest de ce 
saillant comporte des carreaux depassant en harpe; il subsiste meme des feuillures taillees verticale- 
ment sur ces pierres (pi. 17b). Ce dispositif montre done que ce pan de saillant 6tait liaisonne' avec un 
pan de courtine de hauteur identique. 



2.3 DISPOSITIFS INTERIEURS: QUELQUES HYPOTHESES 

La restitution de Paspect originel des courtines se heurte, de facon generate, a l'absence de donnees 
architecturales, aussi ne pouvons nous considerer qu'un seul exemple, celui de la courtine orientale de 
Mattel. 21a etb). 

Ce mur de courtine, conserve" sur 3,40 m de long seulement et haut de 8,00 m, comporte a 6,20 m de 
haut, un decrochement de 10 cm (fig. 8). II est perc6 en outre de deux rangees d'ouvertures, a la 18" et 
la 28 e assise, soit une difference de 2,70 m. En outre, en-dessous de la ranged supeneure de ces ouver- 
tures, on Ut une inscription (RES 2804 = M 59) gravee sur deux assises superposees (pi. 22a). 
Si l'on admet l'hypothese, formulae par J. CI. Bessac, que ces ouvertures servaient a encastrer les pou- 
tres de bois soutenant des «planchers», il faudrait done restituer un premier niveau a 4,55 m, et un 
second, a 7,25 m ou les deienseurs circulaient a l'abri d'un parapet bas, fait d'une assise et d'une dalle 
plate de couverture, soit 0,35 m. 



3. Les saillants 



L'apparition de «tours» pourrait constituer 1'une des principals caract6ristiques de Involution archi- 
tecturale des enceintes. 

Rappelons tout d'abord que les fortifications archaiques de Hirbat Sa'Gd et d'al-Asahil ne comportent 
pas de saillants, et que ceux - ci apparaissent en tres petit nombre (un en g6ne>al) sur les enceintes de 
Yala, Gidfir ibn Munayhir et Hagar Yahir (fig. 4). Les premiers saillants disposes a intervalles regu- 



79 Voir Breton-Bessac, Observations sur les murs, (a 
paraltre). Les remarques sur les techniques de con- 
struction sont dues a J.-Cl. Bessac. 



LES SAILLANTS 



49 



imm fiMmtHint iiAimi 



RES 2804 



INTERIEUR 
DE LA VILLE 



'/iTmiiiiiiiiiDri/l/fiil 



tiitittimMmuipiH/utk 



BRIQUE 



mini if/ifiiinifihiii7f'M?i 



I 



3C 






l&A. 



P-tei 



3&3H 



1?$M 



EST 




0.5 



1,25 



2,50 
-4 m 



Fig. 8 Main: coupe sur le mur de la courtine orientale. 



50 



LES SAILLANTS 



'if ii i,i li i ii i 1" ii i rilr Tit i rrrr 



J» i i i ili i 




I II I . i I Hi zc 



o 1 

i i 



5 



10 

-♦ r 



Fig. 9 al-Bayda': 6\6vation du saillant 58. 



liers sur une enceinte se trouvent a al-Bayda' ou a Marib; dans le premier cas, ce sont plutot des projec- 
tions, de meme hauteur que les courtines (voir par exemple le saillant 58: fig. 9). Au 5 e — 4 e (?) siecle 
avant notre ere environ de tels saillants finissent par evoluer en «tours», mais en regie gen£rale, leur 
projection n'exc6de jamais 2,40 m a Baraqig. Aussi preferons-nous souvent la denomination «saillant». 



3.1 TROIS EXEMPLES DE SAILLANTS 



L'enceinte d'al-Bayda', elevee vers le 6 e s. av. e. (?) montre une succession reguliere de saillants et de 
courtines. Ces saillants, larges de 7,70 m en moyenne (9,75 m pour les plus grands, et 4,50 m pour les 
plus 6troits), se detachent a peine de la ligne de courtine puisque leur projection ne depasse jamais 
2,20 m (fig. 38). lis sont montes en appareil regulier, au parement tres soigne, et Tune des assises 
superieures comporte toujours un bandeau epigraphique (pi. 13 b). Ces saillants sont munis d'ouvertu- 
res frontales au nombre de cinq (saillants 6, 7, 57 et 58) (voir pi. 13d), de six (20) et parfois de sept (38 
et 39), et laterales en raison d'une par flanc. Enfin, les trois cot£s de chacun de ces saillants sont cou- 
ronn£s d'une assise de blocs, haute de 0,34 m, decores de pseudo-boutisses (pi. 13d et fig. 9). II est 
possible que les ouvertures frontales servaient elles-aussi a encastrer des poutres de bois, permettant 
aux deienseurs d'acc£der au sommet des saillants. La hauteur exacte du massif de brique crue parait, 
faute de d6gagement, difficile a estimer, mais d'apres la hauteur des boutisses assurant la liaison avec 
celui-ci, on peut supposer qu'il atteignait 2 m de haut environ dans certains saillants. Cas particulier, 
les deux saillants n° 38 et 39 defendant la porte occidentale, s'61evant a pres de 7 m de haut, sont ren- 
forc6s d'un massif de brique, haut de 3,50 m environ. 

Hauts de 4,00/4,40 m a al-Bayda', les saillants s'61event a pres de 8,00 m a Main. Certes, un seul «sail- 
lant» est a peu pres intact a Ma c in, dans le secteur oriental, mais il fournit neanmoins Tenement de refe- 
rence indispensable (pi. 21 d). Ce saillant mesure 4,70 m sur sa face est, 4,30 m sur sa face nord et 
4,75 m sur sa face sud. Contrairement a l'appareil de la courtine voisine, ce saillant est construit avec 
une rangee de carreaux, d'une epaisseur moyenne de 0,40 m. Dans les angles, chaque pan de mur se 
termine par des boutisses disposers en harpe d'une pierre sur deux, ce qui constitue un renforcement 



TROIS EXEMPLES DE SAILLANTS 



51 



RES 2965 & 



I J .1 . EZI 



i i ■ i in—T 



i i 



i ,i ,i 



i.i i 



i i 



i i ii 



II i — r 



T~r 



ii :i 



LI I , ■ ~T 




M3ip^^^iife^ii^-3iag 



ry^^lte^klp'-^i 




D 
O 
Mil 

a 
a 



Mil 

2 
a: 
<u 
a. 



2.5 

—I — 



Fig. 10 BaraqiS: elevation et coupe du saillant 11. 

des angles d'une epaisseur de pierre supplementaire 80 . Ce saillant n'a pas ete entierement raval6: en- 
dessous de la 7 e assise, a partir du sommet, seule la partie orientale a ete achev6e en taille au ravale- 
ment sur 1,20 m environ; au-dessous les blocs comportent encore un bossage de 2 a 5 cm de relief. A 
l'interieur, les blocs sont bruts d'extraction, leur arete inferieure etant grossierement taillee. Ce sail- 
lant comporte deux rangees d'ouvertures, pratiquees entre les carreaux, situees a 4,30 m et a 8,00 m 
de hauteur. La encore, la hauteur exacte du massif de brique interieur est impossible a mesurer faute 
dc fouille. 

A Baraqi§, le saillant 11, situd au sud, conserve sur 13,60 m de haut, mesure 6,20 m a la base (fig. 10 et 
pi. 17 a). Ses murs sont faits d'une rangee de carreaux, de 35/40 cm d'epaisseur en moyenne, et ses 



Voir Breton -Bessac, Observations sur les murs, (a 
paraltre). 



52 



LES SAILLANTS 




i 2,5 

I 1 1— 



5 
H- 



briqua 
boia 
I I pi*rr« 



10 

Hit 



+ u 



Fig. 11 BaraqiS: hypothese de restitution des saillants 11 et 12. 



angles sont renforcds, au moins jusqu' aux deux-tiers de la hauteur, par un assemblage imbriquant 
deux series de boutisses altern6es (cf. p. 31). Les carreaux sont soigneusement parementes a l'ext6- 
rieur, et occasionnellement polis pour recevoir le bandeau epigraphique portant ['inscription RES 2965 
= M 185. Sur leur face inteneure, ces blocs sont bruts d'extraction, comme dans le saillant oriental de 
Main. Ce saillant comporte deux rangees d'ouvertures, situees respectivement a 10,00 m et a 12,55 m 
de haut. La hauteur du massif int£rieur de brique crue est inconnue, mais quelques indices montrent 
qu'elle ne depassait pas 7,00-7,70 m (fig. 11). 

II est hasardeux, a partir de ces trois exemples, d'esquisser une Evolution architecturale des saillants; 
notons seulement qu'ils tendent a avoir la m£me longueur que les courtines, et a s'^lever de 4,00 m a 
14 m. 



QUELQUES DISPOSITIFS PARTICULIERS 53 



3.2 HYPOTHESES DE RESTITUTION 

Les saillants de Matn comme ceux de BaraqiS sont vides, et pourtant de nombreux indices suggerent 
1' existence d'amenagements interieurs qui ont disparu de nos jours a la suite d'incendie ou de leur arra- 
chage. 

II est banal d'affirmer que les ddfenseurs de ces saillants devaient acceder jusqu'au sommet de ceux-ci, 
comme ils devaient circuler en arriere des courtines. D'autre part, les dedicaces de construction com- 
portent une certain nombre de termes techniques designant des dispositifs interieurs, ce pourrait etre 
notamment le cas de nfdt* 1 . Dans le Gawf, seuls les deux saillants precedemment decrits, pennettent 
de formuler quelques hypotheses. 

Le saillant oriental de Ma*in comporte, nous l'avons vu, deux niveaux d'ouvertures, Tun a 4,30 m, 
l'autre a 8,00 m de haut. Si ces ouvertures servent a encastrer des poutres de bois, cela signifie que le 
premier 6tage mesure 3,70 m de haut, tandis que la hauteur du rez-de chaussee demeure inconnue. Par 
comparaison, rappelons que la hauteur du premier etage, edifle' en arriere de la courtine voisine, est de 
2,70 m (voir pi. 21 d). 

Des dispositifs semblables devaient se trouver a l'interieur des saillants de Baraqis. La hauteur qui 
separe les deux rang6es des trous d'encastrement des poutres, 2,55 m, fournit la hauteur de l'etage 
superieur, et probablement aussi celle de l'etage infeneur. Le toit de l'etage superieur etant situe a 
moins d'un metre du sommet du parapet du saillant, son plancher se trouve alors a 10,20 m de haut. Si 
l'etage inferieur est de meme hauteur, son plancher se situe a 7,65 m de la base du saillant, ce qui cor- 
respondrait a l'elevation du massif de brique crue (voir fig. 11), et il est assure que le sommet du massif 
de brique servait de niveau de circulation. 

La disparition des dispositifs interieurs ne permet pas de connaitre leur organisation. Si quelques 
incriptions mentionnent des «pieces» (srht) (RES 3021/3 . . .), aucune d'entre elles n'attribue aux diffe- 
rents Stages un terme specifique, a l'exception peut-etre de mhtn: «6tage superieur» (?) (RES 3021,. 
2814 . . .). Celui-ci jouait sans doute un role defensif similaire a celui des terrasses au sommet des edifi- 
ces civils 82 . 



3.3 QUELQUES DISPOSITIFS PARTICULIERS 

Quelques «tours» dependent les portes, mais aucune regie ne peut etre determinee. Trois tours depen- 
dent la porte orientale d'al-Bayda' a une vingtaine de metres en avant du rempart, mais aucune ne pro- 
tege la porte occidentale; une tour s'eleve a quelques metres en avant de la porte ouest de Hirbat 
Sa^d, mais aucune ne protege la porte sud. 

A Hirbat Sa'ud, un ouvrage de dimensions restreintes (7 m sur 3 m) a ete edifie a une dizaine de 
metres du contrefort 1, au sud de la porte ouest. Un bloc retrouve a ses pieds porte deux inscriptions, 
la premiere (MAFRAY-H. Sa°ud 14) rapporte l'edification d'un mwrt sur l'enceinte de la ville, terme 
designant sans doute cette construction 83 , et, de la seconde (MAFRAY-H. Sa^d 15), il ne subsiste que 
le nom de Yf mr Byn m . 



81 Voir les inscriptions RES 3022/6, 2965/2, 3060/4, leur aspect deiensif. Voir aussi J. Seigne, Le chateau 
3535/1 . . . de BaraqiS. ' royal, dans Fouilles de Shabwa II, fig. 24 p. 160. 

82 Les terrasses supeneures d'6difices civils comportent 83 C. Robin et J.F. Breton, Al-Asahil et Hirbat Sa'iid: 
des «parapets», a en croire la traduction du terme rfd quelques compliments, dans Rayddn, 4, p. 91-97 et 
par A. Jamme (Ja 118); voir M. Hofher. . ., Zur alt- pi. I-IV. 

sudarabischen Epigraphik und Archaologie, II, dans 84 Inscription in6dite. 
WZKM, XLI, 1934, p. 93, ce qui ne peut qu'accroitre 



54 



LES SAILLANTS 







1 2.S 9 



Fig. 12 Al-Bayda': plan de la porte orientate. 



Sur le site d'al-Bayda', trois batiments sont disposes en quinconce a quinze metres en avant de la porte 
orientate (fig. 12). Le premier (17b), large de 7,00 m et long de 8,10 m, comporte une piece a laquelle 
on accede par une porte large de 1,40 m. Cette piece a quatre piliers centraux comportait done une ter- 
rasse, de nos jours effondr6e. Le second (17c), edifi6 dans le merae alignement, est tres endommag6; 
le troisieme (17 d) obstrue le passage entre les deux premiers. Bien qu'il soit difficile de reconnaitre 
dans l'edifice 17b une tour (plutot, un temple?), il est possible, mais non certain, que les deux autres 
batiments participent a la defense de la porte. Quant a la porte occidentale d'al-Bayda', elle 6tait pr6- 
c£dee de constructions dont seules des fouilles permettraient d'en comprendre I'organisation. 
Les saillants situ£s en avant des murailles du 6awf sont en g6n6ral trop minds pour en tirer quelque 
conclusion architecturale. II en existe un a Kamna dans le secteur ouest, deux a Main pres de la porte 
nord. A BaraqiS, le saillant 58 deiend les acces a la porte occidentale (fig. 26); il est relie\ par deux 
murs de courtine longs de 5,85 m au saillant 57, et des considerations £pigraphiques montrent que le 
saillant 58 n'a pas €t€ longtemps isote en avant de la muraille 85 . 

Le systeme de saillants qui dependent les passages meridionaux de l'enceinte de Hinu az-Zurayr, sont 
d'un type particulier; leur sp6cificit6 tient a la nature du systeme dlfensif, fait de structures plus ou 
moins juxtaposdes. Les passages situes entre celles-ci et menant a la ville basse au sud, sont d£fendus 
par des tours £difi6es dans leur axe a pres de trois metres en avant (fig. 13). Ces tours, montees en 



85 Inscription RES 2975. La chronologie ddtaillde de la 
construction de ce dispositif fait I'objet d'un develop- 
pement particulier p. 109-111. 



QUELQUES DISPOSITIFS PARTICULIERS 



55 





^ 



EXTERIEUR 




2,5 

H — 



10 



Fig. 13 Hinu az-Zurayr: tour ddfendant un passage dans le secteur meridional de la ville. 



grand appareil, aux blocs soigneusement polis sur leur face exterieure, sont d'un appareil plus soigne 
que celui des soubassements des structures de l'enceinte. Les inscriptions confirment que ces saillants 
sont posteneurs au systeme defensif: RES 4329, gravee, sur une de ces tours, rapporte en effet que: 
«La tribu d-Hrbt ... a construit la tour Yfrdr qui est a la porte de leur ville Hrbt, et qui etait a l'ouest 



(?)■ 



v86 



L'inscription Ry 497 est de contenu similaire. Ces deux textes pourraient done rapporter que 



ces deux tours situees dans le secteur meridional de l'enceinte en face de la «ville basse» ont ete recon- 
struites. 

II faut enfin r6server une place particuliere a la tour qui defend la porte septentrionale de l'enceinte de 
Hor Ron (fig. 14). Ses murs, liaisonnes a ceux de l'enceinte, mesurent respectivement 5,10 m d'epais- 
seur a l'ouest, 6,30 m au sud et 3,50 m a Test tandis que le mur nord, constitue par le mur d'enceinte et 
doubl6 par un massif de maconnerie, atteint 7,30 m d'epaisseur. Ces murs, conserves sur 6 m de haut, 
atteignaient a l'origine plus de 8 m, selon les fouilleurs 87 , dormant a cette tour une allure massive. On y 
accede par un e'troit passage coude et ferme par une porte 88 . F. P. Albright attribue a un certain nom- 
bre d'installations interieures (autels, puits, bassins etc.) une fonction cultuelle mais reconnait qu'au- 
cun materiel archeologique n'a de valeur religieuse 89 , et qu'aucune inscription a caractere religieux n'a 
ete retrouvee en ces lieux 90 . 



86 Voir Pirenne, Paliographie, p. 149 et Jamme, Miscel- 89 
lames a" Ancient (sic) Arabe, X, 1971, p. 64. 

87 Voir F. P. Albright, The Himyaiftic Temple of Khor 
Rory (Dhofar, Oman), dans Orientalia, vol. 22, 1953, 

fasc. 3, p. 284-287; ainsi que Sumhuram, dans A. 90 

Jamme, Miscellanies d'Ancient (sic) Arabe, XI, 
p. 62-66. 

88 Un tel passage coud6 munit aussi le dispositif d'entree. 



La fouille de la piece centrale livra des debris de pois- 

sons, des blocs d'encens, des pieces de bronze et des 

objets divers: Albright, The Himyaritic Temple, 

p. 287. 

Si deux inscriptions font mention de Syn, aucune d'en- 

tre elles n'atteste la presence d'un temple dedi£ a cette 

divinit6. 



56 



LES SAILLANTS 




o 1 2,5 

I — i 1 — 



intSrieur de la ville 



10 
— In 



Fig. 14 Hor Ron: plan de la tour septentrionale. 



CONCLUSION 



Signalons tout d'abord que les remarques effectuees sur le rdle des saillants dans rarchitecture mili- 
taire se limitent a quelques fortifications du wSdi al-Gawf ; elles ne pr6tendent pas rendre compte d'une 
Evolution commune a toutes les franges du desert. 

Dans le Gawf, les saillants decrits ci-dessus ne connaissent guere de modifications architecturales, 
entre le 5 e et le 3 e siecle avant notre ere(?). Certes les saillants ont plus d'importance vis a vis de courti- 
nes dont la longueur ne cesse de decrottre, et s'e'levent de plus en plus haut, mais ils ne teinoignent 
d'aucune modification architecturale fondamentale. L'architecture militaire sud-arabe reste en effet 
traditionnelle, elle ne connait pas, semble-t-il, les modifications qu'entrainent dans le monde grec et 
hdll^nistique des le d6but du 4 e siecle l'apparition des machines de siege (la baliste) et de corps d'annee 
professionnels. Les r^ponses, en ce qui concerne les tours, sont bien connues: 61argissement de eel- 



CONCLUSION 



57 



les-ci jusqu'a plus de 100 m 2 a Cnide, Seleucie de Piene, Ephese . . ., couverture, adaption a l'artillerie 
etc 91 . Quant au d6veloppement vertical des saillants, il semble davantage temoigner d'un enrichisse- 
ment de certaines villes plutdt que des modifications dans l'art des sieges (voir p. 168). 



91 Voir A. Mc. Nicoll, Developments in techniques ofsie- 
gecraft and fortification in the greek world ca. 400-100 
B. C. et S. C. Bakhuizen, La grande batterie de 
Goritsa et l'artillerie defensive, dans Leriche-Treziny, 
La fortification dans I'histoire, p. 305—313 et 



323-328. De fa9on generate, voir E. W. Marsden, 
Greek and Roman Artillery, I, Historical Develop- 
ments, Oxford, 1969 et F. E. Winter, Greek Fortifica- 
tions, London, 1971. 



Chapitre 4: Les portes 



L'6volution des portes constitue, avec celle des tours, l'une des principales modifications de l'architec- 
ture militaire, mais en raison de l'absence de fouille, il est difficile d'en preciser la chronologie. A 
quelques exceptions pres 92 , en effet aucune porte de muraille n'a ete fouillee, aussi les remarques qui 
suivent n'ont-elles qu'une portee provisoire. 

Le nombre des portes est proportionnel au developpement des sites. Les systemes defensifs des petits 
6tabkssements sont perc6s d'une seule porte (Dar as-Sawda', Hagar Hamuma. . .), ceux de sites plus 
6tendus comme Hjrbat Sa°ud ou Gidfir ibn Munaybir en comportent deux 93 , ceux des grandes villes du 
Gawf (Ma°rn, as-Sawda') ou de Bayhan (Hagar Kuhlan) quatre et ceux des capitales (Sabwa, Marib) 
plus de quatre. Les grandes enceintes qui concentrent la majeure partie de leurs capacites defensives 
sur une seule porte sont rares: Baraqis et Hor Rori. 



1. Typologie des portes 



1.1 LES PORTES SITUEES ENTRE LES EDIFICES 

Les systemes defensifs fait d'edifices juxtaposes comportent des passages rectilignes ou coud€s mena- 
ge's entre eux. 

Ainsi l'etablissement de Hagar Hamuma est muni d'un seul passage large de trois metres et long de 
6,40 m qui s'ouvre sur le c6t6 occidental (fig. 53); celui de Dar as-Sawda', d'un unique (?) passage du 
cdt6 septentrional. 

Le systeme defensif de Hinii az-Zurayr comporte plusieurs passages coudes, defendus a l'exterieur par 
une tour. II en existe trois sur le cote sud, face a la ville basse (fig. 44). Ces passages sont en gen6ral 
larges de 2 m, et de 1,50 m au niveau du coude. Une tour rectangulaire elevee a leur sortie, dans l'axe, 
determine un coude suppl&nentaire. Dans le secteur occidental du site, un etroit passage a 6t€ am.6- 
nag6 en deux etapes de construction (fig. 15). Le premier se situe entre deux maisons proches, appar- 
tenant au premier systeme deiensif. Puis, lorsque la ligne de defense a 6t6 reportee plus a l'ouest, un 
second passage est alors amenage en avant du premier; il se compose d'un etroit couloir situ6 entre une 
maison et un massif de maconnerie, et marquant un coude avant de s'ouvrir sur l'ext6rieur 94 . Le 
systeme d£fensif de Nagran/al-Uhdud comporte aussi un passage coud£ entre les batiments n° 37 et 
38 95 - 



92 Parmi les portes qui ont fait l'objet de fouilles, men- 93 Quelques exceptions a cette regie: al-Bayda', la plus 
tionnons les portes m^ridionales de Timna c et de grande enceinte du 6awf est percde de deux portes, et 

Sabwa (enceinte ext6rieure) et la porte occidentale de Baraqii d'une seule. 

Marib (voir Finster, Die Stadtmauer von Marib, 94 Relev6 J. Seigne, 1982. 

p. 82-83 et fig. 26a). 95 Zarins, Preliminary Report, fig. 17. 



60 



TYPOLOGIE DBS PORTES 




Fig. IS Hinu az-Zurayr: plan du passage occidental. 



1.2 DE SIMPLES OUVERTURES 

Toutes les portes de Hirbat Sa°ud et de 6idfir ibn Munayhir ainsi que la porte mendionale d'al-Asabil, 
sont de simples ouvertures pratiqu6es dans la muraille; curieusement la porte mendionale exterieure 
de Sabwa appartient a cette s6rie. 

L'enceinte de Hirbat Sa°ud est ainsi percee de deux portes sym£triques, Tune au nord-est, 1'autre au 
sud-ouest (fig. 1) et d'une «poterne» situee non loin du d6crochement sud-est. La premiere porte est 
large de deux metres seulement, et la seconde de 4,50 m (fig. 16). Ces ouvertures pratiquees entre 
deux contreforts, ouvrent sur des «passages» rectilignes, longs d'une dizaine de metres et encadres de 
murs epais d'un metre environ. II est vraisemblable que ces passages etaient a del ouvert, et l'etat des 
lieux ne permet de reconnaitre aucun vestige d'un eventuel dispositif de fermeture. 
Dans Tangle meridional d'al-Asafril, une porte s'ouvre entre les deux contreforts portant les inscrip- 
tions MAFRAY-al-Asibil n° 4 et n° 5 (fig. 17). Large de 3,10 m, elle est encadree a rint^rieur par 
deux murs de refend qui se prolongent sur 7 m de long, mais un edifice moderne en a dltruit le plan 
originel. 

Ce type de porte archaique se caractdrise done par une ouverture dans la muraille, dlpourvue de dis- 
positifs de defense elabor^s et, pour autant qu'on puisse en juger en surface, de tout systeme de ferme- 
ture. 

Ce type se retrouve encore a Sabwa, a la porte mdridionale extdrieure, fouillee en 1975. Large de 
2,98 m, pratiqu6e dans une enceinte a cremaillere (voir p. 44), elle se presente comme une simple 
ouverture sans amenagements particuliers, encadree de deux tableaux de dimensions in6gales. Les 



DE SIMPLES OUVERTURES 



61 




EXTERIEUR 







EXTERIEUR 




^ 






parte ISIE 



porta 8E 



1 2,5 

I 1 1 



10 

-Irr 



Fig. 16 Hirbat Sa'oid: plan des portes nord-est et sud-est. 




1 2,5 



■V 






WMM»< 



I 



WM/M/MM////.- 



p 

W////////M 



1 






INTERIEUR 



10 



Fig. 17 Al-Asafcul: plan de la porte nord-ouest. 



62 



TYPOLOGIE DES PORTES 



parements exterieurs comme interieurs sont, a la difference des portes. sus-mentionnees, montes en 
grand appareil de carreaux de modules variables lies au mortier rose. Mais, comme dans les cas prece- 
dents, les tableaux ne presentant aucune feuillure, et ni seuil ni crapaudine n'ayant €t£ retrouves, il 
semble qu'aucun systeme de fermeture n'6quipait cette porte 96 . Pour diverses raisons (grand appareil 
et emploi abondant de mortier), il semble que cette porte est plutdt tardive dans l'histoire des fortifica- 
tions. 

1.3 LES PORTES DES MURAILLES SABEENNES ET MINEENNES 

La plupart des portes des fortifications comprennent deux tours dont les flancs se retournent pour deli- 
miter un 6troit passage muni de tableaux rentrants et saillants. Ce type de porte semble apparaitre vers 
le 5 e siecle avant notre ere (?), et se perpetaer au moins jusqu'au d£but de notre ere. 
La porte septentrionale de Marib offre le trace" le plus regulier de cette serie (fig. 18). Elle est encadree 
par deux tours larges de 5,00 m et saillantes de 4,20 m; leurs carreaux se retournent vers le sud pour 
encadrer une ouverture large de 3,50 m qui se prolonge par des murs longs de 7,50 m. Le passage inte- 
rieur montre un tableau saillant, long de 4,20 m, encadrant deux tableaux en retrait de 0,50 m 96 . 
Les portes suivantes sont £difiees sur le meme principe: ouest de Marib (fig. 29), nord-ouest d'al-Asa- 
hil (fig. 17), sud (fig. 19), est et ouest de Main, est de Kamna (fig. 23), ouest et est d'al-Bayda' 
(fig. 12 et 24), est de Hinu az-Zurayr (fig. 20), ouest et sud d'al-Barira (fig. 21 et 22). 
Quelques-unes des portes mentionnees ci-dessus offrent certaines modifications de detail: 
— Le debord des tours d'entree par rapport a l'ouverture mesure en general 3/4 m, dans les fortifica- 
tions du Gawf. Mais a Barira, par exemple, l'ouverture nord-ouest est repoussee au fond d'un cou- 
loir, long de 7,30 m (fig. 21); a l'inverse, les tours qui flanquent la porte mendionale sont tres peu 
saillantes, 1,50 m seulement (fig. 22). 




EXT§RIEUR 



L 







INT^RIEUR 



1 2,5 5 

III I 



Fig. 18 Marib: plan de la porte septentrionale. 



w 
— ler 



96 Pirenne, Premiire mission, 1975, p. 268, fig. 2. 



LES FORTES DBS MURAILLES SABEENNES ET MINEENNES 



63 



yzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzm 



'zmzzzzzzzmzzzm 



X* 



■^^♦INSCRIPTION 

1 



w^/////M/M//jmnm 



: . W/////////////A 



i. '. : • 



rA-^- 



i-".-.J 



!/.::■ I 



W 



4- 



10 



I' 



pt 



J 




WMM//M//M/ ///M//M/J/. 



'mm 



- 



W//M////ffl // MW/ M 



•/////>/&< 



w 



Fig. 19 Main: plan de la porte mendionale. 





INTERIEUR 



1 2,5 

I 1 1 — 



5 

H- 



— In 




Fig. 20 yinti az-Zurayr: plan de la porte orientate. 



64 



TYPOLOGIE DES PORTES 



INTtRIEUR 





Fig. 21 Al-Barira: plan dc la porte nord-ouest. 




A? 



INTTRIEUR 



i 



!■:■:;:: « 






m 



VMm\i:;.;;$ t 



w///r///m 



i 




V//////M 



77777777, 



1 2,5 

I — I 1 — 



5 

— t— 



10 

-h n 



Fig. 22 Al-Barira: plan de la porte mrfridionale. 



LES FORTES DBS MURAILLES SABEENNES ET MINEENNES 



65 




■ 



I 



i 



1 2,5 



10 



Fig. 23 Kamna: plan de la porte orientale. 




INSCRIPTION 63 

I 



I 



■TOUR. 
39 ' 



■-% 



!■ 









^ 




d 




INSCRIPTION 64 

1 




1 

I— I- 



2£ 

— I — 



10 
— Im 



Fig. 24 Al-Bayda': plan de la porte occidentale. 



66 



TYPOLOGIE DES PORTES 






Fig. 25 Al-Bayda': types d'ouvertures dans le saillant 39. 



- Les murs qui encadrent le passage d'entree sont rectilignes, ou munis de tableaux rentrants et sail- 
lants. Sont rectilignes: les murs des passages int^rieurs d'al-Asabil (est et ouest), d'al-Baydfi' (est et 
ouest) et de Barira (ouest et sud). D'autres murs comportent deux tableaux saillants encadrant un 
tableau central en retrait de 20 a 30 cm en moyenne 97 . D'autres murs prisentent un dispositif 
inverse: deux tableaux rentrants encadrant un tableau saillant, par exemple la porte septentrionale 
de Marib (fig. 18). D'autres murs enfin comportent une succession de tableaux rentrants et sail- 



97 Finster, Die Stadtmauer von Mdrib, p. 84, fig. 26b. 



LES PORTESDES'MURAILLES SAB6ENNES ETMIN^ENNES 67 



lants, par exemple la porte orientale de Kamna (fig. 23). II est probable que les tableaux, de 15 a 
30 cm de profondeur en moyenne, servaient a encastrer des dispositifs mobiles de fermeture 98 . 
Dans l'etat actuel de la documentation, il semble difficile d'etablir une chronologie de ces differents 
dispositifs. On peut cependant mentionner que les murs sans tableaux semblent caracteriser les 
enceintes les plus anciennes (celles du wadl Ragwan par exemple), et que les murs k tableaux 
appartiennent aux fortifications du Gawf 61ev6es a partir du 5 e siecle avant notre ere (?). 
L'exemple le mieux conserve de ce type de porte sabeenne est sans conteste la porte occidentale d'al- 
Bayda' (fig. 24 et 25, et pi. 14a). La porte s'ouvre entre deux tours, au sud la tour 38 large de 8 m, et 
au nord la tour 39 large de 7,50 m. La tour 38, partiellement arasee, montre un dispositif int6rieur de 
murs liaisonnes perpendiculairement; l'intervalle entre ces murs etait alors bourr6 de brique. Les car- 
reaux non raval^s sur la face interieure (pi. 14b) de cette tour indiquent la hauteur maximum de ce 
bourrage. Sur les faces exterieures, ces murs de liaisonnement apparaissent en boutisses entre les car- 
reaux (pi. 14 a). 

La face nord de la tour 38, conservee par endroits, jusqu'a son sommet, montre des ouvertures de deux 
types, les unes situ£es a la quatrieme assise a partir du sommet (la hauteur par rapport au sol d'origine 
etant inconnue) et amenagees entre deux carreaux, les autres situ£es dans cette meme assise mais com- 
portant une base taill6e en oblique dans la cinquieme assise a partir du sommet de la tour (voir pi. 14 a 
et fig. 25)". Le mur de cette tour est enfin couronne de quelques carreaux ornes de pseudo-boutisses 
d'un type similaire a celui des autres saillants. II en est de meme sur les trois faces de la tour 39, ou les 
ouvertures, au nombre de 15 dans la m6me assise, sont amenagees entre deux carreaux a intervalles 
reguliers de 0,70 m a 0,80 m. 

A 5,70 m en arriere du nu des facades occidentales des tours 38 et 39, se trouvent deux massifs dont les 
carreaux ne sont pas liaisonnes avec ceux des tours. Longs de 10,70 m et larges de 2 m en moyenne, ils 
comportent trois murs de refend interieurs aux intervalles probablement bourr6s de brique; ils delimi- 
tent un passage large de 3,20 m k l'ouest et de 3,70 m a Test. Ces deux massifs couvraient une partie 
des faces nord de la tour 38 et sud de la tour 39; ils s'elevaient a l'origine a la meme hauteur que ces 
deux tours: la face nord de la tour 38 comporte ainsi des carreaux non raval6s (pi. 14 a) de la base aux 
blocs de couronnement. En raison de leur etat de conservation, il est difficile de savoir si les murs inte- 
rieurs du passage 6taient munis de tableaux rentrants, preuve eventuelle de dispositifs de fermeture. 
II faut enfin evoquer la porte sud-ouest de Baraqis (fig. 26) situ6e dans Tangle occidental de l'enceinte, 
et curieusement protegee par la tour 58. Cette tour, elevee en avant de la tour 57, lui est reliee par un 
massif de maeonnerie enserre entre deux murs dont Tun seulement (du c6te ouest) correspond aux 
donnees de RES 2975 (voir p. 110-111 pour la chronologie de l'edification de ces tours). Quant aux 
deux tours 1 et 57 flanquant la porte du cote" septentrional, bien que remaniees, elles suivent d'assez 
pres, semble-t-il, le trace antique. La porte proprement dite, large de 4 m environ et encadree des 
tours 2 et 3, a ete post6rieurement obstruee: les trois inscriptions RES 2978, 3011 et 3021 ne sont done 
que partiellement lisibles. 



98 L'hypothese selon laquelle les tableaux rentrants ser- 99 On peut supposer que les intervalles entre deux car- 

viraient a encastrer les montants en bois de portes fer- reaux servent a encastrer des poutres, et que seules les 

mant le passage ne peut etre toujours validee, faute de ouvertures pratiquees dans deux assises peuvent etre 

ddgagement. La longueur de tableaux se faisant face consid^rdes comme meurtrieres. On pourrait ainsi res- 

excede de loin en general la largeur du passage, meme tituer un plancher a 80 cm au-dessous du couronne- 

en tenant compte de l'6paisseur des huisseries: exem- ment des tours, 
pie a Ma'in, porte sud: tableaux de 1,70 m encadrant 
un passage de 2,75 m. D'autre part, certaines portes 
ne montrent qu'un seul tableau central en saillie. 



68 



TYPOLOGIE DES PORTES 




Fig. 26 BaraqiS: plan de la portc sud-ouest. 



1.4 LES PORTES QATABANITES 

Parmi les portes des fortifications qatabanites, la plus inter6ssante parce qu'entierement fouillee, est la 
porte sud-ouest de Hagar Kuhlan/Timna c (fig. 27 et pi. 24) 100 . 

Cette porte se trouve dans un large d6crochement de l'enceinte constitute, a Test par un mur en glacis 
en pierres grossierement appareillees et incline a 45°, et a l'ouest par Tangle sud-est de la muraille. 
Elle est dgfendue par deux bastions imposants, de m£me dimension, 11 m de long sur 5 m de large, 
aux murs inteneurs liaisonn6s a l'orthogonale. Chaque bastion compte trois caissons, un au sud en 
forme de L et deux transversaux en arriere de largeur inegale. Ces deux soubassements, d'appareil 
cyclopeen, sont months en blocs de granit de grandes dimensions (1,70 m sur 2,80 m par exemple sur 
la face est du socle occidental); ces socles dtaient en 195 1 conserves sur pres de 2 m de hauteur. Leurs 
superstructures avaient a cette date deja totalement disparu. 



100 La description de cette porte a ttt faite d'apres le 
plan ine"dit de G. Ellis Burcaw au 1/100°, aimablc- 
ment communique' par G. van Beek, d'apres les pho- 
tographies de 1951 et d'apres A. Jamme, Les expedi- 



tions archtologiques amiricaines en Arabie du Sud, 
dans Orientalia, N. S., 22, 1953, p. 138-139. La 
mention d'une poterne provient aussi de cet article. 



LES PORTES QATABANTTES 



69 



PORTE SUD 




Ja 2437 



RESTITUTION 





2.5 

—I — 



10 

—In 



Fig. 27 Hagar Kuhlan/Tirnna c : plan restitu6 d'apres photographies et elevation actuelle de la porte sud-ouest. 



Ces deux soubassements d61imitent un passage large de 5,50 m au sud et de 4,20 m au nord. II s'ouvre 
par deux d6crochements d'un metre au sud et comporte deux tableaux saillants au nord, larges de 
1,20 m en moyenne, encadrant deux tableaux centraux longs de 5,80 m. Reconvert a l'origine de lar- 
ges dalles polygonales, en pente inclinee vers le sud, ce passage se terminait au nord par une gouttiere. 
Ce couloir etait borde de part et d'autre par une banquette laterale, haute de 0,50 m et constitute 
d'une «plaque de pierre pos6e sur un socle en maconnerie». Contre le bastion ouest, cette banquette 
mesure 5 m de long, et contre le bastion nord 2,70 m seulement, car elle s'interrompt au niveau d'un 
escalier d'acces a celui-ci. De nos jours, aucun bloc de cette banquette n'est plus visible. 
Un escalier coude" accole a la banquette sus-mentionnee, permettait d'acceder au bastion oriental, et 
les plans de 1951 ne font etat d'aucun escalier d'acces au bastion symetrique. S'il ne reste de nos jours 
rien de cet escalier, il est probable a l'origine qu'un escalier menait a chaque bastion, a moins de sup- 
poser a l'etage un systeme de passage les reliant. Quant a l'€tage (ou aux Stages?) qui les couronnaient, 
les textes de construction graved sur les faces des deux soubassements (RES 3880 et Ja 2437) permet- 
tent de restituer au moins les materiaux qui les composaient, a savoir «de la pierre blq, du bois et du 
calcaire» (voir p. 26). 

A la lumiere des fouilles de 1951, il semble que la porte ne comportait aucun dispositif de fermeture: ni 
crapaudine ni emplacement de vantail n'ont 6t6 not6s par les archSologues. C'est la une caracteristique 



70 



TYPOLOGIE DES PORTES 



Tableau 6: Dimensions des portes 



site 


largeur entre 


saillant des tours 


profondeur totale 


longueur du pas- 


largeur du pas- 




tours 


(par rapport au 
nu du passage) 


du dispositif 
d'entr6e (du nu 
des tours a l'ex- 
tremite du passa- 
ge) 


sage inteiieur 


sage interieur 


H. SaUd 








10,00 m 


2,00 m 


(porte nord-est) 












H. Salid 








11,20 m 


4,50 m 


(porte sud-ouest) 












Gidfir 








8,00 m 


3,00 m 


(porte ouest) 












Gidfir 








9,00 m 


3,00 m 


(porte nord) 












al-Bayda' 


7,80 m 


5,70 m 


16,50 m 


10,70 m 


3,20/3,70 m 


(porte ouest) 












al-Bayda' 


7,10 m 


3,80/5,00 m 


13,00 m 


8,30 m 


3,10 m 


(porte est) 












Marib 


11,00 m 


4,20 m 


11,70 m 


7,40 m 


2,50/3,00 m 


(porte nord) 












Marib 


3,90 m 


2,90 m 


11,75 m 


8,80 m 


4,70 m 


(porte ouest) 












Main 


9,70 m 


5,20/7,20 m 


13,20 m 


6,00 m 


2,50 m 


(porte sud) 












Main 


2,91m 


3,85 m 




3,88/5,92 m 


2,91/2,46 m 


(porte ouest) 












Main 


8,60 m 


4,50 m 






2,20 m 


(porte est) 












Kamna 


6,80 m 


1,50 m 


13,20 m 


11,60 m 


2,80 m 


(porte ouest) 












Barira 


3,20 m 


7,30 m 


12,95 m 


5,65 m 


2,45 m 


(porte ouest) 












Barira 


12,85 m 


1,40/1,50 m 


8,40 m 




1,75 m 


(porte sud) 












al-Asahil 


7,40 m 


2,80 m 


12,40 m 


9,60 m 


3,00 m 


(porte nord-est) 












H. Kuhlan 


5,40 m 


2,40 m 


10,90 m 


8,30 m 


3,00/3.50 m 


(porte sud) 












Hinu az-Zurayr 


4,20 m 


4,20/4,70 m 


10,50 m 


3,20 m 


4,70 m 


(porte est) 













qui existe dans d'autres grandes portes, par exemple a la porte septentrionale de Sabwa. Au sud du 

soubassement occidental, se dressait une petite construction elliptique de direction nord-sud, de 

nature inconnue, et au nord du socle occidental, se trouvait une «minuscle entree de quelque 0,50 m 

de largeur». 

Les faces anteneures et laterales des deux soubassements sont couvertes d'inscriptions, notamment de 

d6dicaces de construction dont le commentaire se trouve aux pages 117 et 119. 

Parmi les autres portes des systemes d6fensifs qatabanites, mentionnons la porte orientale de IJinfi az- 



f- 



DBS FORTES AUX DISPOSITIFS LATERAUX DISYMETRIQUES 71 



Zurayr (fig. 20), constitute de deux soubassements de dimensions inegales, montes en appareil irr6gu- 
lier et conserves sur 1 m de haut environ qui delimitent un passage large de 4 m au minimum. 
Ces soubassements de portes qatabanites, comme leurs tours supportaient a l'origine des superstructu- 
res faites d'une ossature de bois et d'un remplissage de brique, disparues par suite d'arrachage, d'in- 
cendies et d'erosion. Cet aspect exterieur les distingue des portes sabeennes et mineennes. 



1.5 LES POTERNES 

Les poternes, ou portes elroites amenagees dans le rempart, sont peu nombreuses. On en compte une 
a G-idfir ibn Munayhir dans le secteur est, une a Hirbat Sa'iid dans le secteur septentrional, une a 
Kamna dans l'avancee orientale, une a Hagar Kuhlan pres de la porte sud et une enfin a BaraqiS pres 
de la tour 13 101 . La poterne de Hagar Kuhlan, large de 0,50 m, se trouve tout contre le bastion septen- 
trional. A Hirbat Sa°ud, la poterne large de moins d'un metre et amenagee non loin d'un important 
decrochement dans la muraille, serait peut-etre a mettre en relation avec 1'inscription MAFRAY-Hir- 
bat Sa°ud 6, de datation plus tardive que certains autres textes, ce qui pourrait indiquer un remanie- 
ment dans ce secteur 102 (fig. 1). 

Leur rarete meme souleve le probleme de leur fonction. En effet, dans le monde hellenistique des le 4 e 
siecle avant, les poternes servent principalement a effectuer des sorties contre l'assaillant. A l'inverse, 
les poternes qui nous concernent, servent plutot a faciliter l'acces a un batiment interieur 61oigne d'une 
porte (le temple de Nkrh dans le cas de Baraqi§) ou a un lieu exterieur loin d'une porte (cas de Kamna) 
ou encore curieusement a doubler une porte (cas de Hagar Kuhlan). 



2. Des dispositifs plus elabores 



Certaines portes de villes component des dispositifs defensifs plus originaux et plus elabores que ceux 
d6crits prdcedemment. lis seraient au moins de deux types: l'un constitue de dispositifs lateraux disy- 
m6triques et l'autre de dispositifs coudes. 



2.1 DES PORTES AUX DISPOSITIFS LATERAUX DISYMETRIQUES 

Certaines portes sont flanquees de pieces laterales sur un de leur cote, d'autres munies de portiques 
plus ou moins larges. 



101 Cette poteme a 6t6 d^couverte par la Mission ita- 102 Cette inscription rapporte que Yata"amar fils de 

lienne en septembre 1992, lors de la seconde campa- Sumhu c all, moukarrib de Saba', a muni Penceinte de 

gne a BaraqiS. Ktlm du (bastion?) d-Rhb; voir Robin-Ryckmans, 

Les inscriptions de al-Asdhil, p. 156—158. 



72 



DES DISPOSmFS PLUS ELABORES 



EXTERIEUR 




.LiJ 




I — (- 



2,5 

H— 



-In 



Fig. 28 6idfir ibn Munayhir: plan de la porte septentrionale. 



2.1.1. Des pieces lat£rales 



Dans l'6tat de nos connaissances, au moins deux portes comportent des pieces lat&ales, la porte nord 
de 6idfir ibn Munayhir (fig. 28) et la porte occidental de Marib (fig. 29); dans les deux cas, ces pieces 
ne se situent que d'un cote" de la porte. 

La premiere, installed dans Tangle nord de l'enceinte, comporte un «bastion» trapezoidal long de IS m 
environ et large de 5,50 m a la base. Deux petites pieces trap6zoi'dales sont amenagees a l'inteneur, 
Tune au nord longue de 6,30 m et large de 2 m au maximum et l'autre au sud longue de 5,20 m et large 
de 2,70 m au maximum (fig. 28). 

La porte occidentale de Marib comporte un passage central, large de plus de 3 m, muni de deux 
tableaux saillants encadrant un tableau rentrant (fig. 29 et pi. 10a) 103 . Dans la partie nord de cette 
porte, une piece barlongue de 6,39 m de long et de 1,96 m de large a 6te" amenagee; elle s'ouvre au 
milieu du tableau rentrant par une petite porte, large d'un m6tre environ, aux montants lateraux pour- 
vus d'une rainure verticale. 



103 Finster, Die Stadtmauer von Marib, p. 82 et 83, 
fig. 26 a. 



DES FORTES AUX DISPOSITIFS LATERAUX DISYMETRIQUES 



73 






t— I — I — I — I — h 



Fig. 29 Marib: plan de la porte occidentale. 



2.1.2 Des portiques lateraux disymetriques 

Deux portes, plus monumentales que les precgdentes, sont munies sur Tun de leur c6te seulement de 
portiques de taille variable: la porte occidentale de Main et la porte principale de Sabwa. 
Au milieu du secteur occidental de Main qui marque un retrait disymetrique, s'ouvre un vaste disposi- 
tif d'entree, long de 27,40 m aii total, partiellement en saillie par rapport a la muraille (fig. 30 et 
pi. 19) 104 . Celle-ci est percee d'une porte flanqu6e de deux tours rectangulaires, distantes de 6,50 m et 



104 Voir Tawflq, Les monuments de Mafin, pi. 5 fig. 7, 
pi. 6 fig. 8 (croquis), pi. 7 fig. 9 et pi. 8 fig. 10. 



74 



des DisposrnFS plus £labor£s 




INTERIEUR 
DE LA VI LLE 



"ES2803 




Fig. 30 Main: plan de la porte occidentale. 



conservees sur pres de 3 m de haut. Leurs murs sont constitues de carreaux reguliers, soigneusement 
parementes. Tous les angles saillants, a l'exception du saillant septentrional de la tour sud, comportent 
un doublage avec des boutisses qui constitue un renfort interne, similaire a celui qui existe dans la tour 
orientale de meme site. Le passage inteneur, large de 2,46 a 2,92 m, est fait d'une double sene de car- 
reaux, tallies dans des calcaires de natures diff£rentes (cf. p. 23); il comporte deux tableaux saillants 
(longs de 2,71/2,74 m a l'ouest et de 1,40/1,43 m a Test) encadrant un tableau rentrant long de 1,78 m. 
Ce dispositif est prec6d6 a l'ouest d'une avant-cour, trapezoidale de 11,35 m au sud, de 10,36 m au 
nord, de 11,47 m a Test et de 11 ma l'ouest, defendue en avant par deux bastions maconnes de dimen- 
sions inegales (pi. 20a). Ceux-ci d61imitent un passage long de 3,84 m/3,88 m et large de 1,30 m, mon- 
trant un tableau en retrait large de 1,80 m, encadrl de deux panneaux saillants. II est done probable 
qu'il existait la un dispositif de fermeture mobile, mais le manque de degagement ne permet pas de 
conclure. Le massif de maconnerie septentrional comporte enfin un escalier inteneur, large de 0,85 m, 
dont trois marches sont conserves. 



DBS PORTES AUX DISPOSITIFS COUDiJS 75 



A 1,63 m au nord du mur septentrional de Pavant-cour, se trouvent trois piliers monolithes de pierre, 
de 0,37 m de section, distants les uns les autres de 1,85 m en moyenne; le quatrieme pilier a Test a dis- 
paru de nos jours. Le logement de l'une des architraves qu'ils supportaient est encore visible dans la 
tour meridionale. 

Les murs nord et sud de cette avant-cour, larges de 0,80 a 0,93 m, sont faits d'une double serie de car- 
reaux, parfois relies par des boutisses parementees des deux c6t6s. lis comportent beaucoup de blocs 
de remploi de tailles diff6rentes et, de ce fait, de nombreux decrochements apparaissent dans les assi- 
ses; les cassures sont combines par du mortier de chaux, le meme qui sert a liaisonner ces blocs. Toutes 
ces differences d'appareil tendent a montrer que ces murs sont posterieurs a ceux des tours 105 . 
II est quasi-assur6 que les quatre piliers de pierre de l'avant-cour supportaient des architraves de pierre 
encastrees sur leur tenon supeneur; aux deux extremites, les architraves s'encastraient dans la maeon- 
nerie des tours: un portique bordait done le c6t£ meridional de l'avant-cour. II est probable enfin que 
l'escalier, construit dans le massif de maconnerie septentrional, menait a un dispositif de franchisse- 
ment du passage. 

La porte principale de Sabwa s'ouvre du cdt6 nord de l'enceinte interieure. C'est une large porte, sans 
dispositif d6fensif particuher, du moins peut-on le supposer car elle n'a fait l'objet que de degagements 
tres limit6s, en surface seulement du cote occidental. Ce cote comprend notamment une structure tar- 
dive faite d'un long massif de maconnerie en retrait, encadre de deux murs saillants (pi. 30c). Cette 
disposition comme ces dimensions ne sont pas sans evoquer le dispositif bordant l'avant — cour de la 
porte de Ma'in, et Ton pourrait, sous toutes reserves, restituer un portique a piliers en retrait des deux 
massifs saillants. II semble qu'aucun dispositif similaire ne se retrouve de l'autre cote 1 du passage, bien 
qu'aucune fouille n'ait pu y etre effectuee. A la difference de Ma'in cependant, le passage ne semble 
comporter aucun dispositif de fermeture, sa largeur exacte demeure par ailleurs inconnue. 
II s'agit dans ces deux cas de dispositif s tardifs, construits a l'interieur (Sabwa) ou en avant (Ma'in) de 
portes plus anciennes, qui les completent en les embellissant. 



2.2 DES PORTES AUX DISPOSITIFS COUDES 

2.2.1 Des portes a sas coude 

La porte meridionale de Naqab al-Hagar (fig. 31) s'ouvre dans un secteur concave de la muraille, entre 
les tours 16 et 17. Ces deux tours flanquent un passage, large de 3,80 m, ouvrant sur une avant-cour, 
large de 6 a 7 m et longue de 15 m 106 . Or, cet espace trapezoidal est perpendiculaire a l'axe de l'entree: 
il est en effet delhnite du cote" meridional par le mur de courtine reliant les tours 17 a 18, et du cote sep- 
tentrional par un mur adosse au rocher naturel. Le parement de ce mur, fait de carreaux irr6guliere- 
ment assises, se retourne curieusement a 15 m de Tangle occidental, devant une construction perpendi- 
culaire a l'avant-cour et la fermant totalement. A l'origine, il est certain que le passage entre les tours 
16 et 17, ne comportait aucun dispositif de fermeture, et que l'avant-cour etait a ciel ouvert. Quant a la 
construction orientale, elle devait tres probablement comporter une porte mais la destruction de l'en- 
semble ne permet guere d'elaborer d'hypotheses de restitution. 



105 Voir Breton-Bessac, Observations sur les murs, (a 106 Voir Breton-Robin-Seigne-Audouin, La muraille 

paraitre). de Naqab al-Hagar, p. 10, fig. 2 et ph. 9-11. 



76 



DBS DISPOSITIFS PLUS fiLABORES 



16 




— I — I I I I 
Fig. 31 Naqab al-Hagar: plan de la porte mlridionale. 



2.2.2 Des portes anx sas multiples 

Le meilleur exemple en est la porte septentrionale de Hor Ron (fig. 32); elle a fait Fobjet d'une des- 
cription recente de F. P. Albright 107 dont nous reprenons ici l'essentiel. Le mur d'enceinte de la ville, 
renforce" de deux 6troits contreforts, est perce - d'une ouverture, large de 1,90 m, munie d'une porte de 
bois (fig. 32). Cette ouverture se prolonge vers le sud par un couloir coud6, lui-aussi muni d'une porte. 
Un petit passage coude\ pratiqu6 dans l'6paisseur meme de la muraille, permet d'acc6der au couloir 
inteneur en arriere de la premiere porte. A l'ext^rieur du rempart, la porte est prec6dee au nord par 
un dispositif complexe que F. P. Albright considere comme une extension. Une tour rectangulaire, 
large de 6,20 m et longue de 8,80 m, forme le noyau de ce dispositif avanc6 108 . Un premier mur, a Test, 
la relie a l'enceinte; un second, a l'ouest, d61imite un espace coudl, barre" en son milieu par un mur, et 
feraie" par une porte a double battant. Un troisieme mur, est-ouest, situe" a 2,40 m en avant de la tour 
principale, defend le passage. C'est done un dispositif complexe comportant de nombreux passages 
coud6s, muni de trois portes de bois et flanque' d'une tour; sept inscriptions sont gravees sur ses murs 
dont certaines mentionnent le roi du Hadramawt ilfaz Yalut 109 . 



107 Albright, The American Archaeological Expedition 
in Dhofar, Oman, 1982, p. 15-19 ct fig. 5-8. 

108 Albright, The American Archaeological Expedition, 
p. 18-19 h£site a conclure sur la nature de cette 
piece; sa fonction defensive nous paraJt tfvidente en 
raison meme de sa localisation. 

109 Les quatre inscriptions numdrotees Hor Rori 1-4 



sont publides par J. Pirenne, The Incense Port of 
Moscha (Khor Rori in Dhofar), dans Journal of 
Oman Studies, I, 1975, p. 81-89; puis W. W. Mttl- 
ler, Die Inschriften Khor Rori 1 bis 4, dans Das Weih- 
rauchland Sa'kal&n, Sama'rum und Mos-cha, 1977, 
p. 53-56 puis Albright, The American Archaeologi- 
cal, p. 41-48. 



DBS PORTES AUX DISPOSITIFS COUDfiS 



77 



a. 

D 
UJ 

cc 

H 
X 
HI 




Fig. 32 Hor Ron: plan de la porte occidentale. 



A l'exception de ces dispositifs specifiques, assez rares au total, les portes des fortifications ne font 
guere l'objet de recherches architecturales particulieres, et ceci, a une epoque ou l'ensemble du monde 
Hellenistique met en ceuvre des ouvrages tres complexes 110 . 



110 Voir notamment les portes de Perge, Syracuse, S61i- 
nonte dans F. E. Winter, Greek Fortifications, 
Toronto, 1971, p. 225-223. 



Deuxieme partie: L'histoire des fortifications 
Chapitre 5: Les fortifications «archaiques» en pierres brutes 



Cette appellation «d'archaique», certes assez vague, s'applique aux systemes deiensifs qui on 6t6 mis 
en oeuvre vers le 8 e -6 e siecle avant notre ere. Mais les dates proposees dans ce chapitre, sujettes a d'in- 
cessants reexamens, ne figurent ici qu'a titre indicatif. Ces fortifications se situent presque toutes dans 
les regions limitrophes de l'oasis de Marib, au nord-est dans le wadl Ragwan (Hirbat Sa'ud et al-Asa- 
hil) et au sud-ouest dans le wadl Yala (YalaVad-Durayb) (fig. 33). 



1. Les fortifications du wadl Ragwan: al-Asahil et Hirbat Sa'ftd 



Les fortifications du wadl Ragwan comptent des inscriptions tres anciennes, encastrees dans leurs 
murs 111 . En effet deux textes au nom de Karib'il Watar fils de Damar°alI U2 , rapportant rectification 
d'al-Asahil et de Hirbat Sa°ud, sont gravees en caracteres, qualifies de «premonumentaux» par les epi- 
graphistes, qui auraient pu etre en usage des le 8 e s. avant notre ere. Ce sont les attestations d'ouvrages 
militaires les plus anciennes de toute la region. 



1.1 HIRBAT SA C UD (L' ANTIQUE KTLM) (FIG. 1) 

Ce site se trouve a 47 km au nord-ouest de Marib, sur le cours inferieur du wadl Ragwan, au milieu 
d'une vaste zone irriguee antique. Son enceinte, exceptionnellement bien conservee, parfois sur plus 
de 4 m de haut, s'inscrit dans un rectangle, long de 200 m (sud-ouest/nord-est) et large de 170 m au 
maximum (fig. 1). Ses murs, epais de 2,90/3,70 m, montrent encore par endroits leur empierrement au 
sommet; ils sont renforces a intervalles reguliers de contreforts ou les dedicaces de construction sont 
encastrees (pi. 7 a et b). 



Ill Les inscriptions des sites du wadl Ragwan ont 6t6 (V poiskah zaterjanny gorodov..., Moskva, 1978, 

successivement copi6es par HabSuS, guide d'Halevy p. 262-264 et 272-276). 

(Rapport, p. 45-46, 94 et 255-257) en 1870, par les 112 n s'agit de al-Asahil 1 et Hirbat Sa'ud 2; voir Robin 

collaborateurs de E. Glaser, par H. St. J. B. Philby - Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil, 

(Sheba's Daughters, p. 384-397 et carnets) en octo- p. 121-124 pour la premiere inscription, p. 152-153 

bre 1936, par A. Fakhry (Journey, I, p. 140—141) en pour la seconde. 
1947, par F. Geukens et enfin par P. A. Grjaznevic 






6idfir ibn Munayhir 

# Hirbat Sa'ud 
# al Asahil 

• iXirumad-Dayra 




Fig. 33 Carte de la region de Mflrib. 



AL-ASAI-UL 81 



La plus ancienne inscription, Hirbat Sa'ud 2 (Gl A 776), rapporte que KaribH Watar fils de Damar'all, 

moukarrib de Saba' munit l'enceinte du (contrefort) fflbln; elle est encastree dans le contrefort central 

du secteur nord-ouest (fig. 1). D'autres inscriptions, au nom de ce meme personnage, reparties unifor- 

mement dans les secteurs nord-est, sud-est et sud-ouest de la muraille, ont cependant une forme de 

grapbie plus 6voluee que celle de l'inscription 2. 

Une autre inscription inedite, Hirbat Sa'ud 15, porte le nom de Yata c 'amar Bayyin, fils de . . . que Ch. 

Robin pense 6tre Yata c 'amar Bayyin, fils de Sumhu c all; elle est gravee sur l'une des faces d'un bloc 

retrouv6 au pied du bastion proche de la porte sud-ouest. Sur l'une des autres faces, un bref texte porte 

la mention de Yata c 'amar Watar, fils de Sumhu c all (Hirbat Sa'ud 14) 113 . 

Le dernier auteur de travaux sur l'enceinte est Yata c 'amar Watar, fils de Damar'all (Hirbat Sa^d 6): 

les epigraphistes pensent devoir lui attribuer une date relativement recente 114 . 

D faut done admettre que le moukarrib sabeen KaribH Watar fils de Damar c ali entreprend des travaux 

deiensifs que d'autres moukarribs achevent: e'est ainsi que le souverain Yata c, amar Bayyin acheve 

quelques portions de murs en respectant les normes anteneures (cf . l'inscription n° 15) 115 . 



1.2 AL-ASAHIL (L'ANTIQUE C RRTM) (FIG. 2) 

Ce site se trouve a 2,5 km au sud-ouest de Hirbat Sa'ud, en amont de ce dernier sur le wadi Ragwan. 
Sa muraille, longue de 250 m du nord au sud et large de 170 m environ, montre un tracd plus complexe 
que celle de Hirbat Sa'ud; elle comporte au sud-est et au sud-ouest des portions d'un large mur ren- 
forc6 de contreforts, au nord et a Test des murs a decrochements irreguliers, et a l'ouest des murs a 
decrochements probablement lies a d'autres murs de refend (?) (fig. 2). La vari6te des d6dicaces de 
construction rend compte de cette complexite du systeme deiensif . 

Le plus ancien texte de construction (al-Asahil 1), grave sur l'un des decrochements du secteur nord- 
est, rapporte que Karibll Watar, fils de Damar°all, moukarrib de Saba' munit c rrtm d'une enceinte 116 ; 
il 6difie aussi le contrefort Rymn (ad-Durayb 3 = Gl 1567). L'inscription n° 3, encastr6e dans l'un des 
contreforts du secteur sud-est et mentionnant un moukarrib du nom de Yada c 'il affecte' de l'epithete 
Darib. (?), est posterieure a al-Asahil 1. Ce moukarrib precede Yata c 'amar Bayyin puisque ce dernier 
fait marteler le nom de Yada c 'il pour y graver le sien 117 . 

Les inscriptions au nom de Yata c 'amar Bayyin, fils de Sumhu c all se rapportent toutes au mSme regne; 
leur graphie permet de les situer avant les inscriptions ayant pour auteur KaribTl Watar fils de Damar- 
c ali. Ajoutons ici qu'un certain Yata c 'amar Bayyin fils de Sumhu c ali fait batir un ouvrage d6fensif (?) 
sur la muraille de Marib 118 . 

Ce sont done trois souverains qui commandent l'^dification de la muraille qui juxtapose deux types de 
murs, l'un au nord-est et nord-ouest fait de decrochements irreguliers, et l'autre au sud-est et sud-ouest 
rectiligne. 



113 Ch. Robin et J. -F. Breton, Al-Asal}il et Hirbat Sa'ud: 117 Robin - Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil, 
quelques compliments, dans Raydan, 4, p. 92-93 et p. 169. 

pi. IV. 118 H. von Wissmann, Die Mauer der Sabaerhauptstadt 

114 Robin — Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil, Maryab, Abessinien als sabaische Staatskolonie im 
p. 169. 6. Jh. v. Chr. (Publications de l'lnstitut historique et 

115 Robin — Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil, archeologjque de Stamboul, XXXXVH), Istanbul, 
p. 166. P- 4. 

116 Robin - Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil, 
p. 121-124 et pi. Via. 



82 



LES FORTIFICATIONS DU WADI RAGWAN 



Le premier type, le plus ruine, semble lie par endroits a des murs perpendiculaires ; son appareil est 
plutot soigne au moins dans Tangle oriental. A l'inverse, les secteurs sud-est (long de 150 m) et sud- 
ouest (long de 100 m), les mieux consents, sont faits d'un large mur epaule de contreforts a intervalles 
assez reguliers; ils sont mont6s en pierres seches a peine assisees 120 . 

La presence d'inscriptions in situ permet de dater les differents secteurs de la muraille. L'inscription 
n° 1, si toutefois elle est en place, attribue au moukarrib Karibll Watar, fils de Damar c aE toute la con- 
struction du secteur nord-est. Puis, Yada c 'il Darih (texte n° 3) entreprend l'edification du secteur sud- 
est, et Yata c 'amar Bayyin, fils de Sumhu c all la construction des secteurs sud-est et sud-ouest (textes 
n° 2, 3, 4, 5, 6 et 7): ces inscriptions confirment done Tantenorit6 du secteur nord-est 121 . 
Toutefois, si Ton s'en tient aux inscriptions, le moukarrib Karibll Watar, fils de Damar c all construit 
deux types de murs: l'un a al-Asahil fait de d6crochements irrdguliers, et Tautre a Hirbat Sa'ud fait 
d'un mur rectiligne a contreforts, difference difficile a expliquer en raison de la proximity de ces deux 
sites. Par prudence, il faut d'abord estimer que Tinscription n° 1 ne date peut-6tre pas la totality des 
secteurs oriental et septentrional; quant au secteur occidental, il ne comporte aucune inscription in 
situ: les indices de datation de tous ces secteurs sont done fragiles. On peut estimer aussi que les fonda- 
tions de ces deux sites ne sont pas contemporaines. Si Karibll Watar edifie dans les secteurs nord et est 
d'al-Asahil un rempart qui tient compte d Edifices anterieurs (structures juxtaposees en couronne?); a 
l'inverse, il peut etablir a Hirbat Sa°ud une ville neuve, en aval du wadl, pour contrdler la route carava- 
niere. Sur ce dernier site, Yata c 'amar Bayyin poursuit l'edification de l'enceinte selon les normes eta- 
blies par son pr£d£cesseur, tandis que Yada c 'il Darih puis Yata c, amar Bayyin poursuivent a al-Asahil 
l'edification des murs meridionaux de facon similaire a ceux de Hirbat Sa'Bd 122 . Un tel schema impli- 
querait une permanence des techniques de construction entre le souverain Karibll Watar, fils de 
Damafall et (au moins) Yata c 'amar Bayyin, fils de Sumhu c all dont l'dcart entre les regnes demeure 
inconnu. 

Enfin, les deux murailles connaissent quelques remamements; a Hirbat Sa°ud notamment, Yata^amar 
Watar realise quelques travaux d'am6nagement dans Tangle meridional (texte n° 6) m . 



119 On pourrait formuler, avec de nombreuses reserves 
certes, 1'hypothese que ces murs appartiennent a des 
maisons situees en arriere du rempart, et qu'elles lui 
sont antlrieures. 

120 Robin - Ryckmans, Les inscriptions de al AsSljil, 
p. 115-116. 



121 



122 



123 



Toutefois la porte occidentale 6difiee sur un plan 

«commun» parait remonter a une tfpoque posteneure 

a l'edification du mur occidental. 

La longueur des contreforts y est toutefois plus 

irrgguliere (contreforts 2, 3, 4 et S). 

Parmi ces travaux d'amlnagement, on pourrait peut- 

etre citer I'ouverture d'une poterne, non loin du 

decrochement meridional. 



6IDFIR IBN MUNAYHIR 



83 



2. Gidfir ibn Munayhir 

(l'antique khlm) (fig. 34) 



Le site de Gidfir ibn Munayhir, bien qu'isole dans le wadi Gufra, a quelque 43 km au nord-ouest de 
Hirbat Sa'tid 124 , est a rapprocher des enceintes du wadi Ragwan, en raison de la similitude de certains 
de ses murs. 

Ceux-ci comprennent des decrochements qui evoquent ceux, certainement moins reguliers, des sec- 
teurs nord-est et nord-ouest d'al-Asahil 125 , et ceux-de Hagar Yahir par leur technique de construction 
(murs de pierres brutes, epais de 1,00/1,50 m, avec bourrage int^rieur de blocs liaisonn6s a l'argile) 126 . 
Toutefois ces ressemblances suffisent-elles a demontrer que la muraille de Gidfir est l'oeuvre du souve- 
rain Karib'Tl Watar, fils de Damar°all? aucun 616ment ne permet de 1'affirmer avec certitude. 




10 
-Im 



Fig. 34 6idfir ibn Munayhir: plan de la muraille. 



124 



125 



Voir carte de la region dans Robin - Ryckmans, Les 
inscriptions de al-Asahil, p. 114. 
Dans le secteur nord-est d'al-Asahil, les decroche- 
ments mesurent entre 6 m et 26 m de long; ces der- 



126 



niers, larges de 1,50 m a 2,50 m comportaient un 
massif de brique de largeur indetermin6e. 
Voir Hagar Yahir, fig. 12 et commentaire p. 28. 



84 YALA 



Les inscriptions au nom de Yada°il Bayyin et de Yata c 'amar probablement des moukanibs sabeens, 
rapportent la construction du sanctuaire de d-Zbyt (Gl 1519, 1522 . . .) et de plusieurs ouvrages hydrau- 
liques (Gl 1519 . . .) mais non celle de la muraille; il est possible seulement que ces deux souverains 
precedent a quelques travaux de refection sur l'enceinte dont la tour septentrionale serait le seul 
t£moin 127 . 



Conclusion 



L'inter6t des fortifications du wad! Ragwan est de montrer que les premieres inscriptions en caracteres 
«pr6-monumentaux» sont associees a certains types de murs (murs de pierres brutes et murs d'appareil 
irregulier) et d'appareils (petit et moyen). A en croire les textes d'al-Asahil et de Hirbat Sa°ud, ces 
appareils irr^guliers sont en usage pendant tout le regne de KaribH Watar, fils de Damai'aB. II est 
pourtant difficile de croire que Pappareil rectangulaire soit, au moins dans cette region, posteneur a 
son regne; on peut supposer en effet que les villes sus-mentionn6es n'aient pu disposer de moyens suf- 
fisants pour 6difier des murs en appareil rectangulaire. 




3. Yala 

(l'antique Hfry) (fig. 35) 



Yala/ad-Durayb se trouve a une trentaine de km au sud-ouest de Marib, dans le wadi Yala, dans une 
petite plaine encadree par les Gabal Sawad et Gabal as-Sahl 128 . 

La muraille qui s'inscrit dans un triangle aux c6t6s convexes, mesure 230 m de long (nord-sud) et 
170 m de large au maximum. Les sections les mieux conserves montrent un mur, 6pais de 2,50 a 3 m a 
la base, comportant une alternance rdguliere de contreforts (longs de 5 m) et de rentrants (longs de 
4,5 m); au sommet, la courtine, large de 1,20 m a 1,60 m, est proteg6e par un parapet. Dans Tangle 
nord-ouest, s'eleve l'unique tour, de 6 m de c6t6, conserved sur pres de 8 m de haut. 
La «ville haute* qui occupe principalement le sud du tell, est formle d'une vingtaine de monticules 
dominant de 6 m a 7 m le niveau de la ville basse: la fouille de certains d'entre eux a permis d'y recon- 
naitre les vestiges de maisons, plus ou moins proches les unes des autres, formant ainsi une couronne. 
Une inscription (Y.85.Y/3a-b), remploy^e dans une maison, qui a pour auteur un «compagnon» des 
souverains sab6ens Yada c 'il et Yata c, amar, comm^more des travaux de construction (?) sur l'enceinte 
de Eafray (Hfry), tres vraisemblablement le nom antique de YalaVad-Durayb 129 . 

127 J. Schmidt distingue deux penodes de construction 129 A. De Maigret et Ch. Robin, Les fouUles tialiema 
de l'enceinte, sans toutefois prouder a une 6tude de Yala (Yemen du Nord): Nouvelles donnees sur h 
architecturale d^taillee dans Gidfir ibn Munayhir, chronologie de I Arable du Sud priislamique, dans 
dans ABADY, 1, 1982, p. 158-160. CRAIBL, 1989, Paris, p. 289. 

128 De Maigret, The Sabaean Archaeological Complex, 
p. 10-14. 



YALA 



85 




IS 

s 



Fig. 35 Yala: plan de la muraille. 



86 ha6ar am-barka 



Ch. Robin estime que cette dedicace est posterieure «de quelques generations* au regne de KaribH 
Watar, fils de Damar c all, atteste dans les incriptions voisines de Yala, dans le §i c b al- c Aql. D'apres les 
resultats de la fouille d'une maison sur le site, ce texte serait tres certainement anterieur a 535 avant 
notre ere. Des lors, si Ton suppose que le regne de Kartell Watar, fils de Damar°ali pourrait remonter 
au T s. av. n. e., la construction de l'une des maisons fouiliees dans la «ville haute* (la «maison A») 
pourrait se situer entre le 8 e et le T s. av. n. e. 130 . 



Conclusion 



La datation des enceintes du wadl Ragwan et de Yala repose, en grande partie sur celle du regne du 
moukarrib sabeen Karibll Watar fils de Damar'aJJ. Or, les fouilles du temple de c Attar du-Risaf d'as- 
Sawda'et de maisons intra-muros de Yala permettent desormais, avec quelques reserves cependant, de 
dater son regne des environs du milieu du T siecle avant notre ere. Dans le temple d'as-Sawda', il est 
en effet quasi-certain que les premieres dedicaces de construction, gravies en caracteres archaiques sur 
les piliers d'entr6e (A— C) remontent au 8 e siecle avant. A Finverse les textes de piliers interieurs (E et 
F) ayant pour auteur un roi de NaSan d6nomm6 Sumhuyafa Yasran, contemporain de Karibll Watar 
fils de Damar c ali, pourraient remonter au milieu du T siecle avant notre ere environ 131 . 
A Yala, si le texte Y.85.Y/3a— b est bien posteneur de quelques generations au regne de Karibll 
Watar, Fenceinte pourrait done etre datee au moins du 6 e siecle avant. 



4. Hagar am-Barka 

(fig. 36) 



Cet etablissement, situe sur le cours moyen du wadl Marha, non loin de Hagar Lagiyya, comporte un 
systeme defensif dont les traces apparaissent a peine au sol. II comporte une enceinte exterieure quasi- 
carree de 250/260 m de cdte et une ligne defensive interieure de 130 m de cdte environ (voir p. 17). La 
premiere est faite de casemates ou de caissons (?), la seconde de «structures» reliees par des sections 
de mur continu. En raison de la nature du systeme defensif, de la presence de ces casemates (?) et de la 
ceramique collectee en surface 132 , nous supposons, en Fabsence de fouille, cet etablissement «archai- 
que», mais aucune autre donnee archeologique ou epigraphique ne permet d'attribuer a ce site une 
datation plus precise. 

130 De Maigret- Robin, Les fouilles italiennes de Yala, 131 Ce temple fait l'objet de rapports prtUminaires dans 

p. 289-290. L'analyse architecturale de ce type J.-F. Breton, J.-Ch. Arramond et G. Robine, Le 

systeme defensif se trouve p. 143; voir aussi J.-F. temple d A thtar d'as-Sawda; dans ArcMologia, 1991, 

Breton, A propos de Nagr&n, dans Etudes sud-ara- n ° 271. p. 38-43. et J.-F. Breton. Le sanctuaire de 

bes, Recueil offert a Jacques Ryckmans, Publications 'Athtar dhu-Risaf, dans CRAIBL, 1992, p. 429-453. 

de rinstitut orientaliste de Louvain, 39, 1991, 132 La ceramique de Hagar am-Barka et Hagar Lagiyya 

p. 68-69. sera public ulteneurement. 



HAfiAR am-barka 



87 



Y 






& 






10 20 30 40 50 

1 — ■— ' ' — ' Im 



12 3 4 5 

I 1 1 1 1 In 



Fig. 36 Hagar am-Barka: plan general, et d&aille du secteur est. 



Chapitre 6: Les fortifications sabeennes en grand appareil 



A l'inverse des fortifications prec6dentes, en pierres brutes, mSme assez bien assisees, les enceintes de 
Marib, de Sirwah et d'al-Bayda' sont montees en grand appareil; elles sont toutes, en outre, associ6es a 
un massif de brique crue. Ainsi temoignent-elles a la fois d'un enrichissement de certaines villes et 
d'une gen6ralisation de techniques particulieres de construction et d'ornementation en pierre. S'il est 
probable que ces trois enceintes sont post6rieures a celles qui ont ete deja evoqu6es, il est neanmoins 
fort difficile, surtout dans le cas de Marib, de leur assigner une date precise de construction. Un point 
seulement leur est commun, ce sont des souverains de Saba' qui les mettent en oeuvre. 



1. L'enceinte de Marib 

(l'antique Mryb) 



La longueur de sa muraille, 4200 m environ, place Marib au premier rang des villes fortifi6es en bor- 
dure du desert, loin devant Sabwa et Hagar Kuhlan. Mais il ne subsiste de cette impressionante 
muraille, pillee essentiellement dans les annees soixante, que plusieurs pans de murs, tours isolees et 
massifs de brique crue depourvus de leurs parements. Des huit portes que E. Glaser crut reconnattre, 
lors de sa visite en 1888, cinq seulement sont encore visibles, et des nombreuses inscriptions qu'il 
copia, il n'en reste que trois in situ de nos jours 133 . 



1.1 LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 

Soulignons tout d'abord qu'aucune des inscriptions de KaribH Watar, fils de Damar°ali, notamment 
RES 3945 et 3946 ne rapporte de travaux d6fensifs a Marib, signe sans doute que la ville etait d6ja 
munie d'une muraille; ce souverain ne commemore que l'achevement des «superstructures» (?) du 
chateau royal Stbm (RES 3946/5). 

La plus ancienne dedicace de construction qui n'est plus en place, rapporte Pedification de Hwkw par 
Yata c 'amar Bayyin, fils de Sumhu c ali, moukarrib de Saba' 134 . Comme la construction de la phrase gn 3 / 



133 D. H. Miiller et N. Rhodokanakis, Eduard Glaser's 134 G. Garbini, Un nuovo documento per la storia del- 

Reise nach Marib, herausg. von — (SEG, I) Wien, I'antico Yemen, dans Oriens Antiquus, 1973, XII, 

1913. p. 143 et pi. XVIII. 



90 



l'enceinte de marib 



mryblhwkw rappelle celle des textes de al-Asahil et de Hirbat Sa'iid, le tenne Hwkw d&ignerait peut- 

etre un ouvrage defensif ou un contrefort 135 . 

RES 2665= CIH 627 au nom de Kartell Bayyin, fils de Yata c 'amar mentionne ensuite des travaux de 

construction que E. Glaser pensait attribuer a l'enceinte m§me 136 . D'apres H. von Wissmann enfin, 

RES 3943, consignant rectification de deux portes et de tours a Marib, serait a attribuer a Yata c 'amar 

Bayyin, fils de Sumhu c all Yanuf 137 , tandis que J. Pirenne suppose que l'auteur de ce texte pourrait etre 

Sumhu c ali Yanuf, fils de Damar c ali 138 . 

Faut-il aussi attribuer a Yata c 'amar Bayyin fils de Sumhu c aII, la construction de plusieurs ouvrages 

defensifs a Marib? D'apres G. Garbini, c'est bien lui qui 6difie Hwkw 139 et c'est lui l'auteur de RES 

2677 = CIH 629, retrouvg au nord de la porte occidentale. 

Mais il ne pourrait etre, selon Ch. Robin, l'auteur de la seule dedicace de construction encore in situ 

dans le secteur occidental de la muraille: 

1 brttrlwb 

2 yf'mrlbynlbnls... 
(MAFRAY-Marib l) 140 . 

Du 4 e (?) s. au 2 e s. av. n. e., de nombreux souverains sont attestes dans la mgtropole sabeenne, mais 
aucun d'entre eux ne semble effectuer de travaux d6fensifs consigned dans une dedicace. 
Vers le 2 e s. av. n. e. (?), un roi sabeen qui se denomme: [XX] ... fils de Yf'mr Wtr «entoure Marib de 
murs avec l'aide de c ttr. . .» (RES 4452 = Gl 598, 1110 et 537); d'apres A. G. Lundin et G. Garbini 141 , 
l'auteur de ce texte pourrait etre Sumhu c all Yanuf, roi de Saba'. 

C'est Yada c 'il Watar fils de Sumhu c aH Yanuf, qui aurait entrepris les deraiers grands travaux sur la 
muraille vers la fin du ler s. av. n. e. L'inscription correspondante est un texte composite reconstitue a 
partir de 52 fragments appartenant au moins a neuf repliques d'une meme inscription, selon H. von 
Wissmann 142 , qui se lit ainsi: «Yada"il Watar, roi de Saba', fils de Sumhu c all Yanuf a entoure Marib 
d'un mur (ou a construit un ouvrage deiensif dans la ville de Marib) avec l'aide de c Athtar, Hawbas et 
Almaqah» 143 . Malheureusement aucun de ces fragments n'etant encore in situ, il est difficile d'en tirer 
une conclusion archeologique quelconque; seul leur nombre suggererait des travaux importants. Selon 
B. Finster 144 , les sections de la muraille appartenant aux regnes de [XX] fils de Yata c 'amar Watar etde 
Yada c 'il Watar fils de Sumhu c ali Yanuf seraient faites de briques crues et de blocs de remploi. 
Cet etat de la muraille peut-il etre mis en relation avec les 6venements qui affectent Saba' vers la fin du 
ler s. av. n. e.: les affrontements entre Saba' et Himyar, la formation de coalitions ephemeres contre 
Saba', et enfin le siege de Marib par les armees romaines en 24 av. n. e.? D est certain que l'enceinte 
n'a pas et£ epargnee et que la capitale sabeenne connait des le ler s. de notre ere un lent declin. 



135 



136 
137 



138 
139 



Garbini, Un nuovo documento, p. 153 et von Wiss- 
mann, Die Mauer der Sabaerhauptstadt Maryab, 
Abessinien als sabaische Staatskolonie im 6. Jh. 
v. Chr. , p. 4 et fig. 2. 
Wissmann, Die Mauer, p. 20. 
H. von Wissmann et M. Hofner, Beitrdge zur histo- 
rischen Geographie des vorislamischen Siidarabien 
(Akademie der Wissenschaften und der Litcratur, 
Abhandlungen der Geistes- und Sozialwissenschaftli- 
chen Klasse, Jahrgang 1952, n° 4), Mainz, 1953, 
p. 245 27 . 

Pirenne, PaUographie, p. 148. 
Yata"amar Bayyin, fils de Sumhu'alT pourrait avoir 



140 

141 
142 



143 



144 



regne' vers le 7* s. av. n.e., et Yaia^amar Bayyin, fib 
de Sumhu'all Yanuf vers le 5 e s. av. n. e. (?) 
Texte inldit, precisions orales de Ch. Robin que 
nous remercions ici. 
Wissmann, Die Mauer, p. 24. 
Garbini, Un nuovo documento, p. 144 et A. G. Lun- 
din, Qui a bdti le mur de MUrib?. dans AION, 31 
(N.S.. XXI). p. 251-255. 
Wissmann, Die Mauer, p. 33 date ce texte de 30 av. 
n.e. 

B. Finster, Die Stadtmauer von Marib, dans 
ABADY, III, 1986, p. 79 et fig. 18a, b. 



L'ETAT DE LA MURAILLE 91 



Comme aucune dedicace de construction n'est posterieure au regne de Yada c 'il Watar, il est probable 
que la muraijle, dans les grandes lignes de son 6tat actuel, remonte au d6but de notre ere mais que des 
r6fections ont et6 faites de fa?ori intermittente jusqu'a l'abandon de la ville 145 . 

1.2 L'ETAT DE LA MURAILLE (PL. 3) 

Dans son 6tat actuel, la muraille n'a fait l'objet que de prospections de surface 146 et d'une fouille ponc- 
tuelle a la porte occidentale 147 ; aussi la description qui suit peut-elle paraitre incomplete et insuffisante 
a plus d'un egard. 

Alors que le wadl 'Adana coule de nos jours a 1157-1159 m d'altitude, les fondations de la premiere 
enceinte se situent vers 1162-1170 m, et les murs tardifs vers 1174-1177 m 148 . Cette situation topo- 
graphique correspond a Thistoire de la ville: la muraille a ete exhaussee proportionnellement a l'allu- 
vionnement de la plaine. II faudrait done distinguer plusieurs phases de construction dont seules les 
dernieres seraient visibles en surface, et dont les premieres ne pourraient apparaitre que dans les cou- 
pes naturelles des affluents du wadl 'Adana. 

B. Finster distingue ainsi les phases anciennes de phases tardives dans un article auquel nous devons 
l'essentiel de nos remarques 149 . 

Les plus anciens vestiges de la muraille apparaitraient dans Tangle nord-est de la ville (pi. 3): ils se 
composent d'un mur de brique crue aux contours ^determines. A un endroit, ce mur de brique crue, 
conserve 1 sur une hauteur de 4 m environ, aurait peut-etre ete construit en deux 6tapes, selon les 
modules de brique en presence (a la base: 40xXx9 cm; au-dessus 30xXx9-10 cm). Tout en demeu- 
rant fort prudent sur la datation de ces vestiges, nous pourrions formuler Thypothese de 1'existence de 
murs archaiques constmits uniquement en brique, mais une telle supposition demanderait verification. 
Ce mur primitif mesure en moyenne 8 m de large environ (angle nord-est), mais par endroits cette lar- 
geur atteindrait 11 m (au point III 40-50) et meme 12,85m (au point III 30 dans Tangle nord-est). 
Enfin, B. Finster note un mur large de 14 m (dans le secteur oriental), constitue' de deux massifs de bri- 
que 6difies avec des modules de brique distincts (avec un intervalle), a des dates probablement diff6- 
rentes. 

Dans les secteurs oriental et septentrional, les longues sections conservees appartiennent, semble-t-il, 
a une phase plus tardive des fortifications. La muraille se compose en effet dans ce secteur d'un massif 
de brique crue et d'un parement elev6 en carreaux et boutisses. Ceux-ci sont montes simultanement 
puisque les deehets de ravalement des blocs se retrouvent a hauteurs regulieres (de 0,28 a 0,34 m en 
moyenne selon la hauteur des carreaux) a Tint6rieur du massif de brique crue 150 . Suite a Tarrachement 
recent des carreaux, de nombreuses boutisses apparaissent encore en saillie dans ce massif (pi. 9b). La 
longueur tres importante des courtines (32 a 35 m) par rapport a celle des tours semble un argument 
valable, mais non decisif, pour une datation relativement haute de ce secteur; il pourrait en Stre de 
m6me pour Tangle sud-ouest de Tenceinte. 



145 J. Ryckmans nous signale que le texte Ja 651 rap- 1951-1952, aucune 6tude precise n'a 6t6 consacree a 
porte la (re)constraction des murailles et des tours de la muraille; une premiere reconnaissance a 6t6 
Mario, a la suite de debits occasions par des pluies menee par la Mission francaise en 1981, par la suite la 
exceptionnelles, par un maqtawi du roi Sammar Mission allemande y a effectu6 quelques travaux. 
YuharlS, rdgnant dans la capitale sabeenne a la fin 147 Finster, Die Stadtmauer, p. 82-84 et fig. 26 a. 

du 3 e s. de notre ere ou au ddbut du 4 e . 148 Finster, Die Stadtmauer, p. 76. 

146 Lors de l'exp6dition amencaine a Marib en 149 Finster, Die Stadtmauer, p. 76-79. 




92 



l'enceinte de sirwaij 



A l'inverse, B. Finster suppose que ces secteurs, au moins dans leur £tat actuel, remontent a une 
p6riode plus tardive 151 . Elle remarque en effet que le format des briques est plus petit 
(17-25xXx8 cm au lieu de 30xXx 10-12 cm), l'altitude des murs plus eUevee (1174-1178 m), et les 
carreaux sont souvent des remplois (notamment le bloc situe" dans la porte III qui porte un fragment de 
l'inscription au nom de Yata c 'amar Bayyin fils de Sumhu c all Yanuf). Dans le secteur ouest, il est possi- 
ble que les murs ayant 6t€ rehauss£s a plusieurs reprises, en conservant toutefois l'ordonnance des 
tours et des courtines, soient en effet a attribuer a une 6poque tardive, difficile cependant a preciser 
faute de fouilles. L'6dification d'un mur en avant de la muraille, servant de protection contre les allu- 
vions, a du rendre cependant cet exhaussement moins rapide. 

II est aussi probable que l'ensemble du secteur meridional, le long du wad! 'Adana, soit dans son 6tat 
actuel a attribuer a une phase tardive de construction. La proximite* du cours d'eau et done les risques 
d'erosion ont du entrainer de nombreuses reparations: le trace de la muraille, la presence de nombreux 
murs doubles, ainsi que l'utilisation massive de blocs de tuf et de lave plus ais6s a mettre en oeuvre que 
le calcaire, en temoignent peut-Stre. La declivite du terrain a entraine par endroits la construction de 
plateformes, a une altitude moyenne de 1166 m (soit a pres de 7 m au-dessus du lit du wadi), et Pam6- 
nagement d'une rampe menant probablement a une porte 132 . En conclusion, il nous semble inutile de 
decrire ici tous ces ouvrages defensifs sans pouvoir, faute de fouille, en preciser la chronologie. 



2. L'enceinte de Sirwah 

(rantique $rwh) (fig. 37) 



Cette muraille ne comporte que pans de murs, tours isol£es et vestiges des massifs interieurs de concre- 
tions; elle n'a guere retenu l'attention des voyageurs, plutdt attires par le «temple ovale* 153 . D ne faut 
done pas s'etonner que J. Halevy et A. Fakhry ne lui consacrent que quelques lignes 154 ; ceci est d'au- 
tant plus regrettable que les pillages r6cents ont fait disparaitre de nombreux murs 155 . 



150 



151 
152 
153 



154 



Faute d'observations archeologiques premises, B. 

Finster est ainsi amende a attribuer tous les murs de 

brique a une phase anteneure. 

Finster, Die Stadtmauer, p. 78. 

Finster, Die Stadtmauer, p. 80 et 93-95. 

J. Halevy signale a Sirwah un «chateau» et un bflti- 

ment denomme' ^ArS Bilqls», dans JA, 1872, I 

p. 67-68. 

Fakhry, An Archaeological Journey, t. 1, p. 30 et 

fig. 7 et pi. 1. 



155 C. Robin, Risultats ipigraphiques et archeologiques 
de deux brefs stjours en Rfpublique Arabe du Yemen, 
dans Semitica, 1976, p. 171-177, fig. 3 et 4, 
pi. XV-XVII; J. Schmidt, Bericht iiber die Yemen- 
Expedition 1977 des Deutschen ArchOologischen 
Instituts, dans ABADY, 1, 1982, p. 127, fig. 35 et 
pi. 48 b. 



LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 



93 




Pbint 
Point © 



Fig. 37 Sirwari: plan schematique du site. 



2.1 LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 

Une inscription hors-contexte, retrouvee en 1980, rapporte que: 
1....], filsdeYt c 'mr 

2 — , moukarrib] de Saba', a muni d'une enceinte (gn 3 ) 
(MAFRAY-Sirwab 1). 

Les epigraphistes 156 proposent d'identifier Yata c 'amar, pere de l'auteur du texte, avec le moukarrib 
sabeen Yata" amar Bayyin, fils de Sumhu c all, connu pour avoir construit l'ouvrage (?) hwkw a Marib. 
A en croire done cette seule inscription, l'enceinte de Sirwah serait posterieure a celle de Marib. 
Une seconde inscription RES 3386 = Gl 1527 rapporte que [Yada c 'il Darih], fils de Sumhu c all, mou- 
karrib de Saba', a construit la tour Ysbm 151 . 



156 C. Robin et J. Ryckmans, Inscriptions sabiennes de 
$irwah remployees dans la maison de c Abd Allah az- 
Za'idi, dans ABADY, 1, 1982, p. 117-119 et 
pi. 42 a. 

157 Lorsque E. Glaser releva cette inscription, elle 



n'&ait deja plus en place. Le nom de [Yada c 'il Darih] 
est restitu6 par E. Glaser et reproduit comme tel 
entre crochets dans le Repertoire, J. Pirenne la classe 
en B 1 (Paliographie, p. 133). 



94 



l'enceinte de sirwah 



Ce moukarrib sabeen est l'auteur de nombreuses inscriptions (Gl 1530„1640. . .), et en particulier de 
celles qui sont reunies sous le numero CIH 366 bis consignant la construction du sanctuaire 158 . S'il se 
verifiait que l'auteur de ces textes etait aussi celui des quatre copies numeiotees CIH 366, Yada"il 
Darih, fils de Sumhu c ali pourrait etre consider^ comme le principal bStisseur de la muraille. 
De date plus r6cente, l'inscription Sirwah-Miiller 1 rapporte que: «Yada c, il Bayyin, fils de Yata c 'amar, 
moukarrib de Saba', munit l'enceinte (gn c ) de mgbtn 159 »; ce dernier terme pouvant designer un pre- 
cede de construction ou un ouvrage d6fensif . 

Enfin, vers le 4 e s. av. n. e, le texte RES 2727 = CIH 632 rapporte que «Karib'Il Bayyin, fils de Yata^a- 
mar construit» 160 ; la comparaison avec RES 2729 = CIH 633 autoriserait a supposer que ces travaux 
concernent l'enceinte de la ville. A la meme epoque, RES 2722 = CIH 631 consigne que SumhtfaK 
Yanuf fils de Yata c 'amar construit Yfm m , mais ce texte ne pr6cise pas la nature de cette construction; 
on pourrait faire la meme remarque pour Gl 1675: «Sumhu c alI Darih, roi de Saba', fils de Yata^amar 
Bayyin a construit . . .» 162 . 

La plus recente d^dicace de construction a Sirwah a pour auteur «... Wtr» qui gdifie la tour Rymn (Sir- 
wah-Miiller 4). W. W. Muller hesite a reconnaltre soit Yata c 'amar Watar, soit Yada c 'il Watar, soit son 
fils Damar c all Bayyin selon la formule attest6e dans RES 4198/4— 5 163 . 

En resume les inscriptions de la muraille de Sirwah permettent-elles de penser que celle-ci est legere- 
ment post6rieure a celle de Marib? On sait seulement que Yata c 'amar Bayyin fils de Sumhu c aU Idifie 
un ouvrage a Marib, et son fils un autre a Sirwah. Par la suite, entre le 4 e et le 2 e s. av. n. e., les textes 
tres laconiques ou incomplets ne permettent pas de comparer Involution architecturale des deux 
enceintes. 

Enfin, les derniers travaux sur les deux enceintes semblent avoir €t€ realises, soit par un souverain 
identique (Yada c 'il Watar), soit par des souverains aux regnes tres proches. En revanche, si I'arret des 
travaux n'affecte a Marib que des ouvrages militaires, il concerne a Sirwah tous les types de construc- 
tion. 






2.2 L'ETAT DE LA MURAILLE 

L'enceinte, de plan trapezoidal (fig. 37), s'accroche a une ar6te granitique qui affleure au sud-ouest; 
malgr6 les destructions r^centes, la ligne des murs se suit ais^mment dans presque tous les secteurs. 
Dans Tangle sud, une tour d'appareil r6gulier se dresse sur une trentaine d'assises hautes de 0,33 a 
0,38 m; sa face sud-est (point 1) d'dlevation trapezo'idale est 61ev6e avec des carreaux longs de 
0,84-2,25 m, et une seule sene verticale de boutisses en alternance avec les precedents. Les joints 
montants et horizontaux sont tres bien adapts, les intervalles 6tant infdrieurs a 0,1 cm. Tous les blocs 
component des ciselures penm6triques (5-6 cm pour les horizontales et 4-5 cm pour les verticales), 
et une partie centrale piquetde au gravelet a bout rond (pi. lie). 



158 Les textes CIH 366 ont €t€ publics notamment par 
M. Hafner, Inschriften aus $irwat}, HaulSn (I. Teil), 
SEG VIII, SBAW 291/1, p. 5-9: par A. Jamme, 
Carnegie Museum 1974-1975 Yemen Expedition, 
Pittsburgh, 1976, p. 67-76; et rtcemment par F. 
Bron, Inscriptions de $irwalj, dans Ray dan, 4, 1981, 
p. 29. 

159 W. W. Muller, Neue sabdische Inschriften aus $ir- 
wSh, Hauldn, dans SEG XII: Inschriften aus $irwdh, 
Haulan (II. Teil), 1976, p. 41-42. 



160 



161 



162 



163 



i. Pirenne classe cette inscription en B 2 (Paleogra- 

phie, p. 132). 

J. Pirenne classe cette inscription en B 2 (Paleogra- 

phie, p. 132). 

HOfner dans Inschriften aus SirwOh, HauUtn (I. Teil), 

p. 65 pense que l'inscription concemee consigne la 

construction d'une maison et non d'un ouvrage mili- 

taire. 

MUller, Neue sabdische Inschriften, p. 45. 



LES dedicaces de construction 95 



Non loin de Tangle occidental, un pan de mur comportant une tour centrale de 5,30 m de large est 
montS aussi.en grand appareil (points 3 et 4) 164 . Au point 3, la tour montre une assise de fondation, et 
21 assises en 61evation mont6es avec des carreaux longs de 1,05-1,58 m et des series de petites boutis- 
ses (de 0,10 a 0,25 m) en alternance avec les precedents (pi. 12a). L'appareil, moins soigne que celui 
de la tour meridionale, laisse des joints plus larges, et par endroits les ciselures p6rimetriques (vertica- 
les de 6 cm et horizontales de 7 cm) et la partie centrale piquetee apparaissent encore. En arriere, le 
massif semble 6tre fait de concretions calcaires. Au point 4, les assises sont un peu moins hautes 
(0,28-0,29 m), au lieu de 0,29-0,31 m au point 3, les carreaux parfois plus longs et les boutisses plus 
larges (0,40 m). En depit de certaines ressemblances, il est difficile d'affirmer que ce pan de mur est 
contemporain de la tour mendionale. 

De larges secteurs de la muraille sont eleves en petit appareil de tuf ou basalte gris. Dans le secteur 
nord-est, au point 2, les assises, hautes de 0,20-0,22 m, sont elevees en petits carreaux, longs de 
0,70-0,48 m et profonds de 0,35 m, qui ont fait l'objet d'une regularisation sommaire; le massif int6- 
rieur est montd en blocs de concretions (pi. 12b et c). A en croire 1'altitude des murs months dans ce 
type d'appareil, il est possible qu'ils soient posterieurs aux murs et aux tours precedents. 



3. La muraille d'al-Bayda' 

(l'antique Nsqm) (fig. 38) 



La ville d'al-Bayda', quoique situ6e a pres de 95 km nord-ouest de Marib dans la vallee du Gawf , sur la 
rive droite du wadi Madab, releva tres tot de l'autorite sabeenne. Le moukarrib sab6en Karibll Watar, 
fils de Damar c all ne s'empresse-t-il pas de la soumettre a son autorite7 

La muraille d'al-Bayda' montre une succession de 58 saillants et de courtines remarquablement conser- 
ves 165 formant un ovale irr6gulier de 1500 m de pourtour. La majeure partie des saillants et bon nom- 
bre de courtines conservent encore leur dedicace de construction encastree dans les assises sup6r- 
ieures, soit 91 textes, qui permettent de dater precisement les differentes etapes de la construction de 
la muraille. 



3.1 LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 

Les premieres mentions d'al-Bayda' se trouvent dans RES 3945: KaribTl Watar, fils de Damai^ali, 
apres la prise de Nasan (as-Sawda') se dirige vers Nasq (al-Bayda'), s'en empare et la munit d'ouvrages 
defensifs. C'est en effet un roi de Kamna, Ilsami c Nabat, fils de Nabat c ali qui verse aux Sabeens un tri- 
but sous la forme d'ouvrages militaires: il edifie ainsi quelques saillants dans le secteur occidental 166 ; 
ces evenements pourraient §tre dates du T— 6 e s. av. n. e. (?). 



164 Robin, Risultats tpigraphiques, p. 175-176 et 166 Sur ces saillants, CIH 377 est classe" en B3-C1, eta la 
pi. XVb; photo, du meme secteur dans Schmidt, porte ouest CIH 636 en B3': ces saillants sont quasi- 
Bericht iiber die Yemen-Expedition, p. 48b. contemporains de la porte ouest. Aucun detail tech- 

165 De nombreux saillants et courtines ont n6anmoins nique ne permet en tout cas de les distinguer. 
subi en 1990 et 1991 de graves destructions. 



96 



LA MURAILLE d'AL-BAYDA' 





20 50 

I 1 h 

Fig. 38 Al-Bayda': plan de la muraille. Les numeros exterieurs correspondent aux inscriptions, les mungros inteneurs aia 

saillants. 



Le saillant 33 comporte le texte n° 46: «'lsm c Nbt fils de Nbfly, roi de Kaminahu, avec sa tribu Kami- 
nahu a construit les deux saillants pour Hmqh et les rois de Maryab et pour Saba'* (MAFRAY-al- 
Bayda' 46 = CIH 377). 

L'inscription similaire n° 48, encastree dans le saillant 34, se lit ainsi: 

«'lsm c Nbt fils de Nbfly, roi de Kaminahu ... a construit les deux saillants pour 'Imqh et les rois de 
Maryab . . .» (MAFRAY-al-Bayda' 48). 

Des cette epoque done, les deux saillants (33 et 34) sont eleves, et il est curieux de constater que les 
inscriptions les plus anciennes se trouvent non a la porte Occident ale, mais sur des saillants situes plus 
loin. On peut seulement supposer que l'enceinte 6tait d6ja tracee, et que les modules d^finis pour les 
saillants 33-34 ont €t€ adopts pour les autres secteurs 167 . La muraille pr^sente en effet une grande 
homog6n6ite, a l'exception de decrochements dans le secteur nord (48-52). Mais, «Sumhu c aH fils de 
Yada c 'il Darih, moukarrib de Saba', batit ...» la porte occidentale puisque cette inscription figure en 
deux exemplaires sur la face anteneure des saillants 38 et 39 (RES 2857 = Hatevy 338 = MAFRAY-al- 
Bayda' 63, Hatevy 339 = MAFRAY-al-Bayda 64) 168 . 



167 Modules: 7,71 m en moyenne pour la largeur des 
saillants, et 19,65 m pour la longueur des courtines. 

168 RES 2857 = CIH 636 regroupe les deux textes de 



Hatevy 338 - MAFRAY 63 et Halevy 339 - 
MAFRAY 64. J. Pirenne classe ces deux inscriptions 
en B3' (PaUographie, p. 134). 



CARACTERISTIQUES TECHNIQUES 97 



Class6 en Cla, le texte RES 2850 A = CIH 634 rapporte que »Yada c il Bayyin, fils de Yata c 'amar, mou- 
karrib de Saba', munit (de ce saillant) (gn 3 ) la ville de Na§q» 169 . Cette inscription figure de facon identi- 
que sur de tres nombreux saillants et courtines de la muraille: cette frequence semble indiquer que ce 
souverain en realise la majeure partie. Signalons enfin trois fragments de textes qui ne peuvent dtre 
dates avec precision: 

- L'inscription 43, probablement recente, sur la courtine 31-32: «Dmrkrb d- Mdb a remis en 6tat 
(hbdt)...» 

- L'inscription 54 (RES 2853/1) encastree dans le saillant 37: « . . .] d c fils de Bhlm, a acheve (?) (ml?) 

- L'inscription 55 (RES 2853/2) encastr6e dans le saillant 37: «. . .] le saillant z d. . . par la faveur (?) de 
SmhHy, au temps de . . .» 

(Traductions Ch. Robin) 



3.2 CARACTERISTIQUES TECHNIQUES 

L' extraordinaire qualite" de conservation de l'enceinte permet de faire un certain nombre d'observa- 
tions sur ses techniques de construction et d'ornementation. 

Tous les murs sont montes en calcaire oolithique ferme, tres homogene, qui offre des possibility 
sup6rieures de hauteur de banc par rapport a la pierre froide. Ainsi les hauteurs d'assises varient-elles 
entre 0,24 et 0,35 m, alors qu'a Ma°in oil la pierre dure predomine, elles varient entre 0,22 a 0,37 m. 
D'autre part les longueurs moyennes des blocs depassent celles des autres murailles, avec un maximum 
de 2,95 m (dans le saillant 39 a la porte ouest) 170 . II serait done interdssant d'6tudier systematiquement 
le module des blocs mis en oeuvre, ainsi que les tres nombreuses marques de tailleurs de pierre. 
La muraille temoigne dans son ensemble d'un soin tout particulier apporte a son Edification. A la porte 
occidentale, les lits de pose sont taillgs a la demande a la regie malleable, selon la forme des Uts d'at- 
tente correspondants; il en est de meme pour les joints montants (saillant 38). Tous les carreaux, en 
particulier ceux des saillants 38 et 39, font l'objet d'une taille ornementale fine: une ciselure perim6tri- 
que assez r6guHere, large de 5 a 6 cm, delimitant une partie centrale pointee de courts sillons realis6s 
au gravelet a bout rond large de 3 a 5 mm; le contact entre zones ciselee et piquetee 6tant parfois mar- 
que d'une ligne en pointille (pi. 14 a) 171 . Ces quelques remarques suffisent a souligner la qualite de la 
mise en oeuvre des carreaux et boutisses et le soin apporte" aux parements de l'enceinte. 
Soulignons enfin que le role du massif de brique crue, en arriere des carreaux et boutisses, semble 
avoir €t€ con9u tres t6t, des l'ddification de la porte ouest. Mais, en raison de Fensablement des lieux, 
il est impossible de definir son aspect et ses dimensions exacts en arriere de l'enceinte. 
En conclusion, Finter6t principal de l'enceinte d'al-Bayda' est de montrer que la mise en oeuvre de 
murs composes horizontalement d'une seule rang6e de pierre, de chaines verticales de boutisses 
comme precede de liaison avec la ma9onnerie interne, et de blocs montes en grand appareil et d6cor6s 
d'une taille point6e ornementale, remonte au moins au regne de Sumhu c all Yanuf, fils de Yada c, il 
Darih dont la d^dicace de construction de la porte ouest, CIH 636, est classee en B3'. 



169 J. Pirenne classe ces inscriptions'en Cla {Paliogra- le batiment intra-muros a redans, l'utilisation de la 
phie, p. 164 et 254); ce souverain est contemporain pierre dans les lits et en delit, ce qui peut offrir certai- 
de Ilsami c Nabat fils de Nabafall. La datation de ce nes specificit^s de dimensions des blocs. Voir Bessac, 
stade C est a revoir en fonction des inscriptions de Techniques de construction (a paraitre). 

Main et de BaraqiS. 171 Remarques dues a J.-Cl. Bessac; voir, Techniques de 

170 J. CI. Bessac note aussi, dans la muraille comme dans construction (a paraitre). 



98 LA MURAILLE D'AL-BAYDA 



Conclusion 



S'il est raisonnable de supposer que les premieres fortifications de Mario sont constitutes de mure en 
brique crae, il reste a en prouver l'existence au moyen de sondages. 

Aux premieres fortifications sudarabiques, 6difi6es vers le T s. av. n. e. (Hirbat Sa'iid par exemple), 
succede un type architectural nouveau: les fortifications faites d'un epais mur de pierres brutes sont 
remplacees par des murs de grand appareil, faits d'une rangee de pierre a l'horizontale (cas de Sirwah 
et d'al-Bayda') et doubles, dans certains cas, d'un massif de brique crue comme a Marib. Comment 
s'est produite cette Evolution architecturale? Des murs faits de deux rangees de pierre a l'horizontale, 
sans massif de brique a l'int6rieur comme a Kamna (cf . infra) n'ont-ils pas €t€ mis en teuvre anteneure- 
ment ou simultanement? Certains sites du Gawf connaissent-ils une Evolution architecturale differente 
de celle de Marib? Autant de questions auxquelles seules des fouilles pourront repondre. 
D'autre part, la taille des fortifications ne cesse de croitre. Aux petits etablissements de 600 a 700 m de 
perimetre, comme Cndfir ibn Munayhir, al-Asahil et Yala succedent des villes fortifiees de plus d'un 
millier de metres de p6rimetre, 1500 m a al-Bayda' et 4200 m environ a Marib. 
Enfin, le nombre de fortifications (et de sanctuaires) mis en chantier s'accroit proportionnellement a 
l'enrichissement de l'Etat sab^en. La qualite de la mise en ceuvre des blocs, comme celle de leur orne- 
mentation n'en sont-ils pas aussi d'autres tdmoins? 



Chapitre 7: Les fortifications des villes du Gawf 



Aux d6buts de l'6poque dite «sudarabique», vers les 8 e -7 e siecles avant notre ere, la vallee du 6awf 
cpmpte au moins huit villes importantes. II s'agit d'est en ouest de Inabba' (1' antique "nb"), Ma°m (l'an- 
tique Qrnw), Baraqi§ (1' antique Ytl), Hirbat Hamdan (l'antique Hrmm), Kamna (l'antique Kmnhw), 
as-Sawda' (l'antique Nsri), al-Bayda' (l'antique Nsqm) et Hizmat Abu Tawr (l'antique Mnhytm) 
(fig. 39). Certaines de ces villes, comme en temoigne la hauteur de leur tell, existent depuis longtemps, 
peut-etre des le milieu du second millenaire (?); vers le T siecle avant notre ere, certaines sont munies 
de systemes deiensifs puisque les Sabeens en font le siege, avec des moyens importants au moins dans 
le cas de Nasan 172 . II est certes difficile, voire impossible dans l'6tat de nos connaissances, de preciser la 
nature et la taille de leurs fortifications puisque, rasees par les Sabeens, elles ont ete totalement ou par- 
tiellement reconstruites. En outre, aucune fouille jusqu'a ce jour, ne s'est attachee a en degager une 
portion. 

Nous presentons ici les sites qui n'ont pas etd mentionn^s dans les chapitres pr6c6dents (par exemple: 
al-Bayda'), et reservons la mention de Hizmat Abu Tawr au chapitre 10 (p. 152). Chaque rempart fait 
l'objet d'une presentation de ses dedicaces de construction et, dans l'6tat de la documentation, de ses 
caractenstiques constructives. 



1. Kamna 

(l'antique Kmnhw) (fig. 40) 



Ce site se trouve a 9 km environ a l'ouest d'aKHazm, a un kilometre environ au nord du wadl Madab, 
sur sa rive gauche. C'est un tell allonge de 460 m du nord au sud sur 150 m en moyenne qui se divise en 
deux Eminences, 1'une au nord et Pautre au sud, separees par une partie basse centrale 173 . 
L'enceinte, longue de 1350 m, suit les contours du tell tant6t a son pied, tantot a mi-pente; elle marque 
a Test une avanc6e rectangulaire de 80 m sur 120 m percee au moins d'une porte et d'une poterne. La 
muraille ne montre plus que des pans de murs isoles, faits parfois d'une double rangee de carreaux, 
presentant des d^crochements irreguliers et quelques saillants isoles. 



172 Voir N. Rhodokanakis, Altsabaische Texte 173 Voir description du site dans Breton - Bessac, 

(AWW-SB, 206/2), p. 19-78. Observations sur les murs, (a paraitre). 



MISSION ARCHEOLOGIQUE FRANCAISE EN 
REPUBLIQUE ARABE DU YEMEN 



HAUTE AUTORITE DES ANTIQUITES, DES MUSEES 
ET DES BIBLIOTHEQUES 




© 



7- 

> 

Z 



liK V) Carle- p-. . ai vliouli . K ii|ue Uc la valine <Ju ftaivf. 




X 



o 



^o 



m 



Fig. 40 Kamna: plan de la muraille. 



102 



KAMNA 



1.1 LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 

Le site a livre peu d'inscriptions, et aucune de celles qui figurent dans les recueils n'est encastree dans 

la muraille 174 . 

II est probable que le royaume de Kaminahu, allie de Saba' au temps du moukarrib Karilrfl Watar, fils 

de Damar c all, echape a la destruction et ainsi a la (re)construction d'ouvrages defensifs. Saba 3 ne sem- 

ble imposer comme tribut que la construction de deux saillants dans la ville voisine d'al-Bayda' (CM 

377) 175 : c'est l'oeuvre du dernier roi atteste de Kaminahu, Ilsami c Nabat, fils de NabafaB. 

Un autre texte RES 2843 = M 95 consigne la construction de quelques Edifices sans en preciser la 

nature. Enfin, une inscription, MAFRAY-Kamna 6, grav6e sur un mur du secteur meridional, ne 

mentionne aucun ouvrage defensif . 



1.2 LES TECHNIQUES DE CONSTRUCTION 



En raison de son 6tat de conservation, la muraille se prSte difficilement a une etude chronologique: 
elle n'offre que des pans de murs isol6s, de facture differente, conserves tout au plus sur quelques assi- 
ses. Toutefois, ce rempart montre quelques traits speafiques qu'il convient de preciser: c'est ainsi 
qu'une etude entreprise avec J. -CI. Bessac a permis de sdlectionner quatre points caracteristiques 
(fig. 40) 176 . 

La plupart des murs de Kamna sont faits de deux rang6es de pierre a 1'horizontale, qui ne sont, au 
moins aux points 2 et 3, associees a aucun massif de brique crue. Ces murs, larges de 1,20 m a 1,50 m, 
component des carreaux, et des boutisses disposfes a intervalles irrdguliers qui ne traversent pas toute 
l'6paisseur du mur (point 3). Les carreaux mesurent en moyenne 0,70 a 1,70 m et les assises 0,26 a 
0,32 m (en elevation) sauf au point 1 (0,38 a 0,40 m). Dans ces murs, notamment au point 3, les calcai- 
res les plus durs sont reserves au cote' inteneur, et les plus fermes c'est a dire les plus aises a tailler au 
cote exterieur. C'est ainsi que les blocs des parements inteneurs sont en general employes sur toutes 
leurs faces brutes d'extraction ou de debit (point 2) et sommairement regularises a la masse (ou au 
marteau?), tandis que les parements exterieurs (point 4 notamment) sont tailles par une s6rie d'im- 
pacts pointes au gravelet a bout rond 177 . 

Les parements exterieurs presentent des ciselures p£rim6triques horizontales et verticales irregulieres, 
larges de 3 a 4 cm, et les joints verticaux ont la meme largeur (point 3). La partie centrale peut £tre 
piquetee au gravelet a bout rond de 0,5 cm de large (point 3), ou brochee en sillons larges de 0,4 a 
1,2 cm executes au gravelet a bout rond (point 4). Les joints montants component soil une ciselure 
unique sur leur ar£te anterieure (point 4), soit trois ciselures sur les aretes anterieure, inferieure et 
superieure (point 3). Enfin, au point 4, les aretes des joints horizontaux, tracees a la regie malleable, 
s'epousent etroitement. 

La muraille de Kamna est l'une des rares enceintes du Gawf a comporter des murs composes d'une 
double rangee de carreaux sur la mdme assise, relies de loin en loin par des boutisses. La qualite des 
parements, en outre, semble bien inferieure a celle des murs d'al-BaydS' (cf. supra). Faut-il voir dans 
ces techniques un indice d'une datation plus haute que celle de la muraille d'al-Bayda*? C'est possible 
mais seule une fouille permettrait de Paffirmer. 



174 

175 

176 
177 



Recueils parus avant 1990. 

Les deux versions du mfime texte CIH 377 figurent 

sur les saillants 33 et 34 d'al BaydS'. 

Breton - Bessac, Observations sur les murs, (a para- 

Itre). 

Au point 4, les parements, pourtant les plus soignds 



du rempart, presentent une taille ornementale som- 
maire caractdris6e par des impacts d'outil assez lar- 
ges; les bordures des parements sont cernees de cise- 
lures assez mal dtflimitces; voir Bessac, Les techni- 
ques de construction, (a paraltre). 



103 



2. Hirbat Hamdan 

(l'antique Hrmm) 



Ce tell, denomme indifferemment Hirbat Hamdan ou Hirbat c AlI, se trouve a 1,5 km au sud-ouest 
d'al-Hazm; il est borde a Test par la route de BaraqiS. 

Les plus anciennes inscriptions qui remonteraient au 7-6 e s. av. n. e. (?), revelent que Haram 6tait la 
capitale d'un petit royaume du mSme nom. 

Les steles du temple dit des «Banat c Ad» mentionnent un certain Yadmurmalik, roi de Haram, a qui le 
moukarrib sabeen «confie la direction de la guerre contre ' Awsan et de la guerre de destruction dans la 
plaine de Nasan» (CIH 516). On peut done supposer que le royaume de Haram choisit 1' alliance plutot 
que l'affrontement avec les Sabeens. S'epargne-t-il ainsi une guerre et un siege? aucune inscription 
n'en fait cas. Comme recompense (?), Karib 3 il Watar, fils de Damar c ali octroie a Yadmurmalik les 
eaux de du-Qaf an enlev6es a Nasan (RES 3945/16—17). A notre connaissance, aucune inscription de 
cette periode d'autonomie puis d'alliance avec Saba' ne mentionne de travaux defensifs; aucun texte 
similaire n'appartient non plus a l'epoque ou Haram passe peut-dtre sous domination mineenne. Seul 
le texte CIH 518/3 consignant des travaux agricoles dans les faubourgs de la ville de Haram 178 , men- 
tionne incidemment un canal (qlh) et une tour (mhfd). 

Et, pourtant, les terrassements divers men£s depuis plusieurs ann6es sur le site ont mis au jour les res- 
tes d'un puissant systeme defensif. La porte orientale, partiellement degagee, montre plusieurs murs 
d'appareil r^gulier, en calcaire greseux (plutot rare dans les remparts du Gawf), faits de longs car- 
reaux. Le reste de la muraille disparait sous les deblais et les batisses de terre. 



3. As-Sawda D 

(l'antique Nsn) 



Cette ville importante situee a une quinzaine de kilometres a l'ouest de Haram et a moins de cinq kilo- 
metres de Kamna, se trouve au sud-est du village d'al-Maslub. 

La ville antique forme un tell impressionant de 400 m environ de c6te, haut d'une douzaine de metres. 
Elle 6tait a l'origine entour6e d'un puissant systeme defensif dont il ne reste que des pans de murs iso- 
les, quelques tours et les vestiges de la porte occidentale. 



178 Aucun classement dans Pirenne, Paliographie. 



104 AS-SAWDA 3 



3.1 LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 

Plusieurs textes releves sur le site ou dans le sanctuaire extra-muros de c Attar du-Risaf , faisant notam- 
ment mention d'un personnage denomme" Lab°an, appartiennent a une graphie archaique, mais aucun 
d'eux ne consigne d'ouvrages militaires. Les inscriptions qui remontent au regne d'Dyafa 0179 , ne men- 
tionnent pas non plus de constructions defensives; a l'inverse, ceUes qui rapportent des travaux de con- 
struction ne component aucune mention de souverain. II s'agit de: 

- RES 2901 = M 125: 

Yasma c 'il, fills de IPanas, clan de Tdq ami de ... a consacre" a ] c Attar . . . cinq coudees au mur . . . 

- RES 2920 = M 142: 

... les amenagements intdrieurs (?) (m c dr), dep [uis les fondations jusqu'au faite . . . 

- RES 2921 = M 143: 

. . . depuis les fondements, l'6dince jusqu'au faite, la partie anteneure (?) (qd [mn.) . . . 

- RES 2922 = M 144: 

Wadad'il a consacr6 a c Attar du-Qabd cin[q coud6es de mur (?) jusqu'au f Jaite, et son. . . 

- RES 2887 = M 112: 

. . . fils de . . . et toute la [construction des deux courtines (sbfty) . . . 
Compte tenu des termes employes, il est probable que ces cinq textes consignent des travaux dlfensifs. 
Quant a RES 2869 = M 102 qui date du regne de Ilyafa' Yasur, il semble rapporter rectification d'un 
6difice plutot que d'un ouvrage militaire 180 . 

En conclusion, l'apport des textes a la chronologje de la muraille est limits puisque RES 2901 et 2887, 
connus uniquement par copies, ne peuvent 6tre dates avec precision, et que RES 2920, 2921 et 2922 ne 
font Fobjet d'aucun classement paleographique. 

3.2 L'ETAT DE LA MURAILLE 

L'enceinte d'as-Sawda', l'une des plus grandes du Gawf, ne mesure pas moins de 1175 m de pourtour. 
Elle 6tait vraisemblablement percee de quatre portes, au milieu de chacun des cotes: deux d'entre elles 
sont a peine visibles a Test et a l'ouest. De tous les secteurs de la muraille, seul le cote" occidental mon- 
tre encore quelques dispositifs deiensifs: une tour presque carr6e de 10 m sur 11m ornee d'une taille 
tres fine (cf. p. 41 et pi. 23c), une porte constitute de deux massifs de maconnerie tres rapproches et 
d'une petite porte axiale, une autre tour (?) tres ruin6e, et enfin une tour de Tangle septentrional; 
aucun de ces elements n'6tant, en surface, reli6 aux autres, leur chronologie relative ne pourrait 6tre 
precisee que par une fouille. 



180 N. Rhodokanakis.Zwr Interpretation altstldarabischer 179 Le site n'a Iivrt aucune inscription classee en C 2 ou 

Inschriften I, dans WZKM, 43, 1936, p. 50-51 et C 3, a I'exception de RES 3308 (Pirenne, PaUogn- 

59-60, et M. A. GhQl, New Qatabdni Inscriptions, phie, p. 164). 
dans BSOAS, 22, 1959, p. 4 et 20. 



LES FORTES ET LEURS INSCRIPTIONS 105 

4. Ma'in 

(l'antique Qrnw) (fig. 41) 



Le site de Main, l'un des plus prestigieux du Gawf, occupe souvent une place de choix dans les recits 
des voyageurs 181 , aux c6t6s de Baraqis, en raison de l'6tat de conservation de quelques-unes de ses por- 
tes et de ses murs, et de l'interSt de ses inscriptions. Malheureusement le site connait de nombreuses 
d6pr6dations depuis plusieurs decennies, et le nombre de textes encore in situ n'excede plus la dizaine. 



4.1 LES PORTES ET LEURS INSCRIPTIONS 

4.1.1 La porte orientale 

La plus ancienne inscription in situ dans la muraille, RES 2771 = M 27, classee en C2 dans la Paleo- 
graphie 1 ®, est gravde sur le saillant septentrional flanquant cette porte. Elle rapporte qu'un person- 
nage construit le saillant Yhr (1.2) et acheve la maison Yhr et la tour. . . (1.5). Ties probablement, le 
saillant Yhr designe celui qui flanque cette porte au nord. 

Le saillant meridional qui flanque cette meme porte a 6t6 construit plus tardivement a en croire le clas- 
sement pateographique (E3) du texte RES 2775 = M 30 qui en rapporte l'6rection 183 . Ce saillant, 
denomme' Hrf (1.1), a 6t6 construit par l'oncle du roi Ilsami c Dubyan, Sahrum c Alhan, fils de Yada"il, 
roi de Hadramawt, et d6di6 par Ilsami . 



4.1.2 La porte occidentale (fig. 30 et pi. 19) 



Ce dispositif d'entr6e, d'un interet considerable (p. 73—75), comporte un certain nombre descrip- 
tions in situ dont certaines ont 6t6 recemment republiees par F. Bron 184 . Quatre textes sont graves sur 
le flanc sud du passage et de la tour (ou saillant) septentrionale: 

1 Le texte Tawflq 6 = RES 2803 = M 58, situ£ dans le passage oriental, mentionnerait, selon F. Bron, 
l'interdiction suivante: «Que ne franchisse pas les deux portes de la ville tout homme qui ramenerait en 
elle la fornication, par ordre de Wadd». Ce texte, sans rapport avec rarchitecture, ne peut faire ici 
l'objet d'une discussion. 

2 RES 2830 = M 84, situee dans Tangle sud-est de Favant-cour a la base du mur, et classee en D 3 
dans la Paleographie 185 , pourrait, selon F. Bron, se traduire ainsi: «A cote" de cette inscription (se trou- 
ve) le bureau de perception de la taxe, six coud6es en direction de l'ouest» 186 . Accepter cette traduc- 
tion, peu convaincante, il est vrai, amenerait a supposer l'existence de ce «bureau» dans l'avant-cour, a 
quelques metres a l'ouest de ce texte. 



181 Description du site dans Taw&q, 'Atar Ma'in fi <5awf 185 Pirenne, Paleographie, p. 171. Voir aussi Tawfiq, 
al-Yaman [Les monuments de Ma'in (Y6men)], et Les Monuments de Ma'Tn, pi. 39, et Fahkry, An 
dans Fakhry, An Archaeological Journey, t. 1, Archaeological Journey, t. 3, pi. LVHI. 

p. 147. * 186 Bron, Deux inscriptions, p. 35-36. Le r6duit amd- 

182 Pirenne, Paleographie, p. 167, 178 et 180. Voir aussi nage" dans la tour nord, plus propice (?) a ces opera- 
Tawflq, Les monuments de Ma'in, p. 31 etpl. 23-33. tions de paiement, se trouve a Test de ce texte. 

183 Pirenne, PaUographie, p. 208 et 219-222. 

184 Voir F. Bron, Deux inscriptions de la porte ouest de 
Ma'in, dans PSAS, 21, 1991, p. 35-40. 



106 



MA°1N 




RES 2771 — l 

mm 



2775 



C J 




10 25 50 

i 1 1 h- 



100 



Fig. 41 Ma'in: plan de la muraille. 



3 RES 2829 = M 83, juxtaposee a la prec6dente, couvre le reste du mur. Posteneure a la prec6dente 
puisque classee en E 1 dans la Pal4ographie w , elle rapporte que «Waqah c il Sadiq, fils de 'Ilyafa e , roi 
de Main et les magistrats ont consacre' . . . toute la construction du saillant Zrbn depuis les fondements 
jusqu'au mur (?) (tzwr) . . .». Le saillant ^brn est done celui qui flanque la porte au sud. 

4 RES 2774 = M 29, situ6e au-dessus des deux inscriptions pr6c£dentes et classde en E 2 dans la 
Paleographie m , est done la plus tardive. Elle mentionne des travaux entrepris sous Abyada c Yata c qui 
consistent en l'6dification de six courtines et de six tours sur 1'enceinte «en direction du canal (qlft) du 
quartier RmSw (1.2). Ces tours pourraient se situer au sud de la porte. 



187* Pirenne, Paliographie, p. 206. Pour sa localisation, 
voir Tawfiq, Les monuments de Mcfln, p. 25, n° 2, et 
Kh. Y. Nami, Les monuments de Mctln (Yimen). 
Etude ipigraphique et philologique (Publications de 
I'lnstitut francais d'Archdologie orientale du Caire. 
Etudes sud-arabiques, t. II), 1952, Le Caire, p. 2-3. 



188 Pirenne, Paliographie, p. 207; Tawfiq, Les monu- 
ments de Ma'in. p. 24-25 et pi. 17-19; Ntaii, La 
monuments de Ma'in, p. 1-2. 



INSCRIPTIONS HORS-CONTEXTE 107 



Face a ces quatre textes, deux inscriptions se situent sur les murs septentrionaux du saillant nord: 
5 Tawfiq 5 ^ M 401, 189 , grav6e a la base du mur nord-est de Favant-cour, relate que plusieurs person- 
nages ont dedi6 (1.2): «toute la construction du saillant Yhr et sa courtine Rf en bois ( c dm) et en pierre 
de taille (?) fbn) de la base jusqu'au sommet depuis le montant (k'bt) de la porte jusqu'au saillant qu'a 
dedi6 du-Harib» (1.2). Si cette inscription, classee en C 3 dans la Palfographie 190 , etait contemporaine 
de RES 2829, eUe pourrait alors dater la premiere phase des travaux de construction de la porte. 
5 Tawfiq 4 = M 400, grav6e au-dessus de la prec6dente, consigne l'edification du saillant Yhr, sym6- 
trique du saillant ?rbn. 

4.1.3 La porte meridionale (fig. 19 et pi. 20b, c) 

Les carreaux de cette porte ont 6t6 presque tous arraches jusqu'au niveau actuel du sol (pi. 20 c), a 

l'exception de quelques boutisses du saillant oriental sur lesquelles on peut encore lire une inscription 

de graphie relativement recente: 

1... Qabdim et Wadd . . . 

2 . . . les offrandes sept et . . . 

3 . . . 6gorg6 a c Attar du-Qabdim . . . 

(MAFRAY-MaTn 1) (Traduction Ch. Robin). 



4.2 LES MURS ET LEURS INSCRIPTIONS 

Deux textes ont pour auteur des contemporains de Haffan Yata c : le premier RES 2804 = M 59 est 
grav6 sur la face interieure d'un mur de courtine orientale, le second MAFRAY-Ma'm 13 sur la face 
anteneure d'un saillant situe a l'ouest de la porte meridionale. 

- RES 2804 = M 59 rapporte la realisation de travaux « depuis le saillant jusqu'a la limite . . . mur 

de facade (?) (qdm) et am6nagements inteneurs (?) (m c dr) de la fondation jusqu'au fafte, lorsqu'il a 
offert une offrande a Wadd et a sa divinity tut61aire ...» La traduction par Ch. Robin des deux ter- 
mes qdm et rrfdr par «mur de facade» (?) et «amenagements interieurs» (?) pourrait assez bien ren- 
dre compte de l'existence d'un mur de pierre a double rangee de carreaux et de structures en bois: 
planchers et moyens d'acces (voir hypotheses de restitution p. 48). 

— MAFRAY-Matn 13 ne consigne aucune operation de construction. 

4.3 INSCRIPTIONS HORS-CONTEXTE 

Une seule dedicace, classee en D 1 (Paleographie, p. 170), RES 2814 = M 69, consigne des travaux de 
construction ou de reparation de ?lwt, de «chemins de ronde de l'6tage superieur (?)», et divers amena- 
gements dans plusieurs saillants (1.4 . . .). 



189 Tawfiq, Les monuments de Mcfin, p. 122; Pirenne, tions, p. 130-151 (Ja 404). Photographie dans 
Paliographie, p. 167; Nami, Les monuments de Pirenne, Paltographie, pi. XXI a. 

Ma'in, p. 3-4; A. Jamme, Les inscriptions Ta A. M. 191 Ch. Robin, Premieres mentions de Tyr chez les 

4 et 5, dans Cahiers de Byrsa, 4, 1954, p. 128-130. Miniens d 'Arabic du Sud, dans Semitica. Hommages 

190 Tawfiq, Les monuments de Mcfin, p. 26; Nami, Les a Maurice Sznycer, XXXTX, 1990, p. 138-139. 
monuments de Ma'in, p. 5-8; Jamme, Les inscrip- 



108 as-sawda' 




Trois inscriptions n'apparaissent pas dans la Paliographie: • 

- RES 2783/2-3 = M 37 evoque la «. . . la partie ant6rieure (?) d'un mur (mwsmm) (?) et en bois C4) 
et en parement decor6 (?) (tqr) et le mur de facade (?) (qdm) et les amenagements inteneurs (?) 
(m c drm) ...» (1.2) ainsi que d'autres murs de saillants (1.3). 

- RES 2797 = M 52 consigne la construction d'une courtine en pierre blq. 

- RES 2825 = M 79 mentionne la partie ant6rieure du mur (?) (mwsmm) d'un saillant. 
Mentionnons aussi l'inscription RES 3012 = M 236 de BaraqiS qui consigne la construction de deux 
courtines et de saillants en pierre blq et en bois ( c d), etc. sur l'enceinte de Main; elle serait contempo- 
raine de RES 2774 et de RES 2775 192 . 



4.4 CARACTERISTIQUES TECHNIQUES 

A la difference de Kamna, la plupart des murs de Main ne component a 1'horizontale qu'une rangee 
de carreaux, et de boutisses qui assurent la liaison avec le massif de brique crue inteneur. En divers 
endroits, notamment a la porte occidentale, les boutisses forment des senes verticales disposees a 
intervalles assez reguliers d'environ 3 m et intercal6es une assise sur deux. Plus rarement, dans le cas 
de la courtine orientale et de certains murs de la porte occidentale, les murs sont constitues de deux 
rang6 es de pierre composees de deux quality's de calcaire differentes et taillees, grossierement a l'int£- 
rieur et plus finement a l'exteneur. Mais, dans tous les cas, les joints montants et horizontaux sont 
adapted a la regie malleable, d'apres J. -CI. Bessac, si bien que l'epaisseur des joints n'excede pas un 
millimetre. II faut enfin noter la generalisation d'un renfort spdcifique dans les angles des saillants par 
imbrication de boutisses aux extremites des pans de murs (v. p. 31). 



Conclusion 



L'histoire de la muraille de Main presente, d'apres ses dldicaces encore in situ, trois grandes phases 
de construction. Les premiers grands travaux remontent aux regnes de Ilyafa c Riyam, Vata^ Riyam, 
Ilyafa c Yata c et Haffan Yata c . Les portes orientale, mendionale et occidentale" 3 sont probablement 
alors mises en oeuvre, esquissant ainsi le plan ggneral de la muraille; cette phase pourrait remonter au 
5 e -4 e siecle avant notre ere (?). D'apres la paleographie de RES 2804 = M 59, le mur de courtine 
orientale aurait €t€ bati a cette epoque, ce qui peut sembler 6tonnant, compte-tenu des differences de 
mise en oeuvre. 

La phase interm6diaire, caracte"ris6e par les inscriptions de graphie D, ne connait que des travaux 
d'importance mineure. Les textes RES 2830 = M 84, M 400 et 401 ne rapportent que Tachevement du 
dispositif d'entr^e occidental. 

II revient aux deux souverains Abayda c Yata c , roi de Main, et Ilsami c Djibyan, fils de Malikkarib, roi 
de Hadramawt, de faire ex6cuter les derniers travaux sur l'enceinte. Sous le regne du premier, plu- 
sieurs personnages achevent l'6dification du secteur occidental (RES 2774); puis, ses successeurs con- 
sacrent le saillant Hrfsux la porte orientale (RES 2775) et achevent sans doute aussi la porte mendic- 
nale (MAFRAY-Maln 1 de graphie tardive). 

192 NSmi, Les monuments de M<fXn, p. 4-7. 193 II faudrait attribuer les textes Tawftq 6, et sans doute 

aussi RES 2829 - M 83, a la meme penode. 



LA MURAILLE ET SES INSCRIPTIONS 109 

5. Inabba' 

(l'antique a nif) 



Ce site se trouve en aval du wadi Madab, a mi-distance entre Main et le Gabal al-Lawd. Son enceinte 
rectangulaire de 225 m sur 200 m se r6duit a des vestiges tres erodes du massif de brique crue; tous les 
parements de pierre ont ete pilles en surface. 



6. Baraqis 

(l'antique Ytt) (fig. 42) 



Sa muraille forme un ensemble exceptionnel tant par son 6tat de conservation que par l'interet de ses 
inscriptions 194 . Inoccupation continue de la ville entre les 10 e et 18 e s. ou les maisons se sont souvent 
installees a l'abri des murailles, explique a ce jour leur hauteur. 

La muraille comporte de tres nombreuses inscriptions, pres de trois cents fragments, in situ ou remplo- 
yees dans les murs, qui consignent le nom des saillants et de leurs divers elements architecturaux. 
Avant d'entreprendre l'etude de la muraille, il convient de rappeler quelques faits relatifs aux periodes 
archa'iques de la ville. Baraqis est avec al-Bayda' la seule ville du Gawf que le moukarrib Kartell 
Watar, fQs de Damai^ali «entoure de murs» (ou git 3 ); la similitude de leur trace en est sans doute la 
seule preuve plausible. Or BaraqiS est attest^ avant la conquete sabeenne, de telle sorte qu'on ne peut 
que supposer Texistence d'un systeme defensif anteneur; celui-ci aurait alors disparu sous les construc- 
tions sabeennes. 



6.1 LA MURAILLE ET SES INSCRIPTIONS 

6.1.1 La porte occidentale (fig. 26) 

Les plus anciennes inscriptions in situ de toute l'enceinte se trouvent dans le dispositif d'entree de Tan- 
gle sud-ouest. 

Le premier texte de ce dispositif, RES 3021 = M 246, grave a la base du saillant 2, class6 en D 2 dans 
la Paleographie 195 , rapporte que plusieurs personnages contemporains de Ilyafa c Yasur et son fils Haf- 
fanum Riyam, rois de Main, construisent (1.2) les sept saillants Dr'n, Rdwn, Rbqn, Zbyn, Lb% Rbqn 



194 Voir par exemple: Fakhry, Archdkological Journey, etude exhaustive des techniques de construction n'a 

1, p. 141—142. Depuis 1990, BaraqiS fait l'objet 6td encore entreprise. 

d'une fouille de la Mission archeologique italienne: 195 Pirenne, Paleographie, p. 149—150 et note annexe 

quelques pans de muraille ont 6x6 d6gag&, vers les IV, p. 257-260, Mais on ne connait aucun sanctuaire 

saillants 12-13, autour du temple de Nkrh et une extra-muros a BaraqiS, hormis ceux de Darb as-$abi. 
poteme d'acces a celui-ci a 6t6 d^couverte. Aucune 



1 



110 



BARAQlS 




n 20 1» H 17 16 15 14 « B tl « 




37 M 1* 40 41 42 4J 44 45 



10 25 50 

I 1 1 1— 



100 

— Im 



Fig. 42 BaraqiS: plan de la muraille. 



et Zrbn ainsi que la courtine HrS et celle des Banu du-Hasbar. On peut raisonnablement identifier les 
saillants Rbqn avec le saillant n° 58, Lb 3 n avec le saillant 4, Zrbn avec le saillant 5 et sans doute Zbyn 
avec le saillant 3. Les deux saillants Rdwn et Dfn 6taient probablement situes a l'ouest de la porte, 
secteur qui a €t€ remante par la suite, puisque leur nom n'apparait plus dans les inscriptions posteneu- 
res. 

Le texte RES 2978 = M 200 196 d^borde sur les blocs infeneurs ou l'inscription prec6dente est gravee; il 
lui est done posteneur. II relate la construction du saillant Yfn, sans doute le saillant 2 qui flanque la 
porte au nord. Le saillant sym6trique 3, ne comporte aucune inscription in situ mais son nom figure 
dans RES 3021: Zbyn, il a done 6t6 6diM apres le saillant 2. 

Le saillant 58 se dresse a une vingtaine de metres a l'ouest de la porte principale. II a 6t6 sans doute mis 
en chantier au temps de RES 3021 qui le mentionne deux fois, et se tenait en avant de la muraille. Sa 
face orientale 197 montre RES 2975 = M 197 qui a pour auteur des «amis de Ilyafa c YaSur et de (son) fils 
Haffanum Riyam, rois de Ma°In»; ce texte relate a nouveau l'ddification du saillant Rbqn et des murs 



196 



197 



Voir la traduction de Ch. Robin, A propos des ins- 
criptions in situ de BarOqish, I' antique Y[l (Nord-Yt- 
men), dans PSAS, 9, 1979, p. 103. 
Photographie dans W. W. MUller, Bemerkungen zu 
einigen von der Yemen- Expedition 1977 des Deut- 



schen Archdologischen lnstituts aufgenommenen In- 
schriften aus dent Raum MOrib und Baraqii, dans 
ABADY, 1, 1982, p. 132-133 et pi. 54a et b. Voir 
aussi Robin, A propos des inscriptions, p. 103. 



LA MURAILLE ET SES INSCRIPTIONS 111 



de courtine qui le relient au saillant d-mlh. II est d6sormais aise d'identifier le premier avec le saillant 
58, et le second avec le saillant 57. Le saillant Rbqn pourrait done n'avoir 6t6 isol6 qu'a l'intervalle 
entre les deux textes RES 3021 et 2978, et n'avoir 6t6 construit qu'apres le saillant d-Mlh (57). Or 
celui-ci, tout comme le saillant 1 (YSbm), ne figurent pas dans RES 3021: il est done probable que les 
deux saillants (Ysbm et d-Mlh) se sont substitues a deux saillants ant6rieurs (IFrn et Rdwri) consigned 
dans RES 3021. 

Les successeurs de Haffanum Riyam s'empressent de computer ce dispositif; RES 3012 = M 236, ne 
figurant pas dans la Paleographie, rapporte en effet l'achevement des deux courtines Tsbm et Sbmt 
qu'il est raisonnable de situer entre les saillants 1 et 57 ou 57 et 56. Ce texte consigne aussi la construc- 
tion d'un saillant d-mlh et de deux «courtines et deux saillants» sur l'enceinte de Main. Un autre texte, 
RES 2976 = M 198, class6 en E 2 dans la Paleographie 198 rapporte la construction du saillant Ysbm: ce 
texte bien que grav6 sur un bloc de remploi dans la courtine 1—57, precise sans doute le nom du sail- 
lant 1. Ce mdme saillant Ysbm fera Pobjet de reparations (ou d'amenagements) sous le regne de Yata- 
c, il Sadiq, selon RES 2973 = M 195, de graphie tardive 199 . 

6.1.2 Le mur sud-ouest 

II revient aux contemporains de Abyada c Yata c , roi de Ma'm, de poursuivre ces travaux de construc- 
tion: deux inscriptions au moins sont gravees sous son regne, RES 3022 = M 247 et RES 2971 (= 
M 191-194). La premiere, encastree dans la courtine 4-5, rapporte l'edification de cette courtine 
(Tn c m) et des deux saillants voisins Zrbn et Lb'n 200 . La construction de cette courtine Tn c m est aussi 
mentionnee dans RES 3010 = M 233. La seconde, RES 2971 bis, gravee sur le saillant 5, relate la con- 
s6cration d'un saillant dont le nom a disparu, peut-6tre L[b 3 nJ (?) (pi. 18b). Les contemporains de 
Abyada c Yata c poursuivent done vers Test rectification de la muraille, composee a cet endroit de cour- 
tines de longueurs irr6gulieres et de d6crochements d'importance in6gale 201 . 

6.1.3 Le mur meridional (saillants 5 a 8) 

Les travaux de fortifications se poursuivent encore plus a Test, sous le regne de Abyada c Yata c et de 

son fils Waqah'il Riyam, puis sous celui de son fils seul. 

Sous la coregence, plusieurs personnages entreprennent la construction de la courtine 11-12 (appelee 

Mdb: RES 3535/1 = M 347) (pi. 18 d) et peut-etre aussi des saillants 5 a 18 (selon RES 2929/3 = 

M 151) 202 . En outre, les trois inscriptions in situ dans la courtine 17-18 (RES 2941 + 2945 + 2946 = 

M 163 + 151) appartiennent a la meme inscription. 

II est curieux cependant de constater que le successeur de Waqah 3 il Riyam, Abkarib Sadiq, fait entre- 

prendre des travaux de construction (ou de reparation?) entre les saillants 5 et 11 edifies, une ou deux 

gen6rations plus tot. En effet, RES 2965 = M 185 (pi. 18c) rapporte que plusieurs personnages (1.1) 

6difient (ou remettent en 6tat) le saillant d-Bqrn (11), les courtines slf, °lhn, et d-Ndbn ainsi que la 

courtine d-sftn 203 ; ces saillants devraient se situer a l'ouest du saillant 11 puisque la courtine 11-12 a 



198 Pirenne, Paleographie, p. 207. 202 Pirenne, Paleographie, p. 216-218. Les tours Zrbn 

199 Ce texte, sans classement paleographique, est encas- et Lb'n portent les numeros 17 ou 18; la courtine qui 
tr6 dans la tour n° 4. * les relie pourrait etre l'une des deux courtines Sbm 

200 D'apres la traduction de Robin, A propos des inscrip- (RES 2946/2) . 

tions, p. 104. 203 Voir la traduction de Robin, A propos des inscrip- 

201 La longueur des courtines 3-4 est de 3,30 m, 4-5 de tions, p. 104. 
11,05 m et 5-6 de 8,03 m; la longueur des decroche- 

ments 6 est de 8,40 m, et 7 de 7,00 m. 



112 



BARAQlS 




et6 construite lors de la cor6gence mentionnee ci-dessus. II subsiste cependant un element d'incerti- 
tude puisque RES 3009 = M 232 204 , gravee sur la courtine 10-11, ne peut etre precisement datee. 

6.1.4 Le mur meridional (saillants 18-21) 

A l'est du saillant 18, les inscriptions in situ attestent une rupture dans les travaux de construction. En 
effet, RES 2999 = M 222, encastree dans la courtine 18-19 a pour auteur des contemporains de 
Waqahll Yata c , de son fils Ilyafa Yasur, rois de Main, et de Sahr Yagul Yuhargib, roi de Qataban qui 
regnent vers le milieu du 2 e s. av. n. e., soit un demi-siecle environ apres Waqah'il Riyam; le texte 
relate: «la construction et le mur (?) de la courtine Trm» (1.2). Or il est interessant de noter que les 
saillants situes a Test du n° 18 sont beaucoup plus larges et les courtines plus courtes que les construc- 
tions occidentales (n° 10-14 par exemple) 205 . II reste cependant difficile d'attribuer une portion de la 
muraille aux contemporains de Waqah'il Yata c puisqu'aucune inscription n'est in situ. 

6.1.5 Les secteurs oriental et septentrional 

La portion d'enceinte qui se situe entre les saillants 21 et 57 comporte des saillants plus massifs et des 
courtines plus courtes que ceux qui defendent le cdt6 meridional 206 . Ce secteur d'apparence homogene 
est difficile a dater pour deux raisons: l'importance des remplois et l'absence d'inscriptions in situ. Un 
seul texte en place, RES 3060 = M 283, relate la construction de la courtine 40/41 par des contempo- 
rains de Abyada Ryam, [fils de Hayw Sadiq] 207 . 



6.2 REMARQUES SUR LA CONSTRUCTION 

Les observations de surface permettent de faire quelques remarques sur les techniques de construction 
et d'ornementation de la muraille. 

A la difference de Main, les murs (visibles en surface) de BaraqiS sont uniquement composes, a rhori- 
zontale, d'une seule rangee de carreaux et de boutisses. Ces dernieres sont reparties a intervalles 
irreguliers, mais il n'existe aucun dispositif de liaison par series verticales de boutisses. A BaraqiS, le 
massif interieur de brique ne semble pas exceder 2 m de large (en arriere des courtines) et 6,50/7 m de 
haut. Comme a Main, les angles des saillants sont parfois renforces par deux boutisses imbriquees aux 
extremites des pans de murs (par exemple au saillant 11). Les parements sont ornes de ciselures pen- 
metriques et d'une taille pointee fine au centre. Les contacts sont parfois peu precis (en dents de scie), 
parfois plus reguliers car Us correspondent a un arrgt du piquetage sur une surface deja bien aplanie au 
ciseau; ce dernier type de delimitation se retrouve a al-Bayda' et a Main 208 . 



204 
205 



206 



Pirenne, Paliographie, p. 207 classe ce texte en E 2. 207 

Les saillants 11-14 mesurent en moyenne 5,80 m de 
large, et les saillants 18-21 6,40 m; les courtines 
11-16 mesurent en moyenne 8,22 m de long, et les 
courtines 18-21 6,50 m de long. 
La largeur moyenne des saillants 30-40 est de 
6,02 m contre 5,84 m pour les saillants 10-20; la lon- 
gueur moyenne des courtines 30-40 est de 6,50 m 208 
contre 8,50 m pour les courtines 10-20. Signalons 
une exception: la courtine 45-46 est longue de 
17,70 m. 



Robin - BaraqiS 1, le texte complet de M 283, sem- 
ble de graphie tardive, selon Ch. Robin (communica- 
tion orale). Pour la traduction voir Ch. Robin, Mis- 
sion archfologique et tpigraphique frangaise au 
Yimen du Nord en automne 1978, dans CRAIBL, 
1979, p. 195-196 et fig. 7; voir aussi Robin, A pro- 
pos des inscriptions, p. 105. 
Voir Bessac, Les techniques de construction (a para- 
hre). 



113 



CONCLUSION 



Conclusion 



Resumons ainsi les grandes phases des travaux de Baraqis. II revient a Ilyafa c Yasur et a son fils Haffa- 

num Riyam de mettre en oeuvre le chantier, en commencant par le dispositif d'entree occidental et par 

les sept saillants proches. 

Les contemporains de Abyada Yata c et de son fils Waqah'il Riyam construisent la quasi-totalite" des 

murs situ6s entre la porte occidentale et le saillant 18, travaux qu'achevent les contemporains de Abka- 

rib Sadiq et Yata^il Riyam. 

Les travaux reprennent sous Waqah'il Yata c et son fils Ilyafa Yasur apres quelque interruption, 

l'adoption d'autres modules architecturaux tendrait a le confirmer. II semble que les secteurs oriental 

et septentrional (22—56) sont construits a cette p6riode mais aucune inscription ne permet toutefois de 

confirmer cette bypothese. 



Chapitre 8: Les fortifications qatabanites 



II semble 6tonnant qu'aucune inscription archaique ne rapporte l'edification de fortifications dans les 
wadls Bayhan et c Ayn/Harib. II devait pourtant exister dans cette region des systemes traditionnels de 
defense, constitues probablement d'6difices contigus, mais leurs batisseurs, pas plus qu'ailleurs, ne 
consignent ces travaux par des inscriptions. Par la suite, les moukarribs sabeens n'entourent pas les 
6tablissements de murailles continues, comme a Yala ou a Baraqis, en raison meme de leur alliance 
avec les Qatabanites: aucune dedicace de fortification sabeenne ne peut done, a moins du contraire, 
Stre retrouvee dans le wadl Bayhan. Dans le wadl c Ayn/Harib, relie au precedent par la passe de 
Mablaqa, aucune inscription ne semble preciser son appartenance politique a la periode archaique, 
tandis qu'a cette meme periode le wadl Guba', situe" au nord-ouest, passe sous domination sab6enne. 



1. Les premieres fortifications 



1.1 LES FORTIFICATIONS DU WADI GUBA 

Dans le wadl Guba, E. Glaser ddcouvrit plusieurs inscription sur trois sites denomm6s, «Naga', Muqis 
et al-Hagar» 209 ; elles attestent que cette region fut sabfienne avant de devenir qatabanite. 
Un texte (Gl 1112 + 1116 + 1120 = 1123 + 1124 4- 1125), releve a «Muqis», mais deplace a Yala, rap- 
porte que: «Yada c 'il Darih, fils de Sumhu c cdl, moukarrib de Saba', a entoure de murs (grC) Mrd c m 2W ». 
Un autre texte, tres mutile, Gl 1114: «. . .] ly a construit [. . .», (. . .] Hylbny [. . .), classe entre les grou- 
pes A et B par J. Pirenne 211 , aurait pour auteur un des premiers moukarribs sabeens. 
Sur le site d'al-Hagar, une inscription RES 3671 = Gl 1343 rapporte qu'un certain Hawf amm Yuhan- 
c im, fils de Sumhuwatar, entreprend quelques travaux defensifs, notamment l'edification d'une tour 



209 Les prospections menses par Toplyn, The wadl cd-Ju- 210 E. Glaser, Kartenbuch, Handschrift, Osterr. Akad. 

bah, vol. 1, ont permis d'identifier un site majeur Wis*. Wien, p. 39, 56, cite par von Wissmann, Zur 

pres d'al-6uba: Hagar ar-Raytanf (HR 3) d'ou pour- Archaologie, p. 102. 

raient provenir ces inscriptions, ainsi que trois sites 211 Von Wissmann, Zur Archaologie, p. 104-105, et 

mineurs autour de Naga': al-Qahir (N 6 et N 7) et Pirenne, Paliographie, p. 130 note 3 et p. 133. 

Hagar al-GawI Naga' (N 8) (p. 32, carte 4 et p. 33). 
Aucun site ne semble correspondre au toponyme 
Muqis. 



116 



LES PREMIERES FORTIFICATIONS 




g mr „2i2 Sur j e s j te d'al-Guba, des blocs portent des d6dicaces de construction au nom de ce m6me 
personnage, moukarrib de Qataban; ce sont notamment: 

- RES 3669 = Gl 1333 + Ghul-al-Guba 1: 

«Hawf amm Yuhan'im, fils de Sumhuwatar, moukarrib de Qataban et enfant de c Amm, a bSti la 
tour Mrs» 213 , 

- RES 3675 = Gl 1121: 

«Hawf amm Yuhanlm, fils de Sumhuwatar, moukarrib de Qataban et enfant de c Amm, a bSti la 

tour . . .» 
Quelque soit leur provenance, tous ces textes se raportent a l'enceinte de Naga' dont on connait desor- 
mais les noms des six tours: Mrs (RES 3669), Hwy (Gl 1117), Hmrn (Gl 1343 et 1588), Yhfl 
(Gl 1583), M c rbm (RES 3552/3) et Brm (RES 3553/ et Gl 1342 + 1344), textes que J. Pirenne classe en 
C 2-C 3 214 . D'apres H. von Wissmann, ces travaux de fortification auraient requis une quarantaine 
d'ann6es 215 ' 



1.2 RAYDAN (L' ANTIQUE RYDN) 

Le chateau de Rydn se dresse sur un piton abrupt, au confluent des wacfis Bayhan et Hot, non loin du 
village de Husn Hacfi. 

RES 3871, class6 en B'3 par J. Pirenne {Paliographie, p. 134), rapporte que: «Rabbum, fils de 'Abilin 
a ete pr6pos6 a la construction de Rydn dans la direction de Hadlnum . . . par Sahar Yagul*. J. Pirenne 
situe le regne de ce souverain entre celui de Waraw°il (RES 3945/13) et celui de Sumhuwatar (RES 
3943) vers le 4 e s. av. n. e. 216 , tandis que H. von Wissmann voit, dans rectification de ce point fortifie 
comme dans celle de Naga', un signe de l'emergence de l'Etat qatabanite 217 . Mais les observations de 
R. LeBaron Bowen, au sommet du Gabal Raydan, laissent supposer que ce. sommet n'etait couronne 
que d'un poste d'observation modeste 218 . 

En conclusion, l'histoire des premiers systemes deiensifs dans les wadls Bayhan-Harib demeure encore 
bien obscure, et les fouilles de Timna c et de Hinu az-Zurayr pourront sans doute apporter quelques 
elements de reponse. 



212 



213 



214 



Pirenne, Paliographie, p. 112 et note epigraphique 
VTJI, p. 264-265; elle classe RES 3671 en A 3, 
p. 264. Le site d'al-Hagar pourrait correspondre a 
Hagar ar-Rayljanl. 215 

La fac-simiM de I'estampagne de Gl 1333 a 6t6 public" 216 

par Wissmann, Zur ArchHologie, p. 100. fig. 11; le 217 

fragment Ghul-al-Guba 1 vient le completer. Pour 
ces inscriptions, se rtferer a F. Bron, Inscriptions du 
wHdl L-Gtiba, dans Memorial Mahmud al-Ghul. Ins- 
criptions sudarabiques, Paris, Geuthner, 1992, 
p. 107-108. 

II faut citer aussi RES 3670 = Gl 1339 qui mentionne 218 

la construction d'une tour dont le nom n'est pas 
connu. J. Pirenne classe ce texte, en boustrophddon, 



dans le groupe A, ainsi que le texte RES 3671 = 
Gl 1343, ce que refute von Wissmann, Zur ArcMolo- 
gie, p. 107... 

Von Wissmann, Zur ArchHologie, p. 8. 
Pirenne, Paliographie, p. 134 et 149. 
Von Wissmann, Zur ArchUologie, p. 114. H. von 
Wissmann dans Die Geschichte von Saba'. Das Grofi- 
reich der Sabtier bis zu seinem Ende im friihen 4. Jh. 
v. Chr., Hrsg. von W. W. M Oiler (AWW, SB 402), 
Wien, 1982, p. 359-360, date la construction de 
Raydan du milieu du 5* s. av. n. e. (RES 3871). 
Bowen, Archaeological Survey of Beih&n, p. 7—8; p. 
24, ph. 16-17; p. 25, ph. 18-19. 



hagar kuhlan 



117 



2. Les fortifications des wadis Bayhan et Harlb du 4 e (?) au ler (?) 

siecle avant notre ere 



2.1 HAGAR KUHLAN (L' ANTIQUE TMN C ) (FIG. 43) 

L'ancienne capitale qatabanite est defendue par un puissant dispositif fortifie long de 1850 m environ, 
qui disparait partiellement sous les deblais et les constructions recentes (fig. 43) 219 . L'enceinte etait 
percee de quatre portes symettiques, au nord-est, nord-ouest, sud-ouest et sud-est, installees, au 
moins pour les trois premieres, en retrait des lignes defensives, au fond d'importants decrochements. 



2.1.1 La porte sud-ouest, communement appelee «porte sud» (fig. 27 et pi. 24) 

(voir description page 68—70) 

Le seul temoin encore impressionant de cette muraille est la porte meridionale, partiellement degagee 

par la Stidarabische Expedition 120 , revue par G. W. Bury qui en dresse un croquis tres approximatif, et 

enfin entierement fouill6e par la mission americaine de 1950 221 . Hormis son etat de conservation, l'in- 

t6r6t primordial de cet ouvrage reside dans le grand nombre de textes graves sur les soubassements des 

deux tours de flanquement. Mais, en depit de tous ces travaux, quelques-unes de ces inscriptions ne 

sont toujours pas publiees. 

Deux dedicaces de construction sont encore en place sur ces deux tours: RES 3881 + TSb et Ja 2437. 

La premiere est gravee sur deux blocs, l'un encore en place au sommet du soubassement occidental 

(RES 3881) et l'autre sur un bloc retrouve a une dizaine de metres au Sud en 1950 222 , et la seconde, sur 

la tour orientale. 

RES 3881 + TSb se lisent ainsi: 

la Sahr Gaylan, fils de Ab§ibam, roi de Qataban et de tous les enfants de c Amm, 

lb ... a construit et inaugure tout le batiment et l'execution 



219 Bowen, Archaeological Survey of Beihan, p. 17, 
ph. 4 et p. 18, fig. 6. 

220 N. Rhodokanakis, Die Inschriften an der Mauer von 
KohlanlTimncf (AWW-SB, 200/2), Wien, 1924 
publie le croquis de G. W. Bury (fig. 2), repris dans 
CIAS, I, 1977, p. 115. 

221 Fouille non publtee. Une photo apres fouille figure 
dans W. Phillips, Qataban and Sheba, 1955, p. 188. 
Voir aussi note 100. 

222 Le bloc de l'inscription TSb (Timna c South Gate), 
bris6 a ses deux extremitds, mesure actuellement 
1,78 m. Or, l'intervalle compris erftre le bloc de RES 
3881 (a g.) et le nu du montant de la porte (a dr.) 
mesure 1,32 m. J. Pirenne dans CIAS, 1-110 affirme 
qu'il manque dans TSb, au moins les mots suivants: 
bkrfnby, si ce n'est la formule entiere: wdhsml 
wtbnwIbkrPnby. 



Le debut de TSb ainsi que les manques ne peuvent 

etre graves que sur l'extreme bord droit du bloc de 

RES 3881 et non «sur le grand 6clat qui a emport6, 

en 6paisseur, le bord droit de RES 3881» (CIAS, 

1-110). 

La restitution des deux inscriptions implique done la 

disposition suivante: 

- Les deux champs inscrits (de RES 3881 a g. et de 
TSb a dr.) sont distants d'au moins un metre, 

- La partie gauche de TSb etait grav6e sur l'extr6- 
mit6 droite du bloc de RES 3881 sur 0,40 m environ, 

- Le bloc droit de TSb depasse de 0,50 m environ le 
nu du montant de la porte, dispositif que Ton 
retrouve sur le bloc symdtrique de l'autre cote de la 
porte. 



118 



LES FORTIFICATIONS DES WADIS BAYHAN ET HARIB 



Porte 
nord-ouest 




Porte nord-est (?) 




Fig. 43 Hagar Kuljlan/Timna': plan giniral du site. 



HA6AR KU1JLAN 



119 



2 a de la porte d-$dw et des socles (nmr) Hmrr et Shb montes en appareil cyclopeen ('bn), et en pierre 

blq, et en bois ( c d), et en calcaire (?) (mrt) 
2b avec l'aide du peuple de Qataban. . . 223 . 

C'est aussi Sahr Gaylan, roi de Qataban qui est mentionne dans Ja 2437, grave sur un bloc «in situ dans 
le mur meridional du rentrant situe sur le flanc occidental du bastion oriental* 224 . Cette dedicace de 
construction rapporte la construction et l'ex6cution de la porte du-Sadaw, de ses soubassements et de 
ses superstructures («des fondations au sommet») (lignes 2-6). J. Pirenne classe les inscriptions au 
nom de ce souverain en E 2 (RES 3688), stade qu'elle attribue a la fin du 3 e siecle avant notre ere 
(?) 225 . 

Le souverain qatabanite Sahr Gaylan fils de Ab§ibam, apparait ainsi comme le seul constructeur de la 
porte meridionale. Entreprend-il aussi d'autres travaux defensifs sur la muraille? il faudrait attendre la 
publication des textes in situ de Hagar Kuhlan pour l'affirnier. 

2.1.2 La porte septentrionale 

Edifiee dans un large decrochement de la muraille, elle disparait quasi-entierement sous les deblais. 
Cette porte n'a fait l'objet que d'un degagement tres partiel en 1989: quatre autels inscrits sont notam- 
ment apparus, entre deux massifs de maconnerie; ils mesurent entre 41 cm de long et 35 cm de large 
pour le plus grand, 32 cm sur 31 cm pour le plus petit et comportent des inscriptions d'une graphie 
archaique sur deux de leurs c6tes (voir pi. 25 a et b). 

En 1982, la Mission francaise decouvrit un long texte (MAFYS-Timna c 1) provenant, d'apres les infor- 
mateurs locaux, de cette meme porte et partiellement traduit ici (pi. 25 c) 226 . 
1 Yada ra ]ab Dubyan Yuhanlm, fils de Sahr, moukarrib de Qataban . . . 

3 a bati et 

4 inaugure] Sqrw et ses deux socles (nmr) et son mdqnt en appareil cyclopeen ('bn), en bois ( c d), en 
albatre (mwgl), en enduit (?) (mrt) et en pierre blq, et tout ce que 

5 . . .] et son . . . , grace a la levee d'hommes de Qataban . . . 
(Traduction F. Bron). 

Le nom de la porte est desomais connu: sqrw, les termes architecturaux, similaires a ceux de la porte 
meridionale, permettent de supposer une identite d'aspect et de mode de construction: deux puissants 
soubassements d'appareil cyclopeen aux murs interieurs delimitant des caissons, et surmont6s de 
superstructures faites d'ossatures de bois et d'un remplissage de brique crue enduit a l'exteneur (?) 227 . 



223 RES 3881, partie gauche de l'inscription, a 6t6 
publide par Rhodokanakis, Die Inschriften an der 
Mauer von Koftlan-Timnef p. 48-49; la partie 
droite, dite TSb (cote de fouille), a ete signalee par 
A. Jamme, Miscellanies d 'ancient (sic)arabe, III, 
Washington, 1972, p. 42-44. La traduction proposee 
par J. Pirenne, (CIAS, 1-112), confrontee aux don- 
nees architecturales, et aux remarques de A. F. L. 
Beeston, Miscellaneous Epigraphic Notes dans Ray- 
dan, vol. 4, 1981, p. 14-15, a done €t€ modinee par 
nos soins. Les «r£ceptacles ajour6s» ne sont que les 
soubassements en appareils cyclop6ens, et la pierre 
blq ne peut etre utilis^e qu'en elevation. 

224 Jamme, Miscellanies, III, 1972, p. 44. 

225 Pirenne, Paliographie, p. 207 et tableau 5; dans 
CIAS (I. 116), elle situe la graphie de RES 3881 + 
TSb vers 225-230 av. n. e. 



226 



227 



Bloc decouvert par Khairan az-Zubaydi en 1983, 
photographie et fac-simile' remis a Ch. Robin en 
1983, revu par F. Bron en 1989; nous le remercions 
ici pour sa traduction des termes de construction. 
Ces termes techniques appellent quelques remar- 
ques: la brique crue apparait dans RES 3880/6 (tra- 
duction RES); le terme mrt est souvent traduit par 
«enduit (?)» mais par «calcaire» dans M. A. Ghul, 
New Qatabani Inscriptions, I, p. 4 et dans le Diction- 
naire sabeen. Sans entrer dans une discussion philo- 
logjque, rappelons seulement que les panneaux ext6- 
rieurs compris entre les poutres de l'ossature peuvent 
Stre soit enduits (de terre), soit recouverts de plaques 
de calcaire d^corees de ciselures p6rim6triques et de 
panneaux piquet6s (cas du chateau royal de Sabwa). 



120 LES FORTIFICATIONS DBS WADlS BAYIJAN ET liARffl 



Le texte RES 3880 (= Gl 1410) qui n'a pas ete decouvent a la porte mesidionale, pourrait-il provenir 
de cette porte? Son auteur, Yada c 'b Dubyan Yuhan c im, est le meme que celui de l'inscriptioii sus-men- 
tionnee, et le contenu du texte tres semblable: (il) «. . . construit et dirige toute la construction en appa- 
reil cyclopeen ('bn), en bois, en pierre balaq et en enduit (?) (mrt) ...» (1. 5-6). II est probable que ce 
texte, publie par N. Rhodokanakis sans mention de sa localisation, ait disparu depuis. J. Pirenne ne le 
classe pas dans la Palfagraphie mais suppose que son auteur est posterieur a Sahr Gaylan, fils de AbS- 
ibam, mentionne dans RES 3881 228 . 

2.1.3 La porte sud-est: 

A la faveur de pillages divers, B. Doe a pu retrouver 229 , dans les annees soixante, les bastions de la 
porte, et observer l'appareil, semble-t-il, regulier des murs. En arriere de cette porte, se trouvaient un 
certain nombre d'edifices, aujourd'hui disparus 230 . 

2.1.4 La porte nord-est: 

Celle-ci disparait entierement sous les ddblais. 

En conclusion, les d6dicaces de construction au nom de Sahr Gaylan et Yada"b Dubyan Yuhan'im, 

dont les styles paleographiques sont tres proches (E 2 et E 3), semblent attester que les deux portes, 

nord et sud, sont quasi-contemporaines (fin du 3 e s. avant notre ere?, selon J. Pirenne). D est probable, 

mais tout a fait hypothetique, que les autres portes leur soient aussi contemporaines. 

Les dimensions de l'enceinte, le nombre des portes et le soin mis a leur construction permettent done 

de classer Timna c parmi les systemes deiensifs les plus importants de la region. 



2.2 HINU AZ-ZURAYR (L' ANTIQUE HRBT) (FIG. 44 ET PL. 26) 

Si les textes de construction de Hagar Kuhlan ne sont guere posterieurs au 3 e s. av. n. e., ceux de flinu 
az-Zurayr signalent une reprise des travaux au d£but de notre ere. 

Le site primitif se compose d'un penmetre d6fensif, de forme trapezoidale, constitul de maisons 
irr6gulierement juxtaposees et d'autres elements architecturaux 231 . Une «ville basse* s'est developpee 
au pied du secteur meridional; elle ne renferme pas plus que l'enceinte primitive description in situ. 
Au debut de notre ere, plusieurs chantiers sont mis en oeuvre a l'ouest et au sud de la ville haute. Les 
raisons en sont diverses: d'abord etendre les lignes defensives pour y inclure le sanctuaire extra-muros 
qui s'dleve dans l'angle sud-ouest, puis renforcer les points de passage menant a la ville basse. Le sec- 
teur occidental voit done 1'edification de nouvelles defenses, et le secteur meridional celle de plusieurs 
tours en appareil soigne\ 
Deux textes de construction ont ete releves sur ces tours. Le premier, RES 4329, rapporte que: 

1 La tribu d-Hrbt, etablie dans la ville de $wm a construit, fond6 et acheve 

2 la tour Yhdr qui est a la porte du mur de leur ville Hrbt et qui etait a l'ouest (?)... 



228 Pirenne, PaUographie, p. 228, 230-232, 234 et 229 DOE, Southern Arabia, p. 218. 

tableau 5. Elle suppose que RES 3880 est «plac*e sur 230 DOE, Southern Arabia, p. 216-217, fig. 35. 

le meme mur. que RES 3881 , dans CIAS, I, p. 112. 231 Photographic dans DOE, Southern Arabia, ph. 114. 



giNtJ AZ-ZURAYR 



121 



,--" M I ! i f 1 



,- — t 

i i 
i ' ( \ 

\ \— T 



l.-i i ----' r 



--. r"'\ v" 



.••if w 



n 
in* 



■ > I i 




■o 

3 



CO 

E 

3 



T3 



""" '3 






2 
3 



c 

a- 

E 



122 LE WADI BAYHAN 



4 sur 1'ordre de leur seigneur Waraw°il Gaylan, roi de Qataban 232 . • 
Le second, Ry 497 = Ry 391, se lit ainsi: 

1 La tribu "hrbn, habitants de la ville de Zafar, ont bati, achev6 et fond6 

2 la tour Hdrn . . . 

3 ... par leur seigneur Waraw 3 il Gaylan, roi de Qataban . . . 

4 et par leurs tribus "hrbn 233 . 

Ces deux dedicaces relatent done la construction de tours situees devant l'enceinte de la ville, e'est a 
dire au Sud, par des habitants de la ville installed sur les hauts-plateaux du Yemen 234 . 



2.3 AUTRES TERRITOIRES QATABANITES 

Quelques inscriptions rapportent la mise en oeuvre de travaux deiensifs en dehors des wadls Bayhan et 
Harib. 

Mentionnons ainsi la construction du poste fortifid de Huwaydar, situ6 dans le wadi Pura', au sud- 
ouest de Nisab. J. Pirenne y decouvrit deux inscriptions gravees sous le regne de Yada c, ab Dubyan 
Yuhan c im, fils de Sahr, roi de Qataban; elles rapportent l'6dification de la muraille et d'une tour faite 
en appareil cyclopeen (?) ( 3 bn), en bois ( c d) et en pierre blq dans la ville de TJR ( c Abar ou e Ubayr) 
(Huwaydar-Pirenne A et B) 235 . Sur les Hautes-Terres, Sahr Yagul Yuhargib, fils de Hawfamm 
Yuhan°im, moukarrib de Qataban est l'auteur d'une dldicace de construction retrouvee dans un mur 
du village «d'al-Wuste» qui rapporte l'6dification de la ville de R. . . 236 . 

Ces quelques textes epars montrent l'6tendue de la domination qatabanite depuis le wadi al-Guba au 
nord-ouest jusqu'au wad! Dura' a Test de Timna c . Au tournant de notre ere, la capitale qatabanite con- 
nait une prosperite certaine qu'attestent les nombreuses dddicaces de construction d'6difices civils. 



3. Le wadi Bayhan aux 2 e -3 e siecles de notre ere 



C'est dans le contexte general de la chute de Timna c , vers 200 de notre ere, qu'il faut situer les dernie- 
res inscriptions. 

Une fois la capitale d6truite, il est possible que les derniers souverains qatabanites s'installent a dt- 
Gylm, site identifi6 par les uns a Hagar ibn Humayd 237 , et par les autres a Husn al-Hudayn dans le 
wad! Mablaqa 238 . 



232 RES 4329 (dont un extrait est numerate - RES 3507) par A. F. L. Beeston, Epigraph* and Archaeologi- 
est public" par differents auteurs dont Jamme, Miscel- cal Gleanings .... 1962. p. 50-51. J. Pirenne class* 
lanies, III p. 64. I cs inscriptions de Hwfm Yhrim en C 2, dans Palto- 

233 G. Ryckmans, Inscriptions sud-arabes, 9eme stfrie, graphie, p. 232. 
LXIV, 1951, p. 125. 237 CIAS, 1-150-151 et 157. 

234 La localitd de Swm se trouve dans Ma'afir. 238 A. Jamme, Sabaean Inscriptions from Mahram Bit- 

235 J. Pirenne, Deux prospections historiques au sud-Yi- qts, 1962, et note 76; J. Ryckmans, Himyartiica 3, 
men, dans Raydan, 1981, p. 227-228, pi. XI1-VIII. dans Le Musfon, 87, 1974, p. 250, note 13. 

236 Nous nous referons a Pidentification du site propose" 



LE WADI BAYIJAN 123 



Hagar ibn Humayd livre quelques textes de construction de maisons ou de forteresse (?). Le premier, 
H 2c rapporje que deux souverains de Qataban, Nabatum Yuhan c im fils de Sahr et son fils Martadum 
«ont . . . fond£ et achev6 le mwrt Yaf an, mwrt de leur chateau (a eux deux) Hanb» (trad. J. 
Ryckmans) 239 . Le second, HI 30, fait etat des «forteresses»? (msn c ) ediflees (?) par un souverain de 
Qataban au nom inconnu. Ces deux textes peuvent apparaitre comme un des arguments decisifs de 
l'installation des souverains qatabanites dans cette ville, apres la destruction de Timna c . 
Quelque soit la localisation de d-Gylm, J. Pirenne suggere que cette ville fait fonction de capitale a 
partir de la fin du 2 e s. 240 . Dans le premier quart du 3 e s. d-Gylm sert de residence, meme provisoire, 
aux rois de Hadramawt. En effet une inscription Ja 2888, relate que le roi Yada c 'ab Gaylan, roi de 
Hadramawt, fils de Gaylan, a construit et entrepris et achev6 le mur d'enceinte de sa ville d-Gylm 741 , 
ce qui suppose une annexion par le Hadramawt, ou tout du moins une occupation temporaire 242 . Le 
texte al-Iryani 13 rapporte enfin que l'affrontement entre Sa c irum 'Awtar et IH°az Yalut eut lieu a 
d-Gylm, ce qui tendrait a souligner encore l'importance tardive de ce point fortifie 243 . 



239 A. Jamme traduit mwrt par route (Inscriptions from 241 Jamme, Miscellanies, DC, 1979, p. 100. 

Hajar Bin Ifumeid, dans Major Bin Humeid..., 242 M. A. Bafaqfli, L'unification du Yimen antique, La 

1969, p. 338); or ce terme architectural se retrouve lutte entre Saba', Himyar et le Hadramawt du I er au 

dans plusieurs dddicaces de b&timents civils dont le /// tone siicle de I'ere chritienne, Paris, 1991, 

chateau de Sabwa: il pourrait designer le soubasse- p. 211-212. 

ment (?) ou l'acces (?) a une maison. 243 M. A. Bafaqih, L'unification..., op. cit., p. 

240 CIAS, 1-157. 372-373. 



Chapitre 9: Les fortifications du Hadramawt 



Leur histoire se heurte principalement a l'absence de d6dicaces de construction. Plusieurs remparts 
n'ont livr6 aucun texte: al-Bina' et Barira dans le wadl Girdan, Husn al- c Urr et Husn at-Tawba dans le 
Hadramawt oriental. Quant a Sabwa, son systeme deiensif n'offre que des textes fragmentaires, sou- 
vent remploy6s, ne rapportant aucun nom d'ouvrage militaire. Paradoxalement ce sont done les fortifi- 
cations des marges meridionales (Naqab al-Hagar, al-Bina 3 ) et orientales (Hor Rori) qui se sont rev6- 
lees les plus riches en d6dicaces de construction. 

Toutefois, les recherches arch6ologiques menees par la Mission Francaise permettent, au moins par- 
tiellement, de pallier ces lacunes. Ainsi la muraille de Sabwa demeure la seule des bords du Ramlat as- 
Sab c atayn a avoir fait l'objet de fouilles et d'une etude architecturale exhaustive. 
Esquisser un tableau de l'histoire des defenses du Hadramawt n'en demeure pas moins difficile, car 
aucune de ces donnees ne permet ni d'attribuer a chacun des souverains un programme de construction 
ni de discerner les grandes phases de fortification du royaume. 



1. Les fortifications du wadl Girdan 



Le wadl Girdan nait sur les hauts-plateaux occidentaux du Hadramawt, localement denommes Gawl 
al-Mahgar, irrigue les territoires des sites d'al-Barira et d'al-Bina', puis se perd dans les sables a l'ouest 
de c Ayad, a une vingtaine de kilometres au sud d'al-'TJqla. 



1.1 BARIRA (FIG. 45) 

L'enceinte dessine un polygone irregulier long de 650 m mais conserve sur moins de 400 m 244 (pi. 27b); 
les crues du wadl Risa ont en effet emporte le secteur nord-est, tandis que le pillage des blocs a ruin6 
tout le secteur sud-est. Ainsi, des vingt-deux tours reconnues par H. von Wissmann en 1939 M5 , il n'en 
subsiste plus qu'une dizaine. 



244 H. von Wissmann, Al-Barira in (Tirdan im Vergleich Barira, p. 177-178); il publie une description com- 
mit anderen Stadtfestungen Alt-Sudarabiens, dans Le plete du site aux pages 180-182. Plus tard G. L. 
Musion, LXXV, 1962, pi. Ill entre les pages 200 et Harding decrit a nouveau le site dans Archaeology in 
201. the Aden Protectorate, London, 1964, p. 35-37; voir 

245 H. von Wissmann fit une premiere visite du site en aussi B. Doe, Southern Arabia, p. 191-195. 
1939, puis une seconde en 1952 (von Wissmann, Al- 



126 



LES FORTIFICATIONS DU WADI 6lRDAN 




Fig. 45 Banra: plan schematique de la muraille. 

Les soubassements des tours et des murs sont particulierement bien conserves dans Tangle septentrio- 
nal, aux abords de la porte principale. Ces socles sont monte* en gros blocs de calcaire liaisonnes au 
mortier de terre, et il est probable que ces soubassements etaient surmontgs a l'origine de superstruc- 
tures en bois. 

A l'inverse, les murs du secteur sud-est sont months en petit appareil rectangulaire. Dans le secteur 
oriental, le mur d'enceinte est double d'un mur int6rieur, l'intervalle 6tant combl6 de galets liaisonnes 
au mortier de terre. La muraille de Barira pr6sente done plusieurs types d'appareil qu'il est difficile de 
dater faute de donnees arch6ologiques plus premises et de dddicaces de construction. 



1.2 AL-BINA' (FIG. 46 ET PL. 27C.D) 

Cet 6tablissement, situd a 4 km au sud-est du village de c Ayad_, se trouve au milieu d'une gtroite bande 
de terres irrigu6es d'environ 3 km de long 24 *. 



246 Mentions du site dans H. St. J. B. Philby, Sheba's 
Daughters, London, 1939, p. 307 et 328; von Wiss- 
mann, Al-Barlra, p. 186-187; Harding, Archaeo- 



logy, p. 33; Doe, Southern Arabia, p. 196 et 
213-214. 



BARIRA 



127 




affluent du 
if wadi girdan 



0_1g_ 



^ 



JjO 



^ 



Fig. 46 al-Bina': plan sch6matique de la muraille. 



Le rempart s'inscrit dans un rectangle aux pans coupes, long de 210 m et large de 140 m, soit un pour- 
tour de 600 m environ. Des tours dont il reste peu de traces, defendaient certains angles; la tour sud- 
est comporte encore quelques murs de fondation 247 . 

Les murs sont faits d'un massif de brique, epais par endroits de plus de 5 m (dans Tangle nord-est). 
Leur parement de pierre a ete pille de longue date (a 1'exception d'un secteur au sud-est et de la tour 
sud-ouest), de telle sorte que H. von Wissmann affirmait qu'al-Bina' etait l'unique enceinte de brique 
crue d'Arabie m6ridionale 248 . 

Nulle donnee epigraphique ne permet de dater l'enceinte, et nulle fouille de reconnaitre les deux pha- 
ses de construction que crut distinguer G. L. Harding 249 . 



247 Harding, Archaeology, p. 33. 

248 von Wissmann, Al-Barlra, p. 186-187. 



249 Harding, Archaeology, p. 33—34. 



128 



Sabwa 



2. Sabwa 

(l'antique Sbwt) (fig. 47) 

L'antique capitale du IJadramawt est installed sur le cours infeneur du wadl c Atf, vers 700 m d'alti- 
tude, sur un pli diapir qui a redr<§ss6 les terrains de facon parfois fort abrupte. En amont comme en 
aval, la canalisation des crues a permis de developper un important reseau d'irrigation. 



2.1 LE SITE 

Les collines du site dessinent un triangle de 550 m a la base form6 au sud par l'arete d'al- e Aqab, et de 
900 m de c6t6 form6 a l'ouest par le massif de Qarat al-Hadlda culminant a 747 m. A l'est les collines 
de Qarat al-Flran, Qarat al-Burayk et d'al-Hagar dessinent un arc-de-cercle moins 61ev6 (735 m) qui 
ferme la depression d'al-Sabha ou plusieurs mines de sel sont encore exploiters de nos jours. La ville, 
adossee a l'arete d'al- c Aqab et entierement fortifiee, se d6veloppe en pente douce vers cette depres- 
sion 250 . Trois villages se sont installed sur ces mines, Mi°wan a l'ouest, Matna au centre et Hagar a Test, 
et leurs maisons recouvrent de longs pans de muraille. Cette topographie, exceptionnelle dans les 
regions situees en bordure du d£sert, entraine une disposition tres particuliere des systemes deien- 
sifs 251 . 



2.2 LES SYSTEMES DEFENSIFS (FIG. 47) 

Ce systeme comporte une muraille interieure et plusieurs murs ext6rieurs. 

Le rempart interieur forme un trapeze inegulier, long de 500 m (est-ouest), large de 240 m environ au 
sud (de Husn al-Ma jusqu'a Dar al-Kafir) et de 350 m de large au nord. Cette enceinte continue, ton- 
gue de 1500 m environ, est constitu6e d'un mur assez homogene renforce' a intervalles rgguliers par des 
tours peu saillantes. Au sud, de rares vestiges de murs laissent supposer que l'enceinte suivait les crdtes 
pourtant fort abruptes de la colline d'al- c Aqab. A son extr^mite" occidentale, a Husn al-Ma, le rempart 
se retourne vers le nord-ouest; perc6 a l'origine d'une porte, il a fait ensuite l'objet de plusieurs rema- 
niements. La vaste zone fouillee dans ce secteur (chantier VI) montre une succession reguliere de sail- 
lants tres rapproch6s les uns des autres; plus au nord, c'est un mur 6pais de 2,10/2,20 m qui se recon- 
naJt a son soubassement de gres et par endroits a ses carreaux de calcaire. A Dar al-KSfir (pi. 28 c), 
tour a l'impressionnant appareil r^gulier, l'enceinte prend alors une direction nord-est (pi. 28a), mar- 
que un decrochement tres ample aux environs du chateau royal, et s'ouvre sur la ville par une large 
porte (pi. 28b et 30c). Plus a Test, le mur d'enceinte suit une levee de terre bien marqu6e d'ou emer- 



250 



251 



Voir J.-F. Breton, Le site et la ville de Shabwa, dans 
Fouilles de Shabwa, II, p. 63 . . . 
Les travaux effectues sur le rempart de Sabwa se sont 
ainsi deroulds: en 1975-1976 Ph. Gouin fouilla la 
porte me'ridionale (chantier I), en 1977 R. Audouin 
un secteur occidental (chantier VI); en 1978 des com- 
plements de fouille ont 6t6 effectu6s dans le chantier 
VI tandis que Ch. Darles et J. Seigne entreprenaient 
le releve' de tous les systemes ddfensifs, et en 1980 J. 
Seigne achevait I'^tude exhaustive de ceux-ci. Quel- 



ques informations sur ces chantiers ont 6t6 publiees 
par Pirenne, Premiere mission archeologique, 1975, 
p. 268 et fig. 2: plan de la porte mdridionale (chan- 
tier 1), et dans Deuxieme mission archeologique, 
1976, p. 419-421 et fig. 3: Tangle sud-ouest du rem- 
part (chantier VI). Compte-tenu du travail effectue' 
par J. Seigne sur les systemes dtfensifs de Sabwa, et 
en cours de publication (voir note 254), nous nous 
limitons ici a une description, ties schdmatique et 
dcpourvue de relevis, du rempart. 




5 

CO 

en 

i 



o 

us 

a 

z 

CO 

CO 



to 



Fig. 47 Sabwa: lev6 arcteologiqiie (1980-1987). 



130 Sabwa 



gent quelques blocs parfois inscrits. A 185 m environ de la porte principle sus-mentionnde, s'ouvre 
une autre porte, marquant un retour du rempart vers le sud-est. La encore, l'enceinte n'est attestee 
que par une levee de terre et par des fragments de tours et de courtines, puis elle disparait sous le vil- 
lage d'al-Matna. A partir de la, le rempart se retourne vers le sud-ouest en direction de la colline d'al- 
c Aqab: les vestiges de murs a double parement et d'un grand mur de brique crue apparaissent au sud 
d'al-Matna. 

A Test du site, la colline d'al-Hagar etait surmontee d'une forteresse longue d'environ 40 m et large de 
20 m environ; seul Tangle nord-est est visible de nos jours, en arriere de deux murs perpendiculaires de 
l'enceinte exterieure, l'un conserve sur une dizaine de metres de long (retour est) et 1'autre sur pres de 
35 m de long (retour nord) (pi. 29 a et b) 252 . Sur les flancs sud de cette colline, se trouve une excrois- 
sance du rempart qui ne suit plus le relief naturel. Tous les 12/14 m environ, le mur presente des decro- 
chements, de 2 a 3 m, perpendiculaires a la facade; il est perc6 au sud d'une porte large de 2,98 m 
depourvue d'amenagements particuliers 253 , fouill6e en 1975. 

Au nord de la colline d'al-Hagar, un mur continu suit les cr£tes des collines de Qarat al-Burayk, al-FI- 
ran, al-Hadlda pour rejoindre enfin la muraille interieure en face de Dar al-Kafir. C'est un mur de 
galets liaisonn6s au mortier de pierre qui pr6sente des decrochements tous les 15 m environ, et qui est 
renforce" de bastions au sommet de certaines collines (Qarat al-Hadlda). Aux differents cols (al-Farda 
a Test et au nord d'al-Sabha), ce rempart est perce de portes dont les abords sont renforces par une 
ligne avancee de tours et de courtines. 

Les differences de conception, de trace et de techniques de construction montrent que ces divers syste- 
mes defensifs ne sont pas tous contemporains 254 . 

Rappelons en effet que l'enceinte interieure pr6sente en general une succession de saillants, parfois 
tres rapprochds, parfois plus larges meme que les courtines (a Matna), et l'enceinte exterieure des 
murs a cr6maillere. Soulignons aussi que l'enceinte interieure, en depit d'une certaine homog6n6it6, 
comporte des types de murs tres differents: des murs a carreaux et boutisses avec un massif de brique 
interieur, des murs a double parement avec un hypothetique massif de brique interieur (secteur ouest), 
des murs epais a double parement sans massif de brique (sud d'al-Matna). Quant a l'enceinte exte- 
rieure, elle comporte des murs a parement simple doublant un massif de brique (al-Hagar), et des murs 
a double parement, d'un autre type, associes a un massif de brique (porte meridionale exterieure), 
sans oublier les maconneries de galets des murs surmontant les collines. Les materiaux mis en oeuvre 
varient enfin d'un point a 1'autre: calcaires gris (chantier VI), calcaires blancs (secteur ouest), calcaires 
jaunatres (secteur nord et Matna), calcaires grisatres (chantier I), gres (en fondation et parfois en 6\6- 
vation) etc. Un seul liant commun: du mortier rose, utilise tres abondamment. En definitive, ces ele- 
ments conduisent a supposer une grande heterogeneite des systeme defensifs de Sabwa. 



2.3 LES DEDICACES DE CONSTRUCTION 

Une demi-douzaine descriptions, la plupart remployees dans le rempart, fixent cependant quelques 
jalons de son histoire 255 . 



252 Philby, Sheba's Daughters, photographic p. 84. 254 La publication des systemes dtfensife par J. Seigne 

253 Voir photos dans J. Pirenne, Ce que trots campagnes formera une partie du troisieme volume des «Fouilles 
de fouilles nous ont dija appris sur Shabwa, capitate de Shabwa», Bibliotheque Archiologique et Histori- 
du Hadramout antique, dans Rayddn, vol. 1, 1978, que* de I'l.F.A.P.O. 

pi. V a et b. , et plans dans Premiere mission archio- 255 J. Pirenne. Fouilles de Shabwa, 1: Les ttmoins iota 

logique, 1975, fig. 2, p. 268. de , a rigion dt skabwa „ rhisto ire, Paris, 1990. 




QARAT KIBDA 131 



Le plus ancien texte (VI/76/89), date par J. Pirenne de la premiere moitie du 4 e s. av. n. e., mentionne 
«. . . la courtiae . . .» fafyfthn) 756 . 

Vers 200 av. n. e., selon J. Pirenne 257 , un certain c Amm'anas du clan de Sadiqdakar entreprend la con- 
struction d'une tour (mhfd) et d'une courtine (?hft) de la muraille de Sabwa» (VI/76/81); ce texte, reu- 
tilise dans l'une des tours occidentales, atteste que ce secteur serait - au moins partiellement - post- 
erieur au 2 e s. av. n. e. 

Une inscription plus tardive, peut-6tre du milieu du ler s. de notre ere (Sabwa 3), rapporte qu'un cer- 
tain x. . . fils de Ra'ab. . . a entrepris la reparation et le renforcement de la muraille alors (qu'elle etait 
abimee) 258 . 

Peu de temps apres, selon J. Pirenne, deux inscriptions (Sabwa n° 15 et 15 bis) mentionnent des tra- 
vaux sur la muraille de la ville, mais ces textes trop fragmentaires ne sont guere d'un grand interSt pour 
l'histoire de celle-ci. 

Le texte le plus interessant, date du troisieme quart du second siecle (Hamilton A + B + S/75/128), 
rapporte que: «Yada c 'il Bayyin, fils de Yada"ab, roi de Hadramawt, a repare et consolid€ la muraille 
de Sabwa, trois ce [nts . . . et quatre [...]... (trad. J. Pirenne). Bien que la lecture de la ligne 2 reste 
incertaine, F. Bron propose lui, une lecture plus vraisemblable: «trois tours et quatre courtines* 259 . 
En conclusion, s'il faut situer au moins des le debut du 4 e s. av. n. e. rectification du rempart inteneur, 
et les principales refections entre les 2 e et ler s. av. n. e., la muraille de Sabwa serait, dans son etat 
actuel, bien post6rieure aux fortifications du Gawf . 



3. Le wadl Hadramawt oriental 



Si Sabwa assure le contrdle du wadl Hadramawt sur son flanc meridional, aucun etablissement ne joue 
ce role au nord: le site d'al- c Abr semble plus un point de ravitaillement ou de ralliement qu'un lieu for- 
tifie 260 . Le contrdle oriental du Hadramawt etait assure par plusieurs forteresses qui barraient le wadl: 
Qarat Kibda, Husn al- c Urr et Husn at-Tawba 261 (fig. 48). 



3.1 QARAT KIBDA 

Cet 6tablissement, perche au sommet d'une Eminence volcanique, se trouve a une dizaine de kilome- 
tres a Test de Makayniin, et a une trentaine a Test de Tarim 262 . Son sommet est couronne d'un mur 
continu renforc6 de saillants a intervalles irreguliers; d'autres murs protegent un palier interm^diaire 



256 Pirenne, Fouilles, p. 59 et fig. 19. 261 Les descriptions de ces sites par les voyageurs ont 6t& 

257 Pirenne, Fouilles, p. 54—55 et pi. 45a. enrichies de quelques notes prises lors des prospec- 

258 Pirenne, Fouilles, p. 55—56 et pi. 45b. tions de 1978 et 1979 par la Mission archeologique 

259 Pirenne, Fouilles, p. 56-58 et fig. 20; F. Bron, Notes fran?aise. 

sur les inscriptions de Shabwa, dans Syria, LXVIII, 262 Mentions dans Wissmann — Hofner, Beitrage, 

1991, p. 460. p. 137, et dans Breton, Rapport sur une mission 

Tl&H Voir A. Jamme, Preliminary Report on Epigraphic archeologique, p. 65 et fig. 7, p. 74. 
Research in Northwestern Wddi Ijadramawt and at al- 
c Abar, dans BASOR, 172, p. 41-54. 



132 



LE WADl HA1?RAMAWT ORIENTAL 




o 

-- 01 



o 



3 



Fig. 48 Carte du wfidT tfadramawt. 



HUSN AL-'TJRR 



133 





10 25 



^wadi hadramawt 

50 100 



Fig. 49 Husn al-TJrr: plan sch6matique. 



sur le flanc m6ridional de la pointe sud. Ce mur d'enceinte est perce de deux portes, l'une au nord et 
l'autre a l'ouest; toutes deux se trouvent au sommet d'escaliers amenages dans le rocher et defendus 
par une tour. Aucun fragment d'inscription n'a ete releve dans cet etablissement, mais la ceramique 
recueillie en surface atteste une occupation pre-islamique 263 . 



3.2 HUSN AL- C URR (FIG. 49) 

Cette forteresse se dresse au sommet d'un piton abrupt au milieu du wad! Hadramawt, a pres de cinq 
kilometres a l'ouest de Makaynun. Elle forme un rectangle de 90 m de long environ sur 30 m de large, 
mais ses murs primitifs disparaissent sous de nombreuses constructions posterieures. 
Les plans publics par H. von Wissmann et B. Doe ne distinguent pas les murs antiques des refections 
posteneures 264 . Les premiers sont sans doute ceux de la grande tour nord-est, mont6s en appareil r6gu- 



263 Voir L. Badre, Etude de la ciramique, dans Le Wddi 
Hadramawt, Beyrouth, 1982, p. 39 et 94, pi. IV, 
n° 11 (ceYamique). 



264 Wissmann — Hofner, Beit rage, fig. 16, p. 137; Doe, 
Southern Arabia, fig. 41 p. 243, les deux plans sont 
tres differents. 



134 



LE WADl HADRAMAWT ORIENTAL 




10 

I I I 



25 

— »— 



50 

—I — 



10 



Fig. 50 Husn at-Tawba: plan schematique. 



lier, et des courtines sud-est. Au nord-ouest, un puits se trouve relie - a une tour recente ou 6tait encas- 
tre un chapiteau d6cor6 265 . 

Cet 6tablissement a livr6 quelques inscriptions recueillies successivement par H. Ingrams 266 et G. L. 
Harding; l'une d'elles atteste une occupation tres ancienne (?) du site 267 , une autre la presence d'un 
sanctuaire d6di6 a c Attar Yagil (Ry 622). 



3.3 HU$N AI-1AWBA (FIG. 50) 

D. van der Meulen et H. von Wissmann signalent les ruines d'un fortin a l'entree du wadl at-Tawba, a 
quelque cinq kilometres au nord-ouest de Makaynun 268 . Apres 6tude, il est possible de reconnaitre une 
enceinte basse dominie au nord par une tour rectangulaire. Les inscriptions recueillies a cet endroit 
(Ry 666 et 667) attestent que le site 6tait occup6 au 3 e siecle avant notre ere, mais aucune d'elles ne 
mentionnent l'6dification de ses murs. 



265 Meulen - Wissmann, Hadramaut, p. 178, ph. 
p. 152; Wissmann - HOfner, BeitrUge, p. 138, 
fig. 17. 

266 H. Ingrams, A Journey to the SeFar Country and 
through the wddl Masila, dans The Geographical 
Journal, 88, 1936, p. 524-551. 



267 Harding, Archaeology, p. 44 et pi. XXXVII, 7. 

268 Meulen - Wissmann, Hadramaut, p. 174-177 (plan 
p. 175). 



LBS MARGES MERIDIONALES 135 



4. Les marges du Hadramawt 



L'inunense plateau du Hadramawt, defendu de toutes parts par un escarpement abrupt, ne pouvait 
6tre p6n6tr6 que par ses vallees meridionales ou orientates, au sud par les wadls c Amaqin et Hagar, a 
Test par le wadl Maslla. 



4.1 LES MARGES.MERIDIONALES 

La region d'al-Masriq, au sud du plateau du Hadramawt, connait une mise en valeur sans doute tres 
ancienne; vers le T s. av. n. e. le moukarrib sab6en Karib'il Watar, fils de Damar c all ne ravage-t-il pas 
«toutes les villes de Habban (dans le wadl du meme nom) et de Diyab (dans le wadl Mayfa c a) et leurs 
terres irriguees», ainsi que «Nusam (a l'embouchure du wadl Mayfa c a) et les terres irriguees de Ri§ 3 ay 
(vers Naqab al-Hagar)». RES 3946 rapporte enfin rectification d'une enceinte a Mayfa c a 269 . 
Cette region meridionale, indispensable aux liaisons entre Sabwa et l'ocean Indien, ne peut echapper a 
l'attention des souverains du Hadramawt: des le 3 e — 2 e siecle avant notre ere, ils font edifier la muraille 
de Naqab al- Hagar (l'antique Myft). Plus tard, a la premiere moitie du 1 er siecle de notre ere, 
periode de prosperite et d'expansion du Hadramawt, le moukarrib Yashur il Yuhar c i§, fils de Ablya- 
sa c fait 6difier le mur d'al- Bina 3 (l'antique Qlt), pour parer a une menace himyarite. Quant a la forte- 
resse de Kadur, elle ne semble pas etre anterieure au 5eme siecle de notre ere 270 . 

4.1.1 Naqab al-Hagar (fig. 51 et pi. 31-32) 

La ville fortifiee de Naqab al-Hagar barre le cours superieur du wadl Mayfa c a, a une quarantaine de 
kilometres de l'ocean Indien. Son enceinte suit les contours d'un eperon rocheux qui s6pare le wadl 
Mayfa c a au nord, de zones irriguees antiques au sud; c'est un mur discontinu qui ne surmonte pas les 
escarpements tres abrupts du nord-ouest et nord-est de l'6peron (fig. 51) 271 . La muraille compte deux 
portes principales symetriques, diff6rentes de conception (voir p. 75) et une poterne situ6e entre les 
tours 30 et 31. 

Deux types de murs forment l'enceinte: le premier mont6 en parpaings sans mortier, larges de 0,50 a 
0,60 m, de hauteur decroissante selon l'elevation (pi. 31a, b et c); le second, epais de 3 m en 
moyenne, constinte d'un double parement a remplissage interieur de galets liaisonnes au mortier de 
terre. En outre, dans le secteur meridional, toute la portion comprise entre les tours 34 et 36 est dou- 
btee a l'interieur de deux massifs magonnes, larges de 3,40 m, qui forment des chemins de ronde 
(pi. 32c). 

A l'exception du secteur septentrional, les tours en general peu saillantes (de 0,95 m a 1,10 m) servent 
essentiellement a renforcer le mur (pi. 31 a); elles sont conservees sur 8 m de haut en moyenne, et sur 
plus de 11 m a la porte sud (tour 17) . De nos jours, l'interieur des tours est entierement vide: les grands 
carreaux, cales irregulierement avec de petits blocs (pi. 32 a), ne montrent aucun logement de poutres. 



269 Ce site de Myf c (RES 3946/2) est distinct de Myf H\ 271 J.-F. Breton, Ch. Robin, J. Seigne, R. Audouin, La 
dans RES 3945/9, c'est une ville de Sybn. muraille de Naqab al-Hagar (Yimen du Sud), dans 

270 M. A. Bafaqlh, The site of Kadur, dans PSAS, Syria, t. LXIV, 1987. 
vol. 12, 1982, p. 1-5. 



136 



LES MARGES DU HADRAMAWT 




S 
JS 

I 



4 

I 



i 



LES MARGES MERIDIONALES 137 



Certaines donnees epigraphiques permettent cependant de restituer l'aspect original de la muraille, 
tout d'abord le texte MAFYS-Naqab al-Hagar 2, encastre dans le flanc oriental de la tour 17: 

1 Habsal fils de Sagb a dirig£ la construction de l'enceinte de Myf c t et de sa porte en pierre de taille 
('bn), en bois ( c d) et en brique crue (?) (ftl), ainsi que la construction des habitations qu'il a placees 

2 contre (?) son enceinte, depuis les fondations jusqu'au faite . . . 

Mentionnons encore MAFYS-Naqab al-Hagar 3, encastre dans le mur occidental du dispositif d'entr6e 
sud: 

1 Habsal fils de Sagb 

2 a dirig6 la construction de l'en- 

3 ceinte de My (f) c t et de sa 

4 porte en pierre (de taille, en) 

5 bois et en brique crue 272 . 

A l'exemple de certaines tours mineennes, on pourrait done supposer l'existence d'un massif de brique 
interieur dont la hauteur exacte resterait a determiner. Ce massif etait-il surmont6 de dispositifs d'ac- 
ces au sommet des tours les plus hautes? Cela est fort probable, mais rien ne permet de preriser leur 
disposition. 

Les quelques inscriptions in situ de Naqab al-Hagar rapportent done que Habsal fils de Sagb construit 
cette enceinte, sa porte et des habitations (appuyees sur l'enceinte?) vers le 3 e — 2 e s. av. n. e. 273 , mais 
cette date demeure tres incertaine. Selon certaines interpretations du texte MAFYS-Naqab al-Hagar 
2, il est possible que ce personnage poursuive en fait les travaux entrepris par un certain SdqycF 11 *. 
Vers le ler s. av. n. e., selon les criteres pal6ographiques de J. Pirenne 275 , deux rois du Hadramawt 
Yada c 'il Bayyin fils de Sumhuyafa c , et Dsami c Dubyan fils de Malikkarib entreprennent la construction 
(ou plut6t la reparation) du mur de Mayfa c at en pierre de taille, bois et brique crue (RES 3869); quel- 
ques doutes subsistent toutefois sur la provenance de ce texte 276 . 

4.1.2 al-Bina' 

Le systeme deiensif d'al-Bina' (ou Libna'), dans le wadl al-Mabna, barre l'un des cols mettant en rela- 
tion le wadl Hagar et la cote de l'ocean Indien. D'apres les descriptions de H. Ingrams et de B. Doe 277 , 
ce systeme se compose de plusieurs murs dont l'un au centre, long de 67 m et haut de 7 m, comporte 
plusieurs decrochements reguliers et une large porte encadree de deux saillants. Gravee sur 1'une 
d'eux, la dedicace RES 2687 relate rectification du mur central en appareil regulier, des deux saillants 
YcPn et Ydt "n, de la porte Ykn, de son dispositif de fermeture, d'un abri (?) ainsi que d'autres ouvra- 
ges defensifs. Selon RES 2687, le moukarrib de Hadramawt, YaShurU Yuharts fQs de AbylaSa , rea- 
lisa cet ouvrage nulitaire en trois mois seulement avec deux-cents ouvriers (1.5); ce texte pourrait dater 
de la premiere moiti£ du l er siecle de notre ere. Ce meme souverain est atteste aussi a Hor Rori par ses 
monnaies. 



272 Traductions Ch. Robin, Naqb al-Hagar. Les inscrip- 276 Ce texte, conserve au Musee de Bombay, provien- 
tions, dans Breton ..., La muraille, p. 18—19. draft de Bayhan (?). 

273 Breton..., La muraille, p. 18— 19. 277 Wissmann — Horner, Beitrage, p. 311— 314. Breve 

274 Breton..., La muraille, p. 19, A. F. L. Beeston, description dans Doe, Southern Arabia, p. 180-182, 
Notulae Sayhadicae, dans PSAS, vol. 18, 1988, p. 1. et ph. 79. 

275 Breton. . ., La muraille, p. 16. 



138 



LES MARGES DU IJADRAMAWT 





10 



20 

— t— 



30 

— I — 



40 

— t— 



50 



Fig. 52 Hor Ron: plan du site. 



4.2 LES MARGES ORIENTALES 

A un millier de kilometres environ a l'est de Sabwa, se trouve le site de Hor Ron (l'antique Smhrm), 
fouill6 en 1952—1953 puis en 1960 par V American Foundation for the Study of Man m . 
Son enceinte forme un pentagone irr£gulier (fig. 52); ses angles nord-est et nord-ouest sont renforces 
de tours tres saillantes, tandis que le dispositif d'entr£e septentrional depasse de plus de dix-huit 
metres l'alignement du mur. Deux tours carries, 61ev6es au nord et a Test, a pres de cinq metres en 
avant de la muraille, protegent respectivement des sections de celle-ci 279 . Le mur d'enceinte est du type 
a cr&naillere: tous les 8 m de long en moyenne, il pr6sente un decrochement de 2 a 3 m, perpendicu- 
laire a la facade. C'est un mur £pais de 2,70 m a 3,70 m qui se compose d'un double parement enser- 
rant un blocage de pierres liaisonnees au mortier de terre. 

Deux points ont retenu l'attention des arch6ologues: la porte septentrionale et le presume* «sanc- 
tuaire»; leur presentation a d6ja fait ici l'objet de d6veloppements aux chapitres 3 et 4 (fig. 14 et 32). 
Sept inscriptions ont 6t6 relev^es dans le dispositif d'entr6e septentrional (fig. 32); certaines d'entre 



278 Rdsultats pr6liminaires dans Albright, The Himyari- 
tic Temple at Khor Rory, p. 284-287, et R. L. Cleve- 
land, The 1960 American Archaeological Expedition 
to Dhofar, dans BASOR, n° 159, p. 14-26, ddfinitifs 
dans F. P. Albright, The American Archaeological 



Expedition in Dhofar, Oman, (The American Foun- 
dation for the Study of Man), Washington, 1982. 
279 Ces deux tours n'apparaissent que sur le plan final 
publid dans Albright, The American, fig. S. 



LES MARGES ORIENTALES 139 



dies ont 6t€ pubHees par J. Pirenne 280 , d'autres par A. F. L. Beeston, W. W. MiiUer 281 et A. 
Jamme 282 . Seuls les textes faisant mention de travaux d6fensifs sont ici traites. 
Hor Rori — 1 distingue plusieurs types d'appareil: 

2 ... stand vor (dem Ausbau) der Stadt 

3 Samarum, namlich ihrem (d. h. dafiir erforderlichen) Steinebrechen (grbtt) und ihrem Steinebe- 
hauen (nhmtt) und ihrer Durchfuhrung (kft) vom 

4 Grund bis zur Vollendung und (der Errichtung) der Gebaude (mbr') und massiven Anlagen 
Cgsm) . . . 

(Traduction W. W. MiiUer) 283 . 

Le texte Hor Rori — 2 a un contenu similaire, les textes 3 et 4 ne mentionnent aucune construction, et 

Ja 2883/5 consigne le nom de la tour Ydt'n. 

Ja 2878/2 se lit ainsi: 

1 Ta c da'il, der Sohn des Asrak, von der Sippe Dawsum, Statthalter des Konigs im Land Sa'kalan, 
baute und errichtete fiir seinen Herrn, den K6- 

2 nig von Hadramut, den Turm Da'num vom Fundament bis zur Vollendung, und zwar seine Zwi- 
schenmauern und seine AuffuUungen (?) und 

3 ein drittes Tor fiir die Stadt Samarum, um zu befestigen und zu schiitzen die massiven Anlagen (?) 
von Samarum durch die Hilfe und die Zusage des Siyan du-AJim 

4 und durch die Bewohner der Stadt Samarum durch (b—hy) Hamlyat von der Sippe HaSim, den Ein- 
wohner (von Samarum). Und er stellte ihn (d. h. den Turm dem Siyan) unter Schutz. 

(Traduction W. W. MiiUer) 284 . 

Cette troisieme tour pourrait Stre l'une de ceUes qui defend le dispositif d'entree septentrional; la tour 

D'nm etant celle qui se dresse en son milieu. 

Les inscriptions 1 et 2 attribuent ces constructions au souverain du Hadramawt IlTaz Yalut, fils de 

Yadall, qui regne vers la fin du ler siecle de notre ere. Le textes 3 et 4 precisent qu'un groupe de per- 

sonnes compose de trois 'l?ty habitant a Sabwa vient s'etablir a Hor Rori sous la direction d'un servi- 

teur du roi. Ces habitants (hwr) 6difient d'abord une enceinte (texte 4), puis un certain nombre de mai- 

sons (texte 3/5), et agrandissent enfin le dispositif d'entree. 



280 J. Pirenne, The Incense Port of Moscha (Khor Rori) 282 Voir A. Jamme, Miscellanies d'ancient (sic) arabe, 
in Dhofar, dans The Journal of Oman Studies, DC, 1979, p. 77-101; et Albright, The American, 
1,1975, p. 81-89. p. 41-48, fig. 61-80. 

281 W. W. MiiUer, Die Inschriften Khor Rori 1 bis 4, 283 Traduction de W. W. MiiUer que je remercie ici. 
dans Das Weihrauchland Sa'kalan, Sam&rum und 284 Traduction W. W. MiiUer, 1991. Voir Jamme, Mis- 
Mos-cha, 1977, p. 53-56. cellanees, 1979, p. 94-95. 



Troisieme partie: Fortifications et histoire 
Chapitre 10: Les systemes defensifs de type archaique 



L'origine des systemes defensifs parait d'autant plus difficile a ceraer qu'aucun d'entre eux n'a verita- 
blement fait Fobjet de fouille exhaustive. Le terme «archaique» recouvre done une periode encore 
obscure, du 8 e au T siecle avant notre ere, que les fouilles de Yala et d'as-Sawda' commencent a peine 
a eclairer. 



1. L'organisation de ces systemes 



II importe de distinguer soigneusement plusieurs types de remparts. La premiere categorie comprend 
des murs a caissons (?) ou plutot a casemates (?), et la seconde des systemes defensifs faits d'edifices 
juxtaposes ou contigus (du type enclosed settlement). 



1.1 DES REMPARTS A CAISSONS OU A CASEMATES? 

L'identification de ces types de murs est d'autant plus difficile qu'elle se fonde exclusivement encore 
sur des observations de surface, parfois facilities, il est vrai, par des degagements naturels. Nous 
tenons done les distinctions entre «casemates» et «caissons» pour tout a fait provisoires, en l'absence 
de fouilles. 

Une enceinte semble comporter des «caissons»: Hagar am-Barka, quatre autres comptent des case- 
mates*: Hagar a Arra, Ganadila, Hagar Kuhayla et Hagar Tallb. 

A Hagar am-Barka, sur le cours moyen du wadl Marha, l'enceinte exterieure semble comporter un 
systeme r6gulier de caissons (?) (fig. 36). Le rempart septentrional montre clairement en effet deux 
longs murs paralleles, l'un a l'exterieur epais de 1,30 m/1,50 m, l'autre a l'interieur epais de 
0,70 m/0,80 m, distants de 1,70 m environ. Ces deux murs sont relies par des murs de refend, epais de 
0,50 m/0,60 m, et dispos6s a intervalles assez reguliers de 2,30 m/2,70 m en moyenne (entre axes). Les 
«caissons» ainsi formes semblent bourres de terre et de blocs divers. De la mdme facon, une portion du 
rempart occidental montre deux murs paralleles, distants de 3 m (entre axes), et relief par des murs 
perpendiculaires tous les 4—5 m; une autre portion du mur situee a Test comporte un dispositif simi- 
laire. II est done vraisemblable que la totalite du rempart, soit pres de 900 metres de long, ait 6te con- 
struite de cette facon. II subsiste n^anmoins quelques doutes sur ces «caissons». Ne faudrait-il pas y 
voir des casemates vides a l'origine et post6rieurement remplies? 
Le dispositif fortifi6 de Hagar a Arra, dans le wadl Mafayir, a une trentaine de kilometres au nord d'am- 



*-1 



142 l'organisation DES SYSTEMES defensifs 



Barka, semble lui comporter des casemates de dimensions regulieres plutdt que des Edifices, en raison 
de leurs dimensions. 

Cette enceinte circulaire comporte en effet, dans son secteur occidental - le seul relevE a ce jour des 
casemates de dimensions restreintes: il s'agit en alternance de casemates longitudinales (longues de 
7 m a 12 m, et larges de 5 m), et transversales (longues de 7 m a 8 m, et larges de 5 m environ). Ces 
dernieres, alignEes sur leur face anteneure, font done saillie de 2 m a 3 m vers l'exteneur. Une excep- 
tion, a l'ouest: un double casemate (?) de 7,50 m sur 6,70 m. ^identification de ce systeme de casema- 
tes ne semble pas faire de doute, mais un degagement partiel permettrait de connaitre la nature du 

remplissage interne. 

Le systeme dEfensif d'al-Ganadila (fig. 55) semble aussi comporter des casemates (?) mais elles ne fer- 
ment pas une ligne continue, certaines renforcent un mur, d'autres se trouvent entre deux murs paral- 
leles. En raison de leurs dimensions (6 m sur 6 m environ pour celles de trace" carrE, 7 m sur 3 m envi- 
ron pour celles de tracE rectangulaire), il est probable, mais non certain, que ce sont des pieces amEna- 
gees entre deux murs par alleles 285 . 

Le site de Hagar Talib, sur le cours moyen du wad! Marha, forme un vaste polygone de 780 m de pen- 
metre (fig. 57). Son systeme dEfensif semble quelque peu hEtErogEne; selon les observations de sur- 
face, il comporte en effet des murs paralleles sur lesquels s'accrochent plusieurs «structures», des Edifi- 
ces contigus relies par des murs, et peut-Stre des casemates (?). Faut-il voir en effet des casemates dans 
ces «pieces» dElimitEes par deux murs paralleles, longues de 7 m a 8 m et larges de 1,30 m a 1,60 m? 
Seuls des sondages permettraient de r6soudre cette question. 



1.2 DES SYSTEMES DEFENSIFS FAITS D'EDIFICES CONTIGUS 

Dans toute FArabie mEridionale, il existe un type de systeme dEfensif, plus frequent que celui dEcrit ci- 
dessus, constituE d'Edifices juxtaposes ou reliEs par des murs simples ou parfois doubles. II s'agit en 
general de petits Etablissements, de 300 a 500 m de pourtour, au trace" polygonal (Hagar am-Daybiy- 
ya), parfois rectangulaire (Dar as-Sawda', Hagar Hamuma), mais parfois de vastes Etablissements 
comme Hagar Talib (790 m de pourtour), Hinu az-Zurayr (800 m environ), Hagar Lagiyya et Nagran 
(940 m) 286 . 

La nature des Edifices juxtaposEs ne saurait Etre prEcisEe qu'apres fouille, neanmoins elle ne fait aucun 
doute dans la plupart des cas. II s'agit en gEnEral de «maisons», de 6 m a 8 m de cdtE en moyenne, 
exceptionnellement de 9 m a 10 m. Ces maisons comportent, en gEnEral, un soubassement de pierre 
aux murs intErieurs liaisonnEs a l'orthogonale. La nature de ces soubassements ayant EtE mise en 
valeur sur de nombreux sites 287 , il est inutile de les dEcrire a nouveau. Leurs superstructures sont en 
general de plusieurs types: de bois (dans le cas de maisons aisles qatabanites ou hadramites) 288 , de 
pierres (dans la majeure partie des Etablissements des regions situEes entre les wadls Gib&h et Marha), 
de brique crue ou de pisE dans certains cas. Cette incertitude provient de la disparition, dans bon nom- 
bre de cas, des superstructures du fait de l'Erosion ou d'incendies. Parmi ces sites mentionnons Yali\ 
Hagar Hamuma, Ganadila, Hagar Talib, Hagar Lagiyya, HinG az-Zurayr et Nagran. 



285 Mentions du site dans J. Pirennt, Prospectionhistori- 288 Pour les maisons de Timna', voir A. Jwnme. Inserip- 
que dans la region du royaume de 'Awsdn, dans Ray- tions related to the house Yafash in Timruf, dans 
dan, vol. 3, 1980, p. 216 et pi. IV et V. Archaeological Discoveries in South Arabia, Balti- 

286 Voir Breton, A propos de Nagran, p. 61 . . . more. 1958, p. 183-195; pour celles de Sabwa, voir 

287 Seigne, Les structures I, J et K de MaSga, dans Le Darlcs, L architecture civile a Shabwa, dans Fouilles 
wadl Hadramawt, p. 22-32. ^ Shabwa, //, p. 90 . . . 



DES SYSTEMES DEFENSE'S FATTS D'EDIFICES CONTIGUS 



143 




Fig. S3 Hagar Hamuma: plan du site. 

La ville antique de Yala est entouree d'une muraille continue, longue de 580 m et conservee sur les 
deux-tiers environ (fig. 35) 289 . La partie centrale du tell (ou «ville haute») compte une vingtaine de 
structures mont6es en blocs gris fonce/noir contrastant avec le jaune/marron de l'enceinte de la «ville 
basse». En 1987 la Mission italienne d6gagea les trois-quarts environ d'une maison (A) appartenant a 
l'anneau des structures de la «ville haute». Cette maison comporte un couloir central et des pieces lat6- 



289 De Maigret, The Sabaean Archaeological Complex, 
p. 10-11. 



144 



l'organisation des systemes defensifs 



c^ 




Fig. 54 Hagar Dalimayn: plan du systeme dlfensif. 

rales avec des seuils a des hauteurs differentes; un escalier axial conduit a T6tage sup6rieur dont les 
murs de calcaire sont conserves sur quelques metres 290 . 

L'£tablissement de Hagar Hamuma, a la tete du wad! du meme nom, Tun des affluents du w&dJ Marha, 
s'inscrit dans un rectangle irregulier de 83 m de long sur 63 m de large 291 (fig. 53). Des «maisons» fer- 
ment l'essentiel du systeme d£fensif: de plan rectangulaire (10 m sur 8/9 m) en moyenne, elles sont fai- 
tes d'un socle peu 61ev6 auquel on accede par un escalier axial ouvrant sur Tintdrieur de T£tablisse- 
ment. Les murs des superstructures faits de pierres seches (schiste) sont conserves sur plus d'un metre 
de haut. Les plus grandes maisons situees dans Tangle meridional (13 m sur 9,70 m, et 10,20 m sur 
9 m) sont reliees entre elles par des murs simples. II existe aussi d'autres structures, tel ce batiment, 
dans Tangle oriental, long de 22 m et large de 8 m, aux murs intlrieurs dllimitant neuf pieces rectan- 
gulaires parfois tres etroites. 

Le site de Dalimayn (fig. 54), situ6 au ddbouchd du wSdl du m6me nom, s'inscrit dans un carrf irregu- 
lier de 110 de cdt6 environ. II comporte des ddifices de formes et de dimensions differentes: les uns rec- 
tangulaires (de 7,50 m sur 4,50 m environ), d'autres carr6s (de 9,50 m de cdt6, dans Tangle ouest), 



290 A. de Maigret et Ch. - Robin, Lesfouilles italiennes 
de Yald (Ydmen du Nord): Nouvelles donnfes sur la 
chronologie de V Arable du Sud priislamique, dans 
CRAIBL, 1989, p. 280-283. 



291 Voir Breton, A propos de NagrOn, p. 60 et fig. 4, 
p. 79. 



DES SYSTEMES DEFENSIFS FATTS d'EDIFICES CONTIGUS 



145 



»•* 




</ 



%. 





Fig. 55 6anadila: plan du syst&me ddfensif. 



146 L'ORGANISATION DES SYSTEMES DEFENSIFS 



d'autres enfin plus complexes (notamment dans le secteur nord-ouest). Gompte-tenu de leur taille, on 
peut supposer que ces edifices sont des «unit£s d'habitation», au soubassement de schiste et a l'eleva- 
tion probablement montee a l'origine dans le nouSme matenau. Tous ces edifices font saillie a l'int6- 
rieur, a l'exterieur ou de part et d'autre du mur qui les relient. L'espace interieur montre plusieurs 
structures aras6es et une grande tour de 20 m de c6te\ au socle mont6 en appareil cyclopeen, conservee 
sur pres de 7 m de haut. 

Al-6anadila est un 6tablissement ovale irrggulier, long de 210 m (au maximum) et large de 158 m 
(fig. 55). Pour autant que Ton puisse en juger en surface, son systeme d6fensif comporte essentielle- 
ment des structures rectangulaires aux murs liaisonn£s perpendiculairement: il semblerait que des pie- 
ces ont ainsi €t€ amenag6es - du moins a certains endroits - entre les deux murs paralleles de cette 
enceinte et les murs de refend qui les relient 292 . A d'autres endroits a Finverse, a l'ouest, on reconnalt 
plusieurs soubassements de maisons au socle comportant un dispositif caractlristique de murs liaison- 
nes a l'orthogonale. 

L'6tablissement de Hagar Lagiyya, situ6 a une quinzaine de kilometres a l'ouest du precedent, est lui- 
aussi constitu6 d'6difices juxtaposes, au moins sur trois secteurs (fig. 56). A Test, au sud et a l'ouest, 
des degagements clandestins ont mis au jour un grand nombre de «structures» de dimensions assez 
regulieres, aux petites pieces interieures et aux murs de schiste parfois conserves sur pres de 1,50 m de 
haut. A l'inverse, il semble que le secteur septentrional soit fait d'un mur continu, comportant cepen- 
dant quelques murs de refend qui se prolongent vers l'interieur du site. 

A Hagar Talib, muni du systeme defensif heterogene 6voqu6 ci-dessus, on remarque, du odte occiden- 
tal, deux et parfois trois longs murs paralleles, epais de 0,70 m et distants de 1,70 m a 2,60 m; ces murs 
sont liaisonn£s perpendiculairement avec des murs de refend a intervalles r6guliers (fig. 57). L'assem- 
blage de ces murs liaisonnds a l'orthogonale, forme des «structures» qui ddbordent tantdt vers Fext6- 
rieur, tantot vers l'interieur du site. Ces structures, assez regulieres, de 5 a 7 m de cdt6, 6voquent plu- 
t6t des petites «maisons» que des tours; l'une d'elles, r£cemment deblayee, mesure 6,70 m sur 3,60 m 
de large. Un systeme similaire se retrouve dans le secteur oriental du site. Du cote meridional, on 
trouve des «maisons» de 7 m a 9 m de cote, au soubassement fait de murets de schiste liaisonnes a l'or- 
thogonale; leur elevation etait probablement faite du meme materiau. Ces «maisons», distantes d'une 
dizaine de metres au maximum, sont reli6es entre elles par des murs simples ou doubles. 
II existe aussi au pied du 6abal an-NisIyin de nombreux etablissements, souvent modestes, constitues 
de maisons juxtapos6es ou reliees par des murs: Hagar as-§afra', Hagar ad-Dimna, Hagar Wala, 
Hagar 'Umm Yahmum, Hagar Ruma, etc 293 . Le premier d'entre eux, Hagar as-$afra, comporte ainsi 
une douzaine de maisons peripheriques, reli6es par des murs de pierre ou meme precldees au nord par 
un long mur muni de saillants 294 . II semble done que de tres nombreux etablissements, situes entre les 
wadls c Abadan et Harib, sont construits sur le meme modele, a savoir des Edifices isoies mais relies par 
des murs et formant un anneau coherent 295 . 



293 



292 Ce dispositif architectural pourrait dvoquer celui de publiee par J.-F. Breton et Kh. az-Zubaydl, Paris, 

casemates, si les murs gtaient plus 6pais. 1992. 

Hagar as-$afra' et Hagar ad-Dimna se trouvent sur 294 Voir J.-F. Breton et Ch. Darles, Hagar $urbOn 1 et2: 

des affluents du wadT Gibab, Hagar Wala est situd a deux villages du Cabal an-NisTyln, a paraltre dans 

I'extremitd septentrionale de ce wadT, et Hagar Melanges en I'honneur de W. W. MUller. 

TJmm Yahmum dans le wadT Gafa". Pour leur locali- 295 Mentionnons aussi dans l'oasis de Marib, I'tftablisse- 

sation, se rtferer a la «Carte archeologique du Gou- ment dc Dar as-Sawdfi"; voir Breton, A propos de 

vernorat de Shabwa. Districts de Bayhan et Ni$ab», Nagr&n, p. 60 et fig. 4, p. 79. 



PROBLJ&MES DE DATAHON 



147 



/ 
/ 
\ 



\ 



\ 





10 25 50 

I 1 1 1— 



100 

—I 



Fig. 56 Hagar Lagryya: plan d6taill6 des secteurs nord et nord-est, et general des autres secteurs faits d'6difices juxtaposed. 



1.3 PROBLEMES DE DATATION 



Compte-tenu de l'etat des recherches, il est difficile de determiner l'origine de ces types d'etablisse- 
ments, et revolution de leur systeme deiensif. Quelques donn6es, recueillies sur des sites du Levant, 
permettent cependant de formuler quelques hypotheses. 



148 



L'ORGANISATION DES SYSTEMES DEFENSIFS 




fe 









■fl 



o 10 ao 30 40 50 

I 1 1 1 « lm 



E^-b- 



Fig. 57 Hagar Talib: plan du systeme defensif. 



1.3.1 Les murs a casemates 

A Hagar 'Arra, comme a Hagar am-Barka, aucune inscription n'eclaire la fondation de ce type d'6ta- 
blissement 296 . Seule la clramique fournit quelques donnees: la presence de bols et de coupes cargoes, 
frequents aux niveaux K-J de Hagar ibn Humayd (type 1511), permettrait de penser que ces 6tablisse- 
ments seraient a dater au moins du 8 e -7 e siecle avant notre ere 297 . Est-ce dire que le systeme de rem- 
part a caissons remonte, au moins sur ces deux sites, a cette 6poque, ou qu'il lui est antlrieur? II est dif- 
ficile de se prononcer, en l'absence de fouilles. Cette datation probable, m€me provisoire, n'est pas 
sans evoquer la diffusion des murs a casemates en Palestine. Si leur origine remonte a Page du Bronze, 
a Taanach, Shechem . . . (Bronze Moyen II C), ils connaissent un grand dlveloppement vers le lO 8 sie- 
cle (a Tell Beit Mirsim, Beth-shemesh, Tell Qasile: niv. IX B, et dans de nombreux forts du Negev 
comme Ramad Matred etc.), puis encore au Fer II (a Samarie, a Tell el-Ful, Tell Beersheba (niv. 



296 Le site de Hagar 3 Arra a livrd un tesson inscrit au 
nom de Wtfb et un autel a encens cylindrique portant 
le nom d"Arra (deposes au Musee de Bayban). 
Releve des secteurs ouest et nord dans Breton, A 
propos de Nagran, fig. 5, p. 80. 



297 G. van Beek Hajar bin Humeid. Investigations at a 
Pre-lslamic Site in South Arabia (Publications of the 
American Foundation for the Study of Man, vol. V), 
Baltimore, 1969, p. 156-158 et 237. 



PROBLEMES DE DATATION 



149 



III— I) et a Hirbat Ghana dans le Negev . . .) 298 . Ce parallelisme pourrait a l'avenir eclairer d'un jour 
nouveau l'histoire de ce type d'6tablissement sud-arabe. 

1.3.2 Les murs faits d'6difices 

Quant a l'origine des systemes deiensifs faits d'edifices juxtaposes, l'apport de la fouille de Yala parait 
d6cisif pour l'Arabie meridionale. 

En effet, le d6gagement de la maison A montre que celle-ci est prec^dee de structures plus anciennes. 
Celles-ci appartiennent a deux periodes differentes: une plus recente, compos6e d'ouvrages en partie 
reutilis6s comme fondations de structures superieures (M P, M y et M 5), et une plus ancienne mon- 
trant deux murs paralleles (M a et M e) 299 . D'apres les datations au C 14, il apparatt que «535 avant 
Fere chr6tienne (fin de L 10; piece de la maison A), 600 (fin de L 1: salle longue de la maison A), 745 
(fin de la strate B: structures M p et M y), et 870 (fin de la strate C: structure M e) peuvent fitre rete- 
nus comme dates definitives pour la destruction des pieces et des structures* 300 . Si Ton admet que la 
strate B, datee du ll e — 8 e s. av. n. e., est anterieure a la maison A, il faudrait dater la construction de 
celle-ci entre le 10 e — 8 e (?) s. av. n. e. ; c'est peut-Stre a cette epoque que le systeme defensif de Yala fut 
mis en place. 

A ce propos, on peut evoquer encore le Negev ou certains types d'etablissements faits d'edifices con- 
tigus apparaissent vers le ll e s. av. n. e. a Beer-Sheba (niveau VII), a Nahal Beersheba (site E), a 
Masad Hatira etc. 301 . Au niveau VII de Beer-Sheba, cet «etablissement ferm6» (enclosed settlement) 
est constitue de grandes maisons independantes mais aux murs mitoyens, determinant un espace cen- 
tral clos et non bati 302 . Ces maisons sont constitutes «sur un schema preetabli afin de creer un peiime- 
tres deiensif» 303 , formant a l'exterieur comme a Hirbat el-Msas un trace irregulier de parties saillantes 
et rentrantes 304 . II est int6r6ssant de remarquer, en outre, que des edifices juxtaposes en anneau ont 
peu a peu remplace les casemates (cas de Beer-Sheba aux niveaux VII puis IX) ou se sont combines 
avec elles (cas de Hazor au niveau Va) 305 . 

L'Arabie m6ridionale connut-elle des cette epoque (ll e — 10 e s.) un processus similaire d'urbanisation 
en bordure du desert? Des murs a casemates ont-ils ete remplaces par des edifices juxtaposes, formant 
des anneaux plus ou moins reguliers? c'est probable et la poursuite des fouilles permettra sans doute 
preciser cette evolution. 



298 Dans une bibliographic des murs a casemates en 
Palestine fort abondante, citons seulement: N. L. 
Lapp, Casemate Walls in Palestine and the Late Iron 
II Casemate at Tell el-Ful (Gibeah), dans BASOR, 
n° 223, 1976, p. 25-42, A. Ben Tor, Y. Portugali et 
M. Avissar, The Third and Fourth Seasons of Exca- 
vations at Tel Yoqnefam, 1979 et 1981, dans IEJ, 
vol. 33, 1983 p. 30-54. Des casemates sont aussi 
attestees en Arabie du Sud-Est, a Maysar 34 par 
exemple. 

299 De Maigret-Robin, Les fouilles italiennes, 
p. 284-286. 

300 De Maigret-Robin, Les fouilles italiennes, 
p. 287-288. 



301 



302 

303 
304 



305 



Z. Herzog, Enclosed Settlements in the Negeb and the 
Wilderness of Beer-sheba, dans BASOR, 258, 1983, 
p. 44-49. 

Z. Herzog, Beer-sheba II, The early Iron Age Settle- 
ments, Tel-Aviv, 1984, p. 78-80. 
Herzog, Enclosed Settlements, p. 44. 
V. Fritz et A. Kempinski, Ergebnisse der Ausgrabun- 
gen aus der Hirbet el-Msas (Tel Masds~), 1972-1975, 
Teil I: Textband, Wiesbaden, 1983, p. 11 . . . 
Sur ces questions voir: Y. Shiloh, Elements in the 
Development of Town Planning in the Israelite City, 
dans IEJ, vol. 28, 1978, p. 36-51. 



150 



L'ORGANISATION DES SYSTEMES DEFENSIFS 






1.4 LA PERMANENCE DE CE TYPE DEFENSIF 



Un certain nombre d'6tablissements continuent a travers toute leur histoire a mettre en ceuvre un 
systeme defensif fait d'edifices juxtaposes. 

Le meilleur exemple serait sans doute Hinu az-Zurayr, dans le wadtt c Ayn/IJarib. La ville haute, batie 
sur un plan trap6zoi'dal, de 250 m a la base et de 200 m au sommet (fig. 44) integre sur son pourtour 
des maisons au soubassement de pierre comportant des murs liaisonnes a l'orthogonale, et des Edifices 
divers (deux batiments paralleles dans Tangle nord-ouest, et un Edifice en L dans, l'angle sud-ouest). 
Ce site offre peu d'elements de datation absolue: aucun des soubassements de la couronne ou de 1'inte- 
rieur n'a fait l'objet de fouilles, aucun d'eux ne comporte de dddicace de construction in situ 306 . Ce 
systeme deiensif se developpe neanmoins sur les memes principes que sa construction. Lorsqu'il fut 
ainsi decide d'etendre la ville vers l'ouest afin d'inclure, semble-t-il, le sanctuaire occidental, la nou- 
velle ligne defensive se compose de soubassements d'6difices similaires a ceux de la couronne ant£- 
rieure. A cette occasion, le passage primitif situ6 entre deux maisons du secteur occidental est rem- 
plac€ par un nouveau passage de meme type, situe 1 plus en avant (fig. 13) 307 . 
La ville d'al-Uhdud/Nagran (l'antique Ngrn) s'inscrit elle-aussi dans une tradition architecturale simi- 
laire (fig. 58). Son systeme defensif comporte, sur un plan carr£ de 235 m de cdte\ une succession 
irreguliere de soubassements de pierre, soit juxtaposes, soit relics par des murs simples ou doubles. 





TB*,1ia f 








K) 30 

I I 



40 

— I — 



80 



Fig. 58 NagrSn: plan du site. 



306 Le texte RES 3643 se trouve sur le temple extra-mu- 
ros, Ry 497 au pied d'une tour meridionale, peut- 



307 



fitre la tour lJ4m mentionnee dans ce texte. Aucune 
mention topographique pour RES 4329. 
Voir fig. 31, releve J. Seigne. 



• yala/ad-durayb 151 



Les soubassements, months en appareil le plus souvent regulier, comportant des murs liaisonnes a I'or- 
thogonale,,et surmontes des vestiges de leurs superstructures en bois/brique, ne laissent aucun doute 
sur leur nature: ce sont des fondations de maisons et non des «bastions» 308 . Si Ton en croit certains son- 
dages effectues dans Tangle sud-est 309 , la date de 535 av. n. e. correspondrait approximativement a la 
construction des premiers edifices; ceux-ci se seraient succedes de facon similaire sur la couronne jus- 
qu'a la destruction finale de la ville. 



2. Des edifices contigus . . . aux remparts 



Certains sites des bordures du desert montrent de facon evidente que le systeme defensif traditionnel 
constitue" d'edifices contigus a ete remplace par une muraille continue. Deux sites illustrent ce pheno- 
mene: Yala et Hizmat Abu Tawr. 



2.1 YALA/AD-DURAYB 

Yala montre deux phases distinctes de d6veloppement: la premiere correspond a la mise en place d'un 

«anneau» d'habitations, la seconde a la construction d'un rempart plus vaste; cette seconde phase 

n'implique pas necessairement 1' abandon des maisons anterieures (fig. 35). 

Si la datation de ces deux phases est encore sujette a quelque reajustement, en fonction des resultats 

des fouilles 310 , certains points peuvent neanmoins etre assures. Selon les resultats au C 14, il est en 

effet possible que la maison A ait €\6 abandonnee entre le 9 C et 6 e s. av. n. e. 311 . Est-ce dire que toutes 

les maisons du pourtour defensif ont 6te d6truites a la meme 6poque? seule la poursuite des fouilles 

permettra de le dire. La meme reponse vaut aussi pour l'6poque de la mise en place de cet «anneau», 

bien que certains indices tendraient a le situer au d6but du second millenaire 312 . 

La construction du rempart peut, semble-t-il, 6tre datee de fa?on plus precise. En effet l'inscription 

Y.85/Y3a— b mentionne que: 

1 ...]... Adanat (?), compagnon de Yada c, Il et de Yata" amar, a dedie a Almaqah c lm ... [. . . 

2 . . .]. Yada c 'il sur l'enceinte de Hafray puis l'a mume d'une enceinte, tandis qu'il erigeait jusqu'a 
sa porte [. . . 

Selon Ch. Robin 313 , la Ugne 1 comporte probablement la mention de la construction d'une maison 
qui «devait s'integrer dans l'enceinte de la ville», tandis que la ligne 2 rapporte exphcitement l'edi- 
fication d'un rempart. 



308 J. Ryckmans, Al-Ukhdud The Philby-Ryckmans-Lip- 309 Zarins, Preliminary Report, 1983, p. 24-28. 

pens Expedition of 1951, dans PSAS, vol. 11, 1981, 310 Fouille interrompue depuis 1987. 

p. 55—63. On peut evoquer la similitude de ces sou- 311 De Maigret-Robin, Les fouilles italiennes, p. 288. 

bassements avec ceux des ddifices intra-muros, rele- 312 De Maigret-Robin, Les fouilles italiennes, p. 288, 
v6s par J. Zarins, Preliminary Report on the Najran note 50. 

Ukhdud Survey and Excavations 198211402 AH dans 313 De Maigret-Robin, Les fouilles italiennes, p. 289, 
Atlal, 7, 1983, part 1 (batiments 32, pi. 20; 18, note 52. 

pi. 21 A; 46, pi. 21B). 



152 DES EDIFICES CONTIGUS 



Du point de vue paieographique, ce texte etant «posterieur de quelques generations* au moukarrib 
sabeen KaribH Watar, fils de Dama^ali dont il faut d6sormais situer le regne vers le milieu du T 
s. av. n. e. 314 , devrait etre dat6 du 6 e s. av. n. e.; le rempart aurait done 6t6 edifie a cette date. 
Enfin, pour des raisons obscures, la ville fut abandonnee peu de temps apres: le systeme defensif 
ne connut done aucune Evolution notoire. 



2.2 HIZMAT ABU TAWR 

Le site de Hizmat Abu Tawr, au debouche du wacfi al-Harid dans le 6awf, livre trois dedicaces de con- 
struction relatives a revolution de son systeme defensif 315 . 
La plus ancienne MAFRAY-Abu Tawr 3 se lit ainsi: 

3 Ab°amar fils de 3 Abyada c du-l[abaran ] sa maison Hrn sur 1'enceinte de la cite l-Yf'mr . . . 

Ce texte, de graphie A2- A3 316 , est grave - sur quatre blocs in situ appartenant a la muraille de la ville, 
mais l'observation archeologique ne permet guere de reconnaitre la disposition de la maison par rap- 
port a la muraille. 

Le second texte MAFRAY-Abu-Tawr 2 = CIH 368 se lit ainsi: 

'Ab'amar fils de Ab 3 amar du-Tabaran, ami de Sumhu'all et de Yata c, amar, a construit sa maison 
Mrtfm sur 1'enceinte de la cite de [Mnhytm . . . 

Ce texte, de graphie «tres proche du style Clb de J. Pirenne» 317 , se lit sur deux blocs in situ apparte- 
nant a la muraille, mais les observations de surface sont ici peu concluantes. 
Le dernier texte MAFRAY-Abu Tawr 1 se lit ainsi: 

«Sumhu c aH Yanuf fils de Yada c 'il, moukarrib de Saba', a entoure d'une enceinte Mnhytm*. 
La graphie de ce texte, de type CI a 318 «suggere que le regne de ce moukarrib a dure - peut-€tre phis 
longtemps qu'on ne le pensait». 

Ces trois dedicaces determinent done l'ordre architectural suivant: un certain nombre de personnages 
construisent leur maison sur 1'enceinte (ou plutdt des maisons formant enceinte) puis un moukarrib 
sabeen entoure la ville d'une muraille. 

D'apres la graphie (style A2-A3), le num6ro 3, pourrait 6tre date du 6 e s. av. n. 6. (?): la construction 
de maisons attestee par des inscriptions serait done au moins contemporaine de cette epoque, et redifi- 
cation de 1'enceinte, sous les moukarribs sabeens, leur serait quelque peu posterieure. 
Des autres sites du 6awf , on ne peut en tirer d'informations aussi concluantes qu'a Hizmat Abu Tawr. 
A Kamna en effet, des Edifices en bois se dressent contre la muraille de pierre, principalement au sud- 
est. La, ces batiments (des maisons?) forment un alignement quasi-continu, a un niveau beaucoup plus 
bas que celui-de 1'enceinte, situ6e elle au sommet du tell (voir fig. 40). Nous pourrions peut-fitre 
formuler l'hypothese que la muraille, partiellement edifiee avant le regne de Tlsami c Nabat, fils de 
Nabat'aU, roi de Kaminahu vers le 7 e -6 e siecle avant notre fere (?), serait posterieure a ces edifices 
de bois. 



314 La datation du rtgne de cc moukarrib a pu tin preci- 315 Ch. Robin, Les inscriptions MAFRA Y-Aba Iawr 

see grace aux fouilles du temple de 'Attar dhO-Risaf a / - j C n appendice a Du nouveau sur les Yaz 'anutes, 

as-Sawda' (voir Breton, Le sanciuaire de 'Altar dhd- dans PSAS, vol. 16, 1986, p. 188-190 et pi. II-IV. 

Rmf a as-Sawda; dans CRAIBL, 1992, p. 316 Pirenne. Paleograpkie: tableau 2. 

449 ~ 450)i 317 Pirenne, Paleograpkie: tableau 4. 

318 Pirenne, Paleographie: tableau 4. 



LES REMPARTS DU WADI RAGWAN ET DE YALA 



153 



3. Les remparts du wadl Ragwan et de Yala 



Les deux 6tablissements d'al-Asahil et de Hirbat Sa'ud comportent, eux, une muraille continue (fig. 1 
et 2). Rappelons ici leurs principes de construction: des murs epais de 3,50 m en moyenne, months en 
pierres brutes, comportant deux parements et un blocage int6rieur de caillasse et de terre. lis sont ren- 
forc£s de contreforts longs de 7,50/7,90 m en moyenne encadrant des portions de murs longues de 
12/14 m en moyenne. Les textes, encore in situ dans les murs des enceintes, attestent leur construction 
par le moukarrib sabeen KaribH Watar fils de Damar c all 319 dont le regne pourrait se situer dans la pre- 
miere moitie du 7 e siecle avant notre ere. 

Or ce type de fortifications n'est pas lui-aussi sans evoquer certains ouvrages dgfensifs de Syrie — 
Palestine d'6poques a peine plus hautes. 

Hirbat Sa'iid offre en effet quelques comparaisons avec le «palais fortifie» de Sakca Gozu, pres de 
Marash, en Turquie orientale 319 . Cet 6difice rectangulaire long de 65 m et large de 50 m comporte un 
pan coupe 1 au nord (fig. 59). Son enceinte se compose d'un mur a double parement, enserrant un bour- 
rage interieur epais de 3,50 m et haut de 6 m; elle est renforcee a intervalles reguliers de contreforts 
longs de 4 m et saillants d'un metre en moyenne. Cet Edifice de grandes dimensions a 6te bati entre le 
10 e et le 8 e siecle avant notre ere. 

Cette technique de murs tres epais, a double parement, se retrouve aussi en Palestine vers le 8 e siecle 
avant notre ere. Dans le secteur occidental de Hazor (zone B), par exemple, un large mur a 6t€ con- 
stant vers le milieu du 8 e s. av. n. e. (strate Va) pour deiendre la citadelle 321 . Ce nouveau mur, epais 




15 20 
— i 1 1 n 



Fig. 59 Sakga Gozu: plan du site. 



319 Robin - Ryckmans, Les inscriptions de al-Asabil, 
p. 166-169. 

320 J. Garstang, W. J. Phythian- Adams, V. Seton Wil- 
liams, Third report on the excavations at Sakje-Geuzi, 
1908-1911, dans A. A. A., 24, p. 119 et pi. XX. 



321 Y. Yadin, Hazor II, 1960, pi. CCV.; S. Geva, 
Hazor, Israel. An urban Community of the 8th Cen- 
tury B.C.E., dans BAR, International Series 543, 
1989, p. 28... 



154 LES REMPARTS DU WADI RAGWAN ET DE YALA 



de 4,80 m, presente des saillants larges de 10 m a 14 m, et des rentrants larges de 5 m dans le secteur 
ouest, et de 9 m a 11 m dans le secteur nord. 

L' aspect des murs de Yala (fig. 35), bien que moins massif, se rattache a une tradition architecturale 
similaire: murs epais de 1,60 m a la base, saillants de 5 m et rentrants de 4,50 m, absence de massif 
interieur en brique crue . . , 322 ; ce systeme defensif pourrait 6tre caract£ristique des T— 6 e siecles avant 
notre ere. 

Si Yala fournit ainsi un terminus post quem pour les fortifications de ce type, Marib et al-Bayda 3 mon- 
trent alors l'apparition d'un type nouveau de murs faits d'un massif de brique crue inteneur associe" a 
une rangee de pierres a l'horizontale. A quelle epoque faut-il attribuer cette evolution architecturale 
fondamentale? II est vraisemblable que les elements visibles de la muraille de Marib soient, d'apres les 
inscriptions, legerement posteneurs aux fortifications du wadl Ragwan, mais ceux-la sont-ils reelle- 
ment les premiers murs de Marib? Peut-on situer cette Evolution technique entre Kartell Watar fils de 
Damai^ali et Yata c 'amar Bayyin, auteur du premier ouvrage defensif (?) sur le rempart de Marib, ou 
entre KaribH Watar et Sumhu c aH Yanuf fils de Yada^il jDarilj, auteur de la porte ouest d'al- Bayda? 
Autant de questions auxquelles seules des fouilles pourraient repondre. 



322 De Maigret, The Sabaean Archaeological Complex, 
p. 10-11. 



Chapitre 11: Fortifications et societe 



Les fortifications marquent l'emprise territoriale des royaumes sudarabiques qui les mettent en oeuvre, 
elles delimitent des terrains le plus souvent irrigu6s et contrdlent les voies de commerce. Ces enceintes 
sont l'expression d'une collectivite tribale, solidement organisee, avec des institutions etatiques. C'est 
ainsi que la muraille de Main temoigne, par ses inscriptions in situ et par certaines particularit6s archi- 
tecturales, de l'organisation de la tribu du meme nom et de sa richesse. 



1. Puissance des souverains et des tribus 



Selon les epoques et selon les regions, les d6dicaces de construction ont pour auteur des souverains, 
moukarribs ou rois, ou des membres de tribus. 

Les fortifications construites par les Sab6ens, a l'interieur ou a l'exterieur de leur territoire d'origine, 
l'oasis de Marib, ont pour fondateur des moukarribs. Elles sont done le signe de leur pouvoir comme 
celui de l'expansion territoriale sab6enne au 7 e siecle avant notre ere. Leur dedicace de construction 
sont breves: «X, fils de Y, moukarrib de Saba' a muni l'enceinte de tel ou tel ouvrage defensif». Men- 
tionnons par exemple MAFRAY-Hirbat SaUd 4: «Karib'Il Watar fils de Damar^all, a muni l'enceinte 
du (bastion) Mlkn» 323 . Des textes similaires se retrouvent a al-Asahil, Hjrbat Sa°ud, Sirwah, etc. 
En Qataban, c'est un moukarrib de Qataban, Yada c 'ab Dubyan Yuhan'im, fils de Sahr, qui construit 
(probablement) la porte nord de Hagar Kuhlan (MAFYS-Timna c 1) ainsi que la ville de c Abar dans le 
wadl Dura' 324 , et un autre moukarrib, Hawf amm Yuhan'im, qui erige certaines tours de Naga' (RES 
3669 = Gl 1333 + Ghul al-Guba 1 et RES 3675 = Gl 1121). Plus tard, c'est un roi de Qataban, Sahr 
Gaylan, fils de Absibam, qui entreprend la construction de la porte sud de Hagar Kuhlan/Timna c (RES 
3881), mais ce sont des «hommes» de Yada c 'ab Dubyan, roi de Qataban qui fortifient (?) la ville de 
Rahab (l'antique Rhb) 325 . 

En Hadramawt, les mentions de souverains apparaissent rarement sur les dedicaces de construction. A 
Sabwa, un seul texte a pour auteur un roi de Hadramawt: Yada"il Bayyin, fils de Yada c 'ab, (Hamilton 
2 A et B) 326 , tandis que les autres ont pour auteur plusieurs personnages dont c Amm'anas du clan de 
Sadiqdakar (VI/1976/81), et Gawban fils de Yada c 'il (n° 15 bis). A Naqab al-Hagar, c'est Habsal fils de 
Sagb qui dirige la construction de l'enceinte de Mayfa c at (textes 1-4) 326 ; quant au mur de Libna', c'est 

323 Robin — Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil, restitue pour l'inscription B (pi. XIII) le titre de roi k 
p. 155. ce meme souverain. 

324 Pirenne, Deux prospections historiques, p. 226—229; 325 Pirenne, Deux prospections historiques, p. 219—220. 
le texte A (pi. XII) attribue a Yada c 'ab Yuhan'im fils 326 Pirenne, Fouilles de Shabwa, I, p. p. 56-58 et 
de Sahr, le titre de moukarrib de Qataban, J. Pirenne fig. 20. 



156 PUISSANCE DES SOUVERAINS ET DES TRIBUS 



Sukmum Salljan fils de Ridwan (RES 2687) qui en dirige la construction pour son mattre YaShurU 
Yuharls fils de AblyasV, moukarrib du Hadramawt. 

A l'inverse, les dedicaces des fortifications min^ennes ont le plus souvent pour auteur des membres 
influents des tribus. Mentionnons par exemple: «Dahmal et ses fils Badiyat et e Abdat, de la commu- 
naute de c Attar du-Yuhariq et . . . Alhatan, clan de Zalwaman, clan de Gab'an, compagnons de Ilyafa e 
Yasur et de son fils Haffanum Riyam. . .» qui edifient la tour Rabqan a BaraqiS (RES 2975/2 = 
M 197), ou encore: .... «et Yadkur'il et Sa c d'il et Wahab'il et Yasma c 'il, clan de Gab'an, compagnons 
de Abyada c Yata c , roi de Ma*in» (RES 2774/1 = M 29) qui construisent six saillants et six courtines sur 
l'enceinte de Ma'in . Toutefois certaines dedicaces ont pour auteur, des souverains mineens dans: 
«Waqah'il Sadiq, fils de D Ilyafa c , roi de Ma'in . . .» qui consacre la tour Zarban (RES 2829/1 = M 83), 
ou des pretres de Wadd, membres du lignage de Yada c (M 401/1 = Tawfiq 5). 
L'interdt des dedicaces de construction des murailles min€ennes est de mettre en Evidence les structu- 
res sociales du royaume de Ma'in. Celui-ci comprend un certain nombre de tribus dont la plus impor- 
tante est celle de Ma'in meme (Sa c b Mcfln) divis6es en clans appeies 'ahl, eux-memes divises en sous- 
clans ("fl/i/) 328 . Au niveau inferieur on trouve encore un certain nombre de lignages puis de families res- 
treintes. 

A Ma'in, conune a BaraqiS, la plupart des inscriptions de fortifications raentionnent le clan de Gab'an, 
divise lui-meme en une trentaine de sous-clans dont ceux de Zalwaman, c Amam, SVtum, Bawsan, etc. 
Comment les tribus et les clans min6ens se repartissent-ils les taches d'6dification des fortifications? 
Seul le secteur occidental de BaraqiS fournit quelques elements de reponse. U convient done de repren- 
dre la chronologie des textes in situ etablie ci-dessus (p. 109-111) en attendant des fouilles comple- 
ment aires. 

La plus ancienne inscription du secteur RES 3021 = M 246, grav6e sur la tour 2, a pour auteur Zayd'il 
et Zayd et 'Aws fils de 'fidara' du sous-clan de Saturn et d'autres membres du meme sous-clan; elle 
rapporte l'edification de plusieurs tours du dispositif d'acces occidental. Le texte RES 2978 = M 200, 
grave au-dessus du precedent, a aussi pour auteur un personnage de ce sous-clan Saturn. L'inscription 
RES 2975 = M 197, grav6e sur les flancs de la tour 58, rapp>orte que plusieurs membres du sous-clan 
Zalwaman et du clan de Gab'an participent a P6dification de cette tour et de la courtine 57—58. Ce 
sont ensuite des membres d'un autre clan Yafa c an qui construisent les deux courtines TaSbum et Sibam 
ainsi que la tour du-Mlb (n° 57) (RES 3012 = M 236). A la meme 6poque, un certain Ratadil fils de 
Wadad 3 Il, du sous-clan de Bazr Sahfan consacre la tour 1, YaSbum (RES 2976 = M 198). Plus a Test, 
un personnage du clan Yaf an est l'auteur de RES 2974 = M 196, puis RES 3022 = M 247, encastree 
dans la courtine 4-5, rapporte l'edification des tours 4 et 5 et de leur courtine intermldiaire (Tanim) 
par un membre du clan Yaf an et un autre du sous-clan Dafgan. Le dernier texte de ce secteur, RES 
2971 bis = M 193 a pour auteur un ou des membres du sous-clan Balab. du clan Gab'an. Dans le sec- 
teur meridional de l'enceinte, le texte RES 3535 = M 347 a pour auteur plusieurs membres des clans 
Dafgan et Yaf an, et RES 2929 = M 151 rapporte l'edification des deux tours du-Hufn et Lab'in par 
des membres des sous-clans c Abar et Flufn et du clan Gab'an. Dans le meme secteur RES 2965 = 
M 185 rapporte enfin que plusieurs membres du clan Fiafid et du clan Gab'an construisent la tour dfl- 
Baqaran (n° 11) et les courtines 'Alhan et du-Nadaban, etc. Plus a Test encore, RES 2999/2-3 = 
M 222 consigne l'edification de la courtine 18-19 par deux membres du sous-dan Pamarfin. 
En dressant la liste des personnes qui consacrent des ouvrages militaires, on constate qu'une dizaine 



327 Robin, Naqab al-Hagar. Les inscriptions, dans Bre- tribale en Arable du Sud antique, dans La Ptnuuvk 
ton .... La muraille de Naqab al-Ha&ar, p. 17-20. Arabique d'aujourd'hui, Paris. 1982, p. 18-22. 

328 Ch. Robin, Esquisse d'une histoire de I 'organisation 



CHANTEER ET OUVRIERS 157 



d'entre elles appartiennent au clan Gab'an 329 ; ce clan occupe egalement une position preponderante 
dans les detficaces de Ma°in. 

D'autre part, la localisation de ces dedicaces met en valeur la repartition tribale des travaux dans le 
secteur sud-ouest de BaraqiS; ils sontle fait de quatre sous-clans Zalwaman, Yafa c an, Bazr Sahfan et 
§a°tum 330 . Mais c'est ce dernier qui fait 6difier la plus grande partie des travaux: tours 1 (?), 2, 3, 4, 5, 
et 58. Certains de ses membres, par exemple, mettent en chantier la tour 2 (Yafan), quoique son nom 
ne figure pas explicitement dans RES 3021, que d'autres membres consacreront quelque temps plus 
tard (RES 2978 = M 200). Ajoutons que des membres du clan Yafa c an s'associent a d'autres membres 
du sous-clan §a°tum pour construire les tours 4 et 5 (RES 3022), tandis que d'autres membres du clan 
Yafa c an Sdifient seuls la tour 57 (RES 3012). Ces inscriptions permettent done d'evaluer, meme de 
facon approximative, la richesse des tribus et clans de BaraqiS. Le dispositif d'entree occidental a 6t6 
en grande partie realise par Saturn, sous-clan de Gab'an, et le secteur meridional par Gab'an directe- 
ment. 

La fortification est done un lieu privilegie d'une certaine cohesion tribale puisque ces tribus doivent 
s'entendre sur un programme de construction, une organisation des chantiers et un entretien des 
ouvrages defensifs. Ces chantiers supposent aussi une certaine permanence tribale dans la mesure ou 
ils fonctionnent pendant plusieurs generations. 



2. Les chantiers: organisation et financement 



2.1 CHANTIER ET OUVRIERS 

L'6dification d'une muraille de pierre repr6sente une d6pense importante pour les villes. Elle suppose 
en effet une mobilisation de main d'eeuvre pendant un penode assez longue, une coordination des dif- 
ferents corps de metiers et une concentration plus ou moins importante de moyens financiers. 
Plusieurs categories d'ouvriers travaillent a l'6dification des fortifications. La plus humble, mais sans 
doute la plus nombreuse, est utilis6e au transport des blocs et a l'6dification des massifs de brique crue. 
L' expression «tandis que travaillait Ma°in» (RES 2814/9) d6signerait peut-etre (?) cette main d'oeuvre. 
Carriers, masons et charpentiers forment des corps de metiers specialises, places sous la direction de 
contremaitres. Des premiers, il doit subsister dans les carrieres des traces de leur outillage 331 . On peut 
supposer que les blocs etaient extraits des carrieres, sommairement equarris sur leurs faces et aplanis 
sur leur lit d'attente 332 . A Main, des boutisses, brutes d'equarissement, comportent des marques gra- 
vies tres sommairement, d'une quinzaine de centimetres de c6te 333 . 

Les tailleurs de pierre ont laisse de nombreuses traces d'outils que J. -CI. Bessac etudie, au moins dans 
le Gawf 334 . Pour la mise en oeuvre des blocs, il distingue une premiere preparation du bloc puis une 

329 Ch. Robin, La cM et V organisation sociale a Mrfln: 331 Voir note 40. 
L'exemple de YTL (aujourd'hui Bardqish), dans Stu- 332 Observations J.-Cl. Bessac. 

dies in the History of Arabia, Universit6 de Riyadh, 333 Ces marques figurent sur les boutisses engagdes dans 

vol. II: Pre-Islamic Arabia, 1984, p. 157—162. Nous le massif de brique, sur le flanc occidental de la tour 

ne prenons en compte pour cette estimation que les de flanquement de la porte sud. 

inscriptions in situ. 334 Bessac, Techniques de construction, (a parattre). 

330 Robin, La citi et V organisation sociale, precise que de 
nombreux sous-clans ne sont pas attest6s dans les 
«Iistes des Hierodules*, p. 162, note 6. 



158 



LES CHANTIERS: ORGANISATION ET FINANCEMENT 



taille definitive des parements soit au pied du mur, soit sur celui-ci (Main: porte sud). La delimitation 
des ciselures perimetriques ainsi que le piquetage central eventuel interviennent une fois le bloc en 
place. De rares inscriptions rapportent le nom de ces tailleurs de pierre; citons par exemple ^Amm'fl 
c Alhan, fils de Radaw'il, le tailleur de pierre, le hadrami, serviteur de Ilfaz Yalut, roi de Hadra- 
mawt . . .» (Hor Rori 2/1-3) 334 . 

L'organisation des travaux ne peut etre apprehendee, et encore avec beaucoup d'incertitudes, qu*a 
BaraqiS et Ma°In. L'Stude du secteur oriental de Ma'in par J.-Cl. Bessac laisse entrevoir une execution 
des murs par tranches de 4,75 m a 4,90 m de long 336 . Ces murs de longueur normalisee pourraient etre 
commandit6s de facon autonome, et finances s6parement, mais Us s'inscrivent de toute facon dans un 
schema general de l'enceinte. Dans le cas de tours, les alignements verticaux des boutisses pourraient 
peut-etre correspondre aux memes tranches de travaux 337 . Celles-ci devraient corresponds a des uni- 
tes de mesure exprim6es en coud6es 338 . 

Tous ces ouvriers travaillent en equipe sous la direction de «patrons», places eux-memes sous l'autoritf 
de «kabirs» (RES 2976/2, RES 3869/3-4 etc.). A Hor Rori, le tailleur de pierre, mentionnl ci-dessus, 
serait aussi entrepreneur puisqu'il dresse le plan de l'enceinte (Hor Rori 2/3—6). 
n est difficile d'estimer le poids de ces travaux dans l'ensemble de la production, de Ma'in par exem- 
ple. Sans doute les travaux agricoles retiennent-ils une partie de la main d'ceuvre pendant quelques 
mois de l'annee, et les paysans sont-ils tenus de livrer des produits agricoles. RES 2774 serait Depen- 
dant la seule inscription a consigner «la nourriture (des ouvriers) selon le d6cret mineen* ainsi que la 
«Uvraison pubhque de cer6ales». Fait unique dans la region? il ne le semble pas. 
II n'est done pas etonnant que l'6dification des fortifications se poursuive pendant longtemps. Celle 
d'al-Asahil, enceinte de petite dimension, commencee sous Kartell Watar fils de Damar'all, se pour- 
suit sous les regnes de Yada c 'il Darih (?) et de Yata"amar Bayyin. La construction des murailles de 
BaraqiS et de Ma°in couvre, semble-t-il, une partie des 5 e et 4 e siecles avant notre ere 339 . 



2.2 LE COUT DES FORTIFICATIONS 

Les dedicaces de construction des enceintes min6ennes rapportent souvent les noms de ceux qui presi- 
dent a l'edification de tel ou tel ouvrage deiensif. Personnages importants dans la hieiarchie tribale, 
pafois meme chefs de clans ou de tribus, ils collectent les fonds ou financent directement les travaux. 
On connait par exemple: «YaSrah'n' fils de 'Alda 3 et ses fils Yahram'H et Haram et Ma c dlkarib et Dara- 
Tcarib, et 'Alda' fils de Yahram'fl et §arah 3 il et Sarahwadd, fils de Yahram'Il . . .» (RES 2999/1 - 
M 222). De tels personnages sont assez ais6s pour financer seuls Perection d'un ouvrage d6fensif, ou 
au contraire doivent s'associer a plusieurs 340 . 

Ces contributions jouent un rdle important, au moins a Baraqis* et Matn, puisque leurs puissantes 
murailles en sont le r6sultat: ce financement, volontaire ou extraordinaire, evoque a J. Ryckmans 341 les 



335 
336 

337 



338 



339 



Muller, Die Inschriften Hor Rori 1 bis 4, p. 54-55. 340 

Bessac, Techniques de construction, (a paraitre). 

Rappelons ici les dimensions des pans des saillants 

dans le secteur oriental: saillant 1 (4,30 m, 4,70 m, 

4,75 m) et saillant 2 (4,50 m, 4,90 m, 3,50 m). 

Les mentions de coudees dans les textes de Main et 

de BaraqiS sont trop peu nombreuscs pour en tircr 341 

quelque conclusion. 

Ces datations ne sont qu'approximatives; les plus 

anciennes inscriptions du secteur ouest remontc- 

raient au 5 C s. av. n. e. (voir note 245). 



Dans ce cas, les personnages appartiennent a la 
mCme tribu (cf. RES 2999/2 et 3: clan Pamaran). 
Mentionnons aussi: 'Ammlsadiq fils de Hamm'atat 
du clan de Yaf an qui participe a la construction de la 
tour n° 57 (RES 3012/1 = M 236) et de la courtine 
4-5 (RES 3022/1 = M 247) de BartqiS. 
J. Ryckmans, L'insitution monarchique en Arabie 
mtridionale avant I'lslam (Ma'in et Saba), (Bibliothe- 
que du Mustfon, 28), Lou vain, 1951, p. 47. 



LE COffr 1 DBS FORTIFICATIONS 159 



«liturgies» grecques, c'est a dire les services publics rendus, proportionnels au montant de la fortune 
des citoyens. Ainsi la tribu des Gab'an, sans doute la tribu royale, participe-t-elle a l'essentiel de ces 
constructions qui temoignent de son prestige. 

Ce programme architectural suppose une concentration et une immobilisation financiere importantes. 
La premiere source des revenus, l'exc6dent de production agricole, est prelev6 sous forme de contribu- 
tions directes en nature (RES 2774/3); un texte de Main mentionne le recours aux «impots de prenti- 
ces de la terre du roi» (RES 2973/3 = M 195). Certains fermages de terrains appartenant a des souve- 
rains, des particuliers ou des divinites peuvent ainsi 6tre affectes a des programmes de construction. 
Mais ce sont surtout les «impots» pay6s aux divinites qui constituent une sorte de «Tr6sor» destine en 
partie a financer les constructions. A Ma c tn, 1'inscription RES 2804/2 = M 59 mentionne «la dime qu'il 
(Sm c m, fib de 'ws) lui (a c Attar du-Qabdim) a versee et les prentices qu'il lui a offerts ...» pour la reali- 
sation d'un mur de courtine orientale. D'autres inscriptions de Main mentionnent aussi des impots a 
c Attar du-Qabdim (RES 2774/3 = M 29, RES 2801/2 = M 56, etc.), a "Attar du-Qabdim et a Wadd 
(RES 3535/1 = M 347). Le texte RES 2975 = M 197 precise qu'ils «. . . ont ajoute (aux impots des pre- 
ntices) ce qu'ils avaient en propre a leurs divinites», et RES 3022 = M 247 ajoute que c Attar du-Qab- 
dim «. . . s'est montre satisfait des offrandes et des contributions . . .» (traduction RES). Tous ces textes 
confirment la richesse des sanctuaires, ainsi que l'importance des pr61evements. 
II semble, sous toutes reserves, que les dimes et impots des temples de Main suffisent a couvrir les 
frais d' Edification de l'enceinte. Ce n'est, semble-t-il, pas le cas a Baraqis ou les textes RES 3020, 3022 
et 3010 rapportent que les entrepreneurs doivent ajouter des sommes de leurs propres fonds ou de leur 
«bien propre». Pour y construire le saillant du-Baqaran, et quelques courtines dont Salaf, 3 Alhan et 
du-Safatan, ne faut-il pas additionner impots de prentices preleves sur le tresor des divinites de Main 
et de Dat Nasqim, ressources personnelles et contributions en prentices (RES 2965/1—2 = M 185)? 
Cette inscription ajoute que le clan Hafid a vers6 cent quatre vingt mines pour la construction et la 
reparation d'une courtine (traduction RES): c'est la seule mention chiffr6e de couts de travaux. 
Cette situation financiere, sans doute aleatoire, peut entrainer un arret provisoire ou d6finitif des tra- 
vaux. Plus que des pans de muraille, ce sont des parements qui restent parfois inachev6s. Le cas est fre- 
quent a Main: la tour orientale, sur sa face septentrionale, n'a ete ravalee que sur sa partie orientale, 
sur 1,20 m a partir de Tangle et le parement interieur du mur de courtine n'est acheve que sur les cinq 
dernieres assises, a partir du haut. A partir de la sixieme assise, les parements ne comportent plus 
qu'une ciselure ineguliere sur leur arete inferieure, et un tiers des blocs en est meme depourvu; le 
reste de la face du parement est grossierement piquete alors qu'il aurait du recevoir une finition sem- 
blable a celle des blocs superieurs 342 . La tour sud-ouest d'as-Sawda' connait un sort similaire: sa face 
septentrionale n'a jamais ete completement ravalee. 



3. La fortification: signe de richesse 



Les murailles temoignent d'abord de la richesse agricole des etablissements qu'elles protegent. Elles 
mobtiisent en effet pour leur construction comme pour leur entretien une part importante des ressour- 
ces agricoles: la taille des villes est proportionnelle a l'importance des r^seaux irrigu6s qu'elles contro- 
lent. 

342 Observations J.-Cl. Bessac. 



160 



la fortification: signe de richesse 



Les travaux agricoles que les gens des villes entreprennent ou financeat dans les campagnes environ- 




queJ 

vaux sur les terres du-Sadaw, c'est a dire situ^es au sud de la porte de ce meme nom a Hagar Kuhlan/ 
Timna c343 . 

Mais, plus que l'agriculture, c'est le commerce caravanier qui fournit le surplus indispensable a la con- 
struction de systemes d&ensifs et qui serait a l'origine de la fortune des villes situees en bordure du 
desert du Ramlat as-Sab c atayn. 

En tete de ces villes, il faut placer celles du royaume de Ma'in, dont les habitants se consacrent, selon 
toutes les sources, essentiellement au negoce. Au dossier volumineux de ce commerce, nous ne pou- 
vons verser que deux inscriptions gravees sur les murs de Ma'in et de BaraqiS: 

- MAFRAY-Ma'in 13, gravee sur un saillant non loin de la porte sud: 

1 ] c Ammisama c , Lafcajfatat, Wa(hab) [ 

2 ] et Eiyafa c Nabat, sacrificateurs de Wadd, [. . . 

3 pal] meraie (?) 

4 Ma c ] Inum (?), lorsqu'il fit du commerce a D6dan, en Egypte, a Tyr, a S(idon) [ 

5 c Athtar] du-Yahriq, par Hum Yata c , et par Ab [ 

(Traduction Ch. Robin) 344 

- RES 3022/1 = M 247, ornant la base de la courtine reliant les saillants 4 et 5 de BaraqiS: 

1 'Ammlsadaq fils de Hamm c atat du (clan de) Yaf an et Sa c d fils de c Alg du (clan de) Dafgan, chefs 
des caravaniers, et les Mineens caravaniers qui partirent en expedition et firent du negoce en 
Egypte, en Syrie et en Transeuphratene . . . 
(Traduction Ch. Robin) 345 . 

Ainsi les murs des villes mingennes sont-ils les seuls au Y6men a rapporter les activites commerciales 
de leurs habitants. II faudrait rapprocher ces deux textes des inscriptions appelees conventionnelle- 
ment les «Listes de Hierodules* de Ma'in (M 392—398) qui, selon certaines hypotheses, consigne- 
raient la «naturalisation» de femmes 6trangeres 6pous6es par des Mineens 346 . Celles-ci proviennent 
principalement de l'Arabie du Nord-Ouest (D6dan, Qedar, Yatrib, Libyan), du Levant (Gaza surtout, 
mais aussi c Ammon, Mo'ab et Sidon), de l'Egypte, et secondairement de l'Arabie du Sud (QatabSn, 
Hadramawt), de l'Arabie orientale (Hagar) et de l'Asie mineure. Ces textes esquissent done la carte 
des regions oil les Mineens faisaient du negoce. Les succes de ces marchands min6ens tant en Arabie 
qu'en M£diterranee orientale expliquent leurs richesses, et celles-ci, a leur tour, l'ampleur des pro- 
grammes architecturaux. 



343 



344 



345 



Les textes graves sur le bastion occidental de ia porte 
sud-ouest de Timna' ont 6t6 publics par N. Rhodoka- 
nakis, Die Inschriften an der Matter von Kofyl&n-Tim- 
ncf (SBAWW, 200/2), Wien, 1924, et dans Die Kflto- 
banische Bodenverfassungsurkunde SE78, 79 = 
Gl 1394, 1400, 1406, 1606, 1401, 1605 (Fundort Koh- 
l&n), dans WZKM, XXXI, 1924, p. 22-52. 
Robin, Premieres mentions de Tyr chez les M intern 
d 'Arabie du Sud, p. 135. 

Robin, Premieres mentions, p. 144. A. Lemaire, 
dans une communication intitulee: La giographie 
politique du Proche-Orient dans les inscriptions 



miniennes au Colloque Arabia Anaqua, Rome, Mai 
1991 , propose de dater ce texte du 5* s. av. n. e.; voir 
aussi la communication de G. Gnoli, Minaeo-Persian 
Synchronism a ce meme colloque. 
346 Voir J. Ryckmans, Les Hierodulenlisten de Main et 
la colonisation mintenne, dans Mflanges historiques 
Etienne van Cauvenbergh, Louvain, 1961, p. 56-61 
et J. Ryckmans, Biblical and Old South Arabian 
Institutions: Some Parallels, dans Arabian and Isla- 
mic Studies, Articles presented to R. B. Serjeant, Lon- 
don - New York, 1983, p. 17-18. 



la fortification: signe de richesse 161 



Dans le 6awf , cette preeminence du royaume de Main est Me a la position de ses villes sur les routes 
caravanieres: Mam et Baraqis* sont situ6es au croisement des pistes qui les relient a Sabwa, Marib et 
Nagran. A l'inverse, le sort des villes installees sur le cours moyen du wadi Madab (Hizmat Abu-Tawr, 
Kamna, al-Bayda', as-Sawda' etc.) semble plutdt tributaire de la mise en valeur de leur territoire agri- 
cole, ce que confirmerait le contenu des documents inscrits sur bois d'as-Sawda'. Une exception cepen- 
dant: Haram (Hirbat Hamdan) joue peut-etre un r61e notable dans le commerce caravanier avant 
l'emergence de Main. II n'est pas etonnant des lors que les cycles de construction dans les villes 
mineennes soient lies, plus ou moins directement, aux variations des transactions commerciales. 
S'il fallait esquisser une carte des routes caravanieres et des fortifications, il faudrait peut-Stre associer 
vers le 7 e -6 e siecle avant notre ere, les villes de Haram, Hjrbat Sa'iid, al-Asahil ou les Haramites ont 
une colonie, et Marib. Quel fut l'effet de la tutelle sabeenne dans le 6awf sur le commerce caravanier? 
Aucune donnee ne permet de le mesurer. Mais, cette emprise achevee, Main se developpe lentement 
et tisse des liens etroits avec les contr6es evoqu6es ci-dessus; aux 5 e et 4 e siecles les programmes de con- 
struction tant civils que religieux attestent la vitalite de la ville. Et, il faut attendre l'ouverture des voies 
maritimes vers le ler siecle avant notre ere pour que la prospente de Main soit atteinte, et Poccupa- 
tion romaine en 24 av. pour que l'arrdt des chantiers soit definitif: aucune construction importante 
n'est mise en oeuvre apres cette date. 

En dehors des regions mineennes et sabeennes, la correlation entre benefices commerciaux et fortifica- 
tions semble plus difficile a preciser. S'il faut uniquement tenir compte de la quality des ouvrages mili- 
taires, aucune ville situee entre Hagar Kuhlan et Sabwa ne semble profiter du commerce caravanier, et 
le r61e m6me de la capitale qatabanite souleve bien des questions. 

L'importance de Sabwa dans le commerce caravanier tient d'abord a sa situation, a l'intersection de 
trois itineraires, celui qui relie la ville a l'Ocean Indien par le wadi Hagar et le Crawl, celui qui rejoint 
Hagar Kuhlan par le pi6mont du Hadramawt ou le wadi Dumays, celui enfin qui traverse le Ramlat as- 
Sab c atayn pour aboutir a Main ou Nagran. Elle tient aussi a la presence d'une grande fa9ade maritime, 
permettant a Sabwa d'utiliser simultan^ment routes terrestres ou maritimes. Elle tient enfin, selon les 
auteurs latins, a une organisation rigoureuse de la recolte d'encens et au monopole royal de son com- 
merce. Tout ceci lui vaut de lancer, peut-6tre des les 5 e (?)-4 e (?) siecles avant notre ere, de nombreux 
programmes architecturaux. Le plus majestueux d'entre eux ne serait-il pas le rempart inteneur, long 
de 1500 m, la citadelle et les vastes enceintes exterieures? Plus tard, aux deux premiers siecles de notre 
ere, la prosp6rit6 de la capitale hadramite ne semble pas s'accompagner de nouveaux ouvrages militai- 
res, sans doute en raison meme de l'achevement de son dispositif delensif . II en est de meme dans le 
Hadramawt ou les derniers grands travaux defensifs, a Libna' ou a Naqab al-Hagar, ne semblent pas 
posteneurs a la fin du premier siecle de notre ere. 



Chapitre 12: Strategic et poliorcetique 



Entourees de champs irrigues, les villes doivent defendre autant leur territoire que leur espace urbain, 
et parer autant aux menaces des nomades venus du desert qu'a celles des armies des autres Etats. 



1. Controle des routes et des oasis 



1.1 SURVEILLANCE DES ACCES AUX VILLES 

L' embouchure des wadls offrant aux assaillants une voie aisee de penetration, les etabUssements qui 
s'y developpent sont tous fortifies 347 : ils controlent pistes, puits et installations hydrauliques. C'est ainsi 
que les garnisons de Sabwa, installees au sommet des collines de Qarat al-Hadlda et Qarat al-Firan, 
peuvent surveiller ses acces par le desert (entre al- c Uqla a l'ouest et al-Quwid au nord), et par le wadl 
'Atf/Inna au sud 348 . 

De meme que Hagar Yahir/Abu Zayd controle les acces septentrionaux au wadl Marha du haut de ses 
eperons de Barqa et de Haras", de meme Hagar Kuhlan surveille les acces septentrionaux du wadl Bay- 
han du sommet des pitons de Hayd ibn c AqIl et de TJsaylan. II se constitue done, en bordure du Ram- 
lat as-Sab c atayn, une ligne de postes qui permet de surveiller les acces aux vallees inteneures. 



1.2 DEFENSE DES OASIS 

Le meilleur exemple de defense d'un territoire agricole est celui de Hinu az-Zurayr 349 . L' embouchure 
du wadl Harib est d6fendue par l'6tablissement de Hagar Harib, proche du puits antique (?) de Bir al- 
c Aqil. Plus au sud, le piton d'al-Hasfa ferme les vallees des wadls Ablah et Harib. Sur le flanc meridio- 
nal de ce dernier, un etablissement fortifi6, bSti sur 1'eminence de Hayd al-Hallf, surveille la piste 
reliant Tariq Mal c a a Hinu az-Zurayr. A Test, les cretes d'al-Ha§fa a Taraf al- c Azab sont reU6es par le 
mur d'al-Qid renforce de fortins a chacune de ses extremites. Ce mur separe la tribu Murad installee a 
Gfrt, de celle de 3 hrbn (Ry 497) a Hinu az-Zurayr. Au Sud de celle-ci, le piton de Qarn c Ubayd situ6 au 
milieu de la vallee controle les liaisons entre la passe de Mablaqa et le cours superieur du wadl Harib/ 
c Ayn. 



347 Les 6tablissements situ^s sur le cours moyen des val- 348 Voir Breton, Le site de Shabwa, dans Fouilles de 

lees peuvent aussi £tre fortifies" (cas du 6awf): au Shabwa, II, p. 63—66. 

total done les sites munis de systemes deiensifs sont 349 Wissmann-HQfher, BeitrUge zur historischen Geogra- 

plutot majoritaires. L'affirmation con tr aire: «Large phie, p. 258—263 et fig. 4. 

walled towns were uncommon occurences in pre-Isla- 
mic South Arabia* (Toplyn, The wadi al-Jubah, 1, 
p. 64) doit done etre nuancee. 



164 



HADRAMAWT ET GAWF: DEUX SYSTEMES DE DEFENSE 




Les grandes zones irriguees 6taient-elles entourees de murs et protegees par des tours? En Asie cen- 
trale, ces enceintes regionales avaient un double but: parer aux attaques des nomades et proteger les 
oasis des sables 350 . Bien qu'aucun vestige visible en surface de tels murs n'ait et6 repere, il est possible 
cependant que de tels systemes aient existe au Y6men. On trouve en effet de nos jours sur les hautes- 
terres de nombreux exemples de murs, munis de tours-greniers, defendant des terres irriguees, dans la 
region de Sa c da par exemple 351 . Dans le c AsIr, des maisons-tours (hufti) ferment des lignes paralleles 
de defense et d'alerte, par exemple au nord et a l'est du village de Hawalah 352 . Superficies exigues et 
indispensables a l'existence des villes, ces oasis font l'objet d'une surveillance permanente. 
L'Arabie du Sud connait aussi des enclos a grande echelle, a Sabwa notamment. Un rempart suit les 
cretes des collines qui ferment le site de toute part; c'est un mur a crdmaillere, fait de galets, et done 
d'une facture differente de l'enceinte int6rieure. Cette enceinte exteneure protege toute la zone non 
batie d'al-Sabha ou se trouvent les mines de sel et ou les caravanes faisaient peut-etre halte. C'est un 
choix similaire qui guide la construction du mur exteneur de Palmyre: un mur rectiligne, sans tour, 
haut de 3,60 m, cl6t la plaine autour de l'oasis jusqu'aux collines de 1'ouest et escalade les pentes du 
Gabal Muntar: «il n'y a pas de doute que le rempart suffisait pour prot6ger la ville de quelque coup de 
main des nomades . . . mais restait impuissant contre une armee disposant de moyens offerts par la 
poliorcStique antique* 353 . 



2. Hadramawt et Gawf: deux systemes de defense 



Les deux vallees du Gawf et du Hadramawt, situees de part et d'autre du Ramlat as-Sab c atayn, con- 
naissent des systemes de defense differents. 

C'est un situation paradoxale au premier abord car ces deux valines presenters de nombreux caracteres 
communs: une latitude proche sur le 16eme degr6 de latitude nord, une altitude similaire proche de 
800 m, une orientation est-ouest et un meme bassin d'alimentation en eau 354 . Ces deux vallees s'encais- 
sent entre des hauteurs, tabulaires dans le Hadramawt ou plus accidentees dans le Gawf, et s'ouvrent 
largement vers le d6sert. Toutefois leur sym6trie n'exclut pas des differences de taille: le Hadramawt 
mesure 250 km de long (entre al- c Abr et les confins du wadl MasHa, vers Sana') et le Gawf une cen- 
taine dans son cours inferieur (entre al-Marasi et Inabba'). Le premier draine des affluents, longs et 
nombreux sur son flanc meridional (wadls c Amd, Hagarayn, Bin C AH, c Idim, etc.), assurant ('irrigation 
d'un territoire plus etendu que celui du Gawf. 

Les conditions historiques de la mise en valeur des vallees du Gawf et du Hadramawt semblent similai- 
res, pour autant que les recherches permettent de l'affirmer. L'irrigation y est pratiquee au moins des 



350 De telles enceintes existent dans les oasis de Balkh, 
Merv, Boukhara et Samarcande. Voir G. A. Pougat- 
chenkova, Caracteres de I' architecture defensive anti- 
que en Asie Centrale, dans La fortification dans I'his- 
toire du monde grec, 1986, p. 59 et suiv. 

351 Voir F. Varanda, Art of building in Yemen, 1982. 
p. 14-17. 

352 W. Dostal, Ethnographic Atlas of 'AsTr, OAW-SB 
406, Wien, 1983, p. 99-103 et fig. 10. 

353 M. Gawlikowski, La premiere enceinte de Palmyre, 



dans La fortification dans I'histoire du monde grec, 
Paris, 1986, p. 52. 
354 Pour le Hadramawt, voir R. A. Cochrane, An Air 
Reconnaissance of the Hadhramawt, dans The Geo- 
graphical Journal, 77, January to June 1931, 
p. 209-216; pour le Gawf et ses environs, voir H. 
Kopp, Agrargeographie der Anbischen Republik 
Jemen, Erlanger Geographische Arbeiten, Sonder- 
band 1 1 , Erlangen, 1981, p. 34 . . . et p. 218 . . ., et les 
travaux en cours de B. Marcolongo. 



HADRAMAWT ET 6AWF: DEUX SYSTEMES DE DEFENSE 



165 



le second millenaire 355 , et a plus grande echelle des le premier; des le 8 e -7 e siecle avant notre ere, si ce 
n'est meme avant, les etablissements se succedent tous les quinze kilometres environ dans le Gawf; ils 
sont de meme particulierement nombreux sur le cours moyen du Hadramawt: al- c Adiya (?) (l'antique 
Sw'rri), c Uqran, Guga, Sibam (l'antique Sbm), Sa 3 yun (l'antique Syri), Maryama, Guraf, as-Suwayri, 
etc. En outre, ces villes sont entourees d'une nebuleuse d'etablissements agricoles qui temoignent 
d'une mise en valeur tres dense de ces vallees. 

Or les systemes de defense elabor6s dans ces deux regions different totalement. Dans le Gawf chaque 
etablissement sudarabique est defendu par une muraille. A son embouchure, aucun site ne semble pre- 
dominant: BaraqiS controle les acces m6ridionaux, et Inabba' les acces septentrionaux. Quant au 
Gabal al-Lawd, il joue, semble-t-il, le r61e de poste frontalier entre le territoire min6en et les regions 
septentrionales 356 . 

A l'inverse, la d6fense du Hadramawt repose sur le controle de ses acces. A l'Est, plusieurs points for- 
tifies barrent la valine (fig. 48) et controlent ainsi les liaisons entre les wadls Maslla et Hadramawt: 
Husn al- c Urr, Husn at-Tawba et Qarat Kibda. A l'Ouest, Pextremite du Hadramawt est fermee par 
deux sites: Sabwa au Sud, et al- c Abr au Nord; ce dernier, «la ville d'al- c Abr» (Ja 665 et Sarafaddin 32), 
a souvent 6t6 utilise' comme point de ralliement des corps d'armee sabeens et base de depart des expe- 
ditions contre le Hadramawt aux 3 e — 4 e s. de. n. e. Sabwa occupe certes une position excentree par rap- 
port a la vallee, mais lui est reliee par les passes de °Uqayba (vers les wadls al-Qama et Qunaiyida) et 
de Futura (menant a la route pavee de Magarra) 357 . Au Sud enfin, les acces par les wadls Mayfa c a et al 
Hagar sont controles respectivement par les sites de Naqab al-Hagar et Libna'. La vall6e du Hadra- 
mawt ainsi verrouillee a ses extremites semble ais6e a contrdler: les villes interieures ne ressentent 
point la nec6ssit6 de se doter de moyens d6fensifs. Si c'est precisement le cas des etablissements situ6s 
dans les affluents du Hadramawt (Hurayda, Raybun, Ma§ga-Suna) 358 , ce n'est peut-Stre pas le cas de 
tous ceux que se trouvent sur son cours principal. Si al-Hagra, Makaynun, Guraf ne sont point forti- 
fies, Sibam et Tarun devraient sans doute l'etre (pour des raisons evoquees ci-dessous). 
Des conditions historiques propres a chacune de ces vallees expliquent, en partie, ces differences 
defensives. Des la periode archaique, des le 8 e s. av. n. e. (?), il apparait dans le Gawf des petites uni- 
tes independantes, royaumes (Haram, Kamna et Nasan) et villes (Hizmat Abu Tawr), etc. Leur auto- 
nomie, ou dans certain cas leur statut de «cite-Etat», hnplique la realisation de leur propre systeme 
defensif. Les conquetes sabeennes, sous le moukarrib Kartell Watar fils de Damar c all entrainent le 
reamenagement ou la construction d'ouvrages defensifs (par exemple a Baraqis, selon RES 3946/1) 359 . 
Au contraire, le Hadramawt semble connaitre un processus d'unification plus ancien. Aucune inscrip- 



355 Pour Sabwa, voir L. Badre, Le sondage stratigraphi- 
que, dans Fouilles de Shabwa, II, p. 232—234; pour 
Marib, voir I. Hehmeyer und J. Schmidt, Antike 
Technologie — Die sabdische Wasserwirtschaft von 
Marib, dans ABADY, V, 1991, p. 87-95; pour Ray- 
bun, voir A. V. Sedov, Communication au Colloque 
de Rome, 1991. 

356 Ch. Robin et J.-F. Breton, Le sanctuaire priislami- 
que du Cabal al-Lawd (Nord-Ye'men), dans 
CRAIBL, 1982, p. 628-629. * 

357 Pirenne, Fouilles de Shabwa, I, p. 14, fig. 3 et 
p. 91-93. La route antique de Magarra (ou Majarra) 
est mentionnee dans Wissmann — H6mer, Beitrage 
zur historischen Geographie, p. 321 103 . 

358 Le site antique d'al-IJurayda n'est pas fortify, selon 



359 



G. Caton Thomson, The Tombs and Moon Temple of 
Hureidha (Hadhramaut) (Reports of the Research 
Committee of the Society of Antiquaries of London, 
n° XIII), Oxford, 1944; le site de Raybun ne Test pas 
non plus, selon A. V. Sedov, Raybun, A Complex of 
Archaeological Monuments in the lower Reaches of 
wad! Du c an and certain problems of its Protection and 
Restaur ation, dans Ancient Mediaeval Monuments of 
Civilization of Southern Arabia Moscou, 1988, 
p. 61—66; pour Suna-Masga, voir Le wadl Hadra- 
mawt. Prospections 1978-1979, pi. I-IV. 
II est difficile de savoir si BaraqiS est une conquete de 
Karibll Watar fils de Damar'all, ou une ville depuis 
longtemps sabeenne. 



166 HYPOTHESES SUR l'ART DE LA GUERRE 



tion ne mentionne l'existence de royaumes ou de villes independantes, anterieurs a l'emergence d'un 
«royaume du Hadramawt». Ses origines certes sont encore bien impr6cises, et on peut seulement le 
croire antSrieur aux conquetes sab6ennes de KaribH Watar fils de Dama^aB (vers le T s.) puisque 
celui-ci restitue au roi Yada"il des tenitoires qu'avait annexes 'Awsan. Par la suite, le relachement des 
liens avec la confederation sabeenne a-t-il entrain^ un renforcement de l'Etat? aucune inscription ne 
pennet encore de l'affirmer. Sabwa l'emporte (peu a peu?) sur les villes qui menacent sa preeminence, 
a l'interieur (al- c AdTya, l'antique $uwa'ran), et a l'exteneur (Barira) 360 . 

De facon generate, Ma c In mene done une politique a l'oppos6 de celle du Hadramawt. Faute de mener 
de grandes operations militaires 361 , les villes min6ennes enrichies par le commerce s'entourent de rem- 
parts, temoins impressionants de leur prosp6ritd. A Finverse, le Hadramawt plus centralist llabore 
une politique de defense plus coherente, lui permettant a l'occasion de mener des operations militai- 
res. 



3. Hypotheses sur l'art de la guerre 



3.1 QUELQUES TACTIQUES 

On ne peut qualifier de «tactique» le simple brigandage quoiqu'il represente certainement le type de 
menace le plus frequent auquel les villes doivent faire face. Des murs eleves autour des zones agricoles 
et des 6tablissements suffisent peut-Stre a les en mettre a l'abri. 

A un degre" supeneur, les pratiques du combat en rase campagne peuvent se resumer ainsi: ravages des 
terres, constitution de prisonniers et confiscation de b£tail. RES 3945/4—5 relate ainsi que KaribH 
Watar fils de Damar°ali «incendia toutes les villes de Hbn et Dyb, et ravagea leurs zones irriguees et 
ravagea Nsm, la zone irriguee de Rfy et Grdn, et il provoqua un dlsastre dans le Datina et il brflla 
toutes ses villes (du Datina)* 362 . Ces ravages s'inscrivent dans une politique visant a r&hiire les villes: 
la destruction des ouvrages hydrauliques entraine la perte des recoltes, et celle des puits l'absence de 
ravitaillement en eau. Faute de ressources, les d6fenseurs peuvent nggocier avant de reporter leur 
ligne de r6sistance sur l'enceinte, ou prolonger le combat. L'importance des ouvrages hydrauliques 
n'est-elle pas confirmee par leur confiscation apres la victoire? Karibll Watar fils de Damar c ali «enleva 
a Sumhuyafa c et a NaSan les canaux de dhat-Malikwaqih et octroya a Nabafafl, roi de Kaminahu, et a 
Kaminahu ceux des canaux dhat-Malikwaqih . . .» (RES 3945/17) 363 , et Haram (l'antique Hirbat Ham- 
dan), alliee des Sabeens, recoit les eaux de du-Qaf an prises a NaSan (CIH 516). 
Cette pratique du ravage des terres ne semble pas evoluer au cours de la penode sudarabique. Au 
milieu du 3 e s. de n. e. , le bilan d'une operation menee contre Nagran s'^leve ainsi a 68 villes d&ruites, 
60000 Schalas ravagds et 97 puits d6truits (Ja 577/14-15); au 4 e s. Damar'aH Yuhabirr assifige les villes 
de Suwa'ran, Sibam, Say^n, etc. et d&ruit 2000 gchalas (al-Iryani 32Z34) 36 *. 

360 Pirenne, Fouilles de Shabwa, 1, p. 39. g r & ce aux inscriptions, Revue du Monde Musulman 

361 Les inscriptions min^ennes ne font aucune mention et de la M6diterranee, n° 61, 1991-3, p. 57. 

de conquetes mendes par des souverains mindens 364 W. W. MUller, Das Ende des antiken K&nigreichs 

hors du Gawf. Uadramaw. Die SabMsche Inschrift Schreyer-Geu- 

362 Rhodokanakis, Altsabiiische Texte, p. 23 et 41 -43. kens = IryHni 32, dans Al-HudhOd. Festschrift Maria 

363 Voir Ch. Robin, L'Arabie antique de Karib'll a Hofner zum 80. Geburtstag, Graz, 1981, 
Mahomet. Nouvelles donnies sur ihistoire des Arabes p. 255-257. 






l'art des sieges 167 



3.2 V ART DES SIEGES 
• " ■ • 

La poliorc6tique sudarabique ne peut faire l'objet que de breves remarques parce que les inscriptions 
decrivent rarement les phases successives d'un siege, et que les bas-reliefs, a la difference de l'Assyrie 
et de la Palestine, ne repr6sentent jamais de scenes de prise de ville. 

D est probable que la seule tactique, pratiquee a l'epoque archaique, consiste a investir la ville, tenir 
son territoire, d6truire ses installations hydrauliques, prevenir toute sortie des assieges et attendre la 
reddition de la ville. 

L'inscription RES 3945 fournit quelques precisions interessantes sur le siege de Nasan et de Nasq dans 
le Gawf ; en void quelques fragments: «Quand il (KaribH Watar £Lls de Damar'all) lanca une seconde 
campagne, eleva un mur avec lequel furent encercles NaSan et Nasq, sur l'injonction de c Attar durant 
trois ans, se rendit maftre de Nasq et de son territoire pour 'Almaqah et Saba', massacra mille NaSani- 
tes. . . detruisit l'enceinte de la ville de Nasan jusqu'a l'extirper ainsi que la ville de Nasan. . .» (1. 
15— 16) 365 . Le souverain sabeen erigea done deux murs de siege, a Nasan et Nasq, mais ne reussit a 
require ces villes qu'au bout de trois ans; un tel precede 1 reconnait implicitement l'incapacit6 des assail- 
lants a prendre une ville d'assaut. 

Une fois prise, la ville est incendiee: «(ainsi que la ville de NaSan) qu'il aneantit par le feu, lui infligea 
la destruction de son palais c Afraw» (RES 3945/16). Le r61e de l'incendie peut s'expliquer par l'impor- 
tance des batiments en bois ou par la profusion du bois dans certains Edifices 366 . Quant au chateau 
c Afraw, e'est son r61e autant symbolique que mihtaire qui est vise par sa destruction. 
La quality mediocre de la poliorc6tique archaique n'est-elle pas a l'origine de la configuration des forti- 
fications de l'epoque? Les enceintes d'al-Asahil, de Hirbat Satid et de Gidfir ibn Munayhir offrent un 
certain aspect «passif». Leurs murs ne sont pas tres 61ev6s et ne comportent aucune tour; £taient-ils 
mSme couronnes d'un parapet en brique ou en bois? Aucun element ne permet de l'affirmer. Quant a 
leurs portes, elles ne semblent comporter aucun dispositif particulier. Ce qui compte, semble-t-il, e'est 
leur valeur statique et leur capacite d'abriter une population a l'interieur des murs et non de soutenir 
un siege, la multiplication d'ouvrages d&fensifs est alors sans raison. 

Les fortifications des 6 e — 5 e s. av. n. e. environ semblent un peu diff6rentes de celles-la. La muraille de 
Yala est munie d'un chemin de ronde continu, a l'abri d'un parapet de pierre haut d'un peu moins de 
2 m 367 . L'enceinte d'al-Bayda', dans le Gawf, comporte des murs peu eleves (4,00 m a 4,30 m) et des 
saillants de meme hauteur, perces d'ouvertures assez etroites (8 cm a 10 cm) et hautes de 28 cm a 
35 cm (pi. 13 c et d) 368 . Les seules «meurtrieres» d'al-Bayda' defendent les deux tours de flanquement 
de la porte occidentale. Disposees a intervalles r6guUers dans une meme assise, et amenagees de 



365 Voir Robin, L/4rafo'e antique de Karib'Tl a Mahomet, 367 De Maigret, The Sabaean Archaeological Complex, 
p. 58. _ fig. 16. 

366 Si le chateau c Afraw ressemblait a celui de Sabwa, ce 368 II est probable que les ouvertures dans les saillants 
sont probablement ses superstructures de bois qui d'al-Bayda' servaient a encaster des poutres; ceux-ci 
6taient alors d6truites par l'incendie. C'est ce qu'il seuls, et non les courtines, seraient munis d'une plan- 
advint au chateau sqr de Sabwa lors de son sac par les cher de bois. 

Sabeens vers 225 de notre ere; voir J.-F. Breton, Le 
chateau royal de Shabwa: notes d'histoire, dans Fouil- 
les de Shabwa, II, p. 216 et 221. 



168 HYPOTHESES SUR L'ART DE LA GUERRE 



facons tres diverses (fig. 25), elles sont orient6es difterement seloa leur position dans les tours 
(fig. 24), mais, larges d'une dizaine de centimetres, ces meurtrieres ne couvrent pas un champ tres 
large. En definitive, ces murailles suffisent, semble-t-il, a mettre biens et personnes a l'abri de coups de 
main par des adversaires, peu familiaris6s avec les techniques d'assaut. 

Aux 5 e et 4 e s. av. n. e. , les murs des enceintes du wadl Gawf atteignent 8 m a Ma'in et 14 m a BaraqiS 
(fig. 10 et 11). La poliorcetique sudarabique aurait-elle fait de tels progres en deux siecles que la seule 
reponse possible aurait 6t6 l'616vation croissante des murailles? L'Arabie meridionale connait-elle 
l'usage de tours de siege, les seules machines destinees a accroitre les possibilites balistiques des assail- 
lants, et capables de prendre des tours aussi hautes que celles de Baraqis"? c'est, sous toutes reserves, 
fort peu probable. En consequence, on peut supposer que seuls les coups de main ou les ruses pou- 
vaient venir a bout des murailles de Ma'in et de BaraqiS. II reste alors a s'interroger sur la nature des 
travaux defensifs: puisque leur evolution n'est pas une r6ponse au progres des techniques de siege, 
atteste-t-elle principalement renrichissement des villes min^ennes? en attendant quelque confirmation 
archeologique, la reponse semble positive 369 . 

La rupture vient-elle plus tard, avec l'expedition d'Aelius Gallus en 24 av. n. e.? Strabon rapporte 
ceci: «Le roi s'enfuit (de Nagran) et la ville fut emport6e d'assaut . . . il (Gallus) atteignit la ville d'Ath- 
roula (Baraqis) et s'en rendit maitre sans coup ferir . . . Apres avoir invest! la ville (de Marib), il en fit 
le siege pendant six jours, mais la disette d'eau l'obligea a partir* (Strabon, XVI, IV, 24). Si les raisons 
de l'€chec d'A. Gallus devant Marib sont assez bien connues, celles qui font son succes devant Baraqti 
meritent reflexion. La ville a pu se rendre sans combat, comme elle a pu s'effondrer face aux moyens 
poliorcetiques romains. Le prefet ne disposait-il pas en effet de bois local et de l'experience de ses 
techniciens pour construire des machines de siege? Mais ce n'est la qu'une hypothese. 
Toutefois 1' expedition romaine ne marque pas une rupture dans l'art poliorcetique parce que ses con- 
sequences demeurent limitees. L'enrichissement des grandes villes, Marib, Sabwa, Hagar Kublan au 
tournant de notre ere, jusqu'au 2 e s. environ, laisse supposer qu'elles deviennent un enjeu croissant des 
affrontements de cette 6poque. Les butins semblent immenses et s'entassent dans les sanctuaires de 
Marib. 

Au tournant de notre ere, l'introduction de la cavalerie et le d6veloppement de corps de mercenaires 
«arabes» ne semble pas bouleverser les process de siege. La pratique de I'assaut ne remplace pas celle 
de Finvestissement, sans doute parce que les mercenaires n'ont pas de speciality et que les grands 
Etats, incapables d'assumer un effort de guerre considerable, ne peuvent former des corps specialises 
dans I'assaut 370 . Cependant les villes assiegees par les Sabeens ne resistent pas, semble-t-il, longtemps. 
La desuetude voire l'affaiblissement de leurs systemes defensifs dont les inscriptions ne consignent plus 
que des refections a l'exception de Marib 371 et de Sabwa 372 , la superiorite numerique des Sabeens et les 
effets de surprise 373 peuvent expliquer a des degr6s divers la brievete des sieges. D'apres rinscription 
al-Iryani 32, le combat des Sabeens jusqu'a la reddition de Sibam dure treize jours 0- 28-29), et le 
sifege de Tarim douze jours seulemen! (1. 33-34) 374 . 



369 Voir notamment A. F. L. Beeston, Pre-Islamic 372 Pirenne, Fouilles de Shabwa, I, p. 56-59 au sujet de 
Yemen in a recent Publication, dans JRAS, 1988, Hamilton A et B. Voir chapitre 9. p. 131. 

P- 161- 373 On peut supposer que le raid du roi Safrum Awtar 

370 L'ouvrage de Y. Garlan, Recherche* de poliordtique contre Sabwa vers 225-230 de notre ere, et son suo- 
grecque (Bibliotheque des Ecoles fran9aises d'Athe- ces, releve d'un effet de surprise. Voir J. Ryckmans, 
nes et de Rome, fasc. 223), Paris, 1974 fournit quel- Himyaritica, III, dans Le Miueon, LXXXVTI, 1974, 
ques comparaisons sur les pratiques d'assaut dans le p. 247-256. 
monde grec et Wllenistique, p. 112-120, 125-148, 374 W. W. MQller, Das Ende des antiken Kdnigsrekhs 

rjadramaut. Die sabaische Inschrifi Schreyer-Geu- 



etc, 



371 Voir p. 90-91. hau m lrySni n dms x/./Zu^arf. , p. 227-231. 



CONCLUSION 



169 



Sur les hautes-terres du Yemen, chateaux et villages fortifies constituent l'enjeu essentiel des conflits, 
mais la pratique du ravage des terres n'est pas 6cartee pour autant. Les habitants des villes, enfermes 
dans leurs murs, n'ont recours qu'a une tactique: la sortie (?) (cf. Ja 578/8) 375 ; et les assaillants prati- 
quent ruses et coups de main (par exemple: un assaut de nuit, dans Ja 631/29-30). 



Conclusion 



II est done difficile d'affinner qu'une conception nouvelle, surbordonnant la d6fense du territoire a 
celle de la ville, soit apparue, meme si les inscriptions accordent a celle-ci un role croissant: ni moyens 
nouveaux, ni pratiques diff6rentes ne semblent mis en oeuvre. Les fortifications, 6difi6es des le 6 e — 5 e 
siecle avant notre ere, ne semblent guere connaitre de transformations architecturales similaires a cel- 
les des ouvrages militaires hellenistiques, sans doute pour les raisons evoquees ci-dessus, a savoir l'ab- 
sence de progres dans l'art des sieges. Faut-il voir dans les murailles mineennes et sabeennes l'expres- 
sion essentielle d'un prestige urbain? On serait tent6 de repondre par raffirmative. 



375 A. F. L. Beeston, Warfare in Ancient South Arabia 
(2nd— 3rd. Centuries A. D.), 5 (Qahtan, Studies in 
Old South Arabian Epigraphy, fasc. 3), London, 



1976, p. 16. L'interprdtation de «sortie» est n6an- 
moins douteuse. 



■1 

40 



Conclusion 



Les systemes d6fensi£s d'Arabie meridionale se developpent a des rythmes discontinus selon les epo- 
ques et les regions. Certains d'entre eux apparaissent a des p6riodes bien determinees, d'autres dispa- 
raissent progressivement, d'autres enfin coexistent pendant pres d'un millenaire. Les raisons en sont 
diverses: modifications architecturales, evenements politiques ou militaires, influences exteneures. 
Ces tournants, parfois brusques, dans l'histoire des fortifications refletent peut-Stre des bouleverse- 
ments d'une plus grande ampleur. Analysees a divers endroits de cet ouvrage, ces epoques «critiques» 
de rhistoire de l'architecture militaire sont ainsi regroup6es: une «proto-histoire» aux contours mal 
definis (fin du second millenaire-d6but du premier), une penode dite des «moukarribs» (7 e -6 e siecles 
avant notre ere) et celle de Tarrdt des grands programmes de construction (vers le ler siede avant 
notre ere). 



1. Les origines des fortifications 



Supposer une premiere mise en valeur des terres au second millenaire, au moins dans certaines oasis, 
reviendrait a formuler peut-etre l'hypothese de systemes d6fensifs primitifs. Cette supposition n'est 
pas, dans l'etat actuel des recherches, entierement denu6e de fondements car des murs de brique crue 
apparaissent dans le secteur oriental de Marib et sud-ouest d'as-Sawda' en-dessous de leurs remparts 
de pierre, mais seules des fouilles permettraient d'apporter des €16ments nouveaux. 
D'autres systemes defensifs, ceux qui sont constitu6s d'6difices contigus, semblent s'fitre mis en place 
des les 10 e -9 e siecles avant notre ere (?). Ce type de defense temoigne probablement compte de la 
fragmentation des groupes sociaux dans les vall6es, et peut-etre aussi de la permanence d'un certain 
type d'habitat depuis le second mill6naire. Les recherches sur l'habitat de 1'Sge du Bronze au Yemen, 
comme les paralleles avec des 6tabUssements de ce type en Palestine ou en Arabie orientale peuvent 
sans nul doute ouvrir de nouvelles perspectives a l'histoire du peuplement en bordure des deserts. 
II est curieux cependant de constater que ces systemes, constitu6s d'6difices juxtaposes, survivent 
essentiellement en bordure m^ridionale du Ramlat as-Sab c atayn, entre le wSdl 'AbadSn a Test et le 
wadi HarTb a l'ouest. La carte de distribution de ces etablissements recouvre-t-elle celles de particulari- 
t6s ethniques et tribales, ou t6moigne-t-elle d'une faiblesse militaire des royaumes successifs qui domi- 
nent ces regions? aucune r^ponse ne peut etre fournie pour le moment. 



fTSS^^ 



CONCLUSION 171 



2. La periode des moukarribs (7 e — 6 e siecles avant notre ere) 



L'apparition de la culture dite «sudarabique» constitue une rupture dans l'architecture militaire des 
bords du Ramlat as-Sab c atayn. 

Les premieres enceintes, comportant des dedicaces de construction gravees en caracteres pr£-monu- 
mentaux, sont constitutes de murs continus: la defense des etablissements situ6s dans les wadls est des- 
ormais assume collectivement sous l'6gide des premiers moukarribs sabeens. Ce sont d'abord les petits 
etablissement situ6s dans les environs de Marib, puis ceux de Hirbat Sa^d et d'al-Asahil, enfin ceux de 
Yala et de Sirwah. 

Ces nouveaux types de fortifications, assez varies, temoignent sans doute de tentatives contemporaines 
ou successives. Le premier type consiste en l'edification d'un epais mur de pierres brutes (cas de Hirbat 
Sa°iid), dans certains cas assez bien assise. Plus tard ou simultanement, Yala offre un type de mur peu 
epais, renforc6 de saillants a intervalles r6guliers, et Kamna un autre type de mur constitue' de deux 
rangees de pierre a l'horizontale. A ces techniques qui connaissent pour des raisons qui nous echap- 
pent encore, un developpement limite, lui succede un autre principe de construction, celui d'un mur 
juxtaposant un massif inteneur de brique et un mur exteneur de pierre constitue' le plus souvent d'une 
seule rangee de pierre a l'horizontale. Nous avons prudemment tente de situer cette evolution archi- 
tecturale vers le T— 6 e siecle avant notre ere, mais nous manquons encore d'arguments pour le prouver 
de facon certaine. II est probable que cette maconnerie, limitee d'abord aux regions sabeennes et prin- 
cipalement a Marib, se repande lentement jusqu'au Gawf et en Hadramawt. 
Une autre incertitude demeure, celle de l'origine de certaines techniques de taille de pierre et d'orne- 
mentation. Aux emprunts directs a l'Egypte ou a la Syrie - Palestine, il est pr6ferable de supposer une 
lente evolution des techniques de taille et d'ornementation. Certains ouvrages d'irrigation de Marib et 
les sanctuaires extra-muros du Gawf ne temoignent-ils pas en effet, des le 8 e siecle avant notre ere, 
d'une r€elle maitrise de ces techniques? 

II revient aux premiers moukarribs sabeens de lancer d'importants programmes de construction, en 
particuher de fortifications. Leur nombre est incertain, une vingtaine tout au plus; leur taille n'est cer- 
tes pas considerable: de 700 a 800 m environ de pourtour (a l'exception de Marib et d'al-Bayda') mais 
elle correspond a l'exiguite des territoires irrigues qu'elles controlent directement; leur plan suit en 
general un trac6 ovale (Yala, BaraqiS, 6idfir ibn Munayhir et al-Bayda 3 ) et plus rarement rectan- 
gulaire (Hirbat Sa°ud). Geographiquement, ces fortifications correspondent a l'emprise la plus dense 
des souverains sabeens, du wadi Guba au sud au wadl Gawf au nord-ouest de Marib. 
Les principales modifications architecturales ne sont sans doute pas anterieures au 5 e -4 e siecle avant 
notre ere. Comme nous l'avons deja suppose, elles ne repondent guere a des progres pohorcetiques, 
mais temoignent de l'enrichissement des villes, principalement mineennes. Les villes de Main et de 
Baraqis mettent en oeuvre des murs de plus en plus hauts, en grand appareil et aux parements soigneu- 
sement ornementes; il en est de meme a Sirwah et a Sabwa. 



172 CONCLUSION 




3. L'arret des constructions (vers le ler siecle avant notre ere) 



Des cette date, les d6dicaces de construction d'ouvrages militaires se font plus rares. Les murailles ne 
semblent plus qu'entretenues ou reparees, ce que les souverains jugent souvent inutile de consigner 
par une inscription, a l'exception de Sabwa. Ces donnSes, 6voqu6es ci-dessus ville par ville, attestent 
un d£clin general de l'architecture militaire. 

Ce tournant se manifeste differement selon les regions. Dans le 6awf, l'ouverture d'une liaison mari- 
time avec la M£diterrannee orientale par la mer Rouge semble priver les Mineens d'importants reve- 
nus. Par ailleurs, en bordure des territoires irrigu6s, de nouvelles tribus nomades obligent les Etats 
constitu6s a se d6fendre de leurs raids ou a s'allier avec eux. Face a des pratiques militaires differentes, 
les remparts traditionnels sont-ils encore de quelque efficacit^? A Marib, les murs construits en brique 
crue sembleraient attester un declin de la ville des le ler siecle avant notre ere; en Qataban, aucun 
ouvrage d6fensif n'est mis en oeuvre, probablement des le second siecle avant. Seul le (ladramawt con- 
nait encore une prospent£ certaine qu'attestent les fouilles de Sabwa au moins juqu'au d6but du 3 e Ste- 
ele de notre ere. Mais la capitale ljadramite, comme de nombreuses autres villes, continue a s'abriter 
derriere des systemes deiensifs, engds depuis longtemps, qu'aucun progres poliorcltique ne rend des- 
uets. Et les memes conditions impliquent qu'aucun grand programme dgfensif n'est lance" aux premiers 
siecles de notre ere sur toutes les franges du desert. 



Resume en allemand 
Die befestigten Siedlungen Altsiidarabiens vom 7. bis 1. Jh. v. Chr. 



Einfiihrung 



Die Wiiste Ramlat as-Sab c atayn, die bisweilen auch Sayhad genannt wird, bildet den siidlichsten Teil 
der Rub c al-Khall zwischen den Bergen des Yemen im Westen und den Hochflachen des Hadramawt 
im Osten. Entlang deren Hangauslaufern und auf einer durchschnittlichen Hohe von 1000 m wird ein 
weitgehend unfruchtbarer Deflationskorridor von Wadibetten geschnitten, die starke alluviale Abla- 
gerungen mit sich fuhren. Dort, in den Schnittpunkten unterbrochener und nur saisonal Wasser fuh- 
render Flufilaufe mit den dem Konidor in Langsrichtung folgenden Verkehrswegen haben sich die 
befestigten Siedlungen Altsiidarabiens entwickelt. 

Bisweilen angelegt auf alteren Siedlungshttgeln, sind diese Siedlungen zur sogenannten siidarabischen 
Zeit entstanden, wie sie durch das erste Auftreten von in die Mauern eingesetzten Bauinschriften defi- 
niert ist. Die bislang altesten unter ihnen konnten bis etwa in das 7. vorchristliche Jahrhundert zuriick- 
gehen. Die befestigten Siedlungen ahneln sich stark in ihrem aufieren Erscheinungsbild und ihren 
Konstruktionstechniken. 

Dennoch sollte die geographische, historische und architektonische Einheitlichkeit nicht entschei- 
dende Unterschiede verschleiern. Zu nennen sind zuerst geologische Ungleichmafiigkeiten, da das 
Terrain von Ost nach West stark variiert; desweiteren architektonische Unterschiede, denn ein Teil 
der verwendeten Baustoffe unterscheidet sich von einer Region zur anderen. Besonders Holz konnte 
fur die Errichtung von Aufbauten oder einfachen Einbauten verwendet werden. 
Wir stellen hier etwa 30 befestigte Anlagen vor, von Nagran im Norden, Timna c im Suden, sowie 
Sabwa im Osten: Eine Einbeziehung der im yemenitischen Hochland befindlichen Anlagen wiirde 
fiber den Umfang unserer Untersuchung hinausgehen. Tatsachlich prasentieren wir hier nur die Ver- 
teidigungssysteme, wie sie wahrend der sogenannten siidarabischen Periode iibhch waren; die Zahl der 
von hier stammenden Bauinschriften belauft sich auf etwa 300. Ihre raumliche Verteilung hingegen ist 
ungleichmafiig, da etwa 170 aus dem Wadi Gawf , 26 aus dem Wadi Ragwan, gut 30 aus der Region 
Marib sowie etwa 15 nur aus dem Hadramawt stammen. 

Die Verteidigungssysteme wurden nach drei vibergreifenden Kriterien klassifiziert. Das erste Merkmal 
beruht auf einer typologischen Untersuchung der Architekturelemente, im besonderen der des Mauer- 
werks und der Blendverkleidung. Das zweite umschreibt im funktionalen Sinne das Verhaltnis der 
Verteidigungsbauten zu den Belagerungstechniken der verschiedenen Zeitabschnitte. Das dritte Kri- 
terium, basiert, auf der konzeptibnellen Ebene, auf der Unterscheidung zwischen den verschiedenen 
Verteidigungssystemen: Einige bestehen aus aneinander grenzenden Gebauden, andere wiederum 
werden mittels durchlaufender Mauern geschiitzt. 



174 resume en allemand 

Teil I: Architektur 

KAPITEL 1: UMFANG UND ABMESSUNGEN 

Der GroBteil der siidarabischen Siedlungen ist inmitten der damals bewasserten Feldflachen gelegen. 
Einige sind zur Zeit ihrer Griindung im flachen Gelande angelegt worden (Beispiel: Hirbat Sa'ud), 
andere auf der Kuppe von kiinstlichen Siedlungshiigeln (Beispiel: as-Sawda'); selten sind jene, die sich 
wie Sinvah, Sabwa, Sibam (Hadramawt) und vielleicht BaraqiS dem Gelanderelief anpassen. 
UmschlieBungsmauern in mehr oder minder ebenem Gelande weisen nur selten einen quadratischen 
(Nagran), bisweilen rechteckigen (Hirbat Sa'ud), am haufigsten aber polygonalen Umrifi (Main, as- 
Sawda') auf. Bestimmte Anlagen besitzen einen ovalen UmriB wie al-Bayda', BaraqiS, Yala, Hagar' 
Arra. Zum gegenwartigen Zeitpunkt ist es jedoch unmdglich, eine chronologische Abfolge der ver- 
schiedenen GrundriBtypen festzulegen. 

Die Abmessungen der meisten Anlagen sind nur maBig. Die kleinsten, mit einem Umfang von 200 bis 
800 m, entsprechen den Anlagen mit Mauern aus aneinander grenzenden Baueinheiten. Im Gawf mifit 
der Umfang der groBen Stadte zwischen 800 und 1300 m mit Ausnahme von al-Bayda' (1500 m). 
Selbst die Hauptstadte der siidarabischen Konigreiche sind nur von relativ bescheidenem Zuschnitt: 
Hagar Kuhlan (1850 m), Sabwa (2500 m). Lediglich Marib als groBte aller Stadte geht iiber einen 
Umfang von 4000 m hinaus. 

KAPITEL 2: DIE KONSTRUKTIONSTECHNIKEN 

2.1 Die Baumateri alien 

Lehmziegel wurden bei der Errichtung zahlreicher ziviler, sakraler und Befestigungsbauten benutzt. 

Bei Befestigungsanlagen wurden luftgetrocknete Ziegel zunachst fur die Mauerfundamente verwendet 

(Ma'in, as-Sawda', Sabwa). Desweiteren bildeten sie massive, unterschiedlich starke Mauerkerne, die 

beidseitig mit Steinmauerschalen verblendet wurden: Diese Lehmziegelmassive wurden gleichzeitig 

mit den Bindern und Laufern des vorgeblendeten Quadermauerwerks aufgefuhrt. 

Lehmziegel als dennoch wesentlicher Bestandteil dieser Bauweise werden jedoch nur selten in den 

Texten mit Ausnahme jener von Naqab al-Hagar (ftl) genannt. 

Das verbaute Steinmaterial zeugt von der geologischen Vielfaltigkeit der am Rande der Wuste gelege- 

nen Regionen. Zunachst Kalkstein in verschiedenen oolithischen Formen und verschiedenen Farben 

im 6awf wie auch in Sabwa. (Man weiB allerdings nicht, welcher dem Begriff blq entspricht). Man 

trifft allerdings auch auf Granite im Norden (Nagran) und im Suden (Bayhan), manchmal gemeinsam 

verbaut mit Schiefer, Sandstein (Sabwa), Basalten und Tuffen (Marib) usw. 

Holz, reichlicher verfugbar als in unseren Tagen, diente zur Errichtung von fachwerkahnlichen Gerip- 

pen uber Steinsockeln oder auch zum Bau von Einbauten in Ttirmen und Kurtinen wie etwa Decken- 

balken, Zugangsmoglichkeiten usw. 

2.2 Mauertypen 

Es muB unterschieden werden zwischen dicken Mauern mit beidseitiger Verblendung (ohne Lehmzie- 
gelkern) und solchen mit, sei es einfacher, sei es doppelter Blendverkleidung und jeweils dazugehOri- 
gem Lehmziegelmassiv. 



resume' en allemand 175 



In letzterem Fall mifit das Lehmziegelmassiv 3-4 m in der Breite und ist etwa bis auf halbe Hone der 
Blendsteinverkleidung aufgefiihrt. Die Mehrzahl der Umwallungen im 6awf wurde ohne Verwendung 
von MSrtel aus Laufern und vertikal gereihten Bindera errichtet. 

Die Sohle der Mauerfundamente besteht aus luftgetrockneten Ziegeln. Die Fundamente waren, unge- 
achtet ihrer groben Erscheinung, nicht in die Erde verlegt und miissen eigentlich sichtbar gewesen sein 
(vgl. die Turme von Baraqis): Sie gleichen hMufig einem bossierten Mauerwerk. Der AufriB entspricht 
einem regelmaBigen oder unregelmaBigen Quadennauerwerk mit einem leichten Riicksprung alle 3 
bis 4 Lagen. 



2.3 Das Mauerwerk 

Die Befestigungsanlagen von Qataban,'Awsan und Hadramawt sind in Zyklopenmauerwerk errichtet 
(Beispiel: Siidtor von Timna c ). UnregelmaBiges Quadermauerwerk kennzeichnet die archaischen 
Befestigungen im Wadl Ragwan und in Yala, der bisweilen ungenaue isodome Quaderverband jene 
von Marib, girwah, al-Bayda', Main und Baraqis". Man kennt gleichermaBen fast ganzlich aus Quader- 
mauerwerk erbaute Mauern (Ostkurtine von Main) und solche in „Diamant"-Bauweise (Sabwa, al- 
Hagar). 

2.4 Die Verblendungen 

Der GroBteil der archaischen Befestigungsmauern weist einfache bearbeitete Wandlachen auf: Hirbat 
Sa°ud, Kamna (point 2). Danach, vom 6. Jh. v. Chr. (?) an, erfreuen sich Quader mit umlaufendem 
Randschlag groBer Beliebtheit; ihre Abmessungen variieren stark (vgl. Tableau 4). Derartige Varian- 
ten belegen, wenn auch ohne groBe chronologische Aussagekraft, insbesondere die Sorgfalt, die man 
der Ausfuhrung diverser Bauten angedeihen UeB. 



KAPITEL 3: MAUERN UND TURME 

3.1 Der Mauerverlauf 

Die archaischen Befestigungsanlagen, die ungefahr dem 7. Jh. v. Chr. zugeschrieben werden, beste- 
hen im allgemeinen aus einer (2-3 m) dicken Mauer, die in regelmaBigen Abstanden mit Strebepfei- 
lern verstarkt ist und die lange gradlinige Abschnitte umfaBt - ohne Tiirme (Beispiel: Hirbat Sa'ud) 
oder versehen mit nur wenigen Turmen (Beispiel: Hagar Yahir). 

3.2 Kurtinen und Tiirme 

Das Auftauchen von Turmen und Kurtinen in regelmaBigen Abstanden scheint eine wichtige Etappe 
in der Entwicklung der Festungsarchitektur zu bilden. Es kennzeichnet etwa 15, zwischen dem 6. (?) 
und 4. (?) Jh. v. Chr. angelegte Befestigungsmauern. Die verfugbaren Beispiele erlauben die Feststel- 
lung, daB sich die Lange der Kurtinen in der Tendenz im Laufe der Zeit reduziert bis zu dem Punkt, an 
dem sie jener der Tiirme entspricht. Diejenigen Kurtinen und Tiirme, die erhalten blieben (Ma*in und 
Baraqis"), gestatten die Annahme, daB beide die gleiche Hohe besaBen. Hinter den Kurtinen, wie auch 
im Inneren der Tiirme, ermOglichten umlaufende Balkendecken eine umlaufende Begehung. 



176 resume en allemand 



3.3 Die Ttirme 

Eine detaillierte Untersuchung von drei Fundplatzen eriaubt die Vennutung, dafi die H6he der Ttirme 
immer starker zunimmt: von 4,0/4,4 m in al-Bayda', 7,5/8,0 m in Main erreichend, bis 13,5/14,0 m in 
BaraqiS. Es scheint sich allerdings in keinem Fall so zu verhalten, daB die zunehmende Turmhohe eine 
Reaktion auf eventuelle Weiterentwicklungen in der Belagerungstechnik ist. An zweien der letztge- 
nannten Fundplatze ermoglichten Reihen von zwischen den Quadern angebrachten dffnungen das 
Einsetzen der oben genannten Balkendecke (Umgang). Nur selten reicht die Hone der Tttrme fiber die 
der Mauer hinaus. Turme schutzen auch die Zugange (Beispiel: Hinu az-Zurayr). 



KAPITEL 4: TORANLAGEN 

4.1 Typologie 

Es muB unterschieden werden zwischen Durchgangen zwischen Gebauden (im Fall von Mauersyste- 
men aus aneinander gereihten Gebauden), einfachen Maueroffnungen (ohne weiterentwickelte Ver- 
teidigungsvorrichtungen) und den sabaischen oder minaischen Festungstoren. 
Letztere, von zwei Tiirmen flankiert, bestehen aus einem gradlinigen Durchgang, der sich durch vor- 
und riickspringende Wandflachen auszeichnet. Die grofiten dieser Toranlagen umfassen ttberdies eine 
Zufluchtsmoglichkeit (Beispiel: Westtor von Ma'in) oder einen Seitenraum, der wohl als Kammer 
eines Torwachters oder der Abgabeneinnahme diente. 

4.2 Weiterentwickelte Verteidigungsvorrichtungen 

Vier komplexere Vorrichtungen sind Thema einer Detailuntersuchung: das Westtor von al-Bayda', 
das Stidwesttor von BaraqiS, das Westtor von Ma'in, und das Nordtor von Hor Ron. 




* ' T 



r£sum£ en allemand 177 

TeU II: Die Geschichte der Befestigungsanlagen 

• 

KAPITEL 5: DIE ARCHAISCHEN BEFESTIGUNGEN 

5.1 Die Befestigungen im WadI Ragwan: Hirbat Sa^d und al-Asahil 

Die Befestigungsanlagen im WadI Ragwan weisen an ihren Mauera eingefiigte Inschriften auf , die im 
Namen des sabaischen Mukarribs KaribTl Watar, Sohn des Damar'all, und in pra-monumentalen Zei- 
chen angebracht wurden, wie sie vielleicht schon im 7. vorchristlichen Jahrhundert in Gebrauch 
waren. Wenn die UmschlieBungsmauer von Hirbat Sa°ud in sich homogen wirkt, dann kombiniert 
andersherum jene von al-Asahil verschiedene Mauertypen als Werk mehrerer Mukarribe. 

5.2 Gidfir ibn Munayhjr 

Keine der noch in-situ befindlichen Bauinschriften erlaubt die Zuordnung dieser Anlage zu einem 
genauen Datum. 

5.3 Yala 

Diese Anlage setzt sich aus einer aus gut 20 kranzartig angelegten Gebauden bestehenden „Oberstadt" 
und einer ovalen, unteren Befestigungsmauer zusammen. Erstere konnte mindestens bis in das 8. Jh. 
v. Chr. zuriickreichen, wohingegen die zweite, ein Bauvorhaben der Mukarribe Yada c 'il und Yata"- 
amar, in das 7. Jh. v. Chr. datiert. 



KAPITEL 6: DIE SABAISCHEN BEFESTIGUNGSANLAGEN 

6.1 Die Mauer von Marib (das antike Mryb) 

Mit nahezu 4500 m Lange der Befestigung nimmt Marib die erste Stelle unter alien befestigten Stadte 
am Rande der Wtiste ein. Von dieser beeindruckenden UmschlieBungsmauer sind nur vereinzelte 
Tiirme erhalten geblieben sowie Lehmziegelmassive, deren Quaderverblendung geraubt wurde. 
Die alteste Widmungsinschrift berichtet von der Erbauung von HWKW durch Yata c 'amar Bayyin, 
Sohn des Sumhu c all, im 7./6. Jh. v. Chr. Weitere BaumaBnahmen an Befestigungen werden gleicher- 
mafien erwahnt in RES 2665, RES 3943, MAFRAY-Marib 1, RES 4452 = Gl 598, doch befindet sich 
keiner dieser Texte an seinem originalen Platz. Moglicherweise war es Yada c 'il, der die letzten Arbei- 
ten an der UmschlieBungsmauer gegen Ende des 1. Jh. v. Chr. durchfiihren lieB — Arbeiten, die in 
Zusammenhang mit den durch die romische Armee verursachten Zerstorungen gesehen werden konn- 
ten. 

Hinsichtlich der archaologischen Daten sei hier auf den Beitrag von B. Finster, Die Stadtmauer von 
Marib, in ABADY III (1986) verwiesen. 

6.2 Die Mauer von $irwah (das antike Srwh) 

Eine nicht mehr im Kontext befindliche Inschrift (MAFRAY-Sirwah 1), deren Verfasser Yata c 'amar 
Bayyin, Sohn des Sumhu c 'all, ist, scheint die alteste, auf die UmschlieBungsmauer bezogene Bauin- 
schrift zu sein. Weitere MaBnahmen sind belegt unter Yada c 'il Darih, Sohn des Sumhu c, all (RES 



178 RESUMfi EN ALLEMAND 



3386), Yada c 'il Darih, Sohn des Yata c 'amar ($irwah-Muller 1), sowie Karib'il Bayyin, Sohn des Yata- 

"amar (RES 2727). Die letzten an den Mauern durchgefuhrten Arbeiten scheinen gleichzeitig mit 

denen von Marib erfolgt zu sein. 

Die Umfassungsmauer zeigt einen groBen Siidturm (point 1), einen Mauerabschnitt im Nordosten 

(point 2) und einen weiteren im Sudwesten (points 3 und 4) - alle in sehr unterscbiedlicher Ausfiih- 

rung. 

6.3 Die Umfassungsmauer von al-Bayda' (das antike NSqm) 

Etwa 95 km nordwestlich von Marib gelegen, zeigt lSIsqm schon sehr friih die Prasenz der sabaischen 
Oberhoheit. Seine Mauer, mit langen Kurtinen und nur wenig erhohten Vorspriingen (4,3/4,5 m), bil- 
det ein unregelmaBiges Oval von 1500 m Umfang. 

91 Bauwidmungen sind in der Mauer noch eingefugt: Sie erwahnen zunachst einen Konig von Kamna, 
'Ilsami c Nabat, Sohn des Nabat c all, der einen Abschnitt der Westmauer errichtete (gegen 6. Jh. 
v. Chr.), sodann einen Mukarrib von Saba', Yada c 'il Darih, der das Westtor erbaute. Etwa wahrend 
des 4.-3. Jh. v. Chr. errichtete, gemaB einer Inschrift auf einem der sehr zahlreichen Mauervorspriin- 
ge, Yada c 'il Bayyin, Sohn des Yata c 'amar, den Hauptabschnitt der Umfassungsmauer. 



KAPITEL 7: DIE BEFESTIGUNGEN DER KONIGREICHE DES GAWF 

Zu Beginn der siidarabischen Epoche zahlte der Gawf wenigstens sieben wichtige Stadte. Dies sind 
von Ost nach West: Inabba 3 , Main, BaraqiS, Haribat Hamdan, Kamna, as-Sawda', Hizmat Abu Tawr. 
Der GroBteil von ihnen war bereits mit Verteidigungsanlagen versehen, als der sabaische Mukarrib 
KaribH Watar, Sohn des Damar'all, die Eroberung des Gawf unternahm, doch ist von ihnen nichts an 
der Oberflache sichtbar geblieben. 

7.1 Kamna (das antike Kmnhw) 

Dieser Fundplatz, etwa 9 km westlich von al-Hazm, wird von einem Tell gebildet, der sich in Nord- 
Sud-Richtung uber 460 m, von Ost nach West iiber 150 m erstreckt. Seine Umfassungsmauer aus 
Stein, die den Konturen des Hugels auf unterschiedhchen Hohen folgt, ist nur noch in vereinzelten 
Mauerabschnitten erhalten. Vier von ihnen (no. 1 bis 4) sind Thema einer Detailuntersuchung. Von 
den Bauinschriften befindet sich keine mehr in-situ. 

7.2 Haribat Hamdan (das antike Hrmm) 

Dieser Tell, 1,5 km sudwestlich von al-Hazm, wird heute von zahlreichen modemen Hausern domi- 
niert. Einzig eine Toranlage (?) ist noch an der Ostseite sichtbar. Bauinschriften sind bislang nicht zu 
Tage gekommen. 

7.3 as-Sawda' (das antike NSn) 

Dieser ausgedehnte Siedlungshugel, etwa 15 km westlich von al-Hazm, erbrachte ebenfalls keine Bau- 
inschriften in-situ. Einige Inschriften, ohne Erwahnung eines Herrschers, berichten von der Errich- 
tung von Verteidigungsanlagen. 
Ein Turm an der Sudostseite der Umfassungsmauer wurde detailliert untersucht (vgl. S. 104). 



RBSUMlJ EN ALLEMAND 179 



7.4 Ma"in 
* 
Die Mauer von Ma*in nimmt neben der von Baraqig einen besonderen Platz ein, sowohl aus Griinden 
des Erhaltungszustands bestimmter Defensiwonichtungen wie auch hinsichtlich der Inschriften. 
Pie Slteste Bauinschrift ist am Osttor angebracht (RES 2771, palaographische Gruppe C nach J. Piren- 
ne), wobingegen RES 2775 jiinger ist. Das Westtor zeigt zahlreiche Inschriften, von denen eine Aus- 
wahl von F. Bron neu publiziert werden soil: Eine von ihnen (RES 2830) legt die Existenz einer Ort- 
lichkeit zur Abgabenerhebung im siidlichen Riicksprung der Toranlage nahe. 
Die Geschichte der Befestigungsmauer von Main bietet sich in drei groBen Konstruktionsphasen dar. 
Die ersten Arbeiten wurden unter Ilyafa c Riyam, Yata c 'il Riyam und Ilyafa c Yata c vielleicht schon im 
5. Jh. v. Chr. durchgefiihrt (Inschriften der Gruppe C): Es sind dies namentlich die beiden Ost- und 
Westtore und deren Umgebung. Die spateren Inschriften (palaographische Gruppe D) berichten 
ledighch von Arbeiten geringerer Bedeutung. Unter den beiden Herrschera Abyada c Yata c und 'Ilsa- 
mi c Dubyan im 3.-2. Jh. v. Chr. entschlieBt man sich, die letzten Arbeiten an der Umfassungsmauer 
auszufuhren. 

7.5 Inabba 3 (das antike (?nW) 

Seine rechteckige UmscluieBungsmauer (225 mx200 m) ist nur noch in Spuren von Lehmziegelmassi- 
ven erhalten, Blendmauerwerk ist an der Gelandeoberflache nicht erkennbar. 

7.6 BaraqiS (das antike Ytt) 

Seine Festungsmauer bildet ein herausragendes Ensemble sowohl in Hinblick auf seinen Erhaltungszu- 
stand als auch unter dem Gesichtspunkt der Inschriften (annahernd 300 Fragmente). Diese Texte bein- 
halten insbesondere sehr zahlreiche Architekturbegriffe, deren genaue Deutung aber haufig schwierig 
bleibt. 

Die altesten Texte finden sich am Westtor, sie sind im Stil der Gruppe D verfaBt (und somit etwas jiin- 
ger als jene von Main). Die jungeren Inschriften sind an der Siidmauer angebracht, RES 2974, 3022, 
2971 und 2965: Sie sind der Gruppe E (2 und 3) zugeordnet. Zusammenfassend laBt sich feststellen, 
daB es Ilyafa Yasur und seinem Sohn Haffaniim Riyam uberlassen bleibt, die Arbeiten in Angriff zu 
nehmen, indem sie mit der siidwestlichen Toranlage und den sieben nachstgelegenen Tiirmen im 5. Jh. 
v. Chr. den Anfang machen. Stammesmitgheder, Zeitgenossen von Abyada Yata c und dessen Sohn 
Waqa 3 'il Riyam, errichten gleichsam den gesamten Abschnitt der Siidmauer. Die Arbeiten werden 
wieder aufgenommen unter Waqa°'il Yata c und seinem Sohn Ilyafa c Yasur mit der Einfuhrung eines 
anderen Moduls von Tiirmen und Kurtinen. Mangels in-situ erhaltener Inschriften bleibt es jedoch 
unmoglich, die West-, Nord- und Nordwest-Abschnitte der Mauer irgendeinem Herrscher zuzuschrei- 
ben. 



KAPITEL 8: DIE QATABANISCHEN BEFESTIGUNGSANLAGEN 

* 

Kein einziger archaischer Text berichtet von der Errichtung von Verteidigungssystemen im Wadl Bay- 
han. Auch in der Folgezeit errichtet kein sabaischer Mukarrib zusammenhangende Festungsmauern — 
ohne Zweifel wegen ihrer Allianz mit den Qatabanern. 



180 r£sum£ en allemand 

8.1 Die friihesten Anlagen . 

Die sabaischen Texte aus dem Wadi al-Guba zeigen folglich, daB diese Region unter sabaischer Kon- 
trolle stand, bevor sie an die Qatabaner uberging: Es sind dies die Inschriften Gl. 1112, 1120 und 1116 
sowie Gl. 1114. Am Fundplatz al-Guba erwahnen die Texte, als deren Verfasser Hawaf am Yuhanlm, 
Mukarrib von Qataban, gilt und die im Stil der paiaographischen Gruppe C 2 und 3 gehalten sind, die 
Errichtung von sechs Tiirmen. 

8.2 Die Befestigungsanlagen vom 4. Jh. v. Chr. bis zur Zeitenwende 

Hagar Kuhlan, das antike Timna c und gleichzeitig der Hauptfundplatz im WadS Bayhan, ist von einer 

machtigen, etwa 1850 m langen Festungsmauer umgeben, doch ist lediglich eine der Toranlagen an der 

Oberflache erkennbar. 

Es handelt sich dabei um das Siidwest- (oder Siid-)Tor, das 1950 von der amerikanischen Expedition 

freigelegt wurde. Es bestand aus zwei Bastionen in Zyklopenmauerwerk, die einen mit Nischen und 

vorgelagerten Seitenbanken gegliederten Durchgang einfassen. Zwei Treppen gewahrten Zugang zu 

einem (oder mehreren) aus Holzkonstruktionen errichteten oberen Stockwerk(en). Zwei Texte (RES 

3880 und Ja 2437) berichten von dieser Konstruktion unter Sahr Gaylan, Sohn des AbSibam. 

Es ist dann Yada°ab Dubyan Yuhan c im, der nach Inschrift NfAFYS-Timna'-l etwas spater das Nord- 

tor errichtete: Der Name dieser Toranlage ist bekannt (sqrw) und in Hinblick auf die verwendeten 

Konstruktionsbegriffe ahnelte diese wahrscheinlich dem Sudtor. 

Das einfache Verteidigungssystem von Hinu az-Zurayr mit seinem trapez-formigen Grundrifi setzt sich 

aus einer grofien Zahl nebeneinander liegender Bauten, Hausern und diversen GebSuden noch unge- 

klarter Funktion zusammen. Dieses dehnte sich spater nach Westen aus, um ein groBes Heiligtum ein- 

zuschlieBen. Am Fufi der Sudmauer erstreckt sich eine Unterstadt, die allerdings bisher keine Inschrift 

erbracht hat. Zwei Texte (RES 4329 und Ry 491) berichten von der Errichtung von Turmen unter 

Waraw'il Gaylan, Konig von Qataban. 

Erwahnenswert sind auch die Bauinschriften von al-Huwaydar im Wad! Dura 1 und von Rahab (im 

Wadi gleichen Namens). 

8.3 Die jungsten qatabanischen Befestigungsanlagen 

Es ist wahrscheinhch, daB sich, als die qatabanische Hauptstadt gegen Ende des 2. Jh. n. Chr. zerstort 
wurde, die lokalen Herrscher in Dat-Gaylum niederheBen, das vielleicht in Husn al-Hudayri lokali- 
siert werden kann (siehe Ja 2888). Auch Hagar ibn IJumayd Uefert ein paar Texte, die sich mit der 
Errichtung von Hausern oder Befestigungsanlagen (?) befassen. 



KAPITEL 9: DIE BEFESTIGUNGSANLAGEN DES HAPRAMAWT 

Die ausgedehnte Hochflache des Hadramawt, die auf alien Seiten von einer steilen Bruchkante 
geschutzt wird, konnte lediglich durch sie einschneidende Wadis erreicht werden, im Westen durch die 
Wadls Hadramawt und Girdan, im Osten Uber das Wadi Masfla und im SUden durch das Wadi al-Higr. 
Die befestigten Siedlungen Uegen ebenfalls in den Hauptwadis an den Randern des Plateaus. 
Nur wenige Bauinschriften stammen aus dem Hadramawt. Es ist deshalb schwierig eine umfassende 
Geschichte der Befestigungsanlagen zu schreiben. Lediglich die Grabungen in Sabwa liefem uns ein 
paar wichtige Informationen. 



hesum£ en allemand 181 



9.1 Das Wadi Girdan 

• 

Der wichtigste Fundplatz, Baiifa, unterlag derartig starken Abtragungen, daB nicht mehr als etwa 10 
in Zyklopenmauerwerk errichtete Tiirme und zwei Toranlagen (im Norden und Westen) erhalten blie- 
ben. Dieser Fundplatz hat bisher keinerlei Bauinschriften erbracht. 

Eine weitere befestigte Siedlung, al-Blna', einige Kilometer wadiabwarts gelegen, laBt von seiner 
ursprunglichen Umfassungsmauer lediglich einige Ziegelmassive erkennen. 

9.2 Sabwa 

Die antike Hauptstadt des Hadramawt ist am nordlichen Ende des Wadi c Atf/°Irma auf einem Salzdom 
angelegt, dessen naturliche, vorgelagerte Hiigel ein Dreieck beschreiben. Diese topographische 
Besonderheit hat eine fur sich einzigartige Umsetzung des Verteidgungssystems zu Folge. 
Die Stadt setzt sich tatsachlich aus zwei Festungswerken zusammen, einem inneren mit unregelmaBi- 
gem geometrischen GrundriB, das sich an den Riicken des Qarat al- c Aqab anlehnt, und einem auBe- 
ren, das den Hugelkammen folgt. Uberdies nimmt eine weitere Festung die Hugelkuppe des al-Hagar 
ein. 

Ein halbes Dutzend Inschriften, grofitenteils in der Festungsmauer wiederverwendet, schildern aus- 
schnittsweise deren Geschichte. Ein Text des 4. vorchristlichen Jahrhunderts (?), der „die Tiirme" 
erwahnt, belegt, daB die Umwallung schon zu jener Zeit errichtet war. Ein weiterer Text aus*dem 
2. Jh. v. Chr. vermerkt zudem die Errichtung von Tiirmen und Kurtinen. Zahheiche Ausbesserungs- 
maBnahmen sind desweiteren bis zum 1. und 2. Jh. n. Chr. inschriftlich belegt. 

9.3 Das Osthche Wadi Hadramawt 

Rufen wir uns zunachst in Erinnerung, daB keine wichtige Siedlung an den Zufliissen des Wadi Hadra- 
mawt befestigt ist (z. B. Raybun). Einzig vielleicht waren die Hauptorte des Wadi Hadramawt mit 
Verteidigungssystemen versehen (zum Beispiel: Sibam, Say'un und Tarlm) zu einer Zeit, die noch 
genau zu klaren bleibt. Mehrere Festungen sichern die Kontrolle uber die ostlichen Zugange zum 
Wadi Hadramawt: Qarat Kibda, Husn al- c Urr, Husn at-Tawba. Die beiden letztgenannten sind Berg- 
spitzen, die vielleicht schon wahrend des 3. Jh. v. Chr. (?) befestigt wurden. 

9.4 Die Rander des Hadramawt 

Die Region von al-Mashriq im Suden der Hochflache von Hadramawt scheint eine sehr friihe Erschlie- 
Bung erfahren zu haben. Sie wurde teilweise verheert durch den sabaischen Mukarrib KaribH Watar, 
Sohn des Damar c all. Die Inschrift RES 3946 berichtet desweiteren von der Erbauung einer Umfas- 
sungsmauer in Mayfa c a. 

Der befestigte Hauptort Naqab al-Hagar kontrolUert die Wadls Habban, 'Amaqin und Mayfa c at. Die 
710 m lange Umwallung folgt in unterbrochener Form einem Felssporn, der zwei Bewasserungszonen 
voneinander trennt. Sie zeigt eine Folge von nur wenig vorspringenden Tiirmen, die durchschnittlich 
8 m, am Siidtor gar 11 m hoch erhalten geblieben sind. Nach den in-situ erhaltenen Inschriften umfaB- 
te diese aus Durchbinderschichten ohne Mortel errichtete Mauer auch ein inneres Lehmziegehnassiv, 
von dem die Erosion alle Spuren hat verschwinden lassen. Ein paar Inschriften in Originalposition 
erwahnen einen gewissen Habsal, Sohn des Sagb, der um das 3.-2. Jh. v. Chr. (?) das Festungswerk, 
ein Siidtor und (sich dagegen? lehnende) Wohngebaude erbaute. Etwa zur Zeit des 1. Jh. v. Chr. nan- 
men zwei Konige von Hadramawt Ausbesserungsarbeiten an der Mauer von Mayfa c at vor (RES 3869). 
Nordostlich von Naqab al-Hagar sperrt die Mauer von al-Libna' einen der Passe, der das Wadi al-Higr 



182 resum£ en allemand 



mit der Kiiste verbindet. Nach Aussage von RES 2687 wurde sie inoerhalb von drei Monaten vom 
Mukarrib des IJadramawt, Yasakar'il YuhariS erbaut. 

Gut tausend Kilometer ostlich von Sabwa befindet sich der Fundplatz von Hor Ron (dem antiken 
Smhrm), an dem von 1952/53 bis 1960 gegraben wurde. Sein Festungswerk bildet ein unregelmafiiges 
Fiinfeck mit groBen Turmen als Verstarkung an den Ecken und ist an der Nordseite mit einer komple- 
xen Eingangsvorrichtung versehen. Der MauerumriB ahnelt einem Zahnrad: Alle 8 m Lange zeigt die 
Mauer eine durchschnittlich 2-3 m nach innen gestufte Versetzung. Zwei Punkten gait die besondere 
Aufmerksamkeit der amerikanischen Ausgraber: dem Nordtor und dem mutmafilichen Heiligtum (tat- 
sachlich ein Turm; vgl. S. 138). 

Sieben Inschriften wurden an der Toranlage freigelegt. Sie zahlen insbesondere die verschiedenen 
Arten von Mauerwerk auf und schreiben andererseits die Errichtung der Festungsmauer dem U c azz 
Yalut, Konig von Hadramawt wahrend des 1. Jh. n. Chr., zu. 



RESUME EN ALLEMAND 183 



Teil III: Befestigungsanlagen und ihre Geschichte 



KAPITEL 10: DIE ARCHAISCHEN VERTEIDIGUNGSSYSTEME 

Der Ursprung der Verteidigungssysteme scheint um so schwieriger einzugrenzen zu sein, als keines 
von ihnen tatsachlich erschOpfend und umfassend ergraben wurde. Der Begriff „archaisch" verschlei- 
ert eigentlich eine noch dunkle Periode vom 9. bis zum 7. Jh. v. Chr., die muhsam zu klaren die Gra- 
bungen von Sabwa, Yala und as-Sawda' gerade beginnen. 

10.1 Die verschiedenen architektonischen Typen 

Es ist von Belang, mehrere Typen von Verteidgungssystemen zu unterscheiden, namlich jene, die aus 
Kastenmauern erbaut sind, und solche, die aus aneinanderstoBenden Bauten bestehen. 
Einige Fundplatze in der Region von Bayhan scheinen Kastenmauern zu besitzen: Hagar 3 Arra und al- 
Ganadila, aber nur eine Grabung wird deren Existenz bestatigen konnen. 

Fundplatze mit Festungswerken aus aneinanderstoBenden Bauten sind zahlreicher: Hagar Hamuma, 
Nagran, Hinii az-Zurayr, Yala. Der letzte als einziger angegrabener Platz verdient besondere Beach- 
tung: Der zentrale Abschnitt des Tells zahlt etwa 20 Strukturen. Die Ausgrabung einer von ihnen 
erbrachte die Bestatigung, daB es sich dabei um ein Etagenhaus aus Stein handelt, das wahrend des 
Zeitraums vom 10.-8. Jh. v. Chr. erbaut wurde. Wenn alle hier an der Oberflache sichtbaren Struk- 
turen dem gleichen Prinzip folgen, dann gehort die Oberstadt von Yala eigentlich zum Typ „enclosed 
settlement". Wenn dariiber hinaus alle derselben Periode angehorten, wiirde Yala an Shnliche Sied- 
lungen in Palastina erinnern, wie sie um das 11. Jh. v. Chr. bekannt sind: Beer-Sheba (Niveau VII), 
Nahal Beersheba (site E); Masad Hatira usw. 

Es ist sicherlich bemerkenswert, die Bestandigkeit und lange Laufzeit dieses architektonischen Typs 
im Yemen festzustellen. Das beste Beispiel ist Hinii az-Zurayr im Wadi c Ayn/Harib. Als entschieden 
wurde, die Stadt in Richtung Westen zu erweitern, bestand die neue Verteidigungslinie aus aneinan- 
derstoBenden Gebauden vom selben Typ wie jene, die schon zuvor erbaut worden waren. Ein spater 
errichteter, seitlich versetzter Durchgang wurde also nach Vorbild eines Vorgangers geplant. 

10.2 Die Entwicklung der archaischen Verteidigungssysteme 

Die Oberstadt von Yala wurde um das 7. Jh. v. Chr. von einem sabaischen Mukarrib mit einer umlau- 
fenden Mauer umgeben. Die Stadt Hizmat Abu Tawr, die sich urspriinglich aus aneinandergereihten 
Hausern zusammensetzte, wurde ebenfalls spater von dem sabaischen Mukarrib Sumhu c all Yanuf, 
Sohn des Yada c 'il etwa im 6. Jh. v. Chr. mit einer Befestigungsmauer umgeben. Ahnlich verhielt es 
sich wahrscheinhch zur gleichen Zeit in Kamna. 

10.3 Die Befestigungsanlagen von Yala und im Wadi Ragwan 

Etwa zur Zeit des 7. Jh. v. Chr. kennt man einen Befestigungstyp, der als charakteristisch fur die 
Sabaer gelten kann. Hirbat Sa^ud, al-Asahil und Yala zeigen zahlreiche Ubereinstimmungen: dicke 
Mauern mit beidseitigem Blendmauerwerk, Strebepfeiler in regelmaBigen Abstanden, ubereinstim- 
mende Hohen (etwa 6 m) usw. Auch dieser Typ bietet manchen Vergleich zu Fundplatzen in Palastina 
(Hazor: zone B, stratum V) oder Syrien (die befestigte Palastanlage von Sakga Gozii in der Nahe von 
Marash/Tiirkei). 



134 resum£ en allemand 



KAPITEL 11: FESTUNGSANLAGEN UND GESELLSCHAFT 

Die umlaufenden Befestigungsmauem aus Stein, die wahrend der sudarabischen Periode angelegt 
wurden, bezeugen die Macht der Herrscher (Mukarribe und Konige) in bestimmten Regionen, in 
anderen Gebieten die jener Stammesmitglieder, die sie errichtet haben. 

11.1 Die Macht der Herrscher und Stamme 

Die von den Sabaern errichteten Festungswerke sind beinahe ausnahmslos das Werk ihrer Mukarribe. 
Ihre Bauwidmungen sind kurz: „X, Sohn des Y, Mukarrib von Saba', hat „als Teil" der Umwallung 
diese oder jene Verteidigungsvorrichtung erbaut". Beispiel: ..KaribH Watar, Sohn des Damar'all, hat 
errichtet mlkn" (MAFRAY-Hirbat Sa'iid 4). 

In Qataban ist der GroBteil der Bauinschriften ebenfalls von den Kfinigen oder Mukarriben von Qata- 
ban verfaBt worden. Im Hadramawt jedoch erscheinen die ErwMhnungen von Herrschem nur selten in 
dieser Art von Texten. 

Es sind vor allem die minaischen Bauinschriften, als deren Verfasser Stammesmitglieder auftreten. Sie 
informieren uns sehr detailliert iiber die Stammesstruktur von Matn. 

Eine am sudwestlichen Mauerabschnitt von BaraqiS durchgefuhrte Untersuchung vermittelt einen Ein- 
druck, wie sich die Stamme die Errichtung dieses Teilabschnittes aufgeteilt haben. Die Sippe Gab'an, 
die in Main herausragend war, taucht in den Texten mehr als ein dutzend mal auf. Die Untersippe 
Sa'tham fuhrte den groBten Teil der Arbeiten durch: Tiirme 2, 3, 4, 5, und 59. 

11.2 Die Arbeiten: Organisation mid Finanzierung 

Die Errichtung von Befestigungsanlagen stellt fur die Stadte einen nicht unbetrachtlichen Aufwand 
dar. Sie setzt tatsachlich eine Mobilisierung von Arbeitskraften wahrend einer ausreichend langen 
Zeitspanne voraus sowie den Riickgriff auf spezialisierte Handwerker (Steinbrecher, Maurer und Zim- 
merleute). Von den Tatigkeiten der ersten sind uns keine Spuren in Form von Werkzeugen erhalten 
geblieben, es ist jedoch beabsichtigt in der Folgezeit die Steinbriiche des Gawf in Verbindung mit die- 
sen Konstruktionen systematisch zu untersuchen. Von den an zweiter Stelle genannten blieben unzSh- 
lige Werkzeugspuren an den Steinblocken zuriick. 

Die Untersuchung der Arbeitsorganisation erscheint schwierig. Einzig der dstliche Mauerabschnitt 
von Main laBt eine Ausfuhrung des Mauerbaus nach Tranchen von 4,75/4,90 m Lfinge erahnen, die 
ohne Zweifel voneinander unabhangig errichtet und wohl auch separat finanziert wurden. 
Im minaischen Konigreich sind es die Hauptlinge oder einfluBreiche Mitglieder der Stamme, die das 
Kapital sammeln oder die Arbeiten direkt finanzieren. Sie bringen die Ertr8ge aus der landwirtschaft- 
lichen Produktion auf oder den Pachtzins von Landereien, die den verschiedenen Gottheiten, Herr- 
schern oder Einzelpersonen gehoren, sowie direkt an die Gottheiten gezahlte Abgaben. Eine derar- 
tige, bisweilen ungewisse hnanzielle Situation konnte zweifelsohne eine vorl&ufige oder gar endgultige 
Einstellung der Arbeiten bewirkt haben: Es gibt zahlreiche Mauerverkleidungen, die unvollendet bUe- 
ben (Beispiel: ostlicher Turin und Kurtine von Matn). 

11.3 Befestigungsanlagen als Zeichen des Wohlstands 

Die Befestigungsmauem belegen desweiteren die reichen landwirtschaftlichen Ertrage jener Siedlun- 
gen, die sie beschutzen: Die Feldarbeiten sind bisweilen Seite an Seite mit den VerteidigungsmaBnah- 
men genannt (Beispiel RES 2774). Aber mehr als aus der Landwirtschaft stammen die Einnahmen, die 
die unentbehrlichen OberschQsse lieferten, aus dem Karawanenhandel. Zwei Texte befassen sich mit 



resum£ en allemand 185 



diesem Handel: MAFRAY-Malh 13 und RES 3022 in Baraqis. Die groBen kommerziellen Erfolge der 
minaischen Handler erklaren dann auch die ungewohnlichen AusmaBe ihrer Bauprogramme. 



KAPITEL 12: STRATEGIE UND BELAGERUNGSTECHNIK 
12.1 Kontrolle der Verkehrswege und Oasen 

Allgemein gesagt, verteidigen die in den Miindungsbereichen der Wadis gelegenen befestigten Sied- 
lungen deren Zugange und kontrollieren auch die Verkehrsrouten, die sich an den Randern der Wiiste 
entlangziehen. 

12.2 Zwei unterschiedliche Verteidigungssysteme 

Die zwei, auf den beiden Seiten der Ramlat as-Sab c atayn gelegenen Taler des Gawf und des Hadra- 
mawt verwenden unterschiedliche Verteidigungssysteme. 

Im Gawf ist jede siidarabische Siedlung durch eine Umwallung geschiitzt. Jedoch scheint wadiaufwarts 
wie wadiabwarts keine wichtige Stadt die Zugange zu sperren. Im Gegensatz dazu besitzen die glei- 
chermaBen nicht unbedeutenden Siedlungen im Hadramawt wie Raybun, Masga, Hurayda keinerlei 
Verteidigungssystem. Die Verteidigung des Reiches erfolgt ausschheBUch an seinen Randern (Sabwa 
kontrolhert die westlichen Zugange, Naqab al-Hagar und Libna' die siidlichen und Husn al- c Urr die 
ostlichen). 

Man kann historische Griinde fur diese Gegensatzlichkeit geltend machen. Das KSnigreich von Had- 
ramawt, das sich ohne Zweifel sehr friih etabherte, war machtig genug, um eine umfassende Verteidi- 
gung seines Territoriums zu bewerkstelligen. Der Gawf hingegen war lange Zeit nur eine Aneinander- 
reihung von kleinen unabhangigen Konigreichen. 

12.3 Hypothesen zur Belagerungstechnik 

Wahrscheinlich bestand die einzige, wahrend der archaischen Periode praktizierte Taktik darin, eine 
Stadt einzuschlieBen, dessen Territorium einzunehmen, die wassertechnischen Vorrichtungen zu zer- 
storen und die Kapitulation der Stadt abzuwarten. Einmal eingenommen, werden die Gebaude (nach 
Inschrift RES 3945) in Brand gesteckt. Das geringe technische Niveau einer solchen Belagerungstech- 
nik ist in Relation zu setzen zu den wahrend dieser Epoche an den Befestigungswerken baulich umge- 
setzten minimalen Verteidigungsfunktionen (vgl. Hirbat SaUd, Gidfir ibn Munayhir, Yala usw.). 
Etwa zum 5.-4. Jh. v. Chr. werden die Festungsmauern der minaischen Anlagen deutlich hoher: von 
8 m in Main bis zu 14 m in Baraqis. Man darf daraus, so scheint es, jedenfalls nicht den RiickschluB 
Ziehen, daB diese Entwicklung in einem direkten Zusammenhang mit Weiterentwicklungen in der 
Belagerungstechnik gestanden hat. Vielmehr bescheinigt sie unserer Auffassung nach einen zuneh- 
menden Wohlstand und Reichtum dieser Stadte. Im Jahr 24 v. Chr. erlagen Nagran und Baraqis 
schnell dem Ansturm der Truppen unter Aelius Gallus. MuB man darin eine Uberlegenheit der romi- 
schen Belagerungstechniken sehen? Das ist wahrscheinlich. Aber die bier eingesetzten neuen Mittel 
scheinen in der Folgezeit keine Konsequenzen in Siidarabien gehabt zu haben. Die Einfuhrung der 
Kavallerie zu Beginn imserer Zeitrechnung erleichtert sicherhch uberraschende VorstoBe und Hand- 
streiche (Pltinderung Sabwas um 225 n. Chr.). Eine Vorstellung der Belagerungsoperationen ab dem 
1. Jh. n. Chr. wiirde jedoch den chronologischen Rahmen unserer Untersuchung sprengen. 



186 resumes en allemand 



SCHLUSSFOLGERUNGEN 

Die verschiedenen Wendepunkte in der Geschichte der Verteidigungssysteme Siidarabiens sind in drei 
entscheidende Epochen geordnet: eine „fruhgeschichtliche" Zeit mit ungewisser zeitlicher Ober- 
grenze, die sogenannte Mukarrib-Zeit (7.-6. Jh. v. Chr.), und die Epoche der Einstellung der groBen 
defensiven Bauprogramme (1. Jh. v. Chr.). 

1 Wenn man eine erste ErschlieBung dieser Region im zweiten vorschristlichen Jahrtausend oder zu 
Beginn des 1. Jt. v. Chr annimmt, bleibt die Existenz von Defensivsystemen in bestimmten Oasen 
wahrend dieser Epoche zu postulieren. Diese Vermutung ist nicht ohne Grundlage, da einige 
Lehmziegelmauern unterhalb der sogenannten siidarabischen Befestigungsanlagen erscheinen. Zu 
dieser Zeit treten die aus aneinandergereihten Gebauden bestehenden Anlagen auf , die etwa im 
11./10. Jh. v. Chr. zahlreiche Entsprechungen in Syrien - Palastina zu haben scheinen. 

2 Das Erscheinen der „siidarabischen" Kultur, das mit den friihesten Monumentalinschriften zeitlich 
verbunden ist, stellt mit Sicherheit einen Bruch im Festungsbau dar. Zweierlei Arten treten auf: 
Mauern mit Bruchsteinfiillung und Vorspriingen in regelmaBigen Abstanden, sowie solche mit 
beidseitig mit Quadern und Bindern verblendeten Lehmziegelmassiven. Es ist jedoch noch unmog- 
hch, das Auftauchen der beiden jeweihgen Mauertechniken zu datieren. Die Umwallungen prasen- 
tieren zahlreiche gemeinsame technische Charakteristika wie Quaderbearbeitung, Blendmauer- 
werk usw., die man in der Zukunft leicht wird datieren konnen. 

3 Schon wahrend des 1. Jh. (v. Chr.?) werden Bauwidmungen von Militaranlagen seltener. Daraus 
laBt sich leicht ein Riickgang, moglicherweise gar eine Einstellung der groBen Bauvorhaben schlie- 
Ben. Dieser wichtige Wendepunkt gestaltet sich unterschiedlich in den verschiedenen Regionen: Im 
minaischen Reich erscheint er unvermittelt und relativ plotzlich, in Qataban und Hadramawt lang- 
samer. Die Griinde sind vielfaltig: Verlagerung der Verkehrs- und Wirtschaftswege, Ankunft „ara- 
bischer" Einwanderer, ZusammenstoBe zwischen Saba' und Himyar usw. Die Festungsmauera 
werden nicht mehr in Stand gehalten oder ausgebessert, oder es sind dies Arbeiten, die nicht mehr 
als so zweckdienlich erachtet wurden, daB sie mit der Anbringung einer Inschrift bedacht wurden. 



1 



Bibliographic 



Abbreviations 



AAA: 

ABADY: 

Afo: 

AJA: 

ATLAL: 

BA: 

BASOR: 

BSOAS: 

CIAS: 

CIH: 

CRAIBL: 

Gl: 
HI: 

Hamilton: 



Hor-Rori: 



IEJ: 

Ir.: 

JA: 

JRAS: 

M: 

MAFRAY: 

MAFYS: 

OAW-SB: 

Ph: 

PSAS: 

RES: 



Annals of Archaeology and Anthropology. University of Liverpool. 

Archaologische Berichte aus dem Yemen. 

Archiv fur Orientforschung. 

American Journal for Archaeology. 

The Journal of Saudi Arabian Archaeology. 

Biblical Archaeologist. 

Bulletin of the American School of Oriental Research. 

Bulletin of the School of Oriental Studies. 

Corpus des inscriptions et antiquit6s sud-arabes. 

Corpus Inscriptionum Semiticarum, Pars Quarta: Inscriptiones himyariticas et sabeas 

continens. 

Comptes-Rendus des seances de l'annee. . ., Academie des Inscriptions et Belles-Let- 

tres. 

Glaser. inscriptions recueillies par E. Glaser. 

voir G. van Beek, Hajar bin Humeid, ch. VIII: Inscriptions from Hajar bin Humeid by 

A. Jamme. 

inscriptions recueillies par R. A. B. Hamilton a Sabwa et pubises par W. L. Brown and 

A. F. L. Beeston, dans Sculptures and Inscriptions from Shabwa dans JRAS, 1954, 

p. 43-62 et pi. XVIII-XXII. 

inscriptions publiees par W. W. Mtiller, dans W. von Wissmann, Das Weihrauchland 

Sa'kal&n, Samdrum und Moscha, mit Beitragen von W. W. Mtiller (6AW-SB 324), 

Wien. 

Israel Exploration Journal. 

inscriptions pubises dans M. al-Iryanl, Fi ta'rlh al-Yaman, Le Caire, 1973. 

Journal Asiatique. 

Journal of the Royal Asiatic Society. 

sigle donne aux inscriptions reprises dans G. Garbini, Iscrizioni sud-arabice, t. 1: Iscri- 

zioni Minee, 1974. 

Mission Archeologique Francaise en Republique Arabe du Yemen. 

Mission Archeologique Francaise au Y6men du Sud. 

Osterreichische Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-historische Klasse, Sit- 

zungsberichte. 

inscriptions de H. St. J. B. Philby. 

Proceedings of the Seminar for Arabian Studies. 

Repertoire d'Epigraphie S6mitique. 



Ig8 BIBLIOGRAPHIE 

Ry: (G. Ryckmans); inscriptions publiee par G. Ryckman& dans Inscriptions sud-arabes, 

1927-1965. 
SEG: Sammlung Eduard Glaser. 

WZKM: Wiener Zeitschrift fiir die Kunde des Morgenlandes. 
ZDMG: Zeitschrift der Deutschen Morgeniandischen Gesellschaft. 



Si 



Albright (F. P.) 1953: The Himyaritic Temple at Khor Rory (Dhofar, Oman), dans Orientalia, vol. 22, 
p. 284-287 et pi. LXXI-LXXII. 1980: Sumhur&m, dans A. Jamme, Miscellanies d 'Ancient Arabe, 
XI, p. 61-66. 1982: The American Archaeological Expedition in Dhofar, Oman (The American 
Foundation for the Study of Man), Washington. 

Beeston (A. F. L.) 1971: Functional Significance of the old South Arabian Town, dans PSAS, 1, 
p. 26-28. 1976: Warfare in Ancient South Arabia (2nd-3rd. Centuries A. D.) {Qahtan, Studies in 
Old South Arabian Epigraphy, fasc. 3), London. 1981: Miscellaneous Epigraphic Notes, dans Ray- 
dan, 4, p. 9-29. 

Bersina (S. Ya.) (Edit.) 1988: Ancient and Mediaeval Monuments of Civilization of Southern Arabia, 
Investigation and Conservation Problems (USSR Ministry of Culture, State Museum of Oriental 
Art, Academy of Sciences, Institute of Oriental Studies), Moscou. 

Bessac (J.-Cl.) 1987: L'outillage traditionnel du tailleur depierre de I'Antiquiti a nos jours, Paris. 1988: 
L 'analyse des procidis de construction des remparts de pierre de Doura-Europos. Questions de 
methodologie, dans Doura-Europas, £tudes **, Syria, t. LVX, p. 297-313. 

a paraitre: Techniques de construction, de gravure et d'ornementation en pierre dans le Jawf. 

Bowen (R. LeBaron Jr.) 1958: Archaeological Discoveries in South Arabia (Publications of the Ameri- 
can Foundation for the Study of Man, II), Baltimore. 

Breton (J.-F.) 1979: Le temple de Syn d-Hlsm a Bd-qutfah (Ripublique dimocratique et populaire du 
Yimen), dans Rayddn, 2, p. 185-202, pi. I-IX. 1980: Rapport sur une mission archiologique dans 
le wddi Hadramawt (Yimen du Sud), dans CRAIBL, p. 57-80. 1987: Shabwa, capitale antique du 
Hadramawt, dans JA, t. CCLXXV, p. 13-34. 1988: Les villes d' Arable miridionale, dans La ville 
neuve, une idie de I'antiquiti?, Paris, p. 95-109. 1991: A propos de Nagrdn, dans Etudes sud-arabes, 
Recueil offert a Jacques Ryckmans, Publications de l'lnstitut Orientaliste de Louvain, 39, Louvain, 
p. 59-85. 1992: (Edit.) Fouilles de Shabwa. II. Rapports priliminaires, Extrait de Syria, tome 
LXVIII, 1991, Paris. 1992: Le sanctuaire de 'Athtar dhu-Risaf d'as-Sawda*, dans CRAIBL, p. 
429-453. 

a paraitre: Hagar Yahar, capitale de 'Awsdnl, dans Rayd&n, 6. 

Breton (J.-F.), Audouin (R.), Seigne (J.) 1981: Rapport priliminaire surlafouille du Xhatcau royal' 
de Sabwa (1980-1981), dans Rayddn, 4, p. 163-191, pi. I-XVI. 

Breton (J.-F.) et Bessac (J.-Cl.) a paraitre: Observations sur les murs de Mcftn et de Kamnd. 

Breton (J.-F.), Robin (Ch.), Seigne (J.), Audouin (R.) 1987: La muraille de Naqab al-Hagar, dans 
Syria, t. LXIV, fasc. 1-2, p. 1-20. 

Breton (J.-F.), Audouin (R.), Badre (L.), Seigne (J.) 1982: Le wddt Hadramawt. Prospections 
1978-1979, Beyrouth. 



BIBLIOGRAPHIE 189 



Bron (F.) 1981: Inscriptions de Sirw&h, dans Rayddn, 4, p. 29-35, pi. I-X. 1991: Deux inscriptions de 

la porte guest de Mcftn, dans PSAS, vol. 21, p. 35-40. 1992: Inscriptions du wddi l-Guba dans 

Memorial Mahmud al-GMl, Inscriptions sudarabiques, Paris, p. 101-115. 
Brunner (U.) 1990: Altsudarabische Bewdsserungsoasen, dans Die Erde, 121, p. 135-153. 1991: 

Besuch im WddT Marha, dans Jemen Report, Heft 2, p. 12-14. 
Caton-Thompson (G.) 1944: The Tombs and Moon Temple ofHureidha (Hadramawt) (Reports of the 

Research Committee of the Society of Antiquaries of London, n° XIII), Oxford. 
Corpus des inscriptions et antiquites sud-arabes 1977: Tome I, section 1: Inscriptions, Tome I, section 

2: Antiquites. 1986: Tome II, fascicules 1 et 2: Le Musee d'Aden (Acad6mie des Inscriptions et Bel- 

les-Lettres), Louvain. 
Darles (Ch.) 1992: L 'architecture civile a Shawba, dans Fouilles de Shabwa. II. Rapports preliminaires, 

p. 77-109. 
Doe (B.) 1971: Southern Arabia, London. 1983: Monuments of South Arabia, Cambridge. 
Dostal (W.) 1983: Ethnographic Atlas of e Aslr. Preliminary Report. AW-SB, Sitzungsberichte, 406 

Band. 
Fakhri (A.) An Archaeological Journey to Yemen (March-May 1947), Le Caire. 1952: Part I. 1952: 

Part II, Epigraphical Texts by G. Ryckmans. 1951: Part III, Plates. 
Finster (B.) 1986: Die Stadtmauer von Mdrib, dans ABADY, III, p. 73-95 et pi. 16-20. 
Garbini (G.) 1973: Un nuovo documento per la storia dell'antico Yemen, dans Oriens Antiquus, XIII, 

p. 143—163 et pi. XVIII. 1974: Iscrizioni Sudarabiche, Vol. I, Iscrizioni Minee (Instituto Orientale 

di Napoli, Pubblicazioni del seminario di Semitistica), Napoli. 
Garlan (,Y.) 1974: Recherches de poliorcetique grecque (Bibliotheque des Ecoles franeaises d'Athenes 

et de Rome, Fasc. 223), Paris. 
Garstang (J.), Phythian- Adams et Seton-Williams (V.) 1937: Third Report on the Excavations at Sakje- 

Geizi, 1908-1911, dans AAA, 24, p. 119 et pi. XX-XXXV. 
Geukens (F.) 1960: Contribution a la Geologie du Yemen, dans Memoires de I'Institut geologique de 

I'Universite' de Louvain, tome XXI, Louvain, p. 121—179 et pi. VII— VIII. 
Hamilton (R. A. B.) 1942: Six Weeks in Shabwa, dans The Geographical Journal, C, p. 107-123 et 2 

pi. 
Harding (L. G.) 1964: Archaeology in the Aden Protectorate, London. 

Hult (G.) 1983: Bronze Age Ashlar Masonry in the Eastern Mediterranean Cyprus, Ugarit and neigh- 
bouring regions (Studies in Mediterranean Archaeology, vol. LXVI), Goteborg. 
Jamme (A.) 1953: Les expeditions archeologiques americaines en Arabie du Sud, dans Oriente 

Moderno, XXXIII, p. 133—157. 1962: Sabaean Inscriptions from the Mahram Bilqis (Mdrib) with 

foreword by Wendell Phillips (Publications of the American Foundation for the Study of Man, 

vol. Ill), Baltimore. 1969: Inscriptions from Hajar Bin Humeid, dans Hajar bin Humeid... 

p. 331—353 et deux tableaux. 1971—1980: Miscellanies d'ancient (sic) arabe, Washington, I a XI. 
Konig (P.) 1987: Vegetation und Flora im sudwestlichen Saudi-Arabien (Asir, Tihama), Dissertationes 

Botanicae, Band 101, Berlin - Stuttgart. 
Leriche (P.) et Treziny (H.) (Edit.) 1986: La fortification dans I'histoire du monde grec (Actes du Col- 

loque international: La fortification et sa place dans I'histoire politique, culturelle et sociale du 

monde grec, Valbonne, 1982), Paris. 
Lundin (A. G.) 1971: Qui a bdti le mur de Mdrib?, dans AION, 31 (N. S., XXI), p. 251-255. 1973: Le 

regime citadin de V Arabie du Sud aux IP— IIP s. de notre ere, dans PSAS, 3, p. 26—28. 
De Maigret (A.) 1988: The Sabaean Archaeological Complex in the Wddi Yald (Eastern Hawldn at-Ti- 

ydl, Yemen Arab Republic), A Preliminary Report, Rome. 
Marsden (E. W.) 1969: Greek and Roman Artillery. 1: Historical Development, Oxford. 



190 BIBLIOGRAPHIE 



De Maigret (A.) et Robin (Ch.) 1989: Lesfouilles italiennes de Yald (Ximen du Nord): Nouvelles don- 
nees sur la chronologie de V Arable du Sud preislamlque, dans CRAIBL, p. 255-291. 

Miiller (W. W.) 1976: Neue sabalsche Inschrlften aus Slrwdh, dans SEG XII: Inschriften aus Sirwah 
(II. Teil), p. 41-42. 1977: Die Inschrlften Khor Ron 1 bis 4, dans Das Weihrauchland Sa'kaktn, 
Samdrum und Moscha, p. 53-56. 1981: Das Ende desAnHken Konlgreichs Hadramaut. Die SabSis- 
che Inschrlft Schreyer-Geukens = al Irydnl 32, dans Al-Hudhud, Festschrift Maria Hofner, 
p. 225-257. 

Nam! (H. Y.) 1952: Les monuments de Ma'in (Yimen). Etude iplgraphlque et phUologique (Publica- 
tions de l'lnstitut francais d'archeologie orientate du Caire. Etudes Sud-arabiques, t. II), Le Caire, 
1952 (en arabe). 

Philby (H. St. J. B.) 1939: Sheba's Daughters, being a Record of Travel in Southern Arabia, London. 

Pirenne (J.) 1956: Paliographle des Inscriptions sud-arabes. Contribution a la chronologie et Vhistoire 
de V Arable du Sud antique, t. 1: Des origines a Fepoque himyarite, Bruxelles. 1961: Le royaume 
Sud- Arabe de Qatabdn etsa dotation d'apris I'archiologle et les sources classiques jusqu'au Piriple de 
la Mer Erythrie, avec contribution de Andr6 Maricq (Bibliotheque du Museon, vol. 48), Louvain. 
1975: Premiere mission archiologlque francalse au Hadramout {Yimen du Sud), CRAIBL, 
p. 261-279. 1976: Deuxleme mission archiologlque francalse au Hadramout (Yimen du Sud) de 
dicembre 1975 a Fivrler 1976, CRAIBL, p. 412-426. 1980: Prospection historique dans la rigion du 
royaume deAwsdn, dans Raydan, 4, p. 213-255 et pi. I-XIV. 1981: Deux prospections historiques 
au Sud-Yimen (Novembre-Dicembre 1981), dans Raydan, 4, p. 205-241 et pi. I-XTV. 1990: Fouil- 
les de Shabwa 1. Les temolns Inscrlts de la rigion de Shabwa et I'hlstolre, Paris. 

Rhodokanakis (N.) 1924: Die Inschriften an der Mauer von Kohldn-Tlmmf (AWW-SB, 200/2), Wien. 
1927: Altsabalsche Texte (AWW-SB, 206/2), Wien. 

Robin (Ch.) 1979: A propos des Inscriptions in situ de Bardqlsh, V antique Yd (Nord-Yimen), dans 
PSAS, 9, p. 102-112. 1982: Les Hautes-Terres du Nord-Yimen avant I'lslam, (Publications de l'ln- 
stitut historique-arch6ologique neerlandais de Stamboul, L), Istanbul. 1982: Esquisse d'une histoire 
de I'organlsatlon trlbale en Arable du Sud antique, dans La Pinlnsule arablque d'aujourd'hui, t. II, 
Paris, p. 17—30. 1990: Premiere mention de Tyr chez les Mlniens d' Arable du Sud, dans Sendtka, 
Hommages a Maurice Sznycer, p. 135—149. 

Robin (Ch.) et Breton (J.-F.) 1981: Al-Asdhll et Hlrbat Scfud: quelques compliments, dans Raydan, 4, 
p. 91-97 et pi. I-IV. 1982: Le sanctualre pri-lslamlque du Cabal al-Lawd (Nord-Yimen), dans 
CRAffiL, p. 590-627. 

Robin (Ch.) et Ryckmans (J.) 1980: Les Inscriptions de al-Asdhll, ad-Durayb et Hlrbat Safud (Mission 
archeologique francaise en Republique Arabe du Yemen: prospection des Antiquites pre-islami- 
ques, 1980), dans Raydan, 3, p. 113-181 et 30 planches. 

Ryckmans (G.) 1927-1965: Inscriptions sud-arabes, dans Le Musion. 

Ryckmans (J.) 1956-1975: Hlmyarlaca, dans Le Musion. 1981: Vllles fortifiies du Yimen antique, 
dans Bulletin de la classe des Lettres et des Sciences morales etpolltlques de I'acadimie royale de Bel- 
gique, 5eme serie, t. LXVII, p. 253-266 et 5 planches. 

Scranton (R. L.) 1941: Greek Walls, Cambridge (Mass.). 

Seigne (J.) 1982: Les structures IJetK de MaSga, dans Le wadi Hadramawt. Prospections 1978-1979, 
pp. 22-32. 1992: Le chdteau royal. Architecture, techniques de construction et restitutions, dans 
Fouilles de Shabwa. II. Rapports prillmlnalres, p. 111-166. 

Schmidt (J.) 1982: Berlcht iiber die Yemen-Expedition 1977 des Deutschen Archdologischen Instituts, 
dans ABADY, I, p. 123-128 et pi. 44-50. 1982: Gidfir Ibn Munayhir, dans ABADY, I, 
p. 158-160 et pi. 66. 

Tawfiq (M.) 1951: Les Monuments de Main (Yimen), (Publications de l'lnstitut francais d'Archeolo- 
gie Orientate du Caire, Etudes Sud-arabiques, I), Le Caire. 



BIBLIOGRAPfflE 191 



Van Beek (G. W.) 1958: Marginally drafted, pecked masonry, dans Archaeological Discoveries. . . 
p. 287—298. 1969: Hajar bin Humeid. Investigations at a Pre-Islamic Site in South Arabia, (Publica- 
tions of the American Foundation for the Study of Man, V), Baltimore. 

Van der Meulen (D.) et Wissmann (H. von) 1932*. Hadramaut, some of its Mysteries Unveiled, (De 
Goeje-Fund, IX), Leiden. 

Varanda (F.) 1982: Art of building in Yemen (Art and Architectural Research Paper), London et Cam- 
bridge. 

(the) WadI al-Jubah Archaeological Project 1984: Toplyn (M. R.) Site Reconnaissance in North 
Yemen, 1982, (Publications of the American Foundation for the Study of Man), Washington. 1985: 
Glanzman (W. D.) et Ghaleb (A. O.) Site reconnaissance in North-Yemen, 1983: The stratigraphic 
probe at Hajar Ar-Rayhani, Washington. 1988: Overstreet (W. C), Grolier (M. J.) et Toplyn 
(M. R.) Geological and Archaeological Reconnaissance in the Yemen Republic, Washington. 

Winter (F. E.) 1971a: Greek Fortifications, Toronto. 1971b: The indented Trace in Later Greek Forti- 
fications, dans A3 A, 75, 4, P. 414-426. 

Wissmann (H. von) 1962: Al-Barira in Oirddn im Vergleich mit anderen Stadtfestungen Alt-Sudara- 
biens, dans Le Museon, 75, p. 177—209 et pi. Ill— VI. 1964: Zur Geschichte und Landeskunde von 
Alt-Sudarabien (SEG III = 6AW-SB 246), Wien. 1968: Zur Archaologie und Antiken Geographie 
von Sudarabien, Hadramaut, Qataban und das c Aden-Gebiet in der Antike (Publications de l'lnstitut 
historique et archeologique de Stamboul, XXIV), Istanbul. 1976: Die Mauer der Sabaerhauptstadt 
Maryab, Abessinien als Sabaische Staatskolonie im 6. Jh. v. Chr., (Publications de l'lnstitut histori- 
que et archeologique de Stamboul, XXXVIII), Istanbul. 

Wissmann, (H. von) et Homer (M.) 1953: Beitrage zur historischen Geographie des vorislamischen 
Sud-Arabien (Akademie der Wissenschaften und der Literatur, Abhandlungen der Geistes- und 
Sozialwissenschaftlichen Klasse, Jahrgang 1952, n° 4), Mainz. 

Zarins (J.), Kabawi (A. R.), Murad (S.) et Rashad (S.) 1983: 2. Preliminary Report on the Najranl 
Ukhdud Survey and Excavations 198211402 H, dans Atlal, 7. p. 22-40. 



Indices 



1. Index toponymique 



'Awsan 9, 18, 34, 166, 175. 

c Abadan 146. 

(al)- c Abr 131, 164, 165. 

c Aqabat TJqayba 165. 

c Aqabat Futura 165. 

c As!r 24, 164. 

c Ayad 125, 126. 

c Irma 5, 13. 

(alJ-TJqla 125, 163. 

(al)-Asahil 5, 12, 14, 16, 23, 28, 34, 41, 43, 

60, 81-82, 153, 177, 183. 
Ba-qutfa 25, 32, 35. 
Baraqis (ville) 3, 5, 7, 12, 21, 33, 38, 39, 47, 

54, 109-113, 156-161, 168, 174, 175, 176, 

178, 179, 184, 185. 
Baraqis (porte sud-ouest) 36, 67, 109-111, 

176, 179. 
BaraqiS (saillant 11) 29, 31, 35, 36, 48, 51, 53, 

111. 
Baifra 5, 15, 23, 34, 62, 66, 125-126, 181. 
(al)-Bayda' 3, 5, 15, 16, 27, 31, 35, 39, 44, 46, 

47, 50, 54, 95-97, 102, 112, 167, 171, 174, 

175, 176, 178. 
(al)-Bayda' (porte occidentale) 35, 40, 50, 54, 

62, 66-67, 97. 
(al)-Bina' (Girdan) 5, 18, 27, 32, 126-127, 

181. 

Dar al-Kafir (Sabwa) 17, 23, 24, 37, 38, 128. 
Dar as-Sawda 3 (Marib) 59, 142, 146. 
Datlna 166. 
(ad)-Durayb 81. 

Du-Gylm 122-123. 

Gaza 160. 



Gabal Balaq 4. 
Gabal al-Lawd 24, 26, 165. 
Gabal an-Nisiyih 4, 17, 24, 146. 
Gabal Yam 23. 

(al)-Ganadila 9, 15, 16, 142, 146, 183. 
Gidfir ibn Munaybir 15, 32, 34, 41, 44, 71, 72, 
83-84, 177, 185. 

(al)-Hagar (Sabwa) 17, 21, 24, 25, 27, 29, 38, 

44, 130, 175, 181. 
Hagar al-Ganadila (voir al-Ganadila) 
Hagar am-Barka 5, 14, 17, 86, 141, 148. 
Hagar am-Daybiyya 142. 
Hagar am-Nab 5, 11. 
Hagar an-Naga' (voir an-Naga') 
Hagar °Arra 16, 141-142, 148, 174, 183. 
Hagar ar-Rayhani 16, 18, 115. 
Hagar as-Safra 24, 146. 
Hagar ibn Humayd 122-123, 148, 180. 
Hagar Dalimayn 144—146. 
Hagar Hamuma 24, 59, 142, 144, 183. 
Hagar Kuhayla 16, 18, 141. 
Hagar Kublan (la fortification) 13, 15, 18, 

117-120, 160, 174, 180. 
Hagar Kuhlan (porte sud-ouest) 27, 30, 32, 

33, 34, 68-70, 117-119, 180. 
Hagar Kublan (porte nord-ouest) 119—120, 

180. 
Hagar Lagiyya 5, 11, 17, 24, 146. 
Hagar Ruma 24, 146. 
Hagar Talib 5, 11, 24, 142, 146. 
Hagar Yahir 5, 9, 11, 15, 18, 27, 28, 41, 43, 

44, 163, 175. 
(al)-Hagra 165. 
Haram 99, 103, 161, 165, 166. 
Hayd al-Galib (Sabwa) 23. 



194 



INDEX TOPONYMIQUE 



Hirbat Hamdan 5, 12, 22, 103, 178. 

Hirbat Sa'iid 5, 14, 16, 23, 28, 34, 41, 43, 45, 

53, 60, 71, 79-81, 153, 167, 171, 174, 175, 

177, 183, 185. 
Hot Rori 5, 55, 76, 137, 138-139, 158, 176, 

182. 
Husm Miraq 23. 

Habban 135, 181. 

Hadramawt 3, 4, 6, 11, 24, 123, 125, 161, 

164-165, 173, 175, 180, 182, 185, 186. 
Himyar 90, 135, 186. 
Hinu az-Zurayr 5, 6, 7, 11, 24, 34, 42, 54-55, 

59, 71, 120-122, 142, 150, 163, 176, 180, 

183. 
Hizmat Abu Tawr 5, 152, 165, 178, 183. 
Hurayda 12, 165, 185. 

Husn al-^rr 5, 16, 165, 181, 185. 
Husn al-Hudayri 122, 180. 
Husn at-Tawba 5, 16, 134, 165, 181. 
(al)-Huwaydar 122, 180. 

Innaba 3 5, 15, 18, 109, 165, 178, 179. 

Kamna 5, 12, 23, 28, 31, 36, 39, 40, 42, 44, 
67, 71, 99, 102, 152, 165, 171, 175, 178, 183. 

Libna (ou al-Bina') 5, 22, 135, 137, 155-156, 
165, 181, 185. 

Main (fortification) 7, 12, 14, 21, 23, 46, 

105-108, 174, 175, 176, 178, 179, 184. 
Main (royaume et tribu) 6, 156-161, 168, 

171, 184, 185. 
Main (porte occidentale) 25, 28, 35, 40, 

73-75, 105-107, 176, 179. 
Main (porte meridionale) 31, 107. 
Main (porte et courtine orientales) 27, 28, 29, 

31, 33, 35, 39, 41, 42, 48, 50-51, 105, 159, 

179, 184. 
Mablaqa (passe) 115, 122. 
(al)-Mabniyya 5, 16. 
Mahxam Bilqls 25, 35, 41. 
Makaynun 131, 133, 134, 165. 
Marib (fortification) 19, 25, 30, 31, 36, 45, 46, 

62, 72, 91-92, 154, 170, 175, 177, 178. 



Marib (ville) 3, 5, 89-91, 155, 168, 173, 174, 

177, 178. 
Masga 32, 165, 185. 
Matna (Sabwa) 47, 130. 

(an)-Naga' 115-116. 

Nagran 3, 5, 7, 12, 14, 59, 150-151, 161, 166, 

173, 174, 183, 185. 

Naqab al-Hagar 5, 13, 18, 75, 135-137, 155, 

174, 181, 185. 
(an)-NIr 16. 
Nisab 122. 

Qarat al-Burayk (Sabwa) 13, 128, 130. 
Qarat al-Firan (Sabwa) 13, 44, 128, 130, 163. 
Qarat al-Hadlda (Sabwa) 13, 21, 44, 128, 130, 

163. 
Qarat Kibda 5, 131-133, 165. 
Qataban (royaume) 34, 175, 179, 180, 184, 

186. 

Ramlat as-Sab c atayn 3, 9, 11, 24, 125, 160, 

161, 163, 164, 170, 173, 185. 
Raybun 6, 12, 32, 165, 181, 185. 
Raydan 116. 

(as)-Sawda' 6, 12, 15, 29, 31, 35, 41, 103-104, 

159, 167, 174, 178, 183. 
Say'un 165, 166, 181. 

Sabwa (chSteau royal) 22, 29, 32, 35, 41, 119. 
Sabwa (enceintes exterieures) 13, 17, 19, 24, 

25, 44, 128-130, 164, 175. 
Sabwa (enceinte inteneure) 17, 19, 23, 24, 25, 

28, 29, 37, 38, 47, 75, 128-130. 
Sabwa (porte mendionale exterieure) 21, 23, 

25, 27, 28, 31, 37, 60. 
Sabwa (ville) 3, 23, 128-131, 155, 161, 

165-166, 168, 172, 173, 174, 180, 181, 183, 

185. 
Si°b al-Layl (Sabwa) 23. 
Si°b al-Biri (Sabwa) 23. 
Sibam (Hadramawt) 12, 165, 166, 168, 174, 

181. 

Suna 32. 

Sirwab 12, 21, 23, 24, 25, 34, 35, 36, 40, 48, 
92-95, 171, 174, 175, 177. 



INDEX DBS INSCRIPTIONS 



195 



Tarim 131, 165, 168, 181. 

• 
wadl'Adana 5, 11, 12, 19, 91. 
wadI c Abadan 170. 
wadI c Atf 5,23, 163, 181. 
wadl al-6awf 3, 4, 5, 6, 23, 56, 164, 168, 171, 

173. 
wadl Bayhan 4, 5, 11, 24, 34, 115, 116, 163, 

179, 180. 
wadl Pura' 122, 155, 180. 
wadl 6irdan 5, 12, 180, 181. 
wadl G-uba' 5, 24, 115, 122, 171, 180. 
wadl 6ufra 83. 

wadl Hagar 135, 137, 165, 180, 181. 
wSdlHamuma 144. 
wadl Hadramawt 131, 133, 164, 180, 181. 



wadl Harib 4, 5, 11, 34, 115, 116, 146, 163, 

170, 183. 
wadl Idim 164. 
wadl Madab 11, 35, 161. 
wadl Marha 3, 6, 11, 17, 18, 86, 163. 
. wadl Mayfa c a 5, 135. 
wadiMagzir 23. 
wadl Ragwan 5, 6, 67, 81, 83, 84, 153, 154, 

173, 175, 177, 183. 
wadl Sadba 23. 

Yala 3, 8, 16, 17, 34, 41, 44, 84-86, 143, 149, 
151-152, 154, 167, 171, 174, 175, 177, 183, 
185. 

Zufar 5, 9. 



2. Index des inscriptions de construction de fortifications 



CIH 366 

RES 2665 = CIH 627 

RES 2687 

RES 2722 = CIH 631 

RES 2727 = CIH 632 

RES 2771 = M 27 

RES 2774 = M 29 



RES 2775 
RES 2783 
RES 2797 
RES 2803 
RES 2804 
RES 2814 
RES 2829 
RES 2825 
RES 2830 
RES 2850 
RES 2853 
RES 2857 
RES 2869 
RES 2887 



M30 

M37 

M52 

M58 

M59 

M69 

M83 

M79 

M84 

CIH 634 

CIH 635 

CIH 636 

M102 

M112 





page 


Sirwah 


34, 177. 


Marib 


90, 182. 


al-Libna 


22, 137, 156. 


Sirwah 


94. 


Sirwah 


94, 178. 


Ma°m 


105, 179. 


Matn 


106, 108, 156, 158, 159, 




184. 


Ma°In 


108, 179. 


Ma°m 


26, 108. 


Ma*in 


23, 108. 


Matn 


105. 


Ma°ih 


48, 107, 108, 159. 


Ma^n 


53, 107, 157. 


Ma*in 


106, 156. 


Ma"in 


108. 


Main 


105, 108, 179. 


al-Bayda' 


97. 


al-Bayda' 


97. 


al-Bayda' 


95, 96, 97. 


as-Sawda' 


104. 


as-Sawda' 


104. 



196 



INDEX DBS INSCRIPTIONS 




RES 2901 
RES 2920 
RES 2921 
RES 2929 
RES 2941 
RES 2948 
RES 2949 
RES 2952 
RES 2965 



M125 
M142 
M143 
M151 
M163 
M168 
M169 
M172 
M185 



RES 2971 bis = M 191 
RES 2971 = M 192 et 193 
RES 2973 = M 195 
RES 2974 = M 196 
RES 2975 = M 197 
RES 2976 = M 198 
RES 2978 = M 200 
RES 2999 = M 222 
RES 3009 = M 232 
RES 3010 = M 233 
RES 3011 = M 234 
RES 3012 = M 236 

RES 3021 = M 246 

RES 3022 = M 247 

RES 3060 = M 283 

RES 3386 = Gl 1527 

RES 3535 = M 347 

RES 3552 

RES 3553 

RES 3668 = Gl 1117 

RES 3669 = Gl 1333 + Ghul al-Guba 1 

RES 3672 = Gl 1342 + 1344 

RES 3675 = Gl 1121 

RES 3869 

RES 3871 

RES 3880 

RES 3881 + TsB 

RES 4329 

RES 4452 = Gl 598, 110 et 538 

Ja2437 

Ja 2888 

Gl 1122+1116+1120 (et Gl 1123+1124+1125) 
Gl 1583 
Gl 1588 



as-Sawda' • 

as-Sawda' 

as-Sawda' 

BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 
BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 

BaraqiS 
Sirwab 
BaraqiS 
WadI al-Guba 
Wadl al-Guba 
WadI al-Guba 
Wadl al-Guba 
WadI al-Guba 
Wadl al-Guba 
Naqab al-Hagar 
Raydan 
Hagar Kublan 
Hagar Kublan 
HinG az Zurayr 
Marib 

Hagar Kublan 
Hagar ibn 
Humayd 
Wadl al-Guba 
Wadl al-Guba 
Wadl al-Guba 



104. - ' 

104. 

104. 

Ill, 156. 

111. 

111. 

111. 

23. 

23, 26, 33, 52, 111, 156, 

159, 179. 

111. 

Ill, 156, 179. 

Ill, 159. 

156. 179. 

23, 110, 156. 

111, 156, 158. 
67, 110, 156, 157. 

112, 156, 158. 
112. 

Ill, 159. 

67. 

33, 108, 111, 156, 157, 

158. 

53, 67, 109, 110, 111, 

156, 157, 158. 

33, 111, 156, 159, 160, 

179, 185. 

112. 

93, 178. 

33, 111, 156, 159. 

116. 

116. 

116. 

116, 155. 

115. 

116, 155. 

137, 158, 181. 

116. 

26, 33, 69, 120, 180. 

24, 33, 117, 120, 155. 
24, 55, 120, 150, 180. 
90,177. 

24, 69, 119, 180. 

123. 180. 

115, 180. 

116. 

116. 



INDEX DBS INSCRIPTIONS 



197 



Gl 1675 

Hor Rori 1* 

Hor Rori 2 

Hot Rori 3 

Hor Rori 4 

J. Pirenne - al-Huwaydar A et B 

Ry497 

Sabwa: VT/76/81 

Sabwa: n° 3 

Sabwa: n° 15 

Sabwa: n° 15 bis 

Sabwa-Hamilton 2 A et B + Sabwa S/75/128 

Sabwa: VI/76/89 

Sirwah-Miiller 1 

Sirwah-Muller 4 

Tawfiq 4 = M 400 

Tawfiq 5 = M 401 

MAFRAY-Hizmat Abu Tawr 1 

MAFRAY-Hizmat Abu Tawr 2 = CIH 368 

MAFRAY-Hizmat Abu Tawr 3 

MAFRAY-al-Asahil 1 = Ph 133 

MAFRAY-al-Asaljil 2 

MAFRAY-al-Asahil 3 = Ph 217 d 

MAFRAY-al-Asahil 4 = RES 4904 = RES 3650 B = 

Gl 1559 = Ph 77 

MAFRAY-al-Asahil 5 = RES 3650 C = Gl 1560 = 

Ph 217 a 

MAFRAY-al-Asahil 6 = RES 3650 A = Gl 1558 = 

Ph 217 b 

MAFRAY-al-Asahil 7 = Ph 217c 

MAFRAY-al-Bayda' 43 

MAFRAY-al-Bayda' 46 = CIH 377 

MAFRAY-al-Bayda' 48 = CIH 377 

MAFRAY-al-Bayda' 54 = RES 2853 

MAFRAY-al-Bayda' 55 = RES 2853 

MAFRAY-al-Bayda' 63 = RES 2857 = Halevy 338 

MAFRAY-al-Bayda' 64 = RES 2857 = Halevy 339 

MAFRAY-Hirbat SaUd 2 = Gl A 776 

MAFRAY-Hirbat Sa^ud 6 

MAFRAY-Hirbat SaUd 14 

MAFRAY-Hirbat SaUd 15 

MAFRAY-Maln 1 

MAFRAY-Ma°in 13 

MAFRAY-Marib 1 

MAFRAY-$irwah 1 

MAFYS-Naqab al-Hagar 1 

MAFYS-Naqab al-Hagar 2 = RES 2640 = RES 5082 

MAFYS-Naqab al-Hagar 3 



Sirwah 



WadI Dura' 
Hinu az-Zurayr 
Sabwa 



Main 
Main 



al-Asahil 



94. 

76, 139. 

76, 139, 158. 

76, 139. 

76, 139. 

122. 

122, 150, 162. 

131. 

131. 

131. 

131, 155. 

131, 155. 

131. 

94, 178. 

94. 

107, 108. 

26, 107, 108, 156. 

152. 

152. 

152. 

79, 81. 

79, 82. 

81, 82. 

60,82. 

60,82. 

82. 

34, 82. 

97. 

96, 102. 

96, 102. 

97. 

97. 

96. 

96. 

81. 

71, 81. 

53, 81. 

53, 81. 

31, 107. 

107, 160, 185. 

90, 177. 

93, 177. 

137, 155. 

22, 137, 155. 

22, 137, 155. 



*-m 



198 



LISTE DES FIGURES 



MAFYS-Naqab al-Hagar 4 
MAFYS-Timna c 1 
Yala A.85/3 a et b 



155. 

33, 119, 155, 180. 

44, 84, 86. 



Liste des tableaux 



1. Dimensions des enceintes. 

2. M6trique des blocs (carreaux et boutisses) 

3. Rapport hauteur des assises et longueur des carreaux 

4. Taille des parements extirieurs a al-Bayda, Main et Kamni 

5. Dimensions des saillants et des courtines 

6. Dimensions des portes. 



p. 19 
p. 35-37 
p. 37 
p. 40 
p. 4647 
p. 70 



Liste des figures 



1 Plan de la muraille de Hirbat Sa°ud (d'apres Robin-Breton, al-Asdhil et Hirbat Stfud, Raydan, 4, 
1981, pi. III). 

2 Plan de la muraille d'al-Asahil (public dans Robin-Breton, al-Asdhil Hirbat Stfud, Raydan, 4, 1981, 
pi. I). 

3 Plan d'al-Mabniyya. 

4 Plan de la muraille de Yagar Yahir. 

5 BaraqiS: angle nord-ouest de la tour 4. 

6 BaraqiS: face nord de la tour 22. 

7 Plan et coupe de la courtine nord-ouest de Hirbat Sa°ud. 

8 Main: coupe sur un mur de courtine orientale. 

9 al-Bayda': 616vation du saillant 58. 

10 BaraqiS: elevation et coupe du saillant 11. 

11 BaraqiS: hypothese de restitution des saillants 11-12. 

12 Plan de la porte orientale d'al-Bayda' 

13 Hinu az-Zurayr: tours defendant un passage dans le secteur sud. 

14 Hor Rori: plan de la tour septentrionale (publid dans Albright, SumhurOm, 1980, pi. 11). 

15 Hinu az-Zurayr: plan du passage occidental. 

16 Plan des portes nord-est et sud-est de Hirbat Sa°ud. 

17 Plan de la porte nord-ouest d'al-Asahil. 

18 Plan de la porte nord de Marib. 

19 Plan de la porte sud de Main. 



LISTE DES FIGURES 199 



20 Plan de la porte orientate de Hinu az-Zurayr. 

21 Plan de la porte nord-ouest d'al-Baiira. 

22 Plan de la porte m6ridionale d'al-Banra. 

23 Plan de la porte orientate de Kamna. 

24 Plan de la porte occidentale d'al-Bayda'. 

25 Types d'ouvertures dans le saillant 39 d'al-Bayda'. 

26 Plan de la porte sud-ouest de BaraqiS. 

27 Plan restitue' d'apres photographies, et elevation actuelle (1982) de la porte sud-ouest de Hagar 
Kuhlan. 

28 Plan de la porte septentrionale de Gidfir ibn Munayhir. 

29 Plan de la porte ouest de Marib (publie dans Finster, Die Stadtmauer von Marib, ABADY, 1986, 
p. 83, fig. 26a. 

30 Plan de la porte ouest de Main. 

31 Plan de la porte sud de Naqab al-Hagar (publie dans Breton-Robin-Seigne-Audouin, La 
muraille de Naqab al-Hagar, dans Syria, t. LXIV, 1987, fig. 2, p. 9). 

32 Plan de la porte nord de Hor Rori (publie dans Albright, Sumhuram, 1980, pi. 10). 

33 Carte de la r6gion de Marib. 

34 Plan de la muraille de Gidfir ibn Munayhir. 

35 Plan de Yala (d'apres A. de Maigret, The Sabaean Archaeological Complex, 1987, fig. 15). 

36 Plan de Hagar am-Barka. 

37 Plan de §irwah (d'apres Schmidt, Bericht iiber die Yemen-Expedition, ABADY, I, 1982, fig. 35, 
p. 126). 

38 Plan d'al-Bayda' (publte dans Breton, Les villes d' Arable meridionale, 1988, fig. 3, p. 105). 

39 Carte geo-archeologique de la valtee du Gawf (1991) (Ch. Robin et P. Gentelle). 

40 Plan de la muraille de Kamna. 

41 Plan de la muraille de Main. 

42 Plan de la muraille de Baraqis (d'apres photographies aeriennes et releves au sol). 

43 Plan de Hagar Kuhlan/Timna c (d'apres photographies aeriennes et plan publie par R. L. Bowen, 
Archaeological Survey of Beihdn, dans Archaeological Discoveries, 1958, fig. 5, p. 18). 

44 Plan de Hinu az-Zurayr (publie dans Breton, Les villes dArabie meridionale, 1988, fig. 5, p. 106). 

45 Plan de la muraille d'al-Barlra (d'apres Wissmann — Homer, Beitrage zur historischen Geographie, 
1958, fig. 7, p. 298 (80); €tat de la muraille en 1984. 

46 Plan de la muraille d'al-Bina' (d'apres B. Doe, Southern Arabia, fig. 33, p. 213). 

47 LevS archeologique de Sabwa (d'apres teve' altimetrique I.G.N. , 1977, et relev6s au sol par Ch. 
Darles et J. Seigne de 1980 a 1981), publie dans Breton, Le site et la ville de Shabwa, dans Fouilles 
de Shabwa, II, fig. 6, p. 67). 

48 Carte du wadl Hadramawt. 

49 Plan de Husn al-^Urr (d'apres Doe, Southern Arabia, fig. 41, p. 243). 

50 Plan de Husn at-Tawba (d'apres van der Meulen et Wissmann, Hadramaut, Some of its myste- 
ries..., p. 175). 

51 Plan de la muraille de Naqab al-Hagar (publie dans Breton— Robin— Seigne— Audouin, La muraille 
de Naqab al-Hagar, fig. 1, p. 2). 

52 Plan de Hor Rori (publie dans Albright, The American Archaeological Expedition, 1982, fig. 5). 

53 Plan de Hagar Hamuma (publie dans Breton, A propos de Nagran, fig. 4, p. 79). 

54 Plan de Hagar Dalimayn. 

55 Plan d'al-Ganadila (pubM dans Breton, A propos de Nagran, fig. 6, p. 81). 

56 Plan de Hagar Lagiyya. 

57 Plan de Hagar Talib. 



200 LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES 



58 Plan de Nagran (d'apres Zarins-Kabawi-Murad-Rashad, 2. Preliminary Report, pi. 17). 

59 Plan de Sakca Gozii (d'apres Garstang-Phythian-Adams-Seton-Williams, Third Report on the 
Excavations, pi. XX). 



Credits des figures 



Hormis les figures extraites des ouvrages sus-mentionnes, les releves architecturaux inldits sont a por- 
ter au credit de: 

— Jean-Francois Breton: fig. 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 16, 17, 23, 24, 25, 26, 28, 42. 

— Jean-Francois Breton et Remy Audouin: fig. 1, 2, 3, 4, 12, 18, 19, 30, 34, 38, 41, 53. 

— Jean-Francois Breton et Jacques Seigne: fig. 21 et 22. 

— Jean-Francois Breton et David Warburton: fig. 36, 56 et 57. 

— Jacques Seigne: fig. 13, 15, 20, 31 et 51. 

— Jacques Seigne et Christian Darles: fig. 44 et 47. 

— Christian Darles: fig. 54 et 55. 

— Majld Mahlouf: fig. 40. 

La mise au net des releves suivants a Hi executde par Christian Darles: fig. 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 
14, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 30, 37, 43, 44, 45, 52 et 53. Le rendu final de certains 
releves a 6te fait par Andrea Sallm a San c a'. Que chacun de mes collegues soit ici amicalement remer- 
cie. 



Liste des planches photographiques 



Numero Legende 

la Vue aerienne d'al-Asahil. 

b Vue aenenne de Hagar Jalib. 

2 a Vue aenenne de Main, 
b Vue aeiienne de Sabwa. 

3 Vue aerienne de Marib (ABADY, III, pi. 22). 

4 a Appareil de moellons calcaires a Barlra. 

b Appareil rectangulaire a Kamn3 (point 2). 

c Appareil irregulier de schistes a Hagar Lagiyya. 

d Appareil a d6crochements: Naqab al-Hagar. 

5 a Ciselures perimetriques assez regulieres a la porte ouest d'al-Bayda. 
b Ciselures p6rim6triques irr6gulieres a la porte ouest de Main. 

c Ciselures a la tour sud-ouest d'as-Sawda'. 



LISTE DBS PLANCHES PHOTOGRAFHIQUES 201 



d Ciselures a la tour 11 de Baraqis. 

6a aJ-Asahil: angle nord-est (Robin— Breton, al-Asahil et Hirbat Sa c ud..., dans Rayddn, 4, 
1981, pi. Ha). 

b al-Asahil: detail du contrefort avec l'inscription 7 (Robin — Ryckmans, Les inscriptions de 
al-Asahil. . ., dans Rayddn, 3, 1980, pi. 4a). 

7a Hirbat Sa^d: angle meridional. 

b , Hirbat Sa°ud: angle occidental. (Robin — Ryckmans, Les inscriptions de al-Asahil. . ., dans 
Raydan, 3, 1980, pi. 19 a et b). 

8a 6idfir ibn MunayWr: secteur meridional (Archeologia, n° 160, p. 52-53, ph. 1). 

b al-Mabniyya: vue generate. 

c Hagar ar-Rayhani: secteur meridional. 

9 a Marib: tour septentrionale. 

b Marib: secteur occidental, boutisses penetrant le massif de brique crue. 

10a Marib: porte I (Finster, ABADY, III, pi. 16a). 

b Marib: mur ouest (Finster, ABADY, III, pi. 18 c). 

c Marib: porte III (Finster, ABADY, III, pi. 17 c). 

d Marib: mur sud (Finster, ABADY, III, pi. 19a). 

11a Sirwah: tour d'angle meridionale. 

b $irwah: tour d'angle m6ridionale (point 1). 

c Sirwah: tour d'angle meridionale, detail. 

12a Sirwah: mur occidental (points 3 et 4). 

b Sirwah: mur nord-est (point 2). 

c Sirwah: mur nord-est, detail. 

13 a al-Bayda': vue generate. 

b . al-Bayda': saillant 6 avec inscription 9. 

c al-Bayda': courtine 31—32 avec inscription 43. 

d al-Bayda': saillant 57. 

14a al-Bayda': porte ouest, saillant 38. 

b al-Bayda': porte ouest, parement interieur du saillant 38. 

c ., al-Bayda': saillant 58, c6t6 extdrieur. 

d al-Bayda': saillant 58, c6te" interieur. 

15 Vue aerienne de Baraqis. 

16a Vue generate de Baraqis: secteur sud-est. 

b Vue generate de Baraqis: secteur sud-est. 

c Vue g6n6rale de Baraqis: secteur sud-ouest. 

17 a Baraqi§: saillant 11, elevation ext6rieure. 

b Baraqis": saillant 11, detail de l'interieur. 

c Baraqis: elevation d'un saillant. 

18a BaraqiS: RES 3016, tour 3. 

b Baraqis: RES 2971 bis (partie gauche), tour 5. 

c BaraqiS: RES 2965 (partie droite), tour 11. 

d BaraqiS: RES 3535 (partie droite), courtine 11-12. 

19a Main: porte occidentale, vue du nord (Archeologia, n° 160, p. 52—53, ph. 3). 

b Ma^: porte occidentale, dispositif anteneur. 

20 a Main: porte occidentale: bastion. 

b Main: porte meridionale: vue generate. 

c Main: porte meridionale: tour de flanquement ouest. 

21a Main: courtine orientate: vue de l'ouest. 



202 LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES ■ ;1 



b Matn: courtine orientale: vue du sud. • 

c Ma°m: courtine orientale: d6tail de construction, 

d Ma°In: tour orientale. 

22 a Main: courtine orientale avec le texte RES 2804. 
b Hizmat Abu Tawr. 

c an-Nlr. 

23 a Kamna: detail de construction du mur (point 2). 
b Kamna: parement du mur (point 4). 

c as-Sawda': tour sud-ouest (face sud). 

24a Hagar Kuhlan: la porte mendionale apres les fouilles de 1950. 

b Hagar Kuhlan: porte mendionale: soubassement occidental (en 1982). 

c Hagar Kuhlan: porte meridionale: soubassement oriental (en 1982). 

25 a Hagar Kuhlan: autels a la porte septentrionale. 
b Hagar Kuhlan: autels a la porte septentrionale. 

c Hagar Kuhlan: inscription en provenance de la porte septentrionale. 

26 a Vue aerienne de Hinu az-Zurayr. 

b Hinu az-Zurayr: vue generate du secteur septentrional, 

c Hinu az-Zurayr: socle intra-muros. 

27 a Hagar Yahir: secteur septentrional, 
b Barira: vue generate. 

c al-Bina': vue generate. 

d al-Bina': mur meridional. 

28a Sabwa: enceinte intdrieure, cote 1 occidental. 

b Sabwa: enceinte interieure, cot6 septentrional. 

c Sabwa: Dar al-Kafir. 

29 a Sabwa: murs de l'enceinte d'al-Hagar. 

b Sabwa: murs de l'enceinte et de la citadelle d'al-Hagar. 

30a Sabwa: secteur occidental (Pirenne, Ce que trois campagnes..., dans Raydan, 1, 1978, 
pi. IVb). 

b Sabwa: porte mendionale de l'enceinte exterieure (Pirenne, Ce que trois campagnes..., 
dans Ravdan, 1, 1978, pi. Vb). 

c Sabwa: porte nord-ouest. 

31a Naqab al-Hagar: vue generate, secteur meridional. 

b Naqab al-Hagar: vue generate, secteur meridional (Breton-Robin-Seigne-Audouin, La 
muraille de Naqab al-Hagar, dans Syria, 1987, ph. 1, p. 3 et ph. 5 p. 6). 

c Naqab al-Hagar: porte meridionale. 

32 a Naqab al-Hagar: inteneur de la tour 24 (Breton - Robin -Seigne- Audouin, La muraille de 
Naqab al-Hagar, dans Syria, 1987, ph. 8, p. 8). 

b Naqab al-Hagar: blocage inteneur d'une tour (cdt6 septentrional). 

c Naqab al-Hagar: enceinte du c6te nord. 



CREDITS DES PHOTOGRAPHIES 203 



Credits des photographies 



Toutes les photographies sont de Pauteur a l'exception des planches suivantes: 

Bessac (J.-Cl.): 4b, 5c, 23 (a, b, c). 

Darles(Ch.): 5d, 16b. 

D.A.I. ($ana c a'): 3, 10 (a, b, c, d). 

I.G.N.: 2b. 

Lebel (Cabinet): 26a. 

Mission arch6ologique fran9aise en Republique Arabe du Yemen 

(MAFRAY): 6a et b, 7a et b, 8a, 13, 14, 17, 19, 22a et b. 

Mission archeologique francaise en R6publique Democratique du Yemen 

(MAFYS): 25 (a, b, c), 26 (b, c), 28, 29, 30, 31, 32. 

Robin (Ch.): 18 (a, b, c, d). 

Swiss Technical Cooperation: 1, 2a, 15. 

Swauger (J. L.): 24a. 



Planches 1-32 



PLANCH E 1 




+ 



+ 



1 


















a. Vue aerienne d'al-Asahil. 









;■ 






v V i^vfc' 



-*»V- 






5. * 



% *" 






m ~* 






: - 
- 



i 










I 









b. Vue aerienne de Hagar Talib. 



.-• 



PLANCHE 2 




a Vuc adricnnc dc M;i in. 




Il \ IK .HI I.IIIH lie S.lllW.I 



PLANCH E 3 







* 



- 






v 



5* 



*f 



\. 









9j , ^\ s £«** 






Hi 





X 






V 




, v " 



u ^ -I. ' f }\ ... , 



) 



H«V' 



PLANCHE 4 








a C liselures |iL-ninciru|iiL's asscz regulicrcs a la porte oucst d'al-Bayda. 



m - 



— , v 









-"v' f .-» 




c. Ciselures a la torn sud-ouesl d'as-Sawda" 



■ • 1 
I 



< jl 

m 



: 



'■ 

I 










b. Ciselures perim&riques irregulieres ii la porte ouest de Main. 




d. Ciselures a la tour I I de BaraqiS. 



- 
- 
> 

EC 



PI.ANCHE 6 










* -*. _" . .- ■;-■".»:-'■ *fess-- 

- . -- ■-■"- ' * 



- 



^ - — 



- . 



a. al-Asfthil; angle nord-esl 




I) .il Asahil d< tail tin uwtrcforl ave< I him ription 



PLANCHE 7 




a. Hirbat Sa'ud: ant>lc meridional. 




b. Hirbat Sand: angle Occident. 



PLANCH E 8 




• f *r>*Xm 



■ 



,i < ihIIii ihn Mnn.ivliii. secteui iiK'iiilinn.il 







-. -» 



h al-Mabniyya \ uc gdncralc 




-f* 



WH*r.*l*S~. 



1 1 ■>" H ii K.i\ li.uii si 1 1. in in, i iitional 



PLANCH E 4 




a. Marib: tour septentrionale. 




i 




- 


■> 






4 


■ 

- 


-«. 


■• 





b. MSrib: secteur occidental, boutisses penetrant le massif de brique crue. 



PLANCHE 10 










i 



PLANCH E 11 







■■-'-'■*. - tardus -'riv;*,^-yi- 







a. Sirwah: lour d'angle mdridionalc. 



b. Sirwah: tour d'angle meridionale (point 1). 




c. Sirwah: tour d'angle mdridionale, detail 



PLANCHE 12 





ESP i*£Sm 



i 
■ ' . • 

J 

;« . 




* 








b. al-Bayda": saillanl h avec inscription 4. 




d. al-Bayda': saillant 57. 



— 
v 

n 
- 



PLANCH E 14 








■ 



IM.ANCHE 15 




I . 



-i" 






?* 



- 

IW^ 









1 




>rv 










PLANCHE 16 



ffiPi I I " ^ W, J 



■\h r 



- » ' *. V 

- • ■ A+f £ 




*■..«. 
^ 






• **a - - - 



.1 \ ue g£n£rale de BaraqiS: secteui sud-csl 











■HM 










BB 






■P. / 


' v 






-^ 


V 


^■a" 


- 


HI 


<■ 


















Mjr' 




















i He 

15. 












. 












Ii \ uc gdndrale <k BaraqiS secteui sud esl 



► > w .-. 







i \ ii< v< ndralc dc BaraqiS si i i m ,ud 



PLANCH I: I 7 




■.-•: .' i 







«L 


\ 


Br- 
W 

■tT'V , 

■ (.7 


1 




DQ 


' ...-, .. . 






PLANCHE 18 




fl ~, . ' '■ * \ u . • . ! . 



\ r 



.1 BaraqiS: RES J016, tow 5 



3EL 



_" V' ?■„ "I 



1 '"Xret—*- 



..^NSSSS 




qiS Kl S 



ichc). iiun 5. 



1 ; & 



*iW 



m^/hm- 





ivi 












i BaraqiS Kl s 2965 (panic droilc), toui 1 1 








TA 






y^%N* 



'I BaraqiS: RES 1535 (parlii droiti | i nurtinc 1 1 



PLANCH E 19 




. . j mi iiw ' iiii 



— — 



% 



! 



l l iiL 





a. Ma in: porte occidcntale. vue du nord. 




J 







34tv 



v 



•* _i»- i. 



g •» 



**« 



» V 



- 



b. Ma in: pone occidentale, dispositil anterieur 



- 

j 




PLANCH [- 2(1 




a. M.i m portc occidcnialc bastion 




b. M.i in portc met kIu m.ik vue gdncrah 




M.i in portc iiu iiilniii.il> linn J. 1 1 . 1 1 1 1 1 1 1 . i m i mi ones! 



PLANCHE 21 



I '-. 


I 


J 


f 


J \ 


1 

1 



i Wl jr i iwpulignTai 






a. Main: courtine orientale: vue de l 1 ouest. 




JL 




h. Ma'in: courtine orientale: vue du slid. 






C. Main: courtine orientale: detail de construction. 



d. Ma in: tour orientale 



PLANCHE 22 






* 









\ ■ -*t 



-^ 




£$5A Y 



:• 




til s ! ' '-. 'TT 









.'•i .'i.WC-.'^'g 




Mi 



in com line * >i k i 



lc lextc Kl S "Mil 




MP 



b. Ili/m.il Aim I ,i«r 








i .III INN 



PLANCH E 23 




•V-Tk. .■■'» 




— 




PLANCHE 24 




:■: 



* 



••* , .'*-■•* 



»> \ *l 



*fot 








^ ■ y —- 




rf^ 









.1 Hagai Kuhlan la porte meridionale apres les fouillcs dc 1950. 




v-» - :~ ./ ... 



b Hagar Kuhlan porl< meridionale souhasscmcnt occidental 
i, n 1982) 




1 1 imi Knlil.in poi u in. i idional 
(en 1982) 



l M UllM'-st MK'lil i 



»l klll.ll 




I 





Hagai kuhlan autels a la porte septentrionalc. 






' - 1.- - 3< ~\-jgi£ ±. 



• < -■ ■" » - • 

■ > 



i . % 



m 




t 



■ - 



-«*■ 



-<:./. 




b. Hagar Kuhlan: autels a la porte Septentli 




c. Hagar Kuhlan: inscription en provenance de la poric septentrionalc 



> 
Z 

n 

m 



PLANCHE 26 







v 



.1 Vue acrienne de Hum az-Zurayi 








- 



l| iMm 



h I him az /in i i .ii' gi ii' i .ili i In si i 1 1 hi si 'i lie hi i ii ' 
n. il 



i I linn .1/ /iii.i\ i socle mil i mill os 





Hagar Yahir: secteur septentrional. 



h. Barfra: vue generate. 





'■' " / , ' 



^^; 






■.**-». 






c. al-Bin5': vue gendrale. 



■'^M 




- ■ ■ 






-- '". • 



A, 



- 



d. al-Bin3': mur meridional. 



> 

X 

tn 



PLANCH! 28 




.1 Sabwa enceinte intcrieure, cotd occidental 



« 



-'-* 



■ ■ - : ■ 



• 



• *3ft 





l> Sabwa: enceinte intcrieure, cot«S septentrional. 




I S.iliu.i I I. ii .il K.ili 



PLANCH E 24 










a. Sabwa: murs dc I'enceinte d'al-Ha&ar. 







b. Sabwa: murs de I'enceinte el de la citadelle d'al-Hagar. 



PLANCH E 30 




.1 Sabwa: secteui occidental. 









li Sabwa portc mlridionalc dc I'cnccinli i Ucricurc. 



Sabwa |ini t< nord "u> si 



PLANCH E 31 







a. Naqab al-Hagar: vue g£n£rale, secteur meridional. 










-7?^-*- - ■"J'j i-"* — fc iA.> V,,,'. 

s>^«— ^■'•'•.■t.'-^' ->«.' -.V- ; ^«N 



b. Naqab al-Hagar: vue g£n£rale, secteur meridional. 




c Naqab al-Hagar: portc meridionale 



PLANCH E 32 




' 




Naqab . 1 1 - M.i lz.i r: interieur de la toui 24 



b Naqab al-Hagai blocage interieur dune lour (cote scpicn- 

irional i 




<■ Naqab ;il I lagai i n< i inii du i Aw 1 1< m 1 1