B
L
i
Les fai&s & coqueftes
D'ALEX S.NDRE LE GRAND,
Roy r e s fvi a c f r> q n i e n s, d e s-
cripts en Grec, en hui& l'jrcs, par Arrian de
Nicomediefarnômclc nc^eauXenophon:
TraduiÛs nottueUement de "Vir Franpys par
C L- it A'RTj €fcuy*r i^neur de Rofoy
Gafteblt,Qrde 'Bcralles: CojtS.'er du Kojj
: <*r ^ Afonfeigneurau .fîege P.'tjtdial
de Chafteautbierry ,
A PARIS,
De nroprîmerie de Fedekic M oml
Imprimeur ordinaire du Roy.
M. D LXXXT.
%s4mc Tnudege dudiéî Seigneur.
9Vj;
A HAVLT ET PVISSANT S E î-
GNEVR MESSIRE AnTHOINE DE
Siliy S 1 de la Rochcpot, Damoifeau de Com-
ra crcy,Souucra.n d'Euvillc, Baron de Mont-
rerai! & Trofnay, Soidron,&c. Cheuahcr, Capi-
taine de cinquante hommes d'armes des ordon-
nances du Roy.Chainbeltan ordinairc.ConfcilIcr
d'effet & affaires de Monfeigneur frère vmque du
Roy, &c.
Onseignevr, teporttroy à bon
droitf le nom > la tache & le blafme
' d'ingrat, fi te nauoy continuellement
' en mémoire er devant lesy eux l'hon-
U neur, les faneurs & l'amitté que ïay
< ^^^^^receu en la maifin(liray feiour dei
"vertus, des grâces & des mufes) de fin JMenjeigneur
le Comte de "Rocbefort ~)>oflre oncle. Entre lefiquelles fa-
neurs ie ne repute petite celle dont il m'honora lors, que
étiantjhiâlesfiy & hommaige que ie luy deuoy , eftant
jkicl premièrement fin gaffai parmy tant de Seigneurs
gr gentilshommes > quelque temps auant fa mort , en fin s
mawtenantl>oftrc,chafteaude ^Jontmirail;il vous fc-
mondit & pria de commuer enuers moy la bonne -volonté
I if
EPI S TR E
qu'il me portait. Qui moccaftonna de ifous offrir non feu-
lement le feruice que le "tous deuoy luy eftant proche Je
fang : mais aufft quafi ' ftmblaUefoy & homaige: comme
plagiant en mon efyrit & défait} le déchirant par pa-
rolies{ ienefçay fi les affaire; £r commuons battîtes,
importantes & honorables qui vous font depuis furuc-
nues, vous en ont point ofie la fouuenancejquc temepre- ,
fentoy a 1/ous , comme celuy qui deuie^J. l'aducmr eftre
mon Seigneur: ainfi qu'il eïl aduenu par la grâce de celuy •
qui difpofe des chofes humaines félon fa toute- puifjante
volonté. Lequelie mercie de ce que ( pmjque il luy a pieu
nous priuerdt fi précieux ornement) il vous a laifé pour
(ucceffeur er héritier diceluy, non feulement en [es fet-
gneuries & pofflfons, mais aufienfes perfections & ver-
tus : & duquel nous pouuom ejjcrer autant de fupport&
d'amitié : ainfi que de voftre grâce m en aue% ta donné de
bouche quelque affeurance Depuis le temps fujdiùl, Mon-
feigneur, mes defjems ey proie cl s riant efie autres que de
maquitterde l offre que te vous auoy faicle de moy, & de
ce qui en pouuoit dépendre bfortir: cerchant tous moyens
de m employer en chofe qui vous vinflàgré. Et ayant co-
gneu par expérience comme vous fçaue^ départir les heu*
res aux exercices tant de l'efprit que du corps conuenables
à Doftre grandeur : & adoulcir ïhom ur, & calmer les
tempefles de Mars & de Belonne par la leclure des liures,
recouran t corne en lieu de repos au (acre giron des Mujes,
à l'imitation JJchiUe, Alexandre le Grand, faU fifei
Cr autres: k mefuisaduifé défaire cbojefi non correfton-
dante
O F D I C ATOTRE.
Jante, du mmns tendante a contenter cefle excellence &
gencrofité d\fym,vous reprcfentant François ce quepou-
ui%auo!r-ïeu eflrange^cefl à fçanoir fbijhtre dudil
jïexadredefcripte par Aman d^T^come die, qui pour fi
bone fhçon de coucher par efcript a ejléfumom: le nouveau
Xenophon. Qui fournira à ceulx qxi ne l'ont encores loi,
autant de ftratagemes/raifls çyinuetiom de guerre en L
grandeur Ç? •varie t é des batailles, escarmouches, rencon-
tres, furprifes.ajjaults^rifès & defenjes de villes, quilre-
cite .que autre autheur cjui je trouue. Lequel l'esfere que
receurèz d'autant meilleur vifage cfuelc fçaurex^ eflre de
voftrc creu, procédant du champ de l'vn de vos vajjaulx
£r ferutteurs : '& que par ~Vo(lre moyen & authoritê
il obtiendra d'eftre naturalije Fraçoys. Qmy re'ûfcifjant
te penferay auoirraijan de m employer plus hardiment &*
auec plus d. affection à iadueniren ce que leflimeray vous
tournera ferutee . Ce pendant ie fupplieray noftre Sei-
gneur ~Dieu continuer enutrs vous , <JMonfeigneur , de
plus en plus, (es -faméles grâces ± & ~\ous donner erupar-
jhicle fanté heureufe ô" longue 'Vie. De Chafteauthierry
ce mon de Juillet , i j 8 i.
%) offre tresfdeîe & trefobeijfint Ttajjaï
CT jermteur £l. I'vita r r.
1
*AV LE CT EV%^
ï IGNE VU Lecteur , ayant cogneu far expe-
1 ntncele bon recueil qu'au* \f*t£l aux livres qM
. de nojîre temps ont efié compofr^ en noflre lan-
f w. me/mes aux traduirons faiftes par tant de
ïfaconds & bien-d fans perfonnages, dont la Fran*
Jt ce efi riche & fionfjante: *ïotre tufyues a quels-
mues verfions & autres traits qui font partis de che\ moy Jes pre-
m^sdekuelsienauoyyoulufairefonirenlumiereponasmonnom,
non pour autre raifo», que pour fonder (à l'exempte d 4peUes H ui pre-
fenLfes tableaux au peuple, fe tenant derrière, pour entendre quel
bernent on en femt)fitepcurroy efenre chofe am Trous peufl con-
tester; ,e Tous ay pn fente cefie htfiotre,que iay depuis quelque temps
traduire en nojîre yulgaire. laquelle, comme te$ere,trouuere K
rïauoir rien perdu de [on excellence pour ejiredeuenue Françotje : &
n'auoirmoms de grâce en cejie noflre langue (laquelle emportera ceil
honn eur) qu'en quelque autre que ta puifte K auoir leuë. Et qui m i
meu a entreprendre cefl ouuraige, n'a efié autre chofe qu >» deftr(auf-
ft que nojîre demir nous obligea faire ferutet chafeun félon (onpou-
noir aux Roys, Princes &* autres Seigneurs, qui après Vteuontpuif
fance & commandement fur nous Jont maiflres de nom & du nojîre,
garde, & defenfe de nos ^tes & de not biens) de faire atte quipeuji
donner plaifir, & non fans quelque érudition, à fi bon nombre de teu-
nés Princes : Seigneurs & gentilshommes, dont la France fe doit ejti-
mer heur eufe, pour les -»oir biennal^ & ?«' donnent efferance que
d l'aduenir parleur prudence grprouejjefoubs la conduire d >» fai-
re & "vertueux Roy, ils tendron, leur renommée non moins immor-
telle que celle des ieunes Princes qui accompagnèrent tadu teieune
Empereur^ ugujîe, & de ceux qui auparauant fuyuirent ce grand
Roy & denomt&r plus encore* defaitts & con^uefies y Alexandre,
tant
t E C T 1 V R.
imiter, tU ont en toute Ungues les Q M *ud**taM
corncjlrc h & tes mœurs de 1* JL J
« A'LIRnriens a*t dtfcmtans U ^tede quelque ^ra^u or
ISîernent
fif/fî 4 Ujmme,f*r ce que ceU leur ouure l e }?™>^ „
teune, qui aircjic çhrefttens qm ont
«noy faire tortà tant de Jatnits pinces wj 7
tXLlh^LhL^ chajle, bénin, Uberf m^mme ,
UyJ^oulu « quUfenmoumauMsdefesf*^
& quefomentUbumh outre mefure. Cf -f;l fett mourir ceuxM
Us LLnt mérite, tefmoinfht^re . ïilbuuoit f^****
(comeefcrnmefmes^m^pourentretemrlesca^
n*r,on!qu>,l tuoitauectu^no» que de fin naturel il y fujljtddonne^
UnLmcnt^negwd^jcrtnon^
XV LICTIVR,
pnur quelque foi< anec les berfonnes dot il auuit affaire. VA de nofireteps
fefont^ettx, de brades chefs degroffes puijja>/ tes armées pratique*
le me/me : d quoy ils o-n ejh plufloil loue^que b'afme^. D'^necho-
fe ne le puifie excufr, qui ci? , qu'il f attribuait Quelque dtuimte'l
Çincn ejue comme paytn dafaiil en cela comme beaucoup d'autres de-
uantluy qui n'duoicnt tant mérité de gloire que lu y : amfi qu 'il fe-
ra dtéd plus ampli ment in quelques lieux de fhtfloire fuiuate Eflant
donc Prmce fi accompli & fi preu capitaine , que Hannibal tmjme
luy donnât la première place , (^• 'fibten renomme' que anciennement
ceux ejîoietplus affeure^comre tous périls £7* hasards qui porta ent
fur eux/on pourtratcl graué en or ou en argent; ceneél de merueilles
quece redouté & prudtnt Empereur de Rome Alexandre ait eu fît
mémoire en reuennee, <&■ pm pUifir à lircgr relire fes faiEis & pe
lue: ~\oire(ce dut L ampnd- )plus que de nul autre: & a je Itpropofer
{comme ont fuéï au(?t beaucoup d'autres ) pour patron & exemple,
duquel peu auparauant, l'année mefmes qu'il femeit en chemin*
pour la conqutjlc d'^4fe, fut rapporté quel a flatuedu poète Orphée
de Thrace, qui efloiten la Piéride, fuoit . De la fignif cation dequoy
"loulât eflrt efclatrcy,feit ajfembler tous les augures, prognojliquews
deuins , qui efloient pour lors en bruit en [es pays, pour fçauoir ce
qu'ils en penfou nt. Et comme chafeun d'eux l'mterpretoit amfi qu'il
l'cntendott, In certain u4 n fiancer natif de Telmiffe, a/feu ra que cela
neprefagioit autre çhofe,finon que plufeurs poètes, hiflonens mu-
ficiens trauatlleroient beaucoup à chanter, tferire, fonner les faites
& conquêtes du Roy Alexandre. Laquelle preditlionnous Soyons
ejïre aiutnne& Vérifiée ; tant en ce que ce Roy a conquis tant d'Em-
pires, Royaumes, pays, & feigneunes que nul autre deuam ny de-
puis luy : que en cequeiamats tant de bons effntsn'ont ejîe emeu^d
perpétuer la m croire d'autre comme de luy. Tellement que fil euft
fçtu ce qui luy deuott aduenir de fon Itiuant & après; il n'eus! eu oc-
cafton de dire en fa première tctmcffe y Voyant la pro[f>erité la T/er-
tu en guerre du R oy Philippe fon ptre, qu'il ne luy laiffèroit rien où il
penfl acquérir honneur, ny de porter beaucoup denuie à *Ach\ïïe,pour
amir eu homme après fa mort qui ait fi dignement chanté fes louan-
ges, CarainfiquildYedmclfoubsfonobcijJanceUfLlfartde la ter-'
re habitable
*
AV LICTETL
ytitdhb, dont nous auons cognoiffance, principalement depuis
ï'Bfc'-fonieen delà en retournant par te Levant au Midy : aupy a
ïleutnfmH hommes de ff avoir > tant Princes , Capitaines , Philù-
fophes , Poètes eue autres, qui ont efcrtt de luy. Vont aucuns en
ont parlé comme refmomgs oculaires & compagnons en [es ex-
péditions : du nombre def quels eÛ Ptolomee de Macédoine , qm
eut de mandes charges en [es guerres depuis la mort djeeluy .
fut Royd'Ae^yfte premier de cenom,& £yne grande partie delA-
fnquef^ de T Arabie. Pareillement Marfyas de Pelle , qui fut frère
du Roy Antigone,<& nourry des [on enfance auec Alexandre. An-
fabule deludee,qm, dinfi que fera ditl cy après par Aman, fut touf
tours à la fine d'Alexandre tn fes Doyages. Nearchfon Amiral en
UmerdeLeuant. Oneficrtt d'Egine pilote de U nef Royale. Callt-
jïhene iolynthe parent & dtfciple d'Ariftote,& par luy baillé pour
accompagner ledid feigneur Roy, qui le tenait auprès de luy , pour
rédiger par efcnpt fes fatcïs, Diognete, Menedeme de Sicyone , ErA-
toftene de Cyrenes, Megafïhene, Ctefias de Gnide , qui aujii feirent
le yoyao-e dAfie auec luy. D'autres ont recueiliy des efents d'iceux
ce quihont ptnfé eftreplm ex&tïïent , & de plus grand proufit pour
le public : y adioufant ce qu'ils ont efiimé auoir efié obmïs , &par
eux leu £?• trrmué depuis és regifhres & commentaires qui fefaif aient
par le commandement d'Alexandre , des chofesftiftes &• advenues^
en fa court & en fon camp par chacun tour. Entre ceux-cy ont ejîé
Arifle, Arifloxene, Cares Hyfangelean, Clitarch, Polycrit ,^nti-
«■enejfîre, Philippe Hyfangelean,Hecatee, E rytriee,Pbiltppe chal-
cidien, Durts Samicn y Phtlort de Thebes 3 Antidide ,Antiflide ,
M onachin de Sicyone, Nymphis d'Heraclee, Potamen de Mitylcne,
Sotçrtn, Aftee, Arrian poète Grec , P lutarque de cheronee , Clé-
ment poète, Quinte Curce,& plufieurs autres. Du nombre def quels,
bien que nef-~\n fonparuenu à la hauîejje de cegrand poïte Homère 3
fi eft-ce queux tous fi renomme^ perfônnages ont bien peu faire
( comme aufi cm ils jaiH) entendre lesfaiéls du Roy Alexandre par
toutes les contrées de laterre: &<fi non auec autant de fard & orne-
ment , an moins auec plus de ~\enté, que n'a faiéî Homère ceux £ A'
chtlle. Nom mettrons auec les dtffujdich (fixons ne le Reniions prc~
e
A V L E C TE V H.
fêter à eux ) Atrian de Ni comédie , furnomépar SuUas & " utres '«
nouueau Xenophon, pour l' élégance defes termes, & bonne grâce &
façon d'cfcrire. Ceftuy Aman ejhit natif de Nicomedte yU £
S du pays de Bethymeiou tleut beaucoup de dignité^ honneurs,
comme luy mefme efcnt. Et depuis à Romejoubs les Empereur,
Adrian , &Antonin furnommé le débonnaire : defcjuels tt fut tant
#mc& chéri, qu'ils luy oElroyeret pamleftat Jroitts & prmleges
q» auvent accoufïuméd'auo,rceulx qui auaientefié confits. Mefme-
ment luy fntbaitléle gouvernement de grandes prouinces,entre autres
delaCappadocie. il fut Phtlafophe frlnflorten. Aucuns Veulent
dire qu'il fut auj?iIurifconfulte & poète, ce qui pourrait btenesty
-yray : toutefois tay opinion qu'ils equiuoquent: <& qu'ils le prennent
quant àlapoëfie, pourlefufditl Arrianpoite Grec, qui fut du teps
deTibeu: cm compofa aufi^n œuure des faîBs d'Alexandre te
Grand, qu'il intitula Alexandnade. Et quant à la Imprudence
pour celuyAman Iurifconfulte qui fut Confeilïer au pnue Confetl,
i Alexandre l'Empereur auec Vlpian, P aul & les autres dénomme^
par Lampride en la Vie duditt Alexandre. Me/mes Eufebe & Sui-
das parlans de luy ne luy attribuent point cep qualité . Et fi Spar- t
tim& Capimltn és hifloires qu'ils ontefiriptes desfifdiBsEmpereurs
Adrian&Antonin; ne le compreinent point an nombre deslurif-
confultes , dont Us font affe^diligente recerche & mention. Chafcun
en iuvera comme Voudra. Quily ait yn Amanfçauant en drottt,
outrtlepaffai<re ià allégué, deux ou trots lieux des Pandecïes en font
foy : ou tt eii até par Vlpian &> Paul, ou l'^n d'eux diBen paffant
auiU bien ioliment efiript. iteii yray que nom nattons point de
[es comportions. Combien que quelsques Uns efliment que quatre on
cinqlotx defditlesPandeBes (oient de luy. Ce que lenefttme pas:
yeu que par tout, me/mes à Florece, ces loix cottees par eux font attri-
buées à Amus Menxder. Auft nesl-tl pas coprins au catalogue des
lurifconfiltes , des eferipts defquels les Pandecïes ontefîé copofees II
y aurait plu* d'apparence de prendre ceftuy noftre Aman pour celluy
qmfiorit fiubs l'Empire des Gordians : attendu outre la conuenanct
du nom, que tous deux ont eferit en profe des hifloires en langue Gre-
que. Mais le tefmoin K na*e de tant de grands perfonnages & au-
2 ' meurs
A y tECTïVti
^utsmromewou* met hors dedoute. Laijfans diiques ceux-Va,
tleursapprouu^ , mentdece n uy noP e,quenom troumns anoir ef
^Z!Ï£uZcn f finc» de*™, queeequi efie^rs^
?\Mf» e > ûn \™™ Etn^ntàfes autres efçrits, nom refient
parfis -««Sj U&sj**** il <fi* WV» ~
trou huresq» dafaitt c Lue!îes dUUxmdre le Grand,
tic Pleurs autres hures, comme touchant lesguerres &• cJUtdc
tlZ &^^hes : Ufyuels ne/ont >^ f
Zsçud a m desfaiïls&conquefles à Alexandre le Grand,
7oXmcedonJ:^ celuy des fm g uUnte K des Indes, queiay
J^PpoMiefmedUntantquil appartint a lh,fl™jn«-
demi pour le* faire Francis, à ce meufar les raifonsfufdicles . S*r-
'a ;^o Jeux bien aduenirjeijrneur LeOej, que pour Ire
lard des appelle», des lieux Jay^fé tant ofi des noms anciens,
lantofl d/smodemes indifféremment : afin quefufl notoire a chacun
ce doit iteft parlé: piquent toutefois des a>K^
SoienJsquandlchofes mentionnées en l &flo^adutndrent.
J 1 ^ J.< hn»,»ir<Ser femmes, i en ay accom-
plie, félon quiism ontjemms ejirepim «un* 7
m & comme on en a ^féen France tufjuesà pre(ent : ou bien comme
tl m'afemblè q»e tes personnes feroicntplus aifément remarquées. Et
quant à U diBion & phrafejemcfu» aidédenofire langue purent
quelle & lefuteB t ont peu porter :fans mendier lefecours des autres,
fmon quand tien a efié'rand btfom . U ne marnfleray am exeufer
beaucoup des autres difficulté^, qu~)n mal-graaeux leBeur pour-
toit fonder : remettant le tout au iugemet de ceux qui pourront mieux
faire, pour en faire la cenfure telle qu'il leur plaira : laquelle le rece-
uny d'auju bon cueur , que youlontiers & mec plaifir & contente-
ment ie ly leurs eferipts.
IN ARRIANVM ET EIVS
Interprète m Gallicvm.
Vltimm hic Çraiis Pellçi firtia Régis
(jefta notis fignat : fed non fine numine Diuum :
J-tiflorkum Çallis prïrnus donauit eundenu
"Numinis œujf>icio frétas Wit&rtus amici .
Jlle ")>elut magno delegerat optima aceruo y
Elocfuioqiie fi dé que alios Juperauerat omnes:
Cjallwnjt interfères mnBos comprendat in njno ,
Cjraios 3 ^Aufionios , quorum efh hic njnicus inflar.
Fed. Morellus
PREMIER LIVRE
DES FA1CTS ET CON-
q^v estes d'Alexandre
le Jrand, Roy des
Macédoniens.
^MJê^ ^^k N la dt ' fc , r 'P cion des voyages & con-
P&à l^^l qu e ft cs d'Alcxâdre,celuy qui fut fils de
Philippe, i'ay refolu de luiure entiè-
rement ce quePtolomee fils deLage,
Se Anftobule, qui fut fils d'vn autre
Anftobule, en ont efeript conformé-
ment, le tenant pour vray &c certain:
Se en ce que ie les cognoiftray eftrc dif-
férents, ic eboifiray les chofes que l'cftimcray eftrc plus di-
gnes de foy,& qui méritent mieux d'eftre récitées. le fçay
que autres ont efcnpt d'autres chofes d'Alexandre : Se n'y eut
iamais homme pour lequel ny tant de perfonnes, ny tant dif-
cordants,ayent mis la main à la plume. Maisi'ay eftimé Pto-
lomee £k: Anftobule cftrccn leurs difeours véritables pardef-
fus tous autres: à fçauoir ccftui cy pourauoir accompaigne
Alexandre en fes voyages: Se Ptolomcc, d'autant que outre
ce qu'il fut toufiours en guerre auccluy,prochc de fa perfon-
ne, le menfonge cuit cfté plus mal feant à luy (qui cftoit
Roy)quc à aucun autre: Se l'vn Se l'autre, par ce qu'ils ont
efcnpt depuis la mort d'Alexandre. Qui faicl qu'on ne
Ptolomee &
Anftobule
ont eleripr
d Alexandre
l'ayans lumjr
en li;s voya-
ges.
Plufîeursont
eferipe d'A-t
texandre
Ptolomee
Roy.
i ARRIAN DE L'HISTOIRE
peut dire que ou la neceflitc ou le loyer Se rémunération,
promife les ait induifts à reciter en fa fau curies chofcs autre-
ment qu'elles font aducnucs. Outre cela i'ay cftrmé,qucic
pourroy coucher ce que i'ay tiré d'autres appartenant à fhi-
ftoirc d'Alexandre, qui ne fe trouuera impertinent, bien qu'il
n'y en ait autre vérification, que par la renommée Se bruit
commun. Que fi quelqu'vn fesbaït qui m'a meu, après tant
de perfonnes qui ont efcript des faich d'Alexandre, à dif-
caunrfurlemefmc fuieft: ceftui4à après qu'il aura eu bien ]
feuilleté les eferipts de ceux-là, Se qu'il fera parucnuà la le-
£ture des miens, commence à l'esbaïr.
Decés de On tient que Philippe Roy de Macédoine pere d'Alcxan- .
Phihpperov J re deceda au temps qu z Pythodemccommâdoit à Athènes j
deMWoi- commc pL . em i er & fouueratn magiftrat de ta ville: ht que
Icxandrc. Alexandre fon fils incontinent après qu il rut paruenu a la
f??f* couronne f en alla au Peloponefc citant âgé de vingt ans ou
Ifs /ccUiré enuiron : Se là en l'affemblec générale des eftats du Pelopo-
Çcncral de ne f e rC q U i t qu'il fuft déclaré (comme il auoit eité aupara-
Scf uant accordé au Roy Philippe fon perçj General de l'ar-
ks Perfes. mee des Grecs contre les Perfes. Ce qu'il impctra de tous,
Lcs l,ucJt " fors des Lacedcmonicns qui dirent, que les Lacedcmo-,
veulent cftre niens nauoient point accouftumc de combattre ioubs des
commandez C a p icstî n es eftrangers i ains d'eftre chefs des bandes cftran- :
pwaucruy. & d c l cur commader. Les Athéniens auffi tendaient ja
à quelques mutations : mais ils feftôncrcnc quand ils veirent
fes deffeins Se deportements, & l'ordre qu'il donnoit à fes af-
faires : de forte qu'ils feirent delà en auancplus de deuoir en-
u ers 1 uy, qu'ils n'en au oient on qu es promis au Roy Philippe.-
Apres qu'il fut de retour en Macédoine pour pouruoir àla
guerre Afiâtique, fe délibéra auant que paffer en Afie,de tirer
A préfet fur le printemps vers laThrace, pour aller cotre les Tnballes
font appeliez sclllyriens: lcfquels, comme on luy auoit rapportc/endoienc
ISZr àquclquenouueauté. Ce qu'il eftima ne deupir eftremisà
nonchaloir, eux cftansfi prochains de fon Royaume Se allez
peu domtez: corifideré qu'il auoit vu voyage à faire auec
r foa
r eaux Titra-
Si le mont ces _
D'ALEX. LE GRAND. LT. I. ?
fonarmee encôtrees fiefloigneesdefc pays. Partant donc m
L fnn camp d'Amphipoh vers les Thraces, que les Grecs aU „
^cS^meUuifont gcos fans gouucrncurs Si &d.j»
£fs ïoix , buflant à main gauche PhU.ppopoh , Si le mont
d'Orbelc paflalc flcuue de Nec , Si le dixième lour paruinr a
la montaient- d'Eme. Là il eut rencontre d yn grand nombre
de gens ramaiTez roinas auee les fafififc Thraces , m» fe-
ftoient emparez des dcftrpiûs Si partages^ auoient ams leur
cap au plus haut de la môtaignc, pour luy coupper chemin, ,86
l'empefeher de pafler plus outre auec fon armée. Et f eftoiet
fortifiez Si remparez de chariots, bien délibérez decobat-
tre de là fils eftoicnt prêtiez des ennemis. Ils auoient aufli ar-
refté entre eux que fi on les aflailloit de la part de la montai-
enc, qui eftdroide & afpr C) dc renuerfer par grande impe-
îuofire ces chariots au trauers de la phalange, c cft a dire,r>an-
teric Macédonienne, pour la rompre Si précipiter : Si quand
au moyen de ces chariots elle auroit cfté mifc en dcfordrc,vc-
nir de tefte Si de poinÛc donner dedans pour mettre tout en
route. Alexandre d'autre part cerchoit les moyens de fc faire
mai ftre de la moncaigne, fans perdre que le moins qu'il pour-
rait de fes gens. Mais quand il veit qu'il luy eftoie ncceiïairc
dc(cha7^rder(d'autJnt qu'il nevoyojtautrc voyepourypar-
ucn)r.)donna aducmficment àics foldats, que f'ils voyoient
kncralavalîee les chariots par les ennemis ,ceulx qui pour-
n.ientouunirent les rangs: Si qucpartantlcs chariots pafle-
roienc fans les ofFcnfcr. Et que ceux qui ne le pourroient faire
pour cft rc trop ferrez à caufede l'eftroiceur des licux,fcic «af-
fairent erre, Si leurs pauois fur culx. Il en aduint tout ainft
qu'Alexandre l'auoirpcnfc. Car ayants les vns cflargis leurs
rangs, & i'cftarssles autres couuerts de leurs pauois, les cha-
riots descendirent iufques au bas descoftaux fans tuerperion-
ne. Et alors les Macedoniés.cfchappcz dece danger,Si àcefte
occalion plus encouragez que deuant, auec grandes huées fe
ruèrent fur les Thraces. Alexandre d'autre cofté appcllanc
les gens dccrcftqui cft oient a lapomftc droi£teJes feit pat les
a ij
4 ARRIAN DE L'HISTOIRE
lieux plus acceifiblcs deuancer l'auant- garde pour reccuoir
lesThraccs. Luy conduict ce pendant à la pomefe gauche
lesfoldatsportans pauois &lcs Agrians,qui eftoit l'élite de
l'infanterie. Les foldats de treetfe prefencans à l'ennemy de ;
pied ferme, ayansgaigné le haut de la montaigne,repouflc-
rent loin ceux qui le rencontrèrent : puis furuenant le batail-
Dcsfai&c j on j c g ei)S jjg p lc d Macédoniens chaflcrentdc la place les
^jtaS Barbares qui eftoicntaffcz mal armez. Et quand Alexandre
àla pointée gauche eut donné dedans, ils quittèrent foudain :
les armes, & tournèrent le dos. En ce conflicl moururent
quinze cens hommes, Se de ceux qui demeurèrent en vie en 1
tôbabicn peu au pouuoir d'Alexandre. Lcsfuiarts fefauucrct
àlacourfe.,&: parleur cllrc les lieux mieux cogneus. Furent
pnfes toutes leurs femmes,auec leurs enfans & le bagage : &: ]
fut tout le butin cnuoyé aux villes maritimes fous la côduictc
de Lyfanias & Philotas. Apres qu'il eut trauerfé ce couppeau
de montaigne, panant par le mont d'Eme, vcrsles Tnballes,
tira vers le rlcuuc Lygie diftant de trois iournecs du Danube ,
à ceux qui prennent leur chemin parle mont d'hme. Pour
s Roy lors cftoitRoy des TriballesSyrmc, qui entendant qu'Alc-
des Tribal- xandre approchoit , enuoya loudain les remmes &c entans, 8c 1
k** tous ceux defes luicds qui ne pouuoient porter armes, vers-j
le Danube, en vne Ille appellee Peuca: ou délia auparauâtfe-J
ftoiêt retirez les Thraces voilins des Tnballes: &c peu après fyj
retira Syrme luy mefme.Or f eftoit jarctirec vne grade multtij
Guerre con- tude de Tnballes vers vne autre Ille lîtticc auprès du lieu donc •
balles 5 ^'" au01t dccâ P è Alexandre le îour précéder. Dont luy aduerty
rebromTa chemin vers eux: lcfquclsne fc monflrerct rétifs à i
defcëdre au côbat: ains fc meirent en bataille dans vne forefl,!
prochaine de lariuiere. Alexandre enaiant eu aducniircmetv
ferra fort les râgs de les gens de pied, puis enuoya deuant les
gens de trect & de fonde, pour attirer les ennemis de la forcit
en la plaine. Quad les Tnballes feveirêt à la portée du tre£t,
& que de loing on les battoit à coups de ncfchcs,à grade cour-
fechargerêt les archers: à fin que ceux-là ne fepouuantspttis
aider
D'ALEX. LE GRAND. Lî. I. 5
■ We leurs Hcfchcs (car ils ne portoiét autres armes q leurs
a l A lcxâdrc les apperceur hors du bois, il enuoya PU*
ne «taquet par îc cafté droift les ennemis la part qu dslc-
Soie puis aduancez: * àHcraclide & Sopol comanda que
e P s S s de chcual Botueens 5c ceux d'Amphipolyls al a -
k donner fur l'ancre coftê. Qui aiauc enuoy c deuat la gen-
darmerie, conduisit fon Infanterie pour charger le front de
la Sic de l'ennemy. Tant que Ion combaut de loin ; a
„up, de trectlesTriballes ferrent cefte: mats fuoftqu la
phalange Macedoniennelcscuttuneufemctcbirgcz A que
les gens de chcual eurent commencé aies prefler non Icule-
2S leurs lanèlines, mais aufll i de l'impemolîrê de leurs
chenaux : ilsperdirent cceur,& àla fuitte gaignerent la foieît, ^ ^
Se de là la auierc. 11 v en eut bien trois miltucz, de union- iesMa$ ,
mers bien peu, au moyen de l'efpcffcur du bois ; Se de 1 oblcu-
nté de la mua qui furuint. De la part des Macédoniens,
Ptolomcc affaire, qu'il n'y mourut que onze hommes de
chcuaL & enuiron quarante de pied. Apres cefte bataille
Alexandre en crois .ournees arnua à lanuiere du Danube, D*»»
qui cft la plus grofle de toutes celles qui (ont en 1 Europe.
Son cours eft de longue eftendue, Si pallc au trauers de beau-
coup de nations beHiquenfesVlaplufpartdelquelles font de la AUeinagtie;
Germanie, dont ce rleuuc prend fa lource 8c origine. De ces
peuples les plus efloignez font les Quadiens 82 Marcomânes,
puis les lafygiens&vne région désarmâtes: aprcs.eux font
les Geccs: plus loin cft la plufpart du peuple Sarmatique: les
derniers font les Scy thes,lefquels ont leur habitation vers l'if-
fuc durlcuuc, qui delà va tomber, diuité en cinqbras, dans
le Pont Fuxin. Là trouua Alexandre quelques galères qui
cftoicnt venues deByzancepar le Pont Euxin, Se montées conftanti-
contrcraonJt la riuiere : aufquclles il fek entrer vn régiment n °P lc -
degensde trect, & d'autres foldats bien armez, Se auecques-
eux pana en fille , où ks Triballe s & les Thraces Peftoicnt re-
a ii)
Les Getes
en bataille,
6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
tirez. Comme il vouloir defeendre en terrejes Barbares le rc-
poufTercnt, & en quoique parc que les galères peuffent abor-
der, f'y rencontroient touliours, &dcfendoient vaillamment
ce lieu. Ce qui leur eftoit d au tant plus ailé, que ces vaiifcaux
eftoient en petit nôbrc, Si que vue bonne partie de 1*1 lie cflait
inacccflîblc : 5c d'aduantage le cours de l'eau, pour cftre le ca-
nal delà riuicrc cftroicl en ccft endroicl , cftoit fort impé-
tueux. Au moyen dequoy Alexandre faifant retirer dclàfcs
vaiffeaux,voulut trauerfer lariuierc 5 & tirer droicïau pais des
Getes, lcfquels ilvoyoit en bataille fur l'autre riue, bien déli-
bérez de luy refifter , f ilf efforçoit de paffer. Us eftoient en ui-
ron quatre mil hommes de cheua!, & plus de dix mil de pied.
Or auoic-il propolc (comme il cftoit home de fon naturel de-
fireux de voir &cognoiftre) d'aller voir auflîcequi eftou par-
delà le Danube. Prenât donc ce qu'il auoit de natures & au-
tres vaiffeaux, feit au Ht coudre &c emplir de matière légère
les tentes des foIdars,kfqu elles eftoient faictes de peaux de
outre cela commanda que de toutes parts on amenait
Lintrct.
Alexandre
pafk le Da-
nube.
cuir :
tous les lintres qu'on pourroit trouucr. Ces lintres loin petits
bachots dVne feule pièce de boys cauce , de lmucncion de
ceux du pays,&doncils vfent communément, tant à la pef-
chérie, que pour aller de lieu a autre ; mefmcs les corfaires
fen feruent. Sur ces nauires, galères, lin très & autres vaif-
feaux il feit paffer de nui£t quinze cens hommes de che-
nal, 8c de pied enuiron quatre mil : & prendre terre, prin-
cipalement à l'endroit où il voyoit les bleds haults fur les.
terres de l'cnncmy. Amfï eut il tout loiiîr d'approcher du ri-
uage,finseftre apperecu des ennemis en aucune forte. Dés
le poinclduiour il feit marcher par dedans les bleds fes gens
de pied les piques baillées, de peur d'eftre defcouuerts des
ennemis, iniques à ce qu'ils furent paruenus aux terres non
crapoyiUccs. Pendant que l'infanterie marchoit de cefte fa-
çon,lagcdarmerieallok par des lieux moins couucrcs. Quâd
ils eurent pafsc les bleds, Alexandre accourant à la poincîe
gauche donna à Nicanor la charge de l'infanterie, qu'il or-
donna
D'ALEX. LE GRAND. LL I. 7
MUnm en cfquadron. Qs {cmbh 3U * Gctes chofcff&ara,
I quilsne fbuftindrent pas feulement le premier choc: ac
Srerenteftrevnfaia d'extrême hardieffe a Alexandre, da-
«Srpafsé intimement la nui£t,le Danube, qui efl la plus
hnre ■ riuierc Se la plus creufe de toute l'Europe, Se encorcs
fansvauoirdrefsé aucun pont. Qui leur augmcntoit enco-
rcs la peur qu'ils auoient, efroit le bon ordre que tcnoient
les sens de pied, Se la contenance funeufe de la cauale-
tic Parquoyà val de routtefen fuirent à la plus prochaine
ville qui neftoic que à deux lieues de là aflize fur la mel-
me riuierc. Mais quand ils apperceurent Alexandre tirer
cefte partfalfant marcher de l'autre cofté de l'eau l'infanterie,
de crainte d'eftre enuironnez par quelque furpnfe cm cm-
bullhc par ce que la ville ne leur iembloit pas tenable, ils
chargèrent fur des cheuaux toutes les femmes Se enfans
qu'ils peurent, Se fc retirèrent aux deferts. Alexandre pnnt
la ville vuide, Se fans aucune refiltencc, Se la fut râler: Se
bailla la charge à Mckagrc Ses Philippe de conduire le butin.
Cela faict il ûcrifia à lupiter le feruatcur Se à Hercule, &
encoies au fieuuc, de ce qu'il l'cftoit rendu ii facile & fi
fauorablc à trauèrfêî : Se le mcfme tour il retourna à Ion câp,
aucc tous fes foldars, fans qu'il y en eùft vn fcul mort ou
blcfsé. Là vindrenc trouuer Alexandre les Ambaffadeurs
tant dcSyrmc Roy des Tnballcs,quc des autres peuples, qui
font voifms du Danube. En vintauffi de la pan des Celtes
qui habitent au goulfe lomque,(& font ces Celtes de grande
corpulence, & le cueur de mcfme) pour traitter d'alliance Se
confédération aucc luy. Ce qu'ayans impetré, il demanda
aux Celtes, que c'eftoir qu'ils craingnoient le plus en ce mon-
de : e (limant qu'il iuft défia redouté en leur pays, & en c ores
plus loin: & qu'ils cûnfeffcroicntaifément,qLnl cftoitla cho-
fc qui fur routes autres leur donnoit crainte. Eux au con-
traire à raifon de ce que leur pays efïoit bien fort cfloigne
d'Alexandre, 5c qu'ils habitent en des lieux prcfquc inaccef-
fiblcs : iointt qu'ils le voyorent fc preparer à d'autres guerres,
8 ARRIAN DE L'HISTOIRE ■
S.-rp5fchar- refpondirent, que fur tout ils craignoient, que quelque iour
die des Am- j e clc [ tombait fur eux. Alexandre ne l'eimeut point de la !
d« cdt« à '^poùfk hautaine de ces Ambafladeurs. Et nonobftantl
Alexandre. îccllc les ayant receuz en amitié Se confédération , les licen- j
cia, leur difant feulement ce mot, Les Celtes font prefom*!
ptueux. Au partir de là. comme il cltoit en chemin pour allers
5f. ao1 c, d !i au pays des Agnans Se Peoniens, luy vindrentnouuellcs que
Bardytee. Clitc hlsdc Bardylccaiioitabadonneion party: Seque
Ghuaasroy C ias Roy des Taulances fcftoit allié auec luy, Se que eux deux
Tau an- mQ ^^ XQ [ n Q_ i curs> forces. D'autres rapportèrent que les A u- j
Amariates. cariâtes cftoient en embufeade, Se qu'ils ne faudroicnt pas de
le charger. Aumoyen dequoy il fut d'aduisde faire marcher!
fon armée en toute diligence . D'auencure cltoit lors auedj
Langareroy ^i cxan d rc Lansz-uc Roy des Agrians , àqmilportoiibonne
aes Agnans, O n • r 1 r - i ■ > 1 '1
affection , Se luy monltroit tous lignes de laminante : Se le-|
quel, mcfmcsduviuantdu feu Roy Philippe, enuoyoit au-J
cuncfois en particulier des ambalfadeurs vers Alexandre. J
ccftuy aiant entendu les nouuelles qu'on auoit apportées ii
Alexandre des Autariatcs , dict, Qiul n'eftoit jabefoin de fcj
donner peine pour fçauoir quelles gens c'eitoient que les Auh(
tariates, pour autant que c'eftoit vue nation la moins bclhV
queuie qui fuit en toute celte marche. Que f'il le vouloit laif->
fer faire, il iroit à les propres coufts Sedcfpcns, Seauecfesl
trouppes feulement leur faire la guerre : qui cltoit vn boin
moyen de les empeicher chez eux à la defenfc de leur pays.
Son aduis fut grandement loué Se approuué d'Alexandre,
parquoy commença à marcher contre les Autariatcs, pillant
Se gaftant le plat pais, Se mettant à feu Se à fang tout ce qu'il
rencontroit. Dequoy les Autariates eitonnezie retirèrent c"
leurs maifons tout doucement ians faire aucun icmblant d
fe vouloir remuer. Alexandre remercia fort arfc£tucufcmen
le Roy Langarc , Se luy feit de riches Se honorables prêtent
Mefmes luy promit que fi toft qu'il feroit de retour àlavill
Cyncfcrur dcPella, il luy bailleroit fa fœur Cy ne en mariage. Mais Lan
à Aie e mourut auant que les nopecs fulfent célébrées. Ces cho
D'ALEX. LE GRAND. LIW. $
fe exécutées Alexandre fc meit en chemin coftoyant denon
TuZ Ln lamucrcde Engon^vcrs a v.lle de Pell.on:deL -
% „ le fcftolc empare Que comme delà plus force place de
lïconrree Ou eftant arnuè, aflït ion camp auprès de la rime-
e Eo da que, en délibération de donner laiïauk le lende-
rnam Ulle dite tenoitles montaignes dallentour, qui
Xn fort couuertes de haults boys, fc bien aduantageufes
pou k y ( neftant encores arnuè Glaucias Roy des Taulan-
IZ polr venir de lacharger les Macedomens,pendant qu ils
donuero.ent laiïauk à la place. Comme Alexandre ajpro- ^
chou les ennemis après auoir facrifie a leurs dieux trois icu- eaablc-
nes garçon^ autant de hllcs.enfcmblc trois moutons noirs:
fortent'dc furie comme pour venir combattre les Macédo-
niens. Mais quand ils forent auprès ils tournèrent e dos, &
abandonnerait les lieux afpres & bonus dont ils fefto.cnt
penfé prcuaioir. Ceux qui allèrent après eux trouuerenc au
lieu dont ils eftoient partis, lesvidimesde labominab ela-
crifke Ayant donc ce iour là refferre les ennemis dans leurs
murailles, &f cftant campé, ilauoit propofê Krefolu d affic-
her la foi tereflc. Mais quand on fçcut le lendemain que Glau-
cias cftoitamuc pour fccounrles affiegez , Alexandre deçeu
de rcfpcrance qu'il auoic de prédre la ville auec ccftcpo.gncc
dépens qu'il auoit fait paffer auec luy , au regard delà forte
garnifon qui trftoit dedans, fclc grand nombre de vaillants
hommes Si aguerris que Glaucias auoit amené , dont il eiloit
bien aduerty , print autre aduis : &c enuoya Philotas auec
quelques cornettes de caualcnc courir Se fourager les terres
de l'cnnemy. Ce qu'efiant venu à la cognoiffance de Glaucias,
il prend fou chemin vers Philotas, &fc met en embufehes
aux montai g ncs,par où ilcftimoit que Philotas recouru erok.
Dont Alexandre aduerty prend quant & quant auec luy les
foldats portans pauois fc cculx de treS , auec enuiron quatre
cens hommes de chcual Agrians, &t accourt en toute dili-
gence au fecours : latftant le furplus de fon armée en fon
camp , de peur que ceux de la ville le fuiuans en queue Ce
b
ARRIAN DE L'HISTOIRE
ioignifTcntauccGlaucias. Lequel Glaucias fi toft qu'il fentic I
le vent qu'Alexandre marchoit celle pai r, abandonna-Us mô-lj]
taigncs.Et par ce moyc Philotas aucc fa trouppe fc retira fain j
&fàufau camp. Ceneantmoins, Que Se Glaucias penfoient 1 !
défia tenir Alexandre à leur difcrction,àeaufc de l'afprcté 8c
difficulté des lieux. Carilsfclloient campez en des montai- j
gnes hautes, bien accompagnez de caualeric, de gens detrc6fc 1
3e de fonde, 8c encores d'autres plus fort armez : Se eftimoiêtij
que fi Alexandre leuoit le camp de deuanr la ville aucctoute'l
fon armée, ceux de dedans ne foudroient de luy donner eri j
queue. D'auantage les lieux par où ii falloit qu'Alexandre^
paflaft, eftoient citroi&s & couuercs de bois : d'vn collé lari^S
uicre,dc l'autre la montaigue rendoict le lieu û prcfTé,qu'il n'y'B
«u oit pas pour palier quatre hommes de front aucc ronda-«
ches. Alexandre aiant mis fon armée en bataille, Se enuoycJ
deuant fix vingts fancaiïïns pour f emparer du deftroict, à]
chafque aile met deux cens cheuaux : & leur défend à tous j
défaire aucun brui£t,à fin de reccuoir mieux , Se plus toft les 1
co m ma n démens qu'il leur feroit , fil en cftoit befoin. Leur 1
enioincl: de porter leurs piques toutes droicîcs,puis couchées I
la poinfte deuant, & tan tofl à di-oi£t, tan tofl à gauche , côme j
la neceflkele requerroit. Ce pendant, tirant ton fi ours aiiantj 1
conduifoit l'infanterie enpoin£teen toute diligence, ores d'v- 1
nefortepuis d'vne autre: & changeant ainfi fouuent l'ordre»
de Ion armée, en fin tourne tout court vers les ennemis : qui'-j
eflotent bien efmerucillez de voir ces chofes fc manier aucc-l
non moins de grâce Se bon equippage , que de dextérité 8e J
bonne conduire. Quand on les eut attaincls , ils ne caidcré»
gueres à quitter leurs montaignes, fans ofer feulement ateen- J
dreîa première charge des Macédoniens : adoneques Alcxa-«
dre commanda que de toutes parts on fcift de grandes luiecs,'!
& qu'on frappait des iauehnes fur lespauois : duquel bruitVj
feftôncrcnt encores d'auâtage les Tau la n ces, & àvatderoutce'fl
gaignerent la ville. Alexandre apperceut que qiulsqucs vns j
des ennemis tenoient encores vn coftau de montaigne,au lici*>i
dondi
D'ALEX. LE GRAND. LI. I. U
dont il venou : au moyen dequoy commanda à fa gardes _&
irr qmfetrouucrcntprcsdcluy,que aucc leurs : pau ois lîs
ZTJL a chenal de h tiuicrc pour tirer droiû a mont: &
fi s ennemis railoicnttcfle, vue parue d eux minent pi«U
urrc& combattent auec les autres de chenal. Cequils exé-
crèrent vaillamment, de (orte que lescnnemis,fansattendre
^abandonnèrent le coftau K l'en fuirent par les mont u-
Ls. èuquelcoftaufemparaAlexandreauec la compagne
des amis : puis manda les Agnans &c gens de trett.qui eftoicrit
enmron deux mil, & commanda que les foldats ponans pa-
uois naiftiTent la nuicre: Si après eux les bandes Macédo-
niennes, aucc charge cxprcllc que fitoftqu'.ls (croient par-
lez ils (c meuîent en bataille, les pauois toinds les vns aux au-
tres^ fin que les rangs des gens de pied apparurent plus er-
rez Luy comme fi! euft eftè en vne cfchauguctte cotcmploit
de demis cette montaigne la contenance des ennemis. Lci-
quelsayansappcrccuquevnepaitiede l'armée auoit palic la
r.uicrc, marchèrent droia à ceux qui eftoicnt demeurez de
l'autrecoftcdcl'cau. Mais Alexandre le prefenrant a eux les
icpoulîa fans grade peine. Et quant & quant les foldats corne
fils cullcnt japafle !aiiuiere,ietterent de hauts cris d allcgrci-
fc Apres que Alexandre t ut mis en fuicte les ennemis qui luy
eftoicntàdos,auec les Agnans & gens de treft tira vers la
nuicrc&luy tout le premier pauâ a guê. Puis voyant que les
ennemis retournoient encores pour donner fur la queue
de fon armce,rcit braquer quclsques pjççcs d'engins de guerre
fur la nue oppoiite , 6c feit retourner en L'eau les archers SC
autres gens de m-a qui auoient ja pafle pour tirer fur les enne-
mis. Glauciasn ofoit approchera la portée du trect. Cepen-
dant les Macédoniens panent en fetircté, lans perdre vn Lcul
homme. Trois iours après Alcxandre,qui auoit eu aducrtiile-
mentqueClitcâi Glaucias f'eftoient campez de l'autre cofte
de l'eau, eu vnlieu peu aduantageux pour eux , fans aucune
defenfe ny trenchee : mcfmc que en leur camp ncFcfaifoit
aucun guet ny garde, comme fils cullcnt eu opinion qu'Aie-
b ij
f
iz A RRI AN DE L'HISTOIRE .
xandrc les redoutait, 5e eu ft à cefte occafion paflélariui?re,*i
que leur camp.cftoitdifpoic en long, ce qui ne leur potiuoic 1
apporter que tout mal : feit de rechef ia:s:> bruit reparler de 1
Buidlariuiereaux foldats Agrians pottans pauois, & gens de 1
trc£t, aucclesrcgimcns de Pcrdiccas & de Ccnc : ordonnant!
aufiirplus de l'ami ce de future, ht auflî toft que loccafion de 1
bien faire fc fut préfacée, fans attendre ceux qui n'eft oient I
encorcs pall'cz , feit marcher les gens de treft Se les Agrians I
droid aux ennemis, Se les affaillircnt furieufement atiec gràa-I
des huecs , la part qu'ils les cftimoient cftrc plus foibles, tuaasB
les vns qui dormoicnt en cor es, les autres qui n'auoicnt eu loi- I
fird'endoifer lebarnois, d'autres qui penioient fc fauucr à la 1
fuitte : plufieurs auiïî furent faicts pnfonnicrs. Et ne cefTa ce^fl
ftechaffe iniques à ce que les ennemis , après auoirietcé Icurjfl
armes çà 8e là parmy les champs, paruindrent aux montagnes I
GUàa? ^ cs Taulanccs. Clitc en ccfle funefeftoit ducominancemcntl
dcsiaids. retiré dedans la ville : puis il meit le feu dedans, d'autant qu'e^J
le ne luy fcmMoit de defenfe , & f' en alla au pays des Taulan-1
ces après Glaucias. Pendant le temps que ces chofes lcpaf-1
foicnt ainfi de cefte part, quelques vns qui eftoient fui tifs dol
Motif de la Thebes entrèrent par nuift fecrettement dans la ville, fo 11 ici» j
Thebes/ par aucuns leurs amis de tendre à quelque mutation ; Se j
pour y paruenir maiïacrcrent inhumainement Amyntas SsÊ
Tymolas capitaine de la garnifon de la citadelle Se ehafteau , 1
Cadmec cha qu'ils appellent Cad m ce, les ayans trouuez à l'efeart, Se qui ne 1
Thebes! penfoientà rien moins queàtclfaiftd'hoftiiité. Et tout quant 3
& quant appellans le peuple à haute voix, foubs couleur de
recouurer leur liberté, f efforcèrent dediftraire les Thebains 1
de l'o beiiTan ce d'Alexandre , les enhortans de f affranchir ]
de la dure 5e molcftc domination des Macédoniens . Cèl
qui efloit d'autant plus aifé à perfuader à la commune,
qu'ils afleuroient par ferment que Alexandre cftoit mort
en Efclauonie: Se défia eftoit ie bruit tel en beaucoup de
lieux. Et qui rendoit !a chofe croyable , eftoit, qu'il y a-
uoit ja long temps qu'Alexandre ciloit abfent, Se quc'per-
lonne
D . ALEX. LE GRAND. Il l $
, nit l0P ortèdcfaparc aucune nouuelle à Thcbcs. Wtc ^
Au moyen dcq uo c . clc tout a lloit, meh-
Ics arîaircs, eulx «1 ne ^ ent <~ , a cc _
le eltre
lafut rapporte* Alcxindrc» ! q . ^ fciftvDC p unltio n
xnisàmcrpris.aiosmcmoit b ^ZLcs «ft «noir la
rigourcuie* f^^ f ±^.^ eftoubien aduerti
ville des Athéniens P°°£W llcedemonicns K autres
des long tempsauparanant^e^ bftionnez: K
du Pclopon cie ne luy font s légers Se
S^hebmns Parquoy il partit delà, * après auorr paf-
T'? Th fiàl e De là continuant fon chemin, en fi*
Thcbainsqu Alexandre fuft entre ^^ O^dS '
qu'il cftoir délia paruenu auec tout fon ofl a Oncheitc. L>c
So.ancmpcfcherlcbruiaqmcouroic, donnant a ent n
dre eue les compagnies qui approchoicnt cftoitnt la en-
^Xd^MaLlL de la part d'Antipater : & que Aie-
xandrepourtoutcenamcfto.tmort: fe cholcroicnt contre
ceux qm apportaient nouuclles qu Alexandre venoit Se
lcurvouloient mal de mort. Mais quand ils veirenc que de
jour en lour venoient gens quiaiTcuroientdc plus en plusla
venue d'Alexandre, faduiferent de dire que c'cftoitbicn Ale-
xandre qui appro choit, mais que ccftoitvn autre Alexandre
fils d'Eropc. Le lendemain Alexandre feit partir fon camp
d'Onchefte.thsyudroia à Thcbcs, Si Ce vint camper tout
joignant le boys&erc dclolas, pour donner loifir auxThe-
bains de fc repenar Ssrecognoiftrc leur faute &z d'enùoierau-
cuns d'entre eux vers hV Mais tant t ; cn fallut que les Thc-
bainsdônaifentoccafîoi\delesreccuoir à compourion : que
b iij
H A R HI AN DE L'HISTOIRE
SailUeJes au contrait ' c, incontinent ils fcircnc vnc faillie aucc leur ca*
Thebaita ualcricSc gens aimez à Ulcgcre, donnons iufqucs aux fend-]
neI! " du Camp> & tucrcm * colI P s dc flcebcs aucuns foldats!
Maccdonicns.Alexandrc cnuoya en diligencequclqucs ban-
des de ceux qui efroient légèrement armez, 8c de gens de;
trc6t pour leur faire tefte: lelquclsfans grande peine les reJ
pouffèrent iufqucs dans leurs murailles , combien qu'ils fufJ
fent défia entrez iufqucs dans le camp. Le lour d'après co-1
ftoyant.Ics murailles de îa ville, aucc toute fon armée, fc vint
camper près des portes qui conduisent à Elcutbcrcs & au!
pays d\Actique,non guercs loin de laCadmec: àfind'auoiç]
moyen de lecounr ceux delà citadelle , en ce qu'il pourroit.J
Celïc citadelle cftoit tenue amegee par ceux de la ville: qui]
auoicnt faift alentour d'icellc double trcnchce,pour cmpcC
cher que ceux de dedans fuiîcntfccouruz par dehors: & qu'ils]
lcurvinlTcnt courir fus, quand ils fortiroicnt fur fcnnemyJ
Alexandre qui aimoit mieux que les chofes fappailaffcnt
par quelque dbuïee compofition , que de veoir les The- ■
bains tomber en danger, differoit toujours d aflàillir la!
ville . Vnc partie des habitans qui auoicnt en recom-1
mandarion l'cftat & conferuation de leur republique, & qui i
eftoient de meilleur & plus fain entendement, eftoient
d'opinion, qu'il cftoit bon d'aller au camp , & demander par-
don au Roy. Tout au cô traire les bannis, &r ceux qui auoient
eftéautheurs de la rébellion, fpecialemcnt quelques vns bruf-
lans d'ambition, fcmployoiêt de cout leur pouuoir à diuertir'
si io h le peuple d'entendre à la paix. Toutefois encorespour cela ne
ville de ihc- peutcftrccfmcu Alexandre de battre la ville : ains tempori- !
foit toujours fc tenant campé près delà Cadmcc,atccndantû
les Thcbains le rccognoiftroicnt point aucc le temps. Mais
Perdiccas le contraignit de changer d'aduis. Ccfiuy Pcrdic-
cas eftoit maifrre de camp, lequel (ainfi que tefm oigne Ptolo-
mee) ayant fon quartier alllz près du rampai t des ennemis,
fans attendre le commandement du Roy , femeità le rompre
&abbaire. Etaprtscn auok rompu vnc partie , commençai]
charger
D'ALEX. LE GRAND, tt Ê 15
Wrerfurla carde des ennemis , la força & feictta dedans.
Sfmcclragcfuiuitauec leregimeot quicftoxtfoubsû
S " ! , qui eftoie fils d'Andréa? , lequel auffi
3^ quartier . Alexandre voyant que force «y cfto.t
de combattre , depeur que fes foldats ne fuirent enuironnez
t cTcm s Us nWcnc fecourus , changeant d opinion
là - & après auoir faift palier les gens de itcâ & les Agrians
dans le rampait , commanda** Argyralpidcs 6c aux auti :cs Arg ^
compai-nicsdcfctcniracdcmcurcrdchoES en bataille. Per- fa^£-«
diccas aSifi qu'il achcuoit dabbatre Si démolir le rampart par fiuffi „ q ui
dedans, eltgncfucmcnrnaurê 3c rapporté au camp: ft&tk g—dj
cure de fâ playe difficile. Ceux qui eftoiet paflez danslciam- ^
paît auec lu v * renforcez de la venue des gens de trea , «og*.
prennent encore* plus de courage, & pourfuiucnt leurpoin- £P-<^
£te mlqucs à la rue qui conduite au temple de Hercule. La armcs ar _
les Thcbains cclTans de fuir, reprennent haleine : Si tournans gentecs.
vifaec auec vne grande huee reicaen t la peur Se eftonnement
fur leurs ennemis. Il y eut foixanteK dix foldats des gens de
trea tuez : ôc auec eux Eurybotas de Grèce leur colonnel.
Les autres ne celèrent de fuir, mlqucs à ce qu'ils curent ac-
tions les Argyrafpidcs &c vn ciquadron de Macédoniens .
Quand Alexandre veit les Thcbains airifi acharnez fur fes
gens fuians, 8; les pourfuiure confinement &fans prendre
garde à eux, feit foudain partir fon bataillon de gens de pied :
& feit rebroufler chemin aux ennemis vers la ville , plus vifte-
ment qu'ils n'cftôiét forcis : &c donna telle frayeur aux fuiarts,
qu'ils ne peurent fermer les portes après eux : de façon que les
vainqueurs fe ietterent pclle-mclk auec les vaincus dans la
ville : carde celle part la muraille eftok demeurée fins defen-
fc, à ration de la garde qui auoit cité alïif: au dehors. Quand
ils furent paruenus à ta Cadmec,les foldats de la garoifon for-
cans foudaincmcnt,fe ioignirenc auec les Macédoniens : 6c
après auoir fai&vn grâd carnage arrmerét au temple d'Am-
phiou. Aucuns d'eux pourliiiuiren tics Thebains fuyants iuC-
i6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
qucs à la grand place. Il y eut quelques capitaines Thcbains,
qui feuét tefte poui vn peu de temps auprès du temple d Ain- ti
phion : mais àfarriucc dAlcxandrcaucc l'Infanterie, fefen-Pl
tans chargez de toutes parts tournèrent le dos : les gens de,
cheual gaignerent les champs à la fuitte, ceux de pied fc fau- .
lièrent comme chacun peut. Les Xhcbains furent pins cruel- j
lemcnt traitiez de ceux de la Phocidc &c de Placée &c des au- {
La prîfe& très Béotiens, dcfqucls ils eftoient mal-voulus, que des Macc»,
i'acdcThe- doniens. Et ne peurent iamais ny les maifouspriuees, nyles
édifices facrez,ny les autels des dieux, fi biêfanuer aucun, que i
lafuriedcsfoldatsnefcftêdiitpar tout,&iufqucs aux femmes i
Si petits enfuis. Si toit que les nouuelles en furent ponces par ,
les voifins , aux pays plus loingtams , non feulement ceux qui i
auoient cfté parti eipans à f émotion des Thebams, mais aulïï
toute la Grèce ennercment fe trouua grandement cltonnec, |
Côparaifon deveoir vne lï riche & fi puiilantecitécnfipeude teps toute!
des calami- ruinée. Car la perte que furent les Athéniens en la Sicilc,cn- ■
tcaaducnaes CO res que pour le nombre de gens qui y moururent , la ville 1
al occaiiodcs , ai ■ i i r i> 1
autres puer- a A thencs ne receut pas moins de dominage:routesfois d au- 1
"m" U* un t que cette calamité cftoit aduenue loin du pays , &c quck I
dcThcbcs*. piufp«itt deceux qui y eftoient morts, cftoir de leurs alliez &C ]
Dclâdcsfài- non de leurs citoyens , fut eftimee plus tolerable : iomft que.J
rhénans en ^ cut V1 ^ c ciroic demeurée fauue:aucc laquelle ils eu r ce moyen ■
Sicile. de fouflcnir en corcs longuement la guerre contre les Lace-a
demoniens Se leurs alliez : Se contre de bien grands Roys: qutj|
fut caufe qu'ils ne fentirentpar leur mal fi fort , & n'en eue 3
oneques tel efrroy lefurplus delà Grèce. Etlapcrte que feiret J
acdcsAth^ 1 ^ cs mci * mes A thèmes à la guerre nauale auprès du fleuue Egis, j
nietis. ' pourccfle confideration fut trouuee d'importance, que les', I
murailles de la ville furent abbattues, les vaifïcaux de merlw I
urez aux ennemis, & la Seigneurie retranchée : mais la chofe ]
publique, la difeipline des anceftres, & l'ancienne liberté de-.il
meurcrent en leur entier. Et fi peu de temps après ils receurèt I
leurs ncheifes perdues ; & après auoirrecouuré ladominatiô
fur k mer, leurs murailles furent reb ailles: qui plus cil, eux
mcfmcs
Autredesfai-
ilc dcsLace-
D'ALEX. LE GRAND. LI. I. 17
mefmcs deliurcrent de grands périls se dangers les Lacedc-
monicns.lefqucls pour lors ils redoucoient par dcllus tous
autres : &c qui nauoicnt cftè gueres loin de mettre à fac ^
h ville d'Athènes. Pourlc regard de la dcsfaidedes Lacede- moaiesyaia .
manies à Lcuftres & à Mantine^clle apporta plus de frayeur eus i
àcaufe qu'elle cltoitaduenue contre leur opinion & cfperan- *
ce, que de dômage pour le nombre de ceux qui y moururet:
& b bataille des Béotiens Se des Arcadics fous la conduiftc de
Epaminôdas contre les mefmes Lacedemoniés à Spanc.eftô-
napius pourla nouueautcdu cas les Laccdemoniens Se leurs demoniensi
con fédérez, que pour eftre l'infortune grand & dômagcablc. s gJ ft Jc
Quant à la pnfc de la ville de Platee,tanc la pctitclîe delà ville, P j aKc .
que le peu de citoyens qui y furent tuczfcarla plufpart fc- .
ftoient retirez à Athènes ) la faift trouucr moins facheufe. En
pareil Je iac des bourgs infulaires Meîi 5c Scioné caufavcrita- gc&MeS
blcment plus de honte 8c de blafme aux victorieux , que de CIone '
perte à la Grèce, Mais Ion referoir,SÉ non fans grande appa-
rence de raifon , le téméraire confeil qu'au oient pris les The-
bains, leurfoudaine defeonfiture &c desfaietc figrande,come
faicte par ceux quife vouloient venger de vieilles iniures : la
prife fi foudaine&û facile de leur ville, laquelle en puiflanec
& gloire bellique fleunifoit entre toutes celles de la Grèce, à
fire des dieux, comme voulant punir les Thebains ( bien que
long temps après) de ce qu'ils auoicnttrahy le furplus de la
Grèce en la guerre des Medcis : de ce qu'ils auoient razé la
ville de Platée, contre la teneur de latrefuc : de ce que cru et-
icmenr, chofe qui n'auoitiamais cite pratiquée par les Grecs ,
ils auoient fai£t mourir ceux des Laccdemoniens qui feftoiét
rendus à eux : & qu'ils auoient du tout dcmoly la ville , de la-
quelle cltoicnt fprtis tous les Grecs en bataille contre les Mc-
dois,pour repouiferleur crFortde tout 1er elle de la Grèce: &
de ce que (entant qu'en euxtftoit) ils auoient pourchafTé la
ruine d'Athcnes au temps que ayansIcsLaccdcmoniens pour
confederez, ils eftoien rentrez en délibération dcdcitruire la
ville d'Athcnes, 11 cftoit aduenu beaucoup de chofes, comme
1
j* ARRIAN DE L'HISTOIRE
par le vouloir diuin, chez les Thebains auant la dcftrùc'rionJ
de la ville , dont pour lors ( ainfi qu'il ad nient ordinai- 1
rement ) on n'auoit pas tenu grand conte : mais depuis lai
mémoire fen rafraîchit ,'&c iugea on bien que cela n'tftoit 1
autre chofe, que lignes qui prcfagioient la future cal ami J
té, Alexandre permit à fes alliez qui au oient faicî dcuoirl
en ce fiege , de difpofer des Thebains ainfi que bon leur!
femblerou. 11 eftablit garnifon dans la Cadmce, & feit razer 1
Se démolir la ville de fond en comble. Il départit les terres I
«cpoffcffions des Thebains,fors celles qui appareen oient auxl
temples, entre fes alliez. Ordonna que les hommes &c fem- 1
mes qui eftoient demeurez après la guerre, & ceux qui 1
auoicnt cité faifts prisonniers feroient vendus, ex ce pce z les!
gens de religion tant hommes que femmes, Se ceux qu»
auoicnt autrefois eftéfcn.uteurs& amis de Philippe ou d'A-|
lexandreen priué, ou des Macédoniens par droict d'hofpitaJ
lité. Outre cela, que les villes d'Orchomcnc m Platée feroie!
rebafries & fortifiées ii b 5 femb lo i t au fdns allie z : p uis,qu c loal
Lavillcic mcttroitlefeu parrout: & que celle cité au para uâtfî florhsaJ
Thsfora za- tCj fi ancienne, fi riche & ii renommée, feron razee, Lon par-j
"Lmiifon donna feu lemét àlamaifon Se à la lignée dupocte Pmdare,cJ
de Pindare l'honneur des Mufes,& ce par le comaudement d'Alexandre!
fauueeen fa- Quandlcs Grecs curent entendu la ruine dcThcbes, princM
ucur de la ~ . ,. . - . r i n „ H
pocCc. paiement les Arcamcns, a hn de gratiher le Roy & acquen»
Les Grecs fagracc, condamnèrent à mort tous ceux de leurs citoyens!
P J'" qui auoicnt donné confort ou aide aux Thebains, ou qui
fefForccDtdc auoient eu intelligence auec eux. Les hlicns r'appellcrenj
gratifier ccux qu'jls auoicnt bannis de leur pays, pour autant qu'il!
A Lm El'ëns eftoientamis &feruitcurs d'Alexandre. 11 n'y eut peu pie
i'appcl!cnr trc } cs Etolicnsqui n'cnuoyaft gens vers Alexandre , pour le
en fiZui ~ requérir & fu p plier hum Me m en 1 , q u'il n'ad i o u rai i fo y aa j
d'Aleïand. rapport qu'on luy auoit faict, à fçauoir qu'ils auoient voulu
LcsEroltens pren ^ re j e5 armcs fi îqII qu'ils eurent ouy les nouucllcs de
Alexandre, la rcuoltc des Thebains : en tout cas, qu il luy pleuit leur
UsAfam pardonner. Mefme les Athéniens effnoycz quand ils cntcndH
refit
D'ALEX LE GRAND. LI. V 13
„ fl . nar aucunsThcbainsqui fyrcfugierentapresIaprifedc c ^ n «m«-
; ville, ce qui eftoitaducnu, différèrent par quclsques «jgg
jours dcfolèniferlcsmyfteresqui cfchcoicntlors : & ordon- Mtxioite .
ncrcntqii'0.1 euft à apporter dans la ville tous les outils &in-
ihumencsfcruansaulabouragc&autre meuble des champs
Fteftanclepeuple alTcmblU'ut arrefte par 1 aduis & confcil
de Demadc qu'on enuoyroir vers Alexandre dix Ambafla-
dcurs.pcf formages que Ion pcnferoitluy eftre plus aggrea-
bles . La charge de ceux là fut de dôner à entendre a Alexan-
dre que les Athéniens eftoient bien ioyeux de ce que luy 8c
fon armée cftoient retournez fains & faufs de la guerre qui!
auoit eue contre les Tnballcs Se Illyricns ; enfcmble de ce
qu'il auoit rangé à la raifon les Thcbains rebelles Scfcditieux,
prenant fur eux la vengeance corrcfpondante à leur démen-
te. Alexandre pour le regard de ces points leur rcfpondit
afféz doucement: mais il cnuoya lettres aux Athéniens , par
lesquelles il demandoie que Dcmofthcne,Lycutge, Hype-
ride,l'olycnet,Charc, Cbaridcme s Ephialtc, Diotim & Me-
rodcluy fuflent cnuoyez. Surceux-la il rcicttoit la faute de
la bataille de Cheronee, qu'au oient perdue les Athéniens. Il
les chargeoit auffi d'auoir cflè autheurs de tout ce que les
Athenicnsauoicnt iamais faiû depuis ce temps là, fuit contre
luy, ou contre le Roy Philippe de fraîche mémoire de la
rébellion des Thcbains. Les Ather.icsauant que luy cnuoyer
ceux qu'il demâdoitjdepcfcherétauti-cspcrfonnages vers l uy,
pour le fupplicr de pardonner à leurs citoyens : pat laquelle
Ambaiïadc il fut appaifé,&: de fai£t leur pardôna:fuft, ou pour
l'honneur qu'il port oit à la ville d'Athènes, ou pour le dclir
qu'il auoit de faire palTcr fon armée en A fie : ne voulant rien
laifîcr en h Grèce furquoy il euft foufpcçon ou deffianec : il
commanda feulement que Chandeme,contrc lequclileftoit
principalement animé, fufl banny. Ccftui-cy abandonnant
le pays, fc retira en Aile vers le Roy Daire. Alexandre après
toutes ces chofesf en retourna en Macédoine: où il feit à lu - d ^ A "
puer Olympien le facrifice qui auoit clic udis inftitué par Macédoine.
c ij
Arifhndcr
boa deuin.
Prcdi&îon
qucpluiîcurs
poêles &mu
îkicns cfcri-
roict 6: chu-
teraient les
faiers d'Ale-
xandre,
Armée d'A-
lexïdrc pour
Ja guerre
d'Aiîe.
Alexandre
facrifîe à
Pxotelîlas.
zo ARRIAN DE L'HISTOIRE
Archelas. II célébra des icux Olympiques à Egcs : & fi or-
donna des icux Se folcnnitez aux Mufcs. Pendant ce temps fut
rapporté que la ftatuc d'Orphée le Thr.icicn ( qui fut fils
d'Eagrc) qui eftoit en la Piéride , fuoit s furquoy fallut auoir ;
Induis des deuins. Et comme lcsvns interpretoient ce pro-
dige dVne forte, les autres dVne autre, Ariftander le Tcl-
rnifïien , qui furpaffoit tous les autres en l'art de deuiner,
citant interroge, que pouuoit lignifier pour l'aduenir cefte
fueur? Il en faut, didt il, auoir bonne ciperancci Ccft, que les
poètes trauailleront beaucoup à l'aduenir pour célébrer &:
chanter la louange des faifts d'Alexandre. Toft après fentanc
le printemps approcher, il femeit en chemin auecfon armée
vers l'Hcllcfpont, lai flan t à Antipater le gouuerncmcnt delà.
Macédoine & de la Grèce . Pour la guerre dA.fi e il auoit lcué
quelque peu plus de trente mil homes de pied, y coprins ceux
qui eftoienc armez à la légère auec les gens de treci: &: cnuirô
cinq mil homes de eau aie rie. 11 feit paiTcr fon camp non gue-
res loin du lac Ccrcinitc.prcs d'Amphipoli,S£ de la bouche de
la riuicre de Strymondaquclle ayât trauerfé, il paifa le mot de
Pangee du cofte du chemin qui conduit à Abdere & Maro-
nce,qui font villes fituces fur la mer. Delà venant à la riuiere
de Eurc,la pafia aifément : puis par la région Pctiquc alla def-
cedreàla riuicre dcMclanc, que pafia fon armec : &c la vingt-
ième iournee , à compter du iour qu'il eftoit party de Macé-
doine, il arriua à la ville de Scfte. Partant de là, allaà Eleonte,
où il facrifia à Protcfilas, aianc fai&drcfTei' des autels fur fon
tombeau: pour autant que la commune renommée eftoit,
que Protcfilas auoit efté le premier de tous les Grecs qui a-
uoient fuiuy Agamcmnon à la guerre dcTroye,qui auoit mis
le pied en l'A fie. Et feit prières Alexandre que fa defeente en
Afie luy fuft plus heureufe , que n'auoit efté à Pro te filas celle
qu'il y auoit faifte. Apres celaildonna à Parmenion la char-
ge de faire pafferde la ville de Sefte àcellcd'Abyde la gen-
darmerie & la plufpartde l'Infanterie : qui paifcrcnt fur cent
foixante galères, & quelques yaificaux de charge. Pluficurs
tiennent
D'ALEX. LE GRAND. LI. ï. «
tiennent que Alexandre feit voile d'Eiconte au port des
Acheens, Se queluy mcfmesferuit de pilote à lanauirc capi-
tal n eue quequand il fut paruenu au milieu du deftroitt
dcl'HcUcfpont,il facnfia va taureau à Neptune & aux Nerei- ^ ^
des •& qu'il fcitauccvnephiolcd or des cfhilios a la mer. Ils kxiiK anéi
difent suffi, que luy le premier de tous dekendit en la terre fooarmeeen
d'Alïc , Se que aux lieux où il fcftoit embarqué , & où il prit ie -
terre, il feit ériger des autels à Iupiter le defeenfeur, à Pallas Se
à Hercule : Se qu'eftaot arnué à Ilion,il facnfia à Pallas la
Troycnne : au temple de laquelle iUppcndit les armes qu'il A i eïancIre
p or toit ordinairement , Se en prit d'autres qu'il y trouua, lcf- pend &*ar*
quelles auoicntcftéconfacrccs à Pallas : SCauoiêt cité iufqucs JfJJJ^™
là tenues comme reliques de la guerre de Troye. Ondiftquc f cn prend
les Argyrafpidcsfoiiloi emporter ces armes en guerre deuant
laperfonnedu Roy. On a tenu pour chofe vraye iufqucs A|fsïtîrcce _
îcy, qu'il ccicbralcs funérailles de Priam à l'autel de Iupiter le lcbre !eJ fu _
Hcrcicn : pour appaifer i'irc d'iceluy entiers la race de Nco- nerailks ds
ptolcmc, dont il cfloit ilfu. Comme il eftoit en chemin pour Prum "
aller àIlion,Menetic gênerai de l'armée de mer du Roy, luy
meit vne couronne d'or fur la telle. Le femblable feit C h arcs
Athénien qui venoit de Sigce. Autant en feirent beaucoup
d'autres,tant Grecs que Aiîatiques.On dift au/fi qu'il orna Se
couronna de rieurs Se feftons le fcpulchre d'Achille , le difant dj J e |^j£
bien heureux d'auoïr trouuc vn tel herault que Homère pour bienheureux,
dignement chanter & publier fes faiCts Se louanges. Et à la ^° 1 '^ u
veritéHoitonpour ce regard cftimer Achille plus heureux pour defen-
qu'Alexandrc, auquel cefte partie fcmblc faire faute, pour « fes faicl*,
paruenir au comble de toute félicite. Car à vray dire fes faicîs
n'ont iamais cfté rédigez par eferit, foit en vers ou au tr cm et ,
aufiï dignement qu'ils le meritoiët. Et n'ont chanté les mufi-
ciens d'Alexandre, ainli qu'ils ont faiû deHicron , Gelon,
Th cron, Se prou d'autres, 1 cfqu cls ny en faicts, ny en honneur
& renommée, n'approchèrent oneques cn rien d'Alexandre.
Au moyen dequoy eft aduenu que pour le iourd'huy font
moins notoires les hauts Se mémorables faidfs d'Alexan-
c iij
• w ARRIAN DE L'HISTOIRE
dre, que les bas &obfcurs de plufieurs des anciens, Et qu'ainsi
b foit le combac des dix cb.eu2.li ers qui accompagnoient Cyra|
cotre Artaxerxc, Se la prife de Cl car c h & de Tes compagnons»!
mcfmc le recour iniques à la mer des dix mil auan tuners, fou»
la conduire du capitaine Xenophon,ont cfté fans comparai-*
Ton plus notoires & haut-loucz par le moyen de Xcnophon , J
qui en a eferipe : que ne fut onques Alexandre luy mcfrnesmyS
tour ce qu'il afaift. Eccncores qu'il n'ait point guerroyé fous!
la charge d'aucruy,& qu'il n'ait pas en fuiant vaincu les troup-fl
U fcmble pes duRoydcPcrfe,l'empefchants de defeendre en fes païja
1 UC II Aïrian bas vers la mer: fi-eftec qu'il n'y a Se n'y eut iamais homme*
veuille taxtr „ ^ , } • —* j hH
en panant loitGrec ou citrangcr,qu on punie ny en gradeur ny en mui- j
Xcnophon. pI JC jté de faidts & con quelles efgallci àluy.Qui a eftclaprirqB
cipaleraifon qui m'a occahôné a rédiger fcsfai£ts par cicript,!
, . encores que ie fçachc bien que beaucoup d'autres en ont ef-1
de fo)'! 0 ' .cript , ne m'cftimant point indigne de ce faire. Or pour!
monftrer qui ie fuis qui aycefte affeurance de moy-meimej
i'eftime qu'il ne fera poinedebefoing de declaircr mon nomJ
parce qu'il cft affez cogneu, ny fcmblabicmcnc mon pays^yl
mon lignage: ny auffî quelles dignitez & honneurs i'ay eu en 1
la ville dont ie fuis. le me coiuenteray de dire, que ic n'ay.j
faute d'ornement pour le regard de ma parne, de mon lignai
gc> ny des offices & honneurs que i'ay cuz : & que dés ma îeu-j
neffe ie me fuis addonné aux bonnes lettres , D'auantagc qufl
ce ne fera pome fans bonne U. tulle caufe h ic luis mis au rang!
des premiers qui ont efeript en langue Grecque: ainft quel
Alexandre entre ceux qui ont acquis le premier degré d'hon-J
ncur Se réputation au maniement d es-armes^ àlaluittedelaj
guerre. Alexandre donc biffant llion alla à Arisbc, où f'eftoitj
campée toute fon armée à la defeente de l'Hellcfpont : le len-*J
demain à Percote:puis enpaffant à Lamplac, f alla loger fur I
la riuierc qu'on appelle Profa£rie , laquelle prend fa fourec des 1
monts Ideans,& va tomber à lamer entre l'Hellcfpont & Ici
pont Euxin. De là print la bnfee de Hermoton, p allant outre-
la ville deColone. Apres auoir enuoyc fes auant- coureurs
pour
D'ALEX. LE GRAND. Il t
eeurdcrcouurir foubsla conduiftç : d'Amyntasfilsd'Artabec
Lcclacôpagniedcs amis qui luyeftoient venus dApollonie
Mont eftoie chef Socratc fils de Satbon) & outre ce quatre
compagnies de chenaux légers : ilfc race en chemin, 8£ cn-
uoyaquclques bandcs,dont ellou colonc Panegorevn defes
fauonts , pour receuoir les clefs d vnc ynlc noraee Pnarn: les ^ , £ fa
Iubkans de laquelle auoient promis Je la rendre. Les enersde „ letdcsPer .
l'armée des Pcrfcs eftoient Arfamcs, Rcomitrcs, Pcuncs, Ni-
phates,&aucc eux M.thndatcs gouucwcur dcLydieSdomc:
& Arfites Satrape de celle partie dclaPhrygic qui cftvers
l'Hcllelpont : tous lcfc-ucls f eftoient affemblez aucc leur ca-
ualene, & les Grecs qui eftoient à leur fouldc, à la Ville de Ze-
ïce. Et quand ils entendirent que Alexandre auoit paflel'Hcl-
lcfoont , ils tindrent côfcil comme ils fe dcuoient gouucrner Confci ,
tenu
encefteamiire de fi grande importance. Mémo on Rhodicn parles chefs
y cftant appelle fut d'opinion queen iabienec de Daireon ne p ctfl ^ ue _
deuoit rien bazarder, ne donner bataille aux Macédoniens :
entendu que les Macedoniés citoient plus forts d'Infanterie :
Se encores que la prefence d'Alexandre leur augmctoit la for-
ce & le courage : ou au côtrairc Daire eftoit abfcnt. Mais qu'il
trouuoit bon défaire le degaft au pay^SE fouler aux pieds des
eheuaux toutlcfourage &pafturagc:brufl crics bleds Se autres
fnïiâs de la cô trec,& n'cfpargncr pas les villes mefmes: & que
Alcxadrcncpourroitpasfciourner en lieu, où il y euft faute
de ces choies, dot on ne fefçauroit palier. Arfites , à ce qu'on
dicLjeic refpôfc,qu'il n'en durer oie pas qu'on bruflaft vne feule
m.iifon de fon gouuernemét. Lequel aduis fut fuiuy des Per-
fes quiaubiet opmiô que Mcmnon defiroit que la guerre fuit
de lôgue durée ; à fin de demeurer ccpëdant en la charge qu'il
auou.Pendâc ce temps Alcxâdregaignoit tant qu'il pouuoit
la riuicre du Granic : &c -ayant faict deux bataillons de fon in- Sadflceft vn
fanteric, meiï la gendarmerie fur les ailes : 6c commanda à ^.^^T
ceux qm conduifoient le bagage defumredcpres. Enuoit vatitauraneà
deuanc pour dcfcouurir la contenance de l'en ne m y Egcloch du , c < î uc >
auec les gens de cheuai portas iuniies, 8c cinq cens armera CC o a y C
i 4 ARRIAN DE L'HISTOIRE
la légère. Alexandre n'cftoitpas loing du Granic qu'il apper-â]
çoit aucuns de ceux qui auoient efté enuoiez pour defeou^i
urir,qui retournoict à bride abbatue rapport ans que les Pcr^l
fes eftoient campez de l'autre cofté de la riuiere , Se que defïaâl
ils eftoient en bataille. Qupy entendu, incontinant il ordonJ
na fon armée prefteà combattre. Alors Par mcnionfadref-M
£1? "ali- fant au Roy: le fuis d'opinion , Sire, diÛ il, qu'il fçroit boni
gcdu G»*" d'affeoir le camp fur le boit de la ri mer e, tout à l'cndroiâB
nic - des ennemis: car le n'eitime pas qu'ils ozent parler la nui&B
fi près de nous, veu que nous fommes plus forts d 'infanterie:!
Se partant ils pcuucnt craindre que demain dés le poin£tdu«
iour nous traucrfions l'eau , a Liant qu'vn fcul d'eux Ce vienne»
prefenter pour combattre . Car nous aurons plus toit tra- I
uerfê la riuiere qu'ils n'auront mis leurs gens en bataille, ny I
difpofé en bonne ordonnance. Or de ce fa ire, main tenant ie 1
n'y voy aucun moyen fuis bazarder par trop vos gens :paiH
ce qu'il eft mal aifé depalfcrla riuiere icy à trauers, d'autan™
qu'il y a beaucoup de profondes fofTcs Si grands creuz,comi
mevouspouucz voir: & lebon de delà haut Se droio~t. Que fil
nous pesfons gaigner l'autre riue fans ordre, Se le bataillons
de nos gens cftroid, qui eft vnc tresfoible & mauuaife ma-B
niere de bataille : i'ay doute que noftre infanterie ne fou-fl
fticnncpasl'impctuofitc de leur caualerie. Etfil baftoit mal
pour nous à cefte première rencontre, ce fcroitqu an r à pre- I
fcntvn bien grand mal: mais ce feroitbien pis pour le regarda
de l'opinion qu'on peut auoir de toute celte guerre. Alexan- 1
dre luy rcfpôdjtà cela: le ne veux pas nier, Parmcn ion ,quG(ï
ce que vous au cz di£t , ne foitvray : mais ce feroit vne gran-jl
de honte à nous, qui auons tant à noftre aife paffé l'Hellef-J
pont fi ce ruifteau ( ainfi appelloit il par mefpris le Granic)!
nous empefehoit de gaigner l'autre riuc. Cela feroit granoVl
tort à la reputation,qu'ont acquis les Macédoniens,»^ au cou-ï
rage Se allegrcife donti'ay accouftumé d'vfer en tel les affaires, a
D'auantagelcs Pcrfesprcdront cueur, 8c fc voudront cfgal-a
1er aux Macédoniens, tout ainfi que fils leur rcllembloient J
en 1
D'ALEX, LE GRAND. LI. t ay
en courage Se en bonne conduire de guerre, fils voient que
au commandement Sci l'cncrcc de celle guerre nous ne fa-
cions choie digne de la craincre que nouslcur auons donnée.
U n'eut plfâtoft lîny ion propos qu'il partit en deux fes
forces, & fat chef de la poinde gauche Parmenion : & à la
poincte droite, laquelle il conduuoic , il meit Fiulotas, dc rarmte
qiucitoit fils de Parmcnion,auec la gendarmerie des alliez, d ^lcx*adr=
lesgensde trca,&lcs Agruns qui portoientdesfaniTcs . II y 1°™.°™'
feitauffi entrer Amyutas fils d'Arrabeeaucc les hommes de
chenal qui portoientdcs partifannes, 5£ les Peoniens,S£ le
régiment du capitaine Socratc: &c auprès d'eux les Argyra-
fpidcs,quieftoientfoubs la charge de Nicanor : puis les ban-
des des gens de pied, dont eftoient chefs Perdiccas fils d'O-
ront, Cenc de Polemocnue, Cratère d'Alexandre, 8c Amyn-
tas d'Andromene. Alapoinctc gauche feit marcher le pre-
mier Calas fils d'Harpale aucc la caualeric Thciîalicnne : en
après Philippe fils de Menelas auecla gédarmerie du fecours :
piiisAgathon aucc IcsThraces : après eux les régiments de
gens de pied de Cratère, Meleagcr 5i Philippe : Se fut, com-
me dicl cft , celle partie de la bataille donnée â conduire à Armec det
Parmenion. Au camp des Perfes y audit vingt mil homes de Perfes.
chcual,& cnuiron autant de gens de pied eftxangers. Ainfî
donques qu'Alexandre facheminoit à la riuicre, les ennemis
ordonnèrent leur caualerie feftendant fort en long,& mei-
rent leurs gens de pied deuant,pour défendre les bons qui
cfloient fort hauts. Mais quand ils apperceurent qu'Alexan-
dre cfloit de front deuant leur poin&e gauche (car ils le pou-
uoiét facilement remarquer entre les autres, tant à caufe de la
fplendcur de fes armes,que au riche equippaigc,& brauc con-
tenance de ceux qui eftoient alentour de luyjils renforcèrent
ce cofte là de plus groiîc caualerie. Les batailles rangées en la
forme qu'auons dcduifct , les vns Se les au tres^dem curèrent
quelque temps fans fc mouuoir , contemplansla contenance
de ceux qu'ils auraient à combatte : Se redoutant chafeun fon
ennemy . Les Perfes attendoient que les Maccdomcs femeif-
d
M ARRIAN DE L'HISTOIRE
fenten l'eau, àfindclesaflâilliraufortir. Quand Alexandre
veit que l'en nemy ne fc bougeoir de l'autre nuage, monta in-
continent à chcual,commandant à ceux qui eftoient alentour 9
dcluydclefuiure, Se fe m onftrcr hommes: & feit entrer de-
uantluy quelques caualiers pourenftns perdus en lariuiere, j
Se auecques eux Amyntas eeluy qui eftokfils d'Arrabec,aueéL
les Peomés, 6e vue bande de famalïins. Deuant ceux la il au oit I
cnuoyc Ptolotncc fils de Philippe, foubs la charge duquel îll
auoit mis le régiment de Socrate , Se auquel la conduire pref-
que de toute la caualerie fut donnée ce iour là. Luy condui^
fantlapoincte droiâre, II toit que les trompettes eurent (oa-m
né dcdâs,auec grands cris & huecs des foldars fe meit en l'cauJH
faifant eftendre en flcchiilant fonarmee à l'endroit du riua*
ge, où le cours de l'eau oit oit plus roi de: de peur que files Ma I
Dcfcrintion cedoniens fortoient delanuicrc en bataille ferrée & etëroi-
dom^a? Ûc, les ennemis femettans en l'eau les en mron nattent, ains
Gtanic. qucluy pluftoft Ce peuft aider de fon infanterie pour les inue-1
ftir. Quand les Pc rfes veueiu que Amyncas 6e Socrate aued
lcuis compagnies approchoient de la duc, commanecrent à.j
tirer coups deflefehes fur eux , les vus de dehus la riuc,lapard
qu'elle cftoit plus haulte des autres de dedans la riuiere. Làyj
eutvn grand conflit entre les deux caiulcricsdes vns voulansj
gaigner le riuage, les autres fempefehans. Les Perles comJ
battoient auec des dards 6c ktielots ,les Macédoniens aucd
des iauelincs; mais les Maccdomés pour eftre moins en nom-
bre que les autres , du commancernentauoient du pire : auflîjj
par ce qu'ils combattoient d'vn lieubas,h'aiants le pied ferra ej
contrôles ennemis qui eftoient fur le riuage haut cfleué , Si
auoicnt aufti aflîs la force de leur caualerïe au lieu du partage*.
Làcombattirêt au danger de leurs perfonnes les fils de Mcra-
non, Se depuis Memnon luy mefme. Les premiers des Mace-i
doniens quife prefenterent pour monter fur la riue,y laùTci'ét
lavicilesautres Ce retirèrent en fauucté vers Alexandre qui
approchoit, 6c n'eftoit pas loin conduifanc la poinfte droief e
de l'armée : Icquelfoudain donna dedans les ennemis, où»
veie
D'ALEX. LE GRAND. Lî. h 17
veit les gens de cheual & les chefs de l'armee des Pertes plus
feriez. La meilec fut afprc alentour du Roy ,voulans mon-
fh er les vus & les autres ce qu'ils fçauoiet faire. Ce pendant les
fcandes Macédoniennes paflbient. Et combien que la bataille
fùft principalement entre gens de cheual, Ci fembloit clic eftre
pluftoft entre gens de pied : carpelle melle hommes & che-
naux faifoientdeuoir dccôbactre. Les Macédoniens l'cfror-
çoient de fe faire maifrrcs du nuage, & d'en châtier les Perles:
les Perles empefehoient à leurpouuoir le partage & ifluc aux
Macédoniens. Mais en fin aians les Macédoniens repouffé
les ennemis, guignèrent le riuagc. Et à dire la vérité, ils fur-
paflbicm les Perles eu force &c courage & entendoient trop
mieux le fai&de la guerre: aufli qu'ils vfoict de creâs faits de
cornillier fi durs SlÛ forts,qinln'yauoit cuiraiTè qui ypcuft
retilrer.Commc Alexandre combattoit vaillamment,fa taue-
line fe rompit :adonc il demanda à Arêtes ion efeuier qui c-
ftoit proc he de luy ,1a tienne , mais il veic qu'elle efroitaufïï
rompue: & partant fut con train cï de combattre a 11 ce la hante A]ci3[ j rec
de la lauelnic, qui luy eitoit demeurée au poing. Toit après bat auec
aiantrccouuré vue laueliue d'vn Corinthien de la Cornette We d\:
des amis appelle Dibarate,allaattaquerMithridatcs,qui cfloit iauclinc '
gêdrede Daire(lequcll'eitoitaduaccplus que les autres)& luy
tira vu coup au viidge,duquel il Je rua parterre, t'n celte rnef-
lcc Roefaces l'approchant d'Alex âdre luy tira vn grand coup
de hache d'armes lui la tefte, de forte qu'il faulfa fon armet }
fans toutesfoii autrement l'orrcnlcr : mais Alexandre f'eftant
retourne vers luy, le perça de part en part, nonobfrant fa cui-
rafTe, qui ne peut refifter à la violence du coup. D'autre collé
Spitruiates prenant Alexandre par derrière, au oit Icué fa ha-
che pour le frapper : mais Cl ne qui fut fils de Dropidc,lc pre-
uenant cmpcfcha le coup,& luy baillant vn coup de hache fur
l'vne des cfpaulcs luy aualla vn bras. Ce temps pendant ceux à
qui La fortune fauorifoit,fortoicntdelariuierc fur le nuage,
&c falloienr mettre en bataille auec les autres qui eftoicntja
partez. Les Perles qui voy oient que eux & leurs cheuaux c-
d Jj
z3 ARRÎAN DE L'HISTOIRE
ftoient quafi tous n aurez de coups de tretts, 5c qu'ils ne pou- 1
uoientfouitenir l'effort de la caualerie des ennemis qui les.1
prcffoit de toutes parts, & que les piétons armez à la légère
mêliez parmy les gens de chenal les offenfoien tgran dément
commanecrent premieremêt à fe retirer au pas, droift la parti
où Alexandre auoit cilé en danger peu auparauant . Mal J
quad le milieu de la eau al cric fe fentit charger plus fort que dej
uant, elle quitta la place : Se citant tout mis en defordre, touM
les hommes de chcual Perfes f enfuirent à val de routte : donj
y en eut enuiron mil tuez à la fuit te. Alexandre ne pourfumia
lcsfuiartsgucrcs loin, ains retourna vers les étrangers quîj
cftoicntàlaibuldcdo-l'cnnemy : lefquels eftoieat demeure»
en battaille, plus par ce qu'ils efroient comme gens efperdul
& fur pris de frayeur, de veoir l'iffuë de cefte bataille toute aul
tre qu'ils nauoient efperé:que pour enuie qu'ils enflent dffl
combattre. Si feit marcher contre eux fon infanterie d'vn co4
Défaire des fté, & de l'autre fa caualerie, &c furent tous taillez en pièces. Il
Pertes. n ' e ' n cfchappavn feul, fi quclqu'vn d'aduenture ne fe fauuaj
^ L r j v parmy les morts. Le nombre des prifonniers fut de deux mil '
Chers delar- c / ^ , \ r\ r Vf:
meedesTer- ou enuiron.Dcs chefs dclarmcc des Perles y moururent m*
f« morts àla phates,Petanes , Spithridates Satrape de Lydie, MithrobuzaM
bataille. ^ gouucnicur de Cappadoce, Mithridates gëdrede Daire^J
Arbupale fils de Dairc Artaxerxe, Pharnaccs fxerc delafemp
me de Daire,& Omares colonel de l'infanterie eftrangerequT
1.9.1 V ^ ' J " - — — <y -l j
eftoitàlafoulde des Perfcs.Arfites après cefte bataille fe retira
ftrdmou- en Phrygie: où, comme Ion di^luy mcfmcs fe feit mourir?
raictroou- * *" j - ""3 7 ~ » ■ * .
rir. p OU r autant qu on auoi t opjmon,qu il auoit eftccauic de touM
ce mal aduenu aux Perfes. De la part des Macédoniens mou-|
ru rent vingt cinq hommes à la première charge : & à ceux-là
feit ériger Alexandre des fhtué'sdc cuiureau temple de Iup M
ter de la main de Lyfippe : lequel feul entre tous les imagers ]
&c fondeurs de fon temps, pour cftre excellent en fon art, fut ,
SicTfo"" cftimé par Alexandre digne de fondre en cuiure fon image,
deux. Du furplus, de la cauallene on trouua faute de foixante hom-
mes, Se d'enuiron trente foldats : lefquels des le lendemain fu-
rent
D'ALEX, LE GRAND. VL t 19
«m enterrez par le commandement d'Alexandre aucc leurs
lt « touï l'cquippagc d'homes de guerre. Et a leurs pc- Jgjj-J
re. m ères, & enfants, il dôoa exemption & immunité de ton- gcs put , ;i .
„.,K)m.,rt mrvt réelles que pcrfonncUes. Outre ce, ijuwaux pc-
tes charges publiques tant iccucsqu^ rss.merâ.ac
LritirrandfoiD des naurez allant vifiter chacun deux. Etre- cnf ; ms its
aidant luy melmes leurs playes , f enqucroit d eux , comme Jcccdcz m
ter les chofes à leur aduâtage. Mefmcs il feit enterrer les corps A[ drc
des chefs de bandes des Perfes, K des Grecs qui cftoiem a leu r «*gta
fouldc, qui auoient eftè tuez à la bataille. Les autres Grecs qui
eftoiem à la foulde des Pcrfes,qui vindrent pnfonnicrs au
pouuoir d'Alexandre, il les enuoya en Macédoine, après les
auoir condamnez comme ferfs au trauai! perpétuel de leurs
bras enchaînez toute leur vie, pour autant qu'ils auoient por-
te les armes pour les barbares & étrangers contre les Grecs:
Se ce contre le décret & ordonnâce générale de toute la Grè-
ce . Il enuoya auïFt à Athènes trois cens corcelcts Perfiens , M ^^ cn .
pour en faire prefent Se offrande à Pallas, auec cefte .inferi- aeàm ©»•
paon, Alexandre fils de Philippe & les autres Grecs, hors ^J,™
mis les Laccdemonicns, ont gaigné ce butinfur les Barbares m is faincus.
d'Alic. Apres cela le gouuerncmét entier des pays qui auoient
efrefoubs Arfites, fut donne à Calas par Alexandre , qui en-
ioignit auxlubicts de luy payer fcmblables fubfidcs&i impo-
fîtionîquiîs auoient accoulhimé dcpaycrauparauâtàDai-
ie: & renuoyaàleurs maifons les Barbares qui eftoieni venus
des montaignes fe rendre à luy. Il pardonna auffi aux Zclites :
car il cftoit blé aduerti que malgré eux ils auoîét pris les armes iax zdi-
pour les Barbares. Et enuoya Parmcnion pour f' emparer de "s.
Dafcyhon : ce qu'il fen^en eftantfuyede crainte la garnifon.
Luy feit marcher fon armée vers la ville de Sardis. Et com-
me il approchoit d'enuiron quatre lieues & demie delà ville ,
vindrent au deuant de luy Mithrcncs capitaine de la garnifon
du chafteau , & des plus anciens de Sardis, luy promettais , à
fçauoir ceux - cy de luy rëdrc la ville, & Mithrencs le chafteau,
8c toutes les finances du Roy qui y eltoient.il l'en alla camper
d iij
5 0 ARRIAN DE L'HISTOIRE
auprès delà riuiere de Herme,diu:an t de Sardis de cinq quarts
de lieué:dôt îicnuoia Amyntas, celuy quuttoit fils d'An dred
mené pour te faifir du chafteau Se des deniers q luy dehurcroid
Muhrencs. Lefquclsaiant reçeu,il tint tau iiouvs delà en auâe|
dnc'à Aie"" Mithrcocs en crédit &authontc. llrcmcic en leur liberté arwj
xandrc. cienne les Sardiatis , Se tous les autres peuples de Lydie, Se ■
leur permit de i ouïr de leurs an tiens droi&s 3 coLiftumcs,priui-J
leges & franc li îles . Le chafteau de Sardis citoit fuué en lie»
haut, droid & couppé de toutes parts, & fortifié de trojsmu-J
railles. Quand il y fut entré, le voyât li fort de nature &r d'ar-J
tince,il délibéra d'y baftir vn temple à Iupuer Olympien . Et.
comme il confidcroitle plan pour y alïcoir ce temple, fouJ
daincmciu fc va leuer, comme la laiton l'addonnoitjVn grand
orage &c tcmpctle : dont procéda vne pluye qui tomba teulel
ment en ce heu, qui cft le palais Royal des Lydiens. Lctoofl
bien confideré il îugea que fondeilein eftoit aggieable auxJ
dieux : &c fur 1 heure commanda qu'on donnât! ordre à com-j
mencer ce rcmple. Il donna la garde du ebafkau à PaufaniaJ
glemefî dôl l' vn d e fes fa uo rits, a u e c b o n n e gai n i fo n , & ordo n n a qu c Nia
né paroAlt- clas y demeurèrent Trcioricr gênerai pourleueries finances]
xS&eaupà's prouiendroient des tailles, péages Se autres iublidesSa
lydje. 1 * 6 iinpotinons du païs . Inftitua ton lieutenant gênerai au pay si
de Lydie, & au furplus de ce qui auoit être parauani du gou-i
uernement de Spithndatcs, Alandrcfils de l J hilotas,Iuy lai£|
fant des hommes de chcual & des loldats .légèrement armezj
autant qu'il en eftoit de befoing pour tenir fa piouincecrJ
obeïnanec. Au gouuernementque tenoit Mcmnony cfta-j
blit gouucrneurs Calas Se Alexandre le fils d'Erope.Aufquelsj
il donna les compagnies du Peloponcfc & la plus part des al- ,
liez for si es A rgi en s : letqucls au oient cité choiiis pour la gar-?
nifon du chafteau de Sardis. Pédant ce temps les auanturiersii
citants àlafouldcdes Perfcs,qui auoient efté mis engarni-
fon à Ephefeaiants fend le vent de ccfle bataille abandon-
nèrent la ville, & l'embarquèrent dans deux galères des Ephc-
fiens qu'ils prmdrem. Auccqucs eux fc retira Amyntas le fils
d'Antioch,
D'ALEX. LE GRAND. Lï. I. Jt
d'Anrioch , lequel ('en cftoit fuy de Macédoine, du temps
qu'Alexandre y eftoit encores, non pour aucun mefeon-
untement ou miure qu'il euft reccu: mais feullcmcnt pour
quelque mal talent qu'il luy portoit, & la crainte qu'il auoit de
luy. Le quatrième lour d'après la bataille, il arriua à Ephcfe,
oùilrappdla&rcmit en leur entier tous ceux qui cftoient
foitifc pourauoir tenu fon party. Ghangcale gouvernement
dcbchofcpublicquc,îaquelleeltoit régie par peu d hommes: ft>oà)ldli _
Se ordonna qu'elle ferok gouucrncc par le peuple : Si que gc Mb**
les tailles &fubfidcs qu'ils auoienc accouftumè de payer aux ^ L f u
Pcrfes , feroietpour 1 aduenir leuez par chacun an au proufit
& pour le feruice de la décile Diane: laquelle eftoit grande- Té P Ic fbm-
ment rcucrec en la ville,y aiant vn temple de treflbmptucufc
Se magnifique ftruéhire. Les Epheficns n'eurent plufraftfe- £ p h e f c ,
coucle ioug&lacramclequ'ilsauoicntdc ceux qui auoient
naguercs i'admifliûratioo delà choie publique , qu'ils délibé-
rèrent de faire mourir ceux des babitans qui auoient donné
entrée à Mcmnon en la ville, &c qui auoient pillé le temple de
Diane: fit ceux qui auoient abbatu Se brife laftatuede Philip-
pe, Ceux auffi par lefqucîs le tombeau de Hcropythe qui Heropp&e
auoit autrefois remis la ville en franchife, auoit efte cfïouy de £pj ic c c en
terre Si rompu en la grand place. Et de fâi£t ils tuèrent à liberté,
coups de pierres l'vn d'eux appelle Syrphax, après les auoir ti-
rez du temple, où ils f en cftoient fuiz à fauuetè. Quant aux
autres, Alexandre défendit de les recercher , craignant que
parle moicn de ccftc licence les innocents fuucnt aufïi bien
mis àmort, qucles coulpablcs: &c qucfoubsccfte couuerturc
pluficurs fe vôuIfîfTent venger de leurs iniurcs particulières:
d'autres prinftent de là occafion de voiler ôcpiller. En quoy
Alexandre récent plus d'honneur & louange qu'en tout ce
qu'ii tut au demeurant à Ephcfe : d'autant que par ce moyen
il fauua vue li noble & fameufe eue d'cftrc ruinée. Ccpendac
vindrct delà Magncfie & deTrallcs Ambaftadcurs vers luy,
promettât mettre leurs villes en fon obeifTan ce: pour lefqu el-
les reccuoir, il cnuoya Parmcnion aucc deux mil cinq cens
ARRIAN DE L'HISTOIRE
Siège de
Mil".
r I
-31
hommes eftrangcrs qui cftoient à fa foulde, Se autant de Ma-j«
cedonicns,aucc cnuiron deux' cens hommes de cheual des»
alliez. Il dcpefcha pareillement Alcimal fils d'AgathocIel
auec pareil nombre de gens de guerre vers les villes d'EolicjJ
& en Ionie, pour cal cher à prendre les villes que tcnoiencl
encoreslcs Barbares: à fin d'en ofter du tout l'Oligarchie M
ccftàdirc,le gouuernemc.it de peu d'hommes, &£ remettra
l'cftac des républiques en la liberté &puiftance du peupla, cJ
que les Grecs appellent Démocratie: auec mâdemcnt dcleu«
remettre 8c quitter toutes les tailles & tributs qu'ils fouloien^
payer aufdits Barbares. Et luy demeurant à Ephefc iacrifia.
Diane en grâdc pompe & célébrité y affiliât toute fon armo
en bataille côme f'clle euft voulu côbattre. Le lendemain pMÉ
tit, aiant auec luy le relie de fiafaoterie , fes gens de crect Sel
les Agrians , auec la caualericdeThracc.la cornette Royatlel
des amis , Se trois autres régiments , tirant vers la ville*
de Milet :Sc prit la ville d'Exoda en parlasse, la trouuant LinM
defenfe. Il le campa en ce lieu , en délibération de fortifier M
dedans & lieux plus peuplez de la ville. Parce que Hegcfiftrat,!
auquel Dairc auoit cômis la garde & defenfe de Milet, ayaajB
enuoyé vers luy pour luy rendre la villc,f cftoir rcuocqué:f'a«p
feurant du fecours nouuellcment arriuc des Perfes , qui n'e|
ftoicmguercs loin delà. Défia Nicanorauccqucs vnc armo
fur mer qu'il auoit amenée delà Grèce, trois iours auparauanl
que les Perfes approchaiTent de Milet, eftoitarriué en l'Iilc dfl
Ladcs, qui cft à la vcuè de Milet, y tenant prefts fes vailfeau^
qui cftoient en nôbre de cent foixante. Dont les Perfes ayants 1
eu aduertifîementjf arrêtèrent foubs la montaigne de Myca-.
lé : car ceftclfle de Ladcs auoit efte garnie par Alexandre non
feulement des nauircs de Nicanor,mais auffi de Thraces Se de
foldats eftrangcrs iufques au nôbre de quatre mil, qu'il y auoit
efiuoyez. Les Barbares auoient près de quatre cens vaifleaux.
Parmcnion fe confiant eu la victoire de nagueres obtenue fur
les enncmis,confeilIoit à Alexâdrc Ja-foit qu'il neuft figrand
nombre de vaifTcaux , de hizarder vnc bataille. Qui eftoit
au Si
1
D'ALEX. LE GRAND. Il l 33
aufli caufc de le faire ainfiiugcr, cftoit vit iprcfàge quilelri-
moit bon &r propice, d'vn aigie qui auoit cité veu lur le nua-
ge de la mer du collé delà pouppe de la nef Royale. Et m- p 3rmfnioa
geoir que fils dcmeuroicnt vainqiicuis,cc Ici oit vn gnmdad- calcule à
uamage à Alexandre, & bon moyen de paruenir à la viftoire Al^idre de
entière,* finale de toute celte guerre. Et fils auoient du pire, a '
qu'il n'y auroit pas grand pcrte:d'autant que les Perles pour la mer.
grande quantité de vaiilcaux qu'ils auoicnt,cftoient aiiiîî bien
roatltrcs delà mer, voirefans combattre. A ce faire il pro-
locctpit qu'il n'cfpaigncroit rien qui mit de fa force, de fon
deuoir, ou de fon pouuoir: &c que fil y auoitdu danger, il en
porteroitvnc bonne partie. A cela Alexandre luy rcfpondit ^f^iplr!
doucement: Q^ilf'abi]foitgrandemcnt ) & que ccn'eftoitpas mmioa.
allez de bien interpretcrlcprcfiige. Que ce feroit mal prati-
qué le laïc} de la guerre, fi auec ce peu de vaifTeaux qu'il auoir,
& l'es fuldats dclamanncalfcz mal exercitcz, il falloir prefen-
ter en bataille contre les bandes des Cypricns &: Phéniciens
biê aguerries. QlTiI ne permettrait ïamais que l'on fciil expé-
rience delà vaillance des Macédoniens alcneontre des Bar-
bares en lieu fi inltablc&fimalfcur. Parce que fil aduenoit
que les Maccdoniês à celle première rencontre fur mer enf-
lent du pire, l'inconucnienr qui en aduiendroit feroit bien
grand , & tourneroit fort au delàduanrage &c diminution de
leur renômee &• réputation pour beaucoup de raifons : mais
principalement pour ce que cirant la nouuellcdeladcsfai£te
pai mer portée en Grèce, tes Grecs pourroiër bien chez eux fe
remuer, t V tedre à quelque mutation. Et que pariât il ne trou-
uoitpas bon pour lors de donner bataille fur mer. Et pour le
regard du prefage, qu'il Icprenoit tout autremét qu'il ne fal-
loir. Qujlpcnloit bien que l'aigle le confcruail: : mais en ce
qu'on l'auoit veu f'abaifïcr lur le nuage, que cela fignifioit que
les Pcrfes deuoient eltre vaincus par terre, &c non par mer. En
ces enn tfaictes vint an campvers Alexandre IVn des premiers
delà ville de Milct appelle Glaucîppe,là enuoyc de la part du
peuple Si des auancuners qui eltoicnt a leur ibuldc,auiquels
34 AÏUUAN DE L'HISTOIRE
au oit efté commifc la garde S: defeafe dek viUe.Sa comiflîatjM
fut de rcmonftrcr que ceux de la ville accordoicnt que leurjj
murailles Sapons fu lient côrnunsaux Macédoniens & mim
Perles : priaient Alexandre de fevouioir contenter de cela»
Sdeiicrlc lïegededeuant la ville. Alexâdrciritcdc celte Am-1
ballade cômanda àGlaucippc de retourner fur le champ à]M
vilic^diredclapartauxaifiegez qu'ils fe tmifcni p refis pou r|
combattre à la prochaine aube du iour. Ht quant & quant feifl
braquer fes pièces & engins de batterie cotre la murai!tc,donjj|
il feit tomber incontinant vn pan, & en esbranila bienfqM
yne autre grande partie. Ilauoitdel-ja aduerty les foldats,-M
fe tenir prefts pour donner l'alfaut à-la ville par la brcfche , on
parle lieu auquel la muraille eftoit endommagée 8£ pîefte H
tomber. Tout cela le faifoit au veu & fecu des Perfes, qui rfl
noient leur armée de mer a Mycalé. Et pédant le temps qu'oj
traiiailloic de celle part , Nicanot qui voyou dcl'illc de LadjM
les approches que faifoit Alexandre, l'en parti tauec fa flotoH
ôtLullant le nuage à collé, tira droicl au port de Mder ,&j^B
liant emparé de l'cmbouchcure d'iceluy , feit tourner im
proues des nauires vers la mer. Et par ce moyen il olta au»
Perles toute cfperancc de fentree du port : & aux alïîcgcziM
pouuoir cfcrcfccourus par l'armée de mer des Perfes , en «
quelle ils auoient confiance. Alors tes habitans & leurs loldifl
perdirent courage: & voy ans les Maccdoniês entrer de toufl
i -rifede Mi- p»tts, le lancèrent enia mer, nageans les vus & fe train ans lui
1«. leurs pauois & boucliers vers vue illc dont le nom cil pjB
cogneu, proche de la ville : d'autres fe letterent dans des ban
ques Scelquils qu'ils trouucrcnt au port, penlans l'en fuir:
mais ils furent arreftez par les Macédoniens & uns au fil dfl
l'efpee. Il y en eutauiTi beaucoup de tuez dans la ville. Alcxâ-3
drene fut pluftaft entré dans la ville, qu'à cira dix» et al'ifll
où f'eftoiciit retirez ceux de la ville, fa liant port et des elchcltdj
fur les proues des nauires, pour au ce i celles monter des n arai-
res aux rochers & précipices de l'iile comme à vue muraille!
Mais quand il les veu fapprefter pour luy fane tcitejil eut
D'ALEX. LE GRAND. LI. t SS
.., faa „ our le bo^cucurS la fidclué qu'U voyait cftre
r^rrans fouuent de Mvcaleaueckur armée iui
EfcpXe à h vcuc de l'armée Grccque pour talche
1, W cr au combat : U de nmS rerournoienc a Mycalc: qui
S, Car ils n'en pouuoieptrccouurer pluspres qu aufleu-
ue de Méandre. Ce quelhnt venu a la cognouTance d Ale-
Lndre i fck bouche r d e vaifleauz le port de Milet , à ce que
auec ton te U caualenc rrok regrets de gens de P ,ed, pour
empefeher les Ba rbarcs de defeendre en terre. Les Barbares le
vovans den ucz de moyen de recouurer del eau doulce, Vau-
tres munitions d ont ils ne fc pouuoienc palTer , feircm voile a
Samos- ou fclîans fournisde viurcs repnndrentlaroutte de
Milct. & dB panant pardeuant la bouche du port, feirent ar-
rêter en haute mer grade partie delcurs vaiflcaux.pour toril-
iours tafeher à attirer les nauïKS des Macédoniens en pleine
mer. Cinq dcfdifts vaifleaux fcicttcrcnten vn certain port ,
droiâ encre celle autre Iilc alarmée, en mtêtion de furpren-
dre à l'impourueu les natures d'Alexandre qu'ils penfoient
trouuer Uns de fente : d'autant qu'ds auoient eu aduertilfe-
menc que les compagnes de la manne eftoien* allez à la pico-
rec , bien loin de leurs n attires, les vus pour quérir du bois , les
autres des vin rcs.qu tiques vus pour buriner. Et a la venté vne
bonne partie d'eux eitotem abients. Mais quant Alexandre
apperceut que les natures des Perles appfochoient, il le hafta
pour mettre en defenfe auec les foldats delà manne qui la fc
trouuei enrjdix vailleaux qu'il en noya au d citant: leur com-
mandant que fans tcmporilcr iLallaflcnt dioi 0. à eux pour les
e ij
3<? A RRI AN DE L'HISTOIRE
inucftir. Si tort que les Pcrfes veirent, contre leur attente, c
vaiffeaux tirer droi&à eux, ils le tarirent à fuir vers lereftel
leur flotte. Vnegalere des Iaflèiens tardifue 8c pefante ala i
me y fut prife: les autres fans ceffer de fuir gaignerent leril
armée. Quand les Pcrfes cogn eurent par expérience qu'ils rail
proufitoienten rien auec leur flotte, partirent de Milet.ApreJ
le partement dcfqucls , Alexandre tant par faute de financer
que par ce qu'il n'eftoit fort allez fur mer pour rciîilcr a.uM
Perfes, luy qui ne vouloir rien perdre de fes forces , délibérai
dedefarmer les vaifleaux, Si rompre fon armée de mer. Jm
confideroit au/fi que puis que il auoit l'A fie en fapoffcffioraï
laquelle il pouuoit aiscmët tenir par le moyen des forces qui
auoit en terre, qu'il ne tuyeftoic point debefoing dunoirarl
mee fur mer, & que d'autant qu'il pouuoir aflîeger &prenJ|
dre les villes maritimes auec ce qu'il auoit de gës, l'armée qu a- 1
uoient les^ ennemis fur mer ne leur feruiroit plus de rien:!
par ce qu'ils ne fçauroient plus ou leuer gens pour tirer M
h rame, pour remplir les places de ceux qu'ils pcrdroientS
Outre ce, quilsn'auroicnt plus en toute l'Afic de ports nyl
de villes où ils fe peuflent retirer, tt difoit que ce n'eftoiâ
autre chofeque luy auoit voulu demonflrer l'aigle qui auoit J
eflé veu, à fçauoir que de terre ferme il vaincroit les vaif-3
féaux de mer des ennemis. Ces choies ainfl exécutées, il fil
meit en chemin pour aller au pays de la Carie: par cc'qu'iH
auoit entendu que à Alicarnafle yauoitgroffc aflèmblce des I
Barbares & d'autres gens de guerre qui cïtoicnt à lcurlouldej
Alexandre Et après auoir pris en paflànt toutes les villes & bourgs d'en±l
acCane Pa ' S r y c MlIcc ^ Alicarna ^ e > a ^ cic lon "rnp à vn quart de lieuel
e anc - d' Alicarnafle, eirimât quclefiegc d'icelic feroit long: Car ou- j
tre ce qu'elle cfloir forte d'affierte, Mcmnon (lequel à cefte I
occafionDaire auoit cftabJy fon lieutenant gênerai és baffes
prouinces de l'Afle^ aux affaires de la manne ) auoit garny
toute celle contrée de munitions neceflaircs, & y auoit laifsc
bonne garnifon tant des vieilles bandes eftrangcrcs, que de
Pcrfes naturels. Mefmes il auoit faift retirer au haure les galè-
res,
D'ALEX LE GRAND. LE t 37
rc c p ourladcfenrcdclavillc 3 derqucllcsauffion fe feruoic
Sx fortifications ôc autres chofes. Donqucs Alexandre fai-
fantdçslc premier lour marcher fon armée vers la ville : les
habit ms & les foldats de la garniion fortans par les portes qui
con d iiifcnt a Mylaiîa , feirent vnc faillie fur les Macédonien s,
& kschargcrcntviuemenràcoups de treft. Mais ils furent
fouftenuzparlesMaccdoniens&rcpouireziulquesdansleurs
murailles . Peu de lours après Alexâdre prmt auec luy les toi-
dats portans pauois,la caualerie des alliez, & les régiments des afficgcc .
gens de pied des capitaines Amyntas, Perdiccas & Mclea-
ger : & outre ceux-Ia les gens de tred aucc les Agrians, & al-
la rccognoiltrc la ville du cofté de Myndc: pourvoir fi d'a-
uenture la ville feroit plus facile à prendre par là. Et 11 f ache-
minant en diligence, & auant queperfonne c-npeuft eftrcad-
ucrty àla ville de Mynde, il la pourroit furprendre. Lapnfc
de laquelle luy pouuoit beaucoup feruir pour le fiegc d'Ali-
carnaifc.Etdeccfairel'occahonfcprcfentoit. Car quelques
vns eftoient venuz à luy de Mynde , qui auoient promis de
luy bailler entrée dcnuict, parvn lieu dont on ne fc don-
noit de garde feftan t doneques achemine par nuicr à Mynde, EntTcpr ;f c
comme il auoit cité conuenu &: arrefte, il l'approcha des mu- ^t'^
railles: &: voyant que pertonne ne parloit plus de la rcddi- ft T* c -
tion delà vdlc:encorcs qu'il ncuit point d'cfchclles ny d'en-
gins de batterie, d'autant qu'il n'eftoit pas allé pour donner
aiîaut, mais pour l'emparer de la ville par intelligence:
neantmoins il feit approcher l'infanterie Macédonienne,
commandant de fapper &c miner vn certain cndroicf de la*
muraille. Ce qu'ils curent incontinent execucé: Se ruèrent bas
vnc tour, laquelle citant tombée la muraille ne demeura
pourtantnue. Ceux de dedans fécondez de quclsques ban-
des de foldats qui eftoient venus par mer à leur fecours
d'Alicarnaill-jluy rcfilteient h vaillamment, que fon entre-
prilene rcùfÏÏt aucunement. Et partant fansauoirrien prou-
fné,f'cn retourna au hege d'Ahcarnaffe . Où en premier lieu
il feit combler vn foisé, que les citoyens auoicnt faicl faire
c iij
38 ARRIAN DE L'HISTOIRE
dcuant la ville, qui eftoit de trente coud ces de largeur, & dm
quinze de profondeur: pour faire approcher plus ailtmcnj
de la ville les tours de bois, donc on tirerait fur les Alitants»
lit ns, & d'autres engins de guerre pour battre la nuttaill J
A presque le folié eut c fié, fa ris grande difficulté', rcmply, om
commença Rapprocher les tours de bois, -Ce qu 'cirant ajfl
perecu par ceux de la ville, feircnt vne fulhe n..n nui et po\im
venir mettre le feu à ces tours, & aux engins dcbaiterie:n^H
ils furent roidement repoulTez dans leur ville pat les \ 1 aceJ|
d o nie n s, qu i au o i e n t cité comm is à la gai d e d e t d i et s c 1 i gi rrsjl
& parquclsqucs autres foldats qui cltoient venuz au lecoum
au bruict des autres. De ceux là y moururent cent ioixantel
nïfihd'Ar- &dix: cmrc lc ^ llcls tut recogneu Ncoptolcmc fiis d'Arfl
rabce tué au bec, qui auoit laifsé le party d'Alexandre : &c eftoit frère d'AB
P«f« mvrKas - De la part d'Alexandre ny en demeura pas plus dm
feize: mais il yen cur près de trois ccnsblcflèz. Ce qui aduirm
d'autant que côbattans de nuit^ils n'eu lient fecu tuuer lifl
Bricf mais coups de irc£rs des ennemis. Peu de ioursapres deux fokiatm
phifàtJt dif- Macédoniens dVnc mcfmc compagnie, qui fut depuis fout»
dcu^VoldAs * a criar g e de Perdiccas, après auoir bien beu, entrèrent cM
en iL-bat de querelle fut les exploits d'armes de i'vn & de l'autre, ht cftoij
kmvaOlace. cnrrecl1x queftion qui cmpoitcroit ce poinct d'honneur d'el
ftre le plus vaillant. Si prênent tous deux leurs armes, & f'afl
vont vers les muradlcs de la ville du cofte de Mylalïa, fafl
congé de perfonne : ik plus pour faire eJlàydcleur prou elfe»
que penfans dcuoir combattre contre l'en n an y. Les ai an al
appcrceuzquelsques vns de la ville n'eftre que deux, fi ofezl
ncanrmoins & li hardis que d'approcher de leur murailles, '
forcent incontinent fur eux, & les viennent charger. Ceux-dB
Rapprochants d'eux les mette ne en pièces : puis eômencentl
charger fur d'autres de la ville , qui e 11 oient vn peu plus loin M
quelcbrm&auoit amenez U. tn fin ils fe veiren tics plus foi.
bles, tant par ce qu'on tir oit fur eux de dedci^ la ville, quel
pour autant que grand nombre d'hommes en eiïoicntfortis j
à la file qui leur cour oient lu s. Mais ils lu tn île couruz de plu-
rieurs!
D - A aX. LE GRAND. LL l 39
^«po^^^S"£Tto Poinôc ne prm-
pcuquelcs Macédoniens pou Uu ^ , nollc L las
U ville: : parce que ceux ^ ^ ^
à la garde de leurs ornbeestczterre.Eteuft
auec la courtine d entre deux eltolt " flfc a ccrte
meilec. 1 y auo* blé tuft venue a bas, fi les
que craignans les ^™ ^ /n ^ en peu
^TTSnde S ^ qu'Alexandre eutU ap-
ï,llc forment en armes pour y mettre lefeuEt ^^^S
rent quelques tentes qui cftoiem près de la
dvneWdcbois. Lelurplus tut vaillamment . defenui par
Ph.lous&Hcllanic.quiauoicnt a S^<^?^^*
ceuxdelav.lleappcrceurêtqu'Akxadreaffiltoitcnpeilonne
à ceRc mellccMe retirèrent fuyans dans leurs portes, letuns
p lt terre les flambeaux qu'ils auoict porte pour mettre Le feu ,
& leurs armes suffi, Du commancement les Alicarnamcns,
pour dire la place haute &: panant aduanta^eule pour eux ,
eftoicnt les plus forts , & pouuoicnt à leur aife oftenler les al-
fadlans tant de front que en flanc, mefmcs ceux qui entroient
par la muraille tombée pour f'aduiccr vers celle qui auoit cttfc
nouuellemêt faitcûui lcfquds ils tiroict parles coftcz,& quali
par derrière. Peu de tours aprcs.amii que Alexandre raitoit de
rechefapprocher les engins pour battre la muraille de brique,
qaiauoït efte faiaeau dedans dela viUe.y eftantluy me! m es
en pcrfonne J & donnant courage à fesgens,lcs afficgcz(ceque
neuflem ïamais eftimé les Macédoniens ; tant par labrekhe ,
4o ARRIAN DE L'HISTOIRE
que deTripyIao,ounrans la porte font vue faillie, iettans fj
les pièces ôt engins de bactérie dcspots&lâccsà feu , & autres
choies propres a cmbrazcr.Mais elhnsioultenus par AirxanS
dre, 6c otTenfcz par ceux qui tiroiêt des tours furet conrraincid
de rebroulTcr chemin vers ia vilie, non lans grande pcite dcl
leurs gens.Ec y en demeura d'autant plus.que plus de auec plus!
grande furie eltoientlortis à ce confhtt qu'au précèdent. Cari
ceux qui l'attachèrent aux Macédoniens furent taillez en pie-*
ces à la mcflec,ou'vcrs la brcfche en fuyant : par ce que h. voyij
cftoit trop cftroictcpour y tenir tant d'homes : & que l'abba
tis delà muraille empefehon beaucoup le paille . Jbt quant
ceux qui ofteiéi fortis vers Tnpyion, Ptolomce auec les corn
pagines d'Addce &Tjmandcr, & quelques autres foldats d
bandes armées à la légère, les meit en routte. Et comme i
fu y oient en grand defordre par dcfiiis vn pont qu'ils auoicn
drefléfur vn grand 8c parrond folie, le pont fuccombant aa
fais du grand nombre de pcrfonncsqiu citoiciu dciîus, fon
diclouscux: tellement que beaucoup d'eux y hu ent accablez:
quelques vus tombans du haut en bas les vns fur les aucres fu«
rcnraccrauamcz. Il y en eut aujfi plufieurs tuez d'cnii.iut par*
les Macédoniens. Lcplusgrand carnage fut pics des portes, i
Par ce que ceux de Ja ville qui eftoient rentrez les premiers^
auoicnt fermé les portes après cux,cr3tguans que les ennemis!
entxaffent pelle-mcilc auec leurs gens de la ville : & par ce I
moyen grand nombre des leurs eltoit demeuré dehors, leC i
quels furent tous taillez en pièces près des murailles par les !
Macédoniens, ht peu Ika fallut que la ville ne. fuit pnfc par M
mclme moyen. Mais Alexandre qui delîroit plufïoit fauuer i
la ville, que la ruiner, feit fonner la retraitée, pour voir il les i
Aiicarnafficnsviendroicnt point demander quelque appoin-
etement. On trouua perte de ceux de la ville de mil hommes :
ou cnuiron : & des Macédoniens de quarâte & non plus : en- 1
trclcfquelseftoicnr Ptolomce & Clcarch Colon n cl des gens
detretî, Addee capitaine de mil hommes depied, & quel-
ques autres Macédoniens de nom. Apres ce confhct, Oron-
tobates
D'ALEX. LE GRAND. LI. T. 41
robatcs Se Memnon chefs Je l'année des Perfes tindrent con-
falfurce qu'ils auoient à faire; auquel il fut rcfolu,puis
exécuté quc(co Q iiderc feftatoù ils eftoient, auquel il leur
eftoit impoflîblcdeplus endurci le fiege : veu que vue partie
deh muraille cftoittombcc.vneautrcpreftc a tomber: & que
faplufear^dc leurs foldatsauoiêtefté tuez aux failUes &cfear-
m oucnes >P luneurs des autres tellement naurez, quikneui-
fent plus fçeu porter les armes) a la féconde veille ils met-
taient le feu à vue tour de bois qu'ils auoient faide alencon-
tre des engins de batterie,* àl'arcenah enfembleaux mai fous
plus prochaines des murailles. Le feu fe print aux maifons qui
eftoient plus loin, à caufe du vent qui l'y poufloit. Quclsques
vus d'eux ie rctirerét à la fbrtcrcflc qui eft aflife en Flfle: le re-
fteau chafteau qu'ils appclIêcSalmacide.DonE citant aduerty
AleXadre par aucuns qui f'eftoict venus redre a luy , auflS qu'il
voyoit de loin de fi grands feuz : combien qu'il fuft prcfque
minuicr, ncantmoins îlmeitfesgcns en ordonnance,* entra
en ia ville, commandant à fes foldats de tuer tous les boutc-
feuz qu'ils rencontreroient : mais que l'on ne mcfFeift en au-
cune manière à ceux qui feroient trouuez dans leurs maifons. ^
Quand le îour fut venu il recogneut les deux forts aufqucls C "J 1& ,
f'eftoient retirez les Perfcs, * autres gens de guerre eftran-
gers : mais mgeant qu'il fer oit malaifc de les auoir par force,
du moins qu'il y faudroit tenir longuement le fiege, à caufe
delafituation des lieux: cofidercaufli que la ville eftoit fienne:
après qu'il eut faic"t enterrer les corps de ceux qui auoient eft c
tuez au conflict delà nui â pafice, &c qu'il eut fai£t mener tous Mearnaflï
les engins de guerre à la ville deTralles, feit razer la ville. Au «zee.
partir de là pour tireràlaPhrygic,il laiftà pour garnifon de
ce lieu & de tout le pays,fousla charge dcPtolomec,trois mil
hommes de pied des eftrangers, * deux cens de chcual. Bailla
le gouucrncmcnt de toute la Carie à Ada, qui fut fille de Hc-
catomne, * leur de Hidric,* par mcfmc moyen fa femme Seur&féme
félon la couftume des Cariens.A laquelle fonmary à fonde- ^» la coû-
tez auoit dclaifTéle Royaume. Car il cftoit permis au pays carkm "
f
4 t ARRTAN DE L'HISTOIRE
les parvnccouftume cÔmcncccdes lerempsde Scmtrarnis ,aux
femmespea- f" emmcs de paruenir à la couronncCelle là auoit cité dech
nkihMa- fec defon Royaume par Pcxodarc quii'en cùoic cm paie. E»j
lonnc. Orontobates gendre de Pcxodarc citât enuoyé par Dairc eJ
la Cane,pour lors y commandoit : & u'eftoitrien demeure de']
tout le Royaume a Ada, que Ahndc, quieft vnc des plusforJ
tes ville de la contrée. Celte Princerlc fçachant la venue d'A-1
lexandre en la Carie, cftoit allée au dcuanide lu y: Si mettS
entre les mains la ville d'Almde l'auoit adopté pour fon fiïsl
fc^dfcarie" Alexandre, qui nauoic point, elle dédaigneux de reccuoir m
adopte Aie- nom de fUsdclaPrinceffe, luy la i fia le gouucrncmcnt de m
xandr^pom v illc.Etaprcs qu'il eut rcdui&ious fon obeiffanec Alicarnaffij
Se toutle lurplus de la Carie , pour rccognoirTance de la gij
cieufeté qu'il auoureccuê, voulut Si ordonna que dorefega
uant elle louvfl de toute la Cane entièrement. Ces .chofeJ
amfl ordonnées, citant Alexandre bien aductty,qu'vnc bôneï
partie des Macédoniens qui l'auoicnt fuiuy en les guerre»
auoient pris femmes peu auparauât qu'il paflai.1 en Alic.pciu^F
Alexandre bien qu'on y dèuoit auoir efgard, mclmcment à caufe de ]M
donne con- lignée qui pouuoit venir d'eux. Parquoy leur donna co:igé|
gé pour vn d'aller en Macédoine, Se d'y palier l'hy uer aucc leuisfcmmc*
nouuenux* Poul les conduire cômit Ptolomce fils de Sekuce , qui elioid
mariez d'al- V n des gardes du corps : & des chefs de bandes Cène fils
femmes™" Pokmocratcs, Se Melcager de Neoptolcme, qui citoict auj
mariez de naguercs: aucc mandement de retourner, &: dch
ramencrlcs Macédoniens, dont il leur donnoit la charge &M
conduicte. D'auantage que pendant le temps qu'ils icroicnM
chez eux ils feiiTent la plus grande leuee qu'ils pounoient dei
gens tant de pied que de chenal. la mai s Alexandre ne feq
chofe par laquelle il gaignaft tant le cuetir des Macédoniens
que celle là. Au mefme temps ilenuoya Clcandcr le fils dcil
Polem ocrâtes au Pcloponnclc pourlcuer des compagnies'.^
depcfcha Parmcnion pour aller à Sardis, luy aiant donne vn
régiment de caualcric , compofé tant des alliez, que de Thef-
fahcnSj & de ceux du fc cours ; Se luy commanda de mener du.
clurtoy
D'ALEX. LE GRAND. Lî. L 43
durrovauecluv: & que de Sardis il tiraft en Phrygic. Luy
cenenda.it pruibncheminverslaLycic&Pat^hyhc.^im A , fXan£Îre
opinion que cftans tous les pays bas vers la mer en fa puillan- ( achemine
£ il rendro.trarmecdemcrinualeàlenncmy.Laprernicre « ^*
Chofequ il feu depuis qu'il fur party, fur qu il prit en pa flanc
HyparDa.mii eftoit vne place forte d affictte. Les foUa» qui
c floientdedansdemanderenttrefuedeprerniereabordee 5 la-
qucllc leur fut accordée: & pendant icellé ils quittera la place,
fans auoircôbatu.-Puis après il entra au pays de Lycic, ou les Lcs Tdmir .
Telm.iriensievindrentincont.ncnt&lansauauiecontram- feftfr^
te fcubm ettre à fon obciflaaèe. Puis ayant pâlie larituerede robdff30£à
Xanthc, ilreceutà compofitionles villes de Pinara.Xanthe, d'Alcxidrc.
Se Patara , & autres moindres villes & bourgades jufques au
nombre de trente. Cela fait iJ entra, qu'on eftoiten plein hy-
uer 5 cn la Myliadc, qui cftvne contrée delà haute Phrygie :
mais lors par ordonnance de Daire clkcftoit vnieauecla Ly- M yl ;a de.
cie, & cftoit foubs ni cfmc généralité. Auquel temps vmdrent
vers luy des Ambafladeurs des Phafclites pour demander fon Jj^JJ^j*'
alliance, &c iuy feirent prefent d'vne courône d'or. Pour mef- d " m L Xui-
mecauie plu heurs du bas pays de Lycie cnuoyerent vers luy : ccsraecAle-
Lcfqucls au commandemêt qui leur fut ÙÀ& dercndreles vil- 3(1111 rc '
les, obéirent incontinent, les liurans és mains de ceux qui fu-
ret enuoycz pour f'tnfiilir. Peu après partir pour aller au pais
des PhafeliteSjOÙ il pritauec eux vn chafteaufort d'afîîctce,ia-
dis bafty parles Pifidiés : dont les Barbares faifoient fouucnt
des cou rfes, pilians Si degaftans tout le plat pays d'alentour.
Pendant le temps qu'Alexandre conduifoit fon armée parce- Confynmo
„ f't ■ » 'ai j ci V d Alexandre
fte contrée, ou luy vint rapporter qu Alexandre nls dhro- g ls ^-£ I0pt
pc,qui cftoit de les plus fauonts, & puis nagueres auoit cfté V out , foir =
fai£t colonnel de la caualeric Thcflalicnnc , auoit machiné fa Ro^aIc^
mort. Ccft Alexandre cftoit frère de Hcromencs & de Arra- ïao'dic.
bce, qui eftoient des complices de la mort du feu Roy Phi-
lippe. Mais Alexandre, cncorcs qiulfuft conuaincu du cri-
mc.luy auoit pardon nc:& depuis l'auoit clleuéaux honneurs,
pour autant qu'il cftoit allé vers luy des premiers de tous ceux
44 ARRIAN DE L'HISTOIRE
quiluy eftoicnt fcruitcurs Se amis , aprcsla mort du Roy PlijJ
lippe: Se que au ce fes autres amis il eftoit allé le trouucccnarJ
mes, Sdauoit accompagné au palais Royal. Il l'auoit dcpuijl
cnuoyc comme chef de bande enThracc: & quand il eujj
donne le gouucrnement delà Thellalie, à Calas, il le feit coi
lonnel de la caualerie Thciïàlicnnc . L'cntrcpnfc de la trahi*
fon deuoit cftre conduire de cefte façon. Dairc , après quJ
Amyntas fe fut tourné de fon party, Scluy eut deliuré lettres
portans paroles de créance de la part de cêft Alexandre, crtS
uoya Ahfcncs Perian, auquel entre autres il le fioit grande!
mét,aux pays bas &c régions maritimes vers Aryzics gouueM
neur dclaPhrygic,lous couleur de quelque commilTioniiflaB
c'eftoit en cffcâpour tafeher à parler à ccft Alexandre , & luJ
promettre le Royaume de Macédoine, & encores mil ralcntj
d'or, au cas qu'il feift mourir le Roy Alexandre . Mais Alifcl
nés cftant defcouucrt fut arrefix pnlonnierpar Parmcmonl
qui le contraignit de déclarer l'occahon de Ion voyage: pufl
l'enuoyaaucc bonne & feu re garde à Alexandre. Lequel bie«
informé du faift, feit arîembler fon confeil &mcît cefte mal
tierc en délibération : à fçauoirquelou deuoit faire du trahi!
ftre. Le confeil fut d'opinion, qu'on ne deuoit pas bailler dia
commancement la charge de la meilleure partie de la eau aie!
rie à pcrfotinage il delloyal : toutefois puis que cela cftoit dem
jafaidl, qu'il falloir pourueoir aufurplus, 8c que le plus cxpa|
dient eftoit d'en depefcherle pays, auant qu'il euft acquis plua
de familiarité &: cognoiffancc aucc les Thcflalicns, dcpcuM
qu'il les pratiquaft,& feift auccques eux quelque mauuaife en!
treprife. Il leur fouuenoit bien encores aufïi d'vn prodige J
qui eftoit aduenu peu de temps deuant, dont ils auoient cftc j
aucunement troublez. C'eftoit que au temps qu'Alcxâdrc te- '
noit le liege deuant Alicarnailc, cômcil dormoit vn iourfuBi
Prodige a v- lemidy,on veit vne arondelle.qui commença àvolletcrauee '
le. vn grad caquetai entour delà tcfte,& le lacer tan toit dvneo- •
ftc du li£t , tantoft de l'autre, faifatit vn bruit Se dcigoifcment
plus fort & plus haut que ne porte le naturel de tels oyfeaux.
Alexandre
D'ALEX. LE GRAND. LL I. itf
AIrsandrepour lors eftoit tombé en vn profond fommeiL
crauail qu'il auoit pris la matinée fcUnuift
Il "dente: neantmoinsen fin rutefucJléparkbrui dde e.
oy feau : lequel il chaffa de la mam. Mais tant f en fallut
5 fcnfirift pour eftre chafcé, que au contre ri faUa
X>irfurfateL, Ktfen partitiufqucs a ce qu il tut entière-
conhdcraaon:parquoycnvQLuui , . T dodo iawr-
Tclmifficn homme fort expert cnlafacncede deuina Le- ptetelé pw ;
quel luy rcfpondit , que pour feur , il y auoit de les familiers d lgc ,
6 domeftiques qui luy braffoicnt quelque trahilon. au refte
miclacoafpirarionferoic defcouucrcc. Carlarondelle a ac-
coultumé de viure parmy les hommes, & efl i oyfcau le plus
babillart de tous. Arrêtant doneques Alexandre fon nigc-
ment tant fur cela, que fur ce qu il auoit entendu du Perfan :
dcpcfcha furie champ vers Parmcnion Amphoterc fils d A~
kxandre frère de Cratete: & luy donna gens du pays dcPer-
ges pour le guider par les plus courts 3c meilleurs chemins.
Amphotcic habillé à la m ode du pays de peur d'cltre defeou-
ucrt,amua au lieu où cftott Parmcnion : auquel il déclara le
mandement dont Alexâdrc l'auoit chargé: car Alexandre
n'auoitpas cftêdaduis défaire aucune chofe couchan t celte
a traire. Parmcnion en tendant la volonté du Roy, feit incon-
lïncat mertre la main fur le collet de l'accule Alexandre, & le
meit en bonne garde . Apres cela Alexandre parie de la Pila-
fclidc : &c feit marcher vue partie de fon armée vers la ville de
Pergcs, par les montaignes , qui eftoit le chemin qu'on luy
auoitenfeigflé pour ie plus fâcheux à la venté , mais le plus
court de beaucoup: luy par le pays bas coftoyantla mercon-
dui foie l'autre partie. Celle contrée eft telle de fa nature, qu'il
cft malaifc de la paffer, linon quand le vent de bile y donne:
& par le vent de midy à grand peine y peut-on cheminer Delavillcfc
par le riuage de la mer. Or alors de bonne fortune, après des de Pcr "
grands vents du midy, qui ve noient de celîer, fc leua vn vent
du coftédu Septentrion, non fans quelque pcrmilfion diuine
£ iii
46
ARRIAN DE L'HISTOIRE
les Afpcn-
diens le ren-
dent à Ale-
xandre.
* Tréte mil
efeus.
Tribut en
M cru cilles
du pays des.
Si dit es.
Rcuolie des
Aipendicns.
(comme l'cftima Alexandre & tous ceux qui citaient auejj
luyj au moyen de quoy il paffacn peu de temps, & albnaifej
Comme il fut part y de Pcrgespour tirer plus auant, ilrécjB
ira les députez des Afpcndicns,qmluy promirent dciuyreij
drela ville: mais le fupplicrcnt de n'y tarifer garnifon, nyail
autres villes & bourgades du pays. Ce qui leur fut odtroiéjàfl
charge de fournit à fon armée la fomme de cinquante taj
lents* Si de luy bailler par chacun an pareil nombre de chfl
uaulx & de pareille bonté &c valeur qu'ils citaient tenuz jH
urer parle pals é par forme de tribut à Daire . Ces conduiofl
accordées, il ne leur fut en forte du monde mesfaicî. LaifTaM
Alexandre tefte région ,pnt fon chemin vers Sidé. Som'lqfl
Siditcs Cumeans, venuz de la ville de Cumes en Eolie.CcuS
là. racontaient merucillc de leur origine: à fçauoir que quafl
leurs anceftres allèrent habiter en celte contrée, û toit qu«
eurent mis le pied dans le pays, ils oublièrent de tous poinfl
le parler dclcur nation: Se commancerent à parler vnlangafl
eftragc, Se toutnouucau, & qui n'approchoit en rien à ecluj
des Barbares leurs voifins : mais à eux propre & particuliers
Tellemct que depuis ce temps là les Sidites ont wufiours cÔM
différents en parler des peuples qui font alentour d'eux. Apre]
qu'Alexandre eut ordonne quelsques compagnies pour dJ
meurer en la ville, il marcha droidt à Syllium . Qui cftcM
vne place forte, tant par la nature & fituati on du licu,quei9
moyen des foldats qui y eftaient en garnifon, & des pal
fans qui- citaient dedans. Et partant ne pouuoit eftre pra|
fe du premier allant. Ioindt que fur le chemin citaient vl
nues nouuelles à Alexandre, que les Afpcndicns ne tcM
noient rien du traidté faiâ auecques eux : ains, au con-1
traire, qu'ils auoient retiré dans la ville tout ce 'qui citait 1
aux champs. Qifils auoient fermé les portes a ceux qui 1
y citaient allez, par fon commandement, pour rceeuoir les J
deniers accordez. D'auantage qu'ils faifoicnt renforcer les- 1
murailles de la ville, és lieux qui leur fcmbloicnt n eftre pas de
defenfe. Qui fut caufe qu'il rebroufta chemin pour retourner
conerc
D'A LEX. LE GRAND. LI. L 47
rnnrre tes Âfpendiens. La ville capitale defquels cft ajGze
«our 1 1 plufpart fur vnc roche droi£fce& ciurcrompuc,* haut
Scucc: .oignantlaqucllepaiTclariuicrc d'Eurymcdon . bul-
le pendant de la roche y auoitaflez grande quantité de mai-
fons enuironncesdVûcinuraiUedeinoyettoehauteur.Çeux
Quiydemeuroientnefevoulans fier à la defenfedu heu, h
toft qu'ils eurent fénty lèvent qu'Alexandre vcnoit quitte-
renc la muraille, 5.: ft retirèrent dans laforterefle. Alexandre
trouuant à fon arnuee la muraille fans defenfe entra dedjins,
&.làafièirfoncam P . Quand les Afpcndiens feveircnt fie-
rez ils cnuoycrent incontinent vers luy,pour le fupplicrdc
ne vouloirnen changer du traiaé & accord faift entre eux.
Alexandre encorcs qu'il confideraft bien , que le lieu cftoit
fortdefoy, Si que quant àluy il n'eftoit pas en citât pour y
tenir longucmentlc fiege : ne voulut toutcsrois le contenter
dci'appoinircmct précèdent : ains adiôufta qu'ils donncroicc
pour hofhges des principaux de leur ville : que au lieu de cin-
quante talents, ils en donncroicnt cent : qu'ils liurcroient les
chenaux qu'ils auoient promis: paycroicnt aux Maccdoniés
les tailles & fubiides ordinaires : porteroient obeifLmcc à ce-
luy qu'il leur baillcroit pour fon lieutenant & gouucrneur du
pays: & qu'ils feroient tenus de cfter à droict, pourrcfpondrc
aux demandes Se concluiions que aucuns leurs voifins enten-
doicntprendre a l'encontrc d'eux } pour raifon de quclsqucs
terres, qu'ils difoient leurcftrciniultcmcnt &L à tort par eux
dcctnucs. Lefqucllcs côditions accordées de paît & d'autre,
il fe meic en chemin pour aller à Pcrge, pour cirer de là en la
Phrygic : & paiTa à coflc de la ville de Telmiue : les habicans
delaquclle font Barbares, &c font ilTus des Pifidiens. Ccfte
place eftoit forte de nature, d'autant qu'elle cft iituee fur vnc
montaigne haute &roidc, & le chemin pour y aller afpre &c
cftroitc : car depuis la cime de la montaigne iufques au bas
fent prt fquetous rochers & précipices. Visa vis cft vnc au-
tre montaigne de pareille hauteur & afpreté : & font lî pro-
ches l'vne de l'autre, qu'il fcmblc qu'elles facent des portes &C
4 8 ARRIAN DE L'HISTOIRE
arcades furie chemin : de forte que aueepeti de defenfe quel
l'on pourrait mettre à ce deftroift,on empcfehcroit facile-J
ment vue arm ce de pafler. LesTelmifiïcns du pl«=t pays c^M
ciroient venus pour fecounr ceux de la ville, fcftdieiit cnipjM
rez de ces deux montaignes. Ce que voyant de loin Alcxafl
dre , feit camper les Macédoniens au pied d'icellcs : cltimana
que quand les Tclmiffiens l'auroient veu citre campé , Se nçÇm
bouger, ils fcretireroicnt en la ville prochaine de là , lailfanfl
quclsques foldats pour la garde, ce qui aduint. Car apreja
qu'ils eurent ordonné quclsques gens pour la Jcfeiitc du lieuj
iis fe retirèrent tous dans la ville. Dequoyaduerty Alexandre*
il prit fes archers & autres gens de trect,& fes foldats armez dm
légères armes : Scnefaifamcis du petit nombre des ennemi
qui ciraient demeurez , va pour les charger. Mais quand ilji
^ e ||"^ ens fe veirent à la portée du trece, ils poudrent la fume. AlorJ
Alexandre feit paner fon armée fans aucune refiftenceparleB
dcfrroi£b', Se alla afleoir fon camp tout auprès delà ville. Cfl
vindrent vers luy les députez des Sclgicns, lekjuels (ont aufl
defeendus de larace des Piiidiens , & (ont gens belliqueux»
Leur ville citoit grade: & par ce qu'ils cftoicnt de longtemps!
en débat au ce IcsTelmiflîens, ilsauoienr enuoyc vers Alcxâ-1
LcsSclgîens drepour clrrcreceuzen amitiés alliance au ce luy. Alcxam
xeccuz en il- d rc [ cur o&roya ce qu'ils demandoient: & depuis ce temps-fl
lianct: aucc r r ■ j> r ■. -i i . i . ■
Aleiandie. le leruit d eux eu les guerres, ou il les trouua hommes de oom
cucur, &bicnadrai£ts aux armes. Apres qu'Alexandre cum
bien coniideré l'alïïete de la ville de Tclmilfe, il luy femblaj
qu'elle ne pourrait cftrcprilc de long temps : Se partant tirai
Salagife vers Salagafc: qui cirait aulfi ville des Piiidicns, Se dcmoycnflB
pîfidicns. grandeur . Et ja-foit que tous les Pifidicns en gênerai foientl
les Pifîdiés eflimez gens belliqueux, ceux cy toutesfois ont la rcputatioJ
gens agacr- p ar deflus tous les autres au faicï de la guerre. Il y auoit yJ
tertre au deuant de la ville, qucoccuppercnt les ennemis, Ic i
iugeans aufïî fort pour le moins à caufe de la fituation du lieu,*
que les defen fes & murailles delà ville. Ce qu'ayant apperceu 1
Alexandre fcparafur le champ fou armée en deux. Au r.u:'-
Ion J
D'ALEX. LE GRAND. LL l 4?
i«„ mu cftoit à main droiftc , &c auquel tl commande^ il fat
le « Argvrafpidc S :aprc S eux feit marcher la bande Roy-
"oc conduifoit Amynusnls d'Arrabec, fmuant 1 ordre de
^mander que soient les capitaines . A cofte drmâ du-
Zdû meit les archers &lcs Agrùns: & au feneftre , les gens
decreadupaysdeThrace, dontcftoit capitaine en chef Si-
ulces. Er quant aux gendarmes ils ne bougèren t : par ce qu ils
n aillent de rien feSiy en la meuec, acaufede iafprcte des
lieux Faut noter que les Telmimens eftoient venus fe-
counr les Pifidiens , Se eftoient lors en bataille auccques
eux Et ainfi que les foldats d'Alexandre commancoient
à monter pour gaigner le haut du tertre : les Barbares
forcirent du lieu où ils eftoient campez , 6c vindrcnt char-
ger en flanc les deux bataillons de relie furie , quils tour-
nèrent en fui rte les archers , comme eftans peu armez &r
ceux qui f'cftoicntaduancez plus que lesautres. Les Agrians
lindicnt bon, parce que l'Infanterie Macédonienne les fuy-
uoit de près, & qu'ils voyoient Alexandre marcher deuant
tou t le premier. Quand les deux armées furent ioinctcs,&:
qu'on vint à combattre à coups de main, les Barbares peu cou-
uerts le prefentans aux Macédoniens qui eftoiêc bien armez,
ne peurct foufrenir leur effort, ams après auoir efté bien frot-
tez tournèrent le dos, aians perdu près de cinq cens de leurs £"5^5^
gens. Et par ce qu'ils eftoient légèrement armez & qu'ils co- Tdmiflkns
gnoilfoientle pays, ils efchapperent aiiement : au contraire la P ar A I«â-
pefanceur des armes des Macédoniens , &auffi qu'ils ne co- IC '
gnoifloientrien en celle contrée, les empefcha de pouifuiure
loin leurs ennemis. Apres cela Alexandre comme délia vicîo- sr.r a gafepri-
ricux tourna droid vers les Salagafiens, Se prit leur ville d'af- fed'aJ&ut.
faut : à la prife de laquelle mourut Cleandre vn des chefs de Mon de
bandes, & cnuiron vingt foldats. Ccfte ville citant prife, Aie- Ckaodrc.
xandre partit, faifant marcher fon camp alencontrc des au-
tres Pifidiens: furlefquclsil prit plufieurs chafteaux ôi forre-
reflcs d'affaur, les autres par compofirion.De là tournant vers
5°
ÀRRIAN DE L'HISTOIRE
Lac (3'Afcai- la Phrygie fachcmina au lac d'Afcaignc. Eu ce lac ou mareiB
fr-'in fd CÔ ^ concrcc ^ u ^ naturc hVrncnt, dont vient les paifans d'alcri
natuttljte. tour: tellement que pour ce regard ils n'ont aucun beioinda
menr. l a mer. Le cinq u i cfm c ; o u r d'après il arriua à la vi lied c CeldB
ces : où y au oit vn chafteau bien fort,tat dclîtuat:on que d'à»
tificc , auquel le gonuerneur delà Phrygie aucit en noyé cm
garnifon mil foldats de la Carie, Si. cent Grecs de ceux ç^M
eftoient à lafouldc des Perles, Ceux-là enuoyercnt vers Al&l
xandreluy offrir deluy rendre la place, fi dans certain leur im
n'eltoicnt fecourus par le lieutenant du Roy . Alexandre nm
refufa pas ceft appoin£tc«icnc ainfl conditionné, cftimam
qu'il valoit beaucoup mieux attendre ce temps, que de le tra
uailler à prendre d'ailaut, ou par vn long liège, vue fortereffa
imprenable, prcfque de tous coftez. Au iour accordé if citât»
ven u aucun fecours, la ville & le chafteau luy furent rendu»
Pour la garnifon d'iccux y laiffa quinze cens hommes. & y M
iournalefpace de dix iours. Puis ayant cftably fon lieutenafl
gênerai en la Phrygie Antigonefils dePh'hppc 3 & lubrogé™
la place de Colonne! des forces de le cours , Balacrc fils d'/M
myntas, il tira vers Gordion : & cfcriuit à Parmrnion qu'a
l'allaft trouucrlà auccques fes trouppes. Ce pendant ceux qui
^Retour des çftoient allez voir leurs femmes en Macédoine, retournerez
vcrsluy, &auecques eux des nouuclles compagnies foubsfl
charge des capitaines Ptolomcc fils de Science, Cene fils <9
Polcm ocrâtes, & Meleager de Ncoptnleme. Il y auoit miti]
hommes de pied Macédoniens naturels, ta trois cens hoffl
mes de cheual: de Theffaliens deux cens hommes de chc-j
ual , 8c d'Eliens cent cinquante, dont cftoit chef Alciad
Elien. Cefte ville de Gordion tir au pays de Phrygie, pro«£
chaîne de l'Hcllrfponr fur la nutere de San gare : laqudfl
prend fon origine en Phrygie, & palfe à trauers la Bnhy-'
nie t puis va tomber au pont huxiu. En ce heu allèrent-
trouucr Alexandre les Ambafladcurs des Athéniens pour
le fuppîier de leur vouloir rendre ceux de leurs citoyens-
qu'il tcnoit prifonniers, Icfqucls auoicnt clic pris à la ba-
taille
Alexandre
t'achemine
à Gordion.
au camp.
D'ALEX. LE GRAND. LL £ $
m. mù itioieefté donnée à la riuicre du Granic , & de- Amba(&;
taille qui auoic euc auecdWs iufques au nom- toi» d«
ouïs enuoycz en Maccaome «ciu* -1 Athéniens
Err de deux nul, qui y tenoicnt encores prifon . Le que vcrs ^
fcûVrefuû Alexandre : eftimant qu'U n'eftou pas feur, peu- xandl e,
dam la guerre qui! feifoit aux Perfes dofter aux Grecs
la crainte d£ auoient de fa* : lefquels auoicnt
fauonle le party des Barbares contre la
G rcce.Trop bien leur permit de les
demander, quand îa guerre où
il eftoit auroic pris fin.
FIN DV PRBM1B-R LIVRE,
g 9
DEVXIESME LIVRW
DES FAICTS ET CO N-l
qjv estes d'Alexandre
le Çrand 3 Roy des
Macédoniens.
Memnontaf
chât à tour-
ner la guerre
en Macédoi-
ne & en G re
ce, reprenc
rifle <Jc
Chios.
Riitvlenes
affîege
par
Mcmnon.
Etendant Memnon qui cftoit gel
ncral de l'armée tic merde Dane,&fojB
lieutenant gênerai en tous les pays bal
& contrées voiiîncs de la mer : comtnM
il tafehoit à faire tourner la guerre vam
la Macédoine Si la Grèce, reprit l'iila
de Chios par intelligence. De la tirai»
à LesboSjtrouualcs Mityleneans en arJ
mes, qui luy refifterent: les autres villes fc rendirent à luy,leB
vnes par force d'armes, les autres de leur bon gré. PuisB
tournant vers Mitylcncs, il aflïcgca ia ville { qui cft (icuec Cm
vne montaigne ceinte dVn cofté de la mer ) de toutes parts,!
au moins depuis vn cofte du nuage de la mer iufqucs à L'aufl
tre, y faifant tirer doubles trench ces Se dreffer doubles paliz,
& eileuer en eefteefpace cinq tours ou petits chafteaux : dm
forte qu'il fepara la ville de fille, & au moyen de ce il cou»
mandoit à toutes les autres villes d'alentour. De les vaiiTeauJj
de mer il en difpofa vne partie pour affailhrle port, Si or-^
donna le refte vers Sigrium cap Lesbicn : pour defcouurir
Si empefeher l'arriucc des vaiiTeaux de charge qui pourroiéï |
venir du code de Chios , Gereftos Si Malea : à ce que les Mi-
tyleneans aiïïegcz ne peulîcm cûre auiuillcznc iecouruz tw
forte
p-ALEX. LE GRAND. LI, IL « ^
r „ fl „ c 1conciuc.Mais en ces cntrcfaiftes vnc maladie le fur- f<™° a
StntSmu, Qui fut vn grand incrément pour
CSK de Daire 3 vo^ auffi dommageable qu autre chofe
omluycuft peuaduemr. Apres fa mort , Autophradares K
febaze, auquel Memnon lors de fou trefpas auoit ladse
k eh L de 1 armée de mer, mfques à ee qutDjiieeuft pour-
U cuque qu'vnde l'eirat de General au Heu de ^(^f™
fo œuftn germain) pourrirent viuement le hege eueom-
nicneè.ParquoylesMityIcncansqu.fevoyoiciuamcgezpar
«rrc& P* mejenuoierent vers Pharnabazcluyoftnrla red-
dition de la villcimoycnam- qu'il permift que les foldats qu A-
lcxandre pour l'alliance & confédération qui cftoit parauant
entre eux,auoit là enuoiez pour les fecourir, l'en allaflenl
leurs vies & bagues faunes: & que les Mityleneans, après
qu'ils anroientabbatn&bnfé les tableaux & colonnes quils
ïuoient de naguercs érigées en l'honneur d Alexandre auec
ittfcription de leur alliance, fufîent à l'aduen ir tenuz & nom-
mez amis Se alliez de Daire, tout ainfi & en la forme qu il
eftoit porté parle traifte de paixfaid 8c accorde auec Daire
par Antaladas : Se que moiftié des banmz leroicnt rappel-
iez: la plufpart defquels eftoient jà décédez. Ces conditions
accordées entre les Mityleneans Se Ici Pcrfcs, PhamabazeSC La vine de
Autophradates entrèrent en la ville, & y meirent bonne gar- W«vk^
nifon, de laquelle ils feirent chef Lycomedc Rhodiçn. Puis y Perfcs
eftablirentpourbatrapcou gouucrncurvn nommé Diogc-
ne, qui eftoit vn de ceux qui auoient cfté rapellez du ban:
après qu'ils eurent tire argent par force tant de chacun riche
habitant en particulier, comme de la ville en commun. Cela
faift Pharnabazc fen alla au pais de Lycie auec fon armée de
mer : amenant quand & luy les cftrangcrs qui eftoicnt à la
fouldede Dairc. Autophradates fe retira es ifles delà alen- TJiTinon<î
tour. Ce temps pendant Daire depefcha Thymondas fils de General de
Mentor vers Pharnabazc pour predre de luy les compagnies jWede
des auantuners cftrangcrs , Se luy déclarer qu'il cftoit pour- JJJJfjJ 1
ucu de l'eftatde General en la place de Memnon. Pharnabazc Memnon.
g i] J
54 ARRIAN Dè,. L'HISTOIRE I
lai liant farm ce à Thy mondas feit voile incontinent vers AtjB
tophradates : auquel aiant communique fon deffein ils erfj
Data mis uolcr cnt Datamis Perfan aucc dix nauircs vers les Cv cl a dcll
l'crlan en- ni ri- t
uoiéauccdiï & eux auec vue flotte de cent vaifleaux ptindrenc la routtjB
nauirw vers Je Tencdos, Et il toft qu'ils furent entrez au haute appcjH
. jg orca | ^ ^ 5 £ e j rent commandement à tous les liabitans dfl
n.fle dabbatre les tableaux, aufqucls cltoir coteau le trait té <M
I/IfkdeTe- fsiliâeç qu'ils auoict fai&c aucc Alcxâdrc Scies Grecs:& d'en»
ncdos rcmi- ttetenit aucc Daite la paix qui auoit cilé accordée aucclu*
fancVdc^" l iar Anta ^idas, Les Tcncdicns aimoicnt trop mieux l'ail
Pcrfcs. liance d Alexandre que celle de Daire ■■ toutefois confîdcfl
l'cftat des affaires ou ils enrôlent, il leur fembloit bien difffl
elle de fe pouuoir fauucr , fis n'obeiiïbient au comm»
dément qui leur cftoit faitl : par ce que Egcloch (auqud
Alexandre auoit donné commiflîon de meure fus vnc an
mec de mer ) n 'auoit encorcs fa flotte prefte, par le movS
de laquelle ils peuffent eltre fecourus. Partant obéirent
commandement , mais plus par contraincre que de |H
bon gré. Les chofes citans de ce cofté conduises en celle (M
çon, Protcas le fils d'Andronic 3 qui auoit eu charge d'Antifl
Eubéé & ter d'afîemblcr toutes les galères tant deNcgrepontque de II
Pdoponnc- tri i /i i n i , i-. , ■ ■
nefe. Morce, pour détendre lesilles & le refte de la Grèce, des uM
curfions des Barbares , qui, à ce que l'on difoit, auoient faifl
voile en ces marches : fi toft qu'il eut eu aduertiflemem qui
Datamis auec fes dix nauircs eftoit à l'ancre àSiphnc,il le mejfl
fur mer aucc quinze vaifleaux, Se f'en alla toute la nuiâ'l
Chalcidc, ville fituce auprès delà riuiere d'Eunpc. Lclcndçl
main il arriua auec fes vaiflaux àl'ifle de Cythne:où il fciouil
navniour , pour auoir plus certaines nouuellcs de dix naufl
res: afin que venant charger de nuict les Phéniciens il ieul
donnait plus d'effroy . Et incontinant qu'il fut afleuré qui
Datamis eftoie encorcs aueefes nauircs à Siphnc il partit la
nui£t 3 8c à l'aube du iour allaaflàillir les ennemis au dcfpour- I
Datamis dé- UCU ' & P ric nui< ^ de leurs nauircs bien munies de foldats ôc defl
faift. prouiflons. Datamis auec les deux autres des le premier choej
fenfuil
D'ALEX. LE GRAND. LT. IL %
feifirit Se fc retira à l'autre flotte. Quand Alexandre fut arn-
r ?ÏGofd on, .1 luy pntenuief comme ,1 ^mcatotàm^
Tdc Midas (bo fik : pour voir le chance de Gordic, & la lia£
fondWuy^uelonnepouuo.tddLcr acequou difoi t. Et
Soie le bru "touchant ce chariot cfpandu par tome la con-
l ' ,;r«nc ntwfîardic cftoit vu bon pauurc homme Gordic& de-
vn champ de labeur , SC deux couples de bœufs : auec
ncdelqucllcsil labouroit,* de l'autre die Icruoit a chancr.
Et que vn iour qu'il cftoit à foo labourage vnaiglcic vin
affe^furfa charrue, & demeura la perche lufqucs ace mi il
deiattelia. Gordieesbahy que pouuoit lignifier cela jlc déli-
béra d'en auoir l'interprétation des deums & augures 1 eimU- Lafcicn de
fiens . Par ce que celle icience de dcuincr eft quafi née auec de = £
ceux dupays,5c leur eft comme héréditaire, non pas feule- Tdmiffiens
ment aux hommes, mais aulfi aux femmes &c aux enfans. unt hôm«
EftanrdoncqucsatTiuéàvncertambourgdcs Tdmiffiens ,u
rencontra vneieunc fille, quialloit à la fontaine : de laquelle
il f'accofta, & luy raconta tout ce qui luy cftoit aduenu. Cette
fille qui cftoit bleu entendue en fart de deuiner, luy di£t,qu il
dcuoit auoir bonne cfperancc de ce prefage: qu'il l'en retour-
nait hardiment, 8c ne faillift de fàcrificr à Iupiter le Roy. Il
pria la fille d'aller auec luy afin de luy monftrer en quelle ma-
nière il deuoit faire le facnrice. Elle le fuiuit, Se tout aïnfi
comme elle luy monftra , il (acnfia. Le facnfice parachcué il
prit celte fille à femme: Si eut d'elle vn fils qui fut appelle Mt- Naîfrancejc
das. Lequel eftant deuenu grand, & puiflànt homme & de Midis<
belle rcprelcntation,feileua vnc ftdiaon entre les Phrygiens:
pour laquelle appaifer on alla à l'oracle, qui feit rcfponfe que
vn chariot leur apporteroitvn Roy quircmediroit à cefte le-
dition . Comme ils eftoientattendansarnua Midas dans vn
chariot auec iespere & m tre: lequel fe prefenta tout ainii qu'il
eftoir venu dans ion chariot à l'.iliembkc. Les Phrygiens m-
geansque c'eftoit-ildont l'oracle auoit parie ,1e faluërent Se
56 ARRÏAN DE L'HISTOIRE
. clcurent pour Roy de la Phrygic. CclafaicT: , après que UtM
BoydcPhry dmon eut elle par Juy appancc,uappendit le chariot de GorJ
gie. die fou pereau plus haut du ebafteau, pour offrande à lupjl
ter : le remerciant dauoir cnuoyé à Ion perc l'aigle ( qui efl
en la garde dclupitcrjpour figue & prefage , par le moyej
duquel il auoit cité faitt Roy. Outre cela on te noir encoréB
dien. cepropos de ce chariot : que ceJuy qui pourrait dcllicr \m
lien du timon du chariot, fcroit quelque îour feigneur da
toutel'Afie. Ce lien cftoit finit d'cfcorcc de corniliier : miM
fi bien en trelafie 3 qu'on n'euft fçeu trouucr la fin nyleeonj
mancement. Alexandre après l'auoirpar plufieurs f ois toucl
né &:retournéfanspouuoir trouucr moyen de le desfaucju*
qui n'auoit pas délibère de le laiffer corne il eftoic.de peur qj
les loldats fondaflem quelque fcrupulc la deftus, comme qucM
qucsvns ont voulu dire, le couppa auec fon cfpcc, i ; cf"cnanl
qu'il l'auoit dcsfaiôt , foit ou qu'il le mocquaft de ce qu'on «
diloit cômuncmcn^ou bien qu'il eftimaft que c'eftoit tout™
qu'il fuit dcfiié oucouppé. Anftobulc efcnpr qu'il oftalachJ
uille qui tenait le ioug attache au timonjlaquellepaffoit à ttm
tiers ce lien, puis tirât leiouglcdefnoiïaaisémcnt. En fï granJ
de diuerfité d'opinions de ceux qui en ont efeript, ie ne puJ
afîeurer comme il le feit. Tant y-a que luy &: tous ceux qui
pour lors l'accompagnoienr^en partirent d'auprès de ce chai
riot en opinion que la prophétie cftoit accomplie. Et de faifl
la nui& cnfuiuant les tonnerres & efclairs qui furuindrent efl
donnèrent afTeurance, A raifon dequoy il facrifu aux dieu m
lelendemain rieur rendant grâces de luy auoir cnuoyé ceJ
prefages Se outiert lcmoyendedifToudrclaiiaifon. Ii partit In
ionr d'après de ce lieu pour aller à Ancyre ville de Gaîatie : oW
AmbatTa- le viudrent trouucr les Ambafladcurs des Paphlagoniens^ui
phïalomcns offrans leur aUiance.auecpromciïe que eux & tous ceux de |
retiAluan- leur pays feroient ce qu'il luy plairoit leur commander. Cela
drc - demandoient-ils, à fin qu'Alexandre n'entraft dans les froM \
tieres de leurs pays auec fon armée. Leur aiant Alexandre ;
octroyé ce qu'ils demandoïent , il leur eni oignit de porter I
obeïfTance
D'ALEX. LE GRAND. LL II. 57
otciiranccàCabsfonlicutcnantcurhrygic. Puis il fe mcie
v ,rd i Cinoidocie ■ & pnt toutes les places & for- U c* m
en chemin veisLa^-appauuLu,. et ^ull r dociceon
t crefTcs de deçà la riuicre de Halye, & la plufpart de celles qu qQifti
font delà la riuicre. Apres y auoir eftably vn gouucrncur, il
ni-avei-sledcftroiaqueccuxdu pais appellent Pyles,qiu cit P£«<k<
for le chemin dekCiiicie. Quand il futamucan heuquon ■
appelle le camp de Cyr , qui cit celuy Cyr foubs lequel Xeno- camp de
phon eut charge deplufieurs compagnies, il fut aduerty que <=y,
le partage eftoit bouché au moyen d vne forte garde qui eftoit
audeitroict. Parquoyd commanda à Parmcnion de demeu-
rer derrière aucc l'Infanterie, qui eftoit nouuellcmcnt arn-
ucc : & luy à la première veille préd auec luy les Argyrafpidcs,
auec les gens de tred, Se les Agrians , Se marche droift là , en
intention de prendre fil pouuoic les ennemis au dcfpour-
ueu. Mais il ne peur fi bien conduire fon entreprife, que ceux
dclagardene le fcnti fient approcher: toutefois fahardieiTe
ne tourna qu'à bien. Car fi toit qu'ils veirent le Roy près d'eux
ils f cftonncrenr , Se quant & quant abandonnèrent la place,
dont il fc Gufk incontinent : &lc lendemain aupoincf du iour
il paiTa les Pyles aucc toutes fes forces, Scalladefccndre en la
Cilicic. Là il eut aduemflement que Arfanes, qui eftoir gou-
ucmcur de la ville de Tarfe auoir délibéré de quitter la ville ,
auflî toit qu'd eut entédu qu'A'cxadre au on paffé le deftroict ,
8e defeendoir en la Cilicie, ËC qui ceux de Tarfe craig noient
qu il pillait la ville, pour en auoir le butin , puis l'aiant pillée il
l'abandonnait. A qtioy ayant vn peu pcnlé Alexandre , il cn-
uoya foudainement des compaignics de gens de cheuai Se
celles de gens de pied qui portoient légères armes à Tarfes ,
puis (y en alla après. Arfanes ne fuipluitofl; aduerty qu'il ap-
prochoit, qu'il lortit de la ville, Scfc retira vers Daire, auant
qu'il euftfaict aucun dommage aux habitans . En celte ville r ^ ^
de Tarie Alexandre ( comme tcfmoignc Anltobulc ) àcaufe àAJcxîdie.
du trauail immodéré qu'il auoit pris, rôba en maladie. Quel-
ques vus ont voulu dire, que pour fe recréer, Se dclaffcr les
membres, il fen alla baigner, fi toit qu'd fut arriuc, dans la ri-
h
,8 ARRIAN DE L'HISTOIRE
Cydflcrwie- uicrc dcCydnc, cftant cncorcs tout efchauffc & couucrt ôM
Ic ' fucur. Celle riuicrc pren d fon origine a la montagne de Tau J
rc,K mi parut la ville de Tarfc,aiant fon cours par des \\euM
purs & nets, 6c en cft l'eau fort claire &c froide. Qmfut cauf»
qu'Alexandre tomba en vne diftéfion de nais, & m v n c fiej
foSuv ure afpre & véhémence, fans pouuoir repofejr en iorte queldH
maladie. e . melmes on dift que les médecins perdirent toute cipcJ
rancedeiaguenfon,fors vn nommé Philippe Acainanicn|
lequel il aimoit&eftimoit.&fefioit plus en luy, quai n|
autre, és choies qui eoncernotêt la médecine. Que ceitm-cjB
pour guenr le Roy luy côpofa vn bruuagc, & que corne il M
luy vouloir prefenter,Alex5dre çutaduei tille ment de la pari
de Parmenion par vne lettre qu'il luy enuoya de ne te fier qu«
biê à point de fa fauté à Philippe: par ce qu'il au oit t lié gjigiil
par argent Se corrôpupar Dairc: à: quel! toit qu'il ei't leu IM
lettres il prit la couppeenlamain, Se bailla les miffuiesàhCM
Philippe : & pendant le temps qu'il Hfoit, Alexandre lia»
Sâd" à'vn ment,d^ fans moufl rcr au cun figue de peur, aualla la medefl
fieBmedccm ne : Se que incontinent on iugea bien qu'il n'y auoit point <■
malice de la part de Philippe, par ce qu'il ne fdlouna nunail
èc ne changea point de couleur en hlaiu les lettres: ains pril
feulement Alexandre de vouloir fuiurefon eonieiU'il délire*
recouurer fa famé. En celle maladie il m élira clair cmét coM
bien il auoit de fiance en Philippe: Se combien il éftott cofl
fiant à ne point croire de léger ce qu'on luy rapport oit J
Contenu au ff, combien il eftoit preft de receuoir La mort il elle fc prj
dAkxa rc jj^r^ Ccs c j 10 f es a j n n paflecs.il enuoya deuant Farmej
nion pour f emparer des defiroieis qui fcpartnt la Cihcie da
l' Aflfy rie, & pour gaigner les paiïages au ce Ont" m ce ne des al
liez.les Grecs qui eitoiem à fa iouldc, Se les Thraccs doJ
eftoit Colonnel Sitalees , Se les compagnies Thciialienndj
/. B ch.akba- de gens dccheual. Luy peu de temps après partit dcTarfflB
Aie par Sar- cn V n iour aUa iufques à la ville d'Anchiale . Laquelle on dix
ààna ^ e ' auoir elle baftie par Sardanaple. Roy des Ailyricns . htM
qu'on peut luger par feu ceinte Se f ou démens d'i celle, ç'aj
D'ALEX. LE GRAND. LI. IL S»
(t™ vne erandc » puiffantevillc. Ioignaot les murailles
T 1 c le p ÏÏ= Sardanaplc : au hault duquel ou voyotr
tf£S» fa toi pubHcques enilgncdc pla.fir K conte uc-
Ten En labafe de cette eflig.ecfto.et clcnpts des mots en
fcm« AH ■normes, S en vers i ce que d.fo.cnt ccu* du pays.
fc Tovpailant mange, boy,csbas coy, puisque unyancn k
p ;rmyl P s oll's humaines digne grand contentement.
Cftrantpargeftes vn appkudiffement auec les «ains.
Et difent que cela cft fîgnifié pai vn mot fort lala de A y-
nensquiy cltoucfcriot.D'Anchiale Alexandre al a a la Mile A]mni „
31 y met gin, fon. Et pour autant qu'il fapperceur «» » -
que les habirans de ta ville fauonfoicntpluslc party des I cr-
fes que des Grecs, il leur dcraâda deux cens talents d argent.
Puis auec l'infanterie Macédonienne qu'il diuifa en trois
trouppes, tous ceux de trca,& les Agnans,.l alla affailhr les
Cihcicns qui f'eftoiêt retirez & fortifiez aux montaignes: &C
enfeptiouvs turent tous, tant par force d'armes, que aaÉtv*
mcntrcduiasfoubsfonobeiiTancc. Cela tai£l il retourna a
Soles: ou a cutffouueI.es delà desfei&e de Orontobatcs Pcr- Dcs feiàede
fan (qui eftoit capitaine 8c gouucrncur du chafteau dAh- OrômbwM
carnafl^dcMyndcCauncStThcra, & de Callipoli)par Pto-
lomcc&Afandrc. Qui augmenta la viftoirc fut la pnfe de Aiindrc
Co &c dcTnopion. Ceux-là cfcriuoient qu'ils auoient dé-
fait* Orontobatcs en vn afprc conrli£t,auquel efroicnt morts
fept cens fantaffins&cnuiron cinquante hommes de chcual,
fans ceux qu'ils auoient pris à rançon, qui n'eftoient guercs
moins de mil. Apres cela Alexandre feit vn lacrifice à Efcu-
Iapic,aucc adhon de grâces, deluy auoir fai£trccouurcr fa
fan té : auquel il ordonna des ieux de pris pour la mulïquc, &C
d'autres pour l'exercice du corps: & donna permifïion aux Eftar po'iti-
Solcficns de changer l'admmiftration de leur Republique en 9" des So ~
gouuernement 5c eltat populaire. Ces choies paracheuecs , il gé.
h ij
€o ARRIAN DE L'HISTOIRE
marcha vers IfTe: 6c donnant à Philotas la conduire de \M
gendarmerie, iufques à la riuierc de Pyramc, luy auecl
l'Infanterie & la cornette Royale tira à Magarfe, où il &.1
crifia à Paltas la Magarfienne . De là il a! la à la ville de]
Mallon: où il kit vn facrifice en l'honneur d'AmphilocM
lequel il tenoit au nombre des demy-dieux . Et après]
auoir appaifé vne fedinon qui f'eftoit émeue entre les ciJ
toyens, il leur remeit & quitta les tailles & impoiinonsj
qu'ils fouloient payer à Daire : par ce qu'ils cftoicnr defcenl
dus des Argicns : car il fe difoit eftre iffu de larace des Her al
clides Argiens. Pendant qu'il fciournoit à la ville de Mallon M
Daire arriué eutn0 uu elles que Daire eiloit arrmé à Sochcs auec toutes (M
Ûec°f« C for- forces , & que là il f cftoiE cam pé, & auoit fortifié fon carnfl
«s. Ce lieu elt au pays d'Affyriedont auonsn'aguercs pailc.Dosl
ques avant faitt aiTembler ceux de fes familiers & autres dl
fon confeil en qui plus il fe fioit, il leur feit récit desnouuelM
qu'il auoit entendues de Daire, &dc fon armée. Quand M
eurent entendu que Daire n'eftok pas loin , ils requirent qui
furie champ on les conduifift la part où iîeftoir. Alexandl
Alexandre [ oiia grandement leur bon vouloir, puis les feit retirer. Etll
FeT trouuï lendemain il feu partir fon camp :& paffant outre les fufditl
Daitc.^ pafïagcs Se frontières , C'en alla camper fou bs la ville de Myl
riandre. Lanui£t fuiuantefeleua vn orage véhément accoM
paigné de grands vents & pluies , qui trauailla fort l'année ,M
fut caufe que perfonne ne bougea du camp. Daire ce pendafl
demeuroiteoy auec fon armée , d'autant qu'il auoit choifi cm
lieu comme propre Se aduantageux pour fon camp : &cftL-=;
moit qu'en toute l'Affyrie il n'y auoit plaine plus vmc,ny plul
defeouuerte,& partant plus commode pour vne fi puilfantci
armée que la fienne,principalemctpourlacaualcnc, que celle
là. Et le confeilloit ceft Amyntas fils d'Antioch, qui auoit.
tourné fa robbe, de ne point abandonner ce Heu : parce que!
l'cftcnduc de cefte plaine fembloit eftre fort propre pour tel
grand nombre de gens qu'il auoit, Se le bel equippage des Pet-.'
fes. Maislelong feiour que feit Alexandre 3 tant à Tarfc^a
caufe
D'ALEX. LE GRAND. LI. M. 61
Cr dc fa maladie, que à Soles, où il facrifiaà Rafla***
Soldes .eux dc pns : puis à paTicr les montagnes de O- irc ,
changer d'opinion à Daire,qui de f on naturel eftoit ,«0*,
ft nï« « à croire les clK>fesqmluyvenoientagre Et prm-
alors le moultra,! reliant perfuade par gens
£ bons couftumiers de confeiUer aux Roys non .pas çe
$ cft prouhtablc & honncfte 3 ^ P ,
Li font à la vente vrayes peftes des Royaumes *P r ^£ a e a.Jo r
ta ) de manière qu'il fe fcic aif cment a croire , que Alexand e fc
ne a Wt onLutre : & que de cramai! auoit perdu le P ^
courage ayant ouy parler de la venue auec h grande puillan-
cTcank venoictdecoftc 8, d'autre luy fouffler aux oreilles,
qu'il nefalloit que fa cauallcne feule pour marcher fur e ven-
ue dc tous les Macédoniens. Amyntas fe trouua feul entre
tous , qui ne voulut dcfgiufcr la vente de ce ou il en penfoit :
ains fouftint coufîours que quelque part qu Alexandre peu-
faft élire Dake, il ne faudrait de 1 aller trouuer. Et conieilloit fcul cô - fc[llc
à Dairc de ne tirer fon camp d'vn lieu fi commode pour luy de fideiiemeae
fes gens, pour donncrbataillc. Mais le plus pernicieux &dô-
magcabkaduis, comme plusaggreablc aux oreilles, l'empor-
ta. Et fou que quelque dieu oulafortune l'euft conduict e»
lieu, auquel ny la gendarmerie, ny le grand nombre dc corn-
batans 3 ny les gens dc ricane Iuypouuoicnt de beaucoup ier-
tiir: ôc où il n'auoit aucun moyen défaire paroiftre Se mon-
fixer à l'en nemy lcbel cquippage de upuiilancc armée, ains
qui mettrait fans grande peine la vi&oirc es mains d'Alexan-
dre: il fcmbloit que ce fuft vne chofe fatale «cprcdcftincc,
quck-sPcrfesdcuircnt eftre priuezde lafeigneurie Se domi-
nation de l'A fie par les Macédoniens : ne plus ne moins que
IcsMedois l'auoicnt eftépar les Pcrfes, Scies AlTyriens para-
uâtpallcsMedois. Ayant doneques DairejafTé lamôtagnc ^
qui n cftpas loin du lieu qu'ils appellent les Pyles Amaniques, ni(IUCS ,
quieft vn paflage fort eftroict.il tiradroicï à life ne fc dou-
tant pas qu'il auoit Alexâdrc bié près de luy. Il prit la ville d'af-
h iij
0 ARRIAN DE L'HISTOIRE 1
Macédonien 1 ; qu' Alexandre y auoit laiffcz pour le Ai ire peajB
fer. Le lendemain il prit le chemin de lariuierc de Pin arc. Sa
toit qu'Alexandre fut aduerty que Daire appi"Ocfioit,ne pouJl
uant croire ce qu'on luy en auoit rapporté, il feu fur ineiirèl
embarquer en vn nainre quclsqucs vus en qui il ie hoir beayB
coup,& leur commanda de renir la coite dîne : pour fenquei
rir &defcouuririi les nouuellcs qu'on auoit apportées de Dai»
reeftoit vrayes. Ccux-cy faiians diligence, h toft qu'ils cureiM
defcouucrr que les ennemis eftoienr !à campez, retour ncreim
lcplus viftement qu'ils peureut vers Alexandi e pom-faffcural
queDairc n'cftoir pas loin. Dequoy eftant alleu ré AtcxandfjM
ilfaicl aflcmblerles capitaines de l'armée & les chefs de ban
Harangue des, cnfcmblc ceux qui auoient charge entre les alliez : les prjfl
«Alexandre j> • 1 r i i ,f .
aux capitai o. auoir bonne eiperance , veu que îufqucs latout leurcltofl
ncs de (bn ar venu à fouhait. Qu'ils auoient la victoire entre leurs maiosifl
bMailiTdô- 11 q u 'deftoit facile a cognoilrrc que Dieu eftoit pour euxd'îM
jiecàlffe. uoir infpirc Dairedc tirer fon armée d'vnc plaine h grande 89
fpacieufe, en vn heu fi ferré & cil ru i et, qui pouuoit bien fnf»
rc pour mettre en bataille l'infanterie &les autres compajH
gniesdes Macédoniens : maïs ne valoit n'en pour le gran«
nombre de combatans qu ai.o;t Daire, fil falioit iouèr dfl
couflcaux. D'auantage qu'ils auoient à faire à gens qui ncï
ftoient égaux à eux ny en grandeur de courage, ny en forci
d'armes. Que les Pertes & Mcdois pourn'auoir de long të|M
fuiuy les guerres ny manié les armes, eftoient deuenus moula
&cfïcminez : au contraire les Maccdoniês aguerris Se cndufl
cis au trauatl & aux périls, pour auoir couiiours elle à la gue&Ê
re. Outre cela que eux qui envoient perfonnes franches SctiM
bres auoient à combattre des efclaucs. Et pour le regard des
Grecs qui auoient à combattre des Grecs, qu'il y auoit entre
eux bien grande différence : parce que ceux qui eftoient dU'
par ty de Daire ne mettroietiamais leurs vies au hazard dVne
bataillcjpour ce peu de paye qu'ils reccuoient de luy : où ceux
qui eftoient de fa part mardi croie lu trci-volô tiers ai bataille, '
confiderans qu'il eftoit qucftion de l'honneur & de la ton fer- •
uatioii
D'ALEX. LE GRAND. El. IL ex
■ de la Grèce Que les Thtaces, les lllyriens.Pconiens,
A* mns ectt a due les plus braues & vaillans hommes de tou-
n r >nc w. i ni en barbe les plus lafehes Se couards peu-
SriiÊflcùieo A fie. Somme que ceftoit Alexandre qui
fuoK à combattre Daire en bataille rangée. Alexandre tint
ce propos,àhn que les Macédoniens Scies autres de fon ar-
Z cntendiiïentenquoyils pourroicnt cftre plus fores que
£ Barbares en celte bataille. Outre cela , leur remoitra quel
os &c quelle recôpenfc leur eftoit appareillée; dautat qu il n c-
S 1S quefnon de vaincre des Roys peupuiflans & tribu-
taires de Dairc.ny cefte vaillante caualcric qui fcftoit prefen-
tee au partage de la runcre du Granjc, & les vingt mil auantu-
nersqmy eftoice: mais de fe faire maiftres parûmes de tout
eeque les Pcrfcs Se Mcdoisauoient en leur poiieilion, c clt a
dire déroute f Afie , voire de D aire luy melrncs 5 en cefte leu-
lc h « iiUe . Et qu'il n'y auoit choie au mondc.qui lespeuitem-
pcfchcr de mettre fin à leurs tçauaux, & viure en repos a l ad-
uenir, citât toute l'Afic reduietc foubs leur obcïilancc. 11 leur
rcmcttoicaufïidcuant les yeux les chofes qu'ils auoicntvail-
lammcnt excutecs par le paiîé, & dont ils cftoient forcis à leur
honneur. Mefmement en particulier (t quclqu'vn auoit faict
quelque vaillant ade, il l'appelloit par ion nommant que en
tous les dangers ou il i ; citoit ïamais trouué en guerre,il 1 auoit
toujours eu pour compagnon, & y auoit eu bonne part.
On dia qu'il leur parla auffi de Xenophon, Se des dix mil
hommes qu'il auoit aucc luy: lefqucls ny en nombre de corn-
battansnyen réputation n'eftoient à comparer à eux: parce
qu'ils n'auoient en leur armée ny caualiers Thcfialiens ny
Béotiens, ny Peloponclicns, ny Thraces ny Macédoniens,
nycaualcrie quelconque. D'auantagc qu'ils n'auoient point
degensdetretrnedefonde, forts quelque petit nombre de
Candiots & Rhodiens , que Xenophon luy mclmes auoit
drefiez le mieux qu'il auoit peu, lorsqu'on tut affaire d eux :
& que ncan tin oins cefte poignée de gens auoit mis en rouitc
vnîï puiffant Roy deuant les murailles de Babyloii. Et enre-
<i ARRTAN DE L'HISTOIRE
tournant depuis parle p ont Euxin, ils auoknt dcsfai&tou»
les nations qui feftoient attaquées à eux par ks chemina
Alexandre y adioufta encores beaucoup d'autres choies, giJ
les capitaines bien aduifez ont accouftume de dire , pour cm
courager les hommes au combat. Quand il cutmishnàa
harangue, ks gens de guerre efchaufFcz en courage rcquircnl
que fur l'heure on les raenaft contre Dairc : frappansV
mains les vns des autres, & exahans de paroles le Roy îufquel
au tiers ciel. Alexandre commanda que chacun repeuft 3c «
tinftprcft, Se cependanrenuoia quclsqucs gens de chuial,a|
autres de trc£t, pour dekouunr vers les dcitroicts qu'il auofl
défia paflez : Se la nuici enfumant il i' alla emparer d'iceu»
auec toute fon armée. Eftant liamiié fur la minuick il l yaa
relia: & permit aux foldats defe repofer le refte delà nuidU
aiant affis ks gardes Se fentinelks où il en eltoir bcfoin. Am
p 01 n £t du io u r il co m en ça à diTccn d r c d es m o n ta gn es la pan
que le chemin y cftok plus cftroi£t, conclu liant (es gensfc»
ferrez. Quand il fut paruenu en la plaine il ordonna l'on ail
Cefcription meeen bataille, prefte à combattre . Au bataillon qui eft«
delà bataille à main droite au pied de la montagne il meit la bande Royfl
Daiie&Ak- le de gens de pied Se les Argyrnfpides dont eftoit GcnejH
X y r dl fi • Nkanork fils de Parmenioo, Se auccques ce ks regimeS
hrratc quieftoient foubs la charge de Ccne & P e r di c cas , Et f cftej
.. ..xj-e. doit ce bataillon iufqucs au milieu de la bataille . Pour faufl
bataillé qui eftoit à main gauche il y ordonna Amyn tas, Ptol
lomee Se Mcleager auec les compagnies qui cil oient foubi
eux : auecques eux Cratère, lequel il anoit fai£t colonne! d<
toute finfanterie. La conduitk de ce barailion fut donncei
Parmenion auec deknfc de le reculer de la mer , de peur d'eq
ftre cnuironnezdcs Barbares, que l'on îugcoitbicn cftre plujj
forts de beaucoup d'infanterie en nombre de combattants;,,
que les Macédoniens. De l'autre cofté fi toit que Dairefutad-
uerty que Alexandre approchoit,il mek en bataille trente mm
hommes de chcual, Se vingt mil de pied légèrement armez^,
Lcfquels il fek paffcr la riuicrc de Pinare:àfin d'auoir cepen-
dant
D'ALEX. LE GRAND. LL 14 <?<>
^ntl'opponunicêdemcttrecnordonanccle furplus de fon
ïnifuroarluy dupofcc en ceftc manière. Il ordonna m bataiUe
enuirou trente mil, pour taire telle a I infanterie Macédo-
nienne: Sdm ks flancs, de collé & d autre il affeit les Carda-
ciens, qui eftoieat iufques au nombre de foixante mil armez
defortes armes. Et n'eltok poflîble deftendre dauantageles
rangs, pour eftreicUeu trop cftroifc A ma.ngauche au bas
dVne montagne, à l'oppofite du bataillon droift d Alexadre,
il feit marcher vingt mil hommes bien armez 3 qui fcftendoiet
iufqucs aux derniers rangs des Macédoniens. Car vne partie
de cette montagne, où l'armée cftoit en bataille ,feftendoit
en vn long coftau en tournant, faifant comme vn arc tendu,
oudemy rond, ou comme vn goulfcdcmer : de forte que au
heu où cftoit le tournant & flcchiffcurc de la montagnc,ccux
qui eltoiemles plusaduâcezpouuoicnt donner en queuëau
bâtai Uondroia d'Alexandre. Le furplus dcl'armcequi eftoit
tout de Barbares, tant piques feiches,que autres que bien
que mal armez, les ayant feparez félon la diuerfïté des na-
tions, il les feit marcher parmy l'infanterie après les Grecs:
faifant vne longue queue, qui ne luy pouuoit de rien feruir.
On cftimoit qu'en l'armée de Daire y auoir bien iîx cens mil ^ ^
eombattans. Alexandre donc comme il marchoit trouua que m il compi-
le lieu alloit en cflarghTant: au moyen de quoy il feit tenir fur »»* l'a-
ies ailes du bataillon droi£t auprès de fa perfonne la gendar- p"^ 6
merie de fecours, lesTheffaliens Se Macédoniens : Se cnuoya
les Peloponncficns, 6c le furplus de la caualcnc des alliez, à
l'autre bataillon que Parmenion conduifoit. Quand Daire
euft difpofé fonarmec prefte à combattre il r'appella foudai-
nement auecvn fignallcs gens de cheual qu'il auok cnuoiez
dclalariuicre,ôecn laiffa la plus grande partie en la poindre
droicte à l'en contre de Parmenion (par ce que de ce cofté là
lacaualerie pouuoit faire beaucoup plus de dcuoir que de
l'autre) Si cnuoya le furplus à la pointte gauche vers la mon-
tagne. Mais iugeantpour élire le lieu trop ellroict, quelle luy
î
m ARRIAN DE L'HISTOIRE
fcroit inutile en ce coftc-là,ilfeit tourner bride à la plus pas*
p"kc7duf vers la poinac droi&e. Et luy ,fuyuanr la manière de f a y|
fwVwuf-'" re des Roy s de Perle, conduifoir le milieu de l'armée ciM
iours le mi- nc deux autres bataillons. Pourquoy cela fefaicf aii.' Xe-
me U e. dC ^ nophon fils de Gryllc l'a laifsé par efeript . AlcxandjH
voyantquetomelaforce prcfquc de la caualcrie des PerfeJ
eftoit tournée vers le nuage delà mcr,droiaàfoppofucdu
bataillon de Parmenio^qui eftoit défendu parla gendarme]
rie du Pcloponnefe 8c des autres alliez feulement, il y feu pa£J
fer les hommes d'armes ThclTaliens par derrière les gcnsdJ
pied le plus couuercement qu'il peut : & en leur place feitqfl
trcrlcs cheuaulxlegers qui eftoicnt fous la charge de ProtoJ
mach, Sdcs Peoniensdont Anfton eftoit colonel: & de hî^J
terieles gensdetreft, dot eftoit cher Antioeh & les Agrian M
que coduifoitAttak. Outre ceux làdlfeit tenir quelsqucsgj
de chenal, Se autres de trect auprès dclamontaigncquief^B
vn peu derrière, la part qu'elle attort.cn tournant, pour cofl
ronner l'enncmy.Ceux qui ten oient le coftê droi£t de finfM
teric, furent diuifez en deux poinctes : dont Tvne faifoit tefoi'
àDaireScaux autres Pcrfes qui eftoient de là lariuicre, T«
treferendoit vers ceux qui ciloicnt vers lamontaignc poS
charger par derrière. Deuant le bataillon qui eftoit àmaH
gauche eftoient difpofez de gens de pied les archers de Cafl
die Se deThrace fous la conduitrc de Sitalces : & cncorcs.«
uanc eux eftoit lacaualerie qui auoit efte ordonnée pour Uê
bataillon de Parmenion. Les premiers rangs de tous auoienl
cfté donnez aux eftrangers qui eftoient àlaLouldc d Alexattl
drc. Lequel iugeant que le bataillon où il eftoit n'cftoit afTqj
fort d'infanterie, ny les rangs affez ferrez, & <;u c à ion aduislJ
plus grande force de l'ennemy viendroit donner celle pafl
îlcommâda à Pendas le fils de Mcnefthce &c à P.m tond au fil
de Cleader d'y marcher auec deux côpagnics des alliez, doua
ils auoicntla charge ( dont l'vnc fappcllon Amhebuficnnc té
l'autre I^agcanncjfans que les ennemis f'en peuifent apper-
ccuoir. Et ayant faid entrer au mefmc bataillon droicl 1«
gens
D'ALEX. LE GRAND. LI. II. <>7
, Ae rrcd auec vne partie des Agnans^quclsques bandes
fGÎ^uiXiait L foulde : I les ayant M front du
X & fon infanterie tufques au delà deia poinfte .
SoS . Et quand H veit que ceux que Daire auoit ordon-
né ezà part à la montagne ne deicendoient point : ams que
aorc cu lques efearmouches qu'ils auoient £u&cs fur les
£ nnT*L quclsques bandes d'archers Vautres gens de
frfa Ils auoient : cftfe repouiftz mfques au couppeau de la mo-
Sto Squ'afepourroit ayderdes compagnies qu d
«fit cnuoyccscontreceux.là, pour renforcer fon n fa me-
né ■ & quaulici. d'eux .1 fufhroit d y mettre trois cens homes
de chenal feulement, qu'il tirade larmee pour y cnuoycr.
Av Alexandre difpoiè amfi fon armée, fut quelque temps
arreilé au front des trouppes: d'aurant qu'il y auoit apparece
que l'enuemy viendroit tard à la charge. Par ccqueDairc
n'aduancoit point fon armée barbarefque : ains eftoit atten-
dant fut la nue du flcuue, tenant les gens en bataille, en la
forte quilles auoit ordonnez du commancement . Or eftoïc
cefte riue prefquc par tout haute & droitte^ fafchcufe à mo-
ter , Se aux cndroifts où le pafiTage fembloit eftre aill il y auoit
fcià tirer des trcnchccs s dont les foldats d'Alexandre fe don-
nèrent opinion, que en foymefme Daire fc tenoit def ja pour
captif. Quand les d eux armées fe furent approchées, Alexan-
dre allant de rengen reng, commençai do nner courage à fes
gens : non pas aux capitaines généraux de l'armée feulement,
parlant à eux aucctiltres d'honneur, mais auifi aux chefs de
bandes, & autres qui auoient charge, appellant chacun d'eux
par fon nom : fcmblablcment les eftrangers qui eftoient à fon
feruice : principalement ceux qui cftoientplusfîgnalcz entre
les autres de quelque degré d'honneur , ou de quelque beau
faict d'armes. Pendant qu'il eftoit entennfàcelails comman-
cerent à crier de toutes parts, qu'il ne falloit plus attendre , Se
qu'il falloir alicr charger l'cnnemy. Voyant Tardant courage
qu'ils auoient de combattre,ja-foit que l'armec fuft toute près
del'ennemy ,lifut il toutefois d'aduis de nerien hafter; ains
a ARÏUAN DE L'HISTOIRE
fcit marcher fon armée le petit pas. de peur de defordre Scq t»
l'infanterienerompift les rangs. Quand ils furent à la porte!
du treét, ceux qui elîoient alentour d'Alexandre , Se Alexatjl
dre luy mefmcs, furent les premiers qui faduanecrent, M
doublans le pas tirent droicl: à la riuiere. La hardielfe dcfqu M
eltonna grandement les ennemis : de forte qu'on vint au çqJ
bat des mains fans auoir receu que bien peu dedomrtiaj
des gens detrecT:, qui eftoient fur l'autre nuage: Se cela auoj
bien preueu Alexandre, 5c y auoir fagement pour ueu : tefl
ment que quand les deux armées vindrent à ioindre, cgi
qui efloient à la pointte gauche des Pcrfcs tournèrent le do«
Et lors Ion cogneuc à veue d'œil que de celle part la vietnj
demeureroit à Alexandre. Toutefois les Grecs qui efloieiuJ
la fouldedeDaire voyans que la phalange des Macédonien
eftoitdiuifee(cequi eftoitaduenu par ce qu'Alexandre,
auoit pafsé la riuiere auecles premiers, auoit faitt quitter htm
ue aux Pcrfcs qui la dcfendoient : SC les autres qui fuiuoieJ
feftans mis en l'eau, nauoient peu, au moyen de ce que la ri «
eftoit haute enceftendroict, charger fennemy defigrancB
furie, ny fe tenir en ordonnance) la part qu'ils l'apperceureiB
plus feparec SC en defordre, vont donner dedans: Se là fut cofl
rageufemet combatu dVne parr Se d'autre : feflorcans les Pal
fes de repouflèrles Macédoniens dans la riuiere Se derecoM
urer l'honneur de la victoire, cftans ceux de leur part défia cm
fuite: Se les Macédoniens prenans peine de garder laviftoi™
qu'Alexandre fèmbloit auoir délia gaignec, cnfcmblc la rcpirij
ration q lafanterie Maccdoniéne feftoit acquife d'cftreinuiaa
cible. II y auoit aulfi vnc ialoufie entre les foldars dAlexadnl
àqui mieuxmieux, Se qui cmportcroitl'honcurd'auoirpluJ
ci p , tû '°f ec faifr de deuoir en cefte bataille. A cefte première chartre Pto-
rué. lomee hls de i>eleuc,apres auoir donne pluûcurs & grands cet*
moignages de fa p rouerie fut tué :& auec luy d'autres Mace*|
doniens, hommes fignalcz Se gens de bien , iufques au nom-'':
brede fix vingts. Cependant cftant défia en fuitte la poinâs'
gauche de larme c de Daire, le bataillon d'Alexandre tourne
droia
D'ALEX. LE GRAND. LI. II.
, vers k s cftraneers, &t ceux qui eftoient àlafouldcdc
nSt q "furent crJgezde telle furie, qu'ils furent repout
£3 prière: puUU&cnditeoloDgtetang.dcfonmfim-
enc ver le cofté, auquel les Perles eftoient en defordre^
SS^ircnflaoc Lacaualerie de Pcrfc.quiauoit elle
o poîecàcelledcsThcffaUcnspourleurfa^ tefte les vmt
SgervailWentpai^^
mc flce de gens de chenal: & continuèrent leurs coups les Fer-
me eue gc , noerc curent qucDaire vaincu auoit
fcs,iulqucs a cequils apperccuieut qu
pris la fuitte : Se que lesauantuners qui cftoicnt a lafoulde de
Daire auoicnccà taillez en pièces. Mais i ors de tontes parts
i-enfukent les Pcrfcs à val de rontte : Se d autant que les che-
uaux ne pouuoient gueres bien courir, au moyen de ce que {ilâe<
leurs cheuaucheurs eftoicnt armez de fortes aepefan tes ai-
mes, en futfaicf grande boucherie. Mefmcs prieurs ainfi
qu ïls fuioyent à bride abbatué, penfans gaigner les d eftroicïs
pourfelauuer, fempefehans les vus les autres de palier pour
la foullcqui y eftoit,8£f efforçant chacun d'eux de pafler le
premier, tomboient les vns fur les autres , & f'entrctuoicnt.
Quelsquesvns autant de chcual que de pied furent attainfts
parlcsTheifaliensqui lcstalonnoicntde près, Sd y perdirent
la vie. Daire fi toft qu'il eut apperceu que Iapom£te gauche
de fon armée cfloitrmfe en routte par Alexandre, monta fur
fon char : Se accompaigné des premiers des ficus, femeiten
fuitte, Se ne cefla de fuir rant que la plaine dura. Mais quand il
fut paruenu aux lieux afpres froides, illaiflale char : Se dans
jeeluy facoutelaffc, fon cfcu&fon arc : ££ montant à cheual
gaignapays àlacourfc,cuitantparce moyen, & suffi que la
nuiftfuruint, la furie des ennemis. Alexandre aiant pris le
char de Daire aucefi coutelaflë & fes autres armes, fen re-
tourna vers fon armée. 11 ne femeit toutefois à fuiure Daire r .
mfques à ce qu'il eut apperceu, que les étrangers qui eftoient
àlafouldcdc fennemy, & la caualcnc Perficnne,par l'effort
defquels fon infanterie auoit elle peu au parauant affaillic
citant endefordre, auoientefté repoufiez bien loin de la ri-
i iij
"fO
ARRIAN DE L'HISTOIRE
Cent mil
hommes de
pied morts
tic lapait de
Daire.
ta mere, la
femme {tjui
eftojt auili
fecur) & les
ccfans de
Daire p ri-
fonniers.
* dsx-rmidï
ces mil clcus.
uicre. De la part des Perfes moururêt Arfaces , RheomithrjB
& Atizyes,qui auoient efté chefs de la caualcne à la batain
donnée au Granic: cnfcmblc Sabaccs lieutenant gênerai J
Egypte, &c Bubaces homme grandement eftimé entre»
Perfes: & outre ceux là,vn grand nombre d'hommes, &.J
que de gens de pied feulement oncfhma en eftrc dcmenjfl
cent mil morts fur le châp . Ptolomce fils de Lage, qui accota
paigna a celte charte Alexandre, eferit, que ceux qmpourfuB
uoienc Daire quand il fenfuit, auoient beaucoup de pcîn«
trouucr chemin & paffage.pour la multitude des corps mojfl
des ennemis qui gif lient c (tendus fur la tcrre.Lc licumeftM
que Daire auoit fortifié pour fon camp fut pris du premier*
faut, & la turent trou uces la mere , la femme (qui crtoitjfl
feeur) de Daire: & auecques elles fon fils qui cltoit fort pefl
& deux fiênes filles accôpaignecs des femmes des plusgranB
feigneurs de Perfe, toutes lefqucllcs furent faictes prifonr»
rcs. Quant aux femmes des autres Perfes, ils les auoient ej
uoyees aucc le bagage à Damas : ou pareillement Daire avfl
faidt mener la plus part de fes finances, & beaucoup d'ainfl
meubles de pris, tels que les puilTans Roys ont accouftuj
de mener aucques eux pour mon fixer leur grandeur- qui m
caufe qu'on ne trouua pas plus de trois mil talents * au caml
Toutlefurplus des deniers fut bien toit après deliuré à Pal
menion,qui eut la commiflion d'aller à Damas. Teliefut ffl
fuë de celle bataille, qui fut donnée au temps que Nicoftwl
cftoit fouuerain magift rat à Athènes. Le îour d'après , A»
xandre, encores qu'il fe trouuaft mal, à caufe d'vn coup qu'il
auoit receu en la cuifTc, alla viiitcr les n aurez : & après auofl
fait cercher diligément par tout le châp de la hataille,les cor»
de ceux des fiés qui y auoiét efté tuez, il les feit honorable»
enterrer en la prefence de toute l'armée qui eftoit alentour efl
armes, côme prefte à côbattre : haut-loiiant chafeun de ceM
qu'il auoit veuou entendu d'autre, auoir beaucoup faict de
dcuoiràlamellec. Il feit a ufiî départir à chafquc ioldat bon-
ne fomme de deniers , félon leur mérite, ou le rang qu'ils tc-
n oient
D'ALEX. LE GRAND, LI. IL 71
. r AdksccK il iiiftituafonlieotenantgeneralcnlaCi-
Sabcr fils deWanor.qui eftok vn des gardesdu «a»
ifubrogca co fonlieu Menetes fils deDems : 8c de kpiac de
|olomfefils(kSclcuc, q oï auoît cité rue a la bataille^ en
P u^ucPolypcrchonhls de Sm.ee. 1 quitta &rcmeirau*
loK cinquintetalems détailles,* leur rendit leurs ho-
ft g , Qu/nt à la merc, la femme ft enfans de Dairc, ,1 ne le
mon ftrapalpcu fongueux d'eux. Que sques vns on laiffe
p r efcnpr que Alcxadrc eftât retourné de la chaffe de Dme
quand il fut entré en la tente qui eftoit au parlant a Daire û
entendirnon giieres loin de là des complairas Se lamenta-
tions de femmes , & qu'il deman da qui elles eûoient: & après
que ccuxqui fe trouuerêt al'entour de luy,luy eurent refpon-
du quce'eftoient la mere, la femme &e les enfans de Daire,lci-
quels eftimoient que Dairc fuft mort : par ce qu ils auoienc
ouy dire que Alexandre ayant obtenu la y.£to«re , rapponoit
l'arc d'iceluy, fa coutclaffe Se ton efeu : qu il tut emeu de piue
Se compaffion , & enuoya vers eux Lednnai vn de les plus fa-
miliers, pour leur faire entendre que Dairecftoit en cotes en
vie Se qu'il auoit laifTé fes arme Sj ia courclalk & (on cfcu dans
fon char , pour fe fauuer . Et que de fa part il vouloir Se enreii- Connoyt
doit qu'elles retiiiffcntleftat royal, laluitcc 8e\ accouitrcmct: cnuers kï
mcfmes qu'elles fuflènt appcllees Roynes.Que ce qu'il failoit Princeffes
la guerre à Dairc n'eftoir. pour aucune haine ou mauuatsvou- Ci P tlucs «
loir qu'il luy portait : mais pour l'honneur, Se à qui demeure-
toit feigneur de l'Ahc, Voila ce qu'en racontent Ptolomee Se
Anllobuîe, Mais l'on tient que le lendemain qu'Alexandre
eut gaignéceffe bataille, il alla vers ces Princeffes accompa-
gné feulement dVn de fes plu;> familiers Se amis nommêEphe-
11 ion : & que la m ère de Dairc qui ne cognoiffoit pas lequel
des deux eftoit le Roy ( d'autant qu'ils fe reffembUuent affez
bien de corps , déport, &: d accouftrement) ellefeit la reue-
renec à Epbcition par ce qu'il cftoit de plus belle reprefenta-
tion: lequel Epbcfîion fe retira vn peu en arrière : &quc quel-
qu'vn qui eftoit auprès d'elle luy monltra Alexandre ; dont
7 i ARRIAN DE L'HISTOIRE
Alexandre elle fut toute honreufe d'auoir £ailly,prcnantfvn pour Tau tre|
dia Ephc- & pourtant fc retira . Mais Alexandre lu y didt , qu'elle ncfâ
cftrcvTauTrc ftoit point abufee, par ce que EphefHon eftoit vn autre IqJ
luy-mcfmc mefmc. l'ay eferit cecy non pas comme chofe vraye^qM
nef ay-ie pas voulu taire, comme û. c'eftoit chofe conrrouuedj
&fai£te àplailïr. Tant y a que fi cela cit véritable, Alcxandrl
feft acquis vneheureufe & éternellement louable reputatioJ
entre les plus vertueux, d'auoir vfcd'vnc telle gracicuieté eJ
uers ces Prince/Tes, & d'auoir tant honore fon amy. Et en col
resquecela fufcfeincl Se controuué , fi iugeroy- ie pourt ajm
Alexandre digne de louange, d'auoir efté eftirhé tel que cell
luypcuftcftreaduenu : & que ceux qui l'ont ainfî efent , om
iugé qu'il y auoit apparence, que les chofes fe fuiTentaiaJ
portées . Dairc ce temps pendant gaignoit pays denuici tjB
qu'il p ou u oit à la courfe,auec bien peu de compagnie &tcjH
le iour il demeuroit caché en quclquclicu deftourne. Il troil
ua moyen de rallier iufques à quatre mil, que Perfcs que au!
très qui eftoient à fon fennec, qui feftoient fauuez à la fuittef
Se aueccepeude gens il marcha en la plus grande diligencM
qu'il peut vers la ville de Thapfacon , ôdariuicrc d'Euphtfl
Aoi ntas cc ^ euuc entre luy & Alexandre. D'autre cofl
Thymonte' Amyntas fib d'Antioch,Thymondas fils de Mentor, Arifteï
& autres de- medes Phcrean , Se Bianor Acarnanicn , qui auoient toutiB
mirerrr ca leurrobbc, f enfuirent a uec enuiron hui£t mil hommes, p9
jEgj-pte. les mon taignes Si lieux couucrts &c efeartez , &c i'allcrcntrcnl
dre àTripoly , ville de la Phemcie : où ils .trou ucrent cal
corcs les nauires> dans lefquelles ils eftoiêt venus de LesboKl
Se vifîtants celles qui eftoient les plus entières, & prcftcsài
faire voile, en prindrent autant qu'il leur en falloir pouif
tenir leurs foldats : Se en celte forte fenfuirent en Cyprci
ayansauant que partir mis le feu à tous les autres vailTeaux,&
fin d'ofter le moyen à l'ennemy de les fuiurc. De Cyprc
Amyntastaé ils prindrent la routte d'Egypte : où Amyntas après f'eftfli
cnjE syP tc - cflayé de faire beaucoup de chofes, fut tué par ceux du plat
pays. Pendant ce temps Pharnabazc Se Autophradates ;
c/toied
D'ALEX. LE GRAND. LI. ÎT. 73
eftoicnt demeurez en l'Ifle de Chios auec bonne garnifun:
qui après auoirenuoïé quelques vaifleaux en Co & Alicar-
ûaflè feirent voile en Siphncaucc cent vaifleaux de bonne
defenfe. Auquelheu les alla trouuer Agis Roy des Lace de-
momens dans vue galcrc à crois rames pour banc:lequel Agis monicns d ,
TCBoitlà pour recouurcr deniers pour la guerre* & a fin d'à- lié d«
uoir quelque nombre de vaifleaux: Se auflï pour demander cU "'
qu'on cnuoyaft vne armée pour guerroier par terre en la
Moree. Mais pendant qu'ils eftoient en ces termes vindrent
les nouuelles de la bataille perdue à lflc , don t ils furent gran-
dement eftonnez. Et Pharnabaze en la plus grande diligence
qu'il peut reprit le routte de l'Ifle de Chios,auec quinze cens
foldats : pour empefeber que ceux du pays ne fanent quel-
que nouucllc entreprife' quand ils entendroiêt ces mauuaifes
nouuelles. Agis ayant receu de Autophradates trente talents Agis reçoit
dix galères à trois rames pour bancJesenuoit incontinent ^j^K,
par Hippias à Ageiilas fon frere qui droit à Tenarc : auec efeus & dix
mandement depayer entietemêt cequi eftoit deuauxcom- g aIcr «-
pagnons de la marine: cela faift, tirer en Candie le plus tofl
qu'il pourrait, pour donner ordre aux affaires qui fe prefen-
teroient. Et luy après auoir fciourné quelque temps es Mes,
partit pour aller trouuer Autophradates à Alicarnafle. Ce-
pendant Aiexâdreauoit eftably fon licutcnât gênerai & go u-
uerneur au pays delaSyne, qui ef: autrement appelle Celé,
Mcnonfilsde Ccrdimas, luylaiflant de la gendarmerie des
alliez, pour la defenfe delà contrée, puis l'en eltok allé en
Phenicie. Sur le chemin vint au deuanc de luy Straton fils de
Gcroflratcs Roy des Aradscns:lcqucl Geroftrates, ainfi que
les autres Roys des Phéniciens & des Cypries.tenoicle party
de Dairc , &: pour lors eftoit auec Autophradates au faict de
la marine. Si toft que Straton fut arriué au lieu où eftoit
Alexandre, il luy meir vne couronne d or fur la teffe, Se meit R a
cnfonobciflanccl lilc d'Arade, & Marathon ville grande 3t des Aral™
opulente, firuec enterre ferme vis à vis d'Aradc: cnfcmblc cn
laatédcMariammc, 8c tout lefurplus de leurs pays, terres iSÊSt
k
74 ARÏUAN DE L'HISTOIRE
& fcigneuries. Alexandre feie quelque feiour à Marathon!
pendant lequel vindrent vers luy dcsAmbafladcurs de la patj
Lettres de JeDairc, auec lettres de créance, requérants qu'il plcuft M
faate Alexandre leur dcliurer les mère , femme Se cnians d iceluy|
Farces mcfmes lettres Daire luyremettoit en mémoire tM
miné KcÔ fédération que le feu Roy Philippe fou perc auoà|
contraaecauccAnaxerxes, laquelle alliance auoit cfte dçJ
puis rompue par le Roy Philippe du viuant du Roy Arfcsfils
d'Artaxerxcs: auquel le Roy Philippe feftoit attache , Ufl
qu'il eùft receu de luy aucune offenfc ou iniure. Et depii*
qu'il eftok paruenuàla couronne, qu'Alexandre ne f'ejM
mis en aucun dcuoir d'enuoyer vers luy: ce que toute foM
deuoit faire, pour confirmer les anciennes alliances Se cfl
fédérations. Que la caufe pourquoy il auoit pris les artdl
n'auoitefté autre que pour fe défendre & conferuer le KM
aume que fes anceitrcsluy auoiétlaifsé. Que l'iflue delà»
taille auoit efté telle que quelqu'vn des dieux l'auoit votfl
Et que ores luy citant Roy , il faifoit vncrcqucftc à vn RôJ
de luy rendre fa femme, fa m ère & fes enfans, qu'il tenfl
captifs. Qiul defiroit contraacr alliance auec luy: Se <M
pour traitter de celle affaire, il le prioit d'enuoyer vers ■
gens de fa part auccMcnifquc & Ariîma fes AmbalTadeJ
pour reccuoir Se prefter le ferment pour ccft effecl:-. JM
xandre ayant fai£t refponfc aux Ambaftadcurs, les rcnuoyi
Scauecquescux feie partir Thcriîppe pour aller vers DaS
Se luy porter lettres de fa part, fans cou ferer au ce luy de«
Rcfpôfe par fequelconquc : defquellcs lettres la teneur cftoit telle. VJ
lettres <TA- an ceftres ùltis qu'ils euifent receu aucun dommage ou iniŒj
des Grecs pailerent iadis en la Macédoine Sien toute la Gre-
ce 5 où ils fcircntlc degaft & outrage que chacun fçait. Et M
àmov,i'ay efté efleu chef de l'armée des Grecs, pourprenj
dre vengeance des torts qui leur ont efté faicts: Se à ccffej
cation fuis pafsé en Aûe. Vous aucz cnuoyc fecours aux
Perinthicns qui eftoient ennemis mrez du Roy Philippe
mon pere, Par Oche a efté cnuoyce vnc armée en la Thracey
£ qui
leiandreà
Dairc.
D'ALEX. LE GRAND. LI. II. 7%
ou icftoitnoftre. D'aduantagelc Roy Philippe mon père a
SÏÏaumment rué par ceux que vous amez praucquez &
corrompus par argent^ atriltrez pour refaire mouri . Du-
ouclfaicH detcftablcvousofez encores vousvater parles lct-
Zs que vous enuoycz de cofté Se d'autre. Outre cela vous
quia uczfaiftmourir Arles & Bagoas, dont le Royaume A
Sbe en vos mains: commandez maintenant aux Pcrfcs
otnmc leur Roy, contre tout droiû voire contre cur ou
aucz allez monilrc le peu de bien que vous me voulez, les m-
citant de tout voftre pouuoir 3 à Peileuer prendre les armes
con rre moy. Pour à quoy paruemr vous auez enuoyc deniers
aux Lacedemoniens,& encor àquclsqucs autres de la Grèce:
lciqucls toutefois pas vn des Grecs n'a voulu toucher , fors
lesLaccdcmomcns : Se en cela aucz mis tous vos efforts de
diftrairede mon party mes amis Ralliez, Se de les animer co-
tre moy. Pour ces caufes îe fuis venu auec mes forces vous
trouucr , & vous ay liuré bataille. Or puis que ie fuis demeuré
victorieux , premièrement de vos lieutenans Se gouuerncurs
de vos prouinces: Se depuis de fraîche mémoire de vous & de
vos forces en bataille rangée: Se que l'ay conquis par la faneur
des dieux l'Empire Se feigncuric dcl'Aiic : pins que aufïî vos
gens de guerre, qui fc font fauucz de la bataille Se retirez vers
moy fuiuentmamtenât de leur propre Se franche volôté mon
party (chofe qui allez euidcmcnt me déclare Seigneur de l'A-
lie,) venez vous en vers moy. Et fi vous aucz crainte de quelque
chofe, cnuoiez qui vous vouldrcz des voftres pour predre de
moy lafoy &vn faufcôdui£t,parlc moic duquelvous pourez
faire le volage en toute feureté. Quand vous lerez auec moy,
vous aurez voftre mere, voftrc femme Se vos enfans, & toute
autre chofe que vous me voudrez demander. Au refte, quâd
vousm'c fer irez cy aprcs,fouuienne vous que vous cicriucz au
Roy dcl'Aiic : Se non point corne à voftrc pareil & égal, mais
cômc à celuy qui eft maiftre &feigneur devos terres & pais Si
: autrement vous le faitStcs, ieme gouucrncray cnucrsvous,
k ij
7 S ARÎUAN DE L'HISTOIRE
„ comme enuers celuy qui aura commis felonnie contre moy".
„ Et ii vous voulez debatre le droi&de la couronne, nebotjB
„ gcz, 8c combatez vaillamment pour le défendre , fans mettre!
„ voftrc cfpcrancc en la fuitte. Car foiez afleuré que le vous fu«
„ uray de près, quelque part que puifïiez aller. Voyla ce qu'il cfJ
„ criuit àDaire. Oraiant entendu que les finances que Dair«
auoit enuoyees à Damas , & dont il auoit donné la garde M
Cophcncs fils d'Aitabaze , auoicnt efté cnlcuccspar lesgej
auec tous les Pcrfcs qui eftoient commis pour la garde d'icejl
les, Se les bagues & loyaux précieux, qui eftoient eniembleM
donna charge à Parmenion de les faire remener à Damas,»
la les faire garder foigneufement. Plus fc fouuenant des J^l
bafladeurs que les Grecs auant la bataille auoict cnuoyez vcm
Daire, & eftoient détenus pnfonniers par fesgens , il les feS
venir deuât luy. Ceux-cy eftoient Euthycles Laccdçmonieilj
TheiTalifquc fils de Ifmcnic, & Dionyfidore OlympumicicJ
tous deux Thebains : Iphicrate fi's de ccffcuy Iphicnitc AâM
nicn„ qui auoit efté General de l'armée des Athéniens. Lfl
Deliurancc quels eftans venus en la prefence d'Alexandre, il donna conM
d" Tgkcs ujr ^ ecnam P àTheflàhfquc & Dionyfidore : tant pour la pitfl
qui âùmçnt &compaflion qu'il auoit de la ville de Thcb es, qu'il auoit fifl
cftéemioyez razer, que pour ce qu'ils luy femblcrct cxcufables, S£ qui jeS
v«s Dairc. ritoient q U ' on leur pardonnait, fi leur pays aiant efté rcduM
en feruicude parles Macédoniens, ils auoiét recours aux Pefl
fes,pourauoir fecours pour eux, &r pour leur patrie. Etcncol
res pour l'honneur de ceux dont cftoit iflu Iheftalifque iljfl
deliura, d'autant qu'il eftoit d'vnedes plus nobles &plusaM
ciennesmaifonsdcThcbcs : Se Dionyfidore, pour la vidoili
qu'il auoit emportée és Ieux Olympiques. Et Iphicrate à cauï
fe de la ville d'Athènes, & de fon pere : me lin es luy feit hoiH
neur toute fa vie, le tenant près de fa perfonne : 3c quand îlfuff
mort, il donna charge de reporter fes osàfesparcns &c amis à
Athènes. Quant à Euthycles , par ce qu'il cftoit d'vnc ville qufl
f'eftoitmanifcltcmêt déclarée fon ennemie, & n "auoit ianaafl
cogneu, chofe en luy qui mentait qu'il lu y feift quelque grâce:
feauo»
D'ALEX. LE GRAND. LL IL 7?
wôu enchaîner) puisalbn* les chofes toujours de mieux
,n mieux il le bcentia auffi. Apres cela il feit partir Ion camp ^ &
de Marathon :&toft après ceux deByblon fe rendirent eux sidô rffaa
t a.rv.lleaionobeiflance. Autant en forent dcsSidomens aAl^dr,
d'eux & de leur ville de Sidon, in c.tans mefm es Alexan dre a y
aller pour la haine qu'ils portant à Dairc, 5c aux Perfcs Puis
Tyncns, qui venaient au deuant deluy,lefquels luy décla re- Ty*cos
rent leur charge, qui eitoK: Del'affeurer^e les Tyncns luy ^ -
eftoicm ctdEàScaionnez fenuccurs , Se tous prefts a exécuter
tel commandement qu'il luy plairoit leur faire. Alexandre les
reccut fort honorablcmët , & leur feit vn recueil tel qu ils me-
ritoicm( parce qu'ils cftoicnt des premiers de la Cite, entre
lefquels choit le fils du roy de Tyr: car le Roy Azelmic citoit Azdmic roy
à la guerre aucc Au tophradates, tenant le party des Pcifes , & dc T ï I -
aaoitiom&ton armée fur mer auec ceux de Au tophradates )
puis leur dônacôgé aucc charge dédire aux Tyncns qu'il les
vouloir aller voir, & entrer en leur ville, pour faire facrihcc 8c
oraifon à Hercule. Il y auoit en cette ville vii téplc d'Hercule
bien fort aneien,& dôt on falfoit grand cas: non pas de cèÛuf
Hercule Argicn qui fut fils d'Akmene; Car Hercule eftoit re-
ucré 8C tenu pour dieu à Tyr, long téps auparauant que Cad-
mcpartift dc : Ja Phcnicie, & qu'il T( mparaftdeThebcs: se lôg
temps auant que Scmclé fille de Cadmc fuft née : de laquelle
Scmelccitiifu Bacche fils delupiter. Car Bacche fut le troi-
ûcme après Cadme: par ce que Polydore fut fils de Cadme,
& de Polydore Labdac: du temps duquel Bacche ciloit en
bruicf & en honneur . Or Hercule l'Argicn cftoit du temps
de Edipe Laïen . Les /Egyptiens auffi adorent Hercule, mais Pluficursont
ccitvn autre encores que ecluy des Tyncns , ou des Grecs. ^ nom"^'
Mcfmcs Hérodote eferit, que les /Egyptiens mettent Hcrcu- Hercule,
lcau nombre des douze dieux : comme en pareil les Athcnics
adorent vu Bacche fils de Jupiter Ji; de Proferpine , autre que
leiufditf Bacche: Se que à ceftuy Bacche on chante l'hymne
k iij
Colonnes
d'Hefcule
78 ARRIAN DE L'HISTOIRE
facré lacchique Se Dionyfional, non point au Tlicbain. ofl
me fait eftimer queceft Hercule qui cft adoré en Efpaign|
parles Tartefiens, & qui adonné le nom aux Colonnes, riM
autre que leTyrien : pour autant que h ville de TartclieaoM
baftic par les Tyricns: & que le temple qui la cftdedicàaM
Dïuerficé culc eft fai& à la façon de baftir des Phéniciens. Et quant $■
?ÎXS d e r c i u ' on dl<a dc Gcr y° n > c ° Ere le i uel f * ut en ll °y >z P ar E u L '>'
Heroilc i Hercule l' Argicn, p our enlcue r par force Ces b œufs , le rosfl
Gciyon. d'Hccatec porte que cela ne touche en rien l'Efpaignc, &«
n'y a aucune ifle en toute lamci Occane du nom d ErycIjM
laquelle Hercule ait efté enuoyé : ains que le RoyaurriiM
Geryô eftoit en terre ferme, vers A mbracic Si Amphiloq»
Se que de là Hercule emmena les bœufs,eftimant faire vnaH
de proiieffe, & tel qu'il pouuoit bien eftre mis au reng desjB
uentures effranges qu'il auoit mites à fin. le fçay auifi quefl
corespour leiourd'fauy,ily a en ce paysdàde fort bcauxjH
ft u rages, efqucls on nourrit des bœufs gras à mcruciUciM
que Eurylthee a cité renommé pour anoir eu des bœufs*
celle marche. Et n'eft pas impoiîible que en celle contrcjB
ait eu vu Roy portant le nom de Geryon. Mais ie croy cm
n'y a Efpaignol au monde, qui feeuft dire que aucun RojM
fon pays ait efté iamais amlï appelle : ou que en Efpaignfl
trouue des bœufs fi gras : n'eftoit d'aduenture qu'on voujjB
feindre cela de Iunon, comme fi clic l'auoit cômandé àflH
culc parla bouche de Euryfthee: & que par des contes fai§fl
plaifir , on penfaft faire accroire vue chofe qui eit U tort eflot»
gnee de toute apparence de vérité. Alexandre donc diâ|
qu'il vouloit facrifier à ceft Hercule Tyncn. Ce qu'eitant rap-
porté aux Ty riens, ils dirent qu'ils feroient toute autre chdjl
qu'il plairoit à Alexandre leur commander: mais de laiifl
entrer aucun fuft Macédonien ou Perfe dans la ville, qu'ils ni
l'endurci oient iamais . Voila la rcfolution qu'ils pnndreBt
commelaplus conucnable au temps, &la plus f, ure pourliii
certitude de filme de la guerre. Aucc cefte rcfolution fute»}
cnuoyez de rechef leurs Ambaifadeurs vers Alexandre: qui
en Fut
D'ALEX. LE GRAND. LI. IL 79
fi* tellement courroucé, qu'il ne leur daigna faire aucune
"££Slestoretoni2«fiirlWàTyr. Puis fm le
S Sembler les plus familiers , les Princes & Cap-
n« defon armée A leur vfa de ces propos: e ne pu.s com- £
tainou^ o/,mfs nvcuic le voyage d .al- auxehefs de
ment mgcr.mes compagnons^ amis ny q > b ^ ^
crvDtcpmirccftrefcur pour nous tenans les le les celte coite ]a
gyptcpunic c LrnrmifitabIede pouriuiure Daire fi c dc
demer-.nyquilnouslo.rp 101 h taD ï ^ ^
n ° L1S ^ŒtÏoÎ^^ -
fer en roue * pa ? r tout les Perfes. l'eftime cela fore dangereux
pourbcaucoupdcraifons.mais principalement açaufc te
Grecs : de peut- que il les Perfes fc font de rechef maiftres de la
mer, après qu ds fe feront emparez des villes &places fortes
prochaines delà mer: voiants que nous feros entrez bien aua
en pais contre les Babyloniens^ contre Daire,ils mettent lus
rnepuuTante armée fur mer ,& qu'ils retirent la guerre en
Grèce : confideré mcfmcs que les Lacedçmonicns (e font dé-
clarez cftrc contre nous, &c on t pris les armes pour nos enne-
mis : & que les Athéniens, quelque bonne mine qu'ils facent ,
voyans comme les choies fe portent, fe tiennent coy plus par
crainte, que de leur propre 6c franche volonté, ou pour bien
qu'ils nous veuillent. Que fi nous prenons Tyr, toute la Phc-
■ niciccftnoftrc.Sc toutes les forces furmerdesPhenieiês(qùi
■ font grandes, &dontlcs Perfes fefeauent fort bien aider con-
■ tre nous) comme il eft à prefumer/cronr ennoftrcpuiitance.
■ Car on tçait bien que les Phéniciens, quand leurs villes feront
> noftrcs, ne fourïriront iamais que leurs citoyens, qui font fur
• mer bataillent pour les Perles, ny que les forfats & côpagnons
• delà marine facenr aucune chofe contre nous, pour leparty
• contraire. Aucc cela, ou Cypre le rendra dc noltrcparty fans
• force, ou bien en vn voyage que nous pourrons faire là aucc
» noftre armée de mer, nous l'emporterons aisément. Puis, aiâs
■ mis fus vnc armée de mer des parties dc Macédoine &Phem-
■ cie aucc le fecours des Cypriens , fans difficulté nous nous fc-
3o ARRIAN DE L'HISTOIRE
rons mailtrcs de la mer : Se par ce moyen noftrc voyage ii'4jJ
" gypteauee noftre armée en fera beaucoup plus court 8c plJJ
» feur. Et quand nous aurons mis l'/Cgyptc en noftre poiuiojri
.» il ne nous faudra plus douter ne de la Grèce, ne de nos bJH
Se affaires domcflicques : 8c Ci auec plus grand los Se rcp u J
h tion nous continueras le voyage de Babylone ; mcfmcsajH
>. laiffé noftre pays en feuretéj après que nous aurons ofté d
» puiifancc des Perfcs toute la mer,& celte contrée en ticremejl
» qui cft fur lariuicre d'Euphratc. Par celle harague il feit traf
lier bon à ceux de laffiftanec d'aificger la ville de Tyr. Et J
qui meut encorcs bien fort Iesfoldats,fut ce qu'il leur di&aM
auoit fongé. Car la nuief précédente il luy eftoitaduis qu'l
approchoit des murs delà ville de Tyr, & que luy prettH
Arlftander Hercule la main il eitoit entré dans la ville. Ce qu'interprei
vn^îon^ Ariftâdcr.que Tyr feroir prife:mais au teite que l'on trauaifl
d'AJ«an- roit beaucoup pourl'auoir; parce que les au en turcs que HeJ
culc auoit mifes àfin^uoient efte de pénible Se penlleufee™
cution. On fattendoit bien qu'aucc grande difficulté p^H
droit- on Tyr: d'autant que c'eitoit vne ville, laquelle ouerefl
qu'elle cftoit iîtuce fur vne ifle Se cnuirônce de la mer de tafl
tes parts, eftoit fortifiée de hautes murailles . Et pourautfl
qu'il la tau droit battre par mer , cela fembloit eftre aduantaM
pour les Tyricns, eftans encores pour lors les Perfcs les piul
forts fur la mer: &mefmcs que ceux de Tyr au oient graqdl
quantité de vaiffeaux fur mer. Mo nobllant toutes ces diffieufl
tez, chacun fut d'opinion qu'il falloir tenter la fortune . Prca
micrement fut arrellé de conduire &c continuer vne chauffe»
ou leuee de terre depuis la terre ferme iufques a la ville. La
^ufil^edc P ort c ^-°" hrnonncuXj, Se la mer vers le nuage du commet vif
Tyr t û feufe : Se du cofté de la ville l'eau la plus crcufen'auoit paspluâ
de trois braffees de profondeur. Mais , qui ven oit bien à pro-
pos, il y auoit force pierres, Se autres matières pnncipalemefll
de bois pour entremcflcr parraylcs pierres qu'on yietteroif,
Se n'y auoit pas beaucoup de difficulté d'affeur cries pièces
bois par ce que la terre cicoitgrafTe Se tenâte : Se fi d'autre parc 1
elle fer-
D'ALEX. LE GRAND. II. IL Si
Me&xûoit de chaux pour tenir &aflcrobler les pierres aucc le
h .16 qu'on y aiTeoit.Iointauec tout cela le courage dôc y pro -
ccdoiei les Macedoniës, se la prefence d'Alcxâdrc qui dônok
ordre a tout ce qui citouàtairc, encourageât de paroles ceux
quilafchcmét mettoictlamain àl'ouuragc,& donnât louage
à ceux qui alloientdcbon cueur en befongne. Du commâce-
mcnt,& tant que Ion befongna à celte chauflec loignant la
terre ferme, ce neitoit qucplaifir : par ce que la mer n y cft oit
pas eacores profonde: & partant les Macédoniens y maflon-
noicnt à leur aife : auflS que perfonne ne leur pouuoit^ don-
ner empefehement. Mais quand on fur paruenu où il y
auoic beaucoup d'eau, Se que Ion commença à approcher de
la ville : pour autant que ceux de dedans tiroicnt fur ceux qui
affolent cinpcfchez à Fou tirage, lefqueis eftoient mieux en
poincl pour befongner que pour fe défendre : & que les Ty-
tiens vcnoicntdc pluficurs collez de la leuec defius des pe-
tits galbons aflàiliir ceux qui y trauailloient: le moien de con-
tinuer cefte en treprife fut trouué plus difficile &: hazardeux.
Quoy voiants les Macédoniens incontinent vont drelTer
deux tours de bois au bout delà chaufleevers la mer,& les
muniflenc de battons Si engins de guerre. Puis ils couurcnt
tout à l'entourées tours de cuir de cheuaux creu, de forre
que les pots & lances à feu ne les cuiïcnt peu bruiler: 8c fi ceux
qiiifbefongnoict citaient couucrts. &c hors de danger des na-
uircs 8c des coups de treet des Tyriens . Voyants cela les Ty-
nens, fe vont aduifer d'vnc rufc,qui fut telle, lis empliflent vn
nauire à porter cheuaux de ramilles feiches 8c d'autres telles
matières, puis attachent deux mais de nauire fi longs que le
vaiflcau le peut porter àla proue, enuironnez de celte melme
matière: parmy tout cela ils en trern client force paille auec de
la poix 8c du foufre, 8c d'autres fcmblablcs choies qui l'en-
flamment facilement. En après ils pendent à chacun des mais
deux antennes de traders, au fqu elles pendoient des pots
pleins de poix 8c de foufre : & à fin que la proue fuft plus
eilcucc, ils chargent fort la poupe. Ces choies ellants ainfi
1
gf ARRIAN DE L'HISTOIRE
ore0arcC s après omis curent attendu le vent qui fmgloit vers
la chauffée, ils attachèrent ce nauire à queisques autres va^
féaux à trois rames pour banc, & à force de rame l «tirèrent
Quand ils furent auprès de t'acteher des Macédoniens, Os
notent mcontinentle feu à la matière, * P 0L1 ^^
tclcurfotcclc nauire comwleboutdclachau iic ■ M^d-
Se quand eftants les antennes rompues ,& le (oufu 6c la
po?x lettantsîa borne çà & là, le feu (c pm aux tours & au*.
Lis. Et qui eftoit le pis , on ne pouuoit feurement appi ocher
du feu pour i'efteindre,à caule des natures des Ty riens |
eftoientvenuziufquesàlachaullec^ ne bougcoient de &
D'aduantagc pluficurs des habirans de la ville aiants apperecu
q oe les tours eftoient bruflecs , fc mettoient dans des tregate*
& f e vendent rendre de toutes parts v ers la châuflee : Se r«
pans les retcnuesqueles Macédoniens auoiçnt faut, -s au de
uant de la chauffee,fans aucune rciiftcnce acheucren t de br*
1er tout ce à quoy le feu premier nauoit pom: touche. Al*
xandrefe délibéra de faue refaire la chauffée: & ^mnundl
aux foldats de porter des matières: & à fin qu il y peuft «
dauântage de tours il feu faire la chauffée plus large : feu a|
refaire 8c remonter les engins ou le feu auoit elle rMË
Apres auoirfoig leufcment pourucu àcela 5 iU'en allavcrsj
don, ayant auec luy le régiment des Aigyralpidts SeM
Aarians en intention d'affcmbler & dreiler vue flotte*
toutes les gaUeres qu'il y auoit : par ce qu'il voyou bien
tant que les Tyiiens ferment les plus puiffans fur mer bien
. . difficilement pourro^il prendre ta ville, Un ces entrerai»
Geroftrate Roy des Aradicns , fc Enylc Roy des Byblicn*
desByblkns • auo icnt reccu certaines nouuellcs d,i;e leurs villes citoicj
%£ZiïL' au pouuoir d'Alexandre , abandonnai* Aurophradatcs(J
auoit la charge que ditteft) vin drenc fe rendre a Alexandre
auec leurs forces fur mer , Se celles des Sidomcns . Au moi*
dequoy Alexandre fe veit en vn mitant, & quaû fans quu
Weiandic y penfaft a uoir quatre vingts vaiffeaux en fa pmiïance. A
rnkmc temps vmdrent auffi a Alexandre dix galères a «a*
D'ALEX. LE GRAND. LI. II. S$
M mes pour banc de la part des Rhodiens, entre lefqucllcs y
en auok vnc qu'ils appelaient la guette ou dcfcouuraute , &C
auec elle les neuf autres : puis trois de Soles & Malles , & dix
autres delà Ly ci e. Delà Macédoine auflî arriua vnc galère à
cinquante rames auec Protee, qui fut fils d'Andromque , Ca-
pitaine d'ict lie. Et peu de temps après lesRoys de Cyprc,fi
toit qu'ils curent ouy les nouuelles de ladesfaiclc & fuitte de
Daire àllîe vindrent furgir au port de Sidon , auec lix vingts
vailfeaux : qui furent bien cftonnez quand ils entendirent que
la l'heniciccifoitconquife: & fc rendirent à Alexandre. Le- Les Roisde
quel leur pardonna volontiers, d'autant qu'ils auoient fuiuy ^f^S
leparcy des Perles en celte guerre plus par force & con train- Jan j re ,
8e, qucdcicurvolontc. Pendantle temps que Ion rcfaifoit
ce qui au ou eltédcmolycxbruiîé , Se que les bandes de la ma-
rine fcxcrçoicnt , Alexandre prit auec luy quelsqucs cornet-
tes de caualcuc , les Agrians , les gens detrecf 8c les foldats
garnis de boucliers, & tira vers le mont Antiliban, qui eit vire
contrée de l'Arabie. Tous les habitans de là, les vn s par ar-
mes les autres de leur bon gré fe rendirent àfon obciiïance 8c
le vnzicmc lour d'aptes qu'il fut party pour y «lier il retourna
à Sidon . Auquel lieu il trouua Alexandre fils de Polcmo- Alexandre
crate de retour delà Moice, qui luy auoit amené quatre mil j^^ 01 ^
hommes de guerre. Qu.andla flotte fut prefte à faire voile, il "^rduic!
môta fur mer pour tirer à la ville de Tyr, ayant feulemetauec lopounefc
luy le régiment des Argyrafpides,lcfqucls luy femblercnt fuf ^y^^^" 6
firc pour la guerre nauale, fil aduenoit qu'il faufift attaquer
fennemy. Il pnt la conduire de la partie de l'armée qui elfoit
à maindroicfe, laquelle il auoit faitt cftëdtcbien loin en mer:
& eltoit fuiuy des Roys Cvpncns &c Phéniciens fors de Pny-
tagore , lequel i\ auoit ordonne auec Cratère pour conduire
fautie partie de farmec. LcsTyriens, qui uifqucs alors fe-
toient touiiours fenty forts fur mer, auoict délibéré d'y com-
battre. Mais quand ils apperceurent iî graud nombre de
vaiifcaux bien ai mez & preils à combattre tirer droicl à eux
{ or n'auoient- ils point ouy parler, que les Roys de Phcnicie
ï if
g 4 ARÏUAN DE L'HISTOIRE
Si de Cypre euffent ioinû les forces qu'ils auoiêt fur mer auofl
celles d'Alexandre ) Se que l'armee cftoit en fi bel cquipp age
( ce qu'ils auoient peu voir à leur aifc , par ce que auant que l a ;
flotte approchai! de la ville, Alexandre l'auoit fait arrefter e Q |
haute mer : puis l'ayant mife en bonne ordonnance , voy arjt
que les ennemis ne fc prefentoient point, la feu tirer vers cud
le plus haftiuement qu'il peut) ils changèrent d opiniosM
furent d'aduis de ne point combattre fur mer: ams qurï {M
roit plus expédient d'attacher enfemblc leurs gallcrcs ScM
boufeher l'entrée du port . Quand Alexandre veit quil n t
fortoit pas vn vaiffeau desTynens , il f approcha plus prjH
la ville. Où, comme il auoitquafi perdu toute eiperance M
pouuoir prendre le port qui cftoit du cofté de Sidon,àeauiè
que l'emboufcheure cftoit eftroiftc, laquelle encorcs eft«
fermée des vaiffeaux des Tyriens , qui auoient tourné il
proues vers l'enncmy : les Phéniciens allèrent charger troij
tficeux qui faifoicnt le premier front , & les meirent enfoui
incontinent. Les Tyriens qui eftoient dedans, parce quej
ville n'eftoit pas loin,fefauuerent à nage. Apres cela Aie»
drefeit retirer fa flotte à cofté delà chauffée près du riuage*
luy fembla ce lieu bien commode pour la rctraicte de m
nauircs contre l'impetuolîté des vents. Le lendemain ij M
uoya Andromach Amiral de l'armée de mer des Cy priai
donner falTaulr à la ville du cofté de Sidon : ce pendaM
feir tenir les Phéniciens de l'autre part de la chauffée vtà
l'iEgyptc , où il feit mcfmcs dreffer fon pauillon. Et ja parle
moyen des charpentiers 6c autres ouunas qu'il auoit taicba
nir de Cypre & de la Phemcie ci! oit faicte grande quantité
d'engins debatteriedes vnsdcfquels il braqua fur la chauffcejjj
dreffa les autres fur des nauircs à porter cheuaux, qu'il auoit
faicl: venir quâd & luy de Sidon, & fur des gallcrcs greffes S
pelantes. Apres qu'il eut tout mis en bon equippage, il
quâd Siquad battre la muraille delà ville du cofté de la chauf-
fée, Se de la part des nauires tout enfemblc. Contre cesca-
gins de batterie, les Tyriens auoient faitt dreffer des tours de
b ' bol
D'ALEX. LE GRAND. %t U. 85
Uni, Cm le haut de la muraille ve« la chauffée, dont ils don-
Snceffroy à ceux qui ap P H>choiem,auecpots & lances a
L quandon pcnfoit faire louer les pièces. La muraille la
Lrcquirceai doit la chauffée eftoit de ccnc cinquante pieds
de haut, &: d'efpcffcur ref pondante à la hauteur, fiebaftie de
eroffes pierres bien ioinaes fcmaffonnecs. Outre cela les
f y nens auoient letté force pierres en la mer, pour empeicher
quelesnauiresdesennemisapprochaffemde a muraille Au ^
moyen dequoy il ueftoit pas poffiblc ny feur a Alexadr e d al-
ler aucc les nauircs iufgucs contre la ville. Qupy voyant Ale-
xandre, il cercha les moyens de rompre ce que les Tyriens
auoient faid dans la mer, & d'en tirer les pierres : ce qui cftoit
malaifé à faire de dedans les nauircs.Et d auantage les Tyriens
venoient dans des nauircs qu'ils auoienc fai£t coitunr pour
empefeher que les ennemis les offeniaffcnt, &c couppoicnt les
chabics qui tenoient les ancres : tellement que les vaiffeaux
des Macédoniens ne fe pouuoient tenir arreftez. Dequoy fe-
rrant apperceu Alexâdre, il equippa plufkurs galères à trente
rames, & les arma &c munit tout à l'en tour,d ont îlfcit ietter les
ancres, & les oppofa à l'en contre des vaiffeaux des Tyriens.
Mais il ne peut iamais parce moyen empefeher les rufes des
Tyriens. Car eux eftans aduicts & accouftumez à pcfcher à
n.^c des conches & autres telles chofes foubs l'eau iufqucs au
plus profond dclameiyiageoicnt entre deux eaux,fans qu'on
les peuft defcouurir , 5c couppoientles ancres. Ce qu'ai an t en
fin dcfcouucrt, il commanda qu'au lieu des cordages on atta-
chai! les ancres à chaincs de fer. Puis ds desfirent ce qui cftoit
en l'eau , tirans les pierres auec des crocs, & par le moyen de
quelques engins qu'ils auoient, les icttôicnt en va lieu plus
creux, à fin qu'elles ne peuffent plus donner d'empcfchcmcnt.
Quand les pierres furent hors de là, les vaiffeaux approchè-
rent aifément de la muraille. Adonc les Tyriens fevoyans ré-
duits àteile cxtrtmitéjarrefcerent entre eux d'aller charger les
vaiffeaux des Cypnens, qui tenoient affiegee l'emboufchcure
du port, qui cft vers Sidon. Long temps auant qu'exécuter
1 iij
8tf ARRIAN DE L'HISTOIRE
celle entrcprinfc ils auoicnc eftcndu des voiles à l'cmaB
du port, a hu qu'on ne fapperceuft de ce qu'ils armoietjl
des galères; & cnuiron le midyf que les mariniers des MaJ
cedoniens eftoient allez ccrchcr des viurcs Se autres neceffl
fitez,& que Alexandre aiantlaifïé fa flotte de l'autre cofté
de la ville, feftok retiré à fon pauillon ) trois galères à cinl
rames pour banc, autant d'autres à quatre rames aufïi pouf s
banc, Se fept à trois, bien armées, & garnies de bon mariJ
niers Scdt compagnons de la manne &foldais choihs entra
tous ceux qui auoicnt réputation de mieux combattre fui
Tvriens rncr > vont du commancement l'vnc aptes 1 autre tout don|
^ynensp u r cemcntj ^ f ans f^j-ç bruit,f ClKrcflHU jUS d'ûrdl'C, puis toM
à coup tournent vers les Cypncnocs. Quand ils comia^B
cerent à approcher fc donnèrent courage ksvns aux autres,
puis aucc grands cris Se à force de rames allèrent charge*
les ennemis . De fortune aduint qu'Alexandre cciourïïM
iourna en fon pauillon moins que de couftume , & retour!
ua à fa flotte pluftoft que nepenioient les Ty riens . Lefquel
ce pendant chargeai! s les vai fléaux des Cypricns au dcfpofl
ueu en meircntdepremiererencontreen fond quclsques vm
qu'ils trpuucrent, vuides ceux du RoyPnyragorequi eftoieB
equippez Se armez à la hafte 3 & comme la furpnfe fi fouda^
l'auoit peu permettre , Se les gallercs à cinq rames pourbj
d'Andro des fils d'Amathufie, & de Paikrate fils de Thune,»
contraignirent les autres de fc retirer vers le nuage . Doué
cftancaduerti Alcxâdre enuok quand Si quand ces vaifTéaus
tout ainfi qu'ils eftoient equippez, affieger 1 cmboufcheiHj
re du port , à fin d'oftet le moicn aux autres vaifTeauxdJ
ennemis defortir . "Lu y auec les gallercs à cinq rames pour
banc qu'il auoit, Se cinq à trois rames, tournant a l'cntour de
la ville, tire droi£t où efloient les nauircs des Tvn en s. Ce qu'a*
perceuant ceux qui efloient fur les murailles, d'autant qu'ils
nepouuoiem cftrc cntenduzde leurs gens à caufedu bruifl
que faiioient ceux qui befbngnoient à l'attelicr , ils mottl
ftroient tantoft par vu fignal tantoflpar vn autre, que l'eM#
taf
D'ALEX. LE GRAND, LI. IL 87
•nnrochoir Icfquels finalement cntendansqucc'eftoit,
25S gagner le porc à la fuite , fans attendre îa venue
S'A Sandre: dcfa.a la plu (part fc fauucrem : mais aux au-
tres le moten fut ofté de fuir: mcfmcs vue de leurs galères
qL eftoit a cinq rames pour banc * vue autre qui eftoit
à* quatre rames 1 auffi pour banc, furent pnfes a 1 entrée
L^ort. 11 n'y eut pas g«nd perte d'hommes : par ce que
fitoftquc les Tyriem veirent leurs vaiffeaux Pf^fefa-
SÏÏd : aifement à nage au port. Quand les Macédoniens
veuêt quclcsTyncnsncfepouuo.etpIusaiderdelcursva.f-
feaux de mer, /cirent foudain braquer les pièces de batterie
contre la muraille. Lespicccsqiubattoicntdciachauflee ne
mnfoient pas beaucoup aux Tyriens pour autant que la mu-
raille cftoit fort cfpciTe & de bonne defenfe de cette part . Les
Macédoniens qui auoi ent leur carrier du colle de la ville vers
Sidon mon oiët leurs pièces fur des gallercs , & de la battoicnc
h muraillc.Mais par ce qu'on naduançoit rien par cefte voyc,
Alexandre qui ncvouloit laitier cfchapper aucun moicnde
bien faire les befongnes,feit mener toutes les pièces de batte-
rie du cofté de la ville qui eftoit tourné au midy & du cotte
de 1' /Egypte: & là fut la muraille premièrement quelque
peu endommagée & abattue : &C tout quand Se quand il feit
drefîèt des ponts, par dcffiis kfqucls auec vne grande har-
diciïcd entra : maisluy & les Macédoniens furent repouffez
par les Tyriens. Lctroriîcme iour d'après, que la mer eftoit
calme,ce qu'auoit attendu Alexâdre toutcxprcs,aprcs quel-
ques propos parluy tenuz aux capitaines & chefs de bandes
pour leur donner courage, il feu braquer les pièces de batterie
plus près: auec lesquelles eftant fai&brefche grande & raifon-
nable,il feit retirer les deux galleres,qui portoicnt les pièces,
£c reit approcher les deux, fur lcfquclles eftoient les ponts ,
L'une defquelks fut baillée aux Argyraipidcs foubs la con-
duire d'AdmeteJ'autrc aux foldats qui eftoient du régiment
de Ccne. Luy ce pendant qui fetenoit preft auec vne bande
d'Argyrafpidcs pour moncer à la brcfche , où & quand foc -
88 ARRIAN DE L'HISTOIRE
cafion fcprcfcnteroit, cnuoit certain nombre de galères M
trois rames pour banc voltiger à l'cntour des ucu> forts, a fiai
de furprendre la ville fils pouuuicncpar là, pendant que les!
Tyriensfcroientcmpefch.cz à combattre ailleurs. Outre cela
il fana aller deçà delà à l'en ui t on des murailles les galères cjul
cftoienc chargées des fers &r poinÛcs des engins, & celles qaj|
portoient les gens de treé} a couuerc, afin de les faire «ipprqj
cher quand l'opportunité de l'en aider f offrirent : comrnaj
dant qu'on les tiaft à la portée du crett , fi on ne les pouuajj
approcher plus près : à celle fin que les Tyncns le voyatji
ainfi alïiegez de toutes parts , ne feeuflent aufquels enten dreè
Si toft que les galères furent contre la muraille , & que les
ponts furent dreffez, les Argyrafpides & le premier de torç|
Admetemonterét à Ubreiche: dont n'eiteu pas loin AlcxarJ
dre,qui vouloir auoir part au trauail &c au hazard , & cftre iql
ge&fpecïateur de la vertu d es autres. Eltans les fynens reî
pouffez, incontinent que les Macédoniens p curent combat|
tre de ojcdiçrmç «caffeurê,la brelchc fut gai g née. Là Admetg
Sortie Ad- comme il encourageoit les autres à monter, fut percé depH
acte. en part dVncpicquc, donc il mourut. Alexandrcaiant gaigfl
la muraille & quelques tours auec leurs courtines, commjH
ça à marcher vers le chafteau, qui fembloit eftrc le plus aill
chemin pour defeendre à la ville. Pendant ce temps les Phcj
niciens quitenoientle portaffiegédu cofté d'Egypte ayani
rompu les chaines Se defcnfcs,aifullirent les vai fléaux desej
Demis : dont ils en mirent en pièces les vns au port mcfmes,É
les autres les aians faief donner contre terre. D'autre coftcles
Cypnens entrèrent de furie & de force dans la ville parle
port qui cft vers Sidon , qui n'cftoit fortifié à l'cntour en façoi
du monde. Incontinent que ceux de la ville veirent la muraS
le prife, ds fe recullerent, puis fc r allians enfembie fe retirer!
tous au lieu qu ils appellent Agcnonon, Se là tournèrent vifa-
gc contre les Macédoniens. Mais Alexandre y accouru taueft
fa compagnie d' Argyrafpides , qui en meit en pièces les vns,
VniazTyu pourfuiuic tout battant les autres qui tournèrent le doz. flv
eut
»
D'ALEX. LE GRAND. LI. IL 8<?
eut suffi vn grand carnage faift par les foldats de Ccnc, qui
eftoiéc encrez en la ville par leport. Qui rendon les Macédo-
niens plus animez & furieux enuerslcs Ty riens, eftoit pour
autant qu'ils auoient fi longuement fouftenu le fiege , par ce
au/fi qu'ils auoiétpris prifonniersquelsquesvns des leurs qui
venoient par mer de Sidon, Se à fin qu'ils les peufient voir, Les
auoient menez fur la muraillc,où ils les auoient cftrâglcz, puis
icttez du haut en bas en la mer. Il y eut des Tynens enuiron
huift mil hommes tuez. De Macédoniens, outre Admctc
vingt Argyrafpidcs : & en tout le fiegcen mourut enuiron
quatre cens hommes. Quant aux principaux de la villc,&: au
RoyAzclmic,& aufll aux Ambafladeurs des Carthaginois,
qui citotét là venus pour lacrificr àHer cule félon leur anciêne
couftume,& f'cftoicnt retirez dans fon tcplelors de la prife de
la ville, il leur fut pardonné : tous les autres par le comman-
dement d'Alexandre furent vendus comme efclaues,qui e-
Hoient bien en nombre trente mil. Apres cela Alcxadrepour
auoir eu bonne îfluc de cefre guerre, feit à Hercule le facrifke
qu'il au oie au parauantvoué, eftant tout fon camp &fcs vaif-
feaux de mer en bataille : mefmes il ordonna vn pris à celuy
qui veincroit és îeux de la courfe . Et pour fouuenance à ia-
mais de fa victoire, ilappendit au temple l'engin de batterie,
au ce lequel on auoit premièrement fai£t brefche àf a muraille
delà ville, &vnegaIIcreTyriennc, qui auoitefté la première
priic, laquelle eftoit confacree à Hercule. Quant au tiltre ou
îbufetiption qui y fut mife,foit qu'elle ait efte fai&eparluy
ou par autre, pour autant qu'elle ne m'afemblé mériter qu'on
en euft mémoire, ie l'ay cftimec indigne d'eftre icy couchée
par cfcnpt. V oila doc comme la ville deTyr fut pnfe Se facca-
gec: ce qui aduint au temps que Anicet eftoit fouuerain ma- u^nmagu
giftrat à Athènes au mois deluin . Durant le fiege de Tyr ftraiiAihe-
vindrenc vers Alcxâdre des Ambaifidcurs de la part deDaire ncs -
auec créance : que Daire promettoit luy donner dix mil ta- s j x raillons
lents, pour la rançon de fa m ère, fa femme Se fes enfans , qu'il dclcus '
tenoicprifonniers entre fes mains ; &aucc cette finance tous
m
$Q ARRIAN DE L'HISTOIRE
les pays, terres & fcigneurics qui font entre la riuicrc d'EuJ
Offres <3e phratc&l'Hcllcfpontj&L'vncdc fes filles en mariage, pool
SSrçwS demeurer de là en auant fon amy &c allié : Il feit aflcmblcr fol
pamcniràia confeil, voulant auoir furce l'aduis de fes plus féaux amiJ
P aix ' Quand on vint aux opinions ou dit que Parmcnion luy dit J
que fil cftoit Alexandre, il ne rcruleroit pas fi beau partyd
qu'il ne fcmettroit point d'auantageau hazard de la guerrcJ
veu que par ce moyen la guerre ccflbit. Et que Alexandre ] U J
irfpoadit, que auflipren droit il certainement ce qu'on lujj
preientoit, ['il eftoic Parmenion : mais qu'il fallou quelu»
qui eftoit Alexâdre feift les chofes qu'il appartenoit à AlexaJ
drc. Puis il feit refp on féaux Ambaifadcurs : que quant à lu*
il n'auoit que faire de l'argent de Dairc, & qu il ne voutoî
point prendre vnc partie a vn pays, dont le tout eftoit àlujj
d'autant que 8C l'argent &c toutes les terres 8c polfclTions qu'jj
d'Aklandî W prcfcntoitduy apparteiioient. Et que pour le regard de
aus Ambal- fille, il n'auoit que faire d'en demander congé ny confent*
Dairc" ^ mCnC à Dairc > P ar cc 1 UC ^ cn ' ulolC C1UI1C jl C ^ 01t
d'en faire ce qu'il voudroit de fi propre authonté. Qtifl
Daire vouloir quelque chofe de luy, il vmft luy rncfmesjl
perfonne. Ce qu'eftant rapporte à Dairc par les AmbaM
deurs , il iugeabien qu'il n'y auoit plus d'elperancc de paix
partant recommanda àlcucr gcns,& donner ordre au
delaguérre. Cependant Alexandre fc délibéra de faire*
voyage en Egypte, & y mener vncarmec : oulafottuncluj
fut fifauorable que toutes les villes de la Syrie , qu'on appel!
I PaleiHne autrement Paicftine , fe meirent volontairement & fans faH
fc rend à Aie- ou c 6train£te enfa protection &fauucgardc,fors celle de Ga-
za, où tint bon l'Eunuche Bâtis gouuerneur d'icelle. Lequel
craignant celle venue, y au oit long temps auparauât mis gafr
nifonde foldats Arabcs,auec force victuailles & autres munis
tiôs de gu erre c n affe z grande quantité pom louitenirlefiegj
bien longucmct : de forte quc,ioin£t auili l\ifficttedulieuqH
eft fortde nature,ilauoit délibéré de tenir bon côn e Alexadre
fil y venoitila ville de Gaze eft proche de la merûenuirô cinq
quart*
D'ALEX. LE GRAND. Lî. À *
mnm de iieuè! ftcft malaifé de faire les approches, à caufe du
2b e qui y cil bien haut. D'auantagc la mer vers h ville cft
tercfcaeeufe : la ville grande & fpacieufe affize fur vnc pea-
2nc : « eemte d'vnc forte muraille : & eft a derme-
£ïl.bEi prochaine*! défères a ceux qui vont delà Phe-
ni ne en /Egypte. Alexandre y eftanr paruenu affcit fou camp
^dcfloubfctcla ville, Se feu braquer les pièces de batterie a
l-i,a de la muraille qui luv fembb le plus foibie.Et ja- fou
qucaucunsruffcnt d'opinion quil cftoit impofTiblc de pren-
dre la ville de force , à caufe du ramparc qui eftoit haut a mer-
ucillcs- il dift qu'il eftoie d'aduis tout contraire : a Içauoir
qu'il leur feroit d'autant facile à la prédre, quelaprife cri 1cm-
Mon difficile & hors de toute apparence : & que ce faiâ, pour
en élire l'cntrcprifc hardie , eftonneroit les ennemis &lcur ic-
rou perdre cucur. Et fil la lailfoit derrière fans eftrc prrfe,cda
fcroir grand tort à l'opinion qu'auoicnt de luy tant les Grecs,
que les ennemis. Si fut d'aduis qu'il falloir en premier heu fai-
re vnc leuee ou terraffe à l'entour de la ville , à fin que les piè-
ces pouffent d'afïcz haut battre la muraille: & feit cômencer la u ^ dc
leucedu collé du midy , par ce qu'il fembloit eftrc plus aifc de Gazcaffie-
faircbrefchc de celte part. Quand la leuee luy fembla eftre dc g«*
bonne & luffifan te hauteur, on braqua in continent les pièces
dc batterie contre les murailles. Ce temps pendat,ainfi qu'A-
lexandre lacnfioit ,aiaiH fur la tefte vne couronne, &faifoic
les erfufions accoutumées és facrifiecs, vn certain oyfeau , de
l'clpecc de ceux qui viuent de proye volant par deffus l'autel,
laiifa tomber vne pierre qu'il portoit en fes ferres, droitt fur la
teftcdVceluy . Qui fut vn prodige qu'Alexandre eftima ne P'odi^ein-
« ■ * } - — ' r t i a -A i 'i («oreie par
dcuoir eltre mis amclpns: ains demanda a Arutandcr ce qu il ^„ftander.
luy en fembloic : lequel luy refpondir, que pour feur il pren-
droit la ville. Au furplus.qu il falloir qu'il fe donnaft de garde,
pour ce qu'il tombeioit en danger. S uiuant lequel aduertiffe-
ment il fe tcnoit hors la ponce du rrecî. Mais quand il veit les
Arabes faicc vne faillie delà ville, & mettre le feu aux pièces &
engins de batterie : 5c qu'ils au oient prefque deûa chafsé de
m ij
9 , ARRIAN DE L;HISTOIRE
dcflus latence les Macédoniens, iefquels ils nauroient qusj|
ainfi qu'il leur plaifou, d'autant qu'ils combatroicnt d'enhauJ
contre les Macédoniens, qui cltoicnt en lieu plus bas : fuftoJ
qu'il ue feift cas del'aducrtuTcmciu , que luy auoit donné f oa J
deuin » ou que pour cftrc cm eu du pcriloù il voyoïccftrefijl
gens il euft pour lors mis en oubly ce qui luy auoir cité pre.|j
dia ïl courutie plus viftement qu'il peutaccompignefcuUj
mentdVneenfcigned'Argyrafpides, la parc oui] veirquetf
Macédoniens auoient plus affaire defecours , Icîquels il en*
pefcha par fa prefence de fuir Se d'abandonner la tcrralle 5c ld
pièces. Ainfi qu'il fc diligencoit d'aller, il récent vu coup qj
bldlT^ P"ça fa rudache Si fon corfclcc , 5c Icbleifa en l'efpaule . Lors
il fc fouuintdc ce qu auoit predift Anftandcr , & le cogne*
cftre véritable : Ktoutnauré qu'il eftoit, fi fut-il neantmoim
bien ioycux, par ce qu'il eut cfperancc qu'il pourrait prend*
la ville. Ce pendant il fefeit amener par mer d'autres engifl
de guerre, qui eftoieat ceux auec Iefquels auoit efté battue'»
prifclavilledeTyrpeuauparauât: Si feit continuer la terra|
fe àl'entour delà ville d'enuiron deux cens cinquante pas*
largeur, Se deux cens cinquante pieds de hauteur. PuisB
braqua les pièces de batterie fur la terraffe , & comme!
on à battre la muraille, U à faire des fappes par deffoubs terl
en tirant la terre le plus couucrtemêc qu'il eftoit pomblc, J
peur que les ennemis f en apperceuffent. Aumoicn de quel
fut faierc brefche en beaucoup de lieux, tant par la bacterij
que par ce que la terre faffaifloit à caufe des fappes & lieux
vuides foubsterrains. Etcontraignoienc les Macédonien^
coups de trefteeux delà ville d'abandonner les tours & cour-
tines dont ils tiroient. Lefqucls toutefois fouftmdrenr viM
lammct trois aiTaultsfort afpres & furieux des Macédoniens;
dont ils eu tuèrent Scblelfercnt grand nombre. Maisquandj
Alexandre eut faift affaillir la ville de routes pans par fon M
fanteric, qu'il enuoya toute enfembleàfaiTauIt: S£ que en va
endroid la muraille fappee tomboir, en vn autre fe faifoit
autre nouuelle brefche, parla violence de la batterie; de forte
qui
D'AT.KX. LE GRAND. Il II. «
iùSj femblou eilrc aitc aux Macédoniens d'emrer par cf-
Sallidc en la ville, ils commanecrent a perdre tueur De
rnutès parts on drcilbit des efchcllcs contre les murailles,
Lvauoic débat entre les Macédoniens conuoitcux d hon-
neur à qui franchiroûle premier la muraille: quand Neo-
Lleme qui eftoit de liUuftre &c ancienne race des Eaci-
ûCS se eftoit de la gendarmerie des amis, monta le pre-
mier . Apres luy d'autres, puis d autres, lufques a ce qu eftans
plufieurs entrez en la ville, ils ouurirent les portes aux autres,
de façon que toute l'armée y entra. Ne cefferent toutefois
pour cela les Gazeans de combattre, quoy quils fc veillent
en celle extrémité: ains continuans leurs premiers coups, le
prefentoientcuxmcfmes au péril, Se fefforçoient encoresde
ïepouffer les ennemis. Et tant qu'ils eftozcnr ( tant ils auoicnt Ga« pafc
decouraec) au lieu mefme où ils combattoient y laiilcrenc
la vie. Les femmes 8c enfans dcfquels, eftans après faiéfc
efclaucs, Alexandre meit dans la ville ceux du
pays circonuoifin: &c fc feruit de celle pla-
ce de là en auant comme dvn ar-
cenal&magafin en ce
voyage .
j/iV J>V SECOND LIVRE.
m uj
94
TROISIESME LIVRE
DES FAICTS ET CO N-l
qvestes d'Alexandre
le JranDj Roy des
Macédoniens.
Alexandre
fa chemine.
en Egy-
pte.
Peluim ville
Egypte.
Mai aces vi-
ce ro y d'JE-
gypte.
ÎM gypte re-
duiâc loubs
l'obeïflance
d'Akiandie.
Hcliapolij
VîJIe.
Lixandre citant part y de là poaé
tirer en iEgyptc,dont il aiioit cncrc4
pris le voyage, arriua à Pclulium lcfcj
ptiéme lour d'apres qu'il rut partyH
Gaze : faifant voile , au fur qu'il nufl
choit en pays, fon armée de mer, dH
cftoit partie de la Phcniac , & teno^H
cofte d'iEgyptc: de manière que quaojB
il arriua à PcluGum, ily trouua les vaifleaux à la rade. PdH
lors eftoit Viccroy &c gouuerneur d' /£ gypte vn nomracMJ
zaces , lequel auoit efte bien aduerty de la dcsfaicte & ruitfl
hontcufedeDaireàlfle. D'auantagc que la Phemcic Si la Sy-
rie, & vne bonne partie des villes d'Arabie , cil: oient dclîa en J -
l'obeïflance d'Alexâdre. Quoy confiderant , & que les forces
qu'il auoit n'efloict bâfrantes pour faire cefte, feu vnc ordon-
nance, qu'il feit publier par tout le pays: Qu'on euft à recc-
uoir amiablement Se le plus honnorablement que faire fc
pourroit, le Roy Alexandre, tant és villes, que au platpays^
Ellant Alexandre entré à Pelufium fans coups donner, ily'
m ci t garni fon : puis feit mener fa flotte contremont lariuierc
droi£t à Memphis: jSiluy prit ion chemin vers Heiiopolis.
En
D 5 A L E X. LE GRAND, LI. III. 9$
En allant il auoitàmain droiûe le Nil Se ceux de la contrée ,
f flicfurc qu'il entroit en pays fe rcndoicnt a luy. Il amua a
Hcliopohs par les deferts. Et de la paflam la muerc alla a a à
Memph... Auquel lieu il feit facrificc aux dicu^fpecialcment "«-F**
Tapis : & feu ioucr des icux de pris a a luicte, & de mufiquc ;
aufqueis fe trompent des maiftres d eientne , qui auoic» k
bruu en la Grèce d'eftre ks premiers. Au partir de Mcmphis
fife meit fur la nuierc,& alla defeendre a la mer, aiant fur l eau
auecluy les Argyrafpidcs,les Agrians , les gens de treO « a
cornette Rbyaïcdcs amis. Alla defeendre a Canope. Delà
coftovant les marefts Mareoudes ,U arriuaau heu ou main-
tenant la ville d'Alexandrie, portant le nom defon fondateur,
cft lïiucc. Le plan Se affiette de ce lieu luy fcmbla fort propre
& commode pour y baltirvne ville ■ prelagiant en fon efpnt De rcdlficiJ
celle riche Scfameufc cicc.qui feroitlladucmr. Suiuanr donc 00 de kvil-
l'cnuie grande qu'il auoit de celte cntrepnfe, commença a fai- ^ ^ 7
ic le proieft dVne ville, en quel endroit il baftiroit le palais,en ^g ypM .
quel endroit les têples , à quels Se combien de dieux Grecs, Se
à Ifis f /Egyptienne: finalement en quelle part il prendrait la
ceinture des murailles. Ainfi qu'il fàcrifioic pour ceft eftéa les
entrailles des belles immolées donnèrent à entendre quelle
en feroit Mue : meimes Ion di£t (ce qui ne fcmblc pas du
tout incroyable) que, comme Alexandre cft oit après pour
faire dcfîgnarxon Se proieâ de la ville, & n'auoit rien pour
marquer en terre par où Ion deuoit dreifer l'alignement,
il feu par l'aduis d'vn certain charpentier les marques de fen-
ccin£tedcs mursauec.de la farine. Etque lesdeuinsj &mef-
mc5 AnttanderTclmirfien tout le premier, (qui auoitpredict
a Alexandre beaucoup déchoies quiluycitoicntaducnu.es) p mliajons
quand Us curent bien contemplé l'aflicte du lieu, dirent que des deuins
celte ville là lèroit riche Se opulente en toutes chofes: mais j^^" 6
fur tout, quelle 1er oit abondante en bleds, hn ces entrefaites drie,
Egiloch airiuc de nouucau en /Egypte apporta r.ouuellcs à
Alexandre que ceux de fille de Tcncdo auoient abandonné
les Perles pour fuiure ion party : lciqaels auoient porté obcif-
ARRIAN DE L'HISTOIRE
Les Iflcs de
Tencdo SC
Chio remi-
fes en l'o-
beifTanee
d'Alexan-
dre.
Pharnabaze
& Ariftonic
prisonniers.
ta ville de
Mitylenes
icpnfe par
les Macédo-
niens.
L'Iflc de Co
reprife par
Amphoterc.
Pharnabaze
efcKappé.
Du voyage
d'Alexandre
au temple de
Iupiccr Am-
nion en Li-
bye.
De Perfcc î:
Hercule.
fan ce par le parte aux Pcrfcs par contrainte &c non de letdj
bon gré. Que pareille m cnt'ceux de Chio feftoient affranchis
delà domination de ceux que Pharnabaze &c Au top brada tes
lcurauoiét lailïcz en garmfon.Mcfmcs que Pharnabaze auoit
eftéfaia prifonnicr, Semis en bonne Se force garde. Que AriJ
ftonic prince Lesbien auoit auffi elle pris, ainii qu'il le pêfoj*
retirer côme en fa uueté à vn port d c Chio auecanq nauifl
de corfaires ; n'ayat pas encores eftè aduerty, és mains de qui
eftoiteeport: ains cftimantquc les vaiileaux qu'il auoit vc\M
alentour du port fu lient ceux de Pharnabaze, & que cousl»
corfaires auoient efte mis au fildcl'efpce. Qtnl auoit amène
auecluy Ariftonic Apollonides de ChiOj Philin &c Megareei
& tous les autres qui auoient efté autheurs de ce que ccux-S
rillede Chio auoient fuiuy le party dcsPerfes, puis auoientf
gouuerné les affaires d'iceux à leur plaifîr. Outre cela qu'oj
auoit trouuc moyen de retirer la ville de Mitylenes des maitJ
de Chares, qui y cotnmandoit. Et que toutes les autres plafl
des Lesbiens feftoient rendues de leur plein vouloir, Que
Amphoterc auoit cité mandé de ceux de l'IiledeCo, otfl
eftoit alléauccfoixantcvaiffeaux : Se mcfmcs qu'il auoit cm
tendu depuis fou embarquement pour tirer en Egypte «
Amphotcre feftoit délia faict maiftre de celle Ille . JÊ
relie qu'on luy a m en oit tous les prifonnicrs, fors Phare»
baze , lequel eftoit efchappé tout feul , f'eftant defrobé de m
gardes. Alexandre bien joyeux de ces nouuelles, licencia le*;
Princes. Et quant à Apollonides & aux autres de Chio, il ieïj
feit mener à la ville d'Elephantine, pour cftrc là detenui
foubs bon ne garde. Apres cela il prit enuic à Alexandre d'alld
vifitcrlc temple de Iupiter Ammon le Libyen, pour en tirer
des oracles, Icfqucls on tenoit pour véritables. C'efloit auffl
principalement pour autant que fon difoii que Perfee K
Hercule y auoient fai&lc pèlerinage, pour.iuoir des oraclflj
de ce Dieu,à fçauoir Perfcc lors que par le commandement
de Poîyde£te il alla côbattre la Gorgonne: &c Hercule, quand
il fut enuoyé par Euryfthce en Libye à l'en contre d'Antee, &
en
D'ALEX. LE GRAND. LI III. j> 7
Egypte contre Bufyris. Canl y auoit vnecertairic ialou- A|otfte ^
f en Alexandre enuers ces deux, a eau le de 1 honneur &
.rmee qu'où leur portoit,& euft bien voulu qu'on euft eu neur ¥™
o nu] ion qu'il cftoudtïccndu de mefmc lignée. Etquamh r Vc(fce &
foicil difcitque fesanceftres eftoient îffns de lupiter: tout Hercule
ainlï que, comme racontent les poètes , lupiter fut pere de
P tiecSc de Hercule. Ilfaifok donc le pèlerinage de lupiter
Ammon jP ourauoir(àcequonenpouuoitiugerJpluS gran-
de vérification & aiTeurar.ce de fa généalogie, S cftant mis en
chemm parles défères de Libye lufqucs à Paretonium, co-
ftoy àt daflez loin la mer, il feit enuiron cent heues qu lltrou-
Boitcncorcs quelque peu d'eau ,amfi que recite Ariftobule :
puis le reculant de la mer, il tourna fon chemin vers la ville
de McfTogaba, où eftoit le temple d'Ammon. Or eftoit toute
celte contrée la déferre Si fans aucune habitation , par ce que
tout y cft couuert de fable , & fur tout y a grandement faute
d'eau. Cô me il gagnoit pays tôbavne pluye fort grolTe 3 ce que
Ion refera à ce qu'il eftoit de la race des dieux: comme on feit
pareillement ce qui aduint depuis. Quand le vent de midy
donne encesheuxlà, il elleue ordinairement Se faiet voiler
les fables deçà delà, &c efface les traces des chemins^: qui eft
caufe qu'on fcfgarc incontinent, & ne fçait on plus où on eft:
toutamfi que fi on chemin oit fur la mer. D'autant qu'il n'y a
aucune remarque, point dcmontajgnes, pas vn tertre: mef-
jncs n'y avn feul arbre dont les pèlerins peulTent recognoi-
ftre leur adrefle, comme font ceux qui vont fur la mer , qui fe
conduifcnt feulement parla remarque qu'ils ont des aftrcs. ,
Aumoicndequoy citants ainli les chcnuns tous couucrts de i exan j re ef _
fable, l'arm ce alloit errant çà & là, fans tenir chemin ny fen- garce és dé-
lier: voire mefmc ceux qui les guidoient ne fçauoient plus de Ll ~
où ils alloient . Comme dscftoicnt en cefte peine Ion va ap- Deux Dra-
perceuoir, ainii que Ptolomee eferit, deux dragons deuant &° a *
l'armee,commc fils fefufTentprefcntez pour fenur de guides faLiec, 6
{Icfqucls Alexandre voulut qu'on creuft cftre là enuoyezpar
les dieux &: qu'on les fùyuift)qui monftrcrcncaucc certains
n
ARRIAN DE L'HISTOIRE
cris le chemin à vne riuiere: Srqueautant en fcircnt-ilsau«
tour. Mais Ariftobule, l'opinion duquel cftfuyuie debcafl
coup plus de gens, efent ,quc c'eftoicnt deux corbeaux qn|
alloientdeuant l'armée, & cftoient comme guides des.chJ
Bains . Quant à moy ie croiray bien que Alexandre aurdj
efté fecouru par quelque prodige: & neft pas du tout iJ
croyable que cela fou aduenuàce Roy, qmfcmbloit n'eil
né que pourrcceuoir le plus grand honneur du monde. MaH
d'aOeurcr comment ny par quel moten il auroit efte Iccoujl
&aidé des dieux, ie ne le puis faire, pour la difeordance q u j
Defcriptbn entre ceux qui en ont cfcnpt. Le lieu auquel le temj
du lieu où cil d'Ammon eft fittic, eft enuironne de toutes parcs de gratis
pi" d'Ln" 1 ' dcfertsprcfquctouscouuertsdcfable: aucc cela y a graffll
mon. faute d'eau ; &. au milieu de ces fables eft vn terroir fbrtpeflB
comme de deux lieues & demie d'eftendue,à l'cndroift cnij
oùilfeftend plus, qui porte des oliuiers , palmiers & ai
arbres fruiftiers, Se eft feu l en tout le pays qui foit cmbelt
Fontaincad- verdure & deflcurs. La lourd vue fontaine, qui eft d'à
nature que toutes les autres : par ce que 1 eau d 1 celle eft tiefl
aupoinct du iour, froide à midy , chaude fur le foir, & bo|
lante à ininuicr : puis après elle comrnançc àfe refroidir]
à petit, de forte que fur le matin elle redeuientuede. Et;
chacun iour &nuic"t elle fe fai£t chaude Se froide l'vn apfl
l'autre. Le terroir du pays cngêdre du fel,duqucl les presbfl
du temple ont de couftume de porter pour prelcnt dansfl
panniersfaifts de palmier aux Roys d'yEgypïe, & ancres. Ils
le m ent par pierres longues aucunes iniques à crois doigfsH
plus, qui font toutes relies que cryftal. De ce tel vient ordinal
rement en leurs facnrices les égyptiens & ancres gës qui^ciB
Icscenmonies de leur religion en reuerence: comme elBfl
ce fel plus pur que celuy delà mer. Apres qu' AlexandrcaM
bien contemplé auec admiration Se reuerence là natitrelfl
lieu, il alla vers l'oracle : duquel ayant eu rcfponfc à fou gré, &
comme il difoit, toute telle qu'iîladcfiroit, ainli que tefntrol
gne Ariftobule, il f'en retourna en /Egypte, par ie mefme
cheiuifl
Sel eoncrec
eu terre.
Alexandre
D'ALEX. LE GRAND. LI. fil. g* 1
chemin qu'il auoit tenu à aller. Ptolomcc au contraire eferit,
qu'il prit vn autre chemin pour retournerai eftoitplus droit
pour aller à Memphis. Auquel lieu eftoient arriuecs de la
Grèce pluûcurs ambaffades, lefqucls illicétia auec tout tel cô-
tentement & depekhes qu'ils demandoiem. Auilï y eftoient
aii-uiczdcs compaignics nouucllcs : fçauoir cft quatre cens
auantui icrs Gras de foulte, que Antipater luy enuoyoït fous
la conduite de Mcnctc fils de Hegeiandcr : de IaThraçe près
de cinq cens , dont Aûlcpiodorc fils d'Eunic eftoit chef, Ilfeit
en ce lieu vniacniîce àlupkcr le Roy auec toute fou armée
qui eftoit ordonnée eu batai%,où dfeit largefle: Se ordonna
des icux de pris a la lumc & pour la mufique. Apres cela il fe
nicit à donner ordre a l'es affaires d'i£gypte : Srpour com-
mancer il eftaWiï deux les lieu ceoans 8c gouucrneurs du pays,
àfçauoirDoloaipis & Vctifis. Entre lefqucls aiant diuifé tout
le p^iysd'/Egypie, il aduint que Perdis ne voulut point acce- ^"Tgîc!
ptcrlamoichéqui luy auoit eilé attribuée : àradon dequoy il métpourJq
donna le goiiucrnement entier à Doloafpis. Et pour capital- jj^"""^"
jks des gaimions il elioiiit entre ceux qui eftoient de lagen- gypte.
darmcriedcs amis Panulcon de Pydne pour Mcmpbis: pour
Pclufium, Poli mon fils de Megacles Pélican : Se pour lagar-
nifon cftrangcre d cftabluLycidas Etolicn , auec ion feerctai-
re Eugnojïc fils de .Xcnopruntcs, qui eftoit aufïï des amis:
aufquels il adioufta pour côtrerollcurs &furk)tendans Efcby-
le,& Ephippc de Chalcidonic. Et pour gouuerncr la Libye
qui cft voiiine de l'vEgy pte,il y laiffa Apoilonic fils deCharin.
Et cnccftc partie de 1" Arabie qui cft vers la ville communé-
ment appcllcc la ville des demidieux, il ordônapour ion lieu-
tenant Cleomene tcuaucratien : auec mandement de laiftèr
gouuerncr Iaiufticc par les BaïUifs & Scncfchaux des licux/e-
lonleuisloix&coiiftumcsancicnnes: & tenir la main au rc-
couuremcnt & cueillette des finances,qu'ilauoit ordônc cftre
leuecs fur le pays. Sur toutes les compaignics de gens de
guerre qu'dlaida en /Egypte il eftablit fes lieu tenâs généraux
1 euceftas fils de Marcawcc, & Baiacre fils d'Amynus . Il feit
n ij
I00 ARM AN DE L'HISTOIRE
fou admirai fur h mer Polemon fils dcTheramcnes : & en \À
pl icc de Balacrcqui cftoit paraulc vn des gardes de fon corp$
il y pourucut delà perfonne de Lconnat fils d'Onafe. AuliJ
de Annub & Antioch capitaines de gens de trca,qui cftoi cnt
décédez il donna le régiment entier des gens de trect à Oaj
brion de Candie . Et quant a l'Infanterie des alliez qu il eft^
délibéré de biffer en /Egvp te, delqucls aururauant auoitcftj
colonnel &àkcré,il en donna la charge à Cara n . Qui hnzià
fe à ce qu'on di£t, qu'il inftitua tant de chefs & mundansj
Pmirquoy gouucrnement dupais d',£gyptc,fut pour autant que quaJ
Aiexîdrcor- n eut bien coniideré la nature du pays , &vihce les places ■
1°"ra*iJErron tcs d'iceluy,il luy fcmbla bien, qu'il ne fer oit pas feut de eoa|
îcsfoSgou mettre la charge &c gouucrnement d'vn tel pays a vn hotfl
vaaati- ç CQ \ £ n q Uoy | es Romains me femblent auoir fuiuy : exemj
ErLmaï, d'Alexandre au gouucrnement de l'Egypte , pour n'y auj
nc commet- iarna is commis perfonne duScnat, pour la régir &' goujB
&St ner : mais feulement quelqu'vn de l'ordre des cheuaUers. Sur
gouutrnc- Je printemps Alexandre fe meit en chemin pourretoiM
mon* %- vers la phemcie : $c palfa le Nil & les deftours d'iceluy àfl
EirtfA- droit* de Memphis, y ayant faiâ drellcr vn pont: 8c M
kxandre en mma à Tyr , où il trouua fa flotte : Se là il facnfia de rcdjfl
bPhemck. HerculCj & y ordonna des ieux de pris. En ces enircffl
vindrent vers iuy des Ambaffadcurs des Athéniens, D|
phant Se Achille, Se auecques euxencor ceux des paysvl
fins des Athéniens, &c en la mefme cofte : autqueisil oârofl
du premier coup ce qu'ils demandoicnt . Aux Athéniens
furent renuoyez fans rançon les pnfonniers des leurs, qui
auoicnt efte pris au Granique . Et ayant eu a duc rudi-
ment qu'il y auoit quelque trouble en la M orée , il fc délibéra
d'cnuoyer Amphotcrcpourfecounr ceux de la Moree,JB
auoicnt vaillamment refifté aux Lacedemoniens pendant
guerre de Perfe. Il eniotgnitaux Phéniciens & Cypnens de*
quipper cent vaiiïeaux outre ceux que ja ils auoicnt. Et apw
qu'il euft depefchcAmphocere, lequel il cftablit général *
1 armée qu'il enuoyoit à la Morcc : il pafia outre &c entra pW
D'ALEX. LE GRAND. Lî. HT. toi
,,nmvs tirant droia vers TapCich , &c la riuiere d'Eu-
"fi avant laifsc en la Pheni de Cerao de Berrcc pour fon '
Kforiêr gênerais ês parties de l'Ane qui ion c vers le mont
?*Taure Pbiloxene. Et quant aux financesqu il auoitaucç
tin donna le mamement à Hatpâlc his de Mâchâtes,
Sdteh raourned'cxilpeu auparauant^fut fubroge en
?c rphee Ccft Harpalc ert ecluy, lequel pour tcftrc moa-
^C^ionnLufcruice d'Alexandre du viuanc du
Roy lMul.ppe, auou elle côrramt vuider le pays de Macédoi-
ne: comme auffi Se pour la mcfmc occahon, auoient hxA
PtolomecfiIsdcLagc,Ncarche fils d Audronn fctigyc fils de
Lanch&Laomcdonfon frère. Car le Roy Philippe com-
mença à auoir ioufpeçon fur Alexandre fi toit qu ii eut laifsc
Olympias, qui eftoit mere d'Alexandre, pour prendre a rem-
me F urydicl Et après le trefpas du Roy Philippe ceux cy re-
tournerêt d'exil. D'entre ceux qui auoient de bon cueurpour
l'amour de luy enduré d'eftre bannis, il donna a Pcolomee fils Garfc U
de Lage vue place de garde de fon corps: feie intendant de fes "g*
finances Harpalc, par ce qu'il eftoie de petite complexion 8c
foible de corps, Se partant mal propre aufaicr. delà guerre. 11 A l«anJre
mfbtua Enevc colonnel de la gendarmerie des alliez : & à «compeofe
Laomedon fon frere, pour autant qu il cntcdoit rort bien les fcruitcuIS>
deux langues, &auffi les étranger es, il luy donna la charge
des prifbnniers de guerre effrange' s . Quand àNearch, il le
fcit ion ltcutenât gênerai au gouuernementdela Lycie, & de
tout le pays bas vers la mer mfques à la montagne de Taure.
Quelque temps auant la bataille donnée iliTc,Harpale eftant
poufsé par Taurii'que, qui cftoit homme malin & caut,& luy
auoit mis quelque fancafîe en tcfte,fcn eftoir fuy auec luy.
Quant àTaiirifque,ilfe retira en Italie vers Alexandre Roy
d'bpire,& mourut là. Mais Harpalc n'alla pas plus loin que
M égare: auquel lieu Alcxâdreluy manda , qu'il retournait en
feurcté vers luy, iuy promettant par ferment, qu'il ne luy fe-
roitmesfliictncmcfditî: en manière quelconque, de ce qu'il
fen citoitailé. Aucc ce faut conduit &aiTcur«tnce retourna
n Ui
J
icz ARÏU AN DE, L'HISTOIRE
Harpalc. Auquel Alexandre ne pardonna pas feulera en^ra^l
k feit, comme di£t eit , intendant de fes finances . Il enuJM
Jyknander qui cfto.it des amis pour Satrape en Lydie . & c ft a „
blu Clcarch colonncl ;de l'infanterie eftrangcrc au licude
Mcnandcr. Enta pb.ee d'Arimmas, il fubrogea Afelcpi^
dore fils de Eunicaugouucrncmcnt delà Syrie : pour autanj
que au voyage de la haute Egypte , An m mas , qui auoit cfi|
de pu té cômiiTairc des viures & autres munitions de caïupS
eftoit porté trop arrogamment, & comme par mani^^B
dire, {'il cuit trié le Roy mcfmcs. L'amuce d'AIexaajM
Tapfach fut au temps que Anftophanc gouucrnoit
blique d'Athènes : auquel lieu Alexandre trouua dcuxgj^B
faieïs fur la nui ère. Car Mazce auquel Dairc au on comn^H
garde & defenfe de la riuiercjuy aiant donc trois nul h 6 J
de chcuai,donty en au oit deux nul Grecs de fouhc, y aifl
cité quelque ceps en garni fcxn. Cesponts n'cftoient pas^H
cbeuez } &; ne touchoiét pas iufqucs a l'autre bort:toutcfq^B
Macciioniés Gurêr quelque cram£tc que ceux qui cftoict afl
Mazce de faune cofié du fleuue, paracheu aliène les pontS
vinfîent don er fur eux au deipourucu.Mais fi toft que Mafl
eut fenty lèvent que Alexandre approchoit de ce lieu, il H
gnalchaut auec toute la garde qu'il au oit. Apres le partent
duquel Alexandre feit incontinent parfaire ies ponts JtifdH
àfautreriuaige, & feir quand & quand palier toute fou arojfl
^fcTEu- ^ U1S aucun danger. Puis entra en pays , tirant du collé
phx«c. Mefopotamic. Il auoit à main gauche l'Eufrate & les mq^B
gn e s c l'A r m cm t : & n e feil o i gn o 1 1 gu er es de la r i uicr e a u ce ion
armée, ne tenant pas le grand chemin ordinaire pour aller i
Babylon, combien que ce fuit le plus droict : d'autant que s%
chemin qu'il prenoit y auoit plus grande abondance de fbu-
rages &r autres munitions , & que par îàla chaleur nclcsmflï
leftoitpastantcn cheminant. Comme Alexandre cftou ea
chemin, furent pris quclsqucs vns de l'armée de Dair^H
eftoiciK cnuoycz pour dtlcouurir : par lefquels il içeut q^jj
Dairc & toute l'on armée citoient campez au fleuue du Th.
D'ALEX. LE GRAND. LT. fît ïo$
àfindcluyboufchcr&crnpcfcher lepafTâge, &que fon
g rmcccltoic beaucoup plusgrolTc que celle qu'il auoit à la ba-
ille précédente, qui fut donnée en la Cihcie. Quoy entendu
Hfe.tentouted.l.gcncem.rcher foncampdro.d à larnucrc
duTi-re.Ma.sil n'y trouua ny Da.rc ny la garde que Dairc »J**
yauoSlaiffcc.Parquoy, ja-foit que ce fuftauec grande peine,
à caufe que le cours de l'eau y efr roidc, il paflâ lanuicre par vn
endroift qu'il trouua gueablc, fans que perfonne fe preientaft
pourl'cmpcrchcr de pana. Et là il donna quelque temps a
fon armée, quieftoit lafle & trauailiec du chemin, pour ic ra-
fraîchir. En ces jours- là y eut grande eclipfc de Lune, à eau- EcUpfi <fe.
fedeqnoy Alexandre feit vnfacrifice à la Lune, au Soleil, & Luiie -
pareillement à la terre : par le moyen de laquelle on tient que
l'eclipfefcfaïa. A qnoyaiant bien fo n gn eufem en t pris garde _
Anftander,dia que celte cclipfe promettoit aux Macédo-
niens, à Alexandre principalement, toutes chofes bonnes:
qu'il feroit bon de dôner bataille à Daire pendant ce mois : &C
que les entrailles des victimes immolées promettoienc la vi-
ctoire à Alexandre . Au partir delà Alexandre marcha au tra-
uersdei'Afïyrie,ayantàmain gauche les môtaigncs desSog-
diâs,à droiit IcTigrc. Le quatneime iour d'après qu'il fut par-
tv,les auanteoureurs qu'il auoit cnuoyèpour dcfcouunr , luy
rapportèrent qu'ils auoient dcfcouuerc quelques trouppes de
cauallerie: mais quiis n'euifent fçcu bonnement iuger en quel
nombre ils pouuoient eltre. Puis ayant marche plus auant
aucc fon armée, laquelle il tcnoittounours en armes, & com-
me fil cuft voulu combattre à chafquc bout de champ : d'au-
tres auanteoureurs qui feftoicnt auanccz,rctournercnt,affeu-
rans qu'il n'y auoit pas plus de mil cheuaux en la trouppe qui
auoit cfté dcfcouucrtc. Quoy entendn 3 il prenc tout quand Se
quand aucc luy la cornette KoyaIe,qui eftoit bien en conche,
& vue autre cornette de celles des amis, aucc les auateoureurs
Pconicns, & marche au grand trot droict là, après auoir com-
madé au furplus de l'armée de fuiure au petit pas. Ce quaiant
Apperccuccftc cauakric de Perles, ¥ enfuirent à bride auallcc,
7
f04 ARRIAN DE L'HISTOIRE 1
&wntquclcschcuauxpcurcnt courre. Apres kfqucls all a J
Alexandre meit eu pièces ceux qui demeureret cancre, p 0 ,|
eftre'leurs chenaux recreus, les autres cfchappcrcm U nsfls
fcufs Parlemoycndeccux qu'il attaigmt d içcut que DW
Arm « ic neftoit pas loin de là. Daire auoit eu Ion camp les lndi et) j
ta m e Jôn« £JJ" m-irchoicnt foubs U conduit de BclTc qui eftouSfl
ir^' ^deT^s . Ceux la cftoicm J
font détendus des Scythes, qui habiter en 1 Ahc : Il n e ou,
pas du gouuernemcnt de Belle : , ou «fois a caufe de , a.luapt
L conft deraaou qui eftoit entre Daire : & .eux, ils eftoient ■
nus auec Belle & cftoit leur colonnel Mabaccs. LciquclsjM
eftoientde chenal 5 & vfoient ^ordinairement en «
re Barfactcs Satrape des Arachoticns conduisit les M
ch'otiensSt les Indiens des montagnes: Satibarzan es gouu$
ncur des Ariens^es Ariens. Les Panhes les Hyrcamcufl
Topiricns eftoicnt fous la charge de Phraraphernes AH
cates cftoit coionnel des Medois , auec lelqucls «"chfl
cnfemble les Caduficns, les Albanicns, & les SaceunM
Ceux qui habitent es enuirons de la mer rouge auoicr
chefs Grontobates, Ariobarzancs Se Oxin . Oxantcs coJ
foules Vxiens &r Suficns : Bupares les Babyloniens . Les*
riens Anafpafticns, c'eft à dire, chaifcz de leur pays , U H
tacinseftoicm méfiez auec les Babyloniens. OrontcsK»
ïhraufta auoicntfoubs eux les Armemens:& Anaccs les G»
padociens , Tous les Syriens tant ceux de la Cçlciyric que*
toutes les au tres contrées de la Syrie , qui eft bornée desdefl
nuieres , eftoicnt foubs la cornette & conduiae de Mazct
L'armec entière de Daire eftoit eftimec monter a quarante
Q^c mil m [ hommes de cauallerie , Se la fanteric à vn mihon d Ho»
hommes de Auec lcfquels y auoit deux cens chars armez de lames J
S£ï" Z en — de faulx : * quinze Elephans, qui eftoij
pied au ci P ux lon amcinc de cefte contrée de 1 Indie, qui citparw
ca lariuiere d'Inde. Daire auec fes forces fc campa a Gaug*
Lies vers la nuierc de Bumade , loin d'Arbelcs d en»*
D'ALEX. LE GRAND. LI. III. i OÎ
trente iix lieues, en vncplaine vnic partout,* coure defeou-
erte : car les 'Perfes auoient à plein tout ce quieftoit près de
"à de tous collez: à fin que la place fuftplus propre pour les
chars & pour la cauallcne. Et fut faict cela par l'aduis
de quc'lsqucsvnsqui dirent à Dairc, que autre chofe n'auok
cfté caufe delà dcstaictedcfon armée à IlTe, que ce que le lieu
eftoit par trop ferre & cftroift : ce que Dairc fcperfuada ar-
ment fAyant cfté Alexandre bien informé de toutes ces cho-
fes par le moien des auârcoureurs des Perfes qui auoient efte
pris, il feit incontinent faire des trenchees tout à l'entour du
lieu où ii entendit ccsnouuclles: &c donna quatre iours dere-
pos à fes gens pour fc raftraichir. Apres lequel temps il fut
d'opinion de lailfcr tout le bagage entièrement , & les fou-
dards malades vautres qui n'eit oient pour lors en cftatpour
combattre, en fon camp ; SC ne mener auccluyàla bataille
que ceux qui pouuoient faire deuoir,lefqucls neporteroient
que leurs armes. Donc par nui et ayant fai£t fortir fes gens en
cquippaigc,lcsfeh partir enuîron la féconde veille, en in-
tention de donner vnc camifade à l'ennemy le prenant
audefpourucu. Mais aulfi toft Daire eut nouuellcs qu'Ale-
xandre appro choit, &: ordonna quand Se quand fes gens en
bataille prefts à combattre. Autant en feu Alexandre de fa
part. Lecimpdcs vus elroit eiloigné de celuy des autres de
quatre lieues ou en uiron. Quand Alexandre fut fi fort appro-
ché, qu'il eftoit en veuc des ennemis, il feit faire akc à l'Infan-
terie , &fci ta flemblcr en confeiiles plus grands d'auprès de fa
perfonne, les capitaines généraux dcl'arrnec,les chefs de ban-
des, Se les collonncls des alliez, & des autres cftrangcrs qui
eftoicnt à fonferuice,p ouraduifer fil eftoit bon défaire mar- eonfeil te-
cher de ce pas l'Infanterie (ce que plufi eu rs tiouu oient bon) flU P ar A ' c -
droi£t a l'ennemy : ou bien(& qui eitoit l'aduis deParmenion)
défaire altc encorcs pour quelque peu de temps : à fin dedef-
couurir cependant , i'iîy auoit point d'embufeade , files en-
nemis auoient point pourueu à vn huis de derrière: fil y
auoit point de foiîcs couuertes par deftus, ou des clous &
«rf ARRIAN DE . L' HISTOIRE 1
crocs de fer cachez foubs terre: mcfmcs de vcognoiQj
S£cedc l'ennemy , pour fçauoir quel ordre il tenou p 0 J
dlToWfe gens enbaudle. L'opinion de Parmcruon fm i uy .
^ demeura la L'arrn ce en bataille rangcc.nc plus ne mo 1Qj
queiî fur l'heure il cuit fallu combattre Alexadre prenatauj
Am reenaneut diligemment de tous collez U es <.nuu 0 ™
fiSoù IfdeuoitdLncr bat*. Quand il fut reto^j
fe de rechef alTcmbicr les capitaines 8c chef, de bandcs.j
m^K- t^^ftoitjabeJn Jvfo delong d^ourj
i»™*»»* ucrs cux ,p^r les animer au côbac:qu ils çftoient afllz d«
capitainesae * vaillance, & les beaux ratetsdar»»
™ qu-dsauotnte/eeutezpatl.pa^. ^cdVnccbofc^
L- il prier.qui eftoit, que chafeun d eux remon ^
aufqucls Us commandoicm, combien grande. Cio.t la rj.
compenfcdeceftebataillc, & quels biens leur en pourjM
duen . Quclcpri.Bc loyer de la viûoirc o cftoit , f
Celefyne 5 7Tv la Phenicie , ny l' /Egypte leulemcnt , coj
aux bauulcs précédentes, mais toute 1 Ahc cm.ercfl
Qticloncognoiftuntàveufed'œH en vue icuk bataille ,|
QiTelsdeuroïent dominer en l'Ahe. Qudnc falku: oinA
inciter deparolks pour faire debcaux «louables t-xpH
deguerre.veu que u'eux mefmes ils cfto.ent aikzencj
g-cz & meitez à ce faire. Mais qu'il fallou leulement que*
| un prift garde a ce qui rftoit de fon deuoir , quand Oû*
droi a la meûce. Qu'il falloir te teni r coy, K ne ' mcoef ■
debruid/inon quand il ur feroit bcloimqu il fallou auto
eris&huccs quand l'oceahon le rcqucnoic. Outre ceiag
chafeun a eux quand il ferott donné quelque ad ucrafleoj
le receuft le pluftoft qu'il pourroit , pour en aduernr en <W
i -w eenec lesfoldatsderangen rang. Qujls conùderailentbtt
^ifZ tout amfi, que pat la faute & négligence des eapi^
c»pi™« bien fouuent les chofes vont en defarroy : auiTi que ordma-
^r""- rement, quand ris veullent vfer de diligence * b^ine c£
duifte tout fe porte bienJlksadmonnellaaufli, que»
D'ALEX. LE GRAND, tl III. 107
Uâ ils verroient leurs gens branfler ou reculer ,ou à ceux qu'Us
Suroient eftrc lafleï 6c trauaillez de combattre , ils en-
ooviflcnt du iecours le plus viftement quils pourroient.
Apres auo'.r donne couraigeaux capitaines par tels Se iembla-
Ses propos, fcuTcurant de leur proiic^l commanda que les
Skbts pnnfcn t leur ref iftion, puis allaiTen t repofer La puiâ
eafuiuant, comme l'on diâ, Parmemon entra .cn fonpauil-
on fcluv confcilla de donner la charge de nmd aies enne-
mis pour autant que la nui* apporteroit cftomicmcnt & AlfxnBdlc
cffroy:auqucl Alexâdre refpôditfi haut que ceux qui cftoient « « u; d f,
à lentourk peurent entendre, Qu'il ncftoit pas bonnette de
dcfrobcrlavi£toirc:quc Alexâdre auoit accouitume de vain- ?ztMm de
creenveue de tous & fans cautellc. Ceftc parolle graue fut WUbucu.
eftimcc venir plufroit dVn e hardicife & affeurance que d ou-
trecuidanccqui fuit eu luy . Et mefcmblc qu en ccladfcgou-
uernafortfagement: d'autant qu'il peut iuruenir beaucoup
de choies de nuict , par le moyen dequoy il adulent quelque- Beanconp
foisqueicsplusvaillansy demeurent, Sâ les plus ïoibles cm- dmconue-
portcntlavi£toirc,laqnJllcils n'auoicntiamais cfpcrec.Tant
y a que à Alexandre la omet fembloit titre hazardeute en ma- donnant ba-
tiere de côbats . loinâ qu'il craignokqucfiJ dcsfàifoit paire ét
pour la féconde fois, celte bataille donnée denuia oibiti'oc-
caiïon à Daircdcle tenir Se confefferpour fage capitaine &
bien aduiféaufaidt delà guerre: &deleftimer&les Macédo-
niens aulfi plusvaillâs & aguerris que luy & les fîens. Au con-
traire il conlideroit, que il d ad u en turc la fortune luy duifoit
mal, tous les lieux d'alentour cftoict fauorables aux ennemis»
À eux contraires & dangereux : auffi que ceux là fçauoicnt les
lieux & addrefles du pays, qui eiïoient à luy &: aux Cens inco-
gneus: mefm es qu'il y auoit beaucoup deprifontuers en Ion
camp,lcfqucls pourroient bien par nuift ioucrvn mauuais
tour, non pas feulement fus cftoient vaincus , mais auiïï fils
ruinaient entièrement emporte la victoire. Pour raifon de-
quoy & d'autres femblab les confidcrations, mefm cm êt pour
Vaileurance Se hardie/Te qui efloit en Alexandre, quil'induùlt
o ij
Crionnïce
de fermée
des Perfcs
pour com-
battre , et
ciipte en
regiftres.
lo i ARKIAN DE L'HISTOIRE 1
à vouloir combattre en veuë d'v n ilufcun.ic l'eftimc ii^M
errande louange. Quant à l'armec de Daire , depuis qu ils cfl
rent apperecu Alewndrc , ils demeurèrent, mclme toutfl
nuia,en armes : tant par ce qucleur camp leur femb.ou aff C2
mal fortifie, que par le doute qu'ils auoient que lcnnem y l|
voulflft aller charger. Et à vray dire,u oneques choie feu t 0 d
auxPcrfcs.ee fut klong temps quds furent atten^jns,^
prendre repos, aiâs touliours le harn ois lur le dos : 6c 1 a craj»;
fc non point foudaine, mais venue de longue main en H
fcifi& entièrement matté plufieurs, Daircauoit ordoiuafl
armée pour combattre en celte forte : (ce qui fut defeo^
après la bataille, ainfi que recite Ariftobule , par le moyen de
quelsqucs regiftres, cfquels toute l ordonnance Scdilpokuoa
d'icclle eftoit couchée parefeript.) La gendarmerie UaOdH
ne faifoit la poinfte gauche, accopaignee des DaiensfifiM
chotiens : après eux les Perfcs tant de chcual que de pied mef
lez les vns parmy les autres. Ceux d'après cftoient les buH
qui cftoient fumis des Caduficns. Telle eftoit raidonoM
de la pomàe gauche. Quant à la poinde droide, elle cftot
compofee des Celcfyriens &S des Syriens qui habitent cotre
les deux fleuues : auec lefqucls eftoicnt ioin£fs les Mcdos:
après eux cftoient lesParthes&Saces , iuuns des Topin»
è Hyrcanicns, après lefquelsmarehoientles AlbamensajH
les Sacefmiens . Tous ceux-cy feftendoient iufqud ffl
milieu du bataillon de l'Infanterie . Le milieu de lanfl
eftoit conduia par Dairc Se les Princes de fon iaog. Et
là auoient efté ordonnez les Perfcs Melophores, les In-
diens , les Caricns réfugiez , & les gens de creci Ma&
diens. Les Vxiens , les Babyloniens, & ceux qui cftoient vc
nus de vers la mer rouge, auec les Sitacins,citoicnt ordonM
après le premier front del'armee. A la poincte gauche, qi
faifoittefte à la poindre droide d'Alexandre, auoient elle nus
deuant tous les autres enuiron mil hommes de chenal tant
Scythes que Ba&rians, 8c cent chars armez de lames de»
Les Eléphants eftoient au bataillon du Roy auec cinquante
D'ALEX. LE GRAND. Lï. III. 109
, a [a poin6te droiftc les caualiers Arméniens & les
Oppidocicns eftoient en front, au deuant de l'armée aucc
riaquante chars armez. Pour le regard des Grecs qui eftoient
au feruice de Dairc, Us eftoient difpofez en forme de ceinture
aléa tour du Roy & des Perfcs qui laccôpaigûôiem: & eftoiet
a3 nii ordonnez pour faire tefte àllnfantenc : Macédonienne :
comme ceux qu'ils repmo.cntefgaux a Infanterie Maccdo-
sienne en prouefle fie vertu. Quanta Alexandre, il ordonna gjjjj
aiofifes ces en bataille. Laponne droiftc de fon armée cftoit * Ale ^
défendue' par la gendarmerie des Amis , dont les premiers
eftoient ceux de la cornette Royallc , que conduifoitClitc fais
de Dropide. A icelle cftoit ioincî le régiment de Glauaas,
puis celuy d" Anfton : en apr ès ecluy de Sopolides , qui fut fils
de Hermodore:apres lequel eftoit celuy d'Heraclite fils d An-
tioch : puis celuy de Dcmctrie fils d'Althemenes: lequel cftoit
fuiuy de la cornette de Melcagcr: le dernier de ceux du Roy
eftoir celuylà dût eftoit chef Égcloch filsd'Hippoftrat.De tou
te h gendarmerie des Amis Philotas fils de Parmenion cftoit
Colonne!. Quant à la Phalange Macedoniénc, qui marchoit
joignant ta caualerie, les premiers rangs eftoient a Argyraf-
pides,qui eftoient fous la conduite de Nicanoi fils de Parme-
niondes autres d'après furêt dônez au regimct de Ccne fils de
Polcmocratcs : 8i à celuy de Pcrdiccas fils d'Orontes : puis
après marchoit celuy qui eftoit foubs la charge de Melëâgéï
fils de Ncoptoleme : puis le régiment de Polypcrchon fils de
Simmias:aux derniers rengs cftoit celuy d'Aniyntas fils de
Philippe, lequel pour lors cftoit conduit par Simmias, à cau-
feque Amyntasauoitcftéenuoyccn Macédoine, pourleucr
des nouuelles compagnies . La phalange Macédonienne à
main gauche cftoit détendue par Cratère fils d'Alcxandrc,qui
cftoit Colonncl de l'Infanterie qui eftoit à ta poinclc gauche .
La gendarmerie des alliez cftoit îometcauccluy, dont cftoit
chef Erigye fils de Larieh : laquelle eftoit fuiuie de la caualerie
ThctTafacnnCjqui marchoit foubs la charge de Philippe fils de
Mcnelas. La conduicic de toute la poincîe gauche de l'armee
o iij
no ARRIAN DE L'HISTOIRE
futdonnccà Parmcnion fils de Philotas : fur les ailes de I a i
quelle furent ordonnez les gens de chenal Pharfalicns , q^j
cftoiem en bon nombre, & auoicnt cite clioiiis parmy toute,
lacaualeric Thelîahcnne. Voila ladifpoiîtion dont via AlM
xandre pour mettre le front de ceile armée en bataille, Aue c
laquelle il drciTa en cote vn autre bataillon, mais de telle foifl
que la phalange pouuoic tourner où Ion voudroit. Et dogH
charge aux chefs d'iccluy bataillon, que fils voyoicnt,|B
les Pcrfcs, fcrForçaffcnt d'enuironner fon armec , ils tournai;
fent incontinent vifaige pour fouftetnr l'effort des Barbare»
Et quetournans deçà, delà, ils eftcndiiTcnt ou ferrafienc legjj
bataillon comme ils verroient cfrtc de befoin. Pour le regard
de la poin£tcdroi£tc, tout joignant la cornette du Roy ,i^B
choit vne partie des Agrians foubs la charge d'Attah -< auec-
ques eux les gens de trect Macédoniens , dont Brifon eiloft
chef. A ces gens detrett elîoiét ioinéh les a'.i.inttincrs.qïM
appclbit les vieilles bandes eftrangcrcs, dciquels Cleandet
auoit la côduifle. Les fufdiits Agnans &r gc ns detrect cibjl
défendus de quelque gendarmerie qui mardi oit dcuant,auiii
lesPeonicnSjfoubs la conduire d'Arêtes & Anfton. Dcuaat
toute l'armée cft oit partie de la canal crie eftrangcrc quiej^H
au feruice d'Alexandre, qui cftoit conduire par Menidas : &
deuant la cornette du Roy & les au très amis, auoicnt cité tfl
donnez pour enfans perdus , l'autre partie des Agnans &<fl
gens de créer, & les foîdats de Balacre, qui porcoient des djH
&c iauclots : lefqucls eitoicnt ainfi ordonnez contre les col
armez de Daire . Il fut en chargé à Menidas & à ceifidB
efioient aupres de Iuy, que fils voyoiêt la caualene des enne-
mis cnuironner leur poincte, ils ne failliiïent à les charger en
flanc, lors qu'ils verroient qu'il en feroit temps. En ccftefoM
furent les chofes difpofccs par Alexâdrc en la poinétc droiâfc
Pour le regard de la poinûe gauchc,les Thraces aum y furent
ordonnez, aufquels Sitalccs commandoit : 5c auecques eux l*
caualcrie des alliez, dont droit chef Ceran : outre la gendar-
merie d'Odryfc, dont Agathon fils de Tyrimmus eiioit capi-
taine'
D'ALEX. LE GRAND. LL III. m
• , Au deuant de tous ceux de ce coftt eftoit vue autre
?«iêdehcaualcric étrangère qui eftoit à lafouldc d'Ale-
Endre: a laquelle auo.t eftfe donné -pour Colonncl Andro-
kucbfiUde Hieron. Pour la garde du baga.gc fut laiiicc 1 m-
Ztcvic Thraciennc . Toute l'armée d Alexandre pouuoiç tw JA
Sre de feot mil hommes de chcual , Kcmuron quarante mil letandre dc
i -l o.^nd 1« deux armées furent approchées '^pc mil ho-
Indi^s^baniens^ancns An^J^ jgfc
Lus de trea Mardiens qui eftoient a lcntouu de Daiic, I
fftoieat ordonnez pour luy faire tefte 5, a la cornette
Royxllc Alexandre pour cela ne laiffe dc marcher droict
à la pointe droiftc de Daire. Les Pcrfes faduacent pour
les receuoir talchants neantmoins d'enuironner de leur
fantenc lapoinfte gauche des Macédoniens. Defortequela
camlene dcsScvthcs touchoitprefque à ceux qui cftoicnc or-
d minez au deuant du bataillon d'Alexandre-. 5c néanmoins
Alexandre faifoit toufioursmarchcrfestroupp.es alencomrc
delapoinaedroiac. Etdcfiapeu fen falloir qu'il ne paflaft
outre la place, que les Pcrfes auoicc hiâ aplanir, quand Daire
craignant que les Macédoniens marchallent îufqucs aux
lieux alpres Scmotucux, & partant les chars, aufqucls îlauoic
beaucoup d'clpcrance , ne luy feruiffeni de rien : fe.t partir
viflcment ceux qui cftoiciit donne la poilue gauche pour
les enuironner .afin d'oiter le moyen à Alexandre deftendre
pins loin fa pointe. Ce qu'ayant apperecu Alexandre, il
mandaalacauaicncquicftoitàfa foulde foubs la conduite
de Me mdasdeles aller charger. Mais les gens de chcual Scy->
thes feirent telle fi vaillamment que Menidas Se & trouppe
ne pcurcntfoultcmt leur effort. Contre ceux là ayant Ale-
xandre raiâ marcher le régiment de gens de chcual d' Arêtes,
les Pconiens&les autres gcnfdarmcs e 11 rangers, les Barba-
res reculèrent. Toutefois n allèrent guercs loin , parce qu'ils
furent arrt irez parles Badrians Se autres qu'ils recentrèrent
qui les feirent rallier, & tous enfembie retourner eut à la char-
uz AïlïUAN DE L'HISTOIRE
ge, & lors y eut grand eonfiict de gens de chcual, où il tor&J
boit beaucoup des gens d'Alexandre : tant au moyen de cJ
que les Barbares eftoient plus forts pour le grand nombre
d'hommes qu'ils eftoient, que pour autant que les Scythes &
leurs cheuaux eftoient beaucoup mieux armez. Mais les MÊ
ccdonîens renforcez dequclsqucs vns delà cornette du R 0 y|
les fouftindrentbrauement: voire les chargèrent iî furieufc,
ment, qu'ils les meirent en defarroy. Qui futcauic qucl^
Barbares chaiîerent incontinent leurs chars armez contre
Alexandre, p en faut bien par ce moyen rompre les rangs d«
gens de pied. En quoy ils furent trompez. Car vue grauB
partie de ceux qui les conduifoient & des cheuaux ai: :ii,qui4
les chars approchèrent, furent tuez à coups de traicb
dards par les Agrians& Ses gens de trect du régiment de. M
lacre,qui auoient cité difpofcz deuanr la gendarmerie d«
Amis. On arreftoit les autres en retenant les cheuaux par j|
bride, lcfquels on enuirônok viftement, Se leurcouppoit-qj
les iarrets. Quelsques vns p afférent au trauers de l'armée Qm
auoir ny fai r e a n cun mal . C a r o n fouuroit Se leu r f a iloit-jB
panage,ainn qu'Alexandre auoit commandé, à fin quuH
blcflaflcnt perfonne . Et partant ceux la paiTcrcnt au traucg
de leurs ennemis fans eftrc offenfez & fans ofFenfcr ccuxcm
tre lcfquels ils eftoient menez. Mais eftans paffez outre, les
yallets des genfdarmes de l'armée d'Alexandre & des Arfl
rafpides en prindrent la plufpart . Et ainfi que Daire faifl
approcher le gros battaillon de fon inianteriepour inueftirl*
poincle draille d'Alexandre, Alexandre enuoya Arêtes II!
charger duy ce pendant conduifoit fes gens en ponnStc. Mail
quand il veit de loing que les gens de chenal des Barbares qui
eftoient venuzfccounr leurs côpagnons,qm fiuoien^auoiét
mis en defordre les premiers rangs de fes gens de pied,!
tourna là quand èc quand: & partant par ou il vcitlesrangl
lafehez, conduifant ceux de fa trouppe, qui cftoit la gendar-
merie des Amis, en efquadron , aucc grandes huées accou-
rut haftiuement comme pour aller attaquer Daire. Là fut
combatu
D'ALEX. LE GRAND. LI. Ht n 3
c0 mba:u quelque temps . Mais quant Alcxâdre aucc fa troup-
pceuft commencé à prcfTcr de plus près les enncmis,Ics frap-
pant au vifiqc aucc des parthifann.es lôgues Se fortpoin&ues,
&quc la phalange Macédonienne, qui eftoit fort ferre e,fu-
rieufe S£ effroyable pour les tauclines que portoiêt les foldats,
donna dedans: toutes chofes fuccedans mal àDaire,qui eftoie
dés long temps auparauant allez cftonné, luy Daire fut le Fuite <!c
premier qui commença à fuir . Et nettoient moins cftonnez Daiic -
ceux qui auoient enuironne la poincle d'Alexandre : lefquels
au oient cité empefehez de palier plus outre parla caualcrie
d'Arêtes, Partant en celle part les Perfes f enfuirent à val de
routte, & furent fuiuis par les Macédoniens , qui en taillèrent
grand nombre en pièces. Simmias contenoit fes gens , & les
cmpcfchoit tant qu'il pouuoit de pourfuiurc les ennemis, Se
ne bougeoir de la place touiîours en bataille, pour autant
que Ion auoit rapporté, que la poindre gauche des Macédo-
niens avait beaucoup à fouffrir: Se que à l'endroict par où
Alexandre aiioit pafsé, &:auokfai£tlafchcr les rangs, l'armée
cftoir fort cfclaircie, Se les Indiens Se vnc partie de la caualcrie
des ennemis eftoient entrez Se auoient pafsé tout outre iuf-
quesau bagage, oùlamcflee eftoitfort grande ; caries Perles
qui eftoient au refte mal armez, fe flans fur ce qu'ils auoient
encores deux fois autant pour le moins dcgens depied que
les ennemis, les afïàilloient de furie & de force. Mefmes les
prifonniers Barbares, fi tofl qu'ils eurent apperceu les Perfcs i" s p B "^"
charger les Macédoniens, tout au plus fort de la bataille vin- re« prennent
drentaufîî donner par derrière furies Macédoniens. Quant lcs armct «
les capitaines des Macédoniens qui auoient cité affis après la
première phalange, entendirent ce qui fefaifoit là, tournè-
rent quand & quand vi(aigc,commcil leur auoit cité enioincï
& chargèrent les Perles à dos, dont ils feirent grand carnai-
ge, eilans la plufpart d'iceux chargez de bagaige : adon-
nèrent la chaffe aux autres . Ceux qui combattoient à la
poincîcdroiac de l'armée des Pcrfes,nc fçachans pas encotes
que Dairc auoi t cité mis en routte, înucûirent lapomttcgau-
P
ï14 AUIAN DE L'HISTOIRE 1
rhe d'Alexandre, 8c MilKrcnt principalement du colUoùj
eftoit Parmcnion , lequel doutant du commencement «à
autoit du meilleur, enuoya en diligence adnemr AlcxandnJ
que la poinac gauche de Ion armée brani oit tort K cftoit e J
dangeï.Quoy entendu par Alexandre 3l lcclkdepourf ulu |
Icsem^^ournantwfagercumt le plus viftcmcnt^
peutversl'armeeauecle régiment des amis, qu il auoit M
■ L Enyallanulo:ouuaentefte la gendarmerie des 1^
ffiufpartdeslndKns^ksplusbtaucs 5c vabhoj
J fient entre tous les Pcrfes: contre lefquels b , |
2ommança plus alpre qu'elle n auoit point enco > M
autres cndroids. Et présent les Barbares de h près lejM
cedouiens, qu'on ne combattok plus à coups de trc^oiica
tournoyant feulement comme on tU.él ordinairement—
pays là en combat de gens le chenal : atns combattoij
Lups de main : mfques a te prenne au collet vu l autre
mer du chcual à bas, comme rneitans , e„ : ic,r dermj
cfperancc. lis frapp oient les vus & les autres, & c«
frappez tout enfcmble : SC y atknent toi s de t ueur ^dfl
raie, comme ceux quine combattoicnt plus pour la via»
rc "mais pondeur propre vie. En aik méfiée y eut«
foixante des amis tuez: & Epticftion, Ccne, Se MeDi«
rcnt bleffez. Mais à la longue- pouuants pies les cnM
fouftenir l'effort d'Alexandre tournèrent le dos , 5c ic lau»
rent à la fuitte. Et comme Alexandre continuou fond®
min pour aller donner dedans la pointre droite , i. v«i j
la caualerieThcffalienne la chargea de il grande fuVKvjuM
^T'tr meit Alexandre hors de celle peine,ayant tout uns en roultt
££ def - Qnoy voyant Alexandre, il retourna a la chaile de Oauei
Uncccffade picquer, iufqucs à ce que la nuiû le UirpntJJ
après auoirpafsè la nuicre de Lyc, farrefta quelque peu*
temps pour faire repofer fes gens, & les chenaux, qui citoie»
ks&trauailiez. Ce pendant Parmenion fc faifit du caflj
des ennemis Se prit le bagage , les Eléphants Se les Charnel
qui y cftoient. Quand Alexandre cutCuÉtrepotcr ionarffl"
D'ALEX. LE GRAND. El, III. n?
ftfyacs furie minuit, il partit & tira vers Arbcles, efperant y
fmp rendre Daire, enfemblcfcs finances, fes bagues & /es plus
précieux meubles. Ilyamualciour d'après, ayant fai& tren-
te fix lieues de chemin. Là il ne trouua pas Daire, pour au-
tant qtuceluy n eftant affeurc en lieu du monde , n'ofoit arre-
fter en place. Mais Tes finances, enfemble derechef fon efeu
fon arc tombèrent és mains du vainqueur. Delà parc
d'Alexandre ne mourut pas plus de cent homes en celle ba-
taille. Mais il y demeura mil cheuaux tant àcaufe desplayes
qu'ils y receurent, que du trauail infiny : dont y en auoit
quali la motetié de la gendarmerie des amis. Quant aux
Barbares on dil'oit qu'il y auoit cnuiron trois cens mil
hommes de morts , Si beaucoup plus de prifonniers. Tous
les Eléphants & les chars qui nauoienc pas efté bu fez à
la bataille, turent pris. Telle îfliië prit cefte bataille, la-
quelle fut donnée pendant que Anftophanes eftoit'fouue-
rain magiltrat à Athènes au mois de Iuillet. Et partant fut
trouuee vraye la prognoftication d'A riftan d ci, que dans le
mois, auquel l'echpfe de Luneauoitcilc veuè", Alexandre H-
ureroit bataille , en laquelle il emporteroir la viftoirc. Daire
fui.uit vers la Mecuc, huilant vu peu à cafté lesmontaignes
d'Aimcnie,fut futuy des Pcrfes qui eiîoicutde ionfang,de
quelque petit nombre de Mclophores, & quelques deux mil
auan tuners errrangers , qui ertoictàfon feruicc,dont eftoient
capitaines Paron Phocean , & Glauce Etolicn. Or fuyoit il
de ce collé la puur autant qu'il eftimoit qu'A lexandre après la
bataiilene faudroic pas de fachemmer à Sufe & à Babylon ,
par ce que la contrée eft fort peuplée d'bornmcs,& que le che-
min n'eit pas fâcheux poui le charroy : auffi que Babylon Se
Suicfcmbloicnteftrc ce que demandait Alexandre, comme
pour le pris de celte guerre. Et d'aller vers la Mcdicdc chemin
fembloit fort iiicoinuK) Je pour l'armec. En quoyil nefabufa
pas du tout. Car Alexandre au partir d'Arbelcs tira vers Ba-
bylon. Quand il commença à approcher de Babylon il fat
marcher fes gens en bataille, comme fil euft euf ennemy près
p y
Trois cenî
mi] Pc il es
morts a la
bataille, &
plusdepri-
lonnieiï.
nS ARRIAN DE L'HISTOIRE
de luy Mais q^nd les Babyloniens fecurent qu'il approche*!
i\ Sent douant de l U y<ce qu'il n'efpcroitpas toutefoj
eurs presbtres Se les mag.ftrats 3c gouucrn eurs : de la v|
L uy ponans des prcfcn S ,K promettant deluy hmerlaviÉ
.*,« «a- U c y lc P chaftcau » les finances du Roy . ce qu ils ferrent . Et
tre autres a iv, u l . f , 11 ... ( , ncc . & voulut qu on co%
TCihvlonicns ont en grande îcueLenct.txvvji.^ x ^
SXconanen! a defeombrer « ~Ï^M
laiffa pour fou Lieutenant & gouuerneur de la ville Mazcc J
efïablit Apollodorc Amphipolitain capitaine en ihefjH
«tnL qu'il y ordonna auecMazec. Pourtreforier gcM
S financé du pays ,iiy laiflà Afdepiodorc fils de Philo»
Î nàoya en Arménie pour gouucrncr ce pays la, M|
nés om ft celuv, qui luy auokhurelechafteaudeSajM
communiqua aucc les Chaldcans, *fc gouucrnapour a*
rSstcmplcstout^
fiaà Bel Puis il fc meit en chemin pour aller a Suie.SC cnalla
ikcncontrale fils dufatrape desSufiens, ^nmeffag^*
e ues de la parc de Philoxenc, qu'il auoit enuoy e : deuafl
f ; L r i ^^^^^^
Qu n Ufut cntrfdans ia ville, il fe fai u des deniers^
Sïez, qui montoiem à cinquante mil talens d argent ,
toute/les autres tiAdfa qui eftorent au threfor a
Il y trouua plufieurs ioyaux 6c fingularitez que Xc xesauM
emmené du pillage de la Grèce: entre au très chofes les ftatuj
Y***»» ™ZTcZ deux Athcmés Harmodre Se AriftogitonJ
S S nuoyaauxAthenrensXcsftatuesencoresaprJ
ft ^ icon * ? c voyent à Athènes au Ceramic vis à vis de l autel de la m*
SE* derdlu X) no.ngueresloiadel'aute^Eud^
tout homme qui a fait* vœu Se profeffion a Eleu fi, , g ««J
cflre frtuê foubs la galerie. Akxâdr exprès auoir fa ^
D'ALEX. LE GRAND. LI. IIL 117
1 manière du pays les torches ardentes.&faiaioucr des icux
Maiuiae eftablir pour fon lieutenant Se gouucrneur du pays
lufian Abulitcs Perfan : feit capitaine de la citadelle Mazare ,
oui eftoit des amis : Se aux compagnies qu'il y laiffa en garni-
fon ordonna pour chef Archelas fils d e Thcodorc.Cela
flfeit partir fon camp pour aller après les Pcrfes. Il cnuoya
auiïï Men êtes aux pays bas Se régions maritimes, pour y eftre
fon lieutenant gênerai Se gouucrneur de la Syrie, Pherneic 8c
Cilicic ■ Se luy feit dcUurcr trois mil talents pour en faire te-
nirparmerà Annpatcr ce qu'il en fallok pour mener guerre
auxLacedcmonicns. Enccscntrcfaiftcs, Amyntas fais d An-
dromenc arriua, qui mena auec luy à Alexandre de grandes m ~ u «
forces, qu'il auoitleuccs en Macédoine. Il donna aux genf-
darmes des places au régiment des amis: Se quant aux gens
depied il les feit entrer chafeun aux bandes qui cftoicntdc
fa nation. Puis il eftablit en chafeun c cornette de gens de chc-
uaIdeuxIieutenans:ia-fokqueauparauantn'yeneuft pas vu
entoure la gendarmerie. Er pour ce faire, il choifit des plus
vaillans du régiment des amis. Au partir de Sufe,il pana la
riuiere de Pafitigns , Se courut le pays des Vxiens. Quant aux GuetTC co> .
Vxiens du plat pays, qui eftoient foubs le gouuerne- treize*
ment d'vn Satrape de Perfe,ils fe rendirent à Alexandre.
Mais ceux des montaignes qui eftoient libres, Se ne reco- Les Vxiens
gnoifToient aucun fupencur, enuoyerenr de leurs gens à Aie-
xandre,luy dénoncer qu'ils n'endureroient pas qu'il paf- dan argent
faftauec fon armée pour aller contre les Pertes, fil ne leur ^Jj^jg
donnoit autant, qu'ils auûient accouftumé d'auoir des Roys «fc pa i%e.
de Perle pour le droict de paflage. Alexandre les r'enuoya
aucc charge de reporter à ceux de leur pays qu'ils allaifcnt de-
uant l'attendre aux deftroicts par lcfquels ils pretendoient
l'empcfcher de paner : à fin de receuoir îà la fomme de de-
niers qui luy feroient par eux impofcz. Puis prenant auec
luy ceux de fa maifon , les Argyrafpides Se autres iufquesà
hui£r mil hommes, il partit de nuidî: par vn chemin deftour-
né,qui eftoit bien le plus fecret, mais eftoit auiïî le plusfa-
P ù'j
n8 ARRIAN DE L'HKTOIRE
ch. eux, auquel quelsqucs Suiîcns le guidoient: & paruint cti
vn iour au pays des Vxiens: ou tut faict grand butin, 11 ujrp r |
les vus en leurs maitbns qui dormoiét encores, les autres g a i,
g n cre ni au pi ed dec à d cl à pa r les m o m a gn c s p r u l h a m es . Lui
cependant fc hafta de gaigner les deftroicts , afin decdfl
pter argent aux Vxicns en celle raonnoye qu'il leur auoitpro^
mis. Et après auoir cnuoyé Cratère po ur fc camper aux mo a ,
taignes, auiquclles il cfpcroit que les Vxiens quâd ils feroient
dcsfai6ts 5 lc recireroicnt s il marcha le plus haftiuement qu'jj
peut de forte, qu'il pmtint les Vxiens : &: marchant en bâtai
lealloit toufiours parle hault, dont il pouuoit élire appurceR
par les Barbares: lefqueis l'cltonaerenc de le von fi t 0 ft
aruué : tellement que voyant que les lieux desquels ils fc oH
uall oient leur eftoient oftez, ils f'enfiureiit à val de rt>ut«
Desfaiae f ans combattre, Quelsqucs vns d'eux furent tuez eu fuiant
ici V *°* plulïeurs antres fc précipitèrent du hault en bas des montai.
gnes qui eftoiêt droicies & couppees. Il y en eut anal beau-
coup qui, ainli effroyez qu'ils cftoicnt , penfans fe fauucraia
montaignes que tenoit Cratère , fur ci t taillez en picccjjH
fes trotippes. Ayants clic payez par Alexandre pour^H
droici de pailage en celle monnoyc : encores obtindrcmW
( à grand' peine courcfoisjque leurs terres leur de mou r croies
à la charge de payer parchafeun an certain tribut à Alex»
dix. Cclaefcrit Ptolomceauoir cfté oftroyé par Alexandre
Tribut de cnfaucur& à la rcqucftcdc lanière de Dau e. Le tribut <m
cKeuaux & leurfutimpoléfutdc cent cheuaux de fennec tous les ansj
debeftail im ^ ccns c [ lcuailX fomme, & trente mil moutons. Caries
poie parAle- ± , , , , t_ i
sandre aux Vxicnsn ont point d argent, ny de terres laboL:raoles:&pûiB
Vxiens. ce ^ c cau f c ne faddonncut point au labourage ; mais font
pour la plufpart paftrcs, &c cnbeftail cft leur richene. Apraj
cela Alexandre feit marcher tout le bagage ,h cauaîcric Thef-
falicnne & celle des alliez, enfcmble les pays cftrangcrsqut
eftoient à fonferuice : & tous les autres qui citoient fort ar-j
mez ,fons la conduire de Parmcnion , leur commandant de
titer vers les Perfcs, par vu chemin où l'on peuft mener le
charroy:
D'ALEX. LE GRAND. LL III. 119
t^oyluy auec les gens de pied Macédoniens Jagendar-
crie de s Amis, &les cheuaux Icgcrs.pareillcmcmks Agnâs
Sgens de trca,più Ion chemin par les mpntaignes en la plus
Kande diligence qu'il peut. Quand il arriva aux Pyles de
P ife ilytxouua Ariobarzanes Satrape de Perle auec qua- Ariofaara*.
rante mil hommes de pied & enuiron fepr cens caualicrs.qui «-«-g»-
tenoient le paflage bouché d va fort de pierres quiîs auoiem hommes de
fa.cl : & feftoient campez auprès de ce fore, en intention pied & f cpc
d'cmpcfchcrlcs ennemis de paffer. Si toft quil fut amuc il '
campa: &lc lendemain il feit mettre Tes gens en armes, & y
feit dôner l'aiîault. Mais quand il veit qu'il trauailloit en vain,
& que le fort ncpotiuoiicftre pris, pour cftre le licuafpre Se
Êcfeeux à approcher: pour autant aulïl que les foUats quand
ils vouloienc aller à L aflàut /eftoient rudement rcçeuz & of-
fenfez decoups par les ennemis, qui les tiroicnt d'en haut , il
feitfonner la retraite. Quclsqucs vns prifonuicrs luy pro-
mirent Je le mener par vn autre chemin par delà les deftroits.
Et quand il fcent que ce chemin, dont ils parloient, cftoit fâ-
cheux &i efiroict, il commanda à Cratère, qu'il lailïa auec ion
régiment &c celuy de Melcagrc , vnc partie des gens de tre& ,
6e eouiron cinq cens cheuaux: que fi toft qu'il l'en tendroit
approcher du camp des Perfes ( ce qui luy fer oit aiiéparlc
moyen des trompettes Sd clairons }â ne faillilr de donner l'af-
fitft à la m 1 irai lie. Luy, qui au oit à faire la huiétfix lieu es, fui uy
des Argyraipides&des compagnes de Pcrdiccas , cnfcmble
des gens de tred , & des Agrians armez à La légère , 8i de la
cornette RoyaUcfeullc de celles des amis, auec vn régiment
d'autre cauaIlene,commença à marcher vers ces Pylcs,par vn
chemin d'eftournéôf tortu, citant guidé par ces prifonuicrs:
hnlant conduire par Amyntas, Philotas & Cène le refte des
trouppespar la plaine: & commanda qu'on feift d relier vn
pont fur vnc nuicre qu'il falloit pàlTer pour aller où cftoient
les Perfes, Quand il eut faict ce chemin fi afpre & difficile
auec vne célérité incroyable,& qu'il tut paruenu aux fcntincl-
les des ennemis auant lciour , les furprenant il meit en pièces
Aricbar
zancsdcs
faiû.
* A prcfcnc
Clieique-
ta.
Alexandre
trooue de
grands de-
niers aux
Pafirga-
des.
ll0 ARRIAN DE L'HISTOIRE
«ùxou'ilv trouua. Puis marchant vers d'autres femincil CSj
i n tua auffilaplufpan : puis il arriua à vn corps de g.ud C)0£l
cftonnalifortlesfoldats de la garde, quds tournèrent Icj
n Ions incontinent. Toutefois ils ne fe retirèrent pas au camJ
d'Ariobatzancs, mais aux montaignes prochaines ça Se ^
comme ils peurentefehapper. Au moyen dequoy les c„ ne .
mis ne fcementncn de la venue ^^"^^
aupoinadu iourdalla charger ceux dcleur cap Sitoft^
fut parnenu aux trechecs du camp il feu Tonner les t a peu,,
pour dôner le fignal à Cratère de dôner 1 affaut au fou dclau.
e è Cratère oyant le fignal marcha quand Se quand droiJ afc
niurailleXes ennemis fe voyâts affaillis de tant de parts, qu'à
ncfçauoient àlaquelle entendre, f enfuirent auaut quon ■
venu au combat. Mais pour autant qu ils ne fçauo.cn r de <ty
ofté aller, grand nombre d'eux furent contraint rctoM
vers le fort Sur la muraille duquel cftoient défia les MactA
mcnS : car Alexandre fe doutant de ce qui aduint que les*
nemis n'abandonnaient leur camp pour f enfuir ,1a»
Ptolomeeauec trois mil fanuffins, pour, fil cn cftoitbc»
affailtit d'vn autre cofte le fort , fcn alla affaïUir les nnems
dVn autre coftê du camp. Les ennemis frftans mis en fuitd|
■ en eut telle raifon qu'il voulut. 11 en fut tue grand uombr|
" d'autres en courant tombèrent dans les fondrières Stpreag
ces & moururent là. Anobarzanes aucc quelque peu de*
ualerie,fcfauuaaux montaignes. Apres cela Alexandre»
tourna aucc fes enfeignes vers la riuicre, laquelle il reit parla
àtoute fonatmec par defius le pont qu'il trouua touttai*
De là il fe meit en chemin pour aller trouucr les Pcrfes, & tai-
foicdcgrâdcsiournces.àfin depreuenir ceux quicuffetup*
porter nouuelles de luy,&d'amuerauant que les nnancesjj
Roy fufient pillées 5c voilées par ceux qui en auoient lacM
ee Auffi trouua-ii de grands deniers aux Paiargades <ffl
Ion difoit auoir eftè autrefois ês trefors de Cyr premier. M
gouucrnementdelaPerfefutparluydonnèàPhrafaones^
D'ALEX. LE GRAND. LI. III. m
de Rcoroithrcs, Il meit en cendres ce tant célébré Se ancien
p Jais Royal de Cyr: combien que Parmcmon l'en deftour- Cy/demo-
câftpourpluiicursraifons qu'il luy allégua : entre autres, que ^PjMk-
ccnc luy feroit pas honneur de difFormcr & démolir les pla-
ces qu'il conqueftoie : iointr. que ceux de l'Afic ne l'aime-
roient iamais de bon cueur pour celle occaiion, comme
efhmans qu'il euft délibère d'abandonner l'Aiie quand il l'a u-
roit conquife , St f'en retourner en Grèce . Alexandre ref-
pon Jitqu'il le feifcit en haine Se vengea ce du dommage que
les Grecsauoicnt reccu des Perfes : Icfqucls eftans entrez en la
Grèce auccvnc grofïe Se puiflànte armée , auoient dcmoly
& raie la ville d'Athènes, qui eftoitla lumière delà Grèce, Se
brulîé tes temples d'iccllc. le ne réputé pas ceft a£te d'Ale-
xandre fagement faift : ny que par là aucune vengeance ait
elle pnfe des anciens Peifes. Ces chofes aînfî aduenues Aie- »; exîdrç va
xandre fe nuit en chemin pour tirer vers la Medie, où il auoit après Daire
entendu que Daire eftoit. Car l'intention de Daire eftoit, cnIaMcdie -
que fi Alexandre alloit faire la guerre à Babylon & à Sufc, de
le retirer en laMcdic, & feiourner là en attendant filaduien-
droit point quelque mai'aduenture à Alexandre. Et fi Ale-
xandre tournoit vers luy, il auoit délibéré de fe retirer en
Part hic & en Hyrcanie iufqucs àBâ&res ,3e de bruflcr & de-
gailcr le pays après foy : à fin d'oiter le moyen à Alexandre
d'entrer plus auant en pays, Se de Je ftiyurc Partant il feit
charger fou or & ion argent, & tous les plus précieux loyaux
& meubles lut des chariots, 8c les enuoya deuant aux por-
tes Cafnienncs. Cependant il feiourna à Ecbatanes aucc les „
1 1 n. v ., n ■ 1 Portes Caf.
gensde guerre que le piteux citât ou îlefloit, luy auoit per- pienae*.
mis rallier. Ce qu'eftanr venu à la cognoifTance d'Alexandre,
il tira fon chemin vers la Mcdic.tt les premiers qu'il fiibiugua
en allant furent les Pantaques, qui auoient pour gouuerneur Les pariu-
Oxoathrcs fils d'Abuletes, peu aupàrauant Satrape de Sufe. 1 ,,cs fah ™-
Quand il for party delà, onluy rapporta fur les chemins, que fSf 1 ** 6
Daire fe dchberoit de téter en cores vue fois la fortune parle
fuzard d'vne bataille : S£ que les Caduciens Se les Scythes
9
,a ARRIAN DE L'HISTOIRE
eftoicnt vcnuz à fon fccours. Aloccafion de quoy après quil
eut donc ordre pour faire fumrc le bagage après luy,feit nuM
cher toutes fes forces toufiours en armes, corne t'ii euft eul'ê,
neniy en tefte preft à combattre : 6c le douzième iourd*ap re J
qu'il fut parti , arriuacn la Medic : oùilfçeuc pour le feurquç
Daire n'auoit aucunes forces, au moins qui fuucntbaftàjH
pour fouftenirvnc bataille: & aullï que ny les O.duiicnsJH
les Scythes cftoicnt venuz à fon femicc: ains au contrjM
que toute l'efperancc qu'il auoit eftoit en la hutte. Parquoy
il marchavers luy en plus grande diligence que deuant. Et
comme il appro choit cnuiron de trois iou ruées d'Ecbacau^
Bifthanes fils de ecluy Och qui auoit efté Roy de Perfe aiiant
Daire vint au deuant de luy,& luy did, qu'il y auoit cJH
iours que Daire eftoit parti d'Ecbatanes: A: auoit faicl emnae.
ner quand & luy de la Medic les finâces qui pouuoient mon.
ter àfcpt mil talents. Qujl auoit auec luy trois mil cheuafl
& en mro n ûx mil ho m m es de fa n te ri e . Quo y ente "dfljH
Alexandre , il f'achemmina àEcbatanes. Duquel lieu ilrco»
uoyavnc partie de lacaualcric Thcflàlitnne , Se de celle -M
alliez es pays bas , leur faifant don de deux mil talents, oujfl
la paye ordinaire: donnant congé & permiilîon a ceux d'fl
treeux, qui ne voudraient plus luy faux fçruice en guerre,»
fc retirer chez eux : dont y eut la plufpart qui demande™
eftre licenciez, Lacommiflîon de conduire ceux qui aime»
mieux retourner à leurs maifons que de future la gueJ
fut donnée à Epocil fils de Polyides, auec feo rte d'autre caifl
lcrie. Il enuoyaauflîauecqucs eux Menâtes , auec charge»
leur faire deliurer, quand ils feroientparuenuz a la mcr,«
vaiheaux, pour les porter iufques àflflc d'Eubee. ^ tnapa
il ordonna à Parmcnion de deliurer àRirpal tout for Sll'é
gent qu'il auoit amené de Perle, pour le mettre en coffres»
chafteau d'Ecbatanes , auec vnc garde de fix mil Macédo-
niens naturels, & quelsques cornettes de caualiers, rael'
mement des alliez. Et cnuoya iceluy Parmcnion auec kl
auanturiers cibanges.lcsThraces Se le fur plus de la gend*
ma*
D'ALEX. LE GRAND. LI. HX 113
mcric fors celle des amis en Hyrcanie, luy ordonnant fo 11
chemin parles frontières des Cadufïens. Il clcnuit a Clite
capitaine de la cornette Royale, que quand il viendrait
de Sufe où il l'auoit laiffé malade, à Ecbataucs , il prit en
muant 'les bandes Macédoniennes, qui y auoient elle Iaif-
fees pour la garde des deniers qui y eftoient:&lesmenaft
âpres luy en la Parthic où il facheminoit. Puis partant
de là auée la gendarmerie des amis & quelques auanteou-
icurs, & la caualerie eftrangere qui eftoit à la foulde,dont
eftoit ColonnclErigye, & la phalange Macédonienne, exce-
ptez ceux qui auoient cite laiffczpour la garde des finances:
fcmblablcmciu les gens de trea SdesAgnans: marchoit en
bataille, tout ainii que fil euft eu Dairecnteftc. Et d'autant
qu'il faifoit trop grandes iournccs,beaucoupdefcsfoldats de-
meurèrent dcrnerc,qui eftoicnt las &rccreus,&: mourut aulïi
grand nombre de chenaux. Mais pour cela ne laifla depour-
liuurcfon chemin en pareille diligence: tellement qu'il arriua
le dixième iour d'après à Rhages . Ccftc place eftoit diftante
des Portes Cafpicnncs dVnc journée à cheminer ainfi que
faifoit Alexandre. Mais Dairc feftoit aduancé, & auoit ja
paife les deftroiits: toutefois il ne futpas iufques làfuiuydc
tous ceux qui l'auoient accompagné en fa fuitte : d'autant
qu'vnc bon c partie d'eux feftoiét retirez en leurs pays,d'autres
f'eftoict venus rendre à Alexandre. Lequel fe voyant hors de
toute efperance depouuoir attaindre Dairc, qu elqu e d 1 lig ë c c
qu'il peuft faire, fciourna là cinq iours, & y fek rafraîchir fes
gés ias & trauaillez du chemin. Ce pédant il pourueut du gou-
uernemet delà Mcdic Oxydâtes Pcrfe, que Daire auoit faitl:
prendre & cmpnfonncr à Sufe: caufe pour laquelle Alexandre
fcfioitenluy. Puis il marcha auecfon armée vers les Parthes.
Et dés le premier iour il f alla câper affez près des portes Caf-
picnncs, Le lendemain il entra en vn pays, dont il fe délibéra
de tirer des munirions pour auitailler foncamp: pour autant
qu'ilauoit entendu que plus auant le pays eftoit defert&fans
labeur. Parquoyil cnuoya Ccneaucc quelsques gens de che-
<2 J )
nier par
gens mei-
mes.
u4 ARTUAN DE L'HISTOIRE
«al èC de pied pour faire amener des grains. En ces entrai
ûcs.Bag.fthancs grand feigneur Babylonien qui auou lut
ques la fuiuy Daire, & pareillement Anabcl 1 vn des hh d c
Mazcc,fc vindrcnt rendre àluy>yapportans nouue les que"
Daire eftoit pris fcarrefte par Nazarbancs colonncl den*
hommes de chenal, par Braza Satrape des Araehonens fc
1 Drangtens^ par Belle auffiSatrape des Bacrruins. Lctqu^
k nouuell s oly es, Alexandre le hafta de marcher plus fort
q "in'auok encore» faitt, n'ayant auec luy que Icreg.mcr,
L amis,vne caualcrie dWcourcurs, & qudsques : ^dc
picdquil choifit parmy l'Infanterie pour les plus forts & ^
Soient mieux du pied : fans auêdrc Ccnc,ne ceux qu i aJH
cnuoyez aux munitions aucc Cene , Et huilant a CratereJ
condniacdeceuxqmdemouroient derrière, luy cruoig»
de faire fuiure l'armée après luy à plus petit pas . Quant a ceux
^ilconduifoitauecluy^lleurdefendjt de porter autrec^
fc qucleurs armes , & des vinres pour deux roui . . De 1 he®|
qu'il fut party il ne cefla d'aller toute la mua , 8de lour enfu*,;
uant mfques à midy, qu'il donna quelque temps a les ges «
ferepofer. Puis reprenant fon chcmin,marchala nuia uin|
i-e faifant doubler le pas à ceux qui eftoient auec luy de j
te que furie poina du lour ilarriuaau camp dont Bagdtîj
nés eftoit patty, où il trouua les ennemis Au furplus il lec j
que pour vravDairc eftoit captif, & qu'on 1 emmenoit d|
Tchar ot, k que BefTe fe faifoit appeller chef 5c Cap J
ne General par les Badrians fc les ancres Barbare, cuà
Lz Artabakfcs fils, * les Grecs qu. clWnt a l. ioulj
de Daire ; lefqucls n'auoient point tourne leur robbe : toj
tefois n'auoient peu empefeher la trahifon commife ca|
tre Daire Que ceux là eftoient feparez des autres, &fl
noient les montaignes fans auoir aucune com.umj
auec Beffe. D'aduantaige que ceux qui ancrent pus «
aumentpropofèfilsentendorentquAlexandrcles unu ft*
luy hurer Dai re J& de fe gouuerncr amh qu ils verroien t el^
àlcuraduancagc S'ils eftoienc aduertizquil tournait d au»
D'ALEX. LE GRAND. LI. III. 125
cofté ils mettroiét fus la plusgroiTe armée qu'ils pourroient,
ur maintenir dVn commun accord la domination Si ad-
^niftration du Royaume comme commun entre eux.
Quanta prefenr, qucBclTeauoiteftc nomme chef de l'armée
àfôtcafion de la proximité delignaigc,qui cftoit entre Daire
& luy: pour autant aufli que Daire auoit efté pris dans les
confins de fon gouucrncmcnt. Alexâdre entendant ces nou-
uellcs, penfa qu'il auoit plus de befoin de fe hâftcr que iamais:
Mais & les hommes 8£ les cheuaux eftoient fi las ëc harafiez
du chemin qu'ils auoient faift, qu'ils nen pouuoient quaii
plus. Si ne laiiîà il pour cela de faire marcher fa trouppe, la
prenant d'aller toute la nuia,&: leiour enfumant iufqucsa
midy: qu'il arnua à vn bourg, auquel auoient logé leiour pré-
cèdent les trouppes de ceux qui emmenoiet Daire. Là il euft
certaines nouu elles que les Barbares auoient délibéré de che-
miner toute la nmÛ : au m oien dequoy il fenquit de ceux du
pays fils fçauoicn: quelque autre chemin plus court par le-
quel il peuft deuancer les fuiarts: lefquels luy feirent refponfc
qu'ils en fçauoicntbicn vn. Mais que c'eftoit par vu pays de-
fert & inhabitc,& où y auoit fur tout faute d'eau. I) fe feit gui-
der par eux par ce chemin là. Et combien qu'il vêtît bien que
allant à li grandes traicfcs qu'il faifoit, les gens de pied ne le
pouuoient fuiure, fi feit il mettre à pied cinq cens caualiers:
& leur feit prendre désarmes 8c armures de gens de pied: 8C
& commanda à Nicanor Gênerai des Argyrafpidcs 3 & A t talc
Colonnel des Agrians de les conduire auec le furplus, qui
efboit de fanteric ïegcrcmët amiez,& tirer droicï là part où.
Ion difoit que Belle f'acheminoit. Et quant aux autres com^
pagnies de gens de pied, i! leur commanda de fuiure mar-
chants touliours en bataille. Luy fe mettant en chemin fur
la vcfpree prclfa fi bien fes gens, qu'il leur feit faire vingt cinq
lieues auanc leiour: de forte que auant folcil leué il atteignit
les Barbares, qui f en alloicnt tous defarmez , & fans tenir au-
cun ordre. Quclscjucs vus d'eux, mais bien peu, tournera; vi-
fage, les autres f enfuirent à val de routte 3 fans coup donner, iî
q iij
Mort ât
Daire.
Alexandre
faift hono-
rablement
inhumer
Daire.
Diicours fur
la vie 6r eftat
de Daire.
Pertes fai-
tes par D ai-
re depuis le
commance-
mejit de Ion
règne.
u6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
toft qu'ils curent apperceu Alcxadrc, Ceux qui cftoieritdjta
mcuicz fouftindrent le premier choc : mais toft aptes PenfiH
rent aptes les autrcs,ayans perdu quclsques vnsde leurs cqM
pagnons , Quant à Befle,& à ceux qui eftoient les compli^
& compagnons de fa dclloyauté , &c de fa hutte, ils n'eure^.
plus toft fenti le vent de la venue d'Alexandre, qu'ils cit
rent recours à leurs efperons , auec emùron fix cens caualie^
laiflans là Daircàdemy mortdes coups que Sanbarzan esS j
Barnazctcs luy auoient donné: dontDairetrefpafïa peu d {
temps après , au an t qu'Alexandre le peuft voir en vie. Aie
xandre ayant rencontré fon corps ,1c fcit mener en PcrfdB
pour la mémoire Screuercnce de fa grâdeur Se fortune pâfiec
le feit honnorablement inhumer aux tombeaux Royaux auf.
quels on auoit accouftumé de mettre les Roys de Péril apres
leurs crefpas,iufqu es à Dairc. Apres cela il cftablit Arnrcy.
napesde Parthc (lequel aucc Mazee auoit efté cauie de luy
faire rendre MEgypte) Satrape Se gouuerneur des paydB
Parrhcs & Hyrcanicns:& luy dôna pour compaignonl^B
leme fils de Pythophanes qui cftoit du régiment dcsJH
pour régir & gouucrncr cnfemble d'vn cômun aduis Se cM
lentement les affaires d' eftat des Parthes &c des HyrcarflM
Telle fut la fin & trefpas de Dairc: quiaduint pendant qi»
riftophon gouuernoit la Republique des Athcnicns,aunH
deluin.Ilfut hommefivous regardez aufaiét de lague«
moins né au maniement des armes , qu'à toutes autres cl
fes: mais qui au furplus ne feit iamais a£he dcrogeancB
mai efté dVn Roy tel qu'il eftoit : Se n'euftfccu faire à la™
té. Carfi toft qu'il fut paruenu à la couronne, il commença
eftre afîailly des Grecs &c des Macédoniens. Tellement ejà
encores qu'il eufteu enuie de trauailler fes luicils , il n'euftâ
loifir de ce faire. Il luy aduint de fon viuant beaucoup d'à*
uerfitez l'vne fur l'autre: Suie fut ïamais en paix & reposa
puis qu'il eut commencé à régner : parce que dés le commafr
cernen t de fon règne, il eut vne grande perte de caiialeneaf
riuiere du Granic. Apres cela il perdit fEolic Se flonieS
touta
D'ALEX. LE GRAND. LL III. 127
routes les deux Phrygies. Scmblablement tout le pays des
î dicos &des Caricns, fors les Alicarnaffiens, Etnongueres
de temps après Alicarnaffe auffi luy fut enleuee:puis toute
cefte coite de mer iniques aux Cilicicns. Ënaptesil fot defaiâ
«1 champ de bataille à Iffe: cnlaquellefa merc, fa femme fie
fis enfans furent fnâs prifonmers: & la Phenicie & L'Egypte
fuient dcimcmbrccs de fon Empire. Eftanr veincu à Arbcles,
où il perdit vue grotte SepuùTauiearracc, qu'il au oit leuee de
toutes fortes de nations Barbares , il fcnfuit honteufement
tout le premier. Apres tout cela, il fut chafle de fon Royau-
me, panure, vagabond Se ne feachant où fe retirer : en fin tra-
hy par les iiens.cn mefme temps Roy Scpnfonnicr lié & gar-
rotté tout en imible: fie finit fes îours par latrahifon fie mei-
chancctc. de ceux d ci quels îldcuoit cfpercr tour fupport&e
fennec. Toutes ces miieres ficcalaraitczaduindrcnt àDaire
pendant qu'il fut en vie. Apres fa mort tout le contraire. Les Dairc plus
obfcqucs &c funérailles luy furent faites telles qu'il appartiét JJSJ^j,
à la grandeur d'vn Roy ifcscnfans hautement nourris & ef- que deuanc.
buci: (car ils furent oourriz Se inftruicb comme pendant le
règne du pere ) Alexandre prit alliance en fa maifon , prenant
à femme vne de fes filles. De forte qu'il fcmblc auoir cité
mieux fortuné auprès fa mort qu'il nauoit cité en fa vie. Il tref-
paila en faage de cinquante ans. Alexandre prit de là fon che-
nu n vers Hy rcanic, eflaos arriuecs les rrouppes qu'il au oit
laiiïces derrière, lors qu'il partit pour aller après Beflc.L'Hyr- ® a m*
canic elt iitucc à main gauche Èa allant vers le pays des Ba-
ctrians, Se cft bornée de cefte part de montaigncs hautes 8C
couuertes de bois. Quant à la pleine, elle feitend iufques à
vne grande mer. Ettiroit Alexandre vers là) pour autant
auoiteu aduertiflement que les eftraugers qui auoient cité au
feruicc de Dairc,f eftoient retirez aux môtaigncs des Pagrias :
Scauoii intetion defubiuguer les Pagnâs par mefme moyen.
Etapres auoir feparé fon armée en trois, il prit fou chemin par
des petits (entiers eftrqîÉfcs Scalpresaupol1îble } ayautauec luy
ceux qu'il auoit choiiis pour les plus dilpoâ Se les mieux en-
uS ARRIAN DE L'HISTOIRE
gambez. Cratère au ccfon régiment, celuy d'Amymas,q Uc J
ques compagnies des gens de trecf ik bien peu de caualer«
futenuoyé contre les Tapuriens . A tngye rut donnée ^
charge de conduire le charroy & le bagage, auec le lurplu s <jjj
camp,parvn beau &i diruct chemin: mais le plus long dcbejfl
coup auec feorce de foldats cftiagc rs, &- du lui plus de la ggfl
darmeric. Quant rt eut paiîé les pretruTcs monuigncs
trouua, il farrefta. Puis auec les A rgyr afpidcs, & les pins .fou,
& plus alegresde la phalange Macedonienc, Se quelque petit
nombre de gens de met, il entra en vn chemin toi t ialcheug
8c peu battu, l'aillant de les gens derrière, ou il penloityaujB
du danger: aulfi de peur que les Barbares des meim.îigQÎ
Vinfentdonm r fur l.i queue de ceux cjui le fuiuoiuu . AyH
pafléles deftroi£bS£ mal.ufez paflages, il alla delccdreàjM
petite riuierc, dont le nom cil .dit z peu cogneu,& le campi
eu vnc pleine. Life vindrent rendre a h'}' N..b. r/aïus qui
auoit cité IV n des chefs de l'armée de Dairc , PhndaphqM
Satrape des Hyi xaniens & des Parthcs, & quclsques aifl
Perles qui auoient cite en crédit & authomé enuers DaiflH
demeura en ce lieu-là campé l'elpacede quatre iours, en atfl
dant que ceux qu'il auoit laiiïe derrière, qui ne pouuoientffl
urc.fuflcnt arnuez . Quelsqucs vas dcfquels palier cnJ
feurcté. Mais les Agnâs qu'il auoit laiflc exprès derrière pefl
faire feorce, furent ailàilhs par ceux des montaignes , lefqiH
furent h furieulcment par cuxrepouilcz à coups de iauchfl
&de partifannes, qu'il leur fut tout douls de fonner laretfl
Ût, Pois il partit de là pour tirer en Hyr came, & pin le ché
min d'vnc ville des Hy rcani en s appelle c Zadraearta. Où Cri»
texe Se ceux de fa trouppe l'allercnt trouuer, (ans que les vnî
nyles autres eurfent peu rencontrer les citrangers quiauoied
cité au leruice de Daire:trop bien qu'ils auoient tant faitr, que
toute la côtrec qu'ds auoient trauerfee pour faire celle quelle,
c'eftoit rendue à eux, partie par force d'armes, partie de leur
volonté. Là anfli arnua Engyc auec le charroy Se tout le
bagage. Et peu de temps après Aitabaze auec Copheneî,
Anobarzaoq
D'ALEX. LE GRAND. LI. III. u 9
Ariobarzancs 6c Arfames Tes fils 3 & auccqucs eux des déléguez
de la part des foldacs cfrrangcrs qui auoient efte à la foui de de
Paire : Se pareillemct Autophradates Satrape des Tapuricns.
Iïi-eftablit Autophradates en fa Satrapie &c gouucrncment.
FraumtàArtabaze &fes fils.il les rennr en honneur Se au- Alexandre
thonce auprès de fa perfonne : tant au moyen de ce qu'ils e-
Soient des premiers & plus grands d entre IcsPeries: que pour Prinçes &
aucancqu'ilsfcftoientmonfaczconfUnsKfidclcsauferuice c ¥™
deDairclcurRoy. Ilfeitrefponfe à ceux qui cftoient venus ^ éfidçlci |
vers luy de la part des auantuners Grecs , qui auoient efte au Daim
feruice de Dairc, Se demandoient à cftre reccuz d'Alexandre ,
& Te rendre à luy: qu'il ne fer oit aucun appomftcrnent aucc-
qucs eux, fils ne fefoubmettoient entièrement à fa mefey : Se
les reprit aigrement d'auoir fuiuy leparty des Barbares con-
tre la Grèce: & d'auoir en ce contreuenuaux décrets Se or-
donnances fai£ts&arreftez en l'aiTemblecgcneraUc des eftats
delà Grèce. Eux voyans qu'ils n auoient autre moyen defau-
uer leurs vies , fe rendirent à fa diferetion &rmfericorde : re-
qu crans qu'il luy pl cuit enuoyer quelqu'vn des fiens auecques
euXjfoubs l'auchorité Scafieur an ce duquel eux Se leurs com-
pagnons peuflent en feureté aller vers luy . Lon difoit qu'ils
pouuoient eftre enuiron quinze cens . Il enuoya vers eux
aucc leurs déléguez Androniquc fils d'Agerre, ôc Artabaze :
puis il fc meie en chemin pour aller contre les Mardiens,
axint auecluylc régiment des Arg} rafpidcs, les gens de trett,
les Agnans, les régiments de caualerie qui eftoient foubs la
charge de Ccnc 6c dAmyntas, la moitié de la gendarmerie
des amis, Se les archers à cheual. Car défia auoit il inftitué ces
nouuelles compagnies, comme aufïi les compagnies de gens
de cheuaî,quiportoient des iau eli nés. Quand il eut paflé vne
grade partie du pays des Mardiens, il en trouua qui fuyoiet,
donc il en meit en pièces grand nôbre:autâtenfcit-il d'autres
qui feirent tefte. Il y en eut aufïî plufîeurs fai£ts pnfonniers.
Iamais homme n'auoit entré par force d'armes dans celle
contrée: parce que ces lieux là font de difficile accès, Se ceux
»
i 3 o
ARRIAN DE L'HISTOIRE
du pays fontfortpauures,& pour celle raifon ils fcccnoidH
tous aileuL-cz.Qui fut caufc auflï qu'ils n e i'eftonnerct en ri«J
quand on leur dict qu'Alcxâdre les deuoit aller alhilUruoin j
qu'ils auoicnt eu aducmiTcmcnt qu'il citent |a pa ; .se outre. A u
Conquête ^ oicndequoy f c tindrent moins fur leur garde, & pactij
KL', futaifé de les desfairc. Beaucoup d'entre eux auoicnt gJ
gncles montaignes (qui font fort haultes 5c droKu-s) cotÈ
me fi Alexandre n'euft fecu aller mfqucs a eux. Mais quand*
apperceurent qu'Alcxâdre y allok,ils enuoycrent versln«
cuns d'entte eux, pour mettre &c eux & tout ce qui sauoi enf
en Ion obeiffance. Les ayant ouiz il les ren u oy a , & laiflaj
tophradates pour Satrape de cette nation , côme il auoitM
de celle desTapuricns. Celafaia,il C'en retourna au heu o)
Les Grecs c (f 0 j c f on caro p : auquel il trouua les Grecs qui auoicnt cfti
^k" aufermee de Daire, qui eftoient atriuez. Il y trouua au«
« âcDèire Arubafiadeurs des Laccdemonicns, qui eftoient partis;,»
leur pays pour aller vers Daire. Ceux cy eftoient Callifttal
das, Paufippe,Moaimc, Anomantc: Se Dropidcs ucs Aihj
mens , lcfqucls îlfckarrcfter prifonniers Jl donna congej
Ambafiadcurs dcsSinopiens de fen retourner : parce quM
Sinopicns,veu qu'ils n'eitoientpas foubs la dominations
Grecs, akis foubs l'empire de Daire, fcmbloient n'auoiB
rien ofFcnfc d auoir cnuoyé vers leur Prince. Il railla alleîF
Grecs, qui auoienttcnu lepattides Perfes en la guetf|
receu paye deux dés au parauaut le traite d e paix &ç ail u
fai&e entre eux & les Macédoniens : SC pareillement Hm
clides Ambafladcur des Carthaginois. Quant aux aufl
Grecs il leur commanda de demeurera ion feruice, auetfl
reils appoin&racns & paye qu'ils auoicnt eu loubs DM
&c leur donna pour Capitaine Andromquc qui les auoij
amenez, lequel fut luge n'auoir en rien offenié en ceM
auoit cerchc les moyens de leur fauuer la vie. A P rc S^M
donné ordre à ces affaires, il partit auec fon armée pour
Zadracar» a u cr à Zadracarta ville des Hyrcamcns forr grandc,cn laqujl
Lh^k! le y auoit vnp&ais Royal: & y fciourna enuirô quinze icg
peu
M
D'ALEX. LE GRAND. LI. MIL 131
0 endant Icfqucls il feit facrificeaux dieux : & feit iouer des
iix de pris à la courfe : puis il fe mai en chemin pour aller f e ren d à
âu pays des Parthes. Et de là ilallagaignerlcs montaignes Akxandrc.
d'Ane 6c Sufie ville des Ariens . Auquel lieu Satibarzanes
Satrape des Ariens le vint trouuer, Se fe rendit à fa mercy.
Lequel aiant eftê non feulement receu,mais auflî continué &z
côhrmc gouuerneur de fon pays, fut renuoy é en feuretc aucc
Anaxippe qui eftoit du regimet des amis, à qui furent donnez
quarâte archers a cheual pour la garde du pays: à fin d empef-
cher quclesfoldats qui pafioiétpar ce pays là feiflent quelque
outrage aux Ariens, fcn ces entrefaites vindrent vers luy
des Perles, qui luy feirent recir, que Beffc portoitpuhhcquc- BefTe prend
ment la robe Perlique royalle, & la Tiare droifte, qui eft vn g?'*^
accouftrcmcntde Roy, &c qu'il fc faifoit appellcr non plus pcikrRoj-
Belle, mais Artaxcrxcs & Roy de l'Afic . Qu?l auoit rallié d'Afio,
grand nombre de Perfcs, qui f'en eftoient fuis à Badrcs,& des
Bactrians mefmcs : Se que outre cela il attendoit du fecours
de la part des Scythes, defqucls il feftoit allié. Sui-
u aii t lequel ad u c rt i 11 cm en t , Al exan d rc, ap r es au o ir r aftem b 1 é
toutes fes forces , fe meit en chemin pour aller à Badrcs , où
l'alla trouuer Philippe fils de Mcnelas , qui venoit de la Mcdie
aucclacaualericeftràgcrc qui eftoit à fon feruice, dont lcdict
Philippe eftoit colonncl : & les Thcflâlicns qui eftoient vo-
lontairement demeurez au camp: Se oultrc ceux là les auan-
turierseftrangers, defquels eftoit chef Andromach. Quant
àNicanorfils" deParmenion -, qui eftoit Colonnel des Argy - JjjpjF*"
rafpidcs,il eftoit decedé par maladie. Comme Alexâdre eftoit i x ; ic .
en chemin pour tirer à Badrcs , il fut aduertv que Sanbarza-
nes Satrape des Ariens duquel nousauonsn'a guercs parlé,
ayât mis en pièces Anaxippe Se les archers à chcual qu'il auoit
mené auecluy, auoit faicfallcmbler les eftatsd'Arie àla ville
d'Artacoane,qui eft la capitale du pays, 8c en laquelle eftoit
le palais Royal: où il auoit conclud&arrcfté , quand il eut
ouydirc qu'Alexandre eftoit pailé outre , de fe retirer vers
Beiïc, 5c ioindre fes forces auee celles d'iccluy . Qnpy enten-
i 3 i ARRÏAN DE L'HISTOIRE
du par Alexandre, il lai fia le chemin de Ba£frcs , & toij ri ^
court, menant au ce luy la gendarmerie des amis, &de ceux
qui portoient des iauelines,lcs gens dctrjft &lcs Agmu S:c J
icmble les régiments d'Amyntas Se de Cenc : biffant ligÊ
compagnies eftrangeres foubs lacondui&cdc Cratère: & tira
droift vers Satibarzanes Se les Ariens , Et après auoir chemjj
né enuiron trente iîx lieues en deux iours.il amua à Artaco^
ne. Mais quand Satibarzanes fçeut qu'Alexandre vcaoit, jï
eftoit défia bien près, il fut grandcmci eftôné de le voir fi M
daioement arriuc : Se craignant n'eftre pas aflez fort, il feafl
auec quelque peu de cauaïerie: car beaucoup de les gés cimM
dans qu'Alexandre n'eftoitpas loin l'abandon lièrent. Ale&M
dreicpourfuiuit par le mefme chemin, & autant qu'il
contra de ceux qui eftoient complices de cette rébellion™
qui eftoient hors de leur pays &c de leurs maifons , il en tail|j
en pièces les vns, feit ferfs Se efclaucs les autres . Et après attjfl
eftably gouuerncur du pais Arfaces Perte, il feit approch^H
compagnies qu'il auoit iaifîces auec Cratère : puis partit pouj
Pays des Za- aller contre les Zarangicns : Se arriua au heu où eftoit le paM
rangitns, Royal de lacontrcc . Barzaentes, qui pour lors comman<f
fur les Zarangicns, Se qui cftoit fvn de ceux qui auoient mfl
mort Dairc comme il eftoit en fuitte, quand il femicle'lB
qu'Alexandre approchoit, gaignaau pied , &fe retira au paa
des Indiens,qui habitent par delà la nuiere d'Inde, où il fut!
refté par les Indiens, Se par eux cnuoyc pieds Se poings luM
Birzaentcs Alexandre. Lctyuelpourlatrahifon bi felonmcparluy cdfl
c * e ^ mifealcncontrede Dairele feit exécuter à mort. Corn mol
eftoit campé en ce lieu ià il eut aduertiflement que Philota
Coniurati'on fils de Parmcnion auoit machiné de le faire mourir, Se en aM
de Phiiotas choit par chafeun iour les moyens. Ptolomec & AriftobnB
cotre 1j per- ~ . 1 ,.. • ><ï'ï j ji > \ n. '
fôncduRoj' clcruient, quil en auoit efte aduertydes lors qu il eftoit et
defcouuerte. yEgypte: mais qu'il n'en auoit voulu rien croire, pour 19
mitié ancienne Se longue conuerfation qu'ils auoient eu en-
fem bl e: & p o u r i'h on n eu r qu'il port oit à Par m enionfon perd)
Ptolomec di£t, que Phiiotas fut amené en pleine afTemblet
d»
D'ALEX. LE GRAND. LI. IIÎ. 135
A es Macédoniens, alcneontre duquel propofa Alexandre fon
ccufauondcuanttous: & que Philotas allegant tout ce qu'il
«eut pour fe iuftificr, fut enfin conuameupar indices pret-
Lans Mcfmement parce qu'il confeffa qu'il auoit bien en-
fendu qu'on braifoit quelque trahifon cotre lapcrfonnc d'A-
lex mdre • laquelle neantmoins il auoit teue & celée , luyqui
auoit entrée en la chambre d'Alexandre , quand bon ïuy fem-
bloitA melmes v alloit ordinairemét deux fois le rour.Et que
Philotas nefe pouuât purger du crime dot ilcftoit accule, fut p , u[otas ^
furie champ mis à mort par lcsMaccdoniês à coups dépiques ccwéàmor:
& iauclincs.aucc les autres côplices. Que puis après fut en-
uoyé par Alexandre vers Parmenion, qui cftoit abfcnt, Poly-
damas , qui citoit du régiment des amis, auec lettres aux Ca-
pitaines &c chefs de bandes de l'armée qui eftoit en laMcdie,
aufquels il les deliura. Ceux-là cftoicot Clcander a Sitalces, S£
Mcmdas fur lefquels Parmenion auoit cômandement. Que MoitdcPar-
J 1 - > r • tu mémos*
parccuX-làParmenionfmtue:foitoupour autant que Hu-
it) tas ayant confpiré la mort d'Alexandre, il n'eftoit pas vray-
fcmblabie que Parmenion, qui eftoit fon pere, ne fçcuft bien
quelque chofe de fon entreprrfc: ou bien que iafoit qu'il ne
fuft point participant du crime, il eftoit toutefois à craindre
qu'il fc voulfift reifcntir de la mort de fon fils. Veu mcfmcmcr
qu'il cftou en crédit 5c authori té, non feulement enuers Ale-
xandre, mais a 11 flî enuers les foldats tant Macédoniens, que
cftrangcrs : aufquels ilauoitfouucntesfois commandé 6c fe-
p.u émentScàtous en gênerai . On diâ aufli que au mefmc
tempsyeutadiournemet pcrfonnel cotre Amyntas filsd'An-
dromene, & contre Polcmon , Attalc &Simmias frères d'A- Amyntas Se
myntas, pour ce qu'ils eftoient tenus pour complices &c corn- ^J^jgL
pagnons delà trahifon qu'on auoit voulu faire à Alexandre, plicesdcPii
à caufe de l'amitié qui eftoit entre eux & Philotas. Ce qui e~ J^**!^*
ftoit d'autant plus aifé à perfuader , que Philemon 1 vn des f 0[; [ s .
frères, quand Philotas fut arrefté prifonnicr, f eftoit allé ren-
dre au camp des ennemis. Mais qu'Amyntas eftant demeuré
aucc les autres frères, & ayant luy mcfmes en pcrfonne plaide
r iij
134 ARRIAN DE L'HISTOIRE
fa caufc aucc vne alTeurance grande , Se fans qu'il monflra^J
jamais aucun ligne d'auoir peur, il fut cnuoyc abfoul s p a(
femence de fes mges: & que auan t que la côpagnic fuit l Cucc
il feit requefte à ce qu'il luy fuit permis d'aller cerch cr l'on f re '
re,pour le faire retourncr.Ce que luy citât ociroyc par lcsMà;
cedoniés,lerncfmes iour il ramena Polemon fon frerc, dont
l'innocence d'Amyntas apparut plifB claircmct.Que luy me f;
mes bien peu de temps après ,ainfi qu'il donnoit l'alLiult à v a
certain bourg des ennemis, fut tuéd'vn coup de ficfche, £ t
que partant la fenten ce par luy obtenue dcclaratifue de$H
innocence, ne luy leruit de rien, linon qu'il mourut en repu:
tation d'homme de bien. Ces choies ainli paflecs , Alej^H
dre ordonna chefs de la gendarmerie des amis, Ephefhcm
fils d'Amyntas, &e Clite fils de Dropidçs. Puis après auoii'J
uifé en deux les trouppes des alliez ( car il ne vouloïc pasqrje
Philotas euftfeul la côduictc de tât de cornetes qui cftoict bi£
des plus belles S: plus guerrières trouppes de toute la cau^H
Republique Vie ) il a ll a delccndre au pays de ceux, qu'on appelloit le teqH
des Agnaf- palle Agriafpes,&: depuis Hucrgetcs 3 quafi,fccoiirables: àcaufe
pes,ou£uer- quc iadis ils donnèrent confort &c aide àCvr fils deCambvfefl
getes bien ~ ' \
inftiiuee, au voyage qu'il feit contre les Scythes. Il legouucma eniM
eux auec vnc grande honneftetc, à raifon de ce qu'ils citoid
gens de bien &c de iultice:St qu'ils gouucrnoicnt & eux & le»
Republique auec auflî grande équité, qu'euflent peu faire ■
mieux auifez & inftituezde tous les Grecs. Il voulut qifl
demeuraient francs Se libres : & leur donna des terres Se pfl
Dcmetrie feflîons de leurs voilîns, tant qu'ils en voulurent demandjB
pn |'wicmec mais ils fc contêterent à bien peu. Apres cela,& au fît qu'il tâ
faid garde facrirlé à Apollô,il feit arrefter prifônicr Démet ne vu cicsgai^'
d'AleT/ndre des de fon corps, lequel il foupçônoit auoir efte des côplicej?
Les Dran- de l'cntrcprifc de Philotas, Se en fon lieu fubrogea Pcolomcc
giens, Dra- £i s d e La!re. Cela faiit.il parut pouraller a Badrcs après Bel-
liachotiens fc.Et aiâtredui<2 à fon obeiffanec les DrangtcsSc DragogitS
reduiasfous &c \ cs Arachotiês,il leur dôna McmnÔpour gouuerncur.Ptw
dVUcMnare. aptes il alla courir le pays des Indiês voifins de3 ArachotidÉ
lequel
D'ALEX. LE GRAND. LI. III. 135
, ie l il côquitauecgrâdcpcinc&trauail, par ce que l'armée
it faute de viurcs &c autres chofes neceflaires 3 dôt la côtrec
eftok crefmal garnie,pour cftre preique fterj}e,au moien de ce
Qu'elle cft qualï toute couucrtc déneige la plufpart de lan-
née Et ayant eu nouu elles que les Ariens auoienc repris les
armes 8c que Satibarzanes auec deux mil cheuaux faifoit fou-
uêt des courfes par le pays, brullat & gaftant coûtai dep efcha
incontinct pour y aller Artabaze Perlant auec luy Engy e &
Caran qui ciloit des amis,auec mâdcraentfadreflant a 1 hra-
taphernes Satrape des Parth.es daller auec eux. Quand ils
eurent attainfts les ennemis, il y eut delameflce bien afpre-
rnent; & ne tournèrent ïamais le dos les ennemis, mfqucs a ce
que Satibarzanes eutreccu vn coup de iaucline deEngyeau
vifage,dom il tomba & mourut fur le champ. Duquel incon- & tu é,
ucnienclcs ennemis bien eftonnez femeirent àfuir aval de
routte . Pendant ce temps Alexandre tira fon chemin vers le
mont deCaucafe: ou il édifia vue ville, qiulappelladefon
nom Alexandrie. Apres auoir faiafacrifice à tous les dieux ^X'aÛ
aufqucls ordinairement il facrifioit,& auoir eftably gouuer- môtdcCau-
ncur du pays ProcxesPcifan, Se laiflcNiloxcncfHs de Satyre " Ie -
de la gêdarmcrrc des amis auec vne armée, pour auoir cfgard,
au pays,à ce que rien ne branflaft,il fc mcità trauerfer le mont.
Le mont de Caucafc (qui de fortune en la faifon de l'année Dnmont dc
qu'il cftoit, eftoit dcfcouuert dc ce coItélà)ncft feconden Caucafc.
hauteur à autre mont qui foit en A.ïc, &crt dc bien fort lon-
gue eftendue. Car on tient que mefmes le mont de Taure,
quifai&la feparation de laCilicie &: delà Pamphylie, faict
partie du mont de Caucafc : Se encorcs beaucoup d'autres
grandes montaignes , qui font diuerfement appcllccs félon la
diucrfité des nations qui y habitent. Anftobulc auiîi récite
que en iccluy neprouient rien qui foitqucduTcrminthcSc
du Silphium: neantmoins qu'ily abcaucoup de gens demeu-
rans, &:bien grade quantité de bcilial tant blanc que à cornes
&autrc. Quclebeftial blanc aime ii fort le Silphium , que
d'auffilo m quille peutflcurer Scfcntir 3 il y court tant qu'il
n6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
peut, &: en mange la fleur , & pareillement: la racine qu'ilarr^
chc à grater &c fouiller : & que à caufe de cela lesCyrcncànl
reculent leurs troupeaux delà le plus loing qu'il leur cftpogjl
ble : d'autres font des hayes au deuant , à ce que le bcftial n'en
puifTeapprocherrdautât que cefte herbe eft bcaiicoupeftim^
au pays . Cependant Belle auecles Perfes côplices du lafch c
tour dont ils auoientvfé cnuers Daire, Scenuirou fcptmij
Bacfrians, Se quclsques trouppes de Daïens qui KabitentpM
delà la nuicrcdeTanais, couroit & gaftoit tout le plat payfj
d'auprès du Caucafe : afin que à l'occalion du pays defert Se*
bâdonné qui feroic entre deux,& par faute de viures 8c autres
munitiosnecciraircs, Alexandre fuit côcrainél de demeurer
luy cftant retranché le moyen d'entrer plus auant ci payg
Toutefois cela ne peut retenir Alexandre qu'il ne pourfumj|
pourfuLt' 6 voyage : combien que le chemin fuft fort iafchcux àca U .
Beflè, fe des neiges dont la terre eftoit toute couucrte. Quand Befli
fçeut qu'Alexandre n eftoit pas loin de là, ilpafîa la riuicr»
d'Oxc, puis meit le feu aux bateaux dans lcfquels il auoitfai$
Nautaca vil- paifer fon armée: & de là il fe retira à Nautaca ville de la SogJ
diacne S ° § " diâne.Il eftoit accôpaigné de S pi tam en es &Oxyartcauecvi
•caualcrie de Sogdiâs ScDaïens venus deverslariuiere de T«
nais. Mais les caualicrsBacfrians voyans bien que toute™
perance qu'au oit Befle eftoit de fe fauucr àlafuittc, fede»
berent l'vn deçà l'autre delà, &c fen retournèrent en leurs rcM
fons< Alexandre citant arriué à Drapfaca y feiourna qucM
peu de tempspour faire rafraîchir Ion armec: puis tira aifl
fes forces vers A ornes Se Bacîres,quifonr deux des plusgraa|
des villes des Ba£tlïans: defquelles faifans approcher fes gen|
Pays d« Ba- les prit du premier afiault. Puis aiant eftably Capitaine dl
ûrians chafteau d'A ornes Archelas fils d'Androcles de la gendarme*
S rie des amis ,auec vne forte garni fon , il alla courir le pajjl
dcsBaclrianSjlequelilfoubmit tout à fon obciifancc,&y laiff
fa pourfonLieutcnantgeneralArrabazePcrlan, Celafaicti
?Oxe? UierC prit fon chemin vers lanuierc d'Oxe. Laquelle prend fa four-
ceaumontde Caucafe , Se cftime ion que c'eft laplus groiTe
de
D'ALEX. LE GRAND. LI. III. 137
A c toutes les riuicrcs& ficuuesdei'Afie,au moins de ceux que
oa/Ià Alcxandreaucc Tes forces : fors toutefois les ficuues des
Indiens. Elle va tomber à la mer au pays des Hyrcamens.
Voulant Alexandre trauerfer à gué celte riuiere , il ne trouua
âûcun moicn de ce faire , d'autant qu'elle a de largeur près de
demie licuë:& h la largeur n'elf pas encorcs correfpondante
à la profondeur, parce qu'elle eit plus profonde. Elle eftâuïH
fort roide, Se cil au fond tout fablon mouuant: tellement
qu'on n'y fçauroit rien maçonner ou autrement baftir qui
peuft tenir ferme. D'auantagele pays de cofté Se d'autre effc
tout nud&dcfcouuert: SC ri ç& poffible d'y rccouurcr des
matières pour drcfîcr vn pont . Auec toutes ces chofes , il
fembloir qu'on perdroitbeaucoup de temps, fil falloir ame-
ner des matières de loin pour ce faire. Parquoy il commanda
qu'on arrachait les peaux de cuir qui cftoient aux tentes, 8C
qu'on les emplilr de ramilles fort feiches : puis les feit coudre
bien fcrré,à fin que l'eau n'y peuft entrer: Se la-deflus parlèrent
la riuiere luy Se toute l'on armée en cinq îours. Auant que paf- J«
fer il conftdera que beaucoup de fes gendarmes &: foldats rose à fon
cftoient déformais bien caduques, tant à caufe de leur vieil *™«
aage, qu c pour celte longue guerre: & non feulement les Ma- j"^""
ccdonicns, mais auffi les TheiTalicns qui eftoient demeurez
delcur volonté àfonferuice. Partant il rêuoya tous ceux de Alexandre
cefte qualité en leurs mailbns. Il depcfcha pour aller au pays IlC£,ncie j«
dArie italanor, qui cltoit des amis, pour arrclter pruonnicr de fc retirer.
Arlaces Satrape des Aricns,pourautâc qu'il faifoit des menées
fecretes quifembloiêt tendre à quelque mutation :Sc le fubro-
gea au lieu d'Aria ces. La riuiere paifee il tiralapart,où il emc-
ditqueBefîc cftoit auec fes trouppes. Maiscômcil cftoit en
chemin, vindrent fc prefenter à luy quclsqucs vns, là en-
uoiczpar Spitamcnes SeDataphcrncs : lefqucls luy faifoient
offre, que fil luy plailoitenuoycr quelque capitaine desfiens
auec quclsqucs légères forces, ils luy liureroient BclTc entre
fes mains: qui toutefois n'eftoit encores prifonnicr: mais
qu'ils rauoicntenJcurpouuoir. Suiuant lefquellcs noiiucLics
f
ail
Ecilc
I3 S ARRTAN DE L'HISTOIRE
il enuoy a deua n t P tolo m c e fils d e Lage, auec trois cô p agtrîfl
Ptolom«dc o-cndarmcric des alliez , Se toute la caualcrie de ceux qj|
pclclie pour » , £ j i>: i
■erprendre nortoient des iauclmcs, le régiment d infanterie de 1 miou Sl
rir<;L - mil Argyrafpidcs, tous les h gnâs & moitié des gens de trjj
auec commandement de fc rendre en diligence vers Spi^
menés & Datap bernes. Luy conduifoit l'armée à plus petit
pas que deuant. Ptolomceaiant faift en quatre iours afl
de chemin que vaudroient dix traiÛcs ordinaires d'vn camp,
arriuaaulieu,auquelles trouppes deSpitamcncs aucicutlogfc
le tour precedât.Làileut plus certaines nouucllcs de ce qu'on
auoit rapporcéde l'en tr epn fc de Spitamcncs Se Dataph emç
àl'cndroicldc Bc£c,&quc ccncftoit pas chotcbienafle^H
Au moyen dequoy lailïàntfes gens de pied derrière pourvu
n 1 c a p rcs luy, il m a i c ha deuant auec la ge n d a r m cnc,& arM
à vn bourg , où il feeut que Belle cftoit logé, auec bien peufl
gens de guerre. Car ceux qui cftoient auec SpuamcnedH
floient dciîa retirez, ne fevoulans pas trouuer à la pnfe de
BciTe.Ptolomeeayancfaiaenuironncrlc bourg auecfagen-
darmeric(ce bourg droit fermé de portes Scdc miirailles^B
fommer les habitansdc dedans à l'endroit des poi res , 8c M
noncer qu'on ne leur fer oit aucun dommage i'ils vouldM
luy liurcr BelTc.Lequcl propos entendu, tout quand Se qu»
les portes furent ouuertes a Pcolomec , qui entra : Se la BçBj
fut pns.Ptolomcc rebroufîant chemin cnuoya deuant «
Alexandre, pour fçauoir de luy comment &: en quel citM
luy pîaifoit, qu'on luy menait Bcffc . A quoy Alexandre M
pondit, qu'il vouloir qu'on le luy amenait la corde au coM
en chcmile: Se qu'on le tinft à cofte droid du chemin, par le-
BctTe pris quel il deuoit palier auec fou armée. Pcolomec feir. ai .nJi qui
par Ptolo- luy cftmt mandé. Quand Alexandre fut à l'endroict de BJi,
Wà Aie- »Uuy demanda, Pourquoy il auoit aneftè prifonmer,j«
xanJre, foift mourir Dairc Ion Prince Se seigneur naturel, S: fon{§
rcnt ; & duquel il auoit receu tant de faueurs.Aquoy BcflèfjB
pondit , que ce qu'il en auoit falot, ne venait point de (on feul
aduis, ains de tous ceux qui pour lors citoicnt auec DairgM
auoieal
D'ALEX. LE GPvAND. Ll III. r|j>
loicntdperancequcenlcliumnt es mains de luy qui cftoit
Etorieux ils pourroicnt affeurer leurs vies. Alexandre com-
manda que fur le champ il fuft fouetté de verges r&fcit pro-
noncer a haute voix par vn trompette toutes les parolles
au'd luy auoit didcs couchât ta trahdon qu'il auoit commife Beffefuftjgéi
enii-rs fon Prince. Puis après aucir efté rulrige.il ordonna puis enuoJ .£
qu 'on le menait a Bactrcs , pour y eftre exécuté à mort. » S>~
Voila ce que récite Ptolomée touchant Belle. Mais An (lo-
bule efent que Belle fut amené à Ptoloraec par ceux qui
eiloient aucc Spitameues & Datapheraes, Se quil tut U-
uré nud, la corde au col, à Alexandre . Apres cela, Se qu Ale-
xandre eut faict remonter, descheuaux qu'il trouua la,plu-
fieurs de fa gendarmerie ( car beaucoup de cheuaux eftoient
demeurez les vnslas Scrccreuz, les autres morts par les che-
nu n: S, tant à palier le Caucafe, que fur le chemin pourallcra
la riuiere JCtecJma vers Maracandes , eu laquelle ville eft. c
ch.iftcau Se palais Royal de toute la Sogdianne . De la il alla So gdi a nn e ,
defeédre à la riuiere de Tanais. Ccftc riuiere (que Anftobulc u g^"
di£t eftre appcllec par les Barbares du pays par vn autre nom , ^duCaÛ
qui cft Oixâtes) prend la fourcedumontde Caucafc.Scvatô- «fè.
ber a la mer Hyrcamcnnc. 11 y a vn autre Tanais, que He- J^™*^
radote dict eftre le huidiéme flcuuede la Scythie, Se prendre t hk.
ion origine d'vn grand lac, àc tomber aux Marefts M coudes. JJ^j^
Et v en a quidientquc ce Tanais borne l'Alic contre l'Europe. s , par , ui5 'j c
Carau pont Euxin les matefts Mcotides,& le Tanais qui tôbe rAfie & de
dedans iceux, font la feparation de l'Aflc ô£ de l'Europe : tout ^n^*
iinB que le bras de met qui pafle entre les Gadiens 8c les Nu- & de l'Afci-
midienSjfeparc là l'Afrique d'au ec l'Europe : ne plus ne moins ^^Ta"
que h mefme Afncquc cil diuifee de l'Aile par la riuiere du f tlt]llc & a c
Nil. En cclicuadumt que quelques Macédoniens qui eiloient l'Afie,
allez à la picorec de cofte 8c d'autre, furet mis en pièces parles
Baibarcs du pays gens ramaflez : lcfquels après ce carnage
fai£t fc retirèrent à des montaignes afpres 8c droidfes de
toutes parts. Ils poun oient eftre lufqucs au nombre de trente
mil rcontrelcfqucls A iexandrefe délibéra d'aller, avant aucc
ï4o
luy les plus forts & difpofts de toute Ton armée : mais cômeilt
f'cfforçoicnt de grimper par vn coftau il y en eue beaucoup I
bleflez, pour cftrc le lieu fâcheux &c malaiié pour cuxi&çl
pouiïoient les Barbares courageufemem les Macédoniens,
Mcfmes Alexandrc^inft qu'il fe fourroit la celte bainec pa J
my les ennemis, fut bleue d'vn coup de treft , qui luy pcrjH
Vclir cuilTc . Toutefois ilfeic tant qu'il feit quitter la place au*fl
nemis : les vns deiqucls furent taillez en pièces par les Macs.,
Trente mil domens,lcs autres fc iettans du haut des rochers en b as J
Barbes de- mereiK cux mcfmes . De forte que de h grande mutt|
tude de gens qu'ils eftoicnt.à peine en peut-il
efchapper huiÊt mil hommes.
FIN V V TROIS IB MB LIVRE.
i4ï
QVATRIEME LIVRE
DES FAICTS ET CON-
qjestes d'Alexandre
le AND j Roy des
Macédoniens.
Abiens Scy-
thes louez
p.ir Homcrc
côme iuftes,
, . -, Ev de temps après vin drent vers Ale-
:< ^f|' xandre des Ambafladeurs de la parc
v 5 W des Scythes, qu'on appelle Abiens, lcf-
B quels Homère loue grandement côme
' iuftcs&rgens de bien. Ils habitent en
Afie, Scviucnten toute franchife 8c li-
berté: au moyen, peut cftre,de leur
pauuretê coniomcïe aucc l'équité 8c
droiture dont ils vfent enuers vn chacun. Au mcfmeheu
arriuaTAmbalïade des Scythes habitans en Europe, Car il y a
vne grande contrée en Europe habitée par les Scythes. Ayant
Alexandre dcpcfchc & licencie ces AmbalTadeurs , il enuoya E« ro ? c
auecques euxquelsqucs vos des liens fous couleur de trai&er
de confédération Se alliance aucc les Scythes, mais c'cftoit à
la vérité pour remarquer la fituation des lieux, le nombre de
combattans qu'on y pourroitlcu'crdcurs manières de faire, 8£
de quelle forte d'armes ils vfoiét.Il auoit en fâtafic de côftrui-
rc vne ville qui portail fonnom furlanuierc dcTanais:par ce
qui 1 trouua vnc affiette fort propre pour y édifier vne grande
cité : & outre cela bien comodepour luy, quand il vouldroit
faitcla guerre aux Scythes dedclàlariuiere. Et conceuoiten
(m
Scythes la»
birans en
14 2
AîlRTAN DE L'HISTOIRE
Alexandrie
baftic fui le
Tanau.
Rcuolte des
Barbares,
Gaie.
Cyropoli.
fan efprit le renom &r grandeur de la ville qui y feroit tuftlc
tant à caufe du nom du fondateur d'i celle . que pour lam uM
tudeScaffiucncc des babitans , qui y aborderoicut de toiM
parts. Pendant qu'il feiournoit a faire lecicr les' fond Lrné3
de celle cité, les Barbares voilîns de la riuiere taillent en p Ieca
ceux qui auoient cité enuoycz en gamifon dans leurs viliB
& fortifient leurs villes en la plus glande diligence j^M
leur cft polfiblc. La rébellion dcfqucls c fiant duiulguj|M
plufpart des Sogdians pratiquez par ceux qui ;uiparauajj|
au oien carrelle Belle, fc joignirent auequcs eux & attircr^H
leur ligue facilement quelques vus des Bicïrians,foit oupou r
la crainte qu'ils auoient d'Alexandre, ou pour le bruia^B
couroit que Alexandre à Foccafîon de celle reuokcauoit de-
libéré de tenir confeil & alfemblee gencrallc aZariafpa ville
puifïaiitcdcsiogdians, où il feroit appellcrlcs principaux &
plus grands leigneurs du pays : & que cela n'apporteroit rien
de bon aux Sogdians . Quand Alexandre eut entendu cïs
nouuellcs il commanda aux foldats de frire prouilion d'ef-
cbclles: puis partit pour aller à la ville de Gaze premièrement,
laquelle elloit la première qu'il reiicontreroit en ion themifl,
Etdifoiton que les Barbares t'eiloicnt emparez de fept villes,
dans le.fquellcs Us l'eftoicnt retirez. 11 enuoya Cratère à OjH
poli quicftla ville de plus grande eftendue de toute celle M
tree.où feftoient retirées plu fi cuis compagnies des BarbH
auec charge que après qu'il au r oi t faicl câper fon arrncebim
près, & affis les pièces de batterie aux lieux où il vcrroitqH
ncccffairc ,il tirait vue trenchec renforcée d'vn rampait aies
tour ue la ville: à fin que ceux de dedans eftans ainfi cnfcraH
n'eu de ut le moyen de fecourir ics autres. Luy, ii toft qu'il fut
arnuè a Gaze, pour eftonnet d'auâtage ceux de la ville, cofflf
manda que fans farreller on allait droi£l tout d'vnc iraiâe
donner l'affault à la ville : & feit dreffer des cfchelles en plu-
ficurs&diuers endroicls de la muraille. Les foldats qui vfoict
de fondes, les gens de trecl } &c autres portans dards fe mellaflî
parmy les'autres fan rallias, commanccrcnt à allaillir ceux qnt
eftoicnt
D'ALEX. LE GRAND. LI. IIÎL 143
a ■ », va dcfcnfc de la muraille & à tirer fur eux viucmcnt.
nnîoramcça pareillement à tirer force dards Se autres nefts
- eneins de guerre. De forte qu'en peu de temps la murait
Put dénuée de defenfc; ^partant futaife dedrcflcrlcscf-
rh'elies Au moyen dequoy les Macédoniens fans aucune re-
fiftan ce mon terent fur les murailles : ce qui leur fut facile a fai-
re n'eftant la muraille baftie que Je terre & gazons , & enco-
gfortbafiTe. La muraille gaignec les Macédoniens entrent
dcfinicdanslaville, reparle commandement d Alexandre
font paner tous les hommes par le trenchaot de 1 efpce : les
femmes enfans & biens des Gazions abandonnez au pillage.
Cela faift il tourna court aucc fon armée a vne autre villc,ap-
prochanten richcllesdeGazc, & baftie de la mclmc façon,
Luclk il prit le lourmefmes: & après auoirfa.tl tuer tous les
hommes , il abandonna le pillage aux foldats . Puis il alla a la
troifiéme. laquelle il prit je lendemain du premier aflaulr.
'Pendant qu'il battoir ces villes là aucc fon Infanterie, il cn-
uoya fa gendarmerie aux deux autres villes prochaines , pour
empefeher que ceux de dedans pcuÛent fçauoir les nouuellcs
delà pnfc des autres voifines, par ceux qui en cfcbappcroicnt,
à raifon dequoy ils fe meiflent en fuitte : Se que partant il
oguft la peine de courir après eux pour les pourfmurc: ce
qui fut fai£t bien à poind . Par ce que ceux de ces deux
Villes aduertis tant par le moyen de la fumée de la ville
plus prochaine d'eux qui brulloit , que par ceux qui f'en-
fuyoïeiH.decequi tftoit aduenu, ils gaignerent les champs:
& iiaû qu'ils fuyoient par bandes , vont tomber dans la
çai literie, ou ils furent la plufpart taillez en pièces. Ces cinq
viiUs pnlcs Si faccagees il feit marcher fon camp à Cyro- CyrepoK ba
poli , viHe plus nehe que ncf-vnc des autres , & fortifiée p *Jj^ 71
u\ue muraille beaucoup plus haute: comme celle qui auoit
cfté ^ôftruire pai Cyr, Se ou auoit efte fon palais &'feiuur plus
ordinaire. Dans laquelle cftoit entrée h plufpart des Barbares
«Jçs lus vanl.ins Se mieux aguerris de toute la contrée . Et
pv.m autant qu'elle lembioit telle, que ks Macédoniens ne
144 ARRIAN DE L'HISTOIRE
TeufTent fceu prendre par force d'armes du premier aJt tu j t '
Alexandre Pauifa de la faire battre d'vn collé auec fes enpM
de batterie , & de tafeher à la furprendre d'vn autre par v y
encrée fecrette, Si dont les ennemis ne fc doutoient point
ayant auccluy les gardes du corps , les gens de trecl & les ^1
grians. Pendant que les afïïegez citoienc empefehez à coitj.
battre du coite de la batterie , Se à Ce défend 1 e alencontrjj^B
aflàillans, il entra premièrement auec peu de compagniiM
cr et remet par vn endroict qui le rend a vn canal d'vn ruifiB
quipaiTcioignantla villc,lequcl pour lors cftoit iec &pr«M
pallemét contre la ville : puis abbattant vne porte qui eftdfl
auprès , il donna entrée aux autres fûidats. Quand les BajjH
rcs entendirent le bruict& les huecs de leurs ennemis cntMB
ils tournèrent vifaige vers eux, & y eut vnafprc & ni de co$.
Alexandre flict. Auquel Alexandre futblefic d'vne pierre par la tefte^
Weffé, furie col: Cratère d'vn coup de flefcJie, &: encores d'auto»
chefs de bandes. Ce nonobltant les Barbares furent coft.
trainctspar les Macédoniens d'abandonner la place où l'on
combattoit. Ce temps pendanteeux qui donnoicntl'airaultl
la ville par l'autre cofté, voyans que ceux qui fcitoient préfet
tez pour défendre la muraille fcftoicnt retirez, mon tereat
viftement. A ce premier conflit quifutfaicxà!avilIe,yn«B
rut enuiron buid mil hommes de ceux dededâs parles mB
des Macédoniens : les autres, qui eftoient encores iuiqu^
?tikée C t ^ x ' lul<; * mil hommes, fe retirèrent au chafteau : lequ^B
ropoii. C y auffî toft aflîcgé.Mais d'autant que par faute d'eau ils n 'eufjfl
peu endurer longuement le ûege, ils fe rendirent des le len-
demain. Puis il alla contre la feptiéme ville, laquelle ne peut
fouitenir le premier afTault. Pcolomec cfcritqucla ville fi*
rendue par ceux de dedans fans coup donner. Ariitobule 211
contraire: que eefte place aufïî bien que les autres fut pnfcpif
force d'armes , faifans les afïïegez tout ce qu'ils peurenr. pofflB'
la défendre: & que les hommes qui y furent trouucz furent
tous pris, 8c paflcz par le fil de l'efpcc : Icfquels Ptolomee di&
auoir elle départis par les compagnies par ordonnance d'Ale-
xandre,
D'ALEX. LE GRAND. Il UN. 145
xandrc pour y eftre fcureroent gardez, iufques à ce que luy &
toucc ion arraeefufient forôs dcccftc contrée: à fin qu il ne
dtmcumfcaupayspcrfonnede ceux qui feftoient rcuoitez.
Pcndantlctcmpsqueceschofcsfefaifoicntlatmee des Scy-
thes qui eftoit en Aiie, après auoir entendu que quelsqucs vus
des Barbares qui habitent outre la riuiere, feftoicnt rcuoitez LW des
Contre Alexandre, Approcha près du nuage deTanais, en Scythes
intention que files choies fechangeoient en ces licux-là, de £*• *
faire quelque entreprife contre les Macédoniens. Au meimes
temps vindrcntnouuclks que Spitamencs auec fes trouppes
tcnoit afïîcgcz ceux qui auoicnt cité laiflez en garnifon à Ma-
racandes. Parquoy quand Se quand Alexandre cnuoya pour
combattre Spitamenes,Andromach,Menedemc Si Caran,fic
auecques cuxfoixante hommes delà gendarmerie des amis,
& lunci cens eau ali ers étrangers de fa fouldc fous la côduifte
de Caran : quinze cens hommes de lafantene cftrangcre . Et
cnuoya aucc eux Pharnuches pour trucheman , lequel eftoit
Lycicn de nation, mais qui entendoit &parloit fort bien la
langue de ce pays- là, Se qui fembloit homme pour faire quel-
que bon exploit en ccftcaffairc. Quantàlaville qu'Alexan-
dre auoit commencé àfaire conftruire, l'enceinefc des mu-
railles fut ùà&c & parfaire en vingt iours : Se y feit habituer
quelsqucs Grecs qui auoient eftéà fon feruice,*: des Barbares
des enuirons, qui furent bien conttns delaifîer leurs maifons
pour aller demeurer dans cette ville : pareillement les Macé-
doniens, qui à caufe de leur vieillcflc ne pouuoicnt plus por-
ter le trauail des armes. Apres auoir facrifié aux dieux, com-
me il auoit de courtume,& ordônédcs Icux de pris à la cour-
feà pied & à cheual , voyant que les Scythes ne fe retiroient
point delà riuc du flcuuc:ains tiroient de l'autre cofté delà
riuierc (qui n'eltoit pas fort large en ccitcndroicY) fur fes gês :
& le brauoient tettans des brocarts contre luy Se contre ceux
defoncamp : QujI n'ceft otë aller alla il lir les Scythes, par ce
qu'il cognoiflroit en peu de temps quelle différence y auoit Scythes
entre les Scythes Se les Barbares d'Aiïc : ilmonta en cholerc d'AkxUx, 1
t
*
lA 6 ARÏUAN DE L'HISTOIRE |
pour ces parolles. Et defaia fedclibcra de palier l.iri U icrd|
parquoy commanda à ceux de ion camp de faire poiuiiot,
de peaux de cuir à faire flottes & radeaux pour faire palier
l'arme* Apres auotr fa.£t facnficc pour auoir feur p .:fla gC) &
vatqueles dieux neluy promcttoicnt rien de bon, &t qu 1 C5
entrailles des belles immolées luy preiagioicnt qui
quckueaduerûté à ce voyage. Qui fuccaufe que co^
qu'il Fuit bien fort animé pour ces brauades.il labftint pour
cette fois de donner bataille. Mais quand ilvntquc les Scy*
thescontmuoicntàfcmocqucrdcluy^deslieiis, les app*
Uns lalches & couards: ja toit que a vn autre iaennecqui
auoit faift Anftander luy euft dict , que de rechef il tuy cB
prefagié quelque malheur: il eftoit toutefois ucmcu& etiS
„ grade cholcre, qu'il fc prit à dire: Il vaulc m .eux le bazarderai
péril , queapres auoir conquis tantoft toute I Ane , endurer
" d'eftre »cfprifciKbmutesdesScythes:ainfi qu'il ad umr îada
AriftMier àDairepercde*erxes. Accftecaufc Anftander commença
«edia à a- à r ardcr lc r OVj & luy dia : le fcay bien, Sue, que ce<«
Si vous dy ne vous eil pas beaucoup agréable : tourctois ce (oui
aaiigerdètâ choies par Icfquellcs les dieux femblcnt vous aduertir dc«
p " l0Qne - qui vousdoiraducmr. Cenonobftam Alexandre, cft^B
flottes de cuir toutes prêtres pour pafter , comme ton arn*
eftoit fur le bord pour entrer, feu lafeher quelques vofl
d'engins de guerre rut les Scythes,qui faifoient bondir
nadcrlcurscheuaux fur l'autre bord, dont y en eut plu lie»
bleiîez: m cfmementvn, duquel l'Efcu& corp de .uiraifef
rent farinez d'vncoup , & luy porté par terre . Qui cltonM
les Scythes de veoir tirer fur eux de fi loing : & aufli qu ils»
rentceftuy la mort, qui eftoit tenu pour vaillant hemmedeti
perfonne : de forte qu'ils ab an donner ètlc nuage . Lesvoyaaj
Alexandre efton nez des dards Vautres trecls qui leur auoi*
cfté tirez, ilfe meit fur l'eau, & fut fuiuy de fon armee auec va
bruia Krctentiffcracntdc trompettes & daitonvïajfantaW
deuanteeux quiportoient des fondes & les gens de trc£t,p«*
faire toufiours reculer les ennemis dclanuea ce qu ils ne v' _
D'ALEX. LE GRAND. LI. II H. i 47
fcnt charger la Phalange au fortir, auant que le fiirplus del'ar-
meetliitpaffé. Quand ils furent tous palTez, il enuoya pre-
mièrement vne cornette de la cauaknc quieftoit à fa loulde, BataiIJe Jon
& quatre compagnies de gens de trc£fc à chenal, attaquer les née par Aie.
Scythes, leiqucls les foufhndrcnt, & pour èfité en plus grand «««« a «*
nombre les cnuironnoient & chargeoienr de grande furie : cyt '
puis ainfi bien montez qu'ils eftoi eut, & peuarmez,faifoicnc
aïkment retraite. Quoy voyant Alexandre, ily enuoya du
reiifortlesgensdetrecr, les Agriahs &les autres légèrement
armcz,dôt Balacrecfloir chef. Et pendan t que ccuxlàefloient
au confii£i:il enuoya trois cornettes de genfdarmes des amis ,
& toute la caualcne de ceux qui portoient des iauelincs
donner dedans . Luy par vn autre cofté aucc ce qui re-
çoit de caualeiic fen va à la charge . Quoy faifànt il
ofta le moyen aux Scythes d'approcher &c refuir ainfî à
leur mode. Par ce qu'ils au oient toufioUK la caualerîe à leurs
talons : puis les foldats armez àia legere^uimarchoient pelle
m elle aucc les caualicrs, les empefehoietu bien d'vfcr de leurs
rufes. Adoucies Scythes tournèrent le dos, & fenfuirentà L ^ Sc , J]es
val de routte, en eftanc demeuré mi! morts fur la place, du jesfaifts.
nombre defqucls cftoit vn de leurs chefs nommé Satraces: Se
enuiron cent cinquante faitls prifonniers. Ily auoiren cefre Eaa pefliié-
contree vne eau forrpcftilccicuff,dc laquelle Alexâdre, aiant
délia longuement pourluiuy les Scythes , beut, cftanttout xandreaiant
couuert de pouldre & de fueur procédant du trauail qu'il btu ;°! llbe
* . • i n j i en maladie.
auoitpns: 6; inionnnant après vn violent riuxae ventre le
faifit qui fut caufe de faire cefler la pourfuitte , que les Macé-
doniens faifoicnt des ennemis. Et fi cela ne fuft aducnu^Is
eu fl c n t c lié to us tu ez o u p n s, co m e l'eft i m c. A 1 ex an d r e cirant
tombe en danger de fa vie fut reporté au camp dont il eftoit
party. Et par la fut a l'cifcâ trouué véritable te qu'auoit pré-
dit Ariftander, que le Rov rombcroitau péril de la vie. Peu AmbafTa-
aprcsvmdtcnt vers Alexandre des Ambaffadcurs de la part denrs du «>y
du Roy des Scythes, fexeufant de ce qui auoit elré raid: 5e: J^AW-
que ce n'a uoitpoi méfié du commun confentcmentdcsScy- die. eïaa "
14 8 ARÏUAN DE L'HISTOIRE 1
thcsduonl'aaoka^illi. QilP ceux qui f'eftoient attachez i
luy & aux liens lauoient faiû foubs dp cran ce de gji gQ J
quclqucbuun.Quele Royeltoit preftde hure roue ce q^j
plairoit à Alexandre. Aufqucls Alexandre rm vue vefp 00 fc
fort douke & gracieufe: Se telle que requeron 1 citât où il
eftoit rcduicLPar ce qu'il voyoïtque ceueluy feroit pas hou,
ncur fil monftroit qu'il ù.li autrement que bien arreaiooj
enue'rs luv, & toutefois qu'il ne fartift point en campagne
pour aller combattre luv Sf les Scythes: ce qiul cognoiffc*
bien pour lors ncpouuoir faire , obttant 1 mdflpohtioQjM
perfonne. Quantaux Macédoniens qui eftoientaihege^
chatte au de Maracandc*, ainii que Spitamenes auec les fofl
qu'il au oit , donnou l'alfa uit à la place, ils r cirent vne&fl
fur les ennemis : dont Us tuèrent quclsques vus , &rcpojH
rent les autres: puis fc retirèrent Uns perte d'homes dafl
Spitimmet fortcrcffc. Mais quand Spitamenes ouït dire que les Maccdo-
leue k fiege n ; ens qu'auoit enuoyc Alexandre à Maracandes, pourfecoa-
MarSi 1 ceux qui y eltoient afnegez , approchoient , il lcua le%
& prit fou chemin versvnc autre rortcrclTc & palais Royal des
Sogdians. Lequel marchant en la plus grande diiigcncdH
pouuoit, futfuiuy par Pharnuches 5c les autres qui cftJH
auec luy, qui efperoient le ratteindre Se combattre à la M
de la Sogdiannc. Mais comme ils pourfuiuoicnt leur poiS
ils ic treuuent fins y peu 1er au pays des Scy thes NoncM
Dequoy aduerti Spitamenes, prit auec luy iufques au no rata
de fix cens chenaux Scythes: bien délibéré d'attendre lcfl
cedoniens auec le fecours qu'il auok. De hua il iemeitffl
bataille en vne plaine deferte, n'aiant intention de venir char-
<rer l'ennemy uy de l'attendre: ains feulement venoi t coftoj*
Ta Phalange des Macédoniens auecfacaualcric, 8c en paJB
efearmouchoit à coup de trea. Et quand les MacedoM
penfoient l'attaquer, il gaignoit le hault. Car il au oit des che-
naux fort légers à la courfc,& tous fraiz:oùau contraire cet»
d'Andromach eftoient crauaillezScrccrcuz,àcaufe du long
chemin qu'Us auoient faift fans repofer, ôepar faute derejj*
D'ALEX LE GRAND. LL ÏIIL i 49
foe Et parôt fuft ou qu'ils feiffent teftc ou qu'ils fe rcriraffenc,
tfseftoienttoufiours offcnfcz par les Scythes . Au moyen de-
quoy les Macédoniens ayans beaucoup de leurs gens blefiez,
aucuns tuez, fc rengerent en vn efquadron, & marchans en
celle manière tatchoientà gaigner peu à peu vue riuicre qui
tctkoit pas loin de la,qu'on appellePolytimete:en intentiô de
fc retirer dans vnc forcit allez près de la tôlière : à fin i d'ofter
parcemoicnlc pouuoir aux Barbares de les offenferh facile-
ment, & à fin de fc pouuoir aider de leur infanterie . Caran
le premier aucc fa caualerie , fans attendre Andromach, fe
meit à paifcrla riuicre, efperant mettre fa caualerie en lieu de
plus grande feuretc. Et comme il paifoic, les gens de pied allè-
rent après fins charge ou commandement ny conduire de
pcL'fbnnc,mais comme gens furpris de frayeur: & peile m elle
Se fans aucun ordre entrerêt dans la riuicre par des endroicts
fort hauts & droits. Les Barbares voyants la faute commife
parles Macédoniens font palier vne partie de leurs trouppes
lariuiereendiuerslieux:qui fe meirent à charger ceux qui
eftoient paifez^uis fe rctiroient arrière des coups : d'autres
femettoientaudeuant deceuxquipaffoient encorcs, & les
tuoient en l'eau. D'autres tiroient de loing en flanc coups de
flefehes: vne partie cftoit à dos de ceux qui entroient encorcs
en la riuicre. Defqucis dangers fe voyans les Macédoniens
cnuironnez, n'eurent autre recours que de fc retirer à vnc Iilc
alfez petite fituce dans celle riuicre. Où encorcs ils furent af-
failliz de tous coftez par les ennemis aucc leur caualerie, & Desfaidecîe
tous tuez a coups de tredtorsbicn peu qui furet pris par eux, p arS piuaae-
puis taillez en pièces. Ariiîobule efèrit, que la plufpart de «es-
ces Grecs furent defaids par Iemoyen d'vne embufeade qui
leur fut dreifee par les Scythes : lefquels feftans cachez dans
quclsques iardius près du chemin, fortirent au dcfpourucu
fur eux. Que les Macédoniens qui cftoicnr auec Pharnuchcs
vouloient qu'il cedaft la charge &C conduîdc des trouppes à
vn autre, comme n'en tendant pas bien le fin 61 de la guerre: SC
qu'il auoitefié làcnuoyé pluftolt pour ce qu'il cntendoit la
t iij
r 5 o ARRIAN DE L'HISTOIRE
langue du pays,. à fin de gaigncr&: entretenir ceux de hcojà
trec, que pouf eftre leur Capitaine en chef. Que quant à eux
ils eftoient & Macédoniens & des amis scferuitcurs du I< 0 y,
Et que ainfi qu'ils eftoient en débat Se contention à qui de*
meurcroitla côduidedc l'armec,S<: ne la voulant pas prendre
Andromach, ny Caran ny Mencdcme , en parue de p cur
qu'on ne dift qu'ils euflenr entrepris d'aduantage, que le R 0 y
ne leur auoit cômandé : en partie auffipour ce que l'il bafeoie
mal pour eux, ils craignoient non feulement le penl où. i^
tomberoient, mais aulïi qu'il leur fuft reproché , que par lcu r
faute l'armée euft efté desfai&e: les Scythes furuindrcnt,™
les taillèrent en pièces. De forte que de route la canal crie ne
f'enfauua pas plus de quarâte, Se de l'Infanterie cnuirontroû
cens. Lesnouuellescn v 11 ans venues a Alexandre, il fûtes
trcmementfafchédelapertedctantdcgcnsde bien &c vaiK
lans hommes :& fe délibéra de partir quand & quand, pour
«npo^rtl- aller combattre Spitamencs & les Bai bai es. Et menant auce
1er cabatrre i uv vnc partie de la gendarmerie des amis & les At gyrafpides,
Spiwmenes. j cs g^fe tlc Q. & \ cs Agriâs, auec les plus allègres 5c difpoftj
de la Phalange, tira vers Maracandes, ou il au on en tcndojH
Spitamencscftoit retourné &auoit mis le liège deuant lechfc
fteau. Il marcha à fi grandes io uni ces, que en trois iours ilfea
*Qai valent milcinq cens ftades,* & le quatrième iour au leuer du lblcilil
enuirô qua- an -j ua bi cn pres de la ville. Dequoy cftantSpiramencs aduer-
tre vingts Se f , . . i l - h ai
èix heïes t'y , fans attendre ion arnuec , leua 1e camp & l'en alla. >lle-
Fianjoiles. X£m dre le fuyuit. Et quand il fut arriuéau heu ou la bataille,
auoitefté donnée, il feir enterrer les morts le plus hotinojîj
bîeroeDtquil.peut, félon la commodité du lieu: puisilpour-
fuiuit fa poinéte , iufques aux deferts de Scy thic. Et voyant
qu'il ne pouuoit atteindre les ennemis rcbroufTa chemin, pil-
lant Sigaftant leur pays, & fanant mourir tous ceux qu'il peut
attraper , qui auoicnt efté à la desfaietc des Macédoniens, &
f eftoient retirez dans des chafteaux &c autres fortes places : 85
courut tout le pays par où paffe la nuierc de Poly timctc. Car
paflclelieuoù il le perd foubs terre pénétrant au uauers Ju
urne
D'ALEX LE GRAND. LI. ITT I, 151
fable , tout !c pays qui cft par delà dl defcft & non habite . Et
efi ehofe v-rsye, qu'il fe perd & airefte ion couis tout coure ,
combien qu'il y ait de l'eia beaucoup . Et uon feulement ic
pôlytiaiete, mais aulïî pkuicurs autres gros Se longs fleùues ? tc&plafieatt
frmmciLpjLrd.quir-ire parle pavs des Mai diensr Arcsdont «mw
*■ r 'il » * ,-. . lies lepetdet
les Ariens (ont nommez : htymandre, qui crauerlc le pays des foubs f crre ,
£ lK rgctcs.dciqiicls il n'y a pas vu qui ne foitauffi gros pour le
moins quelcPenecdcThciratic 5 àprendrcdcpuislclicu nom-
mé Tempé,iufqucs à la mer. Quant au Poly umcte,]l cil beau-
coup plus gros que n cft le Pence , Ces choies ainfi aduenues,
fetexandrefen alla à la ville de Zariafpa , qu'on clloit défia en
J'hyucr : & là Ton armée hyucma. Pendant ce temps retour-
nèrent vers Alexandre, Phrataphcrnes latrape des Parthes,^
Stafanor qui auoit efte enuoyé au pays des Anens , pour arrê-
ter pnfonnicrArfaccs: lequel il auoit pris, & au ce luy Batza-
ncs 3 quc Bciîc auoitpourueu de Feftat de Satrape des Parthes:
qu'ils amenèrent aucc d'autres qui feltoiét rcuoltcz, pour fut-
ure le party de BefTe ;& les prefenterent au Roy. Enccmcf-
mc temps auflî retournèrent des pais bas vers la mer Epocillc,
Mclamdas & Pcolomec cotonncl des Thraces : lcfqucls y
auoientefté en u oyez pour la conduire des deniers dcliurez à
M en e tes, Se des foldats des alliez. Arnucrcut au/fi A fa ndreôc
Nearch aueedes nouuellcs bandes de Grecs qui venoientau
fcruice d'Alexandre. Auflî an uia BciTc Satrape de la Syrie, 8C
Afclcpiodoie Amiral fur la mer, aucc des compagnies nou-
uelies.En ce lieu Alexandre fut aiTcmblcr ceux de ion armée:
& apres leur au ou fai£t qucïsquesrcmonftrances , feu venir
Belle : lequel il reprit afprcmeot de la deiloyaute & felonnie
dont il auoit vféenuers Daire: puis luy feit coupper le nez & Supplice Je
les oreilles . Apres cela il l'cnuoya foubs bonne & feurc garde BciIc '
à EcbataneSj afin que la par fcntcncc & iugement des Medois
fcdcs Perfes, defquclsil auoit faicl mefehamment mourir le
Roy, il fuft exécuté à mort. le nepuis certainementapprou-
uerec fuppîice de BciTc; ainspluftoft me lemblc cefte mutila-
no u de membres du tout brutale 6c barbare fque , Et peu fer oy
j|| ARRTAN DE L'HISTOIRE
bien qucAlcxadrc auroic efté incité à ce faire parvne certai,.
ne enuie qu'il auoit dcmonftrer qu'il cenoit quelque chofedd
k prefumption &c arrogance Medoifc & Perfique : c>: a l'imi-
tation de la licence &pôuuoirdcfmcfurÊ quefe donnoicuy
L«Roy S d= nifolemmcntlcsRoysdcccftc part entiers leurs lumens, y
P Cl£e mole- n ft k équitable, & moins non mite. Ccn'eft
i'ïXît S'res plus d'honneur à luy danotrUrlTé l'habit def 0û
t«» D avs pour prendre l'atcouttremcnt des Medois & le enappeau
£*tf£ koyal de ceux qu'il auoit vaincus : veu mefmes qu il fc dififl
biUeràlamo cftre iffu de la lignée d'Hercule. Au refte lesmœui^ d Akxan.
££* eftrî " dre, plus que d'être quelconque, m'ont apptis^uVn hornn»
' quel qu'il foit.fuft il vaillant de la pcrlonnc tant qu on voudra,
d'illuftre Kantienne maifon , '& qu'il cuftla fortune encorej
plus à commandement que n'eut ïamais Alexandre: cuit il a&
nexèl'Africqucài'Afiepar luy conquifepar force d'armes (te
ou Alexandre auoit en fantafie de faire) & y eut il encjH
Modeftie ne ima l'Europe : fil n'eft accompaigné de modclbc & attrem-
cdStecim p an ce, ne doit eftre cftimé heureux. 11 ne fera pas hors de
d'tcou» Je propos de reciter en ceftendroift l'inconucmcnt qui aH
h mort du d( . b mort j c Chce fils de Dropidcs ( ja- fort que cela adM
grand CUtc , [cmps aprcs) laquelle a caufé vn grand hlafme à M
xandre. Ondiaqucles Macédoniens ont vn certain îouriB
lcuncldcdic à Bacchus , qu'ils appellent Denis : auquel»
Alexandre auoit de couftume de faire facrifice au ecvng^B
appareil a Bacchus. Que ce iour là citant venu , S
xandre auoit facrifiê à Caftor & Pollux , Se non poi«
à Denis . Et que après cela fut faift vn banquet , qui
mira longuemcrrt-à la mode des Barbares ■. fur la fin du*
quel ( citants délia Se des auparauant les comportements
&c manières défaire d Alexandre tout changez) & lors tous
ceux du banquet bien efchauffez de vin, un tomba enprt*
nos de Caftor Sd Pollux: comment on auoit referé , laiflâ*
Tyndare derrière, leur généalogie & defeente à lupkcr: M
comparans mefmes aucuns de ceux qui cftoiët là Alexandre'
pour luy gratifier, à Caftor &c Pollux : comme il y a des hoav
D'ALEX. LE GRAND. LI. 1 1 1 1. ij 3
nies aiTez& trop addonnczà flateric, vrayc ruine 8c perdi- Flatcrîe TO î-
tiondesRoys. Mcfmcmcnt y en eue qui dirent îufqucs là, ^^Ç rdi "
qu'à bon droict on le pourroit accomparcr à Hercule: mais
que l'enuie donne empefehement, qu'on face à ceux qui font
encores viuaots l'honneur qu'ils ont bien mérité. (Ileftok
ailHiuger combien aigrement portoit Cite le changement
des mœurs &c façons de faire d'Alexandre en celles des Bar-
bares: & pareillement combien il eftoitmarry d'ouïr les pa-
rolles de ceux qui flatoiét ainfi leRoyenfaprefence). Alors
Cite plus hardy au moyen du vin qu'il auoit prisme peut en-
durer qu'on fcift iniurc ou deshonneur aux dieux, &: qu'on
abbaiiiàft ainli les beaux exploicts d'armes des demy-dieux,
pour en chatouiller les oreilles d'Alexandre. Etfe prit à dire,
quelcsfanStsd'Alcxâdren'eftoient fîgrâds ne fi merucillcux,
comme ccuxlà les magrnnoicnt par leur babil : &:quc enco-
res les Macédoniens auoiêt-ils bône part à ce qu'il auoit faicr.
Defquelles parolles Alexandre ne fut pas content: 82 non
lànscaufc. Et à mon jugement euit il cfté mieux feantàClite
après vin beu de fe taire, Scmonftrer feulement qu'il n'eftoit
pasflateur, comme ces autres. Mais quand on fut entré plus
auant en matière, il aduint qu'on tomba en propos du feu
Roy Philippe, faifans quelsques vns bien peu de cas de les
fai£ts, pour d'autant faire paroiftre ceux d'Alexandre par
là acquérir fa bonne grâce. Clire lorsfe meit en furie, fur-
hauflaiu iufqucs au tiers ciel les faicts du Roy Philippe, &c
amoindriiTantccux d'Alexadrc. Apres commeça à mettre au
deuant à Alexandre i que en la bataille donnée à la riuicre du
Granic il l'auoit garanti de more. Et quand & quand haulfant Témérité de
« le bras : Voila, di cl- il, Sire, la main qui lors vous fauualavic. Cite *
Dcquoy Alexandre f'cmcutgrandcmcnt, & impatient en fa
cholcre, felcua pour aller à luy: mais ceux qui cltoicnt au-
près de luy le rcundrent . Clite pour cela ne ceiToit point de
luy dire des parolles aduantageufes étendantes à fedition.
Et combien qu'Alexandre appellaft les Argyrafpidcs à haute
voix,toutcfo)s perfonne ne venoit: au moicn dcquoy il com-
v
M4 ARRIAN DE L'HISTOIRE^ |
mancai écrier, Qu il cftoit rcdui£t en capnmtc comme
auoit cftcDaircparBcffe, 8c que rien plus ne luy rç toit q Uc
lcnomdc Roy. A loccafion dequoy on le lama aller. Lojd
H arracha vne iauchne, ou ( comme ddent les autres)^*,
hallebarde, des poings du premier des gardes qu il «ncooj,
donc il donna à Clue a trauers le corps, & le a.a. Ariftob*
nedeclaire point dont procéda cdk choleje, toutefois d,*
met toute la faute iur dite fcul : lequel eftant fort, iecret-
remet par vne poterne hors les murs & fefTcz du chaftea»
le moyen dePtolomce fils de Lage, il retourna encores, &
fallaprefentcr deuant Alexandre , qui le cerchoit par tout,
Si lappclloic tant qu'il pouuoit par Ion nom: Le voila, dift.^
Sire eeClitc que vous cerchez tant: Se que Ion il reecutlc
coup de hallebarde. Quant à rnoy il me temblc que ainfiquc
Chtccuttort d'vfer de termes fi téméraires a ienaroiddu
L M ,. e Roy: auflï Alexandre peut- il à bon droite cftrc bhfm^«
ac r^ron- Mire îaifsé furmonter à deux vices, la cholcrç, & lyuroj.
parie def- „ ncilc qlu apportent tant de deshonneur & didamc, ra%
c riu% ce au plus petit du monde, le loue aufli au contraire gr*
P erit du dément Alexandre en ce, que les fumées & force du»
xaoaie - paiTees, il cm en horreur, 8c fc repentit de ce qu'il au*
feict. Car il y en a qui récitent, que quand il cognera le H
qu'il auoit commis, il fc voulut tuer de la mefmc hallebarde,
de laquelle il auoitfaia mourir dite : comme filic fuit icenr
indienc de plus viure parmy les hommes, pour aucir eJH
(ctlliZ furpris de vin, ofté la vie à vn homme s qui luy cftoit tancM
"*""' ' &z feruiteur. Mais qu'il fut retenu par les Princes tes plus*
miliers qui cftoient auprès de luy. La plufpart des Hilton*
graphes qui en ont efcrit,nen font aucune mention. Ils et-
criuent bien, que quand il fut retourne à luy , & eut repris Kl
bons efprits, il fc ie6tafurvnlic.t ) fondât quafi en Iarmcs 3 ay#
toufiours en la bouche le nom de Clite , & de Lanicé , fille de
Dropidcs,feur de Clite, qui auoit elle fa nourrice: difa^B
rendoit vne piteufcrccôpenfe, lors qu'il cftoit deuenu ho«j
à elle qui lauoitnourry de fon laitt après luy auoir iaict vo^
uoir tue
Glîte
D'ALEX. LE GRAND, LI. HIÎ. ijj
fesenfans morts pour luy au combat , d'auoir nouucllcmcnt
tué de fa propre main fon frère, qu'elle tenoit fi cher: l'appel-
ant ic meurtrier de fes amis. Et qu'il tomba en vnc il grande
repentâce U indignation contre foy mcfmes.qu'il fut fefpace
de trois îours fans boire ny manger, ny auoir aucunement
foin de fa pcrfonnc:& euft encores perfeuereen cefte manière
défaire, fi ceux qui cftoicnt pluspnuczde luy , qui lallment
C onfoIer,& rdcâoictt toute la faute furChtc, ne 1 1 euflent
dcflournédu vouloir qu'il auok de te faire mourir. Suiuant
le confeil dcfquels 3 & à leurs grandes Se mitantes prières il
commença à manger :&facrifia à Bacchus, par lire duquel,
ainliquedifoient les deims,icelaefixm aduenu: pour autant
qu Un'auoit tenu conte de luy facnfier au lour accouftume.
En quov on luy fat phifir, à fçauoir dereiefter la faute adue-
nuefur Vire de Bacchus. Quant au foiû en foy, ie ne puis que
le ne le blafme: mais aufïï la recogn oiflance & confcflion qu il r . ^
{bit de 6 faute &la icpcntancequ il en eut, au lieu de 1 en ven- w 3 cfau _
ter ou enorgueillir, ou, qui euft ellé encores pis ,1e vouloir «.louabu.
faire trouucr bon , me femblent dignes de louange 8c hon-
neur. Il y en a qui ont eferit , que les principaux de fa cour
ferrent aller vers luy pour le conloler leSophifte Anaxarch,
lequel a fon arnucc le trouua couché & efteodu iur vn li&quj
foufpiroit profondément: dont il commença à foubrirc 3C
dircqu'il ne fcauoit pas encores pourquoy les fages ont feind
la milice eftre affife à cofté de lu puer. Ce qu i auok eftê muen- ™£™ £
té par eux , à celle fin que tout ce qui eftfaic~t & arreftè par lu- na*arch.
BÎteri fuit eftimé iufte & équitable. Qu'il falloir auffi que tout
ce qui fe faifoit par vn grand Roy , fuit tenu pour chofe bône
& iufte, premièrement du Roy mcfmcs.puis après des autres.
Au moyen duquel propos Alexandre le remit vn peu,, Se
eômartca à pailér fa faichcrie.Mais cela fut caufe qu'Alexadre
tomba en vn grand crreur,& de trop plus grande importance
que ecluy auquel il eftoit tombé parauant: filcft poiïible qu'il
ait tenu cefte propolitiô pour l'opinion d'vn home fage & bic
auifé:c'eft à feauoir, qu'il neftpoint dcbcfoin à vnRoy de
V jjj
^ ARIUAN DE L'HISTOIRE 1
faire eoutparconfcil,ou de regarder de fi près aux chofes qu'J
luyplaiftde faire tains que tout ce qu'il ta>a& ordonne, fejj
qucfoic,on le doit tenir pour bon ôc équitable. Mcfmcs on
Infolcncc au Alexandre voulut eftre tenu Se repuré pourvnDie^
W™* &rc ' vlcr fc pour tel 5 comme celuy qui croyoit.ou pour le moiàj
voulait qu'on crcuft,quc Ammon cftoitfon pcrc.pluitoft q Uc
Philippc.Et après qu'il eut dchufsé la manière de viurc de Ion
pavs,pour prendre celle des Medois & des Paies , & qu il eut
pris l'accouftremcnt Perhque, illuy fut bien aduis quiln*
uoit eu que faire pour cftrc réputé tel qu ildcfiroit, de telle
manière de fiateurs : ny mcfmcs de Sophiftes, fuit Anaxarch
Agis Amen où le pocte Agis A rgien.Ce que Caïliithene d'Olynrhe ,audi-
F o«e. ° t cur & difciple d'Anftote , homme icuere & auftere cnlaH
c S'hî " iere dc vmL ' c > nc p° uuoit bicn g° ufter - Auffi nc p°^' ro yi
lifcJK- pas moy mefmc t maïs aufïinc trouuc-ie pas auoir efte mode-
liftote * ftemét eferipe par Callifthene, fi ainfi cft qu'il 1 ait cicnpt, que
Si Alexandre , & les fai£ts d'Alexandre eftoient înfcneursl
.„ lay Scà fes eferipts. Et qu'il n'eftok pas venu vers Alexandre
d^S- pour f acquérir honneur : mais pour faire que Alexandre M
pl»c renommé 5c honoré parmy les hommes . Que ce qui cltok
caufe qu'Alcxâdrc prefumoit tant de foy , iufqucs à auoir <M
nion dcftrevn dieu, n auoir point efte- ce qu'il auoit autrdB
entendu d'Olympias fa merc touchât fa n alliance : mais ■
toft les chofes qu'il auoit efetiptes Se faid cognoiftre <'"S
mes de luy. Il y en a auflï qui efci iuent , que luy cftantM
fois interrogé par Philotas, à qui à fon aduis les AthenjB
portoient plus d'honneur & de rcucrcnce? il refpondit^J
-c eftoit à Harmodie &£ Ariftogiton,pour autant qu'ils auoicnt
ofté la tyrannie, &tuc l'vn des tyrans. Luy demandant dere-
chef Philotas, en quel lieu dc la Grèce y auoit feurc retrait
haï JE pour celuy qui auroitfaia mourir vn tyran? Il feit rcfpocfc,
«m. a ' que encorcs qu'il n'y en cuit en autre lieu du monde, pour le
moins y en auoit-il chez les Athéniens. Lcfquels autrefois
auoicnt fouftenu la guerre pour les fils d'Hercule alcneontre
de Euryfthee, qui tyrânifoit la Grèce. Quant à l'adoration; &
' 1 1 cornrneiflj
D'ALEX. LE GRAND. LI. II II. ijj
comment Callifthcnc v rcfifra, voicy ce qu'on en raconte. II
auoit efté arrefté eutre Alexandre Scies Sophiftcs, 8c les plus
Eands d'entre les Pcrfcs 8c Medois qui eftoient aupresde Ta
pcrfonue,queau iour conuenu entre eux pendant qu'ils fe-
roientàtablc, de propos délibère on tomberoit en deuifant
fur cefte matière. Et de èâ& le iour venu Anaxarch, qui auoit AamrA c3
à parler le premier, commença à dire: Qu'il y auoit beaucoup oouefespro
p L de railbn que Alexandre fbft tenu Se réputé pourvu grfefet*
dieu, qu'il n'y auoit à Hercule, ou à Bacchus : non feulement
pour la multiplicités grandeur des faifts Se conqueftcsmiais
autfi pour autant que Bacchus eftoit deThebcs, qui cft vne
nation quinclt à comparer ny en prouëffc ny en renommée
aux Macédoniens. Et quant à Hercule, qu'il eftoit Argicn , 8c
qu'on n'en dcuoit non plus faire comparaifon, iinon d'autant
qu'il touchoitdefang à Alexandre. Quil eftoit bien plus rai-
fonnable que les Macédoniens rcucrailènt Alcxâdre comme
dieu, que ceux-là. Et qu'il ne falloit point auoir de doute,
qu'Alcxidre ne feroit pîuftoft decedé , que eux le tiêdroient
pour vn dieu. Et u ainfi eftoit, qu'il eftoit plus raiionnable de
l'adorer pendant fa vie : d'autant qu'après fa mort il ne recc-
uroit aucun frui£t des honneurs qu'on luy pourrait faire.
Quand Anaxarch eut dift ces parollcs Se autres fcmblables
fur cefubicctjcs P v abarcs qui eftoienc de l'entrepnfeapprou-
ucrent ce qu'il auoit propofé, Se dirent qu'ils eftoient bien
contents de commencer à adorer Alexandre : mais les Macé-
doniens qui eftoient alentour ne trouucrent pas bon le pro-
pos d'Anaxarch : Se demeurèrent tous picqucz,bien marris,
fans dire vn feul mot. Mais Callifthcne,qui eftoit plushbrc en CaIJifthcne
parolles : Quant à moy, di£t il , Anaxarch , ie fuis d'opinion &r j!£
qu'il n'y a honneur mondain , dont les hommes fepcufTent doration
aduifer, que le Roy naît tresbien mérité. Au refte on fçait |£ lcw "
bien, que les honneurs diuins 8c mondains font differéts.Aux
•dieux apparticnncntlcs templcs,lcs fimulachrcs, les bois fa-
> crez, les JacnriccSjles cfruiîons. Encorcs les hymnes font aux
Ébux;les louanges aux hommes. Quand les hommes veulent
v iy
158 ARIUAN DE L'HISTOIRE
« falnër quelqu'vn, ils ont accouftumè de l'cmbraffer & baif cr;
mais la diuinitc, pour autant qu'elle a Ton iïege lahaur.&n'cft
„ j>mis aux humains dci'attoucherà celle caute en ia reuerc en
adorât, Pareillemét en l'hôncur des dieux fe loin les chœurs*]
„ dâfcs de chan très Se mu lici en s, Se le p r on ôcenrS^c bât en t dç s
» cantiques à leur louange. Et n'eft de mcrucillc fi aux dieux on
., porte autre reuerence que aux hommes: veu mci'mcs quecci-
*. le qu'on porte aux demi dieux eft différence a celle qu cmp 0r _
„ te aux dieux. Une faut donc pas confondre ces chofes,^
„ qu'vn homme mortel l'exalte ii fort par délais les autres par
„ attribution d'honneurs, Se abbaifïcr indignement la hauieflc
„ &majeûédes dieux: ce qui aduicndra, li Ion porte au ta»
« d'honneur Se reuerence aux hommes que aux dieux. Lqq
. fçait bien que le Roy ne fourrriroit iamais , qu'vne perfonne
purepriueepratiquaft parvoyes indirectes 6e brigues illicites
les tiltrcs & honneurs à luy deuz. A plus foire raUon peuucal
„ ks dieux fc courroucer, f'il y a home fi mal aduifé dcfatfl
„ bu cries hôneurs diuins,ou delesrcceuoir, fi autre les luy de-
ferc. II ne faut point douter, que le Roy Alexandre nfl
proche bien près de la perfection de l'homme, & qu'il nefg|'
„ entre les bons le meilleur, enrre les Roys le premier, 6c que
» entre les capitaines & chefs d'armée il ne fepourrou troutaj
homme fi digne de commander. C'eftoiu.a vous Anaxanà
» qu'il conuenoit, fil conuicntà perfonne, de dire ces parolto
» Se autres femblablcs aux oreilles du Roy, Se les luy imprima
au ccrueau: Se le deûourncf de faire le contraire par vo&à
n harangue : veu que vous luy efies fi familier à cauic de voft»
» prudéce Si érudition, qu'il ne fçauroit eftre vu iour fans vous.
». Ce ne vous eft pas honneur d'auoirvfé de tel langage. Vous
■■ deuiezplus tofteonfiderer, que ce n'eft oit poinct à Cambyfa
ou à Xerxes, que vous vouliez perfuader cela: mais à Alc-
„ xandrcfilsde Philippe, defeendu de la race d'Achille &oe
„ Hcrculcdes auceftics duquel eftans venuz d'Argos en la Ma-
cedoine ont gouucrnéle Royaulme, non point par force,
„ mais en toute îufticc Se droicîure, félon les loix Se ilatuts du
pays.
D'ALEX. LE GRAND. LL IIIL iy 9
Qije mefmes les Grecs ne feirentiamais àHerculeles
" honneurs diuins de fon viuant : ny mcfmcs aprcs fa mort , fi-
' non depuis qu'Apollon Dclphiquc eue commandé qu'on le
" Là pour vn dieu; Quefilcrtqucftion de prendre vneimu-
" uellc manière de viure,&vnc religion Barbarcfquc, àl'occa-
' {ion de ce que nous fommesparmy les Barbares: levousfup-
nhetres humblement , Sire, d'auoir mcmoirc de la Grèce en
" faneur de laquelle vous auez entrepris ce voiage: afin d an-
nexer l'Afie àlaGrece.Etdesà prefent faut penfer h quand
„ vous ferez de retour en Grèce, vous aucz arrefte en vous mef-
, mes de contraindre les Grecs(qui cftvn peuple de tout temps
,. & ancienneté fort libre) à vous adorer: ou li eux eftans ex-
■ empts de ce faire, vous chargerez les Macédoniens leulsde
.. cefte honte: ou bien, fifaifant diftinftion d'honneurs Iclon
. la diuerfitè des pays, vous voudrez cftrc rcucré, à fçauoir par
.. les Grecs & Macédoniens à leur mode,& par les Barbares
.. à. la Barbarcfquc. Si Ion veut dire que Cyr fils de Cam-
. byfe, qui fut bien le premier entre tous les hommes, le
feit adorer en fa vie par les Perfes 8c Mcdois ^ aulïi faut il
- auoir efrard que le mcfme Cyr en fut bien chaftié par les Scy- _
■ thes, qui font panures gens mats libres. Datrc premier parau- trc / RoyJ de
« très Scythes. Xcrxcs parles Athéniens & Lacedemoniens. Perte dia-
- ArcaxcrxcsparCIearch, Se Xcnophon aucc dix mil nom- J «
mes feulement: & ce dernier Dairc par Alexandre, lors qu'il antre» de ft£
» fc contentoic encores des honneurs mondains. Les Macedo- «fciftadp-
mens prefterêt volontiers f oreille à ce dilcours & autres fem-
blablcs quefeit Callilthenc aucc vue grande éloquence & li-
berté déparier. Alexandre le prit de mauuaifc part,&: enuoya
ioconnnêtgcns fous main parmylcs Maccdonicns,pour leur
perfuader de l'adorer. Et comme aprcs ce propos chaicun
eflroit attentif à ce qui aduiendroit, les plus anciens & plus
grands feigneurs d'entre les Perfes fc leuercnt, Se commanec-
rent à adorcrlcRoy,chafcun a Ion reng félon les cérémonies
Pcrlïqucs. Lconnat qui cltoit des premiers d'auprès delà per-
fonnej ainfi qu'il rcgai doit faire les Perfes, en veit vn,qoi ado-
m -ARRÎAN DE L'HISTOIRE j
roit auec vue abieftc & fottc contenance, dont il ne fepene
tenir de rire. Dequoy Alexandre fut fâché: nuis il fapparft
peu après. Aucuns clcnucnt , que Alexandre feit vn feiti^
ou l'on bcuuoit de reng lVn après l'autre dans vnecoupjàj
d'or : auquel Alexandre beut premièrement à ceux qui cftoiê t
delentrcprifcpour l'adorer : lefqucls après auoir bcu.EaljJ
rent adorer &baifcrlVn après l'autre. Et que quand ic.viat
au reng de Calhithene, ilfelcua & beut, & fans auoir adoré
fada prcicntcr pour baifer Alexandre. De fortune Alexan.
dix deLufoit alors aucc Ephcflion , & ne prenou pas g"M
éaffiftW ce qucCallifthcnc faifou . Telkmenc qu'il euft peu trompe*'
« veut ado- ^ Royi f ans quc Demetrie fils de Pythonax l'vn des piusfaJH
tiers d'Alexandre l'aducrtu, qu'il n'anoit pas faift le dcuo|H
l'adorer. Qui fut caufe qu'Alexandre le reiefta, comme il
faduancoitpour k baifer. Dont Calliithcnc ftit aucunement
éMeu:Scdia-on qu'il refp on dit, Et bicn,ie me rctircray «
perdu vn baifer , & rien plus. le ne fçauroy, quant à moyjM
prouucr en façon du monde ces manières défaire, qui*
caufent que blafme à Alexandre : auffi ne fçauroy ic iouerles
comportements trop feueres de Callifthcne. Mais i u îs d'o*
pinion, que tout homme qui veut fuyure la cour d'vn Pri^H
doit luy porter honneur, &c ne faire chofe qui ne tourne à fi
gloire &. louange. Au moyen dcquoy ie ne trouue pas cffcratt.
fi Alexandre monta en cholere contre Callifthene, pfl
l ; eftrc monftré entiers luy fi contredifant & importun^B
penferoybien que de là procéda, qu'on adioufta facilcfl^B
foy à ceux qui lac eu fer ent d'eflre complice delà colp nation', :
quequelsquesieuncs gentilshommes auoient machiné alc*s
Côfpiration contrc dela perfonne d'Alexandre. La confpiration futtellft
C °adK AlC " Des le viuant du Roy Philippe auoit commencé vne court*
me, que les fils des Princes & autres des plus grands fcigncuB
de la Macédoine, quand ils cftoient deuenus grands, citoient
appeliez au feruice du Roy, pourleferuir à table Ken cha 4
bre, pour faire le guet à lcntour de fa perfonne, & luy elfe*
comme sardes de fon corps quand il dormoit : luy feruoic*
° d'efeuiers
D'ALEX. LE GRAND. LI. II IL m
d'efcuiers d'cfcuine, & le montoicnt à chcual à la mode des
Pcrfcs. Quand dalloit a la chafle l'ace ompagn oient &:fuy-
uoient. Enttx ceux -la eftoit vn nomme Hcrmolas fils de So-
polidc, qui eftoit fort addonné à la Piulofophie, & pour cefte
caule portait bomicade&ion à Callifthenc. On di£t 3 quc ceft
HeimoLts, ainfî qu vn lour Alexandre citoit à l'aiTemblce,
preuiru Alexandre à enferrer vn fanglicr, & tomba mort le
ianglier fur te champ :1e Roy indigné de ce que le moyen de
donner le coup au fang^ier luy auoit erré olté , cômanda tout
quand & quand de fouetter ce ieune gentilhomme en la pre-
fenec des autres qui cftoient là,& de luy ofter fon cheual.Que
dccefteiniurc feredentant Hermolasf'cn alla plaindre àSo-
flratc fîis d'Amyntas qui eftoJtde fon aage , Se cftoit fore a-
moureux de luy : auquel il ditt, qu'il citoit délibéré defe ven-
ger du tort qu Alexandre luy auoit faift, ou qu'il rnourroit en
la pemc:& qu'd perfuadaaifcmct à Softrate^qui luy eftoit amy
tantaffedhonne , de luy ayder en cefte entrepnfe de fi grande
importâce. Lequel Softrate attira à leur ligue pour eftrc côpa-
gnôs de ce fairï, Antipatcr fils d'Afcîepiodore Satrape de Sy-
rie, Epimcned'Arfee, Anticlcc dcTheocrite ,Philotas fils de
Ca dis de Thrace.Qiu après auoir fai£fc fermer l'vn à l'autre de
fy employer à leurpouuoir, prindrét affignation pour exécu-
ter leurenrreprife à la nuit queAntipatcrferoitde garde:& de
tuer le Roy en fon lier. Il aduint 3 ainïi que quelques vns difenr,
qu'Alexandre paffa toute cefte nuiâ: là en banquets &c feftms
fans dormir, iufques furie iour.Mais Ariftobulc efcritjquvne
certaine femme du pays de Syrie, qui eftoit par foys efpnfe de
fureur Py thonique,& difoit les chofes à vcnir,cftoit à la fuitte Vne femme
d'Alexandrerde laquelle du commancementon nefadoit cas, (icUin « cfl c
« r 1, . e i i i /-i Empcfche
& iatcnoiton pour temmciegerede cerucau , & donneufe de l'efftadela
beaux iours : mais quand on eue cogneu par expérience fon comuranon.
fçauoircn l'art de deuiner, on commança à en tenir conte : 6c
luy fut donné congé & permifîîon d'entrer , quand bon luy
fcmbleroitjfuft deiour ou de n met, au lieu où feroit Alexan-
dre. Mcfmcs qucfouucnt elle fc tenoit auprès d'Alexandre
x
afc ARRIAN DE L'HISTOIRE 1
pendant qu'il repofoit. Que lors elle cfpiifc de la fureur h\ k
LcfcntcrdeuâtAlexâdrc^mliq^lk-u-tiroitapixslouppot
Se le pria de retourner aucc les autres conmez, K palier 1^
refte de la nuia. Aiexâdrc cft.mât que c eftoit quelque aduet.
ti&flwatdes dieux, l'en retourna tout court auec iaco mpa ,
eme ai futk feftin continué iufqucs au iour te amii 1 entre
prife de ces icunes gent.lshommcs ne reuffic aucunement
Emmène fils d'Arfce, l'vn des cont pirateurs udcouumlcl*
demaintoutleurdcirem à Chaude fils de M.nandrc,
uoit autrefois cftè b.c amoureux de luy : Uiandc a Euryk*
frère d'Epimene. Et quelque temps après turyloim alUni
exprès au pauillon d'Alexandre , le rapporta a Ptolomct
La «minia- gj* dc Laage garde du corps, & Ptplomec iouuamcmmt
ùon ddcou- aducrut le R Lcqui j tout quand & c, l and fat
prendre les coniurez; qui, eftants mis à la qu clnon , confifr
I-cnt le fait*, & en charge! cm encores d autres • Ar-iUM
eferit que Odhftheae en fut l'vn, qui fut accule de leurauou
CallifW donné cemauuais confeil: ce quen pareil conhrnie»
acculé d'à- , ^ ad'autrtsqunùntijntaucuiicmeutmer^M
r,frr; MaisbienVAI«andrccr C uta,lcmct que Calhilhene»
ccipiMcion. dcs com piiccs delà confpiration pour la haine qu il !u]M
toit l'ayant des auparauant à conuTCitcur &auih pourWfc
mihancé qui cftoit entre luy 6c Hermoias, Aucun, elcrJH
que Hcrmolas fut amène en pleine alîembleedes MM
mens, où 3 confeiîa débouche deuant tout le monde lcm*
uais tour qu'il auoit voulu faire au Roy : & mûquilM
toit point que le Roy eftiraalt, qn'vn homme de libre condi-
tion peuit endurer déformais des molefics & oppre^B
dont il auoit vft par le paffe. Et qu'il feu vn difcours depb
fieurschofes qu'il diioitauoir cité par le Roy uuellemet Wf
ranmquement faidcs mfques là : côme i'imuite cxecuoflW
mort de Phitotas, & plus iniufte encores de Parmcniolonpe-
re : & lapourfuitedc ceux qu'on vouloir ores Eure mourir,
meurtre dc Chte cômis paryurôgncncdc changemetdes •
ciercs de viurc de fon pays • puis l'adoration par luy unt a
D'ALEX. LE GRAND. Il II II. 163
rcc Aucc tout cela, les banquets, le dormir defreiglé, les ex-
cès & diûolutions. Lclquelles chofes ne pouuant plus endu-
rer il auoit voulu affranchir luy Scies autres Macédoniens
a'yne fcruitude fi grief ue Se fi facheufe. Et que après cela,
Hcimolas & ics complices, au moins ceux qui peurent eftrc
appréhendez , furent pierrez, fors Calhithene : lequel Arifto-
bule eferit auoir cfté &iâ pnfonmer a la fuitte , les fers aux
rieds Se depuis eftrc decedépar maladie. 1 tolomee chaqu 1
Mort de
Lmis a la géhenne, pms après pendu Se cftranglc. De lotte CaU.fth.nc.
o.ccesdeuxautheurs.qmfont^enreceus & approuvez, Se
qui eftoient alors tous deux aucc Alexandre, ne font de mei-
me accord en vnc chofe toute notoire. Qui faiâ , qu on le
doit moins cfmcrueiUcr, fi les autres qui en ont efcnpt , reci- Hiftori «
tent quelquefois les chofes i'vn d'vne forte,! autre d vneautre.
M 11s cefl allez parlé de ces chofes là: lekju elles véritablement
aduindrent quelque temps après : toutefois pms que nous
cft.ons tombez fur te difeours de la mort de dite , 1 ay cftime
qu'il ne ferait pas trop mal conucnablc de les réciter en celt
cndroiÛ. Ces chofes eflans ainiiaducnues, vindrent dere-
chef des Ambafiadcurs desScythes qui habitent en Europe ,
Les Scythes
aucc ceux qu Alexandre auoitenu oyez vers eux . Et venoicnt r'caaoyent
ces Ambaikdcurs de la part du frère de ccluyqui auoir.cn- ]™ Al ™'
uoyé auparavant vers Alexandre, par ce que ccluy qui eftoit
Roy pauuant, pendant le voyage quefes Ambafiadcurs fei-
rent vers Alexandre, eftoitdeccdé. La teneur de leur Ambaf-
fadefut ; Que les Scythes eftoienc au commande ment d'Ale-
xandre, tous prefts de faire ce qu'il luy plairoit ordonner : Se
.le pnoient dereceuoir les prefentsqu ils luy cnuoyoïcnt par
eux. Ouhre cela, que leur Roy, pour gage Se affeuranec de Lc Roy des
l'alliance & amitié qujl defirortauoir aucc Alcxâdre, luy pro- ^«P 1 ^
„ ^ - 1 . 11 1 n. U1 iente 1.1 fille
met toit fa fille en mariage : laquelle ne luy citant aggr carne
en mariage a
Dour la predre à femme, qu'il cftoit preft d'accorder les allian- Alexandre,
"ces par manage des filles des Princes & autres des plus grands
de Ion Roy au me, aucc les Seigneurs & gentilshommes qu'A-
lexandre aimoit lemicux. Voire mefmesquc, fil plaifoit à
X ij
1*4 ARRIAN DE L' HISTOIRE ;J
Alexandre il viendroit tuymcfmcs en pcrfonnc, pouragr«^
& ratifier ce qu'il promettoit par eux tes Ambailadeurs . ^
Phaiemane mefrne temps arriua au camp d'Alexandre Ph.remanc Rojr
roy dwCho j M Chorafmeniens s qui le diioit élire voilin des Colchcs fie
des Amazones, auec quinze cens chenaux: lequel luy pronrç
d'Aierandre. que W plaifoit aller en ce pays là, 6c foubmettre a f 0Q
Atones, ^bchfance les natiôs qui habitent au Pôt Euxin,il luy icrmtoit
de guide pour 1 y coduire ) &fouiuiiroitd^viures& autres rt^
nitiôs fon armée. Alexandre dcpcfcha premier emet 1 Ambaf.
fade des Scythes, vfant entiers eux de parolles douces, & t J
quelctcpslcrcqueroit. Entreautres chofes il leur di£t: Qtgl
ne luycftoit point de befoin de prendre femme de Scythe
Apres il feit rcfponfe à P harem an e, parlant à luy en parolles
d'honneur : Se luy di 6t, que tref voulonucrs il reccuoitfon
amitié 8c alliance : au refte qu'il ne pouuoit encores tirer au
Pont Euxin. Puis le tirant à part auec Artabazc Pcrfan(a*
quel il auoit baillé le gouuerncment du pays des BadrUa
& des autres pays circonuoilins J leurdefcouum fmtermoa
qu'il auoit d'aller conquefter les Indes. Que ce voyage faiâ,
toute l'A fie entièrement feroit à luy : &c lors il rc ton m croit!
Grèce : dont il pamroit toft après auec vnc armée fur mer, S
vne autre par terre, pour laconqucfte du Pont Euxin, tenaat
fon chemin par l'Hellcfpont & la Propontide;iufques auquel
temps il priait Pharcmane de referuerfes ornes. Puis le licca-
cia. Apres cela, il femeiten chemin pour retourner a la*
uicre d'Oxe, pour autant qu'il auoit intention de paiferpai
laSogdianne: par ce qu'il auoit eu aduertiUcmcm, que grand
nombre de Sogdiansf'eitoicnt retirez dans des places fortes,
&nc vouloient point obeirau gouucrncur qu'il leur auoit
baille. Quand il fut paruenu à la nuicre d'Oxe, p eu après qu'il
fe fut campé , affez près de fon pauilion four dire m deux fon*
Deux J on " tainës îcttantsl'vnc de l'eau, l'autre de l'huillc . Qupy venai
éWW la cognoifftncc d'Alexan dre par le moien de Ptolomee,il*l
tfmiilc, four facrifice aux dieux: Se voulut fur ce auoir l'opiniô des deuini.
iTkUd? LVn defqucls , à fçauoir Ariftandre, did, quclafo«^|
D'ALEX. LE GRAND. Ll Hit
001c (igni&oïc qu'il auroit pour le feur beaucoup à fournir:
màis qu'il cmportcroK en fin la victoire. Doncqucs lai liant à
£acTicsPolypcrchon J Attalc,Gorgias,&: Meleagrc,pourem-
peicher qu'il fy fcift quelque changement parles vns , 8c ren-
ier à la taifon les autres, qui faifoient encores rcfiltcnce : il
femeitcn chemin auec le furplus de fon armée, pour aller
coîure les Sogdians . Et diuifant ces forces en cinq, il donna
la charge de trois à Ephefiion,& pour la conduire de la qua-
trième^ ordonna Cene £c Artabazc:8duy auec ce qui reftoit
prit Ion chemin à Maracandcs . Ceux là eftans paruenuz aux
lieux , ainfi que la fortune les auoir guidez , meirent le fiege
deuantics places de defenfe, aufquelles les Sogdians l'eftoienc
fortifiez; dont ils receurent à compofition ceux qui fe voulu-
rent rendre: & contraignirent ceux qui voulurent tenir bon,
à fe rendre, par force d'armes. Apres que toute l'armée,
aiaot trauerfc la plus part de ta Sogdiâne , fut arriuec I Mara- { Jg*^£
candes,où eftoit le rendez-vous , il donna la charge à Ephe- p i„j cs
ftion de mener des colonies aux villes des Sogdians, qui <j^°g-
eftoiét vuides Se dépeuplées . Et enuoya vne armée foubs la
conduide de Cene & Artabaze à l'encontrc des Scythes:
d'autant qu'il auoit cfté aduerty.que Spitamenes feftoit re-
tiré chez eux. Ce pen dant auec te refte de fes forces il alla met-
tre le camp deuant les autres villes de la Sogdianncqui te-
noient encores, & les prit fans grande difficulté. Durant le
temps que ces chofes fe faifoient , Spitamenes & auec luy Spitamenej
qucisqucsfuinfs Sogdians de ceux qui fcltoient retirez vers allié des m af
les Scythes , lefqueîs auoictit attiré à leur parti fix cens hom- court
' 1 r i- iti^ c pays des
mesde cheual Maflagetes, font vne courte au pays des Ba- Bidtriatis.
cirians : &c cmmeincnt pnfonnier Phrurarch capitaine de la
garni fon de Baftres, qui nepenfoit à rien moins qu'à cela : SC
mettent au fil de fefpcc tous les foldats de la garnifon. Pour
auoir ainfi bien fai£t leurs befoignes, ilsdeuindrcnt plus har-
dis que deuant : tellement que peu de temps après ils allèrent
à Z.uialpa, laquelle toutefois ils n'ofcrent atlaillir : maisfe te-
nans vnpcu arnere couroient & gaftoient le plat pays, puis
x iij
tf< -ARRTAN DE L'HISTOIRE .1
retiraient tous chargez de butin. Il y auoit en celle vill e %
quelsqucs gëdarmes de la cornette des amis.qu'Alexâdrcya»
non latilezen gamifon.ac à caufede l'inddpoutiô de leurs per-
fôncs-&aucques eux eftoit Pitbô fils de Solides qui leur auoit
eftfc laifle pour chef, &vn certain Anftomc loueur de harpe.
Lcfquels citants aducrus de fi foudainesincurfios , ucs Scythes
f or citoient ils rclcuczdc maladie. & puuu oient délia montet
\ chcual Se porter les armes) aucc enuiron quatre-vingts ch C -
- uaux de ceux qui efto ient à fouldc, & quelque nombre de M
Saillie des ncs gcnt il s h omme s de la mailon du Roy , allèrent vnio*
Su charger les ennemis, aufquels ils feu eut lafeher le butin q^
fe B ^2»ri- emmenoient,* en taillèrent en pièces vue bonne partie. &
t££ Spi ~ ainû qu'ils retournoient aucc ce butin pelle mdle Si ians or-
dre ( comme Uaduient allez fouuent ) des Scythes que 5>pita :
menés auoit mis en embufeade, les vindrent affaillir , eux m
ne f en donnoîentde garde , & eucrent fept des amis &bftï
fonçante hommes de cheual des cftrangers, qui citoient!
foulde. Pareillement le harpeur Anftomcfqui a c elle reoefe
loueur d'in- trc „ c f c porta point en fonneurdmltrumens.mais en vailgt
.fcumfcvail- homme& bon guerrier ) eftantPithon faitfpnfonnicr.M
' chamaillé de coups, qu'il y mourut. Quand Cratère en |
entendu les nouu elles , il y courut aucc Ses crouppes le plu«
ligemmcnt qu'il peut. Maisfitoft que les Maflagetcs furent
aduertis qu'il approchoit Us f'enfiurent. Cratère les iuiuit, qui
Icsrattaigmtnô gueresloiu desdeferts. Là y eut vue runag
li, scy t h« mcflee : ou en fin les Scythes tournèrent le dos , ayans perdu
mis en route ccm cin quantc cauahers : les autres le fauuerent lans grande
fat Crarerc dlfficuhfe dans lcs deferts, où il n'eftoit poffiblc aux Macédo-
niens de les fuyure. Ce pendant Artabazc a fa pnerc 6c reque*
ftefut par Alexandre depofé de fon gouucrnement du pays
des Bachians , pour fa grande vieilleflc : & lut fubroge en ion
lieu Amvntas fils de Nicolas. Alexandre laiffa en ce payMi
Ccne auec fon régiment Se ecluy de M eleagre, Si enuiron
quatre cens cheuauxde la gendarmerie des amis, & les ge*
de cheual portans iauelines : loutre ceux-là les BaclnanV
D'ALEX. LE GRAND. LI. IIII. ife
Sogdians qui auoient efté foubs la charge d'Amyntas : Wt
cnioi^nant de porter obeiifancc àCene comme à leur gêne-
rai & d'hyucrocr en la Sogdianne , tant pour la defenic du
pays , que pour talcher à iurprendre Spiramcncs , fi pendant
î'hyuèr il i'aduançoit pour courir le pays. Lequel Spitamcncs
& les liens aduertis que toutes les places de la contrée eftoient
gardées pour la garnifou des Macédoniens, Se que partant
lurferoit malailé de palier, ils tirèrent droift au heu où c-
/touCene, cfperanspaiTcrpius facilement par ceft endroit.
EtmarcherentdroiaaGabesvillc des Sogdians , forte d'af-
ficte&fituce fort commodément fur les confins des Mafia-
gctes & des Scythes: où il attira a fon party,fans grande peine,
trois mil hommes de chcual Scythes. Ces Scythes font pau-
urcs à mcruciUcsAviucnt contents de bien peu de chofe . Et
au moyen de ce qu'ils n'ont point de villes ne certaines dc-
mcuranccs,&nepoiïi-dent aucuns héritages , ou ils puillent ^g^J
prétendre étoiù. tic propriété qui les peult retenir , ils font ai- can i 1L . m agc
fez a pratiqua pour aller a h guerre au fcruiçe d'autruy de
çofté:& d'autre. Gene entendant lesnouucllcs que Spitame-
nesapprochoit, marcha au deuant aucc toutes fes forces, 8c*
luira la bataille fort at^rc aux Barbares: lefqucls il desfeit, de Spîramenes
rneiren routec, cncfhns demeurez morts fur lechamp hmci ^J C jJ^
cuis : & ne perdit pas des liens plus Je vingt cinq hommes de paiCeuc.
chenal, & douze de pied. Apres cette desiai&c , les Sogdians
Si les Baftnans qui dtuicut efchappcz de la bataille auec Spi-
tamcncs l'abandonnèrent en la fuicie : puis fe retirèrent par-
deuers Cene, & fe rendirent à luy , Quant aux MaiTagues
qui font Scythes, qui fcltoicnt iauucz de la bataille, ou ils
auoient mal faict leurs bcfoignes: après auoir pillé tout le
meilleur du bagaigedcs Battrians & des Sogdians , fe mei- spitamenes
xent en chemin pour gaigner à courfc de chenaux auec Spi «»« P tr lcs
ta m e n e s 1 es d e ( e r ts. M ais a y an ts ent en d u qu'A lex a a d re t i roit
Ja, bien délibère de paficr lulques au fond des deferts, ils tue & m K«cen-
rent Spitamcnes, & cnuoycicnt fa tcftc à Alexandre cfpe BO > ,<: , e
,,.•'■,>,, <* eux a Aie-
ranrs par ce moyeu le amer tu' d aller après eux. Cependant xwdce.
iS8 AÏUUAN DE L'HISTOIRE
Cenc & Cratcre retournèrent vers Alexandre, Bc le rencon-
ucrent àNautaca: auiïi feuent Phratap bernes 8c Stafanor Sa.
trapes, celuy-làdes Parthcs , ccfhiy-cy des Ariens, auec l es
forces qui leur auoientefté baillées .ayants exécute ce qu'A,
lexandre leur auoit commandé. Pendant le temps que Aie-
xandre faifoit rafraîchir Ton année à Nautaca, qui cftoitej
temps d'hyucr , ddepefena Phracapherncs pour aller au p ays
des Mardicns Se des Tapiriens , auec commiflion de ■
amener le Satrape Phradatcs , lequel n 'auoit tenu conte $
venir vers luy, ta foit que par pluûcurs fors luy cuil e(le ma*
dé. Il enuoya Stafanor pour (on Lieutenant gênerai au p ayj
dés Drangicns: &c en la Mcdic Acropates: par ce qu'il f cm .
bloit que Exodatcs Satrape de celle contrée neitoit pas bien
affectionné enuers luy.Depcfcha aufli Stamenes pour aller I
BabyIon,àcaufcqucMazee gouuerneur deBabylon eftoit
decedé,àce qu'on auoit rapporté: & Sopolis, Kpociile&Me.
nidas en Maccdoinc,pour faire nouuclle leucedc ioldatî,fi
les luy mener . Sur le printemps il partit auec fon armée pont
aller à vne roche, qui eit en la Sogdianne, où il auoit entenB
que grâd nombre de Sogdians feftoi et retirez: & entre atH
la femme Se les filles d'Oxyarte Ba&nan (qui feftoit rcuofl
contre luy) pour autant que celle roche, qui cil forte defjH
non , fembloit imprenable par forces d'armes, quclsquo
grandes qu'elles fuflent. Laquelle fortcrciFe cftant prife, ijfl
reiloit plus rien aux Sogdians,qui les peuft induire à fe rcuot
ter . Quand il y fut arriué il feeut pour tout feur , que les Bar-
bares qui eftoient dedans auoient auitaillé^ munitionncb
place, pour endurer longuement le ficge. Celle roche eftoic
droiÛc &c couppee en précipices de toutes parts : & les neiges
y eftoient haukes,qui empefehoient les Macédoniens d'en
approcher, &: fourniffoient d'eau les Barbares. Et combiefl
qu'elle femblaft imprenable à toutes pui (lances humaines,»
que touteequ'onypourroit faire ne feruiroit de rien: Al»
xandre toutefois incité par l'arrogante refponfc qu'auoicnt
faid les Barbares, & poufs é d'vn defir d'acquérir honneur, W
aduenoif»
D'ALEX. LE GRAND. LI. IIÎI. i£ 9
aJucnoit, que par forces d'armes il prift vnc place que la n'a- ^
«ijefembloit auoir munie & fortifiée conrre toute lapuifian- d'Oxyartc
cc des homes : fe délibéra de l'y effaicr à fon pouuoir, 8c d'y affiegee.
enipH'yt-r toutes les forces. La reiponle qu'ils auoient fai£te
quand il les enuoya fommcr,&:leur promettre que fils fc vou-
loicnt rendre, il les lailferoit aller leurs vies faillies, fur, Qujl Biociii ^
falloir qu'il allait cercher des foldats ailez, fil vouloir preq- aiHcgcz.
drcla roche: d'autant qu'ils n'en craignoienr point d'autres.
Dont Alexandre montant en cholcrc feit crier par vn h cran r,
qu'il donnerait à ecluy qui monterait le premier au hault de ? * l ™ d £ s
de la roche, douze talents*: au fécond Se au trailîémc,& pris à ceux
ainii des autres après, à chacun vne bonne fomme de deniers, quipremiers
, f • , . « • j 1 ■% m monteront
&au dernier trois cens Danqucs. Au moien dequoy les Ma- ^ & roi:nc _
ccdcnicns(quieftoiêtauflî d'eux mcfmesaiTcz incitcz)furcnt *5cpc mû
prouoequez encorcs d'auâtage.Alcxâdrc en choiiît trois cens J"*™"
d'entre eux, qui citoient agiles, Se touliours des premiers f'il
falloir grimper au haut dvncmuraillc.Lcfquclsayas faietpro-
uifion des crâpons Se agrafes de fer qui feruoient à tendre les
pauillons, pour ficher dans la neige où elle fc trouueroit gelec
Se cndurcie,& aux autres lieux où il n'y aurait point de neige :
Se à icclles attaché des cordes pour fc guinder en 1 airrils com-
maneentlanuicl; à grimper à mont ta roche par l'endroit où
clic efloit plus droifte Se couppec, Se pourtâr moins f en don-
noit-on degarde, ficiiasleurs crampons de fer aux lieux plus
commodes : Se au ce grand trauail rampans pluitoft, à vray di-
rc,que môtans,font tant que fur le poin£t du iour ils gaignent
la cime de la roche, aians perdu trente foldats de leur bande,
dontles corps furent depuis trouuez morts dans les neiges,
qui eftoicntfort hautes: mais pour l'heure nepeurent titre
trouuez pour eftrc mis enfcpulturc. Pour faire fçauoir à ceux*
du camp qu'ils auoient gaigne le haut de la roche , ils corn-
mancent à tourner des mouchoirs à l'cntour de leurs telles,
pour lignai, comme il leur auoirefte cnioinfl: de faire. Cefi-
gnal apperecu par Alexandre, il enuoit quand Se quand fom-
mer ceux de la roche de fe rendre, Se qu'il n cftoit plus temps
y
, 7 o ARRIAN DE L'HISTOIRE
de dilayer: qu'on auoittrouuë des foldats ailez , comme ife
«oient drft, Icfqucls tenoicnt dcfia k haut de la roche Les
Barbares les voy ans là, ce qu'ils n enflent ïamais pcnlc, furent
bicneftonncz:&de faiit , penfaus qu il y en eu: plus grand
. nom b ie &c qu'ils fuffent armez, fe rendirent &c quittèrent J|
^? pfaccS *"*
Beau ^n c efnucls v auoit vnedes filles d'Oxy artc nommée RoxançA
RoxanéfiUc leiqucls y auoit vu prous ceux qui cftoicnt auccAli
d'Oxvartc, la pus belle, au îugement de tous ceux 4 u ui
P ndr J fuft e * coutel'Aiic , après la femme dcDauc.De
raedeDailC ' Laquelle ia- foit qu'Alexandre fuft deuenu bien amoureux, &
quW'fuftfacaptiue: toutesfois dnela voulut o.icque»
Co„« nen ce cheryufqucs à ce qu'il fut côioin a par légitime mari a ge aue C -
SZT le trouue ccft afte d'Alexandre digne de grande
dabled'Mo f Une fut auffi iamais clpris de 1 amour ne la temiàt
^ dcDafrc; combien quelle furpatt coûtes les autres en**
tè-.oubkndfautdi^qurl modéra iibien les aftedionsqu
fe vainquk foy mefmes, & fe voulut cotenir pou rie defir-ri
auokd'acqucdrreputationd'hommevcrtueux. Ettomcfo,
ilcftoit en la fleur de fon aage, Se en plein cours de lafelta*
laquelle communément deftourne les ci prits tic ceux qmfcat
vktoricux,du vray chemin d'honneftete « dcmftice ,p<*
honnir & corrompre la chafteté de celles qu ils trouucnt bd-
les àleurgrfc.&nsauoirefgard qu'elles nçlcur apparne**
en rien. Araifondequoy,cncores à preient d:a on que»
apreslabatailk qurfut donnée àlfle, vn des Eunuch«*b
femme de Daire, ayant trouué moyen d clchappcr des am
des gardes ,f enfuit vcrsDaire. Lequel k voyant, lapren**
chofe qu'Uluy demandait, Si les cnhns,la femme
eftoient encores en vie? Et ayant entédu que tous fe oortoi
bien & qu'on appelloit comme deuant fa fcmmc&faflW
Roynes:S£ qu'elles eftoient tenues en tel hôneur «raie»
ce qu auparavant : il luy demanda derechef, h A^ndr
uoit rim attenté contre la pudicitè de fa femme: lEonu*
luv afferma par ferment que non , louant &c ex a tant n£
au tiers ciel la preudhommie & continence d Alexanow.
D'ALEX LE GRAND. LI. HII. 171
Daire faîft
flI1 c lots Daircleuant les mains au ciel, fc prit à dire: ORoy P»^'^-
Jupiter, qui es la fauuegarde & la protection des Roys , Se qui
cède à fon
entretiens leur eftat en ia grandeur ,ie te prie&fupplie tref- Empire que
humblement, conferuer l'Empire des Medois 8c desPerfes, Ata»**
qu ctu m'as donne. Etfil te plaifl difpofcr autrement de mon
Empire,& tu y veux eftabhr vn autre pour le gouuerner : icte
iupplic de tout mon cœur, que tu en faces Alexandre pouef-
fciir,pIuftoft qu'autre iaôme quiviue. Voyla cornent laverru Uvcrmtmif
& lionnefteté d'vne perfonne eftrccogneuc& eftimee, mçf- r«o-
mes de fes ennemis. Quant Oxyarte entendit ksnouueHes IlieS( ^en-
que fes enfans eftoient pris : mais qu'Alexandre prcnoitia «enas
fille Roxané en mariage, il faffeura du tout,&quand Se quand a J£ £
partit pour l'allertrouuer : où il fut le bien venu , amù que la «ndre.
raifon le vouloit : Se iuy feit Alexandre beaucoup d'honneur,
à caufe de la nouuellc alliance qui eftoit entre eux. Ces chofes
ayans pris telle fin en la Sogdianae, Alexandre entra plus auat ^ Pa^a-
en pays pour aller contre les Parataqucs: pour autant quon 4
difok qu'en ce pays lày auoit vne autre roche tres-forte de
nature: dans laquelle la plufpart des Barbares du pays, fe- Dcfaipt j on
rtoicntrcfugicz,fcconfiansenrafriettedulieu. Ellefappelloit de j a roche
la roche de Chonencs-. & fy eftoient retirez Choncncs Se la d ' cho ™-
plus part de fes vaflaux Si luicfts . De hauteur elle auoit cinq
quarts de lieue, & près de quatre lieues de tour : Se eftoit de
tous coftez droi&c& couppee,& fcmbloit par endroits eftre
quali pendue en lair : fans qu'il y eut autre chemin pour y mo-
rci , qu'vn feul fcntier , encorcs eftoit il fort eftroici ,& faicîà
la main : de forte que à grand peine y poUuoit on aller l'vn a-
près l'autre. Encore eftoit elle rendue plus forte au moyen des
grandes fondrières Se précipices qui fenuirônoient.Lefqu el-
les il falloit rëpiire de terre 6c fafcmesauant qu'on peuft faire
approcher le camp. Nonobftant toutes ces difficultcz Se em-
pefehemens, Alexandre fe délibéra depourfuiure fon entre-
prife, a'eftimant rien înaccelfible ou imprenable: tant luy n'eftimoit
auoit caufé de hardiefie 8c d'afieuranee le bon heur, qui iuf- ^" e inacccf "
ques là fau 01 tac compagne. Ayant dôcqucsfai cl abbatre des prenable,
y y
g£ ARRIAN DE L'HISTOIRE
matières ( qui cttoicnt de hauts & droifts {apms,dontyauoi t
fortgrande quantité à t'entour delà roche) il reit taire des c f,
cheUes pour taire paffer vn goufre à fou armée : par ce ^
n'y nuoit autre partage que ccftuy- là pour approcher ue U ro ,
Skgc de h c ^ e Tout le lQm Alexandre étroit cntentit a taire beiong ner
Sent, à cértouurage, eftrangealavcntc 5 aucclamoiné de tan«,
mec. La mal venue eftât le furplus de 1 armée diuilc en trois,
Pcrdiccas , Leonnat Si Ptolomee eu auoient la charge 1 vn a-
près l'autre: &nefaifoit-on pas le lotir de 1 ouumgepl^
vinfftcouldecs 3 &quelqaepeumoinslanuia jadou luetout
le camp y fuft à trauailler : tant eftait le lieu afprc & talcheux,
& la befongne pénible. Amcfurc qu'ils alloicnt aiunt,tls,&
choient de cofté & d'autre du goufre des pieux diluants Fvq
de l'autre autant qu'il en eftoit de befoing pour fouftdH
faix qu'on y aiïieroit. Cela faift on mettoi t des clay es dclli»,
îelquclles eftansbien becs enfemble & affairées on les co*
uroit de gazons en forme de pont qui allait iufqucs a la vochc,
pour y faire marcher l'armée comme en vne plame. Du corn-
mancement les Barbares fe mocquoicnt de l'entreprit: de
leurs ennemis, comme de choie mutile , & qui n'euft ta»
aduancer en rien. Mais quand on commança à les taluerl
coups de flèches, &c qu'ils veirent qu'ils ne pouuoicm plus é
fenfer d'enhault les ouuners, à caufe des defenfes qu on auoit
faiftesaudeuant pour cuiter les coups de creft : CliorijM
eftonné de voir ccft ouuragc , enuoya incontmant vers M
xandre le prier de permettre qu'Oxyarte allait niques-»
Ce que luy citant accordé, Oxyartcfen alla vers luy , SccaM
mencaàluy fuader de fe rendre , luy remonftrant qu il aj
auoitplaceaumondeinacccmble àiaprouéfle& vaillaaojj
d'Alexandre & des Macédoniens. Puis il entra en dilcoursde
labontèfc douceur du Roy, dont îuy mefme pouuoit eitt
fuffifanttefmoignagc. Par lcfquclles parolles Choncnes per-
cKotiencsfc fnadé t'en alla rendre à Alexandre & auec luy quclsqu«J
rcnd&ùro- de fes plus proches parens 6c amis. 11 luy fut tai-t bon Kcm
ÎLTnL * P« Alexandre , qui le receut en alliance & amiuc , & ta 3 ;
!
D'ALEX. LE GRAND. Et IUL i 7J
tres fcmblablemet. Puis luy eftant cômandé d'enuoycr quel-
auVn de fes gens à ceux de dedâs pour les faire fortir, il les feit
forcir fur l'heure. Celafai£r, Alexandre prenant auec luy cinq
cens Argyrafpidcs monta à hiochCy8l.il recogneut Se vi-
f ua de bout en bout. Et tant f en fallut qu'il mcfFeift en façon u ^ £
du monde à Chorienes, qu'il luy remeit la roche entre fes mife encre
m31 ns auec fes autres terres pour les garder foubs fon nom
Pcndât le temps que le camp cftoit deuant cette rochc,a caule
que la neige durant l'hvucr auoit couuert toute laterrebien
haut, il y eut au camp grande difette de viures & roura.ges :
dont pluficurs hommes Se cheuaux fetrouuerent fort mal .
Chorienes, pour recognoiftre aucunement la libéralité dont
on auoit vfé enuers luy,foumit de bled Se de vin toute l'armcc
pour deux mois :enuoyant outre cela en chacune tente des
chairs Cillées: encores difoit-il, que ce n'eftoit pas la dixiè-
me partie des viurcs qu'il auoit faitt mener à fa roche , pour
endurer le fiège longuement. Qui fut caufe de l'inlinuer en-
cores d'aduantaige en la grâce d'Alexandre , Se qu'il reccut
beaucoup d'honneur de luy: par ce qu'il fcmbloitqu'il fcfutt
rendu pluftoft de fon bon gré , que parcontrainôte. Cescho-
fes exécutées, Alexandre partit pour aller à Baftrcs : ayant
enuoyê Cratère auec fix cens cheuaux delà gendarmerie des
amis auec fon infanterie, & celle de Polyperchon, Attalc &
Alcetas , contre Catanes , 8c Auftancs , lcfquels cftoient feuls
de tous les Paritaques qui eftoicnt encores en armes. Quand JJ^aede
on vint à ioindre, ces Paritaques furent desfai&s , Catanes par ciJtere.
tue, Si Auftancs pris Se mené vif a Alcxâdrc. Il y eut de la part
des Barbares fix vingts hommes de cheual tuez, Se près de
quinze cens de piedXcla faitt, Cratère tourna auec fon in-
fanterie à Bâtâtes trouucrlc Roy. Auqucllieu fntdcfcouucr-
tc la coniuration faille contre la perfonne d'Alexandre pat
lesieuDCS gentils hommes Se CalUfthenc, ainli qu'a cité reci- A i era ^
técy deifus . De Baftres Alexandre partit fur ic printemps, pan de Ba-
ayant faictallcmblcr routes fes forces pour tirer aux Indes : a r«p°ur
i tr i v « .. . * , . , tirer en
uillant la Amyntas auec trois mu cinq cens hommes de ca- i Dt ji c .
y "j
ï 74 ARRIAN DE L'HISTOIRE
ualeric, & dix mil hommes de pied. Et au dix icfme lourde
pres , ayant trauerfé le mont de Caucale , il arnua à la ville
d'Alexandrie , qu'il auoit faift conftruirc en la contrée des
Parapamifadcs au premier voyage qu'il auoit faict au p a y s
AleWrit des Bacfrians : & ofta le gouucrncmcnt à celuy qui l'auoi^
au mDnctîe p ar ce aa'ilfy gouueruou mal. Pour peupler la ville il y
entrer des colonies tirées des pays prochains,* des Maced^
mens qui neftoient plus propres au faitl de la guerre :&p 0Jï
gouucrneur y laiffa Nicanor, qui cftoit des amis. Pareille-
nient il eftabht Tynafpes Satrape de tout le pays des Parapj.
mifades, &c de toute cette contrée iufques a la l unere deCo,
phene. Puis il partit pour aller à la ville de Niccc , ou îlfacnfia
àPallas: de là alla defeendre à la nuicre de Cophcnc: ayant
TaxitcsPrm enuoyépar deucrsTaxiles& les autres Roys & Princes qui
ce indien & habitent par delà le flcuuc.pourlc venir trou Lier. Dont Taxi-
«cm 'trou 11 " lcs & autres Seigneurs partirent incontinent, Se vindrent au
«erAl^L deuant de Iuy, iuy faiians de grands & riches prefens :& ou-
tre cela promirent Iuy fournir iufques à vingt cinq elephang
que de bonne fortune ils auoient lors. Séparant en ce lieu R
fon armée , il enuoya Epheftion &: Perdiccasà la région Peu-
celaotidc,auec les regimens de Gorgias, Clite &c Mdcagre,|
yne partie de la gendarmerie des amis, éç toute la caualcriî
cftran gère, pour aller deuant vers la riuiere d'Inde: auec ma»
dément exprès de contraindre tous ceux par le pays dcfquek
ils pafTeroicnt defe rendre , fuit de leur bon gré, ou par force
d'armes. Et que quand ils feroient patucuus à la nui cre dio-
de, ils feiffent prouifion de ce qui efloit neccilan c pourfaj»
paner l'armée. Auecques eux turent au m enuoycz Taxiles
Se tous les autres de ces pays . Quand ils furent parue nus ik
riuiere, ils donnèrent incontinent ordre à tout ce qu'Alexan-
dre leur auoit enchargé. Il y auoit en la contrée des Peu-
cclaoticns vn Satrape appelle Ailes , lequel auoit délibère
de fane quelque remuement : & de fai£t f eftoit retiré dafli
vne ville, où il fut afïïcgé par Epheftion l'efpacc de trente
iours : & fut en fin la ville prife daifaulc, Sduy tué. La garde
D'ALEX. LE GRAND. LI. IIII. 175
# defenfe de la ville fut baillcc à Sangce,qui auparauantauoit
Jaifle Icpaity d'Aftcs &C fcftoitallé volontairement rendre à
gaxiles : à raifon dcquoyleRoy auoit plus de fiance en luy.
Quant à Alexandre, il prit aucc luy le régiment des Argyraf-
pfes Sdlefurplusdela gendarmerie des Amis, les Agrfans
L 1S de treft, & les gens de chcual portans lauelmes : Se fc GuKTccotî .
Sieit en chemin, pouraUcr guerroyer les Afpiens ,Tnurccns trc ks Af _
gcArafadês. Etquant ilfutamuc à vnenuiere qu on appelle *™>J^
Choes, & iceile pafle,voyâc qu'il luy falloir palier par des pays
boffus,afprcs & pcniblcs^l commanda à l'infanterie de fuiure:
& faifant marcher auec luy fa caualcnc, &c cnuiron huift cens
hommes de pied Macédoniens, qu'il feit monter à cheual , &C
porter auecques eux leurs pauois de gens de pied , il gai-
enoitpays au plus grandes traides qu'il pouuoit : par ce qu il
Loïc eftéaduerty que les Barbares du pays en intention de
tenir bon, feftoicut retirez aux moncaignes prochaines ,&
aux villes Se places, qu'ils pcnfoicnteftrc de meilleure defenfe.
Eftantpamenu à la première ville, il vcitlcs habitans d'icetle
en bataille tout joignant leurs murailles ; lefqucls il chargea fi
furieufement, que du premier choc Ulcs repouffii battant mf-
ques dans les portes. Mais en combattant il receut vn coup de b|c , ]é f " u n c £
îauclmcenl'efpaulejquipcrçala cuiraffe : mais ce fut peu de bac .
chofc, parce que l'cfpcflcur de la cuiraffe cmpefcha le fer d'en-
trer suant. Auffi furcntbleffczàcc confliaPtoIomeefils de
Lage, &Lconnat. Apres cela, Alexandre falla camper au-
près delà ville, à vn endroid ou la muraille fembloitcftre
moins forte. Le lendemain dès le poinft du iour les Macédo-
niens donnèrent l'aflault a la ville, &c gaign erent fans grande
difficulté la muraille de dehors, car elle cftoit double. Quand
on vint à donner l'aflault à la muraille de dedans, les Barbares
rindrentbon quelque temps. Mais quand les cfchellcs furent
dreflees contre la muraille, &c qu'on coramança à tirer fur eux
coups detreâjils nepeurent pliisfouftenir : ams abandonnè-
rent la ville , & fe retirèrent aux montaignes prochaines . La
plufpart d'eux furent rattainfts & taillez en pièces: & ne fut
l7 6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
nas mefmes pardonné à ceux qui. furent pris vibrant eftok
Lande la furie des vainqueurs, pour la playe que le Roy auo^
? eC cue. Ccftc ville prife & rafec.il feu marcher ion armée vers
v ne autre ville appellee Audace, laquelle feftant rendue £rç
combattre , Cratère y fur laiffêauec quelsqucs eompa^
d e gen s de pied , pour contraindre les autres places a k : endre:
& ic comporter au gouvernement du pays , amfi qu il v crrçw
Lies attires le requerront. Luy auec les ArgyraipidcJM
Lnans, les régimes de Cene &C Anale, & »ulmics a quatre
^nettes des amis, & vue partie des archers a chenal >en«
dclcendre à vnenuierc qu'on appelle Eualp oies : ou c«
Gumccon- chcfd cs Aipiens: ^marchant a grandes traces arnua «
tIC les Af * deux Journées à vnc ville. Les Barbares le fentans approcha
P1CnS ' meirent le feu a la vdle , & fe renièrent à des monta»
aflez proches de là. Les Macédoniens allèrent a pies, «
en desfeirent vne grande partie , auant qu ils iufieniM
uenus en lieu de feureté. Ptolomce qui auoit yeirleurjj
fe retirer à vn coftau de montaigne, encores quil cuH
aucoup moinsdegents que luy , picqua droid aluy. M«
pour autant que le heu eltoit ii droiû^qu d cltoit mala«
monterai fe meit à pied, &c tout à pied qu il efto.t allaaM
llndien.Lequcllc volant approcher marcha droid a ïcnH
tre,sduyruavn grand coup de pamfanne: mais a eufl
qui eftoit bonne fouftmt le coup : de forte que llndi«
Chofd«Af- roffcnfa point. Ptolomee au contraire luy tiravo coup qui
!*■ f luyperca lacuilTc,dontil tomba par terre 6c rendit les arm«.
Lie! Les Barbares qui cftoient à l'entour vouns leur chef qu , nrou
àlamort 3 gaigaerentaupicd. Les autres qrueftoientre«
aux autres montaignes là auprès aduertis de la mort de eut
chef,accourants de toutes parts, pour recouurer fon corps,
q «i gifoit eftendu par terre r appeUcrent ceux qm fuy oi«g
Irecommancerentlameilee. Mais Alexandre eftoit«WJ
bien près auec les foldats qui f eftoit mis a pied. Et encore Jfl
Barbares ne reculoient ils point pourtant : { tant il d p
animez au combat, pour auou perdu leur chef) ains k r aUi
D'ALEX, LE GRAND, LT. IIII. i 77
&fc ferransl'vn contre l'autre fouften oie nt l'effort de Ptola-
mccôC d'Alexandre suffi, tn fin, mais ce fut à toute force,
après auoirefte bien frottez, furent chaflez bartans lulques
dans les montaignes. Cclafai£t Alexandre alla defeendre à la
ville d'Arigec. Laquelle il trouuabrullcc & abandonnée des
habitans. En ces entrefaites Cratère ayant exécuté la com-
miflion qu'Alexandre luyauoit donnée, fen retourna vers
luy. Et par ce que la ville fufdjfte luy fembla eftrc bien affize
pour conteuirlcs Barbares en obeiffancc, il donna charge à
Cratère de la faire rcbaftir,& de perfuader aux Barbares cir-
conuoifms d'y aller demeurer : & pareillement à ceux de ton
armée, qui pour leur vieillefle ne pouuoient plus fuiure la
guerre. Luy ce temps pendant fe meit en chemin pour aller
aux lieux où il au oit entendu qu'vne grande partie des Barba-
res C'en eftoient fuis : & y eftant paruenu , fe campa au pied
dVncmontaigne.au haut de laquelle ils eftoient :& enuoya
Prolomee courir le pais. Lequel ne fuegueres loin du camp,
qu'il enuoya aduertir Alexandre , qu'il auoic defcouucrr des
feux des Barbares en plus grande quantité qu'il n'y en auoit
à ion camp. Alexandre ne feit pas cas de ce raporr, pour auoir
efte ddcouucrts beaucoup de feux: mais quand il feeut pour
le feurqueles Barbares de cefte contrée feftoient retirez là,
laùTanc vne partie de fon armée au camp, partît auec le furplus
des compagnies, & rira droit à eux, Eftant paruenu au lieu
dont on voyoit les feux , il fepara fes gens en trois trouppes :
dont il en donna vne à Lconnat où eftoient les régiments
d'Anale & de Balacrc : vue autre à Ptolomee , qui eftoit d'Ar-
gyrafpides,& des foldacs de Philippe &c de Philotas,auecdeux
nul hommes de treft , les Agrians & vne partie de la gendar-
merie :8c luy auec la troiiicme marcha droit au lieu où il
Voyoii plus gros flot de Barbares. Lefqucls le fentans monter
(car ils tenoienc le haut des montaignes , êc outre cela fc
fioyenrau grand nombre decombattans qu'ils eftoient ) n'c-
ftimansrien les Macédoniens qui n eftoient qu'vne poignée
de gens au regard d'eux, lardèrent lamontaignc, & defeendâs
z
î7 8 ARÏUAN DE L'HïSTCUsE
en la plaine commencèrent adonner dedans. Dccccofté-U
^longuement fccouragcufcmcnt ccnb.ua : en hn les Ma-
cedonfens forent tant d'armes qu'ils vaqu ent leurs enac
n^Sdes contraignirent de prendre la tuitte LaP*"™*
ftu i Ptolomee. ne fut pas combattu en vue pbmc: mais pour
"utant qu vnc parce des Barbares cftoicnt campez lur vn ter-
i que endro.a on les pourrou plus concernent afl^
par lequclles Barbares peufset fuir. 11 y «tau Ih la vn e atpre*
LnglL meilectant a caufe de la utuation du lieu que parç e
eue les Indiés de cefte côtree font les plus va.llats 8c les «H
a . Lucrris de tous les Indiens : toutefois ça fin ils turent auifi
S£ Tt contrainds de quitter la place. l*wp* cuepor,. ; ™*
diftte&ifti d _ c. pm aYa nt mis en routte les Barbai es , auiqutisiijg
affaire Don y en eut quarante nul pris, aind que te m«
JtTiï ptlomee )& d y euxcens\rentemilb aL1 fs.
Wuft d« choifit touslcsplus beaux pour enuoier en Mac me par|
IndccoM. ^ rf j lus beaux « pins ptuiïants que les betu.sdeb
"ÏÏÏ*. Grèce. De là Alexandre fat marcher fou année vers les M
P^pomal- m 1C r on difoit fapprefter pour normer bauiUH
Semeur camp deux mil hommes de chaud K«
mil de pied comhactans , &c outi c cela trente éléphants™
pëdantarnua Cratère aueciesforces,.piesauou-exeM
qu'Alexandre luy atioic encharge: qui amena aucc luy M
dats bien couuem de fortes K puilWs armures. |
aumfa.avcmrdes pièces & engins de battene,a hn d»
fid'aduenturçon en aiioiraflàtre,qu.md on viendrait aaW
Ur desplaces fortes. Alexandre pomiuiua.it I.»n chemin*»
les Ai.acemensai.ee la gendarmerie des amis, qui porto»
desiauclmes, & les regumenrs de Cène Se L'oiy perche^
Agrians & les gens de créa, pniT i parle pays des G"ri«.ns£
ftoianr vne nutere de metmc nom. cc-jtc nuu rc d. - n. a *
peine à palier, tant ara.lon de la profondeur ^
L Uj que des cailloux & pierres rondes qu cllcioulkau™
D'ALEX. LE GRAND. LI. I T I T. 179
gft 'car le fond n'efl: pas fablôneux.commcprcfquc en toutes
les autres^ far lesquelles pierres il n'eft poflfiblc qu'homme ny
iheual puifle afleurcr fcs pas. Quâd les Barbares cogn curent
qu'Alexandre auoitpafse lâriuiere,&n<c£oitpas loin d'eux,
ilstvltonnem:6£diuiians leur armée penferêt à fefauucrlcs
v „s décries autres delà,par les villes. Alexâdre marcha droitt
à Maffaga,qai*ftla plus riche ville de toute la cotrec:ou il ne g^g^
fut plus toi* arnué, que les habitans hardis au moie des auan- nkns .
tunas Indiens (qui pouuoicnt eftrc mlqucs a fepr mil) quils
auo.ctaleurfoulde/eirétvncrailhefurrarmee dcsMaccdo-
mcs.Quoyvoyât Alexâdre à fin de les tirer loin de leurs mu-
railles acequei'ilseftoicntrenucrtcz, comme il ciperoit,il
eull plus longue priiclur eux, feit reculer les gens de demie
lieue, mlques à vn coltau de monta.gnc, qui droit vn peu
eiloignè de la riuicrc, auquel il auo.t délibère dafloir Ion
camp Ceux de la ville clhmansquMs ruinent &c rccullaflent
par crainte qu'ils culicnt d'eux, doublèrent le pas pour leur
courir lus, comme fils les eiiffent defiatenuz a leur mercy .
Quand ils lurent approchez de la portée du treâ, Alexandre
au lignai qu'il donna feit tourner vifaige vers eux . Les gens
de chcual portas lauehncs feirent la première charge auec les
Agnans & gens àv tKÛzluy auec la Phalange bien ordonnée
en bataille limioit. Lors les Indiens eftonnez de voir le con-
traire de ce qu'ils penloicnt rebrouilèrent chemin à val de
routte vers h ville: 8t ayants perdu deux cens hommes , le re-
n rcrêt tous effroyez, plus vii'te que le pas, dâs leurs murailles.
Et amh qu'Alexandre conduifoit la Phalange droi&àla
mU " Alexandre
raille pour donner l'afiault, il fut vn peublciïéd vn coup de blcfféà la
flèche ali plante du pied. Lelcndemain iWeit battre la ville pj««e J«
auec lis engins de batterie: & eftant mis par terre vn pan de Jf afl ^
muraille, les Macédoniens voulurent monter à la brcfche, aiEegee.
mais ils turent repoulTez parles Indiens, qui l'y monftrcrent
gens de bien : au moyen dequoy Alexandre feu fonner la re-
traidc.Lc iour d'après de grand matin les Macédoniens don-
nèrent vn autre afîault à la ville beaucoup plus furieux que
û z JJ
l8o ARRIAN DE L'HISTOIRE
dcuant.aîantsapprochè iufques contre la muraille vne tour
de bois dont îlsbattoict ceux de la ville a coups dchecr.es 8c
de dards. Mais les barbares feirent tel dcuoirdc rciiftcr, cju,
quelque chofe qu'on y pcuft faire, la ville ne peut cftre pn-
fe pour ce iour là . Le troiliémc lour il fat pretenter ll n .
fantene à la brcfchc & lettcr vn pot delà tour de bois iiiricel.
le: par deffus lequel il cnuoya à l'affault les Argyrafpides,
par lefquels auparauant la ville de Tyr auoit efte pnfe pat
cemoyen.Etainfi qu'Us fchaftoicnt& prefloicnt 1 vu l autre
à paffer par deffus ce pont, tant à caule du Roy la prêtent,
i que pour le defir qu'ils auoicntd'acqucnr honneur, le pont
fuccomba foubslefaix,& tombèrent en bas tous ceux qui
eftoient deffus l'vn fur l'autre. Adonc les Barbares le pnn nv
drent à faire de grands cris & huecs , leurs tirans coupsde
flèches Si de pierres, & de toutes aunes choies dont ilslcg
pouuoicnt offcnfer. D'autres forment foudamement acofcjj
Sert par des poternes, qui eftoient entre les tours, & char»,
rent fur eux, qui auoic ut beaucoup de peine à le rekuer. C*.
que voyant Alexandre, il cnuoya en dilligence Alcctas auec
fescôpaignies pour fecourir ceux qui eftoient en ce danger;
& pour, après auoir mis en fauueté les n aurez, faire retirée
ceux qui combattoient encores. Puis au quatrième iour bra-
qua d'autres pièces de batterie en vn autre endroit! de la mu*
raille où fut faia brefchc Se fut dreffê vn pont : puis fut don-
né encores vn affault àla ville : auquel du commancementln
Indicé qui eftoient àfouldcjfemonftrcrcnt gens de cucurfit
refifterentvaillament. Mais quand Us veirent leur Coïonfld ;
mort dVn coup qu'il auoit eu, & que grâd nôbrc de leurs g»
auoient cfté tuez Se autre grand nombre fi fort n aurez, quil
ne leur eftoit pas poffible de plus combattre , Us enuoyereot
vers Alexandre pour parlementer : luy promectâs que fil leur
vouloir permettre fortir de la ville leurs vies fauues, ils fe reo-
droient Se quittcroientla place. Alexandre qui les tenoit pour
braues hommes leur rcfpondit , qu'il vouloit bien leur accor-
der ceit appoinacment, moyennant qu'ils voulaient demeu-
D'ALEX. LE GRAND. Lï. IHÎ. i&
rer à fou feruicc.Ce qu'ils promirent. Et au moien de cela for-
tuent de la ville aucc leurs armes : Se f'allerent camper fur vn
tertre à l'efcait & arrière du camp des Maccdonics, en inten-
tion de l'enfuir par nuift, Sefc retirer chafeun en fa maifon :
d'autant qu'ils ne vouîoient porter les armes contre les In-
diens. LeKoyeftantaducrrydeleurdcfleinjIanuia mefine
feit cnuironner de foldats lcterrreoù ils eftoient, Scies tailla
tous en pièces : puis il marcha droid à la ville , laqu elle citant
demeurée fans defenfe, fut prife incontinent : où il trouua la J
femme, la mère, & la fille du Roy des Affacenicns. Il ne per-
dit pas en tout ce fiege plus de vingt- cinq hommes des fiens.
Apres cela il enuoyaCcne à Bazira, cftimant queceuxdela D«vM«<Ie
ville eftonnez de laprife &desfaictc des Aiiaccniens 3 fcren- &
droient à la première fommation, A la ville d'Ora il enuoya
Attalc.Alcctas Sr Demctric pour faire tirer vne trenchec tout
à lentour de la ville, en atredan t qu'il y arriuaft. Lefquels ainfî
qu'ils approchoient de la ville, furet chargez par les habitans,
qui feirent vne faillie fort chaude fur eux: mais ils les rechafle-
rent battant iufques dans leurs portes. Quant aux Baziriens,
hardis à caufe dclalituanon Se forterefle naturelle de leur vil-
le, tindrent bon contre Ccnc, contre l'efpcrancc toutefois
d'Alexandre. Lequel en citant aduerty délibéra de fe mettre
en chemin poury aller. Maisaianc eu nouucllcs , dauuc co-
fté, qu'Abiïïare cnuoyoir fecours de quclsques Barbares d'af-
fez près de là aux Orains , pour tenir bon auecques eux dans
lavule : il changea d'opinion, & marcha première m et à Ora :
mandant à Ccnc de fortifier fon camp, Se y lanTer des gens af-
ftzpour empefeher que ceux de la ville ne fortifient hbrcmët
aux champs: & qu'il le vinft trouuerauec le iurplus defes for-
ces. Sitoftque les Baziriens veirent que Cene eftoit party,
aunt emmené quand Se luy la piufpart de fes compagnies, cf-
perans aiiément venir à chet de fi peu de gens qui cfloient de-
meurez, feirent vne faillie fur ceux du camp. Là y eut vn afpre
conflits; qui dura longuement : où il y eu t bien près de cinq
cens Barbares tuez fiir le champ , &c foixaate Se dix pour le
z iij
ï8i AKRtAN DE L'HISTOIRE I
mo in< prUonnicrs: les autres furent repouffcz dans leur vill<£
dont ilVo'bferent iarmis fotnr depuis qu'ils curent efte hb, c $
frottez. Alexandre eftant arnué ) kkaff t nlhrhy l l!e ) bqucllj
fut prife du premier afiault. Il y trouua des clep has , s u ,1 p, ir ,
Quandles Baziricns ciucnduxt les noimcllcs delà prue d &
rTds perdirent tueur, & tugerent bien qu ils.n aucune to tCB
ballantes pour relilter. Parquoy lurle mmu.d ils abandoi
nerent la ville, & fenfuirent a vue roche qu ils appellent
Iarochtde Aomc . où pareillement feïtoient retirez d autres Barbai®
Aoine " leurs voifins. Ccftcroche, pour eftrerortcdenarurc, clt 0lt
par les Barbares cftimce imprenable, quand tout le moufc
euftefrédeuam. Etaon tenu pour choie véritable qu«
mes Hercule, quelque fils de Iupitcr qtf'il luit, ne la iccut 0*
ques prêdre:combicn qu'il fuit Û vaillant que rien neiemî$|
inu.ncible nv imprenable deuant luy Mais qu il y air on» à
eu Hei-cule 3 tuftThebain 5 Tynêou yptic qui au pafleat
He^Ic ne ques aux Indiens, certainement ie ne le voudroy pasailcurcr.
httmZ Ainsfcroy piuftoft d apiftiô, qu'il n'y eut .arna.s aucun de*,
auïIndes - qui fiait aile lufqueslà. Au refte, on içatt bien , que toutes
choies difficiles Se de pénible exécution , ont accofl
d'eftre li fort amplifiées , qu'on dttt, que inclines HH
ne les a feeu mettre à fîn.le peferoy bien.qu autat en 1 eroi#
ueou touchât ccfteroche,àcaulcquileftdimak ,u iaprete
tellcmécquc quand on ven ou aueiénemcnt a parler i, *co«
„ r ■ ■ onlapoun-oitprendrcoofouloitmettreHerculeenicuOn
KK tient qu'elle a douze heues & demie de tour : de hauteur,^
iWc la pi - c „ dre cnC ores au plus haut , près de trois quarts de line:
&l qu'on n'y fcauroit monter que par vne petite fente >
la main, & fore alore &c raid c. Qu'il y a au lommet abonda*
ce d'eau fort claire, dont fourd vne fontaine. Qu»y"*
vne foreft : & autant de terroir de labeur a 1 eu tour du loti,
comme il en peut falloir pour la nourriture de mil perionfl*
Alexandre ayant entendu cela eut fort grande cnuie*»
prendre : melmcmcnt pour les contes qu on en fa^oir d*
culc. Apres auoir mis bonne garnifon dam les villes dU»
D'ALEX. LE GRAND. LI. IUL 183
j e Maflag^l fcit dcfmanteler Bazira. Ephcftion & Perdiccas 1^
avantsfaiafornfier laville de Orobatcs parordonance dA- mintdce< -
Wandre^t en icellelaiflcgarnifon,i'citoient acheminez à la
riuicre d'Inde: où ilsauoicnt défia prépare toutes les matiè-
res neceflaires pour le pafiage de la nuierc/inuantla comraif-
£oti qu'ils auoient d'Alexandre de ce faire. Il ordonna pour
fon Lieutenant général & gouucrneur du pays qu il auo.t N; „ nor
conquis près de l'Inde, Nicanor, qui cft oit 1 vn de c eux a qui fi^gjg
plus il le Lit il Empara de la ville de Pcuccl.ous, qui n cft pas ^ gj
tia dctanuiere,par kmoyen delà reddmô que luy en . tcirci uto
les lub.tans d'icclle. Pmsy aunt mis bonnegarmton, Se 1 lu- JJ*^
lippe pour gouucrneur, continuant la vittoire, il prit les au- ^«nto*
très villes qui elto.cn, fur f Inde eftant luiuy de Cophce & Al- Jgtag
fagçsErin ces & grands feigneurs en celte contrée. Quancin ces Indicns
futparuenu aEmbohma, qui eft vnc ville qui n cft pas loin au ca™ d.
d'Aornc il y biffa Cratère aucc vnc partie de ion armée, aucc f>
charge de taire mener au camp des grains & autres mumtios
neceflaircsponrvnlongJiegeicnintétionquei'ilnepouuoit
prendre du premier coup h roche par force d armes, ou par
quelque ruze de gucrrc,d peuft contraindre par vn long liège
& par famine ceux qui cltoicnt dedans de venir àcôpoluion.
Ei prenant aucc luy les Agrians, les compagnies de Cenc, &C
quelqucnombrc defantàffins armez à la legerc, quil anoit
cboj/ùparmy toute l'Infanterie, commeks plus allaigres Ôt
les mieux armez: deux cens caualiers des alliez , & cent ar-
chers à cheualjilfq meitcn chemin pour tirer droid a la ro-
che. Eftant le lendemain arnué allez pres d'icclle, Se l'eftant
campé la, quelsques Barbares de là auprès allèrent vers luy,
qm luy monitrerent par quel cofté, à leuraduis , on pourroit
plusfacilcmentmonteralarochc:&forl'ni'ent de luy leruir
de guides pour y aller. Alexandre aprcs leur auou faiâ re-
cueil, enuoya Pcolomcc hls de Lage auec les Agrians, 8t d'au-
tres gens de pied armez à lalegere,§c quelsques Argyralpides
gens d'élite, & leur commanda de fuiurc ces guides : Si que
quand ils ùxoicnt au iornmcr, ils ne faiiuileut a k dou.i
lier a
lH ARRIAN DE L'HISTOIRE J
coenoiftrcparvnccrtainfignaLPcolomccmarcIuntauccrc,
Sauce grand peine Se tratuil des luldat^ar des endro»
KWcouppezparuint en fin auheu qui luy -on c e oio-
ft r é,fans e Jdefcouuert des Barbares : ayant cqu toatf
dclcgcrsramparts & dctrcnchees,il leua haut ci. a.r v n flam,
beau aidant quieftoit le lignai, qui leur auoit efte baille U
aueïeftan «perçeu ducamp , Alexandre feic approcher fi,
aU "^ Xcïftcnec , îoina que lclicu eftoir fort a leur aduantag.
qt tout fon effort ne luy feruit de rien. El quand « B*b*
veirent qu'Alexandre fctfbrçoir en vain de mon a parl en .
droit où ?il cftoit, ils tournèrent viCnge,* alla» charger
quïs entendirent eftre momezauec Ptolomcc : un ,1 y eutvn
Z omba^cfforccanudVncoft6 les Ind.cns d. romp„
StLrleiBpin.&ksMacedotnensdeguda * défend*
e***^ £ pte EnfinlcsBarbares ^"^X^
ta B «b«cs Micedoniens^oinaaunîqucUnuift.ippio.ho.tleietircra,
«*-~ Lanma venue, Alexâdre enuoya vn Indien ,qm I cftoit ven*
rendre ^ luy ,i qui fçatroit fort bien les chemin.* deftoun
delaroche f vers Ptolon.ce, auec lettres , par lciquc esillrç
mandoit, que quand ,1 verrou le lendemain donner 1
S roche il ne éillift quand & quand de fa pan d aifad Urdcj.
LukoùtUftoi tj lcse H nnemis:ànn que eux et ans affaiikj
deux coftez.nefçeuffentaufquels entendre. Le iourdap£
de grand matin , il feit mettre les gents en armes , & marcto
droiû au heu auquel cftok monté Ptolomcc, Uns eftre app»
L ennemis^eftimant que ni fe pouuoi t vnc hjs ^
auccPtolomee,illuyferoka 1 fèdevenir a bourde fon «m*
pnfe. Et ne Pcn fallut rien qu'il n aduint ainfi qu il cfperoitit
F ^endemam allant à mont par ce coft là,,l eut beaucoup
peineàmontcr^areequilrencontralesennemisenteft^
lors il fallut combattre , * durala méfiée iniques a mi£ •«£
tesfois pour autant que les Macédoniens, qm ne fe m«
ftroïen'pointrecreusl necefïbient point ams fado.
vns aux autres, * rafraichilToit- on ceux des premier*
D'ALEX. LE GRAND, LI. Ml 1%
jj s guignèrent en finie haut de la roche : vrayeft que ce fut à
grand peine : cncorcsncpeurent ils, qu'il ne fuit toute nuic>.
£ft.ins montez au fo mm et delà môtaigne, Alexandre les me-
flidroitt vers lafottcrcirc : mais ils ne peurent rien farrepour
ceiourb, tanteftoit difficile & pénible le chemin , par lequel
ilialloit aller. Sur le lotir il commanda aux foldats de coupper
chafeun cent pieux , aians maticreàfuffifance,au moyen delà
forcit qui cftoit alentour. Aucc lefquels il feit faire vnc chauf-
fée en tirant depuis le couppeau delà montaigne ,iufques au
fort de la roche : à fin de contraindre, les Barbares à coups de
trect d'abandonner leurs defenfes, Etluy nebougeoit d'au-
pres de ceux qui trauailîoient à ccft ouuraige, louant ceux qui
alloient couraigeufcmctcn befo ng ne, reprenant Se en cou ra-
gea tu les au très qui y befongn oient lafehemenc. De forte que
lapremierc îournec, combien que les Barbares feiffent tout
«qu'ils pouuoiêt pour les cmpcfchcr, ils feirêt bien fîx vingts
pas de long de celte chauffée: puis on renforça le nombre des
ouuriers, Se pour leur faire feorec furent ordônez des foldats
aucc des fondes,pourrcpoufl*crl'crîort des Indics. Au moyen
cequoy la chauiïee fut faicte & parfaiéte dans le troiheme
iour . Le quatrième d'après quelques Macédoniens aiants
gaigné vn couppeau de montaigne visa vis delafortereffe, 8c
de lamcfmc haultcur d'icelle : Alexandre y courut en diligen-
te , Se fe délibéra de faire faire vn pont pour aller de f vn à l'au-
ne. Et ainiï qiùl fallait commencer à y befongner, &que
ïceuure fe continuoit de for t bonne façon: il n'en fut pas plus-
toit faict vne partie que les Barbares eftonnez Se perdants
prefquc cueur de voir ce couppeau de montaigne pris, lequel
flspenfoientefhe imprenable: eftimans que c'eftoit follie à
tuxde fe plus fier à la forterciTc de la roche , enuoyerent gens
pour parlementer aucc Alexandre: lefquels offrirent de ren-
ote la place, moiennant qu'il leur fuit permis de fen aller leurs
vies & bagues fauues.Toutcfois leur intention cltoit de pafler
^tc la lournec entière à parlementer, & la nuicT: venue fe re-
^eren leurs maiions. Ce qu'aune dcicouuert Alexandre, leur
A
iU ' - AILW ÀS DE L'HISTOIRE j
tnaduternpsCu^
^to^rf^i^n fcpt cens Aigyafc
luy les g«dcs de lo > unps K ^ aba , donnce dw ^
RcMirio» nemis . LcsMacedon eas P^u ^ . ^ fc .
KSf tre dvnaua-e . ^^^^îni de Barbares #
qu'à la fin ils y modèrent . c „ plcccs . H y{|
ïcncontEoicnt tuyan s, & lc Uuu cr a la fy*
eut aufli beaucoup, lclqueis ^ & f cul c:cnt.
tombèrent en bas par des p ce p i« s ^ ^
Alexandre eut çaigne ce te roc . H _ p m
UO ie peu eftre pruc par Hercule _ y ud ^
yau ol-ordonn6pourcap- ^
donné le çarty des l« d ^ S /^ ur fc vcmr rendre»
«depuis l'auoK abandonne pou : payiM
ïouppe à Alexandre apre a e nqu P M
ananU W au °" * ft bC 1° n wsdes AffacoB I
«ces: a parut pour aller em»k .p- ^ JH
il auoit eu adueruficment quel : bac y «
nkns renok les montagnes au c e qu lq «
feftoit retiré auecluy vn grand nombre , «
— • ^fd aysc«
toute vuide de gens , ^ r jj H
qu'ils iUoicntdAIcMnaïc .fc ^ ^
1 Amioch , qui »u°V™ Ç"'S« b ksA?t
„fpidcs , ad.ouftant .» r ;&toch , autres *
lce-crement armez . 6c a cuuy prendre^
A ? gy raf pl des : po ur aUcr U « io * r
oues Barbares de ceÛe cont ic } & ^
Sttoicnc les manieresd, Ure a du t ^ ^
jj, fc gouuetnoient au fart de Ugu«^ Ultlttt
ks efephants. Luy cependant P e ^ ^
dinde ayant enuoyedeuat des gens de
carter 6c «cttoier les chernms : par c, qu „
D'ALEX. LE GRAND. LI. II II. 187
L x par où il fidloit palier , efttâent fort fafcheux fie
Knsdc buiflbns & haiUiCrs. Êftant en chemin ùfceut par le
Soien d'aucuns Barbares qui forent pris, que tous ceux de
Sfc contrée fcuoient retirez vers vn nomme Banfades,
vantsiaifsé leurs elephansaux paftis près la nuicre d inde
guoy entendu, il fc feu conduire par ces priionnicrs droift
ÎJU où eftoienc les éléphants. Or font les Indiens fort LcUnJi
1res a la charte, principalement decesbeftes : Se pour «ftc ^
nifr Alexandrelesaimoii & en auoit touiiours auprès aeu
cipallcmenc
cerfonne. hftant paruenuoù eftoicnt ces clephans , il corn- d«dc P te.
Lena à leur donner la chaffe. Il y en eut deux qui t'cnfuirent
en des lieux fort hauks, dont ils tombèrent &c fc tuèrent-
D'autres furent pris , aufquels des Indiens apprindret depuis
à fouffnc les cheuaucheurs, Se à f appriuorfcr parmy le camp.
Il trouua auffi près de là vue foreft.où il feit abattre des arbres
par fesfoidats: 8c feu faire en diligence des battcauX
pour defeendre aucc fon armée au pont que
Epheihon 6c Pcrdiccas auoicnt
jà faift faire,
FIN D V QV^iT RIEHB LIVRE.
i88
De la viflç
de Nyflc.
De Denis ou
Bacchus,
CINQVIEME LIVRÇ
DES FATCTS ET CON-
Q^V ESTES D'ALEXANDRE^
le Çrand, Roy des
Macédoniens.
0 N tient que au pays qui eft ent^^H
uicresdeCophcne & Inde cfb^^H
ville dcNyfïCjConflruicïe pat Denis ou
Bacchus , lors qu'il conquit pat force
d'armes cefte contrée, au voyage qu'il
fat en Indie. Mais ic ne puis bonnemét
eftimerqui fut ce Bacchus, en quehêpj,
ny de quelle part il partit pour aller a
Indie. le ne fçay fi ce fur le Thebain , qui partit de la
Thebes, ou ceîuy qui deTmole,quteft vne montai^H
Lydie, pour tirer auecvne armée vers Indie. Auquel v^H
il paffa par tant de bclliqueufes nations , & dont les Grecstta-
uoient iamaisouy parler, & toutefois ne foubmit à la puiuân*
ce que les Indiens . Ien'en ay encoresrien trouuc de cerraifi.
Au refte , il me fcmble qu'il n'eft point de bclbing dej^H
cher fiauant les chofes, principallcmcnt touchant les dieu»
dont nous nauons aucune cognoiffance, que par les contes*
llncfautad- fiéHans fabiileufes des anciens. Car tout homme qui voudra
ioufter foy à fongneufemet cfpluchcr l'eftat & nature des chofes, trouueO
Sdënef qu'en telles hiftoiicsfaiclcs à plaifîr,n'y a bien forment aucune
' apparence de vérité. Et pour les au thon fer & faire rcccuoK
du peuple , on a cefte couftume de les coulorer de quelqu^J-
D'ALEX, LE GRAND. LI. V. 189
uinitè qu'on y cntrcmcflc. De forte, quebienfouuem à rai-
fon de cela elles font reeeucs& tenues iînon pour vraj.es, au
îtioins non du tout incroyables. Comme Alexandre eftoit en
chemin pour aller à Nyfleaucclon armée, les Nyffiens en-
uoyerent vers luyvn nommé Acuphis, qui citottgouucrneur
&chcf de la ville, Scauec luy trente autres des principaux Si
plus apparents, pour requérir Alexandre, qu'il luyplcurt,à
tout le moins en faucur de leur dieu, laùTer leur ville franche
& libre. Lclquels eftans conduits vers Alexandre dans fon
pauillon comme il ne faifoit que d'arriuer , le trouuerent affis
en vnc chaire encores tout armé, &c tout couucrt de poudre,
aian t en fa main vne partifanne &: l'armct en tefte. 1 Is demeu-
rèrent comme gens efpcrdus de levoit.-ôifeicttans à fes gc-
noux,furcntlongtempsfansfonnervn fcul mot. Apres qu'A-
lexandrclcs cutfaicllcuer, & leseutvn peu affeurez, Acuphis
„ commença fa harangue en celle façon: LesNy (tiens vous fup- des £yE
„ plient, Sire, de permettre que leur ville demeure libre, Si àAlexanikc.
n iouy lie de fes ancics droits &c priuilcgcs,pour l'hôncur de leur
. dieu Bacchus: lequel l'édifia après qu'il eut veincu les Indiens, ^^j^ 6
» eftant en chemin pour retourner cr; Grèce, pour mémoire pai *" u '
de fon voyage, & de la vi&oirc par luy obtenue : & la peupla
defcsfoldats^uiàcaufedc leurvieillelTe ou maladie ne pou- .
»> uoiët plus fuyurc la guerre : tout àînfi que vous,Sire, auez cô-
» (truie Alcxâdrie au mont dcCaucafe,& vne autre en Egypte,
■ Se encores pluficurs autres ailleurs de mcfme nom:& pourrez
» côftruire cy après, corne celuy quiauez délia mis a fin déplus
». grandes & plus hautes entreprises qu'il ne feit oneques. li
voulut que cefte ville fuit appellee Nyfle, pour l'amour de
« celle qui l'auoitnourry de Uiâ:& toute ccitcconrrce,Nyircc:
* & cefte montaigne que vous voyez la plus prochaine de la
ville, CuilTc: à caufe que (comme il cft porté par ce qu'on a r, a monM ;.
efcritdcliiyjil rufquitdclacuiflcde lupiter. Depuis ce temps gncdeCuif-
»*S nous n'auonsefte fuiccïs à perfonne: ains nous fommes. lc *
■ gouuerncz félon nos vs Se couftumes, maintenais noftrc
>■ Rcpublicquecn eltat, par vne tref bonne forme de gouuer-
A iij
m ARRTAN DE L'HISTOIRE I
nemcnt Se police . Er qu'ainfi foii que cefte ville ait efte baft^
Sacchu^beaucoup de choies en donnent bon tcW
TnU : entre autres celle cy, qu'il n'y a lieu en toute Undtc
lue ccltm cy ou croiuelcLcrrc : lequel, comme pouuez fç>
S^A^bni fcaggreableà cedieu. Alexandre cicouu
mf voulonners Acuphis anih parler, car il -ou grand c a
uie de fçauoir la venté de ce qu on d.foit de B.eehns &
q onc uflquc celte ville là auo.t eltê conftruictc par uy,
Swant qu 3 auoit défia efté aufli loto que Bacchus « dp*,
îmtbien cocorcs aller plus auant qu il n auou elle. Qui Icfai-
Ltpcnier quelesMa^domes feroicntbreu contents de fui,
urc encore? la guette, K ne tefuferoknt pas de iu rP orterle
ttaUde^acmWouri'efperâcc qu'ils auoicnt d acquer,™
tant d'honneur par leurs beaux exploits d armes , que Bac
chus en auoû acquis par les fia» Qui fut caufe qu il perrm
auxNyffiensdc Wutc libres comme deuant, & leur odroy*
de oui de leurs priutleges & franchîtes. Puis quand il eut en-
tendu de quelles loix ils vfoieat, & comme leur République
eftoit régie & gouucrnce par gens choifis &c clcuz parmy le
peuple : il les eftrma plus que deuant, & leur did , qu ds |
cnuoyaflcnt trois cens hommes de chenal, dont y en cuit
cent ou nombre de ceuxqui auoicnt furmtendenec dcsafofl
res pubhcques, qui cftoient trois cens. Et confirma Acuplut
au souuernement de la prouince . On diâ , qu à ce commaD-
dément Acuphis fe ptint à foubrirc: & qu Alexandre luy de-
manda dequoy il noit > Aquoy il refpondn ; Comment eft.
m ez vous .Ske , quvne cité peuft cftre bien condu.de de h,
ewdle on auroit tiré cent des meilleurs citoyens, par ladui
lefqucls principalement elle eftoit gouuerncc > Si vous au»
quelque foin des Ny mens , Se il vous plaid en au on trois cens
hommes de chenal: permettez qu on vous en enuoyeda*
cens , pour les cent que voulez eftrc pris du nombre des ma
g.ftrats & gouuerneurs: afin que quand vous «tourné*
fous trotiuiezla ville en tel eftat & dignité qu elle cft m**4
nant. Acuphis par fa harangue feeut h bien gaignei Aie*»
Les Macé-
donien! fef-
D'ALEX LE GRAND. LE V. 191
Are f„ ar ce qu'il luy fcmbla auoir parié en homme Êgc Se
bien aduifè) qu'il le conrenu de demander quelque nombre
JUualkrs.lans faire mention defd.ds cent ny d autres au
heu d'eux : Se auecques eux fon fils, & vn lien nepucu fils de
^ leur lefqucls Alexandre auoit nommément demande pour
aller auec luy a la guerre. Apres cela il pntenuie a Alçxadre
o'allet,aecompaiguédela gendarmerie des arms & dvn re-
vende gens de pied, vo!r la ville, oùksNyffien» difoient
encore* des marques K enleignes du voyage de Bac-
: m la montagne de Curie , laquelle ils conçoit c &»
coûte couuerte K reueftue de lierre Se de laurier: 6, ^qu. y
auo.t dcsbois les plus plaifans ft ombrageux du 1 monde g£
mzdetoutefortedebeftesdechaffe. Sitoft queles Maccdo ^ ^
mens y fuient arnuez , ils cômcncercnt a felgaycr voyans du hum à la
Uen^ont ils n auoiet pouuvcu Ion téps -gp
des chapeaux de Lmriei^u'ils neuoieut l«r leurs telles cl^n
w d'allegreflc des hymnes Se cantiques a la louange de Bac-
Zs linuoquans cantoft par vn nom, tantoft par vn autre.
Après vn iaenhee qu'il y fat,,l y voulut faire vnfclhn auec les
plus fanons. Mefmes quclsques vus ont cfcrit (il les croira qui
voudra; que pluficurs des plus grands feigneurs d entre les
Macédonien eftoicntauecleRoy àee fcftm couronnez
de uerre,6irent cfpris de la fureur du dieu Bacchus A alîoient
coutans & rageans ça Se là, comme eeux qui tout le ieruice de
ce dieu. Si ces chufes font v rayes ou non , chalvun en lugera
à par- foy. Quant à moy, le feroy bien de l'opinion d brato- Les MaeciJo
flhencs Cyrenean.qui disque tout ce que feirent onques les
Macédoniens pour ce regard, ils le rcirent entièrement en ta
le* choies à
ueur d'Alexandre, & poui luy gratifier. Autant en clt-il des raduaatage
contes qu'ils faifoicc comme delà cauerne, qu'ils racontoient «TAlexiJie.
auoir veu au pays des Parapamifadiens, qui eft me fable, que
les habi tans du. pays ont ouy dire, ou bien eux mefmes fout
controuuce:a fçanoit,que e'eltla cauerne S: folle foubs terre,
ou iadis Promcthec fut attaché ■ des entrailles duquel le p.uf-
foit vn aigle, qui y voloit ordin^rcmcnt ; lequel aigle fut tue
ARRIAN DE L'HISTOIRE
îîton i< par Hercule , qui y alla , & dcliura Promethee . Les mefmes
Pwnicthee. Macédoniens faifoient de beaux contes du mont de Caucafç,
appellans Caucafe le Parapamife. Et cela failoient ils pour
accroiftre toufiours l'honneur & gloire d'Alexandre^ fçauoii
dauoirpafleleCaucafc.Toutainh' que quand ils veirent chez
les Indiens des bœufs marquez d'vne figure demailuc , ils di- 1
foient qu'ils croyoiem bien, que Hercule auoit efte autrefois J
en ce pays là, par ce qu'il auoit accouftume de l'aider pourar-
mes d'vne maffue.Le fufdiaEratofthenes eft d opinion, qu on
en auoit mis en tuant tout autant du voyage de Bacchus. 1
me fuis contenté quant à moy de réciter ce que i en ay trouufc
Alexandre parefeript. Arn uant Alexandre àla riuiere d'Inde, uouualc
arnucàlan- t n arac hcué ainfi qu'il auoit donné charge à t phcttion, &|
nieie d'Inde. „ andnombl . e£ j em0 y Cns batteaux J auec deux à trente rames!
% des prefens que Taxilcs Indien luy auoit enuoyez : qui
cftoientlafommc de deux cens talens d'argét : trois mil chefs !
■de bettes à cornes , dix mil beftes blanches & plus , & trente
elephans. Il au oit au m enuoycfept cens hommes de chcual,
T«il a gts- auec offre de luy liurer quand il luy plairoit Taxila, qui cltoit
dcvilkcnne l a plus grande ville , qui fuft entre la riuiere d'Inde & celle
rtrLf- d'Hydafpcs. Là Alexâdiefacnna aux dieux, aufqucls il auoitj
1 pet! 3 " couftume de facrifier: puis ordonna vn icu de pris fur la gréu«l
de la riuiere, pour ecluy qui le gaigneroit à la courfc à cheuall
En ce facrifke les entrailles des beftes immolées luy fignifiej
Dclanflioe rent ^ auro it bonne hïuc de cefte guerre. L'Inde eft cftimffl
à le plus gros de tous les fleuues qui font en Afie & en turopl
après le Gange qui eft aufïiflcuuc d'Indic. Il pren d fa fourcl
en la motaigne duParapamifc,ou ( comme les Macédoniens]
lappclloient) Caucafe: Se va tomber en la grande mer Indien-
ne du collé du midy.oùilya deux bouches, qui font fort ma-
refeageufes en plufieurs endroi<2s,tout ainfï que le Danube en
a cinq. Il faia defon cours vne ifle en forme d vn delta, toute
fcmblable à celle d'/Egyptc:laquelle eft appcllcccn langage du
n fl païs Patala. Voila ce que îepuis eferirede la riuiere d'Inde
i ?i"dS UU " cftantdemacognoiffance. Quant à l'Hydafpcs* Accfines
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. 195
tfcncorcs HyJraotcs,& Hyphafis qui fôt riuicrcs des Indics,
elles font beaucoup plus grofTes que ncf-vne des autres nme-
rcs de l'AliciSi nefumoins elles font d'autât moindres que 1 In-
de que fin de cft plus petit que le Gange. Et toutefois Ctcfias
(on l'en rapportera à luy fi on veut) allure que l'Inde a deux
,cuës^dem.edelargeur,àl'endro.aoùilcftpluscftro 1 a : 5i
ou dellaupluslarge,presdefixlicucs.Alcxâdrcdeslcpoina: LWed - A .
du tour cômança a hure paffer la riuierc à fon armée tirât avne Mtapfe
contrée des lndies:defquclsil n'eft pas temps de parler en ccft
endroit :à fçauoir côment ils viuet, &c de quelles loix ils vient
quels monltrcs & belles cftrangcs font en ce pays la : quels
Liffons & de quelle grandeur fe treuuent es nuicres d Inde ,
Hydafpes, Gange, & autres fieuuesdes Indiens : & pareille-
ment corabi en font grands les fourmis qui tirent l'or de terre:
ou les Gryphons qui fc tiennent affiduement au près de 1 or,
quand il cft defouy: &c beaucoup d'autres chofes de pareille
eftoffe, qui onteftêmucmccs pluftoft àplanïr, que déduises
félon la vérité Ce qui cft aduenu pour autant que quelque On raconte
chofe tant abfiirdefoic elle, qu'on cfcriuc deïïndic, il n'y a gjJJ*
perfonne qui pu i fTe contredire . Mefmement Alexandre ôc {a dll payî
«ux qui foirent le voyage d'indie aucc luy ont defcouucrc des Indien*,
beaucoup de chofes qui auoient cftc eferites faulfement tou-
chant icclle. Carilsontdefcouuert & cogneu par expérience
que les Indiens n'ont point d'or, au moins ceux par le pays
defquelspaftaAlexandre.il trauerfa beaucoup de régions des
Indiens, dont il n'en trouua oneques qui fuffent addôncz aux
délices : ny de plus petits que font ceux des autres nations de
l'A lie, aians'les membres puiftans à mcrueillcs, & plus que
tous les autres Afiatiqucs : dont y en a beaucoup qui ont cinq les ladiens
couldecs de hauteur, ou bien peu moins : & font plus noirs ^ ont ? ran ^f.
■r 1 c « cl.* noirs, vaillat
Scbazannez que gens quiloicnt au m onde, tors les htniopies. en guerre.
Quant au fai£t de la guerre ce font les plus vaillans &: adroitts
aux armes, qui foient en toute l'Afie. le ne voudroy pas tou-
tefois faire comparaifon des PcrfcSjpar Iaprouèile def quels
Cyi-frls de Cainbyfes conquit l'Empire &.fcigncuriedefAfïe
I94 AURIAN DE L'HISTOIRE
furies Mcdois.aucc les Indiens. Par ce qu'en ce temps-là les,
Perfcs eftoicnt pauurcs, kur pays afpce & de peu de l'apport:
& fc gouuci noient par loix & m inières de viure bien fort ap-
prochantes dcladifciplinc des Laccdemomcs. Il tftvrayq Ue
grande boucherie rat faicLe d'eux par les Scythes-, mais itqjj
fçayûclleadumtpomtpourauon- elle les lieux a leurs defad-
uantage,ou par quelque autre faute en laquelle Cy r le tutt o«,
bliê: ou bien ï files Pertes eftoient en ce qm concerne le &f
de la guerre , inférieurs & moins gens défalque les Scythes
Arrian pro- pa r lctqucls ils furent desfaifts.Mais nous i-eterueronsap^
Tfjt avn autre traitfé àpartdes fingularitez & manie, e dcvmrc
?c"à P a«! desindiens, fumant ce qu'en ont efent N catch , NLgafthent
& Eratofthene, qui font aurheurs bien approuucz vn def.
qucU.fcauoir eftNearch,acn perla une nauigéla mer Indiens,
Là ledifcoureray amplement des loix &ftatutsdcs In»
&filfy trouuc quelsques auiniaux montlrueux , & quels.Sc
toutclanauigationde l'Océan cl celle cofte. Pour le pré-
fent nous nous contenterons de totuhcr feulement G^H
■ femble appartenir à la dcJuftion de IhUtuue d'Akxandj
Du mon. de Le mont de Taur cft de fort grande eftenduc, & h grû«
T«e. qu 'ii contient depuis vn bout de TA lie iufques a I .uitrc.|
commancedcsla raonta.gnc de Mycàlè.qui regarde déf ont
l'Ifle de Satnos : & fiifaut la feparation de la PamphdM
de laCi'ucie , feftend iufques en Arménie : & de la panant
outre vers la Mcdic,noii gueres loin desParthes Se CI^H
miens, fe va, enuiron la Badrianne mmdre au ParapaM
que les Macédoniens quifuyuirent AlexâdrcappellcretflB
cafe, pour rendre toufiours la gloire d'Alexandre plusgri*
dcrcommedauoir pénétré auec ion armée lulqucs par délais
Caucafe, aiaut par tout efté viftoneux. Et peut bien cflrc qut
cemootfecontmue^ucc l'autre Cauea(e>eyth]quc,ainii g
IcTauraucccelui cy : qui a efte caufe que >e l'av quelque!*
appelle cy deuant Caucafe, &i encorescy après 1 appellera}-
ainfi Ce Caucafe donc feftend (ans eftrc aucunement entre-
rompu , iufques a! Océan Indien ducofte de Leuant . tt ««
D'ALEX. LE GRAND. Lï. V. i 5 j
tesks riuicrcs de nom qui partent par l'Afie, prennent leur
fource& origine du Taur, ou du Caucafc: don: les vues ci-
rent vers le Septentrion, & y en a d'iccllcs qui vont tomber
dans les marefts M éotidcsid autres dans la mer d'Hyrcanic,
quin'tlt qu'vu goulfe de l'Océan : les autres vers le Midy,
du nombre deiqùcls font iïuf>hrate, le Tygre, l'Inde, Hy- ^n™^^
dafpes, A cefiries,Hydraotes J Hy phafîs,& tous les autres fem- vngouiiedc
blablcmcnt qui loin encre ceux-là &c le Gange, vont tomber 1 ° aan *
en l'Océan: lors quclsques vns quiregorgent & arreftent leur L*E U ^ ate Ct
cours,du nombre dclqucls cil l'Euphrate, & fe perdent foubs p^d loubs
terre par quelques creux qu'on nepeutvoir. Au moyen de lcue -
qiioy Icpjysd'Aliceft compofe & iîcué en celle forte: Ce qui
eltdceodc&r d autre du Xaur &c du Caucafc en titane du Le-
pantau l J onent, fe partir en deux,- & font les deux parties de ^f* 0 *
l'A lie , que raid} le Taur, qui font de merueilleufc clrenduc:
$botfvne regarde le Midy , SccA fermée par le moyen du
Taur. L'antre clt tournée vers le Septentrion & vent de Bi-
fe. Et des quatre parties cfqu elles fe diuife fAfîe qui cil du
coflé du MrdyJ'lndiceft la plus glande de toutes, ai nfi que
le recitent Eracoithenc Se Megalthene auffijcqucl dic-1 que M^aheisc
pendant le temps qu'il demeut oit auec Sibyrtie Satrape des hlftoxK0 '
Arachoticns,ilallaparpluh>ursfoisà la cour de Sandracot
Roy des Indiens. L.i plus pente partie eft celle qui comprend
dcpuisrEuphratciufqucs àla mer de dcça.Et quant aux deux
autres, qui (ont entre L'Euphrate & l'Indre, ù elles eftoient
miles cnlemblc, encorcs ne feraient elles pas de fi grande
cftcnduc.qi.tlH'Iiidicfculle. Laquelle Indie eÛ bornée des
collez de Lcuant & Solaire iufqucs au Midy dclamcrOcean-
nc: du coflé du Septentrion du mont de Caucafc mfques
aux confins deTaur:dcuerslePone U t & le vent Iapyeien
JuJquesalamerOceanne, de la riuieredlnde. Duquel cofté
bplufpartdupayscftvny& champeftre. Et cftunç on que
Mi«es a nfiqudclladucnucn beaucoup d'autres pays pro-
^delamerdaplufpart defquels ont cité J^ s X as
Bij
. ARTUAN DE L'HISTOIRE
■ «Urètre» limon que h force de l'eau des fleuuesi
«£vms la terre oc ^ , om pris les nomj
amafsc : de forte qu il y * d ^ B di : qui cil v ne
,» Clercs : ^ S,, à la moLigncde
W- ms a« nuierc, qui vient de 1 AU , ) ^ ^ mQ ^ non guem
Lydie,àcaufede la nuicre nom" - ^ a ^
campaigne de Ca^ qui ^ ^ de Mil*
Oie: & la plaine de Méandre _en kucrc dc Mcandrî
ville lomque,ainli nommée a "ulcuc d ' aducû0 4
que Egypte aefte T^rn^^^
5paff C> quiluy adonn< : on no ^ ^ ameiK>|t
odote par aucunes raifons a 5, toutes»
çtofi W ^Sr^SâE appellec M m
très nations appellet mamtenat meilt J'vntts
parles anaen S5 onenpeuttuetvngiandarg
dBomeix ) quidia ï QucMeneUsfc^rdl al n^ «
fÇÏÏS -nuquechafquerimereauceftc p o^
caufe du NU K fable quelle amaife en terre tumC ' " J nbiaia umt
fc H" le limon des heux hauts: on en P^"**^» fer
PLÛT croire dc.topi«^^ l ^^ l ^ n VM ( U
î— que ny Herme ou C^-^» ™ „ lamcS
S y tant d auuesnuieres de ilfcmWc , fcpcofi-
tcrrance.eoœwqu^ ^ ^f ^^ ^, tant fea tau, qucll"
accompareravnedc cçl «ue ^ ^ au«l "
peuvent au Gange, qui cil: le plus g los Nl i , ny*
q ud on ne peut faire aucune «»P^^ cres c ftoi ?
Danube. Voire rnefmcs que il to tes «s [lese ^
knnaes auee celle dinde, eneores ne f, o ^ 4
w . . o;er€ lerau Gange. Lequel des lesfourc s*f on»»
ï g fou commencement cft tort gros : P ois , W **
D'ALEX LE GRAND. LI. V. Ï97
f,„ canal quinze groffes riuicrcs ^ns perdre romefois fon
f °l "tomber dans lame. Occanc. 11 fuftra quant a pre-
&auoir couché ce mot de lïnd.c, Nous dcdmrons le lur-
Î 'au d ° urs que nous ferôs à parc des chofes apparrenan-
t à ndre&auxlndrcns. Or icr^co^ncmM^-
K, • >-i C ,^(Trr fnn -innée par dcflllS dcsDattcaux p oim Jeka-
battir yo pont : & d auantage n cuit pas \> i.vcftoit
chcuervntclouuraigc çn C peu de temps O u ce uy dtett
allez pour ai&t dVn bon àf autre *<! attacher des bateaux
âuccd P egroLhabks >& les arranger en forme de murage à
rnLrondcXctxcs: ft ain0 que
les Romains, qui eftoientSeigneurs quafi de tour le monde,
LoiâaceourtLéde faire pour ?^ D *f'^^
Mais ie nay pas encores bonnement entendu comment i s
01 pafsé le Type & l'Euphrate , routes & quantes fois qu ds
I bc filg. 1 e fea/fortbien que Les Romains fa,foient
des pôts aucc desbateaux. Etmefemble, qu ù ne fera pas trop
hors de propos de réciter en ccft endroit comment ds lestai.
foient:contidcré mefmcs que ceftvne choie qui meute Dicn
Comment
qu'on en paile. A vn certain fignal qui eftoit donne , Us lai- ieîRoma i D ,
Soient des baueaux : Icfquds, comme il eft à croire , l'en al- Utt» d«
loient a val l'eau: mais àforce de rames on rompoit la roideur ^
de l'eau, & les ramcnoicon la prouè deuant , au lieu qui
auou elle pris pour ce taire . Puis on cmphfloii de pier-
res des cailles faictes exprès de verges ou menues perches
de boys, qu'on iettpit en fond au deuant des proues, lvnc
H 111
N B iij
iS>S A R RI AN DE L'HISTOIRE
fur l'autre, en forme de Pyramides , pour rompre la rogi
deux de Tcau. Cela faic-fc on en agençoit après vu autre,
On laifiok quelque peu d'intcru.ille entre deux, & cou.
choit-on des fortes loliues dclFus, qui alloicn: de [\ n 4
l'autre 3 fur lefquclles on cou choit de traueis des planche*;
aucc des clous: Scies agençants ainli de ruig allaient contés
nu ans dVne nue à l'autre. Apres cela ils faitoicnc des larges
entrées a chafquc bout, à fin que les cheuaux & le charra*
eut raflent & lor ci fient plus aisément. En cefaifant vn p 0nt
eftoitbien toft dreiïé, & Lins confuflon ,ja foit quel ouurage
femblaft fe faire tumultuaircmcm.Par ce que en chai que vaj|
feau on mettoit vn clgard ou chafle- auant qui faifoir trauail.
1er chafeun en fon endroicT:,& aucc peu debruict : afin quclcj
ouuncrs peuiTcnt entendre ce qu'on leur commande» I
eftoir l'ouurage bien toft parachcué . Voila quelle cftoit la
manière à ce c-ue nous a 110ns peuentendre , dont vioientles
Romains , pour] oindre ôc palïcr les riuieres. Mais d'affairer
que de eefte façon Alexâdrc trauerfa l'Inde, comme l'ay défit
diet, ic ne le voudroy pas faire : par ce que ceux qui eftoient
aucc luy à ce voyage, ont obmis à claire de cela, cômt choie
dont la cognoilfancc rfeftoitpas beaucoup neceiLnrc. TaB
tcfoisàce eue iepuis eftimcr,il le palTa en la forte quc^H
deferipte. S'il v a aucun qui puifle monftrer par quclsqucsbfc'
ncs râlions , qu'il ioit autrement, ie.n'empefchc pas nue fon
opinion loit receué. Apres qu'Alexandre eut pafle f Inde, il
facrifia derechef aux dieux auiquels ilauoit accouftumé de
facrificr. Puis partant de là d alla à la ville de Taxiia :h-
ar ^ e c x ? n ^ c quelle cftoit vnc fameulc & puifiante cite , &: la plus grofiewl
xiia, toutes celksqmfont entre Inde &Hydaipes. A ion arriueeil";
futreccu en grand honneurpar Taxdcs, qui client fouuerail^
magifl rat de la ville , & par tous les manans & habitans de la
contrée. Araifon dequoy il leur octroya des terres de leurs
AmWffa- voifms, tant qu'ils luy en demandèrent. En ces entrefaites
^cRs^vers 1 vin ^ rcr)c vcrs * u y ^ es Ambalfadeurs de la parr d'Ambil.tr e
Alexandre, Roy des Indiens dcsmontaignes ; qui eftoicat ,lefrerc d'icc-
luff
D'ALEX, LE GRAND. LL V. 199
j u yAmbifare,&quclsqucsgcmilshommesauccluy. II y en .
vincauflide la parc de Doxarec gouucrneur de certain pays
en cefte marche aucc des prefents. Apres cela Alexandre
ayant faicl de rcchefaTaxiladcs facrifices , &: fai& iouer des
icux de pris, à la courfc a pied & à chenal, il pourueut au gou-
uernement de cefte contrée de laperfonne de Philippe Mâ-
châtes auecgarnifon. lly laifta auflî les foldats qui eftoient
malades: pins il tira outre pour aller defeendre à lanuiere
d'Hydafpcsiou L'on difoit que Por l'attendait aucc vne grofle
&pumantc armée, bien délibéré defempefeher de pafler:
ou de le combattre quand il feroupaiTé. Quoy entendu Ale-
xandre feu retourner Ccncfilsdc Polcmocrates à lanuiere
d'Inde : & la tirer de l'eau &t mettre par pièces les bateaux qu'il
yauoitlaiflez 3 aucckrquelsilauoicfaidrpaircr Ton armée, &c
les luy amener deflusdes charriots. Ccne y citant retourné
meit les grands bateaux en trois pièces , & les autres plus pe-
tits en Jeux , à fin de les chancr plus commodément : & ainfi "* par 3l "
fuient menez parcharroy îufqucs iurlariuc d'Hydafpes.Lef-
qucls cftans raflemblez & rcfai6ts,il cquippa vne Motte, & Difcouts de
la tut tenir a l'ancre auprès dclanue. Puisaucc vne partie de ^J^* e _
fes compagnies fen alla àTaxila,oùil prit cinq mil hommes xadre&Por.
Indiens de Taxilcs, & des autres Satrapes de la contrée : Se
auecques eux reprit le chemin pour retourner à la riuiere
d'Hydafpcs : & la a/feie Ton camp . Por cftoit aucc toute fon
armee &c des elephans en bataille fur l'autre bort droict vis à
vis,qui conlidcroit attentifuement la cuntcnance,allces & ve-
nues dAlcxâdrc,craignant qu il pallait l'eau auccfcsyaiifcaux
fans qu'il en veift rien . Et non content encorcs, il enuoya
gens es autres cndroicts delà riuiere, par lefqucls on pouuoit
palîcr, afin d'cmpclchcr& défendre le pafïagcaux Macédo-
niens. Ce qu'ayant di-fcouucrt Alexandre, il fc délibéra en
femblablc d'en noyer gens en diuers lieux, pour tromper Por,
&fairc qu'il ne (ceuft plus qu'il aurqit à faire. Parquoy après
auoirdiuifc (biiartncccn plulîeuis troup'pcs,&enuoyé les vns
d vu coftéjics autres d'vn autre: il commanda a courir le pays
Les riuiercs
m ARRIAN DE L'HISTOIRË
auec ce qu'il luy reftoit de fes compagnies, cofloyant la ri. '
u j C re, fondant la hauteur de l'eau: mettant tout à feu & à fang
pat- où il palfoit, fors les grains, qu'il fcît mener de toute celle
contrée votlined'Hydafpes à ton camp: à fin que Porpcnfaft
qu'il euft délibéré de demeurer la campé en attëdant la faifon
de l'année que lariuicre fabbaiflbit:qui cftoir.à ce qu'on feeut
de ceux du pays, en temps d'hyucr. il faifoit ai la garrer fcj
bateaux en plufîcurs &: diuers endroits de la nue, auec des
Hottes de peaux de cuir, qu'il au ou faicî emplir d'eftram Se
paille: y difpofanc au lit des gens de pied &c de chcual. De forte
qu'il don noit bien à p en fer a Por.&l'empcfchoit bien de dor-
mir à fou aife : Se luy oftok tout moyen de donner ordre a fes
affaires, & de iiigcr ce qu'il droit befoing de faire en ch ifeuâ
lieu. En la faifon qu'il elloir(qui cltoit au plus fort de f elté)les
indiens riuiercs deflndic font groiïes $c enflées, troubles & roidesa^
gtoffes en poflible: à caufe que en ce temps la il tombe de grottes pluyeù
* fté ' au pays: & puis les neiges du Caucafc fe fondent au moyw
de la chaleur, qui font ainfi croiftre les riuiercs. Tout le coM
traire aduienc l'hyucr. Car les riuiercs font baltes & plus clai-
res, & n'y en a point qu'on ne peuit palier à gué, fors l'In<fie
& k Gange, & peut cfbrc encor quelque autre. McfmcslM
dafpcs en telle faifon eft gueablc. Alexandre auoit taitt cou-
rir le bruid qu'il attendroiràpafler aifques à ce temps là, lî
lors il eftoit cmpefché de ce faire. Il eftoit après toutefois*
cerchoit tous moyens de palier, fans que les ennemis le peut
feu t. dcfcouurir. Et confiderant que à 1 tndroict ou Por eftoit
campé, il eftoit fort difficile de palier, à caufe du grand nom-
bre de combat-ans qu'il auoit, & des éléphants qui eftoient fur
la nue, qui donneroient grand eftonnement Se effroy aux
cheuauxà la defeente, tant pour n'auoir accouftumé delà
voir, que pour leurs cris Se bar rifle m es : ioiucl qu'il craigDOit
que les chenaux ne peuffent pas tenir fermes fur fes flottes de
cuir, ams quand on viendroit au combat ils reculaflent &
tombalfent dans l'eau : il fe délibéra de palier, fil pouuoit,
fans cftre defcouuert des ennemis . Parquoy la nui cl venue J
ca-
i
D'ALEX. LE GRAND. LI, % «or
enuoya des gens de chcual en diuers lieux fur la riue: auf-
quels il commanda de parler hault, &. faire tel remuement êc
tintamarre, comme (ils euflent voulu parler. Du comman-
cemenc en quelque endroift que Por entendift le bruict des
Macédoniens, il y couroit aucc les elephans, & fe prefentoit
fur le bord. Mais quand il veit que les ennemis ne f'errorçoiër.
de faire autre chofe, que du bruict, il ne f'en donna plus de.
peine: feulement enuoya gens en plusieurs endroits de la ri-
uierc pour delco nunr, à ce qu'il ne fuft iurpns. Quand Ale-
xandre veit que Pornefe donnoit plus de peine de fes courfes
oo diurnes, illuy va donner d'vne telle îuze. Il yauoitvn ro-
cher en vn endroit! du bort de la riuiere couucrt au polïï-
ble de toutes fortes d'arbres, qui cftoit fi tué fort à propos :
Se deuant lequel la riuiere faifoit vn grand tour, Affezpres
de là, quelque peu de diftance entre deux,y auoitvnc I lie peu
plecdebois & no habitée, & propre à merueilles pourydref-
fcrvnccmbufcadc. Au moien dequoy voyant que en vn lieu
Se en l'autre les ges de chcual Se de pied pouuoient eftre cou-
uers au palier, il fe délibéra de faire parler fon armée par là.
Ce roche r, Se pareillement nfle 3 cftoientloing du camp d'en-
uiron huift ou neuf lieues. Apres qu'il eut premièrement af-
Ûs des corps de garde, du long de la nue, au Âî loin l'vn de l'au-
tre, comme il falloir d'interualle pour fe voir & entendre la
voix : Se donne ordre en pluficurs endroi£ts de faire des feuz
Se grand bruit par nuift : il dilpofa du paffage, faifant faire
vne grande monftre d'appareil au camp. Auquel il laiflà Cra-
tère auec fon régiment de caualcric & celle des Arachotiens,
Se Parapamifadiens : & de la phalange Macédonienne, les rc-
gimcnsd'Alcetas Se Polypcrchon : &:les gouuerneurs de fin-
die de deçà auec leurs cinq mil Indiens, &luy défendit ex-
preiTcmenr de fe mettre à pafTcr, iniques à ce qu'il euft veu Por
le charger, & luy ou desfai<£t ou mis en r ointe . Me finement
au cas que Por laiifalt à fon camp vne partie de fon armée, Se
de fes elephans , îlfc tinft en armes fans abandonner la place
où il clloit. Et où il prefenteroit fes elephans au combat, il luy
C
xoi ARRIAN DE L'HISTOIRE
enchargea, ce cas aduenan^depaflcr aucc routes fesforce^
(ans redouter en rienlcs ennemis: pour autant qu'il n yauoU
que les elephans qui peufleiit douer empefehement aux che-
uaux de gaigner l'autre nue. Voila la charge qui fut donnée*
Cratère. Quant àMcleager, Actale&Gorgias^ui auo]c&t
leur cartier entre l'Hle Se le gros camp, aucc la cauaiene & i n ,
fantene étrangères ,1! les aduercit,que quand Us verroicntles
Indiens empefehez au combattis dépareillent leurs compai,
gmcs&paflaiïent. Luy aucc la gendarmerie des amis, les r*
gimens d'Epheftion , Perdiccas , Demctrie , Clite fit Cene :1a
cauaiene des Battrians , Sogdians , Scythes & Daans : & lej
gens de treft, les Argyrafpides & les Agrûs, marchoitvn pcçL
arrière du bort, fans qu'il p eu ft eftrc delco u n ci t des ennemi^
afin qu'ils nefe doutafleut qu'il alloit pour gaigner le rocher
Si fille. Lanuicïvenucilfeit coudre ik fermer les flottes de
peaux de cuir, qu'il au oit fai£t emplir de légère matière - H £ç
Icua celte nuict-là vn oraige entremcflc de tonncrres,vcnts«
pluyes qui leur feruit de beaucoup : parce qu'il empefchj*
qu'on peuft ouir en forte du monde le bruit & voix de cqB
qui fappreftoient pour palier, ny pareillemâ le fon &: clique-
tis des harnais. Les batt eaux auffi, que nous auons ditt a^oir
efté amenez en pièces par charroy, furent tirez des bois ouils
auoient cité refaits & cquippez : fans que les ennemis en veit
fent iamais rien , au moien de la hauteur & grande quancit:
d'arbres qui empcfchoientdc voir ce qu'on y railoit . La tcio.
peltc eftant ceflee enuiron la quatrième veille de Uinmcî.il
feit monter la cauaiene fur ces flottes de peaux, Sd'lnfaiHetie
dans les bateaux , tant qu'il y en peut tenir: & les feu cirer fans
faire bru ici droiftà l'ifle ; laquelle ils palier en t fans élire def-
couuertspar ceux que Porauoit mis au guet, qu'ilsnefuffent
tous prefls de prendre terre. Alexandre d as vn bafteauà tren-
te rames accompaigné de Ptolomce , Perdiccas Se Lylimach,
qui cftoienr garde de fon corps : & de Sclcuc » qui eftoit
de fes plus familiers &c fanons (auquel depuis ta fortune»
uorifa tant, qu'il fut Roy) & vnc parue des Argyrafpides,
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. 2C5
gaigna la due. Les autres Argyrafpides paflerent dans
di-s autres bateaux à trente rames. Quand les femin elles des
ennemis , qui eftoient aflîfes fur l'autre riue, apperceurent
les gens d'Alexandre dans des bateaux tendre à bort } couru-
rent le plus baftiuement qu'ils peurent en aduertir Por. Ale-
xandre citant defeendu le premier en terre auant queperfon-
lie fcprcfcn tait pour l'cmpefchcr, commcnçoit à mettre en
bataille les gens de cheual à mefure qu'ils pren oient terre:
quand il fut aducrty,quepour n'entendre pas bien la iituation
des lieux, il cfloit àcfceada en vn mauuais endroit : & qu'il
n auoit encorcs pafle entièrement la riuiere : ains eftoit fur
vne Ulc de moyenne grandeur. Laquelle ne fembloit eftre
vne Ifle , à caufe qu'elle n'eftoit ciloignee de la riue que bien
peu : toutefois il y auoit beaucoup d'eau entre deux, à caufe
delapluye qui eftoit tombée lanui£t. Et ne trouuans point
de paftàge a iec, eurent peur qu'il ne leur fauflft au oir en-
core autant de peine, qu'ils en auoienrdeûa eu à palier iuf-
questà.En fin aianstrouué Heu pour parfera gué,bien dange-
reux toutefois, l'armée le meit à pafler. A l'en droit où y auoit
le moins d'eau,les gens de pied y eftoient iufquesaux aiflelles,
& les cheuaux lufqucs au col. L'armée citant paflee , il meit
fes gens en bataille. Sur lapoincte droietc il ordonna vue
trouppe de cauahers des premiers & plus renommez Capitai-
nes de l'armée : &c t'en marcher deuant toute la caualcne les
gens de trect à cbeual.Quantàf Infanterie il ordonna les pre-
rmcis en bataille les Argyrafpides qui eftoient fous la con-
duire de SdcuCjôi lesfeit marcherincontmant après la caua-
leric. A cofté d'eux le régiment du Roy. Puis après le furpltis
des Argyrafpides ainfl qu'ils f eftoient rencôtrez fous chafque
Capitaine. Les ailes de l'Infanterie eftoient défendues par les
archers à pied, les Agrians & autres gens dc|tca,qui eftoient
fecofte Se d'autre vn peu à l'efcart du corps de la bataille.
Apres qu'il eut ainfi ordonné fes gens,ilrcftoir encorcs flx mil
nommes de pied, aufqucls il commanda defuiure tour dou-
cement, marchans tu ufl ours en bataille, Luy qui feftimoit
,o 4 ARRIAN DE L'HISTOIRE
eftre pins fort de caualerie, prenant auec luy cinq mil hotijes
decheual , commança à marcher au trot, cômandant àTau*
ron colonnel des gens de treft, de future auec les compagnies
le plus viftement qu'il pouroit. Il fafTeiirok que M rencon.
troiten chemin Por, & cuit il toute fou armée , il le desferoit
auec fa gendarmerie feule : ou pour le mo ms qu'il fcroit tefte,
iniques à ce que l'Infanterie fuit arriuec. Et i'il aducnoit que
les Indiens effroyez de les voir paiTez contre leur efperance,
tournaient le dos , ilefperoit les rayure de près & en desfaire
grand nombre: de forte qu'il auroit moins de peine à desfaire
ce qui refteroit. Ariftobulcefcrit, que le fils de Por arnua là
auec foixante chars armez , auanc qu'Alexandre cutî paffé
auec fon armée la plus grande lile: Se qu'il luy euft cite bien
aifé d'empefeher Alexandre de defeendre en terre ( veu met
mes qu'il eut afTcz à faire à y defeendre, encores qu'il n'euft
aucune refiftencejfi les Indiens euifent voulu fe mettre à piei
& aller charger de furie les premiers qui fc prefenterent pot»
gaigner la riue. Mais qu'ils paiferent outre : tellement que
Alexâdrefeitpatfcr fon armée en feureté. Et citant paiîc il m
uoya pour lescombatre les archers : lcfquels les meirent tâ
routte , & en desfeirent affez bon nombre. Il y en a d'autre*
qui réciter que ce fils de Por eut bataille contre Alcxâdre:&ù*
caualerie au fortit de l'eau : que ce fils de Por, qui au oit le plus
grand nÔbre de cobatans y bicifa Alexandre^ bleifa fousluy
dvncoup deiauelinefon cheualBucephalquicitoitadmira-
DeBacephal blc,tant pour laforme eftrâgedontileftoit,que pour le grand
dwoalà-Ak- C aeur qu'il auoit : 8c auifi le tenoit il bien cher. Mais 1 t<m
xandrc- mee, que ie fuy plus volontiers , dicî autrement: à fçauoir
que Por aduercy par ceux qu'il auoit ordonnez pour defeo*
urir, qu'Alexandre auoit paifé la riuicre 3 enuoya fon fils 1*
carmou c h er& rompre la première furie: Mais non pas auec
fi petit nombre de chars : ( auffi n'eft il pas vray femblable , tC
n'y a aucune apparence ) lefquelseuflent efté affczàlavenft
fils euifent eftê enuoyez feulement pour deicouurir : mais
auiU elioient ils trop peu pour emp efcher le paifage aux »
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. 205
jicmis» ou pour les combattre,voire vne petite partie d'iccux
aians pris terre . Ains di£t , qu'il partit aucc deuxmil hommes
Je cheual, 8c fix vingts chars. Mais qu'Alexandre auoit délia
paffé le dernkr canal de la nuiere. Anltobule reçue que Ale-
xandre enuoya à l'encontrc de luy les gens de tre&à cheual:
marchant après aucc fa caualeric, eftimâtquePor vinft après
auec toutes fes forces, & que ceux-là auoientefté cnuoyez
comme auanteourcurs. Mais quand il eut dcfcouuen quel
nombre d'Indiens y auoit, Se qu'on nevoyoit point d'autres
compagnies furies champs, il alla furicufcmcnt auec fa gen-
darmerie chargerlcs ennemis : lcfquels ne peurent fouftenir
l'effort, ains f enfuirent à val de routte, aians perdu trois cens
hommes de cheual, du nombre defqucls cftoit le fils de Por:
& tous leurs chars , qui fe trouuerent trop pefants pour fuir , fils de
Sdpcu propres pour côbattre , pour autant que la terre cftoit 01 tuc *
trempec d'eau, Se Ci gliiTante , qu'il eftoit quaft impoffibieà
homme ny cheual d'y affeurer le pied. Les nouuelles en eftâs
venues à Por par le moyen de ceux qui f en eftoicnt fuis, il de-
meura cftôné , &nc fçauoit àquoy ferefouldre : mcfmemët
voyant que ceux qu'Alexandre auoit laifsé de l'autre collé de
la nuiere auec Cratère, faifoient contenance de vouloir paf-
fer: finalement il refolutde donner bataille à Alexandre, Se de
charger de coutcfapunTancelcs Macédoniens, corne la plus
forte partie de l'armée. Parquoy laiifant quelque nombre f r "^.";
d'elephans au lieu où il eftoit, aucc vne partie de fon armée die & Por.
pour tenir forme de camp, à fin de tenir en doute Cratère
&fes trouppes fils vouloient palfer: luy auec le furplus de fes
forces, dont y auoit lufques à quatre mil hommes de chc- Armeede
ual, trois cens chars, deux cens elephans, 8c enuiron trente 0I "
mil hommes de pied gens de faief , marcha droiû à Alexan-
dre. Et quand il fut paruenu à vn champ fablonneux (qui luy
fcmblabien propre 8c aduantageux pourluy pour le manie-
ment Se conduire tant des cheuaux que des chars.) il meit fes
forces en bataille en cefte manière. Il meit de front deuant
fon arm.ee les elephans efloignez l'vn de l'autre d'enuiron
C iij
20* ARRIAN DE L'HÎSTOIRË
cent pieds : pour, ainfi difpofcz qu'ils LftoicntdcLiant fon in-
fanterie, donner effroy de tous coftjz a la eau a [crie d'Ale-
xandre . Et n'eftimoit pas qu'il y cuir homme, fuit de chcujj
ou depicd/l hardy qui olaft paiTct encre deux elephans, vcû
qu'il femblok qu'ils eftonneroient tout du premier coup j cs
cheuaux, tant a eaufe de l'odeur, que aufft pour autant qu'ils
n'auoient point accoutumé d'en voir :& que pour la corpus
lcnce & force dont ils eftoicnc, ils auroienc incontinant
rompu toute l'infanterie. Apres les elephans, cnuiron de-
my arpent de diflance entre deux, il ordonna fes gens de
pied. Outre cela il garnit de foldats les chaftcllcts des élé-
phants, & meit furies ailes du bataillon des gens de pied:
fa caualene de cfufcun cofte: & fes chars armez deuant li
caualerie. Telle tut l'ordonnance en bataille de l'armée de
Por. Quand Alexandre veit que les Indiens eftoicnt en
bataille & tous prefts à combattre, il feit faire al te à fa gen-
darmerie, &deftndit d'aller plus auant,iufqu es à ce que l'In»
fantene, qui fuiuoit fuit ai rince , Laquelle cftant venue, il ne
la meit pas inconnnët °n bataille, de peur de les oppoler tous
las 6c trauaillcz qu'ils eftoicnt du chemin & hors d'haleine
(car ils efloient venus à la plus grande diligence qu'ils au oient
peu) aux Barbares, qui cfroiéttous frais & repofez :ains mar-
chant au pas alentour, leur donna loifir de reprendre halei-
ne, &c repofer vn peu. Apres qu'il eut bien veu & confiderè
l'ordre que tcnoient les Indiens, il délibéra d'aller, aucc vne
partie de fa caualene en quoy il eftoit plus fort, charger, non
point le front de la bataille , pour autant que les clephansy
eftoicntdifpofez, craignant ce qui auoit meu Por à ce faire:
mais la poimSe gauche de Por. Ercommanda à C en e daller
auecfon régiment & celuy de Demerrie à la poinde droifte,
à fin de donner en queue aux Barbares fils tiroîent vers fa
poin£te:& défendit à Seleuc, Antigène &Tauron, qui con-
duifoient laphalange, d'aller a la charge qu'ils neveiiTentlïfl*
fantene & caualene des ennemis miles en détordre par fa ca-
ualene . Les deux armées ciUns approchées IVïjc de l'autre à
la portée
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. io 7
J a portée du trecî, il enuoya en un on mil archers à chcual do-
per fui" la poincîcgauche des ennemis, & les fuiuit de près a-
uce la gendarmerie des amis, en cfpcrance d'ailaillir les enne-
mis quand ils auraient rompu leurs rengs, auant que leurs
gens de eheuai culTcnt loifir de venir charger fa phalange,
Qiipy voyans les ennemis marchent au grand trait! pour le
receuoir. Mais quand ils apperecurent Ceneauecles compai-
gnics qu'il auoit , derrière eux, ils furent contraints de tenu-
deux fronts- à leur bataille: tellement qu'vne partie &c la plus
foi te feit tefte à Alexandre, & l'autre à Cene : à l'occafion de-
quoy commancala confulion entre les Indiens, &c le defordre
entre leurs rengs. Alors Alexandre voyant ion opportunité,
donna de tefte & de poinete dedans ceux qui feftoient pre-
fentez àluy : lefqucls ncpouuans fouftcnir Ion cfrort , fe reti-
rèrent parmy les clephans , comme en heu de lauucté . Ceux
qui clloient delfus les clephans les fcirêt marcher droicï alcn-
eontre de la caualcne d'Alexandre: mais la Phalange Macé-
donienne hiruint, qui afiàillit vaillamment à coups de tre£t&:
les clephans 6c ceux quieftoient dciîus. Ccfte manière de co-
battreeftoit toute autre que es batailles précédentes : car de
quelque cofte que fe tournaflenc ces belles, rompoient les
rengs delà phalange Macédonienne, encores qu'elle fuit bien
fort ferrée. Et quand les gens de chcual indiens voyoïcnt que
le plus fore de la meilec tournoie vers l'Infanterie, ilsrcpre-
d oie m courage, & ven oient de rechef charger la caualerie
des Macédoniens. Etfc fentans repouffez par ceux qui eftoicr.
alentour d'Alexandre, lefqucls à la venté efroient mieux a-
guerris & plus forts, ils faifoient rctraiote parmy les elephans.
Ce pendant toute la caualerie des Macédoniens, non pas par-
le commandement d'Alexandre, mais de cas d'aduenture fe
rqncontra cnfcmble, & quelque part qu'elle donnait, mettoit
les Indiens en defarroy auec vn grand carnage. Les elephans
eftans réduits en vn heu cftroict, combattoicnt pelle- mcllc.
& faifoient autant de mal à ceux de leur party , qu'à leurs en- -
EcnnsiScfarent mourir foubs eux beaucoup dés leurs qui les
io8 ARRIAN DE L'HISTOIRE
pcnfoicnt frapper pour tes inciter à combattre. Il Te faifojj
aùflivnc tuerie grande des gens de cheual,qui eftoict enferre*
parmyles elephans : &p!uiieurs de ceux qui gouucrnojcnrfc
menoicntlcs elephans, tomboicnt morts des coups de trcûj,
que leur tiroient leurs ennemis . Et les elephans m cimes de ^
douleur qu'ils fentoient à caufe des play es qu sis reccucuet, Bç..
pour autât auilï que perfonncneles gouuernoit plus, cftoient
à demy enragez, &c en telle fune qu'ils pourfumo! et indifFcré-
ment Ktuoienc leurs gés Si leurs ennemis aufll Mais les Ma-
cedoniens fc trouuans plus au large , qui cftoit ce qu ils defî-
roient/adutferentde ccfterufe. Quand ces belles venoiemi
cux,ils fe retiroient dextrement à cofté: quand les elephans
fe retiroicnt,ils les enferroient à coups de treds. Les elephans
ayans longuement combattu , monftrerent contenance d'e-
ftre îaflez, comme ils cftoient , tant à caufe du trauail de labffl
taille, qui auoitdefia beaucoup dure, que pour les bleffure&
qu'ils auoient : Se commanecrent à courir ça & là, 8c à braiM
fans faire autre chofe : puis à reculer à bien grande peine M
uansles'piedsdedeuantcnl'air . Lors Alexandre ayant auec
fa gendarmerie cnuironné les ennemis, manda aux gensdq
pied d aller à la charge , le plus haftiuemcnt qu'ils pourro/cor,
fetenansioinas&£ leurs pauois ferrez l'vn contre l'autre: au
moyen dequoy la caualenc des Indiens citant ainfi mues
ftie, futà ce conflift quafi toute taillée en pièces . La fortune
ne fur pas plus gracieufe aux gens de pied : lcfqucls fe voyu*
prenez de toutes parts par les Macédoniens, & hors de ton*
efpcrance, f'enfuirent tous aval de routte, fors ceux que II
gendarmerie d'Alexandre auoit enclos. Ce qu'apperecuam
Cratère & les autres capitaines qu'Alexandre auoit laiffé furie
bort de l'autre cofté de la riuiere , fuyuans ce qu'Alexandre
leur auoit cmoin^pafTerent viftemêt la riuiere auec les forces
qu'ils auoient : & comme gens qui cftoient tous frais , fort*
vnc boucherie des Indiens, qui ne fut gueres moindre que
Desfaidede p autre H y eut près de vingt mil hommes de pied tuez de a
jf dC part des Indiens, & cnuiron trois mildecheual. Les cha«
D'ALEX LE GRAND, LI. V. 205
aufli furent cous brifez. Outre cela deux des fils de Pory mou- D «*<î«Ar«
lurent, & Spitarchcs gouuerncur de celte contrée d'Indie: dïi>wt tue *
pareillement ceux qui m en oient leselephans&les chars,&
quafi tous les chefs de bandes : tous les elephanspris vifs fors
ceux qui auoient elle tuez à la bataille. De l'Infanterie d'Ale-
xandre^ fçauoir,des fîx mil hommes, qui furent à la première
charge, on trouua faute de quatre vingts. De la caualcrie des
gens de rreer, de dix hommes : & pas plus de vingt de celle des '
amis rdufurplusde la gendarmerie enuiron deux cens. En
celle bataille fe mbnftra Por non feullemcnt vaillant capitai- p or boil ^
ne, mais auffi bon foldat &hardy combattant. Et combien pi"ioc.
qu'il euftveu fes gens de cheual desfai£bs, & les vns de fes
elephans tuez, les autres pris, & la plus part de fon Infan-
terie taillée en pièces : &c qu'au moyen de cela la bataille cftoit
perdue pour luy, fans cfperance quelconque :fine feit il pas
tourne cepuiuantRoy Dairc,qui commança le premier de
toute fon armée à fuir honteufement : ains au contraire tant
qu'il veit quelque partie de les gens combattre, ja-foit qu'il
fuft nauré en lYfpaule droite, laquelle il portoit nue en t o:î°lr ? Z~
guerre, aiantlefurplus couuert d'vn fort harnois , il ne ccha droia/nuc
ïamais de faire diuoir, dr de f'y porter en homme de bien. En en g°«««
fin i voyant les gens de toutes pans tourner le dos, il tourna
bride à l'ckphant qu'il cheuau choit, & tafcha à fe ûuucr. Sça-
ihant Alexandre qu'il f'en alloit, d'autant qu'il craignoit qu'il Arc3t3n ^e
luy mefaduint, l'aiant défia pris en affection,* caufe des beaux po™ |*
exploits d'armes, que luy mefmcs luy auoit veu faire à la ba- 1™"^*
Julie: il enuoya après luy,premicrcmcnt Taxilcs lndien,pour
le prier d arrclter fon elcphât,& n'aller point plus loin.Ceftui-
cy courut api es àbrideabbattuc. L'ayant r'attaincl:, il Ap-
procha de luy autant qu'il penfoiteftre feurpour luy,redou-
J>"cJ éléphant, & le pria de vouloir prefter l'oreille à ce qu'A-
teandre luv raandoit. Por entendant parler Taxiles , auquel
«« long reps auparauant il vouloir mai de mort,il fe retourna
^"luy.&ians luy former mot, vint pour le pmfer d'vnepar-
^ane qu'il tcnoit. Qupy voyant Taxilcs, J tourna viftcmëc
D
iIO ARRIAN DE L'HISTOIRE
bride, Bt reuinc vers Alexandre. Alexâdrcy en r'enuoyad'ag
très, puis cncorcs d'autres, du nôbre dcfquels lut vn notnrafc'
Meroé Indien, qu'il entendit luy eftrc amy de long tc L v ips j ^
pourtant luyfembla bien propre pour ccltarhii c. Por parlai
rcmonftrances de ecitui-cy, auflfi qu'il pafmoit qu.il, de foi^
arreftafon éléphant , & meit pied à terre. Pins apres-aiitfÉ
- beu de l'eau qu'on luy apporta, il C'en alla au ce Mcroè^
Por viér vers /Alcxandi . e _ Lcque i entendant fa venue, faduauça deiia^
A toute fon armée, $z l'aUa reccuoir accompaigné de q„&
ques vus des principaux d'auprès de fa peiionnc . CViundiUç
v eit, il f arrefta tout court, bien esbahy de le voir h haut $ÊM
Por auoic piaillant: car il anoit cinq couldees de haut, Si elroit bien pr|*
cinqcoul- p on i 0 nné en toutes les parties de fon corps: tenant vnecon.
dMsdc hau- t£nancCj ■ monftroic bien la grandeur de fon couraigeÉ
encorcs qu'il euft efté vaincu, qu'il u'auoit point le eu»
failly : mais comme ecluy qui eftant Roy auoir pas ■ I
mes pour la defenfe &: tuition de fon Royaume, a fcnco^H
d'vn autre Roy, & luy auoitliurc bataille. Eftant appr^B
' d'Alexandre, Alexandre le reccut fort hor.no: ablemeiuaic
J/fi vn bon vifaige, le confolant le mieux qu'il peut, S: luyiâ
.. qu'il luy dcmâdaft ce qu'il vouloit de luy. Tout ce que ij^H
„ demande, refpondit-il, eft que vous me traimcz en Roy.
Alexandre fe foubriant luy répliqua : Vraycmenc cela v«E-
iebien faire, mais ce fera à caufe de moy. Mais de^H
moy ce que vous aucz enuie que îe face en raïu-.irdcvtts»
Por refpondit, que tout ce qu'il demandoit eft oit G j^H
foubs ce qu'il auoit did . Alexandre cncorcs plus ioyciOT
deuant decefte rcfponfc, te remit non feuleme:;- c;i liber»,
Sccn fes pays, terres &: prouinecs : mais augmenta encotî!
fon Royaume de beaucoup de pays qu'il luy donna : 6£dc-
puis ce temps là le tint toufiours pour l'un de fes plus loi»*
& fidèles amis. Celte bataille près la nuiere d'Hydafp^W
donnée au temps que Hegemon cftoit founcrain magutra
à Athènes, au mois de Mars. Apres cela Alexandre pour rnc«
moire àiamais de luy & de fes faifts , feit baibr dcux«
D'ALEX. LE GRAND. LJ. % zn
l'vnc par delà Hydafpes ,au lieu rncfrnes où auoit cflé la ba-
taille donneed'autre deçà f Hydafpcs, en la place donc il eftoit
party pour palTer: Se appella celle là Nicee, à caufedcla vi- JJSSS
tfoire par lu) obtenues cclic de deçà Buccphalc du nom de bafti« pai
foi) chcual qui mourut en celieu. Duquel il rrc fera pas imper- ^ k I xa ^ rc
poent de toucher icy quelque mot . 11 cifoitd'vne forme 8c
paturcl eftrâge par deflus tous les autres ehcuaux,dc hatiltcur Du
vn peu plus que moienne, de grâdcueur, & généreux: auoit fAlcxaadtt
Ja telle comme celle d'vn taureau: à raiibn dequoy ce nom jS^**"
Juy fut baille : ou bicnfcomrae a'autres difcnt)pourcc que luy
qui eftoit au relie non par tout le corps, auoic en la telle vue
marque blanche, q<ui reprefentoit fort bien la telle d'vn tau-
reau . Ii ne voulut onequts cndurcr,qLic autre le cheuauchaft
gli'Alexadre . Lequel laiSt vncfbis perdu au pays des Vxîens
il le feit cercher par tout, menaçant les Vxiens de les faire
tous mourir, fils ne le luy ramenoient bien tort ,& luy fut
ramené. Tant droit ce chcual aimé Se chery d'Alexandre, Se
Alexandre redoublé des Barbares. Il tira le Roy de maints
dâgers es batailles qu'il cut,&luy fctuit beaucoup pour par-
ucnn à celle gloire, qu'il a aquife. En fin il deuir.t malade ayat
bien trente ans, au lieu donc partit Alexandre pour palfcr
l'Hydalpcs, non pour blcifure qu'il euft, mais de vicilleflc Se
de trauail s & mourut là. Celafoirdittdc Buccphalcn faueur
d Alexandre. Lequel ayant fai€t cercher les corps de ceux qui
auount elle tuez a la bataille,lcs feu inhumer honorablcmét,
ainli quechafeû d'eux mcritoit:puis il facnfia pour la victoire
qu'il auoit cuc,& ordôna des icux de pris à la courfc à pied Se à.
chcual fur la nue d'Hydaipes.dôt il ciloit party quâd il lepaflîfc:
pour aller combattre Por - Apres £ ela, & qu'il eut biffé Cratè-
re auccvnc partie de fonarmec pour faire édifier les villes fuf-
diâes.il femeit en chemin pour aller conquérir vnc contrée
gcslndiêsvoifins du Royaume de Por. Ccux-làfappelloient
Glaucaniciens , ainli que dicl Anilobule, ou comme dit Pto-
îomeeGlauficr s: te ne me donne pas peine comme ils fappcl-
loient. H auoicauec luy des gens de pied d'elite, Se tous les
D ij
tu ARRIAN DE L'HISTOIRE
gcnsdetrcftàchcual, les Agrians, les Archers, &vncparti e
tes Glauca- delà gendarmerie des Amis . Mais les Glaucamciens, quife
niriens ou redoublèrent toufiours depuis qu'ils curent entendu que P or
Gkufiws fe . ^ dcsfaia par i uy f e rendirent volontairement à f 0Q
xâdre,&luy obeiifance, iuy liurans trente lept villes: en la moindre det
fc U t C viîlï Ce q ucl l es y auoit P our le moins cill( l mi1 nablcâs ' & cn bc -iùcoup
ep i V1 es. d - lccllcS p lus j c j] x mi i ji y auoit aufïï grand nôbrc de bourgs
Alexandre & villages en cette contrée, laquelle il annexa au Royaume de
f.iiftdon du p or il f CIE tant qu'il m«t d'accordTaxiIes & Ponpuis il hcea-
LmcïS'au ciaTaxilès de retourner chez luy quand bon tuy fembleroic.
Roy for. £ n ces entrefaites vindrêt vers Alexandre des Ambafiadcurs
biffiresro ^ e * a P att d' Abiftarcs , pour l'aflcurer que luy &c tout ce qu'il
en iadTe?" 7 auoit, eftoit à Ton commandement , Ccft Abilfarcs auant la
dcsfai&e de Por, auoit délibéré de feioindreauec Por, pou*
faire enfemble la guerre à Alexandre. Mais les affaires de Pot
aians pris fin telle que dict eft, le contraignirent de changer
d'aduis. Et afin de IHnfmuerpluftoft en la grâce d'Alexandre»
enuoyavn lien frercauec les Ambaftadeurs, &auecqucseuj|
quclsques finances &c quarante elephans. Il y vint encorcs des
Ambaffadcs d'autres natiôs de l'Indie, qui font libres : & fero.
Autre Pot. blablement de Por (autre que celuy dont cft faicT: mention cy
deflus) qui commandoitfur certain pays des Indiens. Ale-
xandre refufa de prendre les preiens : mais voulut qu'Abifli.
res vinft vers luy en perfonne : le menaçant que où il ne vieil-
droit iU'iroittrouuer à fon dommaige. Ces chofes eftans en
tel eftat, Phrataphernes Satrape des Pardi es & des Hyrcamés
Vint trouuer Alexandre au ce lesThraccs, qui eltoicnt fous fa
charge. Et comme certaines nouuelles fullent venues delà
part de Silice Satrape des Aflaceinens, Que tes Alfacemens
. . après auoir tué celuy qui leur auoit efté ordonné pour le gou-
Tteuolte des 1 J i, . > c .
Allkceniens. ucrncmcnt & admmiftration du pays, auoicnt pris les armes.
îldepefcha furie champ Philippe &r Tyneipis auec vneparOÏ
des compaignies, pour aller appaifcr ces troubles : &r demeu-
Delarioierc «r là pour gouucrncr la contrée. Luy auecle furplusde foa
d'Accrues, armée tira droift à la riuicrc d'Avelines. De tous les fleuueS
dcflodie
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. 2rj
deflndieiln'yenapasvndÔtPtolomee dcfcriue lagroffeur
horl-mis ccftui-cydequel il dit eftre large prefquc d'vnelieuë,
&yauoir beaucoup d'eau, le cours fort roide Ôc impétueux :
# par endroiits des rochers & efeueds, contre Icfquels vont
battre les ondes,qui font de la conculïion & rcuerberation de
grandes vagues Se bouillons : au moien dequoy les nauigants
ycombent louucnten grand péril : mcfmes à fcndroiclpar
où Alexandre feit tr au crier fon arnao^F Laquelle paffa tant
par batcaux,que fur des flottes Se radeaux. Ceux qui p afférent
fur cts flottes, p afférent plus fëuremct : les autres qui efloient
dans des bateaux tombèrent en grands dangers de leurs vies
fe brifant grande partie de leurs bateaux contre les rochers: &c
yen eut beaucoup de ceux qui efloient dedans noyez. Delà
peut- on iuger n'cflre pas fort efloigné de la venté, ce que
quelques vns efcriuent touchant la largeur de la riuiere d'In-
de: à fçauoir que à l'endroit où elleelr au plus large, elle a
deux lieues & demie de largeur: & où elle efl plus eilroiâe,
près d'vnelieué; Se qu'on a pris garde à cela en beaucoup d'en-
droi£ts d'i celle. Et penferoy bien quant à moy, qu'Alexandre
auroit voulu faire paffer fon armée par où elle efl au plus lar-
ge, pour autant que là elle cfl moins roide Se moins fàfchcu-
fe , que es autres lieux. E liant Alexandre paifé, ayant laif-
fé de l'autre cofté de la riuiere Cene auecfcs compaignies,
four donner ordre à faire pafTer les autres , qu'il au oit en-
uoyez aux pays des Indiens par luy ja fubiuguez , pour
faire amener au camp des grains Se autres viures &muni- po
non s : il licencia Por de retourner à fon Royaume G bon c£ïïï£
luy fcmbloit, le priant de retourner vers luy auec vn tegi- »a<i*é fen
ment de bons combattans de fon pays, gens d'élite, &des ^1°*™ eo
ÉephansPil enauoit d'appnuoifez. Or auoit il délibéré de C
pourfuiure l'autre Por , auec les plus agiles Se difpofls foldats
de tout fon oit: par ce qu'il auoit réputation d'clrrc homme
mdm:& diioit on qu'il auoit abandonné la prouince où il co-
rnai doit, & l\-n efloit fuv. Ceûui-cy pendant qu'Alexandre
kikiitla guerre au Roy Pur, plus pour la haine qu'il poitouà
%H ARÏUAN DE L'HISTOIRE
Por, que pour bien qu'il voufift à Alexandre , luy auoit en*
uoyé des Àmbafladcurs, pour offrir de mettre fa pciïonne &
toi t ce qu'il pofledoit entre les mains. Mais quand il entendit
que le Roy Por eftoit en grâce 6c crédit entiers Alex- ndre, &
pou Seulement remis en Ion Royaume patrimonial & he«$
ditairc, mais aulfi que beaucoup de tau es & (eigueurics y
auoient cité annexées: non tant pour crainte d'Alcxan<feM
que de Por, il prit auec luy quelsques gens qui luy fcmblcreM
les mieux aguc.rris,&viuda Le pays.tt pour alicrapi es luyAitf
xandreprit ton chemin vers la nuiere d Hydraojcs , qui eft
es-alle en largeur à celle d'Acciines, mais n'a pas Ion cours fc
roideà beaucoup près. Ht partout ou ilpailoit , au moins oM.
il voyoit en eihc debefomg, il laiflc.it gens en garni fon , poi|l
faire feorce à ceux qu'il auoit iaiiîe derrière auec Cratère M
Ce ne : a fin t]u'en feuretc ils le peu fsec aller trou uer. I! cnuoy*.
Ephcftion auec deux régiments de gens de pic d , Ton rcgirriH
de gens de chcual, &- ecluy de Demetrie, & moidié des gefl
de rrett, pour mettre en l'obciiïance du Roy Portes villea
terres & ftigneuries que l'autre Por auoit abandonnées: ikluf
bailler le gouucrnemcntdc5 pays des Indiens habitans lut M
nuicre d'Hydraotes, qu'il trouucroit libres Se vfans de leurs
Alexandre i 0 j Xi Luy après auoir pafl'é la nuiere , non à beaucoup près
Siîe à-Hj- auec telle peine qu'il auoit eu à paJÏcr relie d'Acclines, M
4«occî. meit à courir le p ay s, qui eilonna bien fort les habitans de S
la plufpartdcfqucls le rendirent àluy.IIy en tut quelsques va»
qui prindrent les armes pour faire tefte : d'autres le penfewat
fa u u cr à la fu i 1 1 c : to u t e fo i s c n fi n A 1 e xa nd rc I c s i u bi ug ua tous.
Eû ces entrefaites Alexandre eut aduertiflement que aucu-
nes des nations libres des Indiens 3 principallcmcnt ceux qu'on
Ici Cathe- a pp C n c Cathcicns.eftoicnt en campagne,& prcfhàluy dôner
inl^TZ bataille, ni tiroit de ce cofteda. Et qu'ils cftoient après pouï
libcrcïdc praticquer d'autres Indiens leurs voiiins pour le ioindrea-
" uecques eux, fie les pourfuiuoient fort înltàment de ce faire.
Qu'il y auoit vue ville forte d'amac , qui i'appclioit Sangala.
où ds f'eftoient campez , Se auoient là délibéré entre eux de lç
combattre.
aundic.
D'ALEX. LE GRAND. LL V. kij
combattre. Que les Cathciens eftoient vaillants hommes, 3c
plus martiaux 8c mieux entendus au faict de la guerre, que
voiiîns qu'ils aillent : fie qu'auecques eux fcnrendoient les
Oxydracicns &c les Malhcns, qui Ion: aulîl Indiens, &:font L « Oxjin
femblablemcntgensbienaguerris:contreIefquclspcu aupa- MaiSicw li.
rauant Abilfarc &Por, qui felîoicnt encores alliez déplu- guraaucclci
fleurs autres Indiens, auoient faiâ la guerre, mais ils auoient C3tLeku *-
cité contraincts defen retourner aucclcur courte honte fans
rienfaire. Quoy entendu par Alexandre, il tira droicl vers
eux : Se le lendemain il arriua non gueres loing d'vne ville
uomrace Pimprama. Les habita us de celle contrée Rappellent
Adraillcs , lefqucls incontinét & fans force aucune fe rendirét £«Adraift«
à la mercy d'Alexandre. Là il donna deux fatal* à fou armée Mejahèn, *
pour les rafraîchir : puis il £c meiten chemin pour aller à San-
gala,oùrarmeedes Cathciens Se de leurs alliez citoit câpeeen
vn coftau de motaigne,au deflbubs de la ville.Et d'autant que
ce coft.au leur fembloit neftre pas allez fort de nature, nv bie
feur, par ce qu'on v pouuoit monter allez à i'aife parvn co-
llé, ils auoient fortifié leur camp de trois rangs de chariots.
Quand Alexandre fut arnué, il recogneut premièrement la
place, 3c quel nombre de Barbares ils pouuoicnt eflrc : puis
fe campa au lieu, qui luy fcmblalc plus propre, emioyant ce
pendant dcuantdcs gens de rrect à chenal pour efearmou-
cher ics ennemis, & faire telle C'ils vouloient venir charger
fon armée auant qu'il l'cult mile en bataille: à fin auffi de leur
donner effroy les allants allai! lir iniques dans leur fort. Puis il
ordonna fon armée en bataille en celle manière: Alapoin-
ûcdroideil y rneie vnc bonne trouppe decaualcrie, entre
autres le regimet de Clitc: après eux les Argyrafpides,puis les
Agrians.A la gauche, dont il donna la conduire à Pcrdiccas,
il^tcit marcher le régiment id'iceluy Perdiccas &: les trouppes
de ceux qu'on appelle Alîetcricns, 8c feparales gens de tred Bataille en-
en deux bandes, dontilmcitlVnc a-vne des ailes, 6c l'autre »=Alcxan-
à l'autre. Ce pcndantarriucren: les. gens de cheuaî&dc pied SihriJ? •
qui eftoient derrière , failans feorce .a la queue de l'armée.
zr6 ARRTAN DE L'HISTOIRE
Dont il difpofa ceux de cheual en chafcune pointe, & fefe
marcher ceux de pied auec la Phalange, a fin de La rendre plus
force & plusferree. Cela raid, auec la caualetic qu'il auoit mi-
te ala poinfte droite, il marcha droictvcrs les chariots des
Indiens qui eftoienc à main gauche, par le heu qui cftoit le
plus aifc à raoncer: auffi que les chariot* n'eitoicn t h ierrez en
ceil cndroia. Mais voyant que les Indicnsfctcnoientcloj
dans leur camp, fans faire contenance de lortir, & montoicni
feulement fur leurs chariots, dont ils tu oient coups de crecT*
iliugea bien quelcs gens de cheual, n'y pou noient nen,êe
cucccft affaire eftoit propre aux gens de pied. Parquoy ilft
meit foudainement à pied, & y mena dtoict la Phalange.
Quant au premier rang des chariots, les Macédoniens ea
dechairerent fans grande peine les Indiens : mais quand on
vint aux autres défaites, qui nettoient a beaucoup près fi
longues, ils fe ferraient l'vn contre l'autre, de lortc que plus
facilement Us pouuoienc défendre le lieu : ou les Maccdo.
niens nauoient plus fi grande cfpaee pour les aifailhr. Ce
pendant toutefois ils deftournerent les chariots du premier
rang , & entrants l'vn par vn cofté , l'autre par vn autre, aiafi
qu'ils pouuoicnt pefle mefle &c fans aucun ordre, alloicntaf-
fadlir les ennemis. Le conflift y fut grand, l'efforçants le*
Macédoniens de tout leur pouuoir d'entrer fur eux: & de telle
forte, que les Indiens furent dcchaiîez de leurs chariots &
barrières. Et quand les Macédoniens (lefqucls pourfuiuaûH
leur poiiifte entrèrent dedans ) commancerent a les charger
ilsnepcurent fouftenir l'effort, ains incontinent tournèrent
le dos : & abandonnans le coftau de montaigne, fc retirèrent
SiïfM dans la ville. Alexandre après auoir gaigné leur camp, pa&
outre, &c alla aiîîeger la ville, l'enuironnant auec fes gens
de pied, tant qu'il peut: car de l'aifieger tout à lenteur il
neftoit pas poffible , à caufe que l'enceinae de la mu-
raille cftoit fort longue. Et aux lieux où ne feftcndoit pas
l'infanterie, comme à l'endroit d'vn eftau g, qui n'eitoitpas
lomg de la muraille, il y meit la caualenc, elhmant que les I o-
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. n 7
dicns effrayez encore de la dcsfaiae,pourraiet bien par nuift
ab.indonerla vitlc, 8c f'enfuirpar celî eftang, qui n'eitoit pas
profond. Ce quiaduint, tout ainfl queil l'auoit pourpenfe.
Car cnuiron la féconde veille de la nui£t, vne bonne partie
d'entre euxfortirct aucc le moins de bruit qu'ils pcurcnt,dont
la plufpart tomba es mains de ceux qui auoiem la garde de ce
lieu, & furent taillez en pièces. Les autres fe fentans enuiron-
nez de toutes parts, de façon qu'il n'y au oit aucun moien d'ef-
chapper, f'eft refuirent fo udain dans la ville . Ce que voyant
Alexandre, feit commancer des trencliees doubles tout au-
tour de la ville, fors à l'endroit de l'eftang : à l'en tour duquel il
renforça la garde. Et comme il cerchoit les moiens comme il
pourrait auec des engins de batterie faire brefche à la murail-
le, il entendit de quelsqucs vns qui feftoient venus rendre à
luy, que les Indiens auoient propofé de for tir la nui£t, 8c gai-
gner les champs parles endroits qui ri eftoient point enco-
res trenchez. Parquoy il enuoya quant &c quant aux lieux par
lefqucls, à fon aduis, les Barbares fefforecroient d'efehapper,
Ptolomce fils de Lagc , auec trois mil Argyrafpides, tous les
Agrians, 8c vn régiment de gens de tre£t : auec charge que iî
roft, qu'il fendrait, qu'ils forïbrceroient de fortir, ils feiftfon-
ncr l'alarme, pour les faire arrefter : en attendant que les au-
tres capitaines,lefqucls il auoitaduertis de fc tenir prefts pour
y aller, le plus viîtement qu'ils pourraient^ y arriuaflent
Et quant à luy, il ne faudrait pas de f y trouuer. Ptolomeey
citant paruenu,feit mettre au trauers des chemins 8c paflaiges
quantité des chariots qui auoietefté pris à la première fuitte,
pour leur boufeher l'ilTue, quand ils pcnferoient fortir par;
l'obfcuritc de la nui£t. Il feit aura" celle mefinc nuia, auec vn
trauailexttémc des foldats, releuer latrenchee d'entre la ville
Sd'eftang, qui auoit cfté rompue". Enuiron la quatrième veil-
le delà mua les Barbares ouurircnt les portes du collé de l'e-
ftang, & m cirent peine à fefîmuer. Quoy fentans les Macé-
doniens, mcfmemêt Ptolomce Scfes trouppes,oyans la trom-
pette fomicr,fc trouuerent incontinent là. 11 y auoit pour cm-
E
For tetom-
*4 ARRIAN DE L'HISTOIRE *
pefchcrles Indiens de palier la trenchee, les chariots & vnc
partie de leurs ennemis : parquoy fe voyans de tous collez ar-
reftez par ces cmpcfchcmcns, fe reietterent de rechef dans i a .
ville apres qu'ils curent perdu pres de cinq cens hommes des
leurs quipenfoiemfedefroberparmy les chariots. Ces cho-
p feseftansenteleftat,Por arnua au camp d'Alexandre ,auec
d'Akxandrc cnuiron cinq mil combattans de fon pays, & quclsques cle-
aue c recours phans qu n uy reftoient. Délia cftoient achetiez les engins de
Pay5 ' batterie , lefqucls on braqua contre la muraille. Mais auant
qu'ily euft brefche faifte de celle part , les Macédoniens %
perent en vn autre heu vn pan de muraille, quicftoit laide
brique,par où,& auccl'efealade qui fut dônec de toutes parti
ils pnndrcnt la ville d'aflault. Il fut fi coûtai feulement com-
Prift «le saa- battu en ce fiegc & pnfc, que de la part des Barbares y eut dix-
S aIâ - i feot mil hommes tucz,plus de foixante & dix mil pnlonnictj,
WdlXs trois cens chariots pris, & cinq cens cheuaux. De 1 armée d A-
q UC mons lexandre n'y demeura pas en tout le liège &c la pnie pius«
quepriibn- ^ hommes, mais il y en eut plus de quinze cens de nauresf
du nombre defquels fut Lylimach qui eftoit garde du corpî,
S£ encorcs d'autres chefs de compaignies. Apres cela Alexan-
dre aiantfaict enterrer ,ainfi qu'il auoit de couftume, g*
Eamoics fe- qm ' c ftoient morts a ce fiege : il enuoya Eumcncs , qiu cfty
croire d'A- J n de fes fecretaircs , à deux autres villes, qui cftoient tklal-
hanec des Sangalcficns , luy donnant trois cens homrncssfe
cheuah pour dénoncer à ceux de dedans la pnfc ueUvulc*
Sangala : toutefois qu'il nelairroit pour cela de les tenir pour
fes amis ,f Us vouloict receuoir aimablement la garnifonqj*
leur cnuoyoïLEt queles autres villes des peuples libres deUfr
4ic,qui voiÔtairement fefroict rendues aluy n auoict louttat
aucun domage ou moleite de fa part. Mais lis au oiec cit e de*
aduertis de la paie de Sangalaïqui les auoit el t ôncziScde rajtt
ils auoient abandonné leurs villes,** f en eftoiet fuis. Ce qu -
ftantrapporté à Alexandre il part i t fur le champ pour allctj
près eux :SC donna en queue aux derniers 3 qui cftoicnd» fW
part malades, &c partant n'au oient peu le fauucr^cflji
D'ALEX. LE GRAND. Il V. xi$
paflcr cinq cens par le fil de l'cfpee. Les autres eurent tout loi-
jlir de tefauucr, parce qu'ily auoit long temps qu'ils eftoient
partis quand Alexandre parut pour les fuyure. Voyant qu'il s
u y auoit aucun moyen de les arutndre, il f'en retourna à San- 2c a e " ga *
gala, & la f cit razer ; &c donna les terres des Sangalcfiens aux
autres nations libres des Indiens , qui de leur propre volonté
feftoient foubmis à luy. Il cnuoya Por auec les forces qu'il
auoit amenées aux villes par luy conquifes, pour y mettre des
gam iions :& luy auec fbn armée fe meit en chemin pour aller
deiccndrc à lariuiere d'Hyphails, pour contraindre les Indiës
qui habitoient au delà de la riuierc de Ce rendre à luy. Car it
pcnloit bien que tant qu'il demeurcroit en toute l'Indie quel-
que ennemy, il n'y auroit moyen de mett re fin à celte guerre.
Ilauoitouy dite à quelques Indiens voiiins, que toute cefte
contrée qui eft par delà la t iuicre,eftoit fertile & riche à mer-
ucillcs : que ceux qui y habitoient eftoient fort addonnez au
labourage, & ncantmoins bons hommes de guerres. Que
leur manière deviureen particulier cftoit fort bien reiglee:
& quant aux Republiques elles eftoient gouuernees par les
principaux d'icellcs, Icfquels n'enioignoient ny ordonn oient
aucune chofe au peuple qui ne fuftraifonnable 6c h on nèfle.
Qifjly auoit plus grande quantité d'clephans, qu'en nul autre
pays d'alentour : & que ces elephans cftoientplus puiflans &C ^ ^
plus forts que les autres. Alexandre à caufe de cela auoit en- cwSZL*
corcs plus d'c'nuic ( luy qui cftoit homme fort conuoiteux de d'honnmiE.
los & honneur ) de pafTèr plus auant en pays. Mais les Macé-
doniens n'en vouloientplus manger: ains fc tach oient devoir l^^t
i D . 1 r " mens lallcz
queieKoy accumuloit toufiours trauail fur trauail, &c danger <fc h guerre,
fur danger, fans y mettre aucune fin. Des afTcmblecsfe fai-
foienrpar le camp ; ceux qui eftoient plus modeftes dcplcu-
roient leur fort une: les autres iuroient qu'ils ne fuyur oient
ja le Roy, {'il les vouloir mener plus auant. Dcquoy aduerty au ^", tin f tIe
Alexandre, far, auant que cefte fcdition fuftpius cmeuc,af- ZZdL *"
ianblerk-s capitaines & chefs débandes, & parla à eux en ce- Ateainf»
■ &emanicre ; Aiant entendu, que vous autres Macédonienne £^
E ij
U§ ARRIAN DE L'HISTOIRE
„ vous auffi mes alliez , n'auez plus ce bon vouloir &c couraige
qu'auiez cy deuant de courir mefme fortune que moy,ie vo Us
ay faia icy appelier, à fin ou de tant gaigner iur vous , que i c
vous puiffe m ener plus auant en pays : ou bien que citant per-
fuadé par vous, ic repreinc le chemin par ou ie luis venu Car
« files trauauxquenous auons endureziuiqucs icy, files dan.
» gers où nous nous femmes trouuez font honte a vous Se l
» moy, qui ay eftê voftrc Capitaine il neft point de bcfoin
■ que ; ic vous en die d auantage. Que fi auffi par le moicn de cc t
Pays dkpk Jauauxvous aucz eu voftrc puiiûncclIonic.lHcllcipont,
par Alezan- ^ & pfa iCjla Cappadocic, Paphlagome Lydie,
„ Cane, Lycic, Pâphylie, Phenicic: û l'Egypte aucc la Libye
Greque, vne partie de l'Arabie, la Cekfyric , Mefopotamie,
„ Babylone, Sufes ,lcs Pcrfes, les Mcdois ,1a Parthie , & tout
« cela entièrement qui futonques fouslapuifiancc des 1 crien
fi nous auons cftcdu noftrc Empire outre les portes Calp te*
« nes,lcCaucafe,8clariuiercdeTanais, 8£iufqucsaux Bâtira
& Hyrcanicns-.fi nous auons repoufsé les Scythes îulqucj
.. dans leurs deferts: fifinablcmencnous auons foubmis a no,
ftre obeiflanec l'Inde, FHydafpes, Acefines, Hydraotcs,^
font fleuries tant renommez : Vous fâchez vous maintCMt
„ de ioindre à l'Empire &c gloire des Macédoniens , 1 Hyphalis,
scies nations qurfont par delàl'Hyphafis: Doutez vous que
„ ces Barbares là ne puuTent auffi bien eflrc vcmcuz par nom,
« que les autrcsîdont les vns fe rendent volontairement a nous:
.. les autres font pris Siarrcftcz en fuiant: Scia plufpart nous
: abandonent leur pays Sr leurs villes vuides Se Uns coup don-
ncr : quclsqucs vus fe loignent àlcurs voihns & a ceux qmle
fontrenduz à nous. Quant àmoy, ien eftime po.ntquvQ
„ homme généreux Se debon cucur fcpropofcautrc but delà
» trauauxfque les uauauxmefmcs^uiluy caufenttout hon-
neur &c réputation . Si toutefois quelquvn veut lçauou
.. de moy quand prendrafin cefte guerre, feache quil ne nous
« refte pas beaucoup de pays d'icy à la nuiere de Oangc,*
« l'Occan Oriental. Lequel Océan (car il enmronnc ton e
D'ALEX. LE GRAND. LI. V. zu
tc rrc) quand vous aurez veu comme il fcioincl: aucc la mer
„ Hytcaniennc:ie vous monftreray que la coite de mer dcl'In-
, die le continue aucc celle de Pcrfe, 8c comme l'Hyrcanie
^aboutit au go ulfePerfique. Du goulfc Perfique nous ferons
„ voile en Libye par les colonnes d'Hercules: &:rcnger os fou bs
„ jiofrrcobciffance toute la Libye. Et partant toute l'A fie cn-
« riercmen t fera noftre, &c n'y aura autres bornes de noftre Em-
„ pire Se dormn au on,que celles que Dieu apofecs à la terre vni-
„ uerfcllc. Que û nous nous en retournons maintenant, nous
■.Jaillerons derrière nous par dclài'Hyphafis beaucoup de na-
« tions fort belliqueufes , Se encores prou d'autres du cofté de
» la mer Hyrcanicnne Se du Septentrion : dont les Scythes ne
-font pas beaucoup c {Joignez. Dont eft à craindre, que en
» nous en retournant nous perdions en bref temps tout ce que
- nous auons conquis aucc tant de peine Schazard de nos per-
sonnes , pour n'eflre guerres afleuré, au moicn des chofes
«quenous lailïbns encores entières derrière nous. Car ceux
>• que nous auons fubiugueziufques àprcfcnt,nc faudront pas,
r fe voyansfecouruz par ceux qui nous reftent, à prendre les
■ armes 8c à fe rebeller contre nous. Au moien dequoy toutes
■des peines 8c trauaux que nous auons endurez par ii long
■ temps, feront perduz: ou bien nous tomberons en nouuellcs
-peines 8c dangers. Continuez donc, ie vous prie, Macédo-
niens, Se vous mes alliez & amis. Ceux-là r évoluent vn mer-
» ucillcux contente m eut defprit toure leur vie, qui ont entre-
pris & exécuté des aduenturcs pénibles Se pcrillcufes ;8c vne
" grande confolation à leur mort , e flans bien affeurez qu'ils
■lai lient vne mémoire 8c renommée immortelle d'eux à la
"pofteritc. Eftimcz vous que Hercule, duquel nous fommes
■ au rai £t s & iffus , le fuft i a mais acquis ceft honneur d'eftre
» d'homme faict Dieu, ou tel tenu & réputé par le monde, fil
" euft eflé cafannier, & fuft demeuré aux- cendres à Tirynthe,
" ou Argos ;Ou Thebes, ou au Pcloponnefc? Il eft tout notoi-
" re que les trauaux de Bacchus , que l'on tient pour vn plus
"grand dieu encores que Hercule, ne furent point petits ny
E iij
a2i ARRÎAN DE L'HISTOIRE
« en petit nombre. Quand à nous, nous auons paffé Nyf e>Sc
»• fi auons pris par force d'armes la roche d'Aornc, hqu c ]| e
Hercule ne peut oneques prendre, le vous prie donc ioig ne2
» ce qui refte encorcs de l'Atïe , qui eft peu de choie , à fi grand
- pays que nous tenons :fi d'au en turc vous n'eftes marris 8c
- aucz honte d acquérir honneur Se réputation . Mus, à voftrc
adui^qu'eumons nous iamaisfaiâ de grand & dignede me-
moire en no lire vie , h nous nous fumons contentez delà
-> Macédoine ,fuiants le trauail, & enflions eftimécftte afjez
faift à nous de garder Se défendre noftre pays, Se d'en
» auoir feulement dechafsé les Thraccs ,Efclau on s , Se Tribal-
les: Se contenu en dcuoirlcs Grecs, qui nous eftoient enne-
„ mis, ou pour le moins ne nous vouloient point de bien? Que
„ fi encorcs vous voyez que ie, qui fuis voftrc chef Se capitaine,
„ m'exemptaife des ptnls Se trauaux , & n'en endurafie ma pan,
comme vous, vous auriez quelque raifon de vous refroidir «
* anéantir amfi,Se ion! me venant la peine de voftre part,&sj
demeurant l'honneur & le prou fit de la mienne. Mais vouj
. voyez que les peines 8c dangers font communs aufli bienl
„ moy, que à vous ; Se que de tout le proufit qui fe faitt en celle
» guerre, ie ne m'en referue rien en particulier: chafeun devons
., ya fa part. Tout & tant de pays que nous avions conquiseft
» voftrc, vous y commandez, il eft en voftre poffcflion. Vne
bonne parue de l'or Se argent, Se de toutcslcs nchelles de l'A-
» fie, eft entre vos mains. Et quand nous aurons toute l'Afieen-
.. tierementfoubsnoftre domination, i'cfperelors, moiennanc
. hgrace Se faneur de lupiter, denon feulement contentera:
.. aflouuir vos delirs , mais de vous faire plus grands, que ne
,= pourriez fouhaitter. La guerre finie ie liccncicray ceux qui
., fen voudront retourner en leurs maifons : ou pluftoftmoy-
mefmcs les y reconduiray : Se f'il y en a qui veulent demeurer,
» ie feray tant,que ceux qui fe feront tetirez îcurporterôt enuie.
Quand il eut dict cela, ils demeurèrent tous p en fifs, & furent
long temps fans refpôdrc vn icul mot : d'autant qu'ils n'ofcset
pas contredite tout ouucnemêt au vouloir du Roy en fa pre-
fenec.
D'ALEX. LE GRAND. LT. V. * Z}
[encc : auffi n'y vouloient- ils pas confentir. Il leur comman-
da de dire ce qu'ils en penfoient: toutefois ils demeurèrent
tous en mefme efrat, fans mor former. En fin Cene fils de Po-
Icmocratcs voyant que perfonne ne rcfpondoit ricn,com- ceneicfpSd
„ jnençaàdire : Pour autant, Sire, quevous aucz di6t, que vous iAkxidie.
„ ne voulez pas contraindre les Macédoniens : mais que lî vous
„ les pouuez g jigner, vous les mènerez plus auant, autrement
„ nelesfcrezpointmarcheroutrclcurgré: ie vous rcfpôdray,
„ nonpoint feulement pour nousaurres capitaines 8c chefs de
„ bandes: (qui auons reccu tant de bien & d'honneur de vous
p pourauoir commande aux autres : que nous nous dcuons cc-
, nirpour bien recompenfez des trauaux qu'au ons iburlcrts , &c
fi pour ccflccaufe femmes prefts de faire ce qu'il vousplaira)
» mais pour toute l'armée en gênerai: &ne diray point ce que
ic pcnfclcur cfrreaggreablc,àfin de leur gratifier : mais ce que
■ i'eftimevous efixe proufitable à prefent, &: qui vous pourra
apporter feurerc à laduenir. Pat ce queien'eftime point effcre
» raifonnablc de celer les chofes quimcfcmblcnt deuoir cftrc
* fiu£ies: cch ne me permet point ny monaagc,ny le rang que
> ie tiens. Erqui me donne encorcsplusde hardicffc déparier
« librement, font les trauaux Se dangers aufqucls ie me fuis ex-
- poféfL-anchcmentpour voftre feruice. Car d'autant qucplus
» font en nombre & plus iaborieufes les aduenrurcs, que foubs
• voftre conduire nous autres, qui vous auons fuiuyen cepe-
> niblc voyage, auons mifes à fin : d'autant plus efhme-ie rai-
■ fonnablc mettre quelque fin à nos peines &c dangers. Vous
» voyez vous mefmcs, Sire, comment de fi grandnombre de
» Macédoines &: Grecs qui fommes partis de nos maifons auec
' : vous, il ne refrequ Vue poignée d'hommes. Quand vous fu-
" ftes aduerty que les Thefïalicns fc lafToient de future la guerre,
■ vous les renuoiaflcs en leurs maifo ns,dcs Bactrcs:cc qui cftoit
■ bien fai£t,à la vérité. Desauttcs Grecs, ies vns font demeurez
"(peut cure oultrc leur gré) és villes que vous auez con-
•ftrui&cs: d'autres aptes auoir beaucoup enduré, &: bazardé
" leurs perfonucs au.ee vous ( autant en eft-il des Macédoniens)
m ARRIAN DE L'HISTOIRE
ont perdu beaucoup de leurs parents Se amis àla guerre. Ou-
tre ceux là y en a beaucoup qui cftans faifts manchots & ft ro .
piates/au moien des coups qu'ils ont euz à la fuitte de lagu«fc_
re font demeurez qui deçà qui delà par l'Allé : plufieursauffi
font morts par maladie. Tellement que de fi grand nombre
de combattants, il en eft demeuré bien peu , Hquels encores,
. aumoicndelaguerre û longue Se fi facheufe font mainte.
■ nant ropuz Se caftez, Se plus encores font ils lauez & recréai
- de cotiraige.Ccux qui ont encores leurs percs S: rnercs en vie,
, font attirez vers leurs maifons par vue affcdiô naturelle qu'ils
.. ont de les reuoir. D'autres font m euz d'vn defir de voir leurs
femmes Si leurs en fan s : les autres de voir leur pays :1e quel ttjfl
.. defirec voir, vous les deuez exeufer, ja-foit qu'ils aient reccu
beaucoup de bien Si d'honneur de vous. Et ne fuis dams que
« contre leur volonté vous les meniez en lieu où il faille ha-
» zarder leurs vies . Car vous ne les trouucrcz dorefenauant g
prompts à vous faire feruice,qu'ils ont efté par le pafsé: par<|
qu'ils auiôt le cueurbien cHoigné de la guerre. Qucficcftof
» lebonplaifirdcvoftreMaiefté de retourner en Macedoinei
après que vous auriez veu la Royncvoftremcrc, & donné or-
« dre aux affaires de la Grèce : Se qu'auriez reporté en voiïre
„ Royaume paternel tant de fi grandes Se fi belles viûoi«K
B lors vous pourriez, fi vous le trouuiez bon, de rechef lcuer
I gens, & mettre fus vne armée : foit qu'enfliez enuie defairela
„ guerre à ces Indiens Orientaux, ou aux Scythes de Pont, ou
1 I Cartilage > ou bien à la Libye qui eft par delà Carthage.ll
„ lors vous pourriez mener des foldats de leur bon gré où bon
vousfcmbleroit. Vous feriez fuiuy de ieuncs Macédoniens,
I au lieu de ces vieillards: d'hommes forts 8c robuftes, au lieu
'.' de ceux-cy qui fonteaflez Se rompus. Lefqucls ieuncs cfti-
„ meroient,'vray eft qu'ils n'entendent pas que cela vault, que
„ non feulement on ne doit point fuir la guerre: mais qu on la
doit plus toft fouhaitter , pour i'cfperance grande que tels
„ compagnons fe mettent au deuant: mcfmcs quand îlsvtt-
„ roient nous autres, qui auons eu part aux trauaux qiiauez
endurez,
D'ALEX, LE GRAND. LT, V. izj
entrez , cftre retournez en nos m ai fans, de panures , riches:
" de petits compagnons, cflcucz en honneurs & dignités. Puis
" ccftvne belle chofe,certaiucmcnt & recommandablc,fily en
" a au monde , que la modération d'efprit, & fcpouuoir com-
" mander, m cimes en temps que la fortune nous rit. Etnevoy
" point que vous, Sire, chef decefte armée inuinciblc, deuiez
l craindre aucun ennemy, quel qu'il foit: mais bien eft àredou-
" ter l'in confiance Se témérité de fortune: l'effort de laquelle
;horame.dumonde,|wurfagequ ï ilpeufleflre î ne%upiteui-^^
„ ter. Apres que Ccne eut ainfi parlé, tous ceux qui lauoient drc aux
efeouté demourcrent fi triftes que mcrueilles : Se à plufieurs grîds.
les grolfcs larmes commanecrent à tomber au long du vifa-
ge, accompagnées de fanglots &: foufpirs : qui donnoicnt
fuffifant tcfmoignagc combien ce feroit outre leur gré , qu'Us
fouiraient plus la guerre, fils cft oient con tramas de ce fai-
re. Alexandre fe fentant offenfé, tant de la liberté de par-
ler, dont Cene au oit vfé, que de la confclTionafifcz eui-
dente des autres capitaines, combien leur feroit à l'aduenir
la guerre à contre cueur, fe leua, & feit retirer vn chacun.
Le lendemain les aiant faitt appeltcr de rechef, fans rien dilîî-
muîcrdelacholcreoùileftoitleurdia: Qifil auoit délibéré
» d'aller plus auant, mais qu'il ne vouloir contraindre perfoune
. dclcfuiure. Qifilnauroitfoldarsqui ne fuiuiflcnt leur Roy
■ de bonne Se franche volonté : Se qu'auecques eux il parache-
» ueroitdc conquérir ce qui reftoir encorcs. Qtul donnerait
congé à ceux qui f'cn voudraient aller, de retourner en leurs
» mailons : Se de porter les nouuelles à leurs parcns,amis &vol-
fins, qu'ils auroient abandôné leur Roy au milieu des enne-
. mis. Apres qu'il eut di£t cela, il fc retiraineontinenr en fon pa-
uillon, ne permettant qu'aucun, fuft-il de fes plus priuez Se far
miliers, entrait en la châbre, par f cfpacc de trois iovxs ■ pre-
nant foîgneufement garde, fans faire femblant d'y p enfer, Ci
les Macédoniens ou les alliez changeroient point de vouloir :
ce qui aduient fouucnt où il y a grande multitude de gens.
Mais tous ceux defonoft perfeu croient en ce mefmc cftat,
F
ll6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
fans faire aucun bruit : cfroic néant moins facile à iwgcr, qu'ils
eftoient fatchez de voir Le Roy ainli indigné entre eux. Ce
nonobftant Alexandre ne changeutc point d'opinion. Tou-
tefois voyant que à vn na-iiîcc qu'il feit pour auoir heureux
paflagc,les entrailles des belles immolées ne luy promcttoiêt
rien de bon : il feit appeller les principaux de fes amis & famiy
» liers a Se leur dict: Puifque toutes chofes font contraires au
» vouloir que fay d'aller plus auant , l'ay délibéré de retourner.
Laquelle parollc eftâc femec parmy le camp , commanccrcnj
tous incontinent a chanter & faulter daliegreffc de à fe ret
iouir. A quelques vus les larmes tomb oient des yeux, de ioye
qu'Us au oient : d'autres entroient au pauillon du Roy jtaifans
prières aux dieux de le vouloir bien fort un er.fi: donner heu.
reux fucecs de tout ce qu'il en ttepren droit, h t le remeremicat '
de c c qu'il f' cftoi i la i lié ga ig n e r p a r eux, lu y , , qu i a u o î t efté in*
Alexandre uinçjblc à toutes nations. Apres ccla,aiant feparc en deux fou
ÊLS armée , il feit aux douze dieux ériger des autels hauts,comrJ
hauts eôme tours de guerre, & vn peu plus amples en largeur: par ce qu ils
tours, pour p auoient conduit il loin a de'fon pays & Royaume cou f.ouû
mémoire de _ ° ■ -r f ■ ' j ,■ * a
fet connue- victorieux: 8cauiïi pour tternifer la mémoire de les eoqudres
ftes - 8c faitb dignes de louange & bôneur. Lcslacnr.ccs & icuxdc
pris à la couife tant à pied que à chenal finis : tic ayant voteSs
incorporée au gouuernemêc de Poi toute cefte cohtieemf-
ques à la rïuiere d'Hypbafîs,il rebrou lia chemin vers la ndm
Akundre d'Hydraotcs. Laquelle paiTcc, il vint a la riucrc d'Acefino^B
pa n F ourrc- il trouua faite Se parfaite la ville , qu'il auoit donné charge
tourner. taftirà Epheftion : dans laquelle il feit retirer ceux du pays
Alc^re d'alentour pour f'y habituer, qui furent bien contcns d'y«
faid drefler i er . enfembk les foldats cftrangers qui eftoient à l'on t truite;
^urdeS qui ncpouuoientplus future le camp. De la il luy pritenuie
drcàkmct d'aller voir la mer Oceane: & feit donner ordre pour eqmp
p«f"tfaiû per S: armer vnc flotte . En ces entrefaites Arfaccs gouucr-
i'Âlwand»: ncur d'vne prouince voifinc de celle d'Abifare, &pardlw-
par le Roy mL > nt ] e f rcrc de ccftuy Abifare , viudicntvers luy,atiecd8
depht grands Si riches prefens : entre tefqucls eftoiët trente elcpha
D'ALEX. LE GRAND. II, V, t»
7
que Abilaïc luy enuoyoit, f'exeufant que pour vnc maladie,
mi lu y eftou furuenue, il n'auoit peu aller vers luy , comme il
Jtiyauoit mandé.Gc qu'eftant confirmé parles Ambafladeurs
qu'Alexandre y auoit enuoycz, il le creut: & luy o&roya de
demeurer en la polit flion &iouiflancc des biens, cftats <Se di-
gnittz qu'il auoit, roi s qu'il lerecognoiftroit pour Ton fouuc- Alj 'f re
Min: ordonnant à Arfaces de luy porter obçiflànce:& à lvn& &g Jfo-
à l'autre enioignit de Bayer certain tribut par chaicun an. Puis « ltc -
après auoir iaenfié fur la riuiere d'Acefincs, & faid palier Ion
ai mec, il vint à celle o'Hydalpcs. Ou il feiourna quelque teps:
pendant lequel il feit refaire ôi reparer auec l'aide des foldats,
ce que les pluies & mondatiôs auoiem galle &: dcmoly
és villes de Nicec 8d Buccpbalc parluy côllruic-tes.
Cela fai£t,ilfc meie à reiglçt &c donner or-
dre à ce qui appartenait à la dcfcnle
& tumon de la contrée.
FIN D V CINQUIEME LIVRE,
Fi)
SIXIEME LIVRE
DES F AICTS ET Con-
testes d'Alexandre I
le Çrand, Roy des
Macédoniens.
V an d les bateaux, qui Ce tromiercntèt
nuages de l'Hydafpcs bons & cntwrt
pour porter des gens de guerre turent
aflcmblcz, Alexandre fc délibéra de 1
cendre à la mer Océan c. il faut içy ooj
Crocodiles
à la riuiere
d'Inde.
§ tcî'que liant veu à la riuiere d'Inde feu,
H le des Crocodiles,
J} ain fi qu'au Nib&dei
s--^, fcbucs f m - terre non guercs loiog du
bord d'Acefines, toutes lemblables à celles
^ V pte-aiant pareillement ouy dite, que A, et, nés tomboa
Ale»^ Sflndc ilp P cnfaauoirtrouuè 1 origine du ^UellimaJ
^ - r ir Sprinft ta fource en quelque lieu de lïndic Se que P^J
§ puis retournant par des pays peuplez .1 cliou a PP^ J fc Ç
les Ethiopiens Se égyptiens, lequel Homère auoit appe le*
mefinc nom que le pays : 8c qu'en fin il alloit tomber dan
mer Méditerranée Mcfmcs Alexandre efcnuantah Roy*
S^ptcouchan, le pays des Ind.ens entre autres çbj
luyeferiuic qu'il peafoii auoir trouue a ou, ce du m«*
feulement de ces conjures que iay dides, qm ont tu
d'apparence. Mais quand il eut entendu pu, après P «
dek contree 3 queHy dafpestombo lC dans Acehnes, se A*
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI.
fines dâs rindc,auqucl il cedoit l'honeur du nom : que l'Inde
alloit comber en deux bras dans la mer Occanc , & que
gypte ne luy touchoiten rien : il manda lors qu'on cfraçaft des
lettres qu'il auoit cnuoyecs à la Royne fa mère, ce qu'il auoit
efent pour le regard du Nil. Vn peu auant que partir ; il dôna
charge aux Phéniciens, Cypi iens, Ca riens & égyptiens, qui
font gens bien entendus au raid de la marine , 6c qui lors fe
trouucrcnt àlafuittedu camp, d'approprier à la rame les vaif-
feaux qu'il auoit. fcn ce temps Cene, auquel Alexandre por-
toit fort grande aminé, crcfpalfa par maladie. Apres qu'il l'eut Cenedeccde
faiâ enterrer aucc grande pompe fk magnificence, il feit af-
femblcr tous fes plus familiers, & les principaux de fon armée,
& tous les Ambalïadcurs Indiens qui eftoient à la fuite. Et en
leur prefence, il nommai cibblit For , Roy de tout le pays P°r efhbly
Indien par luy conquis,qui contenoit fept nations en tout, 8c ££ 7 7mZ
plus de deux mil villes. Cela faitt, il diuifa fon armée en cefte
manière. Il feit monter fur l'eau aucc luy tous les Aigyral- P at A-Ra-
pides, les gens de trect, & les Agrtans, & vue partie de la gon- ÛIC "
d arme ne. Enuoya Cratère par terre pour coftoyer toujours
la riutere à main droide,auec vnebonne partie delà caualerie
& infanterie. Et Epheftion à main gaucheauee la plus gran-
de &c plus forte partie de l'armée, &c enuirÔ deux cens elephâs
auec mandement de tirer droi£r au chafteau Royal de So-
pite.Manda a Philippe fon Lieutenant gênerai en la contrée
de delà la riuiere d'Inde de venir après luy aucc toutes fes
compagnies qu'il auoit faifant feiour de trois iours feulemec,
en p a liant par le pays des Battnans . Rcnuoya les gens de
chçual Nyliens a leurs m allons : &c ordonna pour General
Se Amiral de toute la flotte, Ncarch : &c pour pilote du HmA
vaifieauoù il cftnit Oncficnc. Lequel en l'hilîoirc qu'il a ef Amiral je
en te d Alexandre, a bourde en ce (aum bien qu en beaucoup m ; r J'Aie-
d'autres cho les) qu'il fcft nommé gênerai de la flotte, com q"^ 6 '. .
tien qu'il ne foft que pilote. Le nombre des vailîeaux, ainii lotedelanrf
que récite Ptolomcc, auquel fadioufte foy par dclïustous, Royalle.
cltoitde qtune- vingts vaiileaux à trête rames: & en comptât
F iij
ip AÎIRIAN DE L'HISTOIRE^
Deux mi! tout, grands Se petits nauiresde charge & bateaux Je riuicré*
raiffcauxàla eftonde deux milou enuirô. Tout citant appareillé, à l'aube
f°"j e r . uAIe " du îour. Alexandre feit entra' châtain aux vaiUcaux. Vuit
après aûûir (acrifié à Hercule, donc il eftoit îllu, tk a Ammoa
Seaux autres dieux félon la couilume,^ pauillcmuitau flcu..
ue Hydatpcs, de celles viftimes qucluy auoient conieilléld
deuins, il encra aulîi en fon vailleau : citant fur le tillac duj
■quel, îlinuocjiia Hvdafpes & Accfînes (lequel Acefincs il
auoit entendu feioindre non gitercs lomg de la aucc Hydaè
pcî)$t femblablcment l'Inde, dans lequel tombe Acefincs,
Puis rcit des effufions au te vncphiole d'or . Apres cela , ilfeiç
fonner par vn trompette le partement : & tour atifïï toft jqf
vaiiTeaux commanccrcnt a voguer aucc tel ordre & diipoû.
tion,qinl leur auoit elle or donc. dr dauoit eiïé.auiié a com-
bien d'interualle des autres iroietu Icsvaifleaux qui po> coient
le bagaige: à combien ceux de charge, ou cltoicnt les ch<è,
uauxiàr à combien ceux de defenfe, de peur que t'entre h cim
tans ils iebrifalTcnt: &n'eftoir pas permis que ceux qui eliuiêt
les plus légers rom pi lient leur reng pour palier deuant les au-
tres. C'cftûitvn plailîr bien grand d'ouir le fon des ramcsŒj
nuirons : les voix tant de ceux qui tiroicm à la rame , que de
de ceux qui commando! en taux matelots, ielqueis parlere-
fonnernent des ri Lies, qui ciloicnt beaucoup plus haultes que
les vaifTcaux, & larepcrcuffion desforetls d'alentuur,fe haul-
foient& renforçoienr fi bien, que les Barbares qui demeu-
roient es enuirons en eftoienc tous cflioiez . Et qui rendoit
encorcs les Barbares plus eltônez , cftoit de voir des cbeuaux
dans des bateaux & natures : d'autant que les Indies n 'auoient
iamais veu cela: (car iin'clr pornt de mémoire d'aucune ar-
mée de mer de Bacchus ) & à cefte eau le ils lu mirent longue-
ment la flotte, quâd ellcparntjpourlanouueautcdelachofe.
Mcfmcs ceux qui demcuroiët bien loin de la.qui auoient elle
fubiugucz par Alexandre, entendants ce bruiér, couroicnt
par bandes aux riuagcs, chantants Si danlants à leur mode
Barbarcfquc.Car. les Indiens plus que cous autres hommes du
moi)tl c
D'ALEX, LE GRAND, LT, VI. zjr
mon de, prennent plaiÛr à la mufiquc& à la danfe, depuis le L « In4p*
temps que Bacchus fcitle voiage à ce pays là. Prenant don- SJ£e&
eues Alexandre le cours de l'eau, il arnua letroiliéme iour à
lefidroiddes lieux aufquels Ephefi:ion & Cratère fcftoutit
campez L'vn dVn cofté de la riuicrc, l'autre de l'autre. Il fe-
iourna là deuxiours pour attendre Philippe: lequel cftanE
ârriué , îH'cnuoyaaucc les trouppes à Accfincs,luy comman-
dant Je coltoycr touliours la riue:Sc feit pourfLiiure à Cratère
Se Ephcftion leur chemin. Et luy alloit toujours à val la ri-
uicrc d'Hydafpes, qui n'en: pas moins large que de cinq quarts
de lieuë,,ea quelque endroi£t que ce (oit . Il prenoit terre de
fois à autre :& par tout où il paifoit, les Indiens qui demeu-
roient és pays prochains de la riuicrc fe rendaient à luy , les
vus de leur bon gré, les autres par force d'armes. Orfehaftoit
il tant qu'il pouuoit, à fin de g.nVncr la frontière des Malliens
i f< i > i a> j an."- Des OryJra
&l Oxydracicns : par ce qu il auoit cite aduerty que 1 cltoicnt dcns&Mal-
hommes les plus belliqueux de toute cefte contrée: & qu'ils ^as.
feftoient afïemblez en grand nombre, bien délibérez, après
auoir enuoyé aux villes fortes leurs femmes 8c en fans, 8c tou-
tes autres perionnesqui nepouucicnt, porter armes, de luy
Èurcr bataille. Et à cette eau fc il fe hartoittant qu'il pouuoir,
pour les prcLienir & combattre auant qu'ils fuilcnt tous cn-
fetoblçi Le cinquième iour il arriua au lieu où Hydafpcs tom-
be dans Acêfînes. Là, par ce que ces deux riuieres fc mettent
envnecn vn lieu qui cft vn peu cftroid, &que l'vne 8c l'autre
d'elles ont beaucoup d'eau ,8c font toutes dcuxroides & im-
petueufes, y a au confiant d'icellcs vnc merucillcufe rencon-
tres; conflicrd eau: & oit-on de loingle bruierque font les
vagues & bouillons t'entreheurtans 8c compatis l'vn contre
l'autre. Dcquoy Alexandre &c ceux de fon armceauoient cité
bien aductus long temps au parauant par ceux du pays.Tou-
(jefois quand la flotte commança à approcher du confiant, le
briu&eitouidii & eftonna fi fort les oreilles des mariniers,
qu'ils demeurèrent comme gens cfperdus, lafehans tout ce
qu'ils teuoienc: & ne furent pas moins cilonncz les pilotes 8t
z 3i ARBJAN DE L'HISTOIRE
gouuerneurs , Se iufqucs là qu'ils ne fonnoient mot, & nc
donnoient ordre à rien . Quand onfutarnuéau confiant, oa
LaflocteJA commanda aux matelots de ramer de toutes leurs forces : à
laaZdir «i fin de ietter les vaiiîeaux hors de ce pafîagc , a ce qu'ils ne p e ,
ll iÛ 7 C °c"{ riflent; &: rompre à force de rames rimpetuofitc des vagues.
msVh^ Pour le regard des vaiffcaux ronds, qui furent grandement
dafpes. agitez, il n'en aduint autre mal que la frayeur qu'eurent ceux
qui eftoient dedans. Mais les longs bateaux 3 commc cftansles
plus bas, Se qui fortoientpeu hors de l'eau furent fort endom-
magez, fpecialemct ceux à deux bancs , d'à urant qu'a y a ri s les
rames baltes il cftoit difficile de les leuer allez haut pour fen-
dre les vagues : mcfmement fils femettoient de trauers ilny
auoit moyen à caufe de cela de les fecourir, du moins qu'ilj
nefuffent grandement tourmentez. Il y en eut beaucoup de
ceux-làouuerts. D eux fe rencontrèrent qui furent brifez,8e
mis en fond, &laplufpartdcccux qui y eftoient fubmergea
Quand ils furent au lieu oùlariuierecommanceà f'ciLirgira]j
rrouucrcnt le cours de l'eau plus doux, &lcs goufres & boui
Ions moins viol ens: Se lors Alexandre feit tirer à bore à main
d ro i Q. e :par c e q u e ce li eu là 1 u y fem bla fo r t co m m o d c, à caufe
d'vn petit goulfe que faifoit vn rocher qui cftoit au deuant,
lequel rocher f ad uancoit bien auant en l'eau, Làilfauua les
bafteaux qui eftoient ouuens &c rompuz de i'esbranlement &
par l'impctuofité des vagues &c bouillons : & pareillement la
hommes qui y eftoient demeurez en vie. Les vaille aux eftans
calfeutrez Se refaits , il commanda à l'Amiral de pourfuiore
lanauigation,iufques aux frontières des Mallicns. Où citant
arriué, il defeédit en terrc,& alla courir les pays de ceux qui ne
fcftoiët encore rendus à luy: lefquels il empeichadefeioindre
aucc les Malliês, les furprenât auant qu'ils ru fient paruenusau
lieu où cftoit leur rendez-vous. Cela fai£t,il retourna à la flot-
tc,où il trouuaEphcftion, Cratère &r Philippe arriuczauecles
forces qu'ils auoict. Apres auoir faicïpafïer la riuicrc aux elc-
phas,au rcgimët de PolyperchÔjSi aux gens de tre£t à cheual,
&c à Philippe aueequ es cux,leuraiant baillé Cratcrcpour chef
il donna
D'ALEX LE GRAND. LL VI. 233
adonna charge a fun Amiral d'aller deuant, 8c deuancer de
trois iournecs farinée de terre» Puis fcparaût le demeurant de
[on année en trois uouppes, il commanda à Ephefhon d'aller
^euant, & faire cinq journées de chemin ; à fin darrciler ceux
quifvn pourroient fuir plus auant dans le pays, quand ils ie
fcntiroicnt entié dans les frontières d'tccluy: Stfeit demeurer
derrière Ptolomeeaucc vne partie des côpagnies l'efpacede
trois îours, pour le fmure après cela. & charger ceux qui f'en-
fuiroientdernereluy.il commanda à ceux qu'il enuoy oit de-
uant. que quand ilsfcroicnt paruenus au confiant d'Accfîncs
&Hydraoccs,ils fartêdiflènt làjufques à ce qu'il y fuft arriué :
& que les trouppes de Cratère & de Ptolomcc ru lient loin ci es
auecluy. Etluy aucc les Argyrafpides , les gens detrc£t s les
Agrians, &c ceux qu'ils appelloi en r, AiTctenens, dont Python
droit colonncl & toute la caualcnc des gens detrect, &vnc
partie de la gedarmerie des amis, f'en alla entrer dans les fron-
tières des MaliicnsCqui eft vne nation Indienne libre,vfant ^fcguwK
defes I01X& ltatuts)par vn coite où y au oit grade faute d'eau. Millions.
La première iournee il campa auprès d'vne petite riuiere , qui
n'eft pas plus de fi x lieues loingd'Aeclines . Où ayant vn peu
rafraichy les gens, commanda que chafeun empliit d'eaules
bouteilles & autres vaiilèaux qu'ils ancien t: puis pourfuîuit
fon chemin allant le relie du iour & la n nier lu iuan testant qu'il
eutfaid vingt & quatre lieues de pays. Le lendemain au ma-
tin il arriuaà vue ville des Malliens, où l'eft oient retirez beau-
coup de gens du pays: dont il meit en pièces pluficurs qu'il
rencôtra hors la ville fans arm es,qui n'attendoient rien moins
que fa venue (& n'euiTent iamais cftimé qu'Alexandre ouft ti-
îc vers ce quartier là , pour la faute d'eau qui cftoit fur le che-
nu n)& chalfa les au très ai fqu es dans la ville. Puisilenuiron-
iu la ville auccfacaualerie, d'autant que l'infanterie n'eftoit
en corcs venue. Laquelle arriuce, il cnuoya Perdiccasauec fon
régiment de caualcri e & celuy de dite, & les Agrians, aflîe-
gev vue autre ville des Mailiens , où , à ce qu'il auoit entendu,
felioit retiré bon nombre d'Indiens : ôduy défendit expref-
G
i 3 4 ARRlAtt DE L'HISTOIRE
fément de commancer la batterie ,auant qu'il y fuft arriu^
mais qu'il les tinft feulement affiegez , fiefe donnait de garde
qu'ils nefoniiTent:à fin que les autres du pays ne feeuffeot
rien de fa venue. Apres cela il commança à donner l'aflault à
la ville: mais les Barbares du premier coup perd as cucurabafr.
ville prife do n neren t la mur aille :& après au oir perdu beaucoup de leurs
Ucaï Mal " gens, qui furent tuez à ee premier aflaulc,ils quittèrent la ville.
Aucuns d'eux qui pour auoirefté bleflez nefcpcuremlauuer
auecles autres, ferctirerét dans le chafteau. Lequel ils defea-
dirent quelque temps, parce qu'il clloit aflis en Heu haut &
eminent, & eftoitfort malaifé d'y monter. Toutefois enfin
les Macédoniens (encouragez parle Roy, qui y cltoit en pfifcï
forme, & incitoittantoltfvn tantoft l'autre) fcircnt tel deuotr
que ce chafteau fut au fia pris , S; les Barbares qui dtoicnt de-
dans iufques au nombre de deux mil , palïcz par le trenchanp
dcl'efpee. Perdiccas eltant arriué à la ville qu'il luyauoitcftfc
commandé d'afTieger , la trouua vuide, abandonnée des
habitans. Et entendant de quelsqucs païfahs , que ceux de
dedans f'en eftoient fuis n'y auoit gueres , il alla après eux
aucc ceux de fes trouppes qui eftoient légèrement armez, Se
leur donnant en queue en tailla la pluipnrt en pièces : les
autres fe fauuercnt au moyen dvn marais qui droit là
auprès. Alexandre après auoir faidï prendre la refeâioffi
$c repos à fes gens, partit à la première veille de la nui£t J &â>
ri lia à la riuiere d'Hydraotcs,que le iourne faifoic encorcs que
poindre. Comeiiapprochoit il veit grand nombre de Mal-
liens, quiauoientdefia trauersé la riuiere : d'autres qui f'ap-
prcitoi eut pour palfer, fur lefqucls d alla charger, & en tuala
„ .„ , plufpart.Puis parlant la riuiere, il attaignicàla courfe ceux qui
Malliens. ruyoïent : def quels il meic en pièces les vus, en prit d aimes
prifonniers. Il y en eur beaucoup qui ne furent r'attain£b:par
ce qu'ils gaigneret vne certaine place forte de nature & d ar-
tifice. Quand l'Infanterie fut arriuee, il cnuoya contre eux
Pythonauccfonregimcnt, & deux cornettes de caualcne:
& fut la place pnfc du premier alfault, & tous ceux qui cÛoiet
dedaflS
D'ALEX. LE GRAND. LL Vî. 235
dedans (qui ne furent tuez à la prife) furent fai&s cfdaucs.Ce-
J a cxecuté,Python f'en retourna au camp trouucr Alexandre,
Lequel peu après conduict fon armée vers vne ville des Bra-
chmancs , où ilauoitcltcaducrty, qu'vnc groffe croup pc de
Malltens feltoicnt retirez. Il ne futpas pluftoftlà qu'il feit ap-
procher les foldats de la muraille de tous collez, fans leur
donner loifir de prendre haleine : afin d'effroyer d'auantage
ceux delà ville . Etcomme il tafehoit de faire fapper la mu-
raille,^ qu'on citai t apres pour trouucr les moiens de ce faire,
ilfeit'affailUrà coups de trc£t les Barbares, & les contraignit
d abandonner la defenfe de la muraille. Ils quittèrent pareil-
lement tout aufli coft la ville, &c fefauucrcntau chafteau. Co-
rne ils fuyoient, aucuns Macédoniens, qui eltoicnc bien peu ^ ^
en nombre, les pourfuyuircnt fi viucmcnt quils entrèrent
auec eux pefle meile dans îa place : ics vus deiquels furent ce- prift.
pouffez , les autres iniques au nombre de vingt cinq y de-
meurèrent morts . Ce temps pendant Alexandre feit donner
l'cfcalladc au chafleau, & tout cnfcmble fapper la muraille.
Au moyen de laquelle fappe citant tombée par terre vne
tour, Se vnc partie de la courtine attenant, tellement que la
fortcrelTceltoitvnpcu plus ptenablcpar ce cofté là que par ■
vn autre, Alexandre monta tout le premier à la brefebe. AlexaaA»
Quoy voyants les Macédoniens , furent tous honteux: de \ u
forte qu'ils f efforcèrent paflans prcfquc lVn fur l'autre de brcfchc.
monter après luy. Alors les Indiens quittans la muraille mei- Mâ mgj
rcntle feu aux maifons, Scfc ietterêt laplufpart dedans: ton- & ictten[
tefoisil en mourut beaucoup au combat. Il y eut enuiron danskfeu
cinq mil hommes de tuez: & bien peu en tomba de vifs au to ^ ber ail
pouuoir d'Alexandre, tant ils eftoient animez. Cela faift, pouuoir de
Alexandre , apres auoir donné vn iour feulement aux foldats A1 « a ' ldic -
pour fc rafraîchir, entra auec fon armée dans le pays des au-
tres Malliens proches de là. Lefqucls il entendit peu après
auoir abandonné leurs villes, &c l'cfh'e retirez aux boys &c de-
ferts. Au moyen de quoy le iour cnfuiuant il feit retourner
paroùilseftoienc yenuz, Python 5c Dcmetrieauec les coin-
Gij
2 j5 AU RI AN DE L'HISTOIRE
paignics de caualcric qu'ils auoient,&: vne partie des foldats
armez a la lcgerc,pour prendre le tir chemin le long delà ci
uiere: auec charge expreile de mettre au rîl de l'cfpcc tous les
Indiens qu'ils trouucroient dans les boys, tors ceux qui f e
rendroicnt volôtaircmcnt à eux. Ils en rencôtrerent plufiems
qu'ils meirét en pièces. Luy ferneie en chemin pour aller a vn c
ville, qui eûla plus grade de toutes celles des Malhens : dans
laquelle, felô faduertnîemët qu'il en auoit eu, feftou retiré va
grâd peuple forti des autres villes. Mais les Iridiés aduemzde
fa venue Tauoient pareillement abandonnée, & aucucm paile
la riuicre d'Hydraotcs : & eftoient eu armes fur des nuaiges
fort hauts &£ droiefs , failans contenance de luy vouloir cm-
pefcher le paifaige. Aiarit entendu cela, il C'y en alla en grande
diligéce auec fa gendarmerie , faiiant fuiui e après luv l'infan-
terie. Et quand il fut à lanuierc,il pafla tout dVn chemin fans
farrefter, n'aiant que fa cauakhc feule : qui cftonna de prime
fice les Indiens: tellement qu'ils commancetenc au petit p»
à fe reculer du riuaige:fan s toutefois perdre aucunement ledfl
rangs. Mais comme il alloit après pour les charger, ayant paf-
fe la riuicre, fins attendre fon infanterie, les Indiens fe con-
fïans au grand nombre de combattans qu'ils citai en t( car ils
eftoient bien près de cinquante mil hommes) tournèrent vi-
faigc&luy feirent telle. Alexandre les voyant en bataille, fc
tenans ferrez, ne voulutpas permettre à les gens de combat-
tre: ains feulement d'eicarmouehcr&i bailler le coup en paf-
fant &£ reparlant. Cependant paffoicnt les A g ri ans Se les au-
tres compaignics de gens de pied armez de légères armes, en-
femble les gens de trecf: S£voyoit-on bien délia l'infanterie
qui approchoit. Ce qu'apperceuans les Barbares, qui eftoienc
ja las &c trauaillez, montrèrent les talons , & i'enfuirent à val
deroutte, vers la ville plus prochaine de là , aians mis toute
Autre desfai ' cur c ^P crancc en ^ a fortercffe naturelle & lituation d'iccllc.-
ûcdcMal- Alcxâdre les fuiuit en queue qui en tailla en pièces grand no-
liens. bre. Etvoyant qu'ils fefloient enfermez dans la ville, fi tod
qu'ily fut arriuè, il ceignit la yiilc de fa gendarmerie. Pui*
quand
D'ALEX. LE GRAND. El. VI. 2.37
quand l'infanterie fut arriuee, il I amcgca de tous codez, don-
na" t le relie du iour aux compaignons pour fc repofer, eftans
fes gens de pied laiïez du chemin &c ceux dechcualtrauaillcz,
poui îa chaiTcroidc& longue qu'ils auoient baillée aux enne-
mis. Le lendemain il partit en deux fonarmec, pour donner
l'ailàultalavillepardcuxcoftez. Quoy voyans les Indiens,
qui regardaient tout ce qu'il faifoirdcdcflus la muraille, fans
attendre l'aifault abandonnèrent la ville, Se fe retirèrent dans
vue fortereffe. Quand Alexandre veit que perfonne ne Ce
monftroitplus fur la muraille, il feit rompre la porte du cofté
oùilefïoit 5 par où il entra le premier aucc ceux qui eftoient
auprès de lu y, Si fc féiï maiftre de la ville : ceux qui eftoient au
quartier dePcrdiccas , entrèrent longtemps après les autres :
par ce qu'ils ne donnerct pas rcfcallade,d'aurant qu'ils auoient
opinion qu e la ville cft oit prife, à caufe qu'ils ne vo voient per-
fonne fur la muraille. La ville prife, on alla tout d vnc traiâe
donnci l'allaultàlafortercne, à la defenfe de laquelle auoit
efté commis bon nombre d'hommes, qui furie champ furent
aïkltis par les Macédoniens: dont les vns fefforçoicnt par
mines & fappes de faire brefche, les autres auec l'efcalladc
grimpoicnt a la muraille, efpcrans y entrer par force d'armes. ^'jjg^j
Er parce qu'on tardoit beaucoup au gré d'Alexandre à d relier a flî cgcCi
les efc 11 elles, il en arracha vne des poings dvn foJdat qu'il ren-
contra , &c L d relia lu y m efm es contre la muraille : &C fecou-
urant de fa rondache, monta le premier à la murailIc,fuiLiy de Alexandrie
Pcuceftas, qui portoïc après luy l'efcu dédié à Pallas la Troyc- fJ^Be!
ne, lequel û portoit ordinairement en guerre deuant luy.
Leonnat garde du corps , fuiuoit Peuccltas . Le capitaine
Abrcas auffi l\fforcoit de tout fon pouuoir , auec vnc cfchcb
■ le qu'il auoit trouuec, de gaigner te haut de la muraille. Délia
eltoit le Roy fur la muraille , te couurant de fa rondache , fai-
fmtaux vns des Barbares a ban donner la place , taillant les au-
tres en pièces: fail'ant en femme tant d'armes, qu'en peu d 'heu- Amour des
rcl'endroitoùilcftoitdemcuradcnué de defenfe: quandlcs
Argyrafpides^ qui cnrageoicnt tous vifs de voir le Roy en Alexandre.
G iij
^8 ARRIAN DE L'HISTOIRE
ce danger, fcvoulans hafter pour l'aller fecou lir , montèrent
auec des clch elles , lefqucllcs ils chargèrent h* fort, qu'elle^
fe rompirent fous le fais, &c tombèrent à bas les vns fur les au-
tres, empefehans en ce faifant les autres de rnôter. Ce pendât
on tiroit fur Alexandre de toutes parts des tours qui eftoient
de cofte & d'autre, de loing toutefois , d'autant qu'il n'y aïicA
iihardy de tous les Iridiés qui ofaft approcher: fors quelsqucs
vns,qui couucrts d'vne trenchec qu'ils auoient fai£t par- dédis
tout près de la muraille tiioientîurluy. Ce qui le raifort co,
gnoiftre& remarquer eftoit la lueur &cnrichuTcmcnt de ion
corcelet, &du refte de fon accouftrcmcnt : & outre cela les
hauts faitls d'armes qu'on luy voyoit exploiter. Lequel pen-
fant en foy mefmcs, que de demeurer là gueres long temps il
ne fepourroit faire, qu'il ne tombait en extrême danger de fa
perfonne, fans pou uoir faire aucûa£tc digne de la réputation
qu'il fefloitacquife : mais quefilfc iettoit dans la forrcrciTe^
raduëturecftôrjeroit-illes ennemis:où,au pis alier,fiiy moi
roit.ee feroit vaillamment Se au lie! d'honneur : il icietcabruf-
Alexâdrc fe quement dVn plain fault dedans. Et là errant couucrtpai der-
i«rc&c6b.-ic hère de la murai llc,autant d'ennemis qu'il rcnconrroir : antant
dans ia toc- ■ -i c -i t» » t-
wrelTeaccô- en ruoic-il trmrts par terre : meimes il tua dvn coup defpee
pagne feule- leur chef,qui à fa malencontrc fe rrouua deuant luy. il rua pat
met de «ois. terre vn autre d'vn coup de pierre, puis vn autre à coups d'ef-
pce. A raiion dequoy les ennemis n'ofoicnt plus combattre
contre luy à coups demain : ainsferetirans arrière commau-
cerent à luy ruer de toutes parts tous les baltes Se armes qu'ils
auoient ou qu'ils rcncontroienr en leur chemin. Pendant ce
temps,Pcuceftas,Abreas & Lcônat,qui auoiét trouuc moyen
de gaigner le haut de la muraille auant la roupture des efcbel-
les,fe iettent dedans, & le vont fecourir. LVn dcfquels,àfça-
Mon cfA- uoir Abreas, receut vn coup de fleche au vifage , dont il tom-
bieas. ba mort. Ecluy,ilreceut vn coup de tredqui perça fon cor-
celet; &: lenauragriefuement à l'cftomach: & fut ce coup fi
grand, ainfi que récite Ptolomee,quelcvcnt enfortoit âueç
le fan g. Et toutefois li ne ceflà-ilpour cela, tant que le fang
bouillonnaj
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI.
bouillonna, à fc défendre vaillamment :mais peu de temps AkxîJre en
après, au mcien de ce qu'il au oit perdu beaucoup de Ion faog, ™ t f" aa ç m *
ilcommâça à affloibhr aucc vn csblouiflement , & tomba fur
farondachele vifagedeuant. Pcuceitas le couuritde l'efeu de
pallas , & fe ictxa au deuât de luy, pour empefe her que les flè-
ches qu'on tiroir tombaflent furie Roy. Lconnat femblable-
jnent fe meit à cofté de luy, pour reccuoir les coups,qu on luy
icttoit. Mais & 1 vu Se l'autre furent en peu d'heure naurez en
tant d'endroits de leurs corps, qu'ils n'eufientquafiplus fçcu
combattre. Etpeu fen falloir que le fang défaillir! à Alexan-
dre auecia vie. Qui anima tellement les Macédoniens , qu'ils
^efforcèrent par tous moiens & fubnliccz de monter fur la '
muraille. Et nepouuansrecouurcr d'efchellesjes vnsfichoiët fû j daIS(r Ale
dcsclouz &c crampons dans la muraille ( qui eftoit faicte de xa ndre en-
brique M déterre )oà ils fcpendoient en l'air & foulcuoicnt
leur corps : d'autres montoient fur les efpaulcs de leurs com-
pagnons, Se tatchoient par ces moiens à gaigner le haut de la
muraille, tt à raclure qu'ils eftoient montez, ils fiutoicnt en
basderautrccoficaulicuoùcftoitlc Roy couché parterre,
aucc grands cris Se pleurs, o.ublians mefnics leur propre vie:
&: fc poaurans deleurs pauois defendoient le Roy , & ficom-
battcienc tout cnfemblc Quand il y en eut quelque nombre
d'enrrezen la for te refle par de/fus la muraille, ils trouucrent
molen d'ouurir vdc poterne, qui eftoit entre deux tours , par u& ^^.
où ils do ii ocrent entrée à d'autres. Puis d'vne autre parttom- p * r ° rtcie e
ba, par fcftbic qu'y feirent les Macédoniens, vn pan de mu-
raille, qui ouurit encorcs vn chemin pour entrer dans la for-
terciU-. Tous les Barbares entièrement qui y furent trouuez ,
Wffercnt par le fil de l'cfpce , fans pardonner à fexe ny à âge.
AprcscelalesMaccdonienscommancercntà penfer àlague-
rifon dAlcxandre : lequel ils emportèrent tout effendu ëc
commcmottfurfon efeu à force de bras, balançans contre
cfperancc& crain&c. Eftantla playcdcfcouucrtc, Critode-
mc de llfle de Co, qui eftoit de la race d'Elailapie, à ce qu'on .
dia,luy uralctrcit: ou commedient d'autres, Pcrdiccas , à-
%4o ARRIAN DE L'HISTOIRE
faute de chirurgien , ôc ce par le commandement d'AIcxan.
dre, qui commanda que pour mieux auoir le trecï entier; on
feift l'ouuerture de la playe plus grande, pluftoft auecques vue
efpce:S<i en le tirant fortit grande abondance de fang. Et pour
autant qu'a foccali on de cela, il tomba de rechef en fyncope
ilccffadcfaigncr: citant la pafmoi Ion caufe d'arrefteilc t J ng >
Diuerrité \\ y a cu diu ci fité d'opinions couchant ce Lutt , dont celle qui
luûoiiens." a efté principalîcmcnt fiuuic par ceux qui en ont efcrit,&c[ui
y ont, ce croy-iebien, adiouilé quelque chofe du leur, cft ea-
cores tenue parles hommes de nollrcu mps : &c ne eeflera de
paffcrd'aagc en aag< à ceux qui viendront aprc^li ce qui a cité,
efcritf mcfmemcnftn ces liurcs ) plus au vray ne i'empefdiB.
d'ellrccreuc. Ils tiennent que ceft inconuement aduint au-
pays des Ox) dracicns, lequel pourfeur aduint en ia contrée
des Malhcns, qui cft vue nation franche & libre de Undie : Se
eftoit celle ville fnuccau pays des Mal liens , &r li fut Alexan-
dre naurê par les Malliens. Il cft bien vray que les Malliet»
auoiêt délibéré de loindi e leurs forces auec celles des Oxydm
cien scieurs forces loin&cs prclcnterla batailles Alexandre?,
mais auât qu'ils cuilent loilîr Si lemoien de ce faire, Alexâdrc
y arnua On a bien tenu en cas pareil pour chofe toute vnye
&afleurcc,quc la dernière &tant mémorable bataille qu'eut
Alexâdrc coutrcDairc,aprcs laquelle Daire en fafuitte fut pris
8c arrefté par Beffe 5 &: depuis tué,auoit cfté donnée à Arbcles:
tout ainfi que l'autre prochaine deuant celle là auoit efté dô-
nee à Iffe : & quant au premier confhctdcgcns de ch eu al, la
plus commune opinion cft, qu'il aduint au Granique. Vérita-
blement ce confhct à cheual aduint au Granique: &y eut ba-
taille donnée contre Daire à Iffe. Mais quant à Arbcles il eft
diftant du lieu où fut donnée la dernière tournée d'entre
Alexandre & Daire, par l'opinion de ceux qui le prennent au
plus, de trente fix lieues pour le moins: & de ceux qui le pren-
nent au moins, de trente lieues. Et fut celle dernière iournee,
ainfî qu'eferiuent Ptolomee &c Anftobule , donnée à Gauga-
meles , qui cft vn petit bourg , bien peu cogneu, fur lanuierc
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI. 241
tJc Bu m elle. Mais d'autant cru Arbcllcs de ce temps là cftoit
vnc ville du pays qui auoit bruift, ic penfe bien qu'on lu y a
vouiUjpluftoft que à autre lieu, attribuer l'honneur, que celle
fi grande Se fî niera orab le bataille y auroit cfté donnée. Que
fi, on veult dire,quc cefte bataille a cfté donnée à Arbelles,veu
que ce fut bien loing de là: on pourrait aufft bien dire, que la
bitaille nauallc qui tut donnée à Salamine, auroit efté dônee
à lirhme deftroict de Corinthc: Se que celle qui fut donnée à
Anermfic Me Euboique, feroit aduenue à Egine ou Sunium:
Se y auroit autant d'apparence de dire fvn que l'autre. Pour
le regard de ceux qui femeirent au deuant d'Alexandre pour
le défendre Scluyferuir de bouclier, tous ceux qui en ont ef-
trit font d'accord que Peu c eftas enfutl'vn : mais ils n'accor-
dent pas tous que Leonnat & le capitaine Abreas enfuiTent.
Il y en a auiïï qui efcriuct que Alexadre fut frappe d'vn îeuier
fur la brigandine,dont il tomba tout eftourdy: puis citant re-
uenu à foy,il receutvn coup dciaucline,quifaulfa fon corec-
let, Se luy donna dans la poitrine . Ptolomee di£t bien qu'il
fut bleffé en la poitrine , mais non pas qu'il fut frappé de le-
uier.Entre toutes les fautes Se abus de ceux qui ont efeript des
faiftsd'AlcxandrCjietrouue cefte-cy la plus grande: à fçatioir
que aucuns racôtent comme chofe véritable , que Ptolomee
fils de Lage entra dansla forterclTe auec Alexandre &c Pcucc-
itas, Se que quand Alexandre fut tombé par terre, il fe meit
au deuant deluy, 8e le couurit de fa rondache: Se que à foc-
cafiondc ce faidf là,! es ioldats luy baillèrent le nom de Scrua-
teur: veu que Ptolomee luy mefmes a efeript , qu'il n'eftoït
pas à celte guerre: Se que pendant ce temps là il faifoit la guer-
re à d'autres Barbares contre Icfquels Alexandre l'au oit cn-
uoyé. l'ay touché ce mot en paffant à fin que ceux qui fevou- AAienf/Tc
dront mefler cy apres de coucher par efcnpt des hiftoires, înft"^",,.
foient plus curieux & diligents de recercher comme les cho- ph«. 0
.fcs à la vérité fc font paifees . Pendant que l'on don n oit le pre-
mier appareil à la playe d'Alexandre le brunît courut pat tout
le camp qu'il eitoit trefpailc du coup. Du com an cernen t on
H
i 4 i ARRTAN DE L'HISTOIRE
n'oyoit par le camp que clameurs Se lamentations desfoldats
Regrets des q U1 deplorotcnt&:iTgrcuoici]tlamortdelcurRoy . Quç l a
kxîdtedK- mort leur auoit rauy vu fi bon chef & fi vaillant Capitaine**
S«Vu h fleur de fon âge : quiauoit fauït tant & fi grandes chofes ,&
foftmort. q LU f cm bloient toutefois n'eitre encorcs que commâcemeat :
veu que fans doute il eftmt Pn nec pour réduire foubz fa pdf.
fanec cntiercmcnc toute la terre. Que les dieux auoient
porté enuieà fon bon heur,layans faïâ mourir: luy qui auoit
efte Roy inuincible entiers tant de nations , redouté p ar
toute la terre : & mieux reffemblam à vn dieu, qu'à vu
homme mortel. Puis p enfants a eux mclmes , depleuroierjt
leur fortune: ne fçaehants que faire , ny quelle relolution
prendre. Et demandaient 1 vn à l'autre, la larme à l'œil,
qui pourroit eflrc dorclcnauanc chef d'vne telle armée, ily
en auoit. beaucoup qui mettoient la condition d'Alexandre'
& celle des Macédoniens en niefme degré de calamité.
„ Comment, difoient quelques autres, pourrons nous cfch%
„ per d'entre tant de peuples Barbares, gens belliqueux &:bi$
» aguerris, qui n'ont encorcs eitc fitbiuguez : lcfqucls ne crain-
dront point de hazarder leurs corps & leurs vies pour defea-
„ dre leur liberté î Mctrncs, comme il eÛ 1 ien à prt fumer ^ecift
„ que nous auons cy deuant vaincus , n'ai ans plus decrain&c
„ d'Alexandre/embU nt bien eJftre gens pour reprendre incon-
„ tmant les armes, &fc rebeller contre nous. D'.aiantagccom-
„ ment pourrons nous repalîcr tant miieics i; buges &fi
„ profondes ; 11 n'y aura point de faute, que nouseltans cn,ëés
„ extremitcz de la terre, ne foyons bien toit en proy e & butina
M ces Barbares. Somme,puis que nous auons perdu Alexandre,
„ il ne nous refte aucune chofe, fur laquelle nous puiifionsf»
„ der quelque efperance. Et quand les nouuellcs vnuii cnt pre-
micremcntau camp , qu'Alexandre n'tftoit pas mort, on M
voulut pas adioiiftcr foy au dire de ctluy qui faiioit le méfia-
ge. Encorcs ne voulurent ils pas croire ce que peu après la»
fut mandé par lctr_res 5 qu 'il elïoit en vie, & qu'il iroitbicatô»
•au camp , tant ils auoient peur de l'auoir perdu : Se pcnloieg
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI. 143
que ce qu'on leur mandoir, eftoit chofe feinclepar les gardes
du corps du Roy & par les Seigneurs & capitaines quieitoict
-.auprès de iapcrtoiinc. Ce qu'eftant rapporté à Alexandre,
de peur qu'il fc fcift quelque trouble Se émotion au camp, fi
t uit que fa faute le peut porter, il fc feit menerdans vne licticrc
iulquesàla nuicred'Hydraotes : ouilfc mcitlur l'eau ,& feit
bailler vers le camp, qui eftoit au confiant d'Hydraotcs Se t
Acclines:oùilauoit laifle Ephcftionpoury commander, Se j^J™
oùaulîîNcarchtenoit fa flotte. Et quand îlcommança à ap- an cip pour
piodurducamp,ilfculcucr lespantes de fon pauillon,,qui JJJjg* lcî
eftoit fur la poupe : à fin d'eftreplus facilement veu de tous Se
xccogn eu de dt/fus la nue. Encorcs y en eut il beaucoup, qui
ne vouloient pas croire que ce fuft Alexandre : mais difoient
que c'iftoit feulement le corps mort d'Alcxandre,qu'on auoit
aiofi mis : tant ils auoient fermera êt imprimé en leurs cfprits ,
que le Roy eftoit trcipafîe . Mais le bateau venant à bore ; il
leur tendit la main, Se cugncurentlors qu'il n'cftoit pas mort.
Dont ils coramancerent tous à f efener de ioye,leuans les vns
les mains vers le ciel, d'autres vers luy , faifans prières Se orai-
fons pour fa faute. Et à pluhcurs qui auoient perdu toute cf- Amour j cs
pi on ce de ïamais le reuoir en viejcsgroflcs larmes tomboict foldars d'A.-
au long du vifage. Aufonirdu bateau , les Argyrafpides luy l ^ L ^ ea '
apportèrent vue lic'hcreà bras, pour le porter plus doucemêt:
mais il fc feit amener vn chenal: fur lequel il nefue pas pluftoft
môté, qu'vnc acclamation Si mont-ioye felleua de rechefpar
tout le camp , aucc vue allcgrcfle Se refiouifianec de tous ii
grande, que les riuages &: les forçfts d'alentour enretentif-
foient. Et ainii qu'il approchoit de fa tente, il dcfccndit de
chcual pour marcher a pied, à fin de donner à tous plus grade
affeurance qu'il auon recouuré (a fanté. Lors on eult veu les
foldats accourir de toutes parts, les vns d'vn cofté les autres
d'vn autre, pour luy toucher ccftui-cy les mains, ccftui-la les
genoux, ou quelque bout de fes habits. D'autres le conten-
toicnt de le veoir de loing , prians les dicuxluy vouloir douer
bonne fuite Se bonne encontre. Aucuns luy iettoicnt des
H ij
i4 4 A IV RI AN DE L'HISTOIRE
ch.ippeaux de fleurs : d'autres des boucquets &: feflons de
toutes fortes de rofes 8c violettes, qui fe treuucnt en Indie,
jufques à ce qu'il entra en fa tente. Il y eut quelques vus def cs
plus priuez & familiers, qui ne le peurêt garder de reprédre ce
qu'il auoit f\ii&,de f eftrc mis en tel danger de faperfonnc,fans
qu'-d en fuft bcioing : difans que ce n'eftoit point vne chof Cj
e où vn capitaine gênerai Se chef d'vnc armée fe deuft cm-
mil-content ployer, mais bien vn fimple foldac. Ce qu'Alexandre ne trou-
qu'on trou- Ua p as bon , ainfi qu'a efent Ncarch, qui eft vn au t heur digne
qa'd m fcftok d'cltrc creu, Se qui en pouuoit fçauoir quelque chofe . le peu-
mis en dao- febien qu'il trouuace propos mauuais , d'autant quilvoyoit
gcrdeftvic bien qu'ils difoientvray,& qu'on le rcprcnoit àbondroift.
Mais tant y a, qu'vne ardeur bouillâte Se impctuofké d'cfprit,
qui incite ordinairement & emeut les courages des hommes
au combat, ioinÊtvn defir immodéré d'acquérir bruit &: re-
nom , l'animoient Se prouoequoient à entreprendre chofes
hazardeufes. Le fufdià Ncarch raconte que vn vieil gentil^
homme Béotien (le nom duquel ne m'eft point eogneu) en-
refidant qu'Alexandre ne trouuoit pas bon , que fes familiers
le reprinfent ainfi, & qu'il fe fa fchoit de les ouïr tenir tels pro-
» poSj C'en alla auprès de luy, Se luy duSten fon langage. Vous
„ auezraifôn,Sire,car c eft à faire à ceux qui font vrays hommes
„ d'entreprendre chofes hautes. Et adioufta vn vers Iambique,
„ dontlateneureftoittellei Celuy qui exécute vert ueufement
* quelque bel acte, doit aum" par raifon endurer . Au moyen
defquelles paroles Alexandre fappaifa vn peu, & depuis ce
temps là aima toufiours ce bon vieil gentilhomme . En ces
AmbafTade cntrcfai&es vindrent vers Alexandre des AmbafTadeursdcîa
des Maliicns p art d es Malliens,qui reftoient encorcs entiers pour fe rendre
vers Alcxan- i ■ „ i « i tï • j j
4 re _ aluy:8f outre ceux la les Princes Se Satrapes du pays des (Jxy-
draciens , Scauecques eux cent cinquante des plus grands Sei-
gneurs de leur nation , auec de grands & riches prefens: pour
mettre eux Scieur contrée en fon obeifTan ce . Etrcqucroicnt
qu'il pleuA au Roy leur remettre la faute qu'ils auoieut corn-
ai îfe enuers luy, car ils confcfToicnt auoir failly, cncequili
u'auoieat
D'ALEX LE GRAND, LI. VI. 145
fl'atioient pluftoft enuoyé leurs députez vers luy: mais que ce-
la m cri toit bien quelque grâce : d'autant que par dciîus tous
les autres Indiens ils font amateurs de leur liberté; laquelle
ils auoient conferuee en fon entier dés &c depuis le voyage de
Bacchus en Indie iufques alors. Toutefois fil plaifoit à Ale-
xandre, d'autant qu'on difoit qu'il cftoit iflù de la race des
dieux, qu'ils cftoient tous preiîs de receuoir vn gouucrneur
de fa main, tel qu'il luy plairoit leur donner : & de Iuy bailler
oftagespourfeuretc du payement du tribut Ôcfubfides qu'il
leur impofer oit. Le Roy leur feit bon recueil, &ouyt volon-
tiers la charge de leur ambaifade. Apres laquelle entendue, il
leur permit de viure en leurs hbertez Se iranchîfes : leur de-
manda feulcmct qu'ils luy enuoyaiTcntmil hommes des prin-
cipaux de leur pays, pour les tenir, fi bon luy fcmbloit, pour
oftages : ou bien pour aller auccluy à la guerre, iufques à ce
qu'il euft conquis le furplus de l'Indie. Quand ils furent de re-
tour à leurs maifons, ds choifirent mil hommes des plus vail-
lans Si des plus grands de tout le pays , qu'ils luy enuoyerent
incontinent: & outre cela, cinq cens chars de guerre , garnis
de leurs combattans, pour acquérir d'auantaige fa grâce. Il
accepta les chars, &C renuoya les oftages : & cftablit Philippe
gouuerncur de leur pays & des autres Malliens non vaincus.
Ces chofcsainfi paffees, il feit monter auccluy fur l'eau, dans
les vaifleaux qu'il auoit, Se encores d'autres qu'il auoit faift
faire en grand nombre, pendant le temps que fa playe fc gua-
riffoit, dixfepc cens hommes de la gendarmerie des alliez Se
de ceux qui eftoient armez de légères armes autant que de-
uant,auec enuiron dix mil homes de pied. Il n'eut gueres lon-
guemet nauigé, qu'il arriua au lieu où Hydraotes &c Acefines
■fairembÎL't.Là AcefmesaiâtreceuHydraotes en fon canal,luy
faid perdre fon nom. Entrât donc dans Accfincs, baiffa tout
d'vnctraitte iufques à ce qu'il fut paruenu à l'Inde: carecs qua-
tre riuieres, qui four greffes Se toutes nauigables, tobentdans
ÏÏndc.Mais elles ne retienentpas toutes leur nom iufques là.
Car quâdfHydafpesfeioiadaucc Acefines,il perd fon nom»
H iij
Xath riens
Imhëslibres
14$ A II RI AN DE L'HISTOIRE
& fappcllc Accfincs . Etcncores Accfincs après qu'il a receu
l'Hy draotes, retient toujours l'on nom. Le m cl m es Acclin, es
après que l'Hy phafîs i'cftioinct auc* iuy,l'.ippclle ncantmoins
toufiours ainfi, lufqucs a ce qu'il fuit entré dansllndciauquel
il laiflc emporter l'honneur du nom, aptes qu'il cft tombe de-
dans, l'auroy bien opiuiô,quc en celte marche i Inde a de lar-
geur auant qu'il paruienneai'iflequi cil en forme de la lettre
Delta, fix lieues, & d'iuanragc nù ill'eitcnd . Au lieu du cou,,
fiant & rencontre d'A*. clin es & Inde feiourna Alexa: : di/e,mf.
quesà ce que Pcrdiccas fuit arnué auec les compagnies qu'il
Les Abafta- auo it: lequel en allant auoic fubiuguc les Abailamcns, qm
mens lub- „ 1 . . o J
iuguez. citoicntgcns libres, &nc rccognoifloicnt aucun a Seigneur;,
Pendant ce temps arriucrent en ce heu là des vaifieaux à
trente rames Se en c ores d'autres de charge, fumant le maude-
m cm qu'il en auoit faictaux > athnens, qui cil aufTi vne na-
tion de l'Indie libre de fms louuerain , laquelle i'eftou rendue
Oflàdiais à Alexandre. Aufll y arnua vnc Ambafïadc de la part des
OiTadicns(lcfqucls auffi ne ÏGcognoifîbiêtpomt de fuperieuj
pour fe rendre à luy. 11 bornalc gotuicrncment de Philippe
au confiant d'A cciin es Se I n d e , 1 u y 1 ai ha n t qu cl q u e ca u aleric
dcThraces, & encorcs d'autres forces, autant qu'il pend eu
eftrc de befoin pour la defenfe du pays. Et luy donna charge
de faire baflir vnc ville aux confins de ces nuicrcs, jugeant
qu'elle pourroit eifre riche Stfamcufeà l'aduenir.à caufedel
Oxyartcs commodité & fîtuation du lieu : Se ordonna d'y faire faircra
pere de la haure. Durant ce feiour vint vers luy Oxyartcs de Bâches
WarHuc P clc dc & fcmmc Roxané: auquel il feit fort bon recueil,
aucamp. comme il appartcnoit : Se le tint pour vn des plus grans amis
^fdeïn & fea , uIx c l LI ' lIcuft au P res perlonne. La auffi li fu38
gouucrne- formé que Tirycftes gouuernoit les Parapamifadicns en
ma à caufe tout orgueil & auarice:à railbn dc cuoy il cfta ceaouuerne-
dc Ion or- •> t n i J b - .
gudl&aua- mcm f luy elfes, & annexa la contrée aux terres & fcigncu-
rfcc. ries d'Oxyartes. Apres cela il feit p aller de l'autre cefte^ui
ionaTko- cftoit à main gauche de lanuiere, Cratère aucc vne grande
jyancs Je partie de f armée, Se les elephans, par ce que ce chemin là'luy
kmbh
D'ALEX. LE GRAND. LT. VI. ■ 147
fcmblabicn commode pour conduire vne armée grotte com- pays des Pa-
niceitoit celle là: pour aucun auflî qu'il doutoit que ceux de " 1 ^" lia "
c cllc marche ne luy fuirent gueres bons amis. Et luy pour-
fiiiuition chemin, defeendant par eau droictau chafteau des
Sogdians: ou il feit édifier vue autre ville.- &fcit faire des vaif ^ ville baftie
féaux neufs, Qc commanda qu'on y menait les bateaux ouucrs Alexis-
Se rompus pour les refaire. En après il meitfoubs la Satrapie
d'OxyartesSc de Python tout le pays bas, qui eft depuis le
confiant d'Acefines &Inde iufqucs à la mer Oceanc, aucc
la coite de mer prochaine. Puis après auoirenuoyc de rechef Alexandre
Cratère auec vne armée pour palTcr par les frontières des defaad au
Arachoticns Se Drangicns , il dcfcendit à val lariuierc , tirant JgJ* Mu "
droi£t vers la région de Mufican, que l'on difoit eltre la plus
riche de toute l'Indic. Qui le mouuoitàcefairc, cftoir, que
Mufican n'eftoit point allé au deuant de luy, & fi 11 auoit
cnuoiéaucune Ambafiade pour parler d'appoinctement, ou
pour contracter alliance &c amitié aucc luy: 5c m efm es ne luy .
auoit fai6t( comme il eftoit bien feant à vn tel Princc)au-
cuns prcfcnrs:& n'auoit daigne le requérir d'aucune choie.
11 aauigea en fi grande dihgcncc, qu'il fut pluftoft aper-
ceu aux frontières des pays de Mufican , que Mufican n'euft
eu Us n ou utiles de fou département pour y aller. Pour la fou-
daine arriuee duquel li fut bien clftonné : &c au pluftoft
Mu fie an fe
qu'il luy fut poUiblc, il alla vers luy auec de trefgrans & ri- ™j j Aie-
clu-s prefents des fingularitez du pàys a & tous les éléphants xau **
qu'il auoit: 6c fc rendit à luy 8c tous les pays , prelt à faire
tout cequ'ilvoudroit : conkfiaiit qu'il auoitfailly , de n'eftre
pas allé vcrsluv pluftult,ou pourlc moins de n'y auoirenuoyc
guelque Amballadc. Gefte rccognoillancc & confeflion d'a-
uou failly gaignoit beaucoup le cucur d'Alexandre: K,ny
auoit choie par laquelle on le peuft pluftoft adoucir que cefte
là. Alcxandreluy remit cefte faute :&. après qu'il eut bien co-
ntemplé aucc admiration la contrée & la ville cap Italie , il luy A i„ xa , 1( j, c
permit de demeurer en la pofleflion & iuuilEmce de fis terres f,tU baftîr
& fcigncuncs,de telle eûcndue qu'elles citoicnt,&: amli qu'au ^ ^* e ^
tCMofaç.
Prifc i'Oxy
can
H | ARRIAN DE L'HISTOIRE
parauant. Toutefois à fin que, luy eftant party delà, on ne
feift quelque nouuciie entreprife, i] ordonna à Cratère de
faire baftir vue citadelle dans la ville, qui fut fatâecn fapre-
fence, en laquelle fut lailTec bonne garnifon . Celte place luy
fembia fort propre & bien afïîzc, pour contenir les autres na-
tions voifines de la en dcuoir & obcuTance, Au pjitirdccc
lieu il alla au ec les gens de trecï, les Agnans & toute la gêdar-
merie qu'il menoitpar eau , courir le pays d'vn Seigneur pro-
~& Jeics chc de là (qui auoit nom Oxycan ; pour autant qu'dn'cltoit
vilks. point allé au deuant de luy,& il n'auoit enuoyé perfonne
pour parler d'appoindtement. Il prit d'afiault fiir luy les deux
plus g roircs villes qu'il cuit: en l'vne defqueltcs il prit Oxycan
mefmcs prifonnier. Le pillage fntabandônéaux foldats, fors
les elephans, qu'il emmena aucc luy. Cela effraya tellement
lesautres villes d'alentour, qu'elles fe rendirent incontinant
toutes, fans coup donner. Et ne demeura Indien en toute
celte contrée, quiolait plus prendre lcsarmes,( tant eftoit la
fortune fauorablc aux encreprifes dAlexandrc ) li que tous
au oient perdu eu eut &c courage , &: n'y auoit aucun qui ofafî
leuer les cornes contreluy. Apres cela il feit marcher fes for-
sambc ^Sa- ces ^ l' e ncontrc de Sambe, lequel il auoit donné pour SaoafNs
dilns des & gouucmeur aux Indiens des montaignes . Les nouuelles
iHgntaigiies. eltoient venues qu'il auoit abandonne le pays, àcaufecjuil
auoit entendu qu'Alexandre auoit laiffc aller Mufican ,&l'a-
uoit remis Se rcltitué en fes villes &feigncurics : car il y auoit
de grandes inimitiez entre luy &c Mufican . Quand il futau-
pres de la ville de Sindomana, qui eft la capitale du pays, ceux
de la maifon de Sambe allercnr au deuant de luy , aucc quel-
ques fin an ces & des elephans : &luy dirent, que ce que Sambe
fe ft oit ab fente, n'au oit point cfté pour mauuais vouloir qu'il
euft à l'encontre de luy : mais pour la crainûe qu'il auoit de
fJamomu Mufican, lequel le haïlloit à mort. Apres qu'il eut receu l'o-
ies Bcschma beilfancc d'eux, il alla mettre Ieficge dtuantvne autre ville
«es comme £ cs Indiens, qui f'eftoit reuoltee contre luv,& la prit d'afiault:
aucheuis de , ., r . ■ 1 -,t> i . - itj
rébellion, ou il feit mourir les crachin an es ( qui lont tenus des Indiens
pour
D'ALEX. LE GRAND, LI. Vï. \ i 49
pour hommes fages} autant qu'il en peut attraper, par ce
qu'il entendit, qu'ils auoient elle autheurs de la rébellion : de
la fapienec dcfqucls( i'ils en ont) nous parlerons au traifte que
ferons à part des iinguLukcz de l'Indie. Ce temps pendant
Domiciles furent apportées à Alexandre, que Mu/ïcan auoit RcuoIrc d
pus les armes : ail moyen dequoy îlenuoya en diligence le Mufîcaa.
Satrape Pythô fils d'Agcnor, droit à luy auec forces baftâtes:
lu y alla par vn autre collé, où il afiïcgea quclsqucs villes,
qu'il pnt:don t il en feit razer aucunes aprcslcs auoir butinées,
aux autres fcitbaltir des citadelles , Se ymeit garnifon. Cela
ùiâ, il retourna au camp à fa flotte : où Mufican fut amené
par Python pieds &z pomets liez. Lequel il reit pendre danslcs Mufcîpea-
Jimitcs de fon territoire.pour la defloyauté qui eftoit en luy:& ^ a \ & „ auc , c
auccluy des JDrachmancs,quilauoicntincnca IcreuoJter.Au mânes,
mefmes têps ['alla trouuer vn feigneur qui cômandoir au pays
des Pat ta les, quieft vne Iilc quelariuiere dinde faictdefon Le Ro 7 <* cs
cours,en forme de la lettre Grecque Delta, de plus grade cité- t[ "uleiAh-
due que celle d' ./Egypte. 11 offrit mettrefes villes Se feigneurics iandre.
en l'obciflànce d'Alcxâdre: lequel le reccut & traicra fort gra- ™iJ" R
cieufemêt: puislcrcuoya à ion pays, auec charge de tenir pre- me de Dél-
ites des munitiôs pour fon armée. Il cô manda à Cratère, au-
quel il bailla les regimens d'Attale, Meleagre & Antigène, &t
vnepartie des gens de trc£t à cheual, Se de la gendarmerie des
ami s, Se outre ceux là tous les Maccdoniens,qui ne pouuoicnt
plus qu'à grad peine fuiurc la guerre (lefquels il auoit dés long
têps au parauât délibéré en foy mefmes derenuoyer en Macé-
doine) de tirer vers la Carmanie, par le pays des Arachoticns
Se Zarangiens. 11 luy bailla auflî les elephans pour mener auec
luy. Et cftablitEpheftion chef du furplus de lasmee, horf-mis
lescompaignies qu'il côduifoit par eau vers la mer. Ilfcîtpaf-
fer Py thon auec la caualcrie des gens de ttcû , & les Agrians
de F autre cofté de la riuiere à l'oppoiîtc d'Ephcition: auec
.charge d'aller vihtcr les villes qu'il auoit faicr baftir , lefquellcs
ertoientja cein&es de muraillcs,& donner ordre à les faire ha-
biter , Se peupler : Se de chafticr Se réprimer ceux des Indiens,
I
M o ARRIAN DE L'HISTOIRE
fi aucuns en auoit,qu'il trouueroit auoir fciét nouucllcs entre-
prifes tendantes à rcbcllicn: Si delà l'aller ttouucr àPattala,
oùilfachcminoit. Quand il eut nauigé par trois iours a val
la riuicrc, nouuelles luy vindient , que le Seigneur des Patta-
les auoit abandonné la ville capitale , & l ; eftoit retiré aire de.
fer ts, qui fo n t d e g t a 1 1 d e cite n d u ë ,a u c c vn fo rt gran d n ombre
de Pattales, qu'il auoit ramalTez . Lcfquclles nouuelles luy
feirent vn peu hafter fa flotte, ht trou Liant à fon arriucc
la ville 6c tout le plat pays abandonné , il feitdcfccndre ion
armeeen terre: dont il choiiït les plus forts 5c difpofts, qu'il
enuoya après les fuiars.On en print quelques vns uc.s derniers
lcfquels il renuoy a fur le chap. pour cïi re aux autres, qu il n'e-
ftoit point de beibin g qu'ils i î cnfuiilent:Quc perfonneneleuï
dônoitempcfchcmem de demeurer comme deuaut en leurs
maifons,&: de ioyr de leurs biens, terres Scpcflcifions. Et de
faicl y en eut plulîcurs qui dcfpotulLms toute crainte, rctour-
Cïtaddlc ba nerent en leurs maifons. 11 donna charge à Epheftion de laite
î- o-Mle 1 " baftur Vlie citadelle dans la ville capitale: & cependant cdE
âesïlaâ- uoyagens à vn c regi o n p rochain e , où ton di foi t auoi r graa-
ks, dementfaute d'eau, pour faire des puits. Ccux-làfuicnc char-
gez au defpouraeu par les Barbares, qui en tuèrent quelques
vns. Mais ils fe renâgercut en fin fi vaillamment, qu'ils côtrai-
gnirent ces Barbares de tourner le dos, & gaigner des fc»
refts près de là , ayans perdu beaucoup de leurs gens. Toute-
fois ceux qui au oient eftélà en noyez, ne pouuans taire ce qui
leur auoit cflé emoin£t, à caufe des cou ries que faitoict à tou-
te heure les ennemis, à fin de les empefeher de befongner , en
vont aduertir Alexandre: qui ai an t le tout bien entendu, en-
uoya d'autres gens auccques eux pour leur faite feorec, &
pour faire telle aux Barbares fils fc pnfencoienr. Lariuiefe
d'Indefe diuife de collé & d'autre de Pat cal a en deux bras, qui
fontencorcs deux foi e gros flcuucs : chafeun defquels retient
toufloutslcnorn d'Inde , iuiques a ce qu'ils tombent dausla
mer Occanc. Là commanda Alexandre qu'on feiil vn port
Çcvn haute. Et comme toutes choies luy luccedoieiic amû
qu'il
* D'ALEX. LE GRAND. LI. Vï. a$i
qu'il défirent, il Iuy prit enuic de faire vn voyage auec fa flot-
te par le bras droid dcrindcyufqiics à la bouche delà riuiere,
Si. la mer Occanc. Parquoy ilcnuoya Lconnat auec mil hom-
mes de cheual &huit mil de pied parl'Iflc de Pattala, pour
marcher quant & quant la flotte, la coftoyant par terre:puis
cboitiflans les plus légers vaifleaux commança à-baifler par
Je bras droicl de la ruuere. Mais d'autant qu'il n'auoit per-
fonnc pour guider fa flotte, qui cogneutï les touis & dé-
bours de ta ruuere (par ce que les Indiens de là auprès f'en A | cx;ini j 1 . e
eftoieni tous fuis) leur nauigation cftoit dangercute & dirH dcfceod à h
cile. Le îour d'après, il fe leua vn vent du cotlé de la mer '"«Oceane
Oceane,qui feit enfler la nuierc, &: émouuoir des vagues, pJt "
dont les vaifleaux agitez, tout ainiiqueii c'cufl eflx en mer,
commancerent a t'cntreheurttr les vns contre les autres : de
forte qu'il y en eut beaucoup qui furet bnfez: & quelques vns,
principalement de ceux à trente rames, qui fe lalchcrent &£
ouurirct : toutefois auât que d enfondrer altérée tous a bord,
5i fclauucrcnt tous ceux qui eftoient dedans. Partant fut be-
foing de faire fane d'autres vaifleaux, lefqucls furent achetiez
en peu de temps: pédant lequel il teit dctcêdre en terre qucîs-
ques vns des plus légers du pied qui fuflentparmy les foldats
armez à la légère: &lescuuoya courir le pays aflczloing de
la riuiere.Lciqitels rc uindrent amenans auecques eux des In-
diens qui cognoiiloicnt la riuicre d'Inde, qui luy feruirent de
guides ace voiage. Quâd il furparuenu oulcflcuuc a douze
lieues & demie de largeur, il fc leua vn vent marin, qui d'au-
tant que difficilement pouuoit on rompre les vagues a force
de rames, luy feit retirer les vâtflcaux en vn goutte que les
guides luy monitrerenr. Où, par ce qu'ilsy furent quelque
temps arrêtiez , tombèrent en vn autre danger. Pour autant
que,fuiuant le naturel de h mer Oceane, qui fluc Se reflue,
Les Grecs
l'eau ferctuanrdes vaifleaux demeurèrent à fec: quicflonna fcftôoenrdu
bien fort les Grecs, qui n'eutendoient 'pas dont cela proce- flus & u ' flus
dent. Tellement qu'ils commencèrent à fe regarder fvn l'au-
fte comme gens eiperdus. Encorcs furent ils beaucoup plus
•Cillu:c Iûa.
*p ARRIAN DE L'HISTOIRE
csbais, quand au recour de la marée les vaifleaux commati-
ecrent àfc foufleuer.Ccux qui cftoiét demeurezdebout furla
vafeSdimon,fcrelcucrcnc fans aucun mal. Mais ccuxquïfe
trouucrcnt à fec fur la gréuc, qui n'auoient peu demeurer
debout fur les carincs, en fe relcuant fcntrcchocquoicnt l'vn
contre l'autre, &febnfoicnt: d'autres f effondrèrent allants
donner contre le nuage. Lefquels cftans refaits au mieux
qu'on peut, & félon le moien qu'on en auoit en ce lieu, il en-
uoya gens: aucc deux galbons vers la mer ppur recognoiftre
vue Iilc, par où, à ce que difoient les guides, il falloir paffer
pour aller à la mer: &appelloicnt celte Iilc Cillure. Ceux là
eftans de retour rapportèrent, qu'en cefte Iilc y auoit de
bonshaures Se feurs pour les nauircs : Se qu'elle eftottbicn
grande, Se non trop dcfpourucuc d'eau doulec . Au moien
dequoy il feit conduire le relie de la flotte droict là: luy, ayant
choifi les meilleurs vaiiTeaux.,paflaoutrc,pour voir la bouche
du ficuue , afin de dcfcouurir i'il y auoit feur paflaige Se facilifr
entrée pour fa flotte à la mer.Paiïànt plus outre cnuiron dou*
ze ou treize lieues, dcfcouurit vue autre Iilc en mer: laquelle
il voulut voir, puis fen retourna en fille fufdictc. En vn bout
de laquelle en vn lieu où y a vn liaure , il feit aflemblqt fes
vaifleaux, & facrifia aux dieux .fuiuant la reuelation qui luy
auoit eftéfai£tc, à ce qu'il difoit, par Iupitcr Ammon. Le len-
demain il nauigea à fille affize dans la mer : où il feit facrifics
d'autres victimes, à d'autres dieux, Se en autre manière :&
difoit,que cela luy auoit efte parcillemét cniointt par Ammo.
Apres cela fc meit à voguer en pleine mer vn peu plus auant
que llflc, pour defcouurir (ainlî qu'il difoit) fi par delà fille
apparoiffoient aucunes terres. Mais i'ejftime bien que fon in-
tention eftoit de faire que Ion pcult dire qu'il euft pafsê l'Io-
die entièrement, & pénétré iufqucs à la mer Oceane. Là il feit
arrclter fa flotte: Se après auoir immolé des bœufs à Neptune,
Se faitt des effulious auccvne phiole Se autres val es d'or, il les
ietta en la mer, rendant grâces à Neptune : Se lefuppliantde
vouloir conduire à port de falut faine Se entière la flotte quil
auoit
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI. 253
auoit délibéré d'enuoycr, aucc Ncarch, au goulfe Per-
fique, pour recognoiflre les bouches du Tigre Se de l'Eu-
fratc. Apres cela il rem on ta contre m ont la riuicre à Pattala,
oùiltrouua la citadelle acheuec: Se Python de retour auec
(on armée, qui auoit fort bien exécuté la commiffion qu'il
auoit eue. Là laifîantEphcftion auec charge de faire faire vn
haurc ( d'autant qu'il auoit propofe de laifler vne partie de
fa flotte à la ville de Pattale, au heu où l'Inde fc partit en deux
bras) il fe délibéra d'aller defeendre à la mer par l'autre bras de
lariuicre,aueclefurplusde fa flotte: pour voir fi le chemin
feroit point plus aifé Se plus courtpour defeendre à la mer par
ce bras là . Les deux bouches de cefle riuicre font clloiguccs
l'vnc de Vautre de ceat dix lieues Se plus: dont on peut iuger
de quelle eftendue eft Pattala, à prendre depuis la mer, où
elle commance. Il n'eftoit plus guercs loing du bout de la fi-
uicrc, qu'ilarriuaàvnlac, qucfaidt le regorgement de la ri-
uicre, ou bien les eaux du pays d'alentour, qui fc vont ren-
dre là. Ce lac eft fort grand, Se le prendroit-on pour vn
0 . . . fi- 1 1 Poillos plus
goulfe de mer : car on y voit des poillons de mer plus gros gros cn V u
qu'on n'en trouuc en la mer de deçà. Faifant donc venir au d'indie
1,1. ■ rr \ 1' 1 1 r ■ 1 qu'en la mer
bort du lac les vaifleaux a l endroit que luy auoient enleignc
fes guides , il y laifla Lconnat Se bon nombre de foldats , auec oec
vnc partie des vaifleaux : Se luy auec le furplus de la flotte
pafla la bouche delà ri uicrc, & entra en mer , trouuant ccflc
ifluc en mer plus facile de beaucoup que l'autre. Puis dépen-
dant au nuage aucc la gendarmerie qu'il auoit menée auec
luy, il cheuaucha par trois îours fuiuant touflours la coftede
la mer: contemplant la fltuation des lieux, fil y auoit point
de goulfe, ou de haures pour retirer tes vaifleaux en feuretc,
au cas qu'il furuinlt quelque orage fur mer. Il feit auffi faire
des puis en beaucoup de lieux, dont on peufl: fournir d'eau
fon année de mer. Apres cclailfen retournaà fes vaifleaux:
' &dc làrctourna à mont la riuicre droict à Pattala:duqucllieu
il cnuoya vnc partie de fon armée à la colle de la mer, pour
aider à ceux qui y bcfongnoiët. Puis retournant au lac, il feit
I ii;
i?4 ARRIAN DE L'HISTOIRE
faire de nouucaux hautes, & d'autres balii m es pour retirer Se
garrcrlcs vai fléaux. Er après y auoir eftably garni fon,côrna n _
dade munitiôncr Farmce de mer de grains & autres promfiQ S
pour quatre mois.IIdônoit ordre auxehofes neceffairespour
faire voile,quâd il ferait tëps, d'au tant que la faifon ou il effort
n eitoit pas propre pour monter fur mef,! caufe des vcnsEte»
fïcnsqiu viennent de vers la mer & du collé du midy,&nc
faillcnt iamais en cefte faifon dol'anncc. Et ti ent on pour tout
feun que lamcr Occane eft bonnaffe &fort nauigahleeri ce
pays la, depuis le comniaucement de l'hyucr , c'eft à dire, de-
puis que les Pléiades font abauTees , iniques aulolfticc hyucr-
nal : par ce qu'en cefte faifon la f'eflé uc va vent doux , qui fort
& procède de la terre , mouillée des grandes & fréquentes
pîuyes, qui cft fort propre, pour la nauigation tant à voiles
que à rames. Etdefaitt Nearch ,qui auou le gounernement
de la flotte, n'attendoit autre choie que la venue de ce temps
là. Cependant Alexadre parnt.de Pattala, pour aller auec Ion
armée gaigner vne nuicre qui l'appelle Arabic.Q1.1and il y fut
arnué, il prit auec lu y vne partie des Aigyrafpidcs,dcs gens de
treef, &: des bandes de ceux qu'on appellent Ailctcnens, &de '
la gendarmerie des amis , vne cornette de chafhm régiment,
de la caualerie,& tous les archers a .clicual,& tiradroiûàla
m cr,p r en a n t fa n c h c m i n à m ai n ga u c h e,ta n t p o u r y fa j refaire
des puits en pluficurs endroits.pour feruir a l'armée oui v paf-
dital hbtes. ^O^paxapîcSj que pour aller furprcndrcf'ii pou u oit les Qf-
tains, qui lont gens viuants en liberté & franchilc de tout
temps Si ancienneté :lcfquels ne i'eftoiem mis en aucunde-
uoird'vferd'honneffeté entiers luy, n y en u ers fon armée. U
Arabiuin». don lia à Epheilion la conduicle du (urplus de fon armée. Or
les Arabitams qui pareillemët font libres , & ne rccognoiiîait
aucun Roy ny Prince pour fupencur, & habitent fur cefte ri-
uierc d'Arabie, voyans qu'ils nettoient allez forts pour faire
telle à Alexandre, & n'efloicnt pas aidfi délibérez de l'afîuie-
ûirioubsfapuiiïance : fnoft qu'ils entendu cm qu'il appro-
choit,îe retirèrent à des defeits. Quoy voyant Alexandre,
pafle
Arabie fleu-
ue en Jndie,
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI. i SS
parte vifremcntlariuicre,qui cftoi: cftroi£tc &:dc moyenne,
profondeur. Et après auoir cheminé toute vne nuidt fans re-
Ipferen façon quelconque, -Scpafsc la plus grande partie des
gefertSjitatriua au poinctdu lotir en payscultiuc & habité.
Alors il commanda aux gens de pied de fuiure: & mettant fa
cauaknecnbataillcpartrouppes, faifanr crtendrelcs rangs à
fin que fon armée peuft tenir d'au an rage de pays , il entra de
grande furie dans le pays des Oritains. Dont yen eut grand
nombre de taillez en pièces de ceux qui auoient pris les armes,
Èc beaucoup de prifonniers. Cclafaict, il fc campa joignant
vne petite riuicre qu'il crouua. Puis h tort: qu'Epheftion fut ar-
riuc, il entra plus auât en pays. Quand il fut arriué a vn bourg
qui fappclloit Rambacia, qui eftoit le plus gros déroute la
côtree, Lifuuation du lieu luy aggrea fort : & luy fcmbla bien
commode pour vue grande & riche cité, y faifanr mener vne
colonie. Et de fai£f donna charge à Epheftion d'en faire ba- ûckk AlJ
ftirvnc. Puis prenant derechef vne partie de fes forces, alla xan&eau*
courir le pays veilin des Gcdrofiens & Oritains: où l'on di- {v'. s des
r n ■ n >» *r t i -i ■ Oritains.
foie y auoir vn lieu fort enrôler a palier. Le bruict couroit Gcdrofiens
que les Gcdrofiens & Oritains feffcoicntcapczcn ce dcftroicl, appelez par
commegens qui eftoicntbicn délibérez de garder le partage, mefmcmcnc
Et véritablement eftoient ils en bataille, & tous prefts à com- p» Arnan,
battre : mais fi tort: qu'ils curent dcfcouucrt de loing les Ma- g Um mm!L
cedoniens approcher, !a plufpart d'eux f'cfîrovcrent de forte, ne les Gc-
qu'ils abandonnèrent le dcflroicî des montaignes,& fe retire- o^u"!^
rent . Dont les capitaines & chefs de 1 armée des Oritains dc-
mcurcrcntbicn ertonnez : & eftimerent que c'efloit le meil-
leur pour eux, d'aller vers Alexandre, &c fc rendre à fa mercy ,
enfcmblc leur pays: ce qu'ils feirent. Alexandre les aiantrc-
èèos, leur enjoignit de renuoyer tous ceux de leur nation,
qiiicftoicntenarmcs,à leurs maifons: Se qu'il ne leurferoit
fai£t aucun dommaige, li ainli faifoient. 11 leur donna
pour Satrape &c gouuerncur Apollophane: 6z commanda à
'Lconnat l'vn des gardes de fon corps, auec les Agrians, &c
vue partie des gens detrect à chcual,&. autres à pied, Si les
«fi ARRIAN DE L'HISTOIRE
Grecs qui eftoient à fon feruice, de demeurer à Ores, iufques
à ce que la flotte euft paffé celte contrée : pour donner ordre
à faire peupler & habiter la ville : Se rendre les affaires des Ori-
tainsen tel cflat , qu'ils portaient honneur & obeiiïance au
Satrape. Luy aueclcfurplus de larme c ( car Epheftion eftoit
arnucaucc les autres compagnies) partit pour aller combat-
tre d'autres Gcdrohcns, prenant fon chemin par les defens.
Ariftobule raconte que en ces deferts crouTent des arbres de
Arbt« de ]vi vl - r h c plus haulcs qu'en aucun autre lieu du monde : & qu'il
Gcdrofîe, y en auoit en fi grande abondance, que les marchands Phéni-
ciens qui eftoientàlafuitte du camp pour trarkquer, eu em-
menèrent la charge de pluficurscheuaux. Ce qui leur fut fa-
cile, d'autant que les branches eltoient grofles & iamais n'a-
uoicnteftécouppccs : à raifon dcquoy,rendoicnt plus grande
quâtité de larmes. Le mtfmes Ariftobule recite, qu'il y a aulfi
-^"auan" " ^ orc ^ s glande quantité dcNard,dont leldits Phéniciens
uan cueilloicnt beaucoup : Se qu'il y en eue beaucoup qui fur fo«|
lé& gafté fous les pieds des cheuaux , par vue longue traicïk
de chemin : lequel remplit l'air d'vnc odeur fort douce jjf
fouefue. Et qu'il yacneores d'autres fortes d'arbres , entre
autres vnc certains efpece qui a les feuilles toutes fcmblables
à celles de laurier : & qu'ils viennent en des lieux où regorge
l'eau, quand la marce vient ; laqucllc,quand elle fen retourne,
les laillc à fec.Mefmemêt qu'il en croift en des goulfes de mer
d'où la mer ne bouge , lefquels toutefois ne fe pourriflent
point par lafaliuc. Qu'il y en a tels qui ont trente couldees
dehaut. Et qu'il aduint en cefte faifon-là que quelsquesvDS
fleurirent, dont la fleur eftoit femblable à vnc violette blan-
che, Se l'odeur fort délectable. Qvfily croift des tiges d'ef-
pincs fi forts & fî cfpincux,que fi l'vn f accroche à l'habillemct
d'vn homme de chenal, il l'aura pluftoft tiré à bas, qu'on ne
fen fera depeftre. Il y a bien plus. C'cftcjueiîvn héurc auoit
touché de fon poil à ces efpines, il y demeureroit , ny plus ny
moins que les oifeaux à ia glu , ou les poiftbns à l'hameçon:
toutefois ces clpines font bien aifecs àcoupper aucc le cou-
fteau.
ftcau.LVfpinc citant couppce,-! ttgct i grande quanti té de
fuc, 8c d aduanragt & pkniafj r« quenctatâ le ti^uicr, quand
on le couple au pi'uti-m-is. là L Alexandre ciuradans ic
p.iys des Gcdroii< as,; 1 \r vu chemin fort fakheux & périlleux
pour le défaut de beaucoup de choies , & principallcmcnt
d'eau, dont il aduenoit louucnt que l'armée cftoit en danger,
pour la loir qu'il fallait endurer : &c tftoit- on côtraioâ: à eaufe
dé cela daJicr pi elque touriùursdenuict. Il les conduifoit co-
ftoianttouiioursl.ï mer r pour veoirks lacs qui font auprès de
Jd mer: à fin aulfi de donner ordre aux munitions de fon ar- L'armeed'A-
mec de mer.failanc faire tan ton des pu its,en d autres lieux des g ran( j C p e ;'g
eftappes & marchez pour y achetter cequilcurfailoitbefoinj en laGedro-
& autres choies en d'autres hcux.Cefte marche des Gcdrofiês jjf*"*
cftoit toute de ferte , Se fans aucun labourage. Au moyen dc-
quoy il enuoyaTboas fils de Mandrodorc plus près de la mer
auec quelque piu de caualcrie, pour recognoiftre le pays,
S; voir l'il f'y uouueroit point d'aduenturc quelque haiirc
pour y faire ftiourner la flotte : ou de l'eau doulce,ou au-
tre chofe dont l'armée euft faute . Lequel eftant retourné
rapporta qu'il au oit trouué aucuns pefcheurs qui Jiabi-
toient dans des logcttcs, dont les murailles eftoient faites de
coquilles & efcailics de poiflons de mer agencées lVnc fur
l'autre :& la couuerturc d'arrcltcs de grands poiflbns aflèm- 2fflJdf
blees &: îoin&es l'vne à l'autre. Que ces pefcheurs auoient vn poiflbnï.
peu d'eau, mais à grande difficulté, laquelle ils tiroient fouif-
lans dans le fable : encores n'eitoit elle gueres douce. Et com-
me Alexandre en continuât fon chemin fut paruenu à vn lieu
du pays des Gcdroiic ns pluscultiué, Se auquel y auoit vn peu
plus de blcds,il feit charger tout ce qu'il en trouua fur des che- ^a« lîcb,c ^ s
uaux , & l'enuoya bien felic & cacheté de Ion fignet au riuaigc c "^ t & M *
de la mer. Mais ainli qu'on le menoitjes foldats pendant qu'il
eftoitallc à vn certain lieu proche de la mer, n'ayans dequoy
viure, fans auotr efgard au cachet ny aux defenfes qu'il auoit
fai£tes d'y toucher, l'en aidèrent, mefmes ceux qui en auoient
U charge. La faim faifoit qu'ils penfoient leur cftrepcrmis
K
iS 8 ARRIAN DE L'HISTOIRE
d'auoir moins d'cfgard au dâgcr, auquel ils fc mcttoicnt, d'en-
courir la difgrace d'Alexandre , que àia mort , qui autremcôt
leur eftoit certaine & prefente . Anfqucls Alcxand rc confi.de-
rantla ncccffité où ils cfloient, pardonna aifément. Apres
cela il pafla outre : 8c autant de viures qu'il trouuoit il les
faifoit par Crathee Cailatiân mener vers la mer, pour en fe-
counr ceux de fa flotte : Se enioignit à ceux du pays daller
charger autant de grain qu'ils en trouueroicnt au pays da^
mont, Si le moutdre : pour mener la farine en diligence aueç
le beftial, & des daftes, au marché plus prochain de la mer. H
cnuoya pareillcmcntTelephe , qui eftoit de la gendarmerie
des amis, en vn autre lieu , auec quelque quantité dcbleden
farine. Et-luy prit fon chemin vers le palais Royal du pays des
Para du Gcdroficns, qu'ils appellent Para, à laquelle il arriua deux
cnîa Gedroi mois a P rcs l" 1 ^ 1 " P art y du P a )' s Jes Ontains. La plu i part de
fie. ceux qui ont defeript l'hiftoire d'Alexandre, dient, que toutes
les peines gitrauaux qu'endura oneques fon armée à pafTer
l'Aile, ne font en force du monde à comparer à ceux qu'il lujî
fallut endurer en celle marche ; Se que toutefois Alexandre
fçauoitfort bien tous ces dangers: par ce qu'il en auoit efli
aduerty Si admonefte par ceux du pays, quand il entrera ce
chemin, & encores depuis qu'il y fut entré . Ce neautm'àîfcsii
refolutdepaflcroutre:incitéàce fure(ainfiqueNeai-çh feula
laiffé par efeript) par ce qu'il au oit en rendu que iamais capitai-
ne n'auoit entre dans celle contrée auec armée, qui en eu lira*
Smmnàs mené fes compagnies entières: que Scmiramis y auoit elle
^tdek°Ge~ auec ^ e g ranc ^ cs forces, Si en eftoit faillie à bien grande peine
jiofîe auec au ce vingt hommes des fiehs feulement: & que Cyr fils de
peu d'hômes Cambyfes y e fiant allé pour conquérir le pays d'Indie,«
groffbsar- eftoit efchappé auec fept hommes , qui demeureront en vie,
mets, reflans d'vnegrolfc Sipuiilante armée. Ce qu'eftant récite à
Alexandre auoit engendre en fon ciprit vue îaloufie entiers-
Cyr & Scmiramis. Pour cefte caufe dicl Ncarch Alexandre
auoir pris fon chemin pour retourner par celle contrée: &
•■aufïï afin de pouuoir fecourir fon armée de mer.- Celle con-
trée
D'ALEX. LE GRAND. LL VI. z 59
rrcc cftoit bruflee de l'ardeur du folcil , Se y cftoit on en gran-
dc peine, prinçipallcmcnt à faute d'eau. Au moyen dequoy
la plufpartdcrarmecy mourut: &prcfque tous les cheuaux
de lbmme Se de charroy.lls rèhcontroient parfois des tertres M a «9«>Vj*
ou petites motagnes de fables recuits Se bruÛez , où il u'eftoit l£ n j"
poiïlblc d aflèurcr le picd,ains on enfon droit dcdâsbien auat, cn Ia Gcdro-
comme fi c'euft efte de la bourbe ou de la neige. Pareillement Cie '
les cheuaux de feruice Se ceux du charroy , pour cftrc les che-
mins ainfi fafchcux, demeuroicnt lafTez &rccreus parmy les
champs.Edi de fe rafraîchir là n'y auoit point de moien (d'au-
tant que la difette d'eau les contraignoit maigre qu'ils en euf-
feut de cheminer): Se fils faifoicnt tant foitpeu de feieuc , cela 3Ute d '" u '
caufoit beaucoup de peine alarmée . Si, après auoir marche
toute la nui& } ils trouuoient le matin de tcàafk n'auoien t pas
tant de mal : mais auflî fil falloir paffer vn iour fans eau, famé
en alloit. Il y eu t beaucoup de cheuaux de fomme Se de char-
roy tuez par les foldats, à faute d'autres viurcs, delà chair def- Lej /blda»
quels ils alfouuirent icur faim pour quelque temps: Se don- "»%encl«Ki
noient à entendre qu'ils eftoient morts de foif ou de chaleur: euaux -
d'autantqu'il n'y auoit perfonnepour les defcouurir Se accu-
fer,eftansprefque tous cn mcfmc faute. Toutefois Alexan-
dre en eftoit bien informé : mais il eftimoit qu'il valloit
mieux diflîmulcrce qu'il en fçauoir, eftans les chofes en tel
cifat, que depaifer par deffus fins les punir, après auoir efté
attainfts&conuaincus.Etfi parmi toutes ces fâcheries quel-
ques vns deuenoient malades , où efloient las &: trauaillez , il
n'y auoit aucun moien de les mener plus auanr,pour la faute
qu'ils auojéc de cheuaux Se de chariots : lefqucls eux mcfmcs h^ktl
auoient laiflez parles champs, ne les pouuas mener parmi les deckarioy.
pbles.il y en auoit auflî beaucoup quiauoient rompu se brifé
leurs charcttes, auant que d'entrer cn ce chemin : à fin qu'ils
ne fu lient point contraints de laifler les plus courts che-
mins, pour prendre ceux qui feroient les plus commodes
pour le charroy , mais les plus longs. Et fi n y auoit perfonne-
pour conduire les malades, ny pour les attendre ou penfer,
K ij
l6o A R RI AN DE L'HISTOIRE
tant on preflbk chafcun de gaigner pays : car on cftoit fi at-
tentif àfauuérktouten commun, qu'on ne pcnfoit point à
fauucr ceftui-cy ou ceftui-là en particulier. Si aucuns traoa&r
lez d'auoir cheminé toute la nuift, cftoient fur le îour abattus
de fommeil, quand ils eftoient cfucillcz,f'tls auoicnt la force,
ils fuyuQicnti armée à la trace le mieux qu'ils pouuoicm: & y
en eut beaucoup de ceux là qui fetrouuansen des plaines de
grande eftenduc toutes couuertesdc fables , fans qu il y euft
Soliaa cf . aucune apparence qu'on y euft pafsé, non plus que lut la mer,
racz&pcr- après auoir longuement cheminé deçà delà, errants & va-
dus par les - ntSj demeurèrent là perdus ik. efgarcz, &'.y moururent. Il
Riruint encotes vnc autre calamité quafiaufli griefue : par ce
que quand les vents Eteficns ventent, la contrée des Gedro-
fienseft fort finette à la pluye, comme eft auffi le pays des In-
diens: non pas les plaines des Gcdroficns , mais prefquc tous
les lieux haults, efqucls les nues f'aifcmblcnt & diffouldent,
n'excedans pas le fommet des montaignes. Et comme ilcuft
afiîs fon camp fur vn ruifleau, où fc venoienc rendre les rau»
nés en temps depluye,enuiron la féconde veille de la nui et, ce
ruifleau ou torrent enflé des eaux qui dépendirent tout à
motion coup de toutes parts^fans qu'ils euffent rien fenty de la pluyej
camp mi f c desborda par la plaine par fi grande violence, qu il empor-
"T£ s ta beaucoup de femmes & enfans (qui auec grande peine fui-
en
mes
mes, enrans • r i l-, n. A
& bagaige. uo ient l'armée) auec le bagaige du Roy , Se ce qui ciroit de
meure d'autre bagaige &c de cheuaux de fomme 8c de char-
roy : les hommes mefmes eurent affez de peine à fe fauucr
auec leurs armes : encorcs ne les faunerent ils pas toutes . Il y
eneutaulfiplufieursquifcvoyans auoir l'eau à commande-
rn en t b c u te n t tan t qui 1s en m o u ru ren t. Qui fu t eau fc qu c de-
là en auant Alexâdrc ne logea plus fon camp auprès des ruif-
feaux,ains à cinq quarts de lieue pour le moins: de peur que
ceux quiiroicnc les premiers à l'eau fe cretuifeut de boire, 8£
leurs cheuaux aulïi : de peur auffi que fchalîants les hommes
& cheuaux daller pefle mcllc boire à la foullc troublaient
l'eau à ceux qui viendr oient aptes eux . Laquelle pouruoian-
D'ALEX. LE GRAND. LI. tt 161
C c d'Alexandre l'aycftimé ne deuoir cftre paltee foubs filcn-
çc , par qu'elle m'a fcniblé mériter d'eitre remarquée Se
Joucc, Comme aura" vn autre acfc que feit Alexandre parmy
ces deferts (autres veullent dire que ce fut au pays des Para-
pamiladiens)quifut tel. Comme formée d'Alexandre tra-
ucrfoit ces fablons bruflant de l'ardeur du foleil, pour gai-
gner vu lieu auquel y auoic de l'eau, Alexandre îa foi: qu'il
fuft fort tourmenté, comme les autres, de la foif, cencant-
moins il conduifoit f armée, .bien quaucc grande peine, AlexaDilt
cheminant à pied, à fin qua l'exemple &l imitation de luy, cft exemple
comme il aduient ordinairement en telles affaires,les capi-
taines & foldats en du raflent plus patiemment les trauaux &C
moleftes. II aduint ce pendant que quelsqucs vus de ceux
qui ciloientpluslegcrcment armez feftans vnpeucfcartezde
l'armec pour cercher fils trouueroicnt de l'eau quelque part, ©
U'ouuerct de fortune dans le creux dVn fofsé, vne petite fo ur-
ce de fontaine toute bourbeufp , où ils puiferent de l'eau dans ^
vn morion,& tout- cour ans l'apportèrent au Roy, comme Kc à Alc . £ .
vn bien grand & fmguhcr piefcnt . Lequel l'ayant receue de dans va
peur qu'il ne fcmblait qu'il n'en feift cas : après auoir loué Se munon -
remercié ceux qui la luy auoient apportée, afin d'ofter l'opi-
nion qu'on euftpeuauoir , qu'il n'euft penfc principalement
qu'à & fauucr, en la prefence de tous la verfi à terre . Cc qui
donna autant de courage aux foldats que fi de celle eau refpâ-
due toute l'armée cuireftc raffafice. Lequel faite d'Alexandre
ietrouuc grandement louable, tantàcaufe de fa tolérance,
que pour l'exemple qu'il donna de bon 5£vray capitaine. Ou-
tre les mauxfufditls, il aduint que les guides des chemins, à Us iieg
caufeque lèvent au oit effacé les traces Se pas imprimez dans p Cr dcr tome
les fables, dirent qu'ils ne cogiiomoicnt plu s rien au chemin . ^Sg^
Et d'auoir addreife pour remarquer le chemin par des ar- minSi
bres, ou quelsques coftaux de montaignes fermes &: arrê-
tiez, il n'cftoit paspolfiblc:par ce qu'on n'en voyoit pas va
fcul de quelque cotte qu'on euft peu regarder: &: fi les habi-
tans de celte marche noblement point le cours,lc tour,du fo-
K iij
26i ARRIA'N DE L'HISTOIRE
Icil , ny des cfroillcs & planètes la nui£t, comme font les nau-
toniers les deux ourfes:à fçauoir les Phéniciens lapctite i& .
tous autres la grande . Alexandre fc voyant reduitl en cèfte
perplexité , après auoir longuement penfé en foy mcfmçs
efiima que le meilleur cfloit de prendre le chemin à main
gauche : & de faitt il tira de cecofté, & piequa deuant aucc
quelsques hommes d'armes, qu'il choihtparmy les croupp cs
Lapluipartdclqtielseftans demeurez parmi les champs , leur
aians defailiy leurs chenaux à canfe de la grand e chaleur, il ne
laiiïà de pourfuyure fon chemm : & arriua à la mer , qu'il ni-
uoitplusen fa copagnie que cinq homes. Là faifam fouir das
la gréueil trouua de l'eau douce & bien nette. Et y conduit
fon armée , laquelle ayant de l'eau à commandement f'y ra-
fraîchit fclpacc de fcpt iours. En ce lieu les guides recogneu-
9 rem leur addre/Tc, Scmonitrercntpar où il falloir aller pour
palier outre. Alors il commença à faire marcher i'armee vers
la t err c . Et qu an d 1 1 i h t pa ru en u à 1 a vil 1 e cap i cal e d es G e dr o>.
fioïïSji donna îoîhr aux foidats,qui n'en pouuoicn t quaii plus,
Apolbpha- ranc l]s c ^knt hffez, de fe repofer & rafraichir ; &priua
ne (-riué du Apoilophane { lequel il auoit eftably fon lieutenant gênerai &
mZ ddt g° uuerncur de Ia pL-ouince ) de fa dignité, pour autant qui!
f efloit pas bien acquitté de fa charge : & meit Thoas en fa
Thoasmis phee. Lequel eftant mort d'vne maladie qui le prit , entra eti
au lieu d A- f i- cr ■ ni 1 r, , "«vu
poîlophane, lon llcu ^lyne,qui auoit efte auparau3nnnfticue par Alcxan-
puis luy dre Satrape de h Carmanic. Mais eftant la Carmanic baillée
raoît.Sifyi- paf Alexandre à Ncoptoleme fils de Pychophanc, ileutlc
Ncoptolcmc goiiucrncmcnt del'Arachotic, Se de laGedroiic. Le Roy ne
fXcS fair ° 1C q uede P anir po^ thxr vers la Carmame, quand il re,
nie. ccut les nouncllcs que Philippe (lequel il auoit iaifle pour fon
Mort de lieutenant gênerai en In die ) auoit cité tué, par la trahifondç
l 'P* 6 ceux qu'il auoit à fa fouldc : Sz que ceux qui auoient faiâ le
meurtre auoient eltéarreltcz prifonniers par les Maccdoniés
qu'il auoit pour fa garde , partie fur Je fai£t& crime flagrant,
partie depuis le meurtre commis. Ces nouuelles entendues,
il cnuoya en diligence lettres en Indie à Eudemes 8c à Taxile:
parlef-
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI. 263
par lesquelles il leur mada qu'ils euiïentàprcdrelegcuucrne-
BK'ntdes pays Se côtrecs,qui efloient fous Philippe, jtjfques à
ccqu'ily euftaucrcrnêcpouruci.i. Eîtant Alexâdrc en Car ma-
n ie, Cratère y arrma aucc lefurphis de l'armée Se les clephanSj arriu! ; cn
& Ordon qu'il amena prifonnicr,pourautât qu'il auoit voulu Carmâoie.
tendre à quelque nouueauté & châtremenc d'eftat: Se de faicT: ,° rJo " pn "
auoic taict des actes dercuoke. Vmdrct auih le trouucr la S ta- ewfc de rc-
fanor Satrape des Ariens Se Zarâgiens; Se pareillemct Phanf- bcilion.
maries fils de Phratapherncs Sarrapc des Panhcs &dcsHyrca-
niês : yarriucrcrfcmblableméclcs capitaines & chefs de bades
qu'il auoit laiiïez auccParmcniô en la Medie: qui eftoiët Clc-
andcr,Sitalces Se Hcracon,qui ameneret aucc cuxgrâdnôbrc
de gens de guerre. D'encre lefqucls il feit exécuter à mort clcander &:
Cleander & Sitalces, qui furent chargez Se conuaincus , non Sitaicoi exe-
feulcment par les habitans du pays , mais par les foldats mef- MurdèTS-
mes,d'auoir pillé Sdfaccagé des tcmples,volé les anciens orne- offiras, &
mens, 8c d'au oir commis plufîcurs conciliions & exactions à aatrcs ex f e7 -
p*ir vux co _
l'endroift des fubiects. Et feit faire iuftice d'eux , pour cftrc mis.
exemplaire à tous ceux qu'il laiilcroit en ce pays là aucc char-
ge, eifat, office ou corn million . Cefta&cfcruit de beaucoup
pourcontenirendcuoir les peuples Se nations } qui auoient
cité tanc de leur bon gré, que par puiffanec d'armes ioubtnis à
l'obciiTancc d'Alexandre : combien qu'il y cn euft beaucoup,
Se fi fore efloignez les vus des autres. Hcracon cichappa pour Heraconc5-
cclrcfois la condcmnation : mais il furpeu de temps après ac- diné 3 niorc
pufé&attainâtpar les Sufiens d'auoir volé & pillé leur tem- pl^lé le tem-
ple : àraifondcquoy il y eutiugcmcntdemorc donné contre pie des Su-
luy.Staianor Se Phratapherncs auoient amené grand nombre iieas '
de chenaux de charroy Se de chameaux à Alexâdrc, ayans en-
tendu qu'il trauerfoit lepays des Gedroficns: penfans bien
qu'il auoit grandemêt faute de cheuaux de fomrae Se de char-
roy.Les ayant faicî venir deuât luy,il les départit par les côpa-
gnics aux capitaines Se foldats . Il yen a qui aifeurent (ienc L'audicur ne
fuis pas d'accord pour ce regard auecques eux) qu'Alexandre j™'^ 3 " 01 "
_palfalaCarmanieaucc fpnarmcc diiloluè'&dtsbordcç,luy çc^ia^.
Ctic iîu parta-
ge d'Alexan-
dre par la
Carmanie
en voluptés
S^diffolu-
tions.
Dont procè-
de ci* mot de
triomphe.
Peuccfhs
faiâ gai de
du corps.
Gardes du
corps d'Ale-
xandre fept
homes, auf-
quelvilen
adi oufte
vn.
Ncarcîi auec
l'armée de
met arriuç
en la Car-
manie.
264 ARRIAN DE L'HISTOIRE
citant afïïs dans vn pauillon drefle fur deux chars ioin£rs cn-
femblc: aianc auprès de luy les plus fauoris , & enuironné J e
toutes parts de muiiatns, dont lesvnsfonnoicnt des inftm,
mens, les autres chantoient des chaulons lafciues •.cftaos par
lcsrues & chemins appareillées toutes les choies de plaifir&
devoluptéparlcs Carmanicns . Et que cela feit Alexandre à
l'imitation de Bacchus. Lequel comme on diloit, à fon retour
de l'Indic, qu'il auoit conquife, auoic trauerfe vne grande par-
tic de l'A lie en celte manière, & que ccftuy Bacchus auoit efte
appelle Triomphe; dont les pompes & magnifiececs que Ion
faiiStpourauoir gaigné quclsqucs victoires , auroicnt pris le
nom de triomphe. Mais ïamais l J tolomec, ny Ariitobulc 5 ny
autre au t heur fidèle, qui eu peuft certainement parieijn'cfcri-
uit cela. Et fuffira que l'en ay touché vn mot côme en panant,
& remarqué cllrc choie indigne d'eftre creuë. Anitobulc ré-
cite bien, qu'Alcxâdrc pour la vittoire par luy obtenue cotre
les Indiens, & pour auotr ramené ion armée de la Gedrofie,
ordonna des icux de pris pour la mufique, & d'autres encorî
la courfe : qu'il rendes taenfices^pour redre grâces aux dieux:
&: qu'il donna vue place de garde de fon corps a Peuceftas, le-
quel il auoit délibéré auparauant faire fon lieutenant gênerai,
éi gouucrneur de la Perle : mais auât que le pourucoir de eeft
cftac il le voulut gratifier de celle place, pour tefmoignagede
fa vadlance& fidélité : pour ce que luy eltant tôbé, & en dan-
ger de more au pays des Mallics,il l'auoit couuert de fon efeu,
& i'eftoit iettéaudeuant dcluy,& par ce moyen luy auoit fa u-
uclavic. De ce temps là, Alexandre auoit fept hommes pour
gardes de fon corps, que l'on appelloit en terme Grec Soma-
tophy laces. Ceux là cftoient LconnatnIsd'Antce,Epheltion
fils d'Amyntor,Lyfimach d'Agathocle, Arifton de Pifee,tous
de la ville dePella: Perdiccas fils d'Orontes, d'Orcftis : Ptolo-
mec fils de Lage, & Python de Cratère , qui eitoicni Eordcn-
iicns :aueclefqucls fut mis Peuceftas pour huidfrérnc. Pen-
dant ce teps, Ncarch General de la flotte du Roy, après auoir
defeou uert Se vifitc les marches des Oritains, des Gcdroficns,
& des
D'ALEX. LE GRAND. LI. VI. z6$
gr des Ichthyophagcs,eftoit venu furgir en la cofte delà Car-
jnaine. Dont ilpartitauec peu de compagniepour aller trou-
ver Alexandre . Auquel il feit vn difeours des chofes qui
cftoientaduenucsen leur nauigation : &: raconta de poincl:
e n poinct tout ce qu'il auoit vcu. Il fut incontinant renuoyé à
lanotte,pour tirer fur la cofte des Sulians:& de là aller iufqucs
àlabouchcdelariuieredu Tigre. Comme il nauigea depuis
lariuierc d'Inde iufques à la mer Pcrfique , & iffue du Tigre
en mer, ielcdeduiray àparr,oùicfuiurayNcaiThluy mef-
mes : duquel fetrouue encorcs auiourdhuyl'hiftoirc d'Ale-
xandre eferite en langue Grecque. Cequeicfcray peut eftre
à la fin de celte hiftoirc, Û l'enuic m'envient, & l'opportunité
fe prefente . Alexandre enuoya Epheftion de la Carmanic au
pays bas de Pcrfc vers la merauec vne partie de l'armée, les
cheuaux de charroy, & les éléphants, pour y pafferl'hyuer:
par ce que cefte région là en temps d'hyuer,à caufe qu'elle eft
pres de la mer , eft plus douce 8c tempérée : par ce aulfi qu'elle
cftoit riche 8c abondâte en viurcs &c autres chofes nccclfaircs
pour vne armée, Luy ce pendât auecles plus agiles 5c di (ports
des gens de pied, la gendarmerie des amis, 8c vne partie des Vadrgiiti
gens detrciEt , fc meit en chemin pour aller aux Pafargadcs de de
Pcrfe.renuoyant Stafanor à fon gouuerncment. Quand il
fut entré dans le pays de Pcrfc, il n'y trouua pas le Satrape
Phrafaortcs: par ce qu'il cftoit decedé par maladie, luy eftant
encores à la conquefte des Indes. Mais en fon lieu Orxines
tenoit la place de gouuerneur: d'autant qu'après le trefpas de
Phraiàort cs,autre que luy n'auoit voulu prendre la charge du Barpxes
u pays. Arnua aulh vers luy aux ralargades, f e s compJi-
Atropates Satrape delà Mcdic, qui amena auccluy Baryaxes « s ««uti
Medois pieds Se poings liez, chargé de f eftre voulu emparer ^^''dercî'
du Royaume: 8c de fai£b auoit porté la Cidarc droi&c, c'eftà bdlion.
dire, vne certaine manière de chapeau, que fouloient por- ^f p 3 ^ u drc ^
icrlcsRoys de Pcrfc: 8c auoit faict faire commandement à fouloient
tous, à cry public, qu'on euft à l'appcllcr Roy des Medois 8c ^° o ""j"
des Pcrfcs : 8c encores d'autres autheurs 8c complices de la e
L
i6S
ARRIAN DE L'HISTOIRE
cjnc fepul-
chre de Cyr,
rcbcllion aucc luy. tous lefqucls Alexandre feit exécuter \
mort. Il fut marry plus que de toute autre chofe du forfait!;
énorme aduenu au fepulchre de Cyr : lequel Anftobule re-
SepulchreJe cite auoir efté prophané Se pillé. 11 en eferit en celle manière;
Cyr violé Se H y a aux Pafargades vn fepulchre dans les iardins du R 0 y :
riilc ' alentour duquel cft vn bois efpois & ombrageux planté de
toutes fortes d'arbres: où va tomber vn ruiffeau par des ca-
Defcription naux > *~ ur lc % uel s l'herbe cft haute de part 6c d'autre . Qu c j c
du magnifi- bas de ce fcpulehrc cil baily de pierres de taille , & le bafti-
ment carré : au haut duquel y a vnc forme de petite chapelle
couuertc d'vne vouke de pierre ,dout la porte eft il eftroicte,
qu à peine vn homme de moienne taille y peult il entrer. De-
dans cefte chapelle y a vn cercueil d'or , où cft gardé le corps
de Cyr, fur vue lïclicrc fouftenue de pilhers d'or, ouurez d vn
fingulier &c admirable artifice. Elle cft tendue de tapifferics
Babyloniennes à l'en tour, ^ par bas de drap ccinft en efear-
latte, & fut eefte lichcre y a vn candys.qui cit vnc robbe
Royalie, efteudu, &c d'autres accoufïrements & ornements
du corps de la façon de Baby lotie. Outre cela, de longs ha-
billcmens fort riches tcin£ts en pourpre, 8r autres d'autres
couleurs. Des colliers d'or aufïî , des bratfclcts , dese/pees:
des bagues à pendre aux oreilles & autres loiaux & ba-
gues d or ennchiz de pierreries. Il y aaufïi vne table de gran-
de valeur. Auprès de lalitticre,les armes & harnois que Cyt
fouloit portcr.Et tout au près de là y a vnc maiiun balle, pour
loger ceux qui ont la garde du fepulchre, allant celle charge
deperc en fils. Aufqucls ell diilribué par le commandement
des fuceefleurs à la couronne, par chafeun îour vne ouaille,
& certaine mefure de bled & de vin , & vn cheual par chafciiû
mois pour en faire facrificc àCyr.L'epitapbc efluit elcriptca
lettres Pcriiques de telle lubftance : O homme monel,Ieitp
ceftuyCyr fils de Cambyles, qui ay eftably le Royaumeutt
Pcrfes, Se commandé à l'Afie . Parquoy ie te prie, ne mepor-
te point d'enuie, àcaufede cefte remembranec. Des le temps
qu'Alexandre desfeit les Perles , il auoit fort grand defirde
voir
Garde dufe
pulchrc de
Cvt.
Epitiphe
is Cyr.
D'ALEX. LE GRAND. LL VL ■ i6 7
voir ce fepulchre de Cyr. Eftât dôc entré dedàs,troutu qu'on
auoic mut defrobé, fors le cercueil 8c le lift. Et qu'on n'auoit
pas mcfmcs pardonne au corps de Cyr: car on auoit ofte la
lame de deilus le cercueil: & auoit on ietté le corps dehors,
«ourcoupperfic arracher for du cercueil: mais les larrons
Lyans qu'ils n'auoient pas moicn , ou du temps affez pour
Upoaa le cercueil àcaufe de fou cfpcflcur & pefanteur,
Cent clic contraints de le laiffct là, de peur d'eftre pris fur
le faid.Le meimes Anftobute récite, qu'Alexadrc luy donna At iAoWc
la charge de faire refaire 8c réparer ce fepulchre: & que luy «g*
mefincs r'amalTa ccqui'rcftoit du corps de Cyr, Sdcremeit xandrc g&ï
dans le cercueil , qu'il couunt d'vn tapis , après l'auoir faid «g**,**
refaire 8c recouunr : Se qu'il enrichit le lift de couronnes,*: ^
autres ioiaux tels que ceux qui y cftoientau parauant: 8c y
en meittout autant K de mefmc valeur que les premiers: Se
que cela faift, il feit murer le petit huis de la chapelle aucc .
des pierres & de la chaux , en forte qu'il ne paroiiloit pas
qu'il y cuit eu iamais huis: puis y appofa le cachet du Roy.
Ce temps pendant Alexandre courroucé pour l'enormite du
faia,feitconftituer pnfonnicrslcs Magiciens qui gardoient
le fepulchre: 8c leur feit donner la queit ion, pour fçaùoir qui
eftoicnt ceux qui auoient violé Se pillé ce fepulchre. Mais ils
ne confièrent rien ny d'eux, ny d'autres perfonnes. Aufh
n'auoient ils point cité chargez par la dçpoution d aucun tei-
moin,ny autrement conucincus d'auoir commis lef.net: au
moien dequoy Alexandre les feit élargir . De là il alla au pa-
lais Royal de Perfc, lequel âinfi que nous auôs dit cy demis,
il auoit faift brufler quand fty alla prcmicrcmentxeque iene Alntandre
trouuay iamais bon : auflfi luy mcfmes à fon retour en tut niMrv a'i-
marry. En cclicu Orxmcs, qui auoit commandé en Perfc jgjg*^
après le decezdtPhrafaortcs, futaceufé de pluficurs crimes : his Rovd
d'auoirpillé des temples, violé Scbrifc des lepulchres, Se d'à- de Perfc.
uoircômisbcaucoupdeconcumonsSe autres malucrfations
en fon eltat, à l'endroit de pluiieurs particuliers de la Pcrfe, J™"f*
dont eftant conucincu, fut pendù au gibet. Et fut mis en fon ça&genèa.
L ii
Z 6$ ÀRBJAN DE L'HISTOIRE'
Peuceftas lieu Peuccftas,à caufc du bon fcrui ce qu'ilauoit fai& chez les
f eftac ™oï Malliens. Lequel ( comme il cftoit de fa nature flattard, & nc
xinci, f'eftudioit que trop à aggreer & côplaire auxperfonnesjfi to ^
qu'il fut faiâ Satrape, pour mieux entretenir &c gaigner les
cueurs des Barbarcs,fcftudia d'apprendre la langue Perfiënc:
f habilla à la Medoife, ô£prit au furplus toutes les manières de
faire des Perfcs.Ce qu'Alexandre trouua fort bon ;&fe
refiouirem grandement les Perfesdece qu'ilauoit '
preferé leurs mœurs & façons de viure
à celles du pays où il auoit
pris naiflance.
i
FIN DV SIXIEME LIVRE,
z&9
SEPTIEME LIVRE
DES FAICTS ETCON-
O^v estes d'Alexandre
le Jrand, Roy des
Macédoniens,
V E i qv £ temps après qu'Alexandre .
fut arnué aux Pafargades , puis de là à
PerfcDûli , il luy prit cnuie d'aller def-
cendre à la mer Perfique par PEufràtc Se
le Tigre : & de voir l'iffue de ces deuxri-
uieres,ainfi qu'il auoit veu auparauant
celle d'Inde. Il y en aaufli qui cfcriucnt,
qu Alexâdre auoit délibère d'aller tour-
ner auecvne armée fur mer par la cofte d'Arabie Se d Ethio-
pie: pareillement de Libye Se Numidic,iufques outre le mont
d'Atlas Se le deftroift de Gibraltar, pour venir tomber en
noftremer : &c qu'ayant conquis l'Afrique 80 Carthage, il fc
feroit nommer Roy de toute l'A fie. Par ce qu'il luy fcmbloit
que les Roys des Mcdois & des Perles ne dcuoient point pre-
dreletiltre de grands, pour ne commander qu'à la plus petite
partie d'Afic. D'autres adiouftêt qu'il auoit entrepris le voya-
ge au Pont Euxin, pour aller faire la guerre aux Scythes
qui habitent aux marclls Meotidcs. Quclsques vns en Sicile,
&delàenl'Apouille: parce que la renommée des Romains
eftant défia efpandue en beaucoup de lieux,le rendoit ialoux,
& plusconuoitcux d'acquérir los Se gloire, Quant à moy, ie
L iij
z 7 o ARRI AN DE L'HISTOIRE
ne puis deuincr quelle eftoit fou intention : & quand ie I e
pourroy, ie ne feroy li hardy que de 1 ailcurer. OVnc chofe
puis ic bien, à mon aduis,aftcrmcr, quM n'eut jamais fantaifie
à chofes balles , & de petite importance: & que Jamais ne fe
Alexandre contcnt ' : à ce 0 i u l ' CLI ^ conquis,voirecuft il ioinfl encon-
infaciablc de tinuant fes victoires l'Europe à)'Afic,& à l'Europe l'Angle-
Titloircs & terre : mefmes que outre ce monde il en euft encor cerché vh.
««njucftes. aijtrC)OU autrc c j 10 f c c fl 0 ignce de la cognoillancc des hom-
mes. Et que quand il n'euft plus eu contre qui faire la guerre,
encores n'euft il pas cfic en paix aucc fon cfpnt mefmes . Au-
quel propos, on dict, que quelsqucs vns des faigcs d'Indie re-
gardans vn iour Alexandre & Ton armée ( ces làges ou magi-
^ ^ cicnsfouloiét viureaux champs àdcfeouucrt, fansmaifonnè
mânes d'hi- tc£t pour eux loger ) commanccrcnt à frapper des pieds ea
die. terre. Enquis d'Alexandre parles truchements, pourquoy ils
ftdeantâfdc fidoicnt cela, rtfpon dirent , que chacun poilede autant de
rené qu'il en. terre, qu'il en touche despieds en marchant: & qu'Alexandre
toudic eu t f to it tout tel que les autres hommes, fors que i'crnpefchanç
dune. & trauaillant de beaucoup dcchofes,ildonnoit de la pcineà
Lamortd'A- } uv a d'autrcs,voyagcant fi loing de ton pays : & que quand
diflepat ks ^ mourroit,qui feroir dans peu de temps, il ne poffed croît pas
Brachma- plus de terre, qu'il en faudroit pour cnlcuelir ion corps, Ale-
xandre a la vérité loua l'opinion de ces fages, comme bonncSc
vraye : mais le defir d'acquérir honneur & de fe faire grand, le
gaigna & tira d'autre cofté.On dift aufïî qu'il feit grand cas de
Diogenc de Sinopc, vn iour qu'il le trouua à Ifthme affis au
foledjSi ainli accôpagnc qu'il cftoit des bandes des Argyrafpi-
Propos en- dcs,&de fes autres gens de guerrejuy demâda i'il aucwt befoia
treAiexan- de quelque choie; AuquclDiogene refpôdit,qu'il n auoit faute
dre & Dio- J e nen : qu'il l e priait feulement de ne lu y point ofter fon fo-
^ Eae ' leil, lequel il luy empelchoit fe mettant au deuant . Dont on
peut uigcr qu'il n'auoit pas retiré fapefee des chofes que nous
eftimôslcs meilleures : mais, comme nous auons didt, la con-
uoitife d'honneur l'attiroit à chofes pires. Mefmes quand il
alla à la ville deTaxila, voyant quelsqucs vns des fages d'Indie
aller
D'ALEX. LE GRAND, LT. VII. 271
aller tous nuds, il luv prit enuic d'en mener aucun d'entre eux Les Brac ' J -
i , . - • main- vont
auecquesiuy a ion voyage, pour le tenir en La compaignic, ôi tous nuds.
vicr priuémcnt & taimlicicmcnt deluy,bicn esbay delcs voir
fi patients à endurer . Maisleplusaagé de rous,quic/f oit au/fi
lcmaiftredeccs fophiftes, Scie premier d'entre eux ( lequel ils
L appelloicnt Dâdanns) refpondit qu'il n'iroit pas auec AÎexan- bandaniii
L drc.&li ne donneroit congé à aucun deies difciples d'y aller. BMchmal*
»• Qj£ilcfl:oit fils de lupireraulrï bien qu'Alexandre, qui feledi- nés,
„ foitclfre :& qu'il ne vouloit rien de luy , fc contentant de ce
,, qu'ilauoit. Qinlvoyoit bien qu'Alcxâdrc, Se ceux qui alloiét
t . à la guerre auec luy, ne failoicnt point lî long voyage tant par
„ terre que par mer à bonne intêtion: & que à ce tant long &c ef-
„ garé chemin n'y auroit point d'illuc. Qjjjl ne dcfiroit rien
„ qu'Alexandre luy peuft donner : & ne craignoit point aulîî
„ qu'on luy donnait cmpcfchcment de ioyr de ce qu'il auoit.
, ; Qu'il le conrentoitdu pays d'lndie,lcqucl luy fourniroittou- -
„ te fa vie en chacune laiton ce qu'il luy taudroit. Etquandil Damîamis
„ aduïendroit par le vouloir des dieux qu'd mouruft, qu'il le fe- ^^L^
„ pareroit d'vn compaignon peu gracieux,c'cft à dire, du corps, riô de lame
Alexandre l'aiant ouy parler, rie le voulut pas prcllcr d'auan- <lauecvnco -
rr 1 i'i • 1 r r 1 paignonmal
cagc.le cognoiflant homme Uore,& qui diiuit franchement ce gracieux ,
qu'il auott en penicc. Toutcfuis il perfuada àCalan,qui cftoit <l uie flk
du nombre de ces fophiftes, de le iuiurc : lequel â ce qu en ef- cThn Bracb
crit Mcgafthenc , en fut fort blafmé des autres fophiltcs, n wne va a-
comme homme léger, qui laiffant la félicité, laquelle ils îu- ^ Akxao-
geoient eftrc entre eux, reueroit vn autre Seigneur ejuc Dieu.
Ilm'afemblé bon de recitet ces chofes en ce lieu, veu mcfmcs
qu'il cftoit ncccllairc en l'hiftoirc d'Alexandre faire mention
de Calao* Parce que,eftant en Pcrfe, il tomba en maladie, luy
qui n'auoit onques efté malade, & ne vouloit pas qu'on le pen-
faftnc medicinaft à la mode des autres : difant a Alexandre,
qu'illcroit bien heureux fil mouroit ainli,auant qu'il endurait
chofe, par laquelle il fuit contraint de changer la manière de
ymrc dont il auoit vfé iulques là. Quand Alexandre le veit
ainfi refoluj & qu'il n'eftoit polïible de le retenir en vie , il per-
i 7 % ARRIAN DE L'HISTOIRE
mit , ai n fi que Calan auoic demandé , qu'on dreflaft vn buf-
cher, duquel il donna la charge à Ptolomee fils de L âge garde
du corps . Il y en a qui afieurent, qu'Alexandre ordôna qu'on
luy feift vnc pompe funèbre : à feauoir d'hommes, &r de che-
uaux en armes: Se des gens pour ictter furie bufeherde l'en-
cens Se des parfums de toutes fortes:dc la vaifleile d'or Se d'ar-
gent, Se de latapiflencdu Roy: Se que à caufe qu'il, ne pon-
uoit plus marcher à pied luy fut amené vn chcual : duquclne
pouuant endurer le trauail, fut mis dans vnc licticre , couron-
né d'vn chapeau de fleurs, & chantant des hymnes & canti-
ques en fa langue vulgaire. Et qu'il donna le chcual fur lequel
il deuoit monter (qui eftoit Nyfien de race, de l'efeurie du
Roy) à Lyfimach, qui eftoit t'vn de ceux qui plus l'aimoient Se
reueroient pour fafagefle : c^diftnbua à ceux qui cftoient à
l'cntour de luy , pour fen aider & feruir , la vaifleile Se la tapif-
ferie, qu'Alexandre auoit commandé qu'on iettaftfurle buf-
HottdcCa- c h e r. Quand il fut monté fur le bufeher, il commança à re-&
gardci-l'armcc, puis Ce coucha , pofant Se agençant les mem-
bres le plus honneftement qu'il peut: ferlant ce temps pen-
dant Alexandre retiré delà, d'autant qu'il eftimoit luy eftre
mal feant de fe trouuer à vn tel fpcclacle , mefmcmcnc d'rae
oerfonne qu'il aimoi t.Tous ceux qui y afli Itérée furet erandc-
Conftance t. T. ^ * , t » ,
de Calan à ment etmcrueillez, quad ils v cirent que pendat qu il brulloit,
la lïioit, il n e fe r cm ua on question plus que fi le feu ne l'euft point tou-
ché. Lefcueftât mis au bufeher, Nearch dic~t,quelcs trôpettes
Se clairons commanecrent à fonner ( Alexandre l'auoitainiî
ordonnée toute l'armée à ietter de grands cris, comme on a
accouftumé défaire es batailles : &quemefmcslcs clephanct,
feirent des clameurs cfpouuëtables. Tout cela fefaifoit pour
honorer le trcfpas de Calan . Ces chofes Se autres femblablcs
ont eftcefcritcs de Calan, par autheurs graues Se dignes de
cnduTer^r ' IcfqueEes ne font point du tout inutiles à ceux qui ont
tes chofes. defir de cognoiftre, que le couraige de l'hômcpeult endurer
Retour d'A- toutes choies pour dures qu'elles foyent : voire, fil veut,
Sufe*. * cflre inuinciblc. Apres cela Alexandre partit pour aller à Su-
fes
D'ALEX. LE GRAND. LI. VU. z 7i
fes licenciant Atropatcs de retourner à fon gouucrncmenr,
Quand il fut à Suies il feit faire le procès à Abuhtes Satrape Afe
des Su fi en s, Se Oxathres fon fils, fut les cocu/fions, exactions Ox"tb"s c5
gc autres excès par eux commis, Se dont ils furent trouucz damnez à h
çoulpables,&: condamnez àlamort. Beaucoup de ceux auf- m0IE *
quels Alexandre auoitlaifsé le gouucrncmcnt des prouinces
& régions par luy conquifes ( à caufe que fon voyage d'Indie
durait longuement, gcpcnfoicnt qu'il n'en retourneroit ia-
mais, au moien des dangers quiyeftoient, tant pour rai fon Les gouuer-
des nations Barbares , & des gros flcuucs d'Inde, Hydafpcs , neiirs d«
Acefines , Hyphafis, aufquels il ne faudroit pas de fe hazar- f/^kne
der: quepourlepaflâge de la Gcdrofie, auquel les viurcs Se lesfuictspé.
autres chofes neceffaires luy feroient grandement faute) ^'^ ica "
auoient commis de grands crimes Se forfaits Se enuers les
temples des dieux, &:àl'cndroicT; desprouinciaux, qui eftoiét
de leurs gouuerncments. Véritablement Alexandre eftoit
defia deuenu trop facile à prefter foreiilc aux dénoncia-
teurs, iufqu es à punir griefuement des perfonnes pour fautes
bien légères: d'autât qu'il f eftoit perfuadé, que puis que ceux
là auoient eu le vouloir de commettre tels actes, ils euifent
bien peu faire pis , fi l'occafion fe fuft prefentee. Apres ces Nopc«d'A-
chofcs,il fc délibéra de célébrer les nopces,auccvn grand ap- ^i-ire&dcs
pareil, tant de luy que d'autres de fa cour, qui eftoi ent des ft'^"^^
plus proches delà perfonne. Et quanta luy il prit à femme l« dames de
en légitime mariage Barfiné fille aifnee de Daire : Se ( comme j^"^
tefmoigne Ariftobule J Paryfatis , qui eftoit la plus ieune des Alexandre
filles d'Och : ayant défia efpoufé Roxané (ainfi qu'auons ^°g^ B ""
dief cy deuant ) fille d'Oxyarte de Baclres : feit prendre à R Cy Dair£
Epheftion l'autre des filles de Daire nommée Drypeté, feur & ?®j&m
de celle qu'il efpoufok : par ce qu'il vouloir , à fin d'accroiftre Epheftion
toufiours l'amitié d'entre luy & Epheftion 3 que les enfans qui efpoufe la
viendroient de luy fuficntioin£ts de parenté auec les fiens. A ^"f* fille
Cratère il do nna pour femme Amaftrinc , fille dOxyarte Amitié d' a-
frère deDairc:à Pcrdiccas la fille d' Atropatcs Satrape des Me- leïan i*|®"
dois: àPtolomecgardeducorps&àEuraenesfeeretaired'e- fti oa F c "
M
m ARRIAN DE L'HISTOIRE
ftatlcs deux filles d'Artabaze 5 àfçauoiràceftui-cy Arracama,
à l'autre Artonis: Se maria Nearch a la fille de Spitamencs
Baanan : Se à d'autres de les rauorits donna en mariage d'au-
QMtrçyîgts ^ i u f t . acs au nôbrc de quatre vingts filles des plus grands
M? £ffi- Princes & Seigneurs de Perle Se Mcdie.Les nopees furent ce-
blcàmcfme x e t, rees à la mode de Pcrfc.On dreiïâ des lièges de reng àceux
10Ur ' qui deuoient efpoufcr : Se fut apprefté le feftin auec vn appa-
reils magnificence Royalle. Les tables leuecs on feit venir
les cfpouVccs,lcfqucllcs furent receuës par leurs maris, qui
les prenans chacune par la main les baifcrcnt: puis les aflirene
chacun la fienne auprès de foy: le Roy le premier: car les
nopees fe faifoient de cous enferablémét.Sioncqucs Alexan-
dre feit a£tc de bicnueillancc , qui fuft bien pris Se eftimé d'vn
chafeun, ce fut ccftui-là. Les matiez aiants receu leurs cfpou-
fecs fc retirèrent . Alexandre dota toutes ces dames. Et outre
les feigneurs dont nous venons de parler , qui prindrcaï
femme en Afic, il feit prendre Se cnrcgiltrerles noms d'au*
très, dont le nombre eftoic, à ce- qu'on dict, de plus de dijjjl
mil: tous lefquels Alexandre honora de quclsques dons SC
bienfaits, chafeun félon fon degré 6c mérite: à fin d'eftre
AksanJrc plus haultcmcnt pourucuz par maiiagc. Api es cela, à fin
payckstkb- de ne r i en obmettre en quoy il les peuil gratifier, il paya
de fes deniers toutes les debtes , pour lclquclïcs les fol-
dats eftoicnt obligez. Du commancement qu'il ordonna
qu'on Uiyporcaft vneftatdc ce que chafeun pouuoit deuoùy
il f en trouua bien peu qui voulfwênc bailler leur déclaration :
craignans que fous ce prétexte, il euft enuie de rcccrchet-
ceux, aufquels, pour la grande dcfpenfe qu'ils faifoient,, leur-
paye & gages ordinaires ne fuffifoient pas. Dcquoy eltol*
ïl e ft mal aduerty ] il les reprit de la deffiâljge qu'ils auoient deluy , leur
ftitàvnRoy aifant : Qtùl feroit mal feant à vn Roy d'eftre menteur en*
fèu^enuers ucrsfesfubiedls: comme il eft aux fuiefts de p en fer que leur
fcsfuicaT' Roylesvoulfiftabufer Scfurprcndrc. Puis il feu drcilcr par
tout le camp des bureaux, où il eftablit des threfoners Se
paveurs pourfatisfaue aux créanciers de ce qu'ils monftr**
r 1 1 r oient
D'ALEX. LE GRAND. LI. VII. h n
roientleur eltredcupar cedules, obligations ou promettes,
mclmcmcntdcceux qui n'auoicnt baille déclaration . Alors
oncreutquefans point de doute Alexandre auoit cnuie de
defchnrgcr ceux qui eftoient endebtez ,dont le bicn-fai£t&:
largededu Roy furent trouuez plus grands : ayanslcs Macé-
doniens plus aggreable ce qu'ils n'auoicnt point efté con-
traints de bailler leurs noms par eferipe . que le don & libéra-
lité du Roy. On diclquc pour faire ce payement des debtes
de fes gens de guerre, il desbourça bien vingt mil talens. Ou- J 0 ° u s ^JgJJ -
tre cela il feit de grands dons à beaucoup d'autres : aux vns fc -
Ion lereng qu'ils tcnoient,aux autres à caufe dclcur mérite &
vertu. Et à ceux qui furpaiîoient les autres en proiiefle Se vail-
lanufe, il leur donna la couronne d'or. En premier lieu à Peu- Les eapitai-
ccitas, lequel f'efloitmis au deuant de luy le couurant de l'efeu "^^5
dcPallas, pour fouftemr les coups que luy tiroient les Mal- pai°Akxaa-
licns, lors qu'il fut en danger de fa vie, eftant par eux aflailly dre -
de toutes parts. Secondement a Leonnat, qui luy auoit lau-
ué!avic,&fcftoitmis en beaucoup de dangers à l'cncontre
des Indiens, & auoit rengé à la raifon les Ontains & autres
peuples voifins qui auoicnt voulu tourner leurs robbes. Le
troifiémcfut Ncarchjcquclauoit efté fur mer,& aucc la flotte
auoit rceogneu toute la coite d'Iiidie: car ain/i que nous auôs
dicr 3 iIcftoitdeiia arnué à Sufcs. Apres luy à Oncficrit pilote
de fa nef. Puis après a Epheftion , se aux autres gardes de
fon corps, chafeun félon qu'il 1 auoit mérité." Ces chofes fai-
tes vindrcntvers luy des Satrapes, tant des villes qu'il auoit
faiclconfl;ruirc,qucdcs nations par luy iubiuguees: Se aucc-
ques eux enuiron trente mil ieuncs hommes de mcfmcaagc, Sgfc miI
armez Se dreflez aux armes à la Macédonienne : lcfqucls il mcsdePerfë
appelloitEpigoncs,c'eftàdirc,fucceflciirs. Les Macédoniens armez â ia
monflrcrcntcontcnanceden'efîrcpascontcnsdeleurvcnuc: MaeeJo1 "**
comme fi Alexandre cufrfaicT: cela à fin de nauoir plus que
faire à faduenir des Macédoniens. Ondiet auflîque les Ma-
cedoniensfcfafchcrent deecque le Roy auoit changé de fa-
çon d habits, portant le manteau à la Medoifc : Se que les fc-
M ij
ne.
ARRIAN DE L'HISTOIRE
ftins desnopces auoicnt cfté faifts à la mode de Perfe. Et cela
defplaifoit aufïibicn à quelsqucs vos de ceux aufquels il auoit
donné femmes que aux autres :ja-foit qu'ils pcnûffem bien
LesMaccdo; ^ mok cfl £ faQ. par l uy beaucoup d honneur , d auoir eftfc
«<£ÎS mariez fî hautement, Se auec pareille folennité de n opees^e
l es eftrSgas , mc f mC s lis fe fachoient aufh bicndevcoir 1 cuccitas Sa-
SÊaa- trape des Perfcs , Se en façon d'habits Se en parler Perfiz et :
die. d'autant mcfmcs qu'ils voyoïent qu Alexandre prenoit piai-
fîr à celte afieftation barbarefque. Pareillcmet ils trouuoicot
mauuai Sj quclcs hommes d'armes Baanans,Sogdians, Ata-
chotiens , les Zarangiens aufïi Se Ariens , les Parthes &
les Perfes qui font appeliez Euaques : au moins ceux
d'entre eux qui eftoient en dignité, ou qui furpaffoient les au-
tres fuftoupoureftrede belle taille, ou pour au oir quelque
vertu & excellence par defïus les autres , auoicnt efte reccuz
parmyla gendarmerie des amis : Se que augmentant fa caua-
lerie, il auoit reccupluficurs Barbares au cinquième régime!
de fa gendarmerie. D'auantage ils voyoient qu'il auoit mis de
la cornette Royale Cophcs fils d' A rtabaze, Se Hy darnes &
Artiboles fils de Mazce, Se Phradafmenes : Se encorcs outre
ceux-là d'autres fils de Phrataphcrnes Satrape des Parthes &
d'HyrcanieA Itanes fils d'Oxyartc fcfrcre de la RoyneRo-
xanè fa femme : pareillemct Egoharc atMithrobcc fon frère.
Aufquels tous il auoit ordonné pour capitaine Hydaipcs Ba-
ûrian, 5c leur faifoit porter des iauclines Macédoniennes,
au lieu de leurs dards S£ iauelots accouftumez.Ccqucles Ma-
cédoniens trouuoicnt fort mauuais : comme fi Alexandre
euft pris de tout poind les manières de faire des Barbares,*
fe fuft laîTé des Macédoniens, Se des mœurs Se façons de faire
Macédoniennes. Ceschofesainfi paffees , Alexandre depd-
chaEpheftion pour aller à la mer Perfiqueauecla plusgran-
Suf« à la départie de fon infanterie : Seluy auec des vaifleaux qu il teit
mn P ai la ven i r par terre fur des chariots à Sufcs, où il entra dedans,l'en
Sec. alla après par la riuicrc d'Eulee,auec les Argy rafpides, les ban-
des du Roy, Se vne partie de la gendarmerie des amis, tirant
J arnue
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIL % 77
arriuéaflczprcs de la bouche du fîeuue, il y lai/Ta les plus foi-
bles vaifleaux, 8c entra en mer auec ceux qui eftoient les plus
propres à la rame, &c nauigea iufques à l'entrée delà riuiere du
Xigre en mer. On feit entrer les autres vaifîeaux dans vne fof-
fe, qui alloit de la riuicrc^du Tigre iufques à celle d'Eulcc, SC
furent conduisis par cefte foiTe iufques au Tigre. L'Euphratc
& le Tigre, qui font deux fort groffes riuieres, bornent f Affy-
rie qui eft entre deux : dont, &mefmes par ceux du pays, elle Mefopota-
cûappellee Mefopotamie: Mais le Tigre eft plus bas & plus mie P ou L"
doux que lEuphrate: & reçoit de lEuphrate beaucoup de appeikc.
bras Scfoffes dans ton canal : par le moien defqucls il Penfle,&: j^^ îere
va tomber en la mer eftant bien fort gros : de forte qu'il n'eft °
gueablc en aucunlieu, d'autant qu'il ne fcftcnïî point par les
champs, &c ne fe diminue point à caufe des fofïes 8c lacs , car il
n'en faiâ point, par ce que les bords font hauts de coftè &
d'autre, & ne f'cfcoule point en d'autre flcuuc. Au contraire De PB|K
l'Euphratc a fon cours par des lieux hauts, & a l'eau pour la phrate.
plufpart aura" haute que la terre quelle abreuue. Beaucoup de
lacs font deriuez d'iccluy : dont les vus demeurent touûours
en eftar, 8c feruent bien à ceux du pays à arroufer 8c abreuuer
leurs champs : les autres ne demeurent que pour vn temps. II
tombe bien peu d'eau de pluye en ce pays -là : qui fu£t que ce-
ire riuiere fur la fin fe pafle à gué, n'y ayât pas beaucoup d'eau.
Alexandre aiantnauigc autant dugoulfe Perfiquc que con-
tient le riuage depuis l'Eulcc iufques au Tigre , il entra dans le
Tigre , pour aller trouucr Ephcfhon à fon camp . De là il tira
vers la ville d'Opis, qui eft affile fur le Tigre, faifant rompre, à
mefure qu'il alloit auant, toutes les retenues Stvaîlues qui
eftoient fur la riuiere: que ceux du pay s auoiet faiâxs de lieu à
autre, à fin que aucune flotte ennemie ne peuft entrer par là-
dans leur contrée: iomér que ces Pcrfes foiét peu verfez au na-
uigaige : & y en auoit en fi grande quantité, que la nauigation
en eftoit rendue difficile 8c facheufe . Mais Alexandre nef en
feit que rire, difanc qu'on cognoifloit bien par là, que ceux de
la contrée n'eftoient guetes bons guerriers : &c les feit rompre
M iif
a7 S ARRIAN DE L'HISTOIRE
fans grande peine. Quand il fut arriuc à Opis, il feit afTcrnblec'
les Macédoniens, &c leur deelaira qu'illicencioit tous ccux,q U i
àcaufedclcur vicillcffc , maladie , ou autre légitime empef.
chement , ne pouuoicn t plus endurer le trauail de la guerre :
Alexandre . j fâùoh congé de retourner à leurs maifons à tous ceux
licencie les 1 & v 4 i .
Macedoniés qui en auoient enuic. Et que a ceux qui voudraient de leur
qui fenvou- bon g rc demeurer, &f'habitueren ce pays- là,il leur ferait*^
:t0U1 " &de II grands biens, que ceux qui feu feraient retournez leur
porteraient enuic. Alexandre difoit telles &c femblables paro-
les tout publicqucment,penfant par cemoien gratifier aux
Macédoniens : ce qu'ils pr in drent tout autrement, & en fort
m au uai fe part, eûimans que le Roy lesauoit à mefpris & def-
dain . Il y auoit encores d'autres caufes de courroux Se
mcfcontcntcment , dont ja par pluficurs fois ils feftoient
fentyoffcnfcz: à fçauoir l'habillement àlaPerficnne : les ar-
mes, & cquippaiges de guerre à la Macédonienne baillez au*
ieunes hommes Barbares: & lamcilangc & côfuûon qui auoit
cftè fai6tc des compargniçs de gens de chenal cft rangers, -uiec
la gendarmerie des amis. Tellement que ne pouuâs plus tenir
Mutinerie caché ce quilsauoieot fur le cueur, demandèrent tous leur •
Jes Maccdo COQ gê, Et y en eut quelsqucs vns qui furent téméraires iuf-
ikLlT™ ques là , de dire , qu'il allait faire la guerre à les ennemis auec
fon pere, entendants parler de Ammon . Ce qu'entendant
Alexandre ( qui eftoit deuenu prompt à entrer en cholere, &
auifi que le hippon qu'il fe voyou auoir des Barbares qui lac-
compagnoicnt taupit rendu plus haultain , meimement à
fendrai a des Macédoniens) fe leua auec les capitaines qui
eitoient auprès deluy : &c feit prendre les autheurs de la iedi-
Remonftrï- tion, mourant auec la main ceux qu'il entendoit qu'on prift:
cesafpres de q U j f uicn t treize en tout, lefquels il feit exécuter à mon,
M«cdoni£r Apres cela , & que les autres bien cftonnçz eurent faid filen-
„ ce, il parla à eux en celle manière: Ce n'eft point pour vous
» deflourncrdu trop grand defir que vous auez,Macedonicn*
- d'abandonner le faitldcla guerre que ic parle maintenant à
,. vous : car ienc me donne pas grand peine que vous alliez ou
bon
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIL z 79
bonvous fcmblera, &r ne l'empefchcray en rien: mr.isàfïn
^quevous entendiez quel aefté le Roy l'hilippcmonperccy-
deuantenuers les liais, &moy après luy enuers vous: &' au
contra ire quelle rccognoiflincc vous nous en faites, par vo-
I ftrcii ioudain départ. Et en premier lieu ieparleray, comme
] a raifon le veult, du Roy Philippe mon perc: par ce que ça-il
„ eftéqui vous areceuz en fa protection Se fauucgarde : vous, ^ e ^°7 p,,î -
, qui citiez comme gens errants Se vagabonds, fans feu & fans d'Akxidre *
, lieu , panures ScnccclGtcux : dont laplufpartcftoient bergers ™' t s ir c ^ llo ."~
„ &bouuicrs,conduifans des petits trouppeaux de beltial,pour j cur u Ma-
„ lefqucls vousauiez toufiours la guerre contre les Efclauons, «Joine.
! TnbalIicns&Thraccsvosvoifins. Vous a çetirez des mon-
! taignesafprcs&rtcriles, pour vous faire defeendre Se viure
I és champs de labeur. Au lieu de vieux panneaux, vous a don-
. 'né le moien de porter robbes Se manteaux bien riches : vous
„ a equippez d'armes Scharnois . Vous ainftrui&s au fai&deîa
.guerre : de forte que vous citiez afleurez à l'encontre de vos
,. ennemis , tant par places fortes Se lieux de dcfenlc , que par
■ vos armes ^prouclle. D'aduantage il vous alogez dans des
.. villes: vous a appris que c'elt que de iuftice, police, courtoifie
» &rhonneftcté. A contraint les Barbares, defquels eftiez tra-
» uaillcz au parauant, auec leurs biens, cfclaues,parents Se amis
» d'eftt e vos hibictts Se afltruiz. A îoind vne grande partie de
» laThraccàl.t Macédoine. A conquis pareillement beaucoup
| du pays bas Se maritime: afin de vous donner moien de nc-
» gotier Se traffiquer auec les eltrangcrs. Et a tant laicT: que
. vousoftant toutela crain&eque pouuiez auoir de vos voi-
i fins, vous aucz peu tirer de terre des métaux , dont vous font
» venues de grandes richcffcs. 11 vous a faict auoir comman-
- dement fur les Thcflalicns que tant vous redoutiez au par-
« auant . Puis ayant iubiuguc les Phoccnfcs vous a rendu le
«paffaige en Grèce large Se facile, d'cftroiâ Se malaifé qu'il
» eftoit. Les Athéniens Se les Thebains, qui eftoient tous les
'vioursaux cmbulchcs pour furprendre la Macédoine, mar-
» ehcntauiourdhuy -en guerre auccques vous : Se au heu du
*8o ARRIAN DE L'HISTOIRE
rribut Sumpofînon qu'on leur fouloit payer m amtenant ils
vous pSnt P dc les laiffer viure en paix & ne leur rien demâ-
de toutitiuip ^, mrrrreaucC elarouroaftplusafonhon-
a n^P-^^^P; ?X d s MacedonieL . Ce font la
ncur particulier, qua « uy fai a s par le fe tt
les biens & faneurs qu vous ont ^ ^
Il H o°n l^aSorrer : mais fi on c*n *
comnamfon aucc les noftrcs, Us fc trouucront bien petits.
" CaTS « fuis venu à la couronne,fucceffeur du Roy mon
! ttouufe bien peu devante d'or fc dargent parmy
fes meubles : Se d'argent tnonnoyé 6s coffres de fon efpargnc,
" ? ™ efnSiote talents. Où il deuoit la fomme de cinq cens
" ÎC£ 'empruntay infques à huid cens ta-
" akmS • *ï fi Z Macedomedaquelle à peine vous pouuoit
! ^^X^oïs ouu>ellefpont,ap rï
. nouriu. t eftoicntpour lors maiûres fur la
- mer. connue). r Aumoicn dequoyiay annexe
- toutle piy d Ionl "" ,,T. s „„„ des Eoliens , des vns «c
" fwStevoftrë puiffance beaucoup d'autres nauonsfc
. feffion K ieffanec. Vous K »« Bab ylon Baû r» ,bui « L
„ richcffc S dc S Lydicnsfontlvous ; k S rcforsteU^^
. «cheuauce des Indiens : mefines ^™*™?«™ c £
„ lurè de tant de trauaux , que cefte couronne & «ft robbe
., depourpre^ le ne P offede ne en particulier, 5c ne feammt ^
D'ALEX. LE GRAND. U. VIL iti
monftrer que i'aye trefor quclcoque : horsmis ce qui eft entre
" v0S mains : ou qui eft en cfpargne referuc pour vous. Aufli ne
" m'eft il point de befoin d'en referuer pour mon vfagepriue,
" lant comme vous, & ne dormant point plus greffes ma-
" tinecs que yousfaiftes : voire , peut eftre vi-ic de moins ex-
" Lfia ifmndes viandcs,quenc faiakplufpart devons au-
" ? rcS .D'vncchofefuisic bien affairé, que ie veille plus que
; VO us 3 à fin que vous punlicz repofer à voftrc aife . Quelquvn
dira, peut eftre, queiay conquis tout ce que lay touche cy
deffù? à la fueur de voz corps, 8t au penl Se hazard de vos vies,
- fans quemoy voftre chef &c capitaine me fois fenty des tra-
, uaux* dangers. Mais qui eft celuydcvous, quipuiffe dire
aueeventé, qu'il a plus trauadlé fchazarde fa vie pour moy ,
-que moy pour luy i Or ça que ceux d entre vous qui ont efte
„ bleffez fia guerre", monftrent les cicatrices de leurs ^layes
. Kkmonftrcray pareillement celks des miennes Car Ion
verra qu'il n'y a endroit en toute la partie de deuant de mon
..corps,quifoitdemeurlentier,fansauoirreceuquelquecou P :
&nVa comme reftirnefortedebaftonsdeguarefoit acom-
. battre de loin ou de presse laquelle le n ay e cfte naurc, K dot
- U n'y au apparence fur mon corps. Il n eft pas lufques _aux
« coups d'efpee, que ic naye reccu : mefmemet i ay efteblefle Se
» meurtry de pierres 3c de leuiers : fans mettre en leu les coups
.. de trcas& de flèches. Voda les dagcrs.au fquelsieme fuis ha-
. zarde pour vous faire grands en honneur & rtchcfies.Dc tous
■ lespays&contrccs.montaignes.riuicrcs&mers ou levons
ay conduis ie vous en ay ramenez toufiours viSoncux.
- Fay célébré en vn mefmcs feftm mes nopecs & les yoflres;
- & ay côioina par proximité de lignage les enfans de pluiieurs
- de vous autres, auec les miens, l'ay foiu & aquitte les debtes,
- pour lefquelles vous eftiez obligez, qui eftoicnt grades outre
- la paye & gages ordinaires : combien que de tant de viaoïres
. - que nous auons obtenues , vous fuft venu vn grand butin U
- de grandes richeffes. Les couroncs d'or que i ay donees aplu-
" ficuts d'entre vous, fendront de tefmoingnage &c mernowe a
N
23 i ARRIAN DE L'HISTOIRE
.. iamais, non moins dubon vouloirque icvousay poiré n ue
„ de voftreprouciTe . Quand il cil more quelqu'vn en bataille il
» cft mort au lift d'honneur , 8c neanemoins fcsobfccjucs&cfQ,
». ncrailles luy on: cfté faites honorablement. A beaucoup
» d'eux ont cftcdrcffces en leurs maifons des ftatuè's &c images
Les pcies de cuyure: &a efté fai£t reft honneur à leurs percs & mercs
ceux "ui c! 1 U '^ S ont ^ faiRs exempts 8c afirâchis de tous fubfides, ira*
ftoiët morts polluons 8c autres charges publicques. Au relie il n'yaenco-
Sc^^t res P er * onnc d'entre vous.qui foubs ma conduicte,8c pendant
de fubfidès" q uc iayfaift la guerre, ait cfté contraint de fuir, 8c nef'èft
&impofi- veu mourir aucun àlafuitte. Et maintenant l'auoy tresbiëa
dclibcrédcrcnuoycr àleurs maifons ceux qui pour leur vicil-
» leiïé, ou pour quelque accident à eux aducnu,ne pcuuenrplus
•■ fuiurc la guerre : mais ic le vouloy faire auec libons 8chono-
•> rables appoinctemens, que ceux qui font demeurez oififsSc
» cendriers chez eux leur euflenc porté enuic. Mais puiiljucain-
»■ fi cft, que tous d'vn accord auez delibei^ de vous en aller, allcjj
» vous en tous, 8c portez les nouuelles à v.os maifons , que vous
■= vous en elles retournez, aiansabandôué voftrc Roy, lequel a-
» côbattulcsPerfcsJesMcdoiSjBadh'iansiicSicirs : a dontèîes
» VxienSj Arachotiens & Drangiens : a rtduidt foubs foirobeif-
- fance IcsParthcs, Chorafmiens 8c Hyrcaniens L.iqucsàla
" mer Cafpienne : lequel aiant trauerfé le mont d . Caucafe,&.
» les portes Cafpicuncs, & pareillement l'Oxe, Tanais , Inde»
que ïamais homme auparauanr, horf-mis Bacchus , n'auofC
■ paffé : fcmblabîement i'Hydafpcs, Acefincs, 8c Hydra^H
« iufqucs à Hypbafis, fiîft encores pafle plus outre, il vous l'eili
" fiez voulu future. Lequel finalement citant allé iufqucs àk
» mer par chafeune des bouches de Un de, & de la retourne en
•• terre par le pays des Gedroliês, 8c par les défères cjuc Ion etli-
moit împofhblc de palier, a conquis lepays des Carmauicns
" 8r des Oritains : puis Sellant mis fur mer, depuis le . cou fins de
.- l'Indie, iufqucs àla mer Pcriiquc, vous a ramenez à Si, (es auec
vne bonne flotte fatns 8r faufs, & par tout victorieux. Reppr-
tez*, di-ic, ces nouuelles à ceux dcvoftrepaysque vousanez
abandonné
D'ALEX. LE GRAND. LI. VII. 285
abandonné ceftui-là, esc vous cftes départis de luy le laiflans à
la mercy des nations par vous fubiuguccs.Et peniez : combien
ceït aae eftàt cogneu par le monde vous acquerra d honneur
parmi les hommes , 6c quelle réputation d'amour & de pictc=
cnucrsles dieux. Partez donc dés maintenant. Quand il eut;
m cela, il fclcua: 8c retourna au chafteau.ou il nevoulut
oncquesboirenemanger^defendkdclaiflerentrerpcrlon-
nc de toutclaioumeepour parler àluy,qucl quilluft Autant
tn fcit il le lendemain Le troifiémc lour il teit aflemblcr
en tuE-n le ^ 1 n r ,f„.,„i t ,l ,4 P Lesplacesds
les plus grands 5c principaux d'entre les Pcrfes,aufqucls il de-
partit les places de capitaines Se chefs des régiments & corn- MM»
pagnies: & oâi oy a à ceux d'entre eux qui luy cftoicm alliez -1er
Llsdclc falucr aucc lebaifer. Les Macédoniens emeus 6c
fâchez des parollcs du Roy, 8c comme gens ciperdus demeu-
rèrent au heu où Alexandre auoit parlé à cux.fans fonnci : mot
dumonde: & fans que perfonne ofaft pjendrelahardieiîc de
le fuiure Se d'entrer au chaûcau, tors quelques vus de ceux qui
eftoient plus en crédit enuers luy, & les gardes de ion corps.
Quant au furplus de la multitude , ils ne kauoicn t que dire
n7quefau-e,oudedcmeurerlà,oudc l'en aller. Mais quand
£ fecurent ce q m auoit efté faict dedans, que les places de ca-
pitaines auoient efté données aux Pcrfes : que les Barbares
eftoient diftnbùez 8c départis en plufieurs compagnies Se
leur auoient efté impofez des noms Macedomcns,que au heu
de l'infanterie des alliez il en auoit dreffé vnc de Perles, 6c vne
cauaicrie d'anus , & vnc cornette Royalle : ils ne peurent
plus tenir couuctte la douleur qu'ils cnduroient en curs
cueurs : ains fen allèrent tous au chafteau , 6c ictterent leurs. Lcs Ma cc-
armes deuant la porte , comme pour leur ferai? de reçue- = «
fte & fupplication enuers le Roy . Et demeurans la de- fcftremu .
bout deuant la porte fupplioicnt qu'on les ladlaft entrer, «nez.
6c qu'illeur fuft pardonné. Qujls Hureroicnt les autheurs de
la fedition: Se ne partiroient point de la porte ny nuicî ny
iour, que cefte faute né leur fuft remife . Ces chofes eftans
rapportées au Roy il feu ouurit les portes, Sciortit vers eux.
i8+ ARRIAN DE L'HISTOIRE
Et les voyant ainfidefolez, ne fe peut tenir de larmoyer, }\
farrefta quelque temps, comme fil euft voulu parler à eux-
& cependant ils demeurèrent toufiourslà, fans fe mouuoir
en façon quelconque , attendans fa mercy . Adonc CaiU-
nes,qui eftoit homme rcueré tantàcaufedefon vieil âge, q uc
pour le degré qu'il tenoit en la gendarmerie des amis, voyant
que le Roy ne fonnoit mot, prit la parollepour tous : 8c parla
•* en cette manière : Voila, Sire , qui tourmente les cfpiits des
» Macédoniens, que vous aucz nommé quclfqu es vus desPer-
fes vos parents &c alliez, que vous les appcllczvos coufms,quc
» vous leur permettez de vous donner le baifer : lefquelshon-
- meurs vous n'auez encores o&royé ànef-vn de nous autres
Macédoniens, Alexandre rompant fou propos : Et bien, di£t
" il, ic vous fay tous mes coufins, 8g déformais vous appelleray
l?ppo"iï ainfi ' Sur ccfteparolle Callinesf approcha de luy, &Ie baifa:
métdcsMa- Autant en feirent les autres Macédoniens qui le voulurent,
cedomesen- Cela fai£t ils rcleucrent leurs arirres qu'ils auoientiettees par
dre _ terre deuant la porte du chafteau , & Vcn retournèrent tous
ioycux& chantans,au lieu où cftoit aiTîs 8c logé le camp. Puis.
Alexandre, après auoirfaictfacrifke tel qu'il auoit accouftu-
Alexandrc mc P our rendre grâces aux dieux, feit va feftin à cour ouuer-
tient court te à tous vcnans : auquel les Macédoniens curcntl'honncut
plamerc. d'eftre affis des premiers, 8c auprès de fa perfonne : puis les
Perfes: après eux ceux des autres régions par Iuy conquifes,
chacun félon fon grade ou mérite. Là après que le Roy eut
pris du vin, on porta la coupe où il auoit beu de rené à chafi
Boire de x , ■ n ■ J v , , ,> "
reng dans cun de ceux qui elt oient ams a table, 1 vn après 1 autre, & m-
Yocmcimc relit faicts veuz 8c prières, qui furent commencées par les,
coupe, deuins Grecs, 8c les Sages Se raagiciés : Quj'l plcuftaux dieux
d'enuoyer au Roy & alarmée toute profpcrité, & bon heur:
8c de confirmer pour iamais vnc paix 8c concorde entre les
Macédoniens ades Perfes: 8c vne alliance & focieté d'Empire
Neuf mil commun entre eux. Lon tient que à ce feitin furent neuf mil
ubkTvn * P erfo nnes ams à table, tous lefqucls feirent les erTufionsSc
banquet, chantèrent mcfme chant deioyc. Apres cela, ainfi qu'il auoit
délibéré"
D'ALEX. LE GRAND. LL VII. *8$
délibéré désauparauant,udonnadefon plein grêcongèaux
Macédoniens , lefquels ia vieilleffc , ou les maladies ; ou les
roU ps qu'ils auoicnt receuz auoienc renduz inutiles au raict feenu 1«
de Ta Guerre. Le nombre defqucls fut trouu* monter àtraze
mil hommes: aufqucls il feit payer enùeremct tout ce qui leur „ ûie lus
Soit deu à caufe : du fcruicc pafsé. Et non feulemet cela, mais W la
encorcs leur feit il deliurer argent pour payer la defpencede S
leur voyage, 8r outre cela leur donna à ehafcunvn talent .11
laides enfans qu'aucuns d eux auoien t eus des femmes
d'Afie auprès deluyauec leurs mères: a ce quais ne fuflent
caufe de quelque trouble Se mauuais mefnage , cftans meilez
parmi Vautres enfans Se les femmes qui cftoient demeurez
en leurs maifons.Etleur promit de les faire inftruire felonla
manière de viurc des Macédoniens : Se de leur faire appren-
dre l'efcrime, pour les rendre adroifts aux armes 8c a piqua
cheuaux A toute autre chofe concernai! t le fi** la c
& quequand ilretourneroit en Macédoine, il les menèrent
fuanrWïesrendroitàleurspere, Ce qui fut parluy
p^orms pom'en aduenir ce qu'il pourroit. Mais d
aftcparlequelil monftra euidemment 1 amour qu il leur poi- Cmerc a , 3
toit Ce fut qu'il leur donna Cratère, qui eftoit vn des plus h- rfmiffio» d e
tOlt. ^eiUL^uii is-u * ... j mn i t comme reconduire
deles amis 8c fcruiteurs quileuft, 8C quil aimo t con n ^ ^
foymcfme,pour les conduire. Puis leur ^ Adieu mens>
à tous, il les laifia aller tous pleurants pour l affe&on qu ils ^
luy portoient: Se luy mefmes ne fc peur tenu de pleure
à groiTcs larmes. 11 donna charge a Cratère que quand il les fe fûldals .
aurok renduz en Macédoine il prifl le gouuernement des
pays de Macédoine, ThelTahe 8c Thrace : & gardaft Se main-
tint! les Grecs en leurs libertés 8c franchifes. Et cotnman-
à* à Antinatcr, qui f'en rctournoit pareillement auee les Appâter
tref Teto là arriué , il leuaft des foldats de la Ma- -J-Jgj
^oiuequifufTenii^^ gjtajj
ceux qu'il rcnuoyoït à leurs maifons, &z les luy menait. U en
uoyaaumatiec Cratère Polyperchon corne lieutenant dice-
luy : à fin que fil aduenoit quelque inconuenient par les enc-
ARRIAN DE L'HISTOIRE
Olympias
mere d'AIe-
xidre & An-
tipater en
difcord.
l'ropos nota-
ble d'^I exa-
Jic de fa mè-
re fîme im-
portune &
molcfte.
mins à Cratcrc, qui n'eftoit lors en gnercs bonne difpofi t ; 0a
de (à pei lonnc , il pçift la charge Si commiflion de Cratère à
ce qu'il n'y euft point faute de conduietc. Vn bruict a couru
toutefois lourd & peu aflçuré , parmy le monde ( qui venoit
de ceux, qui, d'autant que les affaires des Roy s Se Princes font
tenues iccrctcs, d'autant prennent îlspcine aies defcouurirrSc
tournent ordinairement les choies pluftoft en mauuaile parc
qu'en bonne) qu'Alexandre eut fantalie de châtier Antipater
delà Macédoine à lafufcitation&parfaux àluy donné à en-
tendre par la Roync fa mere : laquelle chargeoit Antipater de
beaucoup de chofes. Mais il peut bien efire que ce qu'Alcxâ-
dre rappclloic ainft vers Iuy Antipater , n'eftoit pas pour le
dcsfauonfer : ains de peur que de leur querelle Si contention
fourdift quelque mal, auquel il n'euft peu luy mcfmcs remé-
dier à l'aduenir. Car ils cnuoyoienc fouuent l'vn &c l'autre
lettres à Alexandre. Accufant Antipater Olympias commet
intolérable, facheufe jk légère, voulant tâtoft vue chofe, can-j
toft vue autre -.Se qu'elle fc m cil oit de pluficnrs chofes fort
mal feantes à celle qui cftoit m ère d'Alexandre. Qui fut caufe
qu'vn iour, à ce qu'ils récitent, Alexandre C'en fâcha , &c di£t,
que fa mere prenoit de luy vn loyer bien grad , pour dixmois
qu'il auoit efté en fon ventre. Olympias au cô traire chargeoit
Antipater, difant qu'il cftoitinfolcnten fon gouuerncrnent J
&vouloit faire du grand, pour ce qu'il y auoic long temps
qu'il citait gouucrncur : & pour autant auiTtquM le ientoit
fupporté &fauorifc des vailàux &fuiecls du Royaume. Et
qu'il n'auoit plus defouuenanccde qui il tenoit fi grande di-
gnité & pui flan c c : ains feftimoit aflez grand pour efîrc le
premier entre les Macédoniens, & les autres Grecs aufli. Qui
fa i foie iuger que ces paroles au oient cm eu Alexandre, eitoit,
qu il y, auoit beaucoup à craindre pour le Royaume, ii ainfi
cftoit. Toutefois jamais Alexandre ne ditou feit chofe,d».
laquelle aucun peuft tirer qu'il euft en rien change f ariccliqfi
qu'il luy portoit.
il y afiute en cert endroiûde ftds^ttcs lignes ,mifmtmint au Grec. :
Ephcftion
D'ALEX. LE GRAND. %l VII. 187 .
Erhcftion cfeam dcftoumc au moicn de ces paroles, fut
/combien quece fuft àfon grand regret; mis d'accord aucc Eumfnçîre-
Pumencs quine dciiroitaunccbole. L'on di&qu en chemin conclli£ auec
Alexandre voulue voir le parc, auquel fouloit cftrci nourry le Ephcftio».
Las du Rov: lequel cft appelle ( comme cfcm Hérodote)
Ic'parcde Niiee ,& les chenaux Nmcns:& que en ce parc y
Soit d'ordinaire cent cinquante mil mnKnts portières: mais g-fj^
lol , on n'y en trouua pas plus de ci ^^^^^||
dre en feu emmener cm q& non plus. La plulpaitauoicntc te y
drees delà ,& defrobecs. En ce lieu Atropates Satrape des A
MedoisamenaàAlcxa»*^
h rcuon des Amazones : &c ciblent vcftucs &c equippees en Aumoncs .
âcccfuftrement d'hommes d'armes,fors qu'elles portoicnt des
hafchcs, &t non pas des lauelmcs ou parnfanncs,& des targues
au lieu de rondafchcs. il y en a mefmes aucuns qui dont,
qu'elles auoieut la mammelie droifte plus pente que au « :
1 ar ce qu'elles l'anachoict du temps qu elles alloicnt a la guet-
c Alcidrc les rêuoya toutes à leurs mations, depeur qu il ne
leurfoftfaia quelque deshonneur au camp: &kurcomanda
d" due à leur Lyne , qu'il ne faudrou pas de l'aller von .pour .
auoir lignée d'elle. Mais ces chofes ne turent oneques efentes
par Anîtobuleny Ptolomcc, ny autre autheurapprouuc. ht
quant a moy, 1e n'cit.me pas que de ce temps la y euft enco- ^
tes des Amazones : desquelles Xenophon melmes, qui e-
chant les
fioudeuant le temps d'Alexandre, fce-ftoit hiftonea & capi- Am « ones .
taine de nom, ne faid mention en forte quelconque :ja-foit jgg*»
qu'il parle bien des Colchicns, Phalicns, &c des autres na- dc
tious cftrangcs , par où payèrent les Grecs , depuis qu ils non,
furent partis de la ville de Trapezonce : & encores auant
ou-ds fuiTcnt arnuez à Trapezonce. Aufqueis lieux pour c
leur ils enflent veu drt Amazones M en tuft demeure de a
race iufqucs à ce temps là. le ne trouue pas,à la vente hors de ^
raifou.de croire qu'il y ait eu autrefois des Amazones
nés v.iincues
que tantd , autheurs& bien renommez en ont faia fi fouuent par Hercule
mention . Voire mfqueslà qyon tient que Hercule aiant eltc
i88 ARRIAN DE L'HISTOIRE
enuoyc pour leur faire la guerre , rapporta en Grèce lebaut
Bataille en- ^ cr ** e ' a ^°y nc Hippolite., qu'il auoit combattue : &quel es
tre les Athc-
Athéniens foubs la conduire dcThefce, desfeirent ces fera,
niens s ks mes dés la première rencontre, Scies rcpoulîcrent comme et
ficTcritTpw lesvouloient cnuahir l'Europe. Laquelle bataille on treuu e
Cimon, encores d'eferipte par Cimon, aufïî curieufement que celles
d'cntrelcs Athéniens & les Perfes. D'auantage Herodote&
tous les hiftoriographes Athéniens., qui parleurs eferipts ont
accreu la gloire de ceux qui font morts en guerre, ont tout
jours grandement célébré la guerre qu'eurent les Athéniens
contre les Amazones. Et fil eft vray qu'Acropatcs ait amené
à Alexandre des femmes montées &c eqmppees comme di6t
eft: ie penferoy bien que ce fufTenr,non point de ces Amazo-
nes, mais de quelque autre nation de ces régions Barbares,
quifuifent bien adroi&es à cheual, armecs & montées à la
Alciandrc à niode des Amazones. Pendantle feiourquefeit Alexandre à
Ecbataneï. Ecbatarics , après auoir facnfîé pour rendre grâces aux dieux'
ainrî qu'il auoit de couftume : &c ordonné deç icux de pris à la
courfcàpicd, & pour la mufique ; fcitvn banequet fort ma-
gnifique aux Princes & Seigneurs de fa Cour. En ces entre-
faites Ephcftion tomba en maladie: Se le iour,au quel les ieux
fe iouoient, eftoit le feptiéme qu'il f eftoit alufté . On vint dire
à Alexandre que fa maladie eftoit augmentée : au moyen de-'
quoy il abandonnais ieux.&fen alla bien haftiuement à fa
Le ttcfpaî cnambrc : mais la force de la maladie fut celle, qu'il fut tret
4'Ephcftion. pafséauant que le Roy y arriuaft. En ceft endroit les vns et
criuent d'Alexadre en vne forte, les autres en vne autre. Tant
y a que tous f accordent en cela qu'il futpafiïonné de douleur
Se fafcheric fi grande, qu'il n'cftpoiïible de plus. Or comme il
SndL^'à k fe ,P orta cn ceftc triftefte ; ils en ont eferit félon ce que ch afeun
mond'E- * d'eux eftoit bien ou mal affectionné enuers Epheftion, ou en-
pàeftioo. uers le Roy. D'entre lefquels ceux qui en ont eferic des chofes
plus méfiantes, femblent eftre d'opinion que tout cequele
Roy dit ou feit,en quoy ilfe foitmôftré atcainâ de fâcherie &:
douleur à la mort d'vnperfonnagc qu'il aimoit par deflustous
les
D'ALEX. LE GRAND, LI. VII. 289
les hommes du monde, Iuy doit tourner à honneur. Les au-
tres trcuucntmauuaiscn Iuy le ducil immodéré, commepeu
jionncfte à la makfté d'vn Roy, & indigne de la renommée
d'Alexandre . Quoy qu'il en foit, ceux là efcriuent, que
Alexandre fut iufqucs à la plufpart du iour couché pleurant &C
lamentant fur le corps mort de fon amy : Se que ceux qui , Amit ^ d ' A -
cftoicnt familiers de Iuy curent beaucoup depeine a le tirer ucrs Ephc ,
arrière. Il yen a aufli qui efcriuent, qu'il ne fut pas fculcirant mon. '
ce iour là à fe douloir, mais qu'il continua fes plaintes & do-
Icj nces toute lanuict fumante. Etencores récitent quclsqucs ^nTdf
vos, qu'il commanda qu'on feift mourir Glaucias fonmede- faire mourir
cin,par ce qu'il auoit trop attcndu,ce difoit-il,à Iuy bailler vne jg** ^
médecine en brcuuage: ou, comme dient d'autres, pour au- pour r auoir
tant qu'il n'auoit pas empcfchc Ephcftion de trop boire, veu "jjgjjjL
qu'il cftoitprcfcnt,& le voyoit bien faire.Ic ne mettray pas du g^^fj^
reng des choies meifeantes, ce qu'il farracha les cheueux, cheueux, ê&
couché fur le corps de fon amy , ny autres telles dcmonftran- fj a
ces de fa triftclTe : veu que nous fçauons affez que Achille en à h more de
hit autant à la mort d'vn fien amy : duquel il fembloit auoir ^ Kock foi >
imité les manières de faire dés fon enfance . Aucuns auf- AJaâmJsj
fi dient , que Alexandre monta fur le char , où fut mené j™^™ 1
h corps d'Ephcfîion, & le conduifit : en quoy ie ne trouuc pas c#
grande apparence de vérité . Quclsqucs autres ont efeript
qu'Alexandre feit abbatre le temple d'Efculapie, qui eftoità
EcbataneSjpourautantquei'an: de médecine n'auoit derien
proufité à Ephcftion. Mais cela eff barbarefquc & mefehant , x .
& ne fentant point fon Alexandre : ains pluftoitvnXcrxcs, à mefpris° U
qui auoit à mcfpris toute diuinité , iufques à vouloir en chai- loiueditù-
ncr, ce ditt-on, l'Hellefponr. On aefent vne chofe,queien'e- "
ftime pas trop eiloignee de la vérité. C'eft, qu'eftant Alexan-
dre en chemin pour aller à Babylon , il rencontra beaucoup
d'Ambafladeurs des Grecs, qui alloient vers Iuy : entre autres
y cft oient des députez des Epidauriésraufquels ayant octroyé;
ce qu'ils demandoient, il leur donna vne offrande pour pen-
dre au temple d'Efculapieà Epidaurc, adiouftant ces mots:
O
uitc.
25 o A R RI AN DE L'HISTOIRE
»= Encorcs qucEfculapic fe foit monftré peu gracieux en mon
cndroift, d'auoir lailTc mourir vn mien amy ,que ie tenoy
. pour vn autre moy mefmes. Plufieurs onttcfmoingné, côme
Akxadreot- Je chofe véritable, qu'Alexandre ordonna qu'on cuftàfacri-
Wx Te- fieràEphcftion comme à vn demi dieu. D'autres adiouftent,
phdlion. qu'il enuoya vers fon perc Ammon pour l'en quérir, fil deuoit
permettre qu'on lacrifiaft à Ephcftion comme à vn dieu ; 55
que lupiter rcfpôdit qucnon.Ccla eft tenu pour chofe vraye
êc aficurec par tous les aucheurs qui en ont eferit , qu. Alexan-
dre fut trois tours après letrefpas d'Ephcftion fins manger ,&
fans prendre aucunement foin de ta pcrfonnc,le dcfolanttans
ccfFc ce temps pendant, & pleurant : Se qu'il donna charge de
n°biV /e" P re P arcr ^ a pompe funèbre d'iccluy à Babylon, mfqucs à la
pheftiS.mô defpenfe de dix mil talents : & encorcs d'auantage, cedient
tans les frais aucuns :& qu'il emoiçnic aux Barbares de faire le dueil par
d lcclle a hx _ , *. , ,1° 1 1 r • 1 r
millions tout. Outre cela qu il y eut beaucoup de Seigneurs dclaiour,
d'efeus. qui à fin d'ado u 1 cir & a p pai 1er la tnitt lie , dechurcrent qu'ils
vouloient viure & mourir amis & feruitcurs d'Ephcftion ,&
qu'ils eftoient cousprefts de bailler, t'il en cftoit belbin &: eux
&c leurs armes pour luy eftre facnfiees : & Eumencs tout le
premier : ( lequel comme nous auons dicl peu auparavant
auoit eu quelque différent aucc EpheJhon ) pour ofter à Aie-»
xandre l'opinion qu'il euft peu auoir, qu'il le fuft rcfîouy de la
mortd'iceluy. D'auantage, à fin que la renommée d'Ephe-
llion ne fuft mile en oubly ,ii ne voulut oneques uibroget
Alexandre pcrfonne en fa place : aius voulut & ordonna,quc le régiment
ne veuîfub- dont il auoit: cftc chef fuft toufiours appelle le régiment dé-
roger peif 6- pfl eftion : de Liant lequel leroit portée la cornette d'tccliï?
ne en la pla- * , i ■ i i n . il i
ce de capi- quand il marcheroit par les champs. Se pareillement en bâtait
tairc a'E- J c 5 tout ainfi quel! Ephcltion euft cfté encorcs en v:e. il auoit
pheflion. délibéré de faire îouer des icux de pris a la cour ie a che-
ual. Scde rriufique, beaucoup plus fomprucux 5c plus magni-
fiques, que tous les autres precedens, tant en nombre d'h$n-
m es, que à raifon de la fomptuoiiié &c du pris qu'il vouloit
propofer. Car il auoit défia trois mil hommes tous pr< ils
pour
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIL i9î
pour ce faire : lefqucls, à ce qu'on di£t, non gueres long temps
après furent employez aux funérailles de luy mefmcs. Apres
qu'il eue paisé quelque temps continuant toufiours fon dueil,
Sç qu'il commanca vnpcu a (e remettre ,& à fc retirer de fâ-
cherie: les plus tamihers, qui faiioicnt tout ce qu'ils pouuoict
pour le tirer de celte tiiftcile, luy feirent tourner fa penfee au
fait! de la guerre. Et premièrement il alla faire la guerre aux
Coflcicns , qui tlt vne nation fort belliqucufc , Se voilinc des ^"7" Cof-
Vxicns. Ce iont gens de montaignes, qui dtmeurenten des feiens.
lieux forts de nature , & viuent teparez &c efeartez les vns des
autres. Si toit qu'ils voient quelque puiflante armée, qui va
pourlcs ailaillir, ils ('enfuient ou par trouppes, ou l'vn après
l'autre, ainfi qu'il ad ment, au fommet des montaignes, ou ail-
leurs, ou ils penfent cftrccn lturcté. Au(quels lieux ne pou-
uantmontcrvnearmee,pour cftre lcslicux alpres & difficiles,
on eft contrainct de retourner arrière fans rien faire :& lors
ils fen rcuonr en leurs loges 6c retraites, Se fe mettent à voler
Sebrigandcr, dont ils viucnt. Et combien que lafaifon(car
ces choies fc (aiioicnt pendant fhyucr) Se laipieté du pays
fuiîent fort contraires: il eft- ce que luy Se Ptolomee aucc luy
conduifant vne partie de l'armée, contraignirent ce peuple Rienn'cftok
d'abandonner les môtaiErnes ,8c les en ehaUcrcnt. Tant eftoic l " a «*jEt>Ie
grande la prouéilc Se vaillance d Alexandre que rien nettoie blcdciuac
inaeccfîiblc ou inuinublc deuant luy. Comme il cftoit en Alexandre
chemin pour aller de là a Babylon, il rencontra des Ambaf- dcurita'A^
fadeurs d'Afrique: lefqucls après l'auoir haultlouc à caufe que v« s Alc-
des conqueftes par luy taictes, &t des beaux fai&s d'armes par Am
luy cxccutez,luy poferenc fur le chef vne couronne, comme a biihdcurs
ecluy qui cftoit Roy de l'Afie. Des parties d'Italie auffi les ^' ltaIi e-
Bruucns, Lucanicns &c Tofcans cnuoycrcnt Amballadeurs ibaffadeùrs
vers luy, pour luy (aire entendre combien ils cito;entioycux d«Carchagi
des victoires, par luy gaignecs. Ondicf que les Canh agi no is
en feirent autant. Qu'il vint auiTi des Amballadeurs de ia part thes démo-
des Ethiopiens: parcillcmct des Scythes qui habitent en l'Eu- F> g^W*
ropt:dcs Gaulois Celtiques 6c des Eipaignols 3 le hault-louanSj iiplj^no^
O h
%n ARIUAN DE L'HISTOIRE
gddemandansfonamicic Se alliance. Les noms & accouftre
mens dcfquels furent lors premièrement cogneuz par l„
Macédoniens. On tient auffiqu il envint d'entre eux vers luy,
pour le requérir de les vouloir mettre d'accord, touchant
quelsques différents qu'ils auoient enfemble. Adonc fernbla
bien à Alexandre, Se a ceux qui eftoient auec luy , qu il cftoit
Ar ftc se Af vray ment Monarque dominât fur la terre & fur la met. Arifte
â^d?o« &Afclc P iade(lcfquels ont pareillement efent des conque-
dcmdescô- ftes d'Alexandre) racontent que les Romains auih enuoie-
£Sre d ' A " rent cri Ambaffade vers îuy : & que après qu'il eut entendu
Les Rom.™ d'eux bien au long leur origine , progrezôi manières de vi-
enuoiet vers _ & de leur République, il dift, comme fil euftpro-
AwL phetife, qu'ils feroient grands & puilfans à l'aduemr. Mais
P rcd,a la , ie ne voudroy pas affeurer de cela, comme de choie bien ccr-
5 taine : auffi ne le voudroy- ic pas rcieder comme chofe in-
Romains.
croyable: ia-foitque pasvn de tous ceux qui ont eient de
l'hiftoire Romaine, ne face aucune mention de celle Ambaf-
fade : ny pareillement Ptolomee & Anftobulc, que ie luy
. d'aduârage. Auffi neftilpas vrai femblable , que les Romains,
lllTél qui eftoit vn peuple tant curieux & laloux de fa liberté,
leur liberté, cu ff cnt enuoié des Ambaffadeurs vers vn Roy cltranger.it
loing d'eux, & par fi grande diftance de lieux par mer & par
terre: veu mcfmes qu'il n'y auoit , ny crainde , ny cfpe,
rance aucune, ou confideranon apparente de leurproufk,
qui les euft peu inciter à ce faire : 8£ qu'ils hailToient a mort
IesRûmaÏ! les Roys & Monarques , comme opprelfeurs de la liberté
haiikiéi les d'autruy. Apres cela , Alexandre enuoya Herachdc nls
R ° y ?sT S d'Argec auec des charpentiers & autres ouuners en Hyrca-
g"™« fou- nie, pour faire des nauires longs les vus couucrts, les autres»
uciaitw, Jour d e h façon de ceux de la Grece,couppans des matières es
montaignesdela .Car il auoit fort grand defir de Tçauoirà
quelle merle loinft la Cafpicnnc ou Hyrcanicnne : fi ccft au
PontEuxin,ou à la mer Occanne,îaqu elle du coite de Levant
De h met vcrs les Indiens cnuiroiinclatcrrc, iniques au goulfedHyr-
SjlÏÏS came: ainfi qu'il auoit cogneu par expérience, que la mer Pt«
D'ALEX. LE GRAND. Ll Vif.
Cque s que d'autres appellent mer rouge , n cft qu'vn goulfe
de la grand mer 0 ccaun c . Car de ce temps la le commande-
ment de la mer Caspienne n eftoic pas encorcs çogneu : com-
bien qu'il y ayt beaucoup de peuples &: nations qui habitent
b «mirons d'icclic,& qu'elle foit renommée a caufe de beau-
coup de riuietes nauigablcs qui y vont descendre, comme
r Oxe,qui defeend de Baftrcs, & cft le plus gros rW de 1 A-
fic hors-mis ceux dellndie, « va tomber dans «ftemer.
Autant en faiaOxyartc, qui pane par le pays des Scy thes
On tient auffi que l'Araxc, qui vient de 1 Arménie, tombe
dans celle mefmc mer. Il y aencores pluficurs autres nmeres,
dontlefvnes fe lo.gnenLec lestes, d'autres ont kur
cours fepare : toutes lefquelles fe defehargent dans cefte mer
Cafoienkon fçrftbfcn quelles font celles-là, pour auo» xfte
defcouuerres & recogneues par ceux qm^«^^^
dre: mais celles qui font de l'autre coite du go dre qm eft
habite par les Scythes qu'on appelle Nomades font du ton
cognLsàceuxdedecà. Quand il eut pafse la nuicre du L ,
Tigre, comme il approchoit auec fou armée de Babylon ChjU--
deuin Chaldeans allèrent au deuant de luy & le tirans a pa dre
fc prièrent de différer ion voyage à Babylon : <k&m qui gjtag».
auoiem cureuclat.on par l'oracle de Bel, qui eftmc adore la fa
pour vu dieu, que fil entroit en celte faifon a la v.Ue , ™ih eut ,.-
luy entendrait mal Del'aduertiflemcnt defquels il ne rç t jj^ ^
que rire, & dift tout haut vn vers d'Euripide qui eft de telle dl£U Bd ,
„ fubftancc: Bon deuin cft ecluy, qui prediâ chofes v rayes Us
luy repUcqucrcnt, Puifque amfi eft , Sire , que vous eftes déli-
bère d'y entrer, quand vous arriuerez auec voftre armée, n al-
lez point vers le Panent : ains faiftes prendre le tour a toute
voftre fuite, à fin qu'en entrant vous aiez le vifage tourne au
Uuant. U auoit propoffc Jainfi lefairc: maisparce quele
chemin eftoit fâcheux , eftant marefeageux & couuert d eau,
,1 fut contrama de changer d'aduis : (bit que la fortune
voulfift, ou le deftin, qu'il allait par vn chemin qui luy de-
uoit apporter la En de les lours. Mais peut eftrc fut il bon
O nj
Z94 * ARRIAN DE L'HISTOIRE
pourluy, de biffer celle vie au romps qu'il eftoit au fupréme
dcgié d'honneur & de félicité : & qu'il eftoit encorcs aimé &
L'homme cilcl y dcs ucm:cie peur que quelque calamité qui pouuoic
aduenir, ne fouillait tanr de belles victoires par luy obtenues
lo* blc*j an ^ l "i lK ' P ro P os °f dicr, que Solon, en donnant vn iour con-'
fcs f'eliciitz, lc 'l a Crefc, luy dict, Qujl falloit regarder la fin de la vie, &
Ihnt ^ UC t * euaot 00 ne P ouuolt affairement dire vu homme , quel
qui peuuent S 11 ^ fuIE/ltrc hcureux.Et qu'ainfi foitja mon d'Epheftion ne
iùruenir. doit pas cltrc eftimeevn petit mconucnictaducnu à Alcxan-
ncVo^cilrc ^ rc: icc I ue ' amon jugement l'cuit mieux aime preuenir par
cftimé heu- morr, que d'en faire l'expérience pendant fa vie : uc plus ne
fin* aDaW moins qu'Achille eut regret qu'il n'eftoit trefpafsé auani la
Achille fou- monde Patrocle , pluftoft que d'eftre demeuré pour venger
twlttflt** fa moI ' t- Alexancll " c auoit quelque opinion que les Chaldeans
uaïu iamort vouloicnt deftourner fcn arnuee à la ville,pluftoit pour quel-
le ratrode que confideranon particulière qui les touchaft,quc pour cho-
onamy. f c q U j leur euft efte rcuclee par l'oracle. Pour autant qu'il y,,
auoit vn temple de Bel au milieu de la ville, que les BabyloJ
mens auoient en grande reuerenec, lequel auoit efte faicl de
briques, grand Se bien bafty àmcrucillcs. Ce templc,ainiique
Ed'^cmcly Vautres lieux facrez des Babyloniês, auoit clic abatu Uc de-
par Xtrses. moly par Xcrxes à fon retour de la Grèce. Et auoit Alexandre
en fantalic de le faire rcbaftir : Se, ainli que quelques vns ont
eferir, de le faire plus grand &: fpacicux que dcuant,eftendant
d'auantage les fonde mens :&c à celte fin il auoit dés aupara-
uant commandé de ncttoier Se decombrer la place . Et par ce ,
que ceux aufqtiels il auoit donc charge de ce fane, C'y eftoicnt
portez allez négligemment, il auoit délibéré de f y employer, ,
iuy mcfmcs, & d'y faire belongncr tous ceux de fon armée. Il
y auoit beaucoup de terres, de rentes & reuenu en argent, qui
auoient cftclaiffcz à Bel par les précédents Roys Affynens:
dont on entretenoit le temple d'orn cm cnts& d'autres chofes
neceffaires, me fines pour les iacrificts. Mais depuis le temple
ruiné ces Chaldeans pamiloient entre eux le re tic nu, d'au tant
qu il n eft oit pâtis de befomg d'en rien prendre pour employer
au temple.
D'ALEX. LE GRAND. LL VIT. i9f
au temple. Pour celte caufe il auoit foupçon qu'ils cftoient
marris de fa venue à la ville : ne qu'ils craignoient que
ouand le temple feroit rebaftv , q"i dcbuoit dire bien
tort , ils fuirent priuez de fi grands deniers . Ariftobule
toutefois cferit qu'Alexandre le voulut deftourner, & tirer
du colté que les Chaldeans luy au oient diâ : 8c que la pre-
mière iournee il campa ioignant l'Euphratc: & le lendemain
il palfi plus outre coltoyant la riuierc a main droi&e, vou-
lant pafler outre la part de la ville qui cft vers le Po tient, à fin
d'auoirle vifage tourné à l'Orient : mais qu'Une peut entrer
en la ville par ce coftéauee fou armée : par ce que quâd il vou-
lue tourner vers l'C rient, il lut cmpelchéau moyen des ma-
rdis qui y (ont. De forte que l'oit qu'il le voulliftou non, tant
y a qu'il n'obéit pas à l'Oracle de Bel. Vnc autre chofe de mef-
mc raconte Anftobule, que Apullndore Amphipolirain ,qui
eftoit delà gendarmerie des amis, & General de l'armée, qu'il
auoit lailfee à Mazce Satrape des Babyloniens, après auoir
faitt la reuerence à Alexandre, voyant qu'Alexandre à Ion
retour d'Indre punilfoit li feucrement les Satrapes Se gouuer-
nenrs qu'il auoit eftabliz parles prouinces, efenuit a vn lien
frerc appelle Puhagore,qui cftoit fort bien entendu à pré-
dire les chofes futures par l'inlpcftion des entrailles des be- Kthagote
lies immolees,qu nlepnondeluy mander ce qu il pcnioit luy
dcuoir aduenir touchant fa vie. L'autre vou)âtfç_auoirpour-
quoy il luy mandoit cela, & l'il craignoit quelque chofe: il luy
clcriuit qu'il craignoit le Roy & Ephcition. Celte îcfponfe
entendue, il facnfia pour le regard de la perfonne d'Ephe-
ftipn : & comme il regardoit les entrailles, veit qu'il n'y auoit Diuiaation
apparence aucune de tefte au foye de la belle immolée . Au parinfpeého
moien dequoy il dcfpefcha vn homme feur vers Apoliodorc d"b"rtos lkS
fou frere,Sduy bailla lettres biê cachetées cfcrtttcs dcBabvlô immolées.
àEcbatanes: paricfquelles il luy mandoir,qu'ilncdeuoit rien P j^| or ^
craindre delà part d'Ephetti on d'autant que dans peu de teps mort d'B«
il mourroit. Àpollodore reccut ces lettres, ainiï que Anilo- P !lfiH ^
bulcrecite,leiour de douant que Ephcilion trelpalîaft. Quel- [«andre, "
lf>6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
que temps après facrifianc touchant la perfonne d'Ale-
xandre, Se regardant le foye de labefte, ncfy trouuafembla-
bleraent point de tefte: ôc en eicrîuit autant à fon frère,
pour le regard d'Alexandre, qu'il auoit iafai&d'Ephcftion!
Ce que Apollodorc ne peut taire.ains alla trouucr Alexandre
& luy conta tour, plus pour luy donner à entendre qu'il efioit
bicnafTeaionné à luy faire feruice, que pour enuie qu'il euft
del'aducrtir du danger où il dcuoit tomber. Alexandre le
loua grandement pour fa bonne affeftion: Se quand il fut ar-
riué à Babylon, il demanda à Pithagorc, d'où il auoitpeu
cognoiftre ce qu'il auoit cfcrk à fou frère < Pithagorc luy
dict, que ç'auoit efté de ce que lesfoyes des belles i'eiroient
trouuez fans telle. Luy demandant de rechef, que cela figni-
fioit; vn grand mal, . refponditil. Tantfen faut qu Alexan-
dre feeut mauuais gré à Pithagorc à caufe de cela, que au
contraire il le prit enafFcâion, 5c l'aima depuis plus que ia~
mais, pour autant qu'il luy auoit dicî rondement, & fans lujr
rien dcfguifer, ce qu'il en penfoit , Voila qu'Anflobule rceite
flft^a" auo ' r em "^i P ar la bouche mcfmcs de Pithagorc. Lequel en
morîdePcr- prcdift quelque temps après tout autat à Perdiccas,& àAnti-
dkcas & go ne, voyant que les entrailles ne monftroient rien de bon:
dAmigone. v ,^ uo ^ ± p e rdîccas, au temps qu'il conduifoit fon armée
pour combattre contre Ptolomce : &à Antigoneà la bataille
Calan mou- qu'il eut contre Sclcuc Se Lyfimach à Ipfe. 11 fe trouuc auflï
m» àià à clcrit de Calan le fage Indien,que côme il vouloit môter fur le
Alexandre ^{cher pre £ ^ mourir, il dit Adieu à tous fes amis, fors à Aie-
OU 11 lUy ai- jf j i "^Tï^l T-^l J""
loitAdicu.à xâdre: auquel il dit qu il le rcucrroit a Babylon, 5c la tuydiroit
Babylon- Adieu. Dcfquclles paroles ne feirent cas pour lors ceux qui
cftoien t prefens: mais après le trefpas d'Alexandre à Babylon,
ils f'en fouuindrcnt, 5c trouuercnr, que pourtour feur c'eftoit
vne prédiction de la mort d'Alexandre. A l'entrée d'Alcxan-
, , , dre à Babylon allèrent au deuant de luy des Ambalïadcurs
des Gîtes des Grecs. Quelles eftoient leurs charges, 5c pourquoy ils
vers Aie- a [[ OIent vers l u y, on n'en cftpas bien certain. Toutefois i'efti-
mc bien que ce neftoit pour autre caufe, que pour luy faire
entendre
I-
recc
ortfcs
D'ALEX. LE GRAND. LL VII. 297
entendre qu'ils eitoient bien ioy eux de tant & fi belles victoi-
res qu'il auoit gaignecs, mefm cm en c contre les Indiens , Se de
ce qu'il cftoit retourne iàin & fauf del'Indie aucc fon armée.
Jl leur feu fort bon recueil : Se après les auoir honorablement
■feftoyez les licencia : leur permettant faire remener en leurs
pays, toutes les itatues des hommes de nom, les fimulachres
des dieux. & toutes autres chofes confacrecs aux dieux, qui fe , A * ti V™
troiuicroicnt auoir elle tranlportc.es de la Grèce par Aerxcs , tranfportec
fuit à Babylon , àSufcs, aux Pafargadcs , ou en quelque autre j^ 6 ' 1611 "
lieudel'Afie. Entre autres chofes furent trouuccs les itatues Grecs! 1 "*
de cuiurcd'HarmoJic &AriftogitÔ,lefquclles furet rem ences statuesde
à Athènes, S: aucc lefimulachrcdeDianelaCerceiennc. A Arlit^ilorf
Babylon Alexandre receut fa flotte, ainfi querecite Ariito- La flotte
bule:àfcauoir vne partie parla riuicre d'Euphrate, qui venok « A .l«attA-e
du goulfc Pcrfiquc, donc eftoit gênerai Nearch:lc lurplus bylon.
auoit cité amené par terre de la Phcnicie: Se pour ce faire on
au oit mis en plufieurs pièces les vailTcaux, à fin qu'on les peuft Gaîem me-
charrier commodément. Ily auoit deux galères à cinq rames nees cn ,P 1C "
pour banc , trois a quatre rames pour banc , douze a trois , Se r0J , j cpiI j s j a
encores d'autres vailTcaux iulques au nombre de trente.Tous PKcoMemC-
Jefquelsainfi mis par pièces furent menez par charroy de la pi°" t * £u ~
Phcnicie iufques à l'Euphrate à la ville de Thapfac : où ils fu-
rent raiTcmblez, Se mis fur l'eau pour les faire baiffer iufqties à
Babylon. Outre cela , il auoic faift faire d'autres vaiffeaux de
bois de cyprès, don t y a abondance en Ahyric : Se n'y a autre
bois propre à faire bateaux ou nauires: &auoitfaict venir des
matelots Porphyriens & Phéniciens , &: autres du pays bas
vers la mer, en grand nombre. Et auoit délia dôné ordre pour
faire vn port à Babylou,oùpcuiTent tenir mil longues naui-
res, & encores vn haurc en ce mcfme port. Il enuoya auflî * Troiî
Miccalc Clazomenicnaucc cinq cens talents* en Phenicic &: mil d'eus.
Syrie, pour louer ou achepter autant de matelots, forçats Se
.autres entendus Se feruans au faiâ delà marine, qu'il en trou-
uercit. Carilauoiteni'cfprit de mener des colonies, c'elt à
dirc,geus pour habitera la coite du goulfe Perliquc,& es Illes
P
J
%9 % ARIUAN DE L'HISTOIRE
prochaines. D'autant qu'il auoit opinion que cefte contrée là
nefcroit pas moins riche &c opulente à l'aduemr, que laPhc-
nieie. Et eftoit fort cntenrif à mettre lus vncpuifiame armée
fur mer, aiant volonté d'aller faire la guerre aux Arabes., qui
cft vnc nation forte eu nombre ci' ho m mes prenant 1 occaGon
A Ë£ÎT de leur mener guerre, cL ce que eux feuls de tous les Barbares
rion daller de ces pays -là nauoient point enuoyc vers luy, pour requérir
côbftdcs f on amitié 6c alliance: & fi nauoient daigne le rccognoiftre ny
Âï «ratifier aucunemet. Mais le fuis d'opimon que plus que toute
autre chofe, le prouoquoit à ce faire , vue cupidité de côque-
nr pays fur pays, dont il eftoit infatiabic. Toutefois on a tenu
pour vray.quc la feule caufe de luyfaire entreprédre cevoyage
auoitefté,qu'il auoit eutédu que les Arabes n'ado Voient que
deux dieux,à fçauoir le Ciel A Denis ou Bacchus.Le ciel pour
autant qu'il cÔtient en foy les aitres&eftoillcs, entre autres le
foleu\qui eft fi proufitableaux choies humaines.Dems 3 d autat
qu'il auoit pénétré par force d'armes îufques en lu die. ht luy
fembloit que fi ainfi eftoit, il ne fcroit ri en qu'il n'euftbiai
mérité Se qui ne fuit raifonnable, quand il le ferou reucrer
par eux pour vntroificme dieu : veu que fes faifts neftoicnt
en rien moindres que ceux de Denis . i t au 01 qu'a ce faire il
les pourroitprouoquer par bientaicts ,meimcmcntquandles
aiant fubuiguez, il les lairroit viurc en toutes leurs libene2&
franchifes. D'auantaige lanchclfe & bi-nté du pays lin»
toient,oyant dire que la caffe y croilTou és lieux marefcagcûx:
que Ion recucilloirés arbres du myrrhe « de Icnces: quo&y
coupoit du cinamome ou canelle dépens arbnflcaux, Kque
par les châps venoit le nard defoymefmcs fans planta ncie-
mer.Onluydifoitauifi que la cofte dAtabic n eftoit pas Je
moindre eitenduc quecdledei'Indic : ^que de terre terme
on y voyoit beaucoup d'Iflcs. On diloit d auantaigcqueea
plufieurs & diuers endroifts y au oit des ports de mer, Scdcs
naurcs fort commodes pour la retraitée des nauircs:Rdi*
Villes tant & plus.forr riches & commodes pour habiter. U^u
yauoitauffidcuxllles drç-ici àloppoiiu delcmboiilch^e
\
D'ALEX. LE GRAND. LI. Vit 199
a'Eu P hrate, dont la plus proche de terre ferme elt à fept lieues
g; demie de cefte riuiere, Se du riuage de la mer : &C eftoit celte
là la plus petite, couuerte de bois &forefts,& Gins labeur pour
Japlufpart, Qu>i icelîc y auoit vn temple de Diane, és enui-
rons duquel demeurent les habttans delà. Que les cerfs 8C
dams fe proumenoicnt pas trouppes es boys facrez d'alentour
du temple, lefquels n'eftok permis tuer, fors es facnfiecs. An-
ftobulcefcnt qu'Alexandre commanda depuis qu un appcl-
îaft cefte 1 lie la Icarienne , d u no m de llfle Icarienne , qui cit.
fituce en ia mer Egeiennc: où Ion diâ que tomba Icare hls de Ifle Icirien .
Dédale, eftant fonduëlacirc des ailes qu'il feftoir attachées, «*■
cequiaduintdecequecontrelecommàdement de Ion perc,
qui citent de voiler bas Se près de terre, il auoit pris fou vol te-
m eraircment, haut en l'ait, où eftant fondue la are de fa ailes ™££T
nar l'ardeur du Soleil, il donna par fachcuie Ion nom a Hue re .
& àla mer: dont cefte Iilc Appelle Icare, 6c U mer d alentour
Icarienne. L'autre Iilc a ce qu'on diloit, cft eiloignec de la
bouche de lariuicre, delà nauigation dvn îour Si d vne nuidt, Iflc 3 « TyIe
aiant vent propice :& l'appelle 1 y le. Elle cft bien grande, 8c
nonrropafpreouboccagcufc: mais allez propre pour porter
des inuk doux 6. bons a manger. Ces ehofes furent racon- D»«xq™
tecs à Alexandre par Archtas : qui aiât commiihon daller del- mandcment
couunr bien loing en mer auec vn vaifteau à trête rames pour ftg»*,
banc, auoitnamgè iniques àTylc, Stnauott oie cirer plus k ; 6 ftes
au un Androfthenc pareillement fut cnuoyé auec vn autre iadtew»*
ftmblablcnauircqin defcouurit vne grande partie de la cofte ^ue.
d'Arabie.Ccluy qui vogua le plus loing fut Hieron ladis gou-
uerneur de Soles : auquel Alexandre auoit donne charge d al-
ler recognoiftre la Chcrronefe d'Arabie {qui eft vn lieu enui-
ronné de la mer prefque detous coftez en forme d'ifle) nu-
ques à ce qu'il fuftparuenu au goulfe Arabi^ voiiin de l'Egy-
pte, à la ville des demi- dieux . Mais il n'alla pas iniques là,cn-
cores qu'il euft nauigé quafi toute la cofte d'Arabie. Meime-
ment quand il fut de retour, il feit récit à Alexandre que celle
Cherronefe a autant de tour, que la cofte d'il) die: à caufe d vn
P u
3 oo A R RI AN DE L'HISTOTRE
promontoire qui f'aduance fort en mer, lequel auoit jaau.
parauant cfté defcouucrc par ceux qui auoient fai& le voyage
par mer auecNearch depuis rindie,auanc qu'Us fulTcnt tour-
nez au goulfc Perfique : & peu C'en cftoit fallu qu'ils ne fulTcnt
allez miques là, cftantbicn daduis le pilote Oncficcic qu'on le
Ccbeft plus deuoit faire. Mais Ncarch cfcrit/ju'il ne le voulut pas permet-
hurlSii" trc: a *™ ( î u ' a P res auoir "cogiicu Je toutes pars le goulfc Per-
mrt amac ^ pluftoll redre îaifon certaine à Alexâdrc de fa
cômifnon,&: de cepourquoy il auoit cfté là cnuoyé. D'autant
qu'il n'y auoit pas cfté cnuoyé pour dekouunrla merOceane,
ains pour rccognoiflrc les pays maritimes & les habitansd'i-
ccux.lcurs manières de viurc,leurs haures , ports, eaux, terres
de labeur, îufques aux fauarts &: terres non cultiuccs : & que
c'eftoitbienle meilleur d'ainfi faire, pour le profit &: confer-
uanon delà flotte : laquelle il n'euft cfté au monde poffible de
fauuer 5 fils euflent tiré îufqucs aux deferts d'Arabie. Pour la-
quelle caufeauffi on di£t que Hieron C'en eftoit retourné. Pe-*,
dât le temps qu'on refaifoitles galcrcs,& qu'on tiroit la terre
pour faire vn port à Babylon, Alexandre fc meit fur l'Euphra-
te.pouralleràlariuierc de Pallacopas. Ccftc nuierc cft di-
flcuue 0paS ' flante ue Babylon d'enuiron cinquante lieuës : Se prend fon
origine de l'Euphratc, Se non d'aucune fourec ou fontaine.
De l'Eu- Car l'Euphratc qui a fon commancement aux montaignes
pluwc d'Arménie durant la faifon de l'byucr que l'eau fe congelé SC
tourne en neige, eft bas Se eftroict, ne desbordant point de
fon canal. Mais furie printemps, & plus encore l'cftc quandlc
Soleil coramanec à rétrograder, au moyen de ce que les nei-
ges fe fondent, il f enfle Se desborde par le pays des Affyricnjs
&noycroit tout le pays voifîn, fil nefe defehargeoit danslSjj
riuiere de Pallacopas, Se dans des lacs 5f marefts: lefqucls du-
rentiufqucsàvnecontrccqui confincà l'Arabie: puis ils fcf-
coulent,toufioursvafcux,finon que fur la fin ils le perdent
dans des fofles & conduits foubcerrains , Se fe vont rendre
à la mer. Apres les neiges fondues, principalement vers fa-
baiflement des Pléiades, l'Euphratc eft plus bas: & néant-
moins
\
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIL 301
moins il fi e lailTc pas de regorger par le PaUacopas,*: à Ce def-
charger dâs des lacs &marcfcagcs. Et Û le PaUacopas n cftoit
bien Terré & contraintt lufqucs à repouffer à mont Teau qui y
toinbe, l'Euphratc demoureroit tellement eipuilé &c a lec,
qu'il n'arroulcroir plus les terres des Aflyriens. Au moicn de-
quoy le Satrape des Babyloniens a cefte charge de faire des
retenues au paflage par ou il entre au PaUacopas Ce qui fc
fàia auec vn grand trauail (ia-foit que allez facilement on
l'ouure &c desbouche puis apresjd'aurant que la terre y cit li-
monneufe, eftant trempée de l'eau de la r.uicre , & _ne peut
pas facilement porter ce reicd Se refluxion d eau. Ccii ou-
ura«re duroit trois mois à faire , &c y auoit bien dix mil hom-
mes'àtrauaiUcr. Alexandre en ayant ouy parler, il luy prit,
cnuie de faire quelque chofe, qui touuneroit grandement au
proufit des Aflyriens. Et de faift il auoit délibère de faire
boufeher plus tort l'entrée de l'Euphratc au PaUacopas. Et
eftant pafsc plus auant enuiron deux lieues, trouua de la
terre plus folidc entremellce de pierres, laquelle tirée de la, Se
ïettee dans le vieil canal du PaUacopas, euftempeiche que
l'eau felcoulaftfiaifémcnt,à caufede fa fermeté & lohdite:
& partant en lalaifonaccouftumee ce regorgemet d eau cuit
efté moins incommode. A loccahon de cela principalement
Alexandre entra au PaUacopas auec ies vaifîeaux , 8C ato II
auât , qu'il paru.nt par des lacs mfques aux confins de 1 Arabie.
Ouihrouuavncafrictcebcllcpourybaft.rvncvillc,laquclle
luy pleut grandement: &de fcift y feitconftruire vne vnle : IrtUWI*
où il feu aller demeurer ceux des Grecs qui cltoicnt a Ion 1er- dreauï coD ,
uicc, qui ne pouuoicnt plus future le camp, les vns pour fi ns d'Arabie
b vieillcift où ils eftoient, les autres pour maladie ou quel-
que autre accident : lefquels aimèrent mieux y aller habi-
ter que plus fuiure l'armée. Apres cela, ne -le donnant plus
de peine des aduertiflcmens qui luy auoient efte baillez
par les Chaldcans, d'autant qu'il n cftoit point tombe en
danger (encorcs qu'il euft elle à Babylon , 8c d illequcs
fortV) comme fi le temps cuit eu emporte tout le pcnl,
P u)
30a ARRÏAN DE l'HISTOIRE
femeit cd voyc pour C'en retourner par eau tout gay SrdelU
berè, parles mardis Si paluds,aiant Babylon à enain gauche.
Il y eut beaucoup de vauTcaux qui le perdirent vogâts efgarez
deçà & delà, ne fçachans ceux qui les conduiraient, où ils
eiloicm,à caufe des tours & dertroids des mardis; mais il
leur en uoya vue guide, pou ries frire regaigner le flcuue,&
ramena fa flotte entière. On diei, que és cnuirons de ces ma-
rdis Se lacs y a pïuficurs fepulcbrcs de Roysdes Aflyriens. Et
ainfi qu'il gaignoit pays par cau,& lors que de fortune il gou-
uernou, comme l'on d ici , le va 1 fléau où il eftoit , qui eftoit
vue galère à trois rames pour banc, il fc leua vn vent fort
impétueux', qui luy abbatit fon habillement de telle , & le
diadème qui eftoit dclTus. Et que fon diadème porté par
le vcot falla attacher à vn rofeau , qui elloit creu auprès
du monument de l'vn de ces anciens Roys : & fon habil-
lement de tefte, d'autant qu'il clloit plus pelant , tomba dans
l'eau, allez près de lu y .Ce qui fut pris pour vn prefage de fin-
foi tune qui deuoit aduenir. Il enadumtencorcs vn autre de;
plus ma uu a ife apparence. Carainli qu'vn marinier dilpoft de
fa perfonne fe fut ietté dans le mareft pour aller quérir le dia-
dème : quand il feut, il ne lofa porter en fa main, depcurdele
mouiller en nageant , ainslemeitfur fa telle, Se en celle façon
le reporta à Alexandre. La plufpart de ceux qui ont eferit des
faifts d'Alexandre, récitent qu'il luy fut baillé votaient pour
fa peine, Se que après qu'il l'eut receu , il fut exécuté à mort :
difaus les dtuins Chaldeans, qu'on ne deuoit laiiTcr viurc la
telle qui auoit porté le diadème Royal. Ariftobule, lequel ic
croy plus que ceux là, recke qu'il eut le talent, puis le fouet,
par ce qu'il auoit affublé le diadème : & que cdlui là eftoit
Phénicien. 11 y en a qui alfeurcnt que ce fut Selcuc : & que
cella&edenotoit la mort d'Alexandre : Se que àScleuc de-
uoit dans peu de temps efchoirvn grand Empire & Seigneu-
Sclcuc P uif- ne. Pour autant que entre tous ceux qui fuc cédèrent à Ale-
fjnc Roy 3 - xandrcScleuc fut vn puiffant Roy, tant en pays, terres Se fei-
TmÏLIT gneuncs, que en courage &pouuoir, Se qu'il fut plus grand
que
\
D'ALEX. LE GRAND. LT. VIL 303
rue nef vn des autres. Quand Alexandre fut de retour à Ba-
bylon, il rrouuaPcuccftas reuenu de la Pcrfe auec vingt mil
Pcifcs' Il auoit pareillement amené de grandes forces de Ta- force» anU
Liens & Confiés . Auflî cftou arriufc de la Cane Philoxene -taofa-
auec vue groffe creue de foldats du pays : & de Lydie Menan- xaudic>
der qui auoic amené piufieurs compaigniesde Lydiens. Scm-
blablcment eftoitarnué Menidas auec ion régiment de gen-
dumene. En ces entrefaites vindrentdes Ambafladcurs de
L Grèce. Lcfqueis tous couronnez de chappeaux de fleurs le
prclentercnt à Alexandre: & après l'auoir haut loue auec vue
grande gayecé de cueur, luy mènent fur la tefte des couron-
nes d'or, le rcucrans comme vn dieu. Mais luy ny eux ne
feauoient pas combien fa mort eftok prochaine. Apres qu U
eut parlé aux Perles, Kmonftrfc tous fignes de bicnueillan-
ce de ce qu ds auoient porté à Pcuceftas 1 obnflance qu ris
deuoient Se à Pcuceftas, de ce qu'il les auoit modeftement
& fagernent gouuernez , Se acconduicis , il les dcpaitit
par les compaigmes Macédoniennes : de manière toute- A|Min(3re
fois que chalque capitaine K caporal eft^^nt Macédoniens, g« £
gcpareiUemét chafque fous caporal ,qu on nom mot Deçà- jJ-J^
ftatercs à caufe de la paye qu'ils rcceuoientJa quelle eit ou plus gnicsM ac C -
Sue celle du capoUmaisauiïi eftoic elle plus groile W-,
a ne celle de ceux qui eftoien taux compagnies fans charge S£
fins commandement. 11 y auoit douze Perles après .c lous- ^
caporal qui eftoit Maccdon Ktt, Se auoit de paye dix ttatercs . K)l - t 4 tieus
Aumoiendequoy iladuenoitqu'cn chalcunc compaigme y
auoit quatre Macédoniens, dont y en auoit trois qui rece- monnoye>
uoient plus de paye que les autres, & le quatrième comman-
doit à coûte la compagnie : puis après cftoicm douze 1 cries.
Les Maccdouiês cftoienc armez à la mode de leur pays. Quac
aux Perfcs, les vus portaient des arcs Se flèches, les autres
des dards ckiauclots, qu'ils renroient aptes coup donné auec
des cordes à guqv ils tcuoient. Ce t< mps pendant Alexandre Alexandre
«terçouia flotte à la rame, l^v*®** à trots r,mcs pour
banc } combattoicut comte ceux a quatrerames pour banc,
3 o4 ARÏUAN DE L'HISTOIRE
pour môftrer qui feroicnt les plus viftes & plus agiles : & ccux
qui demouroicc victorieux, tant matelots que pilotes & g ou .
uerneurs, eftoient honorez de couronnes. Encemcfme têps
reuindret ceux qu'il auoitcnuoycz vers Ammôpour fçauoir
term P poutvn quel honneur il dcuoit faire à Ephefrion trefpafsé : Icfqucls
demi -dieu rapportèrent qu'on luy dcuoit faire facrificc comme à vn de-
deÎAm*" mi ^ ieu j Se que le vouloir d'Ammon eftoit tel . Il fut bien
mon. ioyeux de ceft oracle: Si ordonna que de là en auant Ephe-
Itionfuft tenu 8creueré pourvu demi -dieu • Scinfiitua dcslà-
crifices tels qu'il cflima luy appartenir. Apres cela il cnuoya
vncs Lettres patentes a Clcomenc (qui eftoit homme fort
mefehant, 8c qui auoit £ii£t de grands torts Se conçu fiions à
l'cndroiét des ^Egyptiens ) icfcjuclles ic ne vouldroy enrien
blafmer en ce qu'eues coricerri oient l'amour &c bicn-veuil-
lance qu'il portoità Ephcftiou decedé. Mais il y a beaucoup
d'autres chofes , pour raifo.n defquclics a mon ntgemenc
on les pourrOit à bon d_roi£t reprendre. Il mandoit par,
ces patentes qu'on baftift des temples à Ephcflion à la ville
Defir d'Alc- d'Alexandrie , &: en Tlilc de Pharos , en laquelle y auoit
pcmerlamc 1 vne tour belle en pcrfc&ion , tantàcaufe delà grandeur, que
moire d'E- delà forme Se artifice dont elle eftoit: Se vouloit qucccftclfle
^Ordonn'âce ^ e ^ naros mt dorcfnauant appcllce du nom d'Ephciïion.Da-
d'Alcxandre uantage que par les notaires &tabclliôs ) lenom d'Ephcftion
f/nonfd'E nlLC "P c a PP°fé aij x contrats qu'ils pafiferoient. Ce que
p!ieftiô aux ie trouue effrange, entant qu'il fcmpcfchoitplus qu'il ne de-,
contrats . uo ic de chofes de petite importance . Mais ce que i'cftimc fur
tout digne de reprehenfion, c'eft cecy : Si ( cfcnuit-il à Cleo-^
mcnejie treuuc à mon arriuec en ^Egypte les temples d'Ephc-r.
ftion fai£ts au moien de la diligence que vous y aurez mile, ie
vous remettray, non feulement les fautes & maluerfations du
pafsé, mais aufii toutes celles que aurez depuis commifes. Ic
ne puis que ie ne trouue eftrange,quc cela aitefté eferit par
vn li puifiànt monarque à vn homme qui auoit commande-
ment fur tant de peuples, Se qui pis cft, mefehant homme. Or
approchoidafm d'Alcxandrc,la quelle Ariftobulc eferit auoir
eftè
D'ALE V. LE GRAND, LI. VIT. 30?
eftc prefagiee & prcuciicà cela principalement: Que pendant
le temps qu il departilloit les bandes qui eftoicnt venues aucc
le gouucrncur Pçoceftas, Se celles qui cftoient retournées de
la mer auce Philoxene Se Menander, (ainli que nous auôs di*5t
nagucresJparlescompaignicsMacedonicnes, il fefentit fort
altéré de la toit. Parquoy il fe leua de Ion iïcge(de cofté Se
d'autre duquel y auoit des littsferuans de fiegcs,qui auoient
les pieds d'argent, fur lefquels fes plus familiers eft oient aflîs)&;
fe retira vn peu àfcfcart. Cependant il y eutvn homme, on
n a ïamais peu fçauoir qui il efloit(quelsques vns veulent dire
que c'cftoitvnpnfonmer de guerre ôicfclauc) lequel voyant Vn efcla.
la chaire du Koy vuide^afia au trauers des Eunuches qui * c h^" e tc d f
eftoient alentour du fiege, (car les Princes & Seigneurs plus Alexandre.
famihersduRoyfauoientfuiuyJ&fyalUafreoir. Quoy ap-
perceupar ceux qui choient la auprès, d'autant qu'ils ne l'o-
foienr pas ictter hors du liege , obftantla loy des Pcrfes 5 de
douleur qu'ils en reccurent, comme f'il leur fuft aduenu quel-
que grand infortune, Se prenans cela pour vn mauuais prefa-
ge, commanecrent à defehirer leurs habits, Se à fc battre Se cf-
gratigner le vifaige &ta poicîrine. On l'alla rapporter à Ale-
xandre, qui commanda que fur le champ on tiraft de là ceru-
ftrc,ek' qu'on luy baillaft la geine : pour fçauoir de luy,f il auoit
point entrepris ceftacteiîhardy àlafufcitation de quclqu'vn.
11 neconfcflàrien deperfonne : ains fouftint touhours, que ce
qu'd auoit faicl, ç auoit efté par vne témérité Se legrrete. Au
moien dequoy jlcsdcuins interprétèrent cela, comme chofè
qui cftoit beaucoup plus à craindre qu elle n'euit efte autre-
ment. Peu deiours aptes, après auoirfacnfié aux dieux ,ainh
qu'il auoit de coulhime, pour leur rêdrc grâces de tant de bel-
les victoires qu'il auoit obtenues : &: auoir ordonné d'autres
nouueaux facrificcs, par l'adius Se conicil des deuins, il fe meic
a faire bonn e cherc auec fes plus familiers Se amis, Se eonunua
lcbanquctquaiîiulqucsàlanuic}. Ondift, que en ces facrifi-
ccs ilfeit diftnhuerdu vin parles efeouades Se compaignici.il
y en a qui efenuent qu'après le repas, il fc voulut retirer à fa
CL.
yo6 ARRIAN DE L'HISTOIRE
chambre: mais qu'il y eut va nommé Medic de la gëd ? rmé-
rie des amis, & qui pour lois cftoit en grâce fie crédit , quik
pua d'aller chez luy : qu'il y auoit chofe a laquelle il prendrait
Re S mr " oiaifir Les rceiftrcs 5c mémoires, où cft cLcrit ccquehifoit
£K « Alexandre par chafeun iour, portent qu après qude^fté
<lf quelque temps à veoir .oucr des ieux au logis de Mcdic ,
îïïïS prit du vin puis feftant lauê fen alla repofer : Sc<^i
ïï* fouppa chez lemefmes Medie , Se après foupper fe m e «
boircnifquesàlaplufparcdela mud: au forurde table .1 fe
bakmaôceftuua de rechef, pins mangea va bien peu :8c que
là, d'autant que la heure le tenoit défia, il coucha. Pmsapres
Maladie fA > {{£t dans vnc lifticrca bras, il iaaiha, arnfi
&S.° C qaauoitdeœuftumc par chacun iour Et que pendant ce
temps il coram Ida aux capitaines & chefs de bandes de don-
ner ordre à partir : à feauoir à ceux qui dcuoicnt aller par ter-
re, de fe tenu- prefts pour partir le quatrième mur d aptes: & à
ceux qui iroient par eau aucc luy , le cinquième, ht qu aptes
cela il le feit poner dans vne châtre a bras iu(ques a la nuieçc:
fur laquelle il fe meit dans vn bafteau, & paila pour aller ades
Que le lendemain après feftrc cncorcseftuuc, il feules (acn-
teaccouftumezaux dieux. Puis retournant au enroule
meit à deuifer auec Mcdie 3 Sc comman da que tons es cap, ui-
ncs Se autres qui auoient charge aux compagnies le vuiueo*
trouuer le lendemain au matin : & qu'après cela, il iouppa li-
brement Se mageabien peu : puis fe retira à la chambre,
accès de fiéure le faille, qui le tourmeta toute la nuici. Le iour
^&iuantiifeb a igna«ncates,8;facrifia:S:enioignit^:ec^
àNearch& auxautrescapitaincs&chcfsdelarmce, detefl*
la flotte preflc à voguer au temps qu'il leur auou did, a*
cftoit le troificme iour d'après . Et qu encorcs ieba.gnadle
lendemain, Se feit facrifice pour fa lance : toutefois la heme
ne labandonnou point. Le mur d après fentat la maladie
rengreger, il facrifia de rechef: cela faia,fcfcitpo mr a voo
raaifon auprès des cftuucs,8c ne laifla point encorcs de l*Q
D'ALEX. LE GRAND. LI. VII. $c 7
fier lelcndemain,cHeiourenfutuât.En fin citant grandement
tourmenté de la fleure, 8c l'entant qu'elle augmentent touf-
jours, commanda qu on feift venir au chafteaules Colonnels
gdes capitaines en chef de l'armée, &c qu'on feift demeurer à
la portjg les autres chefs de bandes. 11 recogneut bien ceux qui
cnrrcrentenla chambre, maisilneluy fut iamais poflîble de
les appeller par leurs noms : eftants défia retraits & cftroi-
cis les conduits & organes de la voix : & tous ces deux
iouislaieportafortmal. Voila ce qui fc trouuc es regiftres
iournauxduRoy.Orpenfoientlaplufpartdes foldats que le
Roy fuft trcfpafsé,&: qu'on celaft la mondes autres ne fc pou-
uoicntplus contenir f'iîs ne le voyoient. Parquoy tous, dc-
folcz&triftcsaupofliblc, C'en allèrent où eftou lcRoy,fup-
pliants qu'on leur feift ce bien dcle leur faire voir. Les gardes
les biffèrent entrer, mais le Roy au oie délia perdu la parollc.
Tout ce qu'il peut faire, futaie quand ils entrèrent il leuavn
peu la tefte, 8c les regarda, prefentant la main à tousl'vn après
l'autre. Il eft porté par ces mcfmes regiftres, que Python,
Attale,Dcmophon s Peuccftas,Cleomene,Mcnidas 6c Se-
leuc veillèrent toute la nuict au temple de Serapis : & qu'ils
demandèrent à ce dieu, Bl feroit pas bon de porter Alexan-
dre à fon temple, pour cftrc penlé & medicamente par fon
moicn:& qu'on ouït vne voix qui rcfpôdir, qu'il ne le falloir
pas,& qu'il fe trouueroit beaucoup mieux de demeurer là.
Ce qui fut rapporté à Alexandre par fes plus familiers, com-
me chofcquicftoittrcsbonne pour luy . Mais peu de temps
après , comme fi c'euft efté le meilleur pour luy, il t refpafta. JJJg e '
Ce qu'en ont cfcriptPtolomee & Anftobule fe rapporte fort
à cela. Quclsqucs vns y adiouftent que vn bien peu auant qu'il
rendift l'cfprit, aucuns de ceux qui eftoient plus familiers de
luy, luy demandèrent auquel de tous les capitaines il laittoit A]exmii
la couronne, & qu'il rcfpôdit,au plus homme de bien. Et qu'il
feir ccftercfpbnfe ainfi ambiguë , comme fil euft preueu le rôneau plus
débat qui feroit entre eux pour dominer après fon de- b ?™3el*
ces. Dont il eftimoit que les foldats auroient plus de te- capitaine*.
3 oS ARBJAN DE L'HISTOIRE
guet SC plus Longuement à fa mort. Ic fçay bien qu'on a
aufïî cfcnpt outre' cela beaucoup d'autres choies touchant
la mort d'Alexandre: &c entre autres qu'il mourut par poi_
Antiptct s ç QQ { fa cnu0 yec par Antipater, dent fut autheur Ari-
^«a»£ ftot'c, qui auoit peur d'Alexandre, à caufe de la mort de Cal-
hiftoriens liftliene- &: fut apportée, comme aucuns eltimet, pai Cailan-
der fils d'Annpatcr dans le fabot du pied d'vn mulet, par ce
Akxandrc. qu ' on ne l'euft fccu porter autrement : & que le Roy en fut
empoifonné par Iolas frère puifné de Caftandcr. Etelcnuent
encore* quelsques vus iufques là, que Medie, pour autant
qu'il eftoit bien amoureux d'[olas,fut participant & complice
dufaiôV. &c que c eftoit pourquoy il auoit retenu Alexandre
toutevncnuia en fon logis, foubs couleur de luy faire paffer
le temps en icux & esbattements, d'autant quchtoft quil eue
beu ce qu'on luy prefentadans vne couppe,il commança afc
trouucr fort mal. 11) en a auifiqui n'ont point eu de honte
d'efenre , que Alexandre Peinant qu'il n'y auoit plus d cipe^
rance de auenfon en luy, f'eftoir voulu îetter dans l'Euphrate
au defeeu de ceux de fa cour : à fin qu'on ne feeuft qu'il eftoit
deuenu: & que par ce moicn la poftenté creuft plus ferme-
ment qu'il eftoit iftudelaracedes dieux, &c qu'il l'cftoa re-
tiré auccques eux. Mais que la Roy ne Roxane fa femme,
qui fçauoit bicnfon deflein, l'empcfcha de lortir, dont il fut
fafché : & dict qu'elle luy portoit enuic , à ce qu il n empor-
tait la gloire d'eftre reouté defeendu & cxtraid de race
diuine. I'ay bien voulu toucher ce propos, plus toutefois
à fin qu'il ne femblaft que ic n'en eufie rien Iceu, ou qui!
me fuft cfchappé , que pour vente ou vrayfcmblance que if :
Enquchêps trouuc Alexandre d&nctrefpalla la cent quatorzième Olym-
ïïre Al6 ' piade,cftant Hcgefias grand Preuoft&fouuerain magiftrat
d'Athènes. Ilvefquittrcntedcuxans Schuiù mois , amh que
Ansdehvic cc f m oigne Anftobule. Et régna douze ans & huict mois. U
?a?3c * eftoit bien proportionné en les membres , endurant fort pa-
ticmmentletrauai^va.llant&difposdcfapcrfonn^hommc
de grand cucur, conuoitcux d'honneur fie réputation, autant
D'ALEX. LE GRAND, kl VIL 309
qui! cft poflîblc, aflez continent Se modéré quant aux' plaifirs bo ^ n " ta p s a J
&: voluptez du corps , diligent obferuatcur des cérémonies Se des d'Akxî-
autres chofes appartenantes au feruice des dieux, homme de drc '
bon entendement , & prompt à conceuoir Se defcouunr les
chofes. Outre tout cela il eftoit bien entendu &:adroi6t àcô- Alexandre
. . 1 11 1 - • i capitaine bie
dmre vnc armée, accommoder d armes les compaignies , les ente nJu &
mettre en bataille: donner courage aux foldats par fou parler, adiou.
Se quand l'occafion fe prefentoit jes fecourir au péril de fa vie,
filles voyoitbranflcr: donner foignculemêt ordre par tout,
prcuenirlcsdclTeins&: entreprifesdes enncmis:tcnir înuiola-
blcmcnt cequ'ilauoitpromis :ne faire cas d'or ny d'argent:
fe monltrcr libéral enuers les fiens . Que fil fc trcuued'aduê-
ture qu'il ait faitt quelque acte hautain ou cruel , il me lcmblc
au on n'y doit pas auoir beaucoup d'cfgard , fi nous confïdc- Les flateui-s
ronsla fleur de ieunefle en laquelle il èïtoiï encorcs : le cours ^ftouroent
fi heureufement continue de les rchcitcz : &c les fiateurs, qui le p lince sdcia
donnent tant de peine à deftourner lesRoys& Princes de la cogooiflàn-
cognoiflancc delà vérité des chofcs,& de l'équité. D V ne cho- c a icri "
fe fuîs-ie bien aheuré, que de tous les Roys du pafsé,il n'y en Repentancc
eut ïamais vn, qui cuit fi grande repentancc d'auoir failly , ne j^y^ *
qui prift tant de peine d'amender fa faute, que luy. Carprcf-
que tous, encorcs qu'ils fçachent bien qu'ils fe font oubliez en
quelque chofe, toutefois la défendent opiniâtrement , corne
iuftc&fai&eauecraifon 8£ droi&ure, penfans par ce moyen
la pallier Se couurir. En quoy ils me femblent l'abufer beau-
coup. Car la fouueraine médecine du peché, cft, à mon iuge-
ment, recognoiftre Se confefler fa faute, Se l'en repentir.D'au-
tant que celuy qu'on aoflfcnic portepour le feur, plus patiem-
ment le tort qui luy a cftéfaitt, fil voit, que celuy qui l'a ofïcn-
fé ,rccognoiirc qu'il a failly,& qu'il ferepent de luy auoirfaitc
outrage. D'auantagCjCcluy qui a outragé vn autre,filmonItTe
qu'il eft deiplâîfant de ce qu'il a faitt , donne bonne efpcrancc J^J™
aux autres , qu'il ne tombera plus à l'aduemr en telle faute, ht xâdrc de fe-
quant à ce qu'Alexandre referoit fa defeente Se cxtrachon'à ^jjj^j
Iupiter, îcnc le trcuuc pas grandement àblaliner : pour au pm . r .
3 io ARRIAN DE L'HÎSTOIRE
tant qu'il ne me femble point auoir cfté moins excellent Se
renomme Prince, foit eu vertu, on en fai&s, ou en gloire &
réputation, que Mmos, que Eac, ny que Rhadamanthe : l c f-
qncls ont référé leur généalogie à Iupiter : & toutefois ils
n'en ont point cfté repris ny blafmcz des anciens. On ne taxe
ThcfecBe p01iu Thefec ny Apollon de ce qu'ils ont faid & fuppofé
fu P p°pofé Z qu'ils cftoient fils , a fçauoir ceftui-la de Neptune Se ceft m- cy
gcne^iogic. deluoicer. Il me femble auflî que ce qu Alexandre prit 1 ac-
couftrement Pcrficn 3 il le feit auec vne certaine fincire 5 & pour
JlTdlt bonne occafion , qui cftok ,à En qu'il ne fcmblaftf effranger
fl re vcftuàla des façons défaire des Barbares, Se pour auoir quelque frein
mode «tes contr c la cholerc des Macédoniens. Et pake bien que pour
«gmgcK ^ fte mefm£ ra . fon i]; fek entrer dcs p erfcs Mclophorcs aux
bandes Macédoniennes : Se méfia aucc la gendarmerie, d'au-
tres en pareil degré d'honneur & dignité. Quant a ce qu iltc
nok quelquefois longuemét table, ce n'cftoit pas,c'cfcnt An-
ftobule, qu'il fuft addonné au vin (car îln'eftoit pas grad beiig
ueur) mais pour fe recréer auec fes amis , &à fin de les entre*
tenir Que ecluy donc qui f efforce deblafmer Alcxâdrc,n'ayc
pascfeardfeullemët aux chofes quifemblcntmemcrdefhe
blafmces en luy :mai S qu'il poife enfemble tout ce qu il auoit
de bon Se de mauuais. Qujl regarde quel il a efte^ucl a eftcle
fucecs delà fortune, en quel degré d'honneur il cft monte:
qu'il a commandé, lans que perfonne l'en ofaft ou fçeuft em-
pcfchcr à l'Aile Se à l'Europe: que fa renommée feft cfpandue
nar tour le monde. Qu'il conliderc que ce qu'il y a à repren-
dre fur luy,eft peu de chofe,au regard de ce qu'on y trou uc de
recommandable : lors il iugera aifément, queparmy tant de
pi ouciTcs & autres bonnes parties ) ioina le cours de fa félicite,
ces vices font tolcrables : lefquclsneanrmoins luy mefmes M
teftok puis après, comme mal leants à vn tel Prince . Quanta
ce qui touche la defeente Se race diurne, qu'il vattnbuouyl rac
femble véritablement que ce n'a point cfté fans vue fouue-
raine Se diurne prouidece qu'il a cfté engendré, Se né aumon-
de • veu qu'il ne i'cft trouuc encores vnlcul homme, qui lait
* peu
D'ALEX. LE GRAND. LI. VII. 311
peu efgalcr en conqucftcs & exploits d'armes. Et femblc cer- ^° I £ me A £ 1
taincmcnr,quclcs oracles des dieux l'aient voulu donner à en- ^ r c e cn c ^
tendre à fa mort: pareillement les viiions &i apparitions qui quelles & ex
font aduenucs à pluficurs & veillants & donna ns : Se les hon- Pj^*sdar-
neurs prefquc diuins quiluy ont efté faits &inftituez:& beau-
coup d'autres chofes, comme ce qu'on a fi long temps après
bien- voulu & porté faucur à la nation Macédonienne, pour
l'honneur & rcuercnccdeluy. Au moyen dequoy combien
que par le difeours de cefte hiitoire Tay biafmé quclsques
vns de les actes, ie ne laifTcray pourtant de l'auoir en
admiration. Et ce que l'y ay repris a efte pour dé-
chirer ce que i'en pcnfoy,& pour le proufit
. &. édification d'vn chafeû : pour lequel
refpc£r,& non fans quclqueinftincl
&mfpiratiô delà haut ,ic me
fuis mis à coucher cefte
Hiftoirc par
efeript.
FJN D V SEPTIEME LIVRE.
HVICTIEME LIVRE
D'ARRIAN DE NICOMEDIE
DES ï AICTS ET CONTESTES
dAlexandre le Grand/Roy des
Macédoniens.
Les Aftace-
mes & Adà-
cemens.
Les Indiens
baUnnez.
Les NyfTeé"s
ilTus des
Grecs.
Voyage de
Bicclnis is
pâmes de
L tuant.
Nyflc baftic
par Bacchus.
Ce tràBtA cftccompofe à part par^in-ian , comme il auott promu
cy dtjjiti a cinquième & jixiéme hures: ><; »a aucune futtt." <tuec
Ls précédents : toutefois Appartient à l'hiftmre d'Alexandre.
11 s contrées qui fon t deca le fleim c d'In-
' de, vers le Poncnt &c la nuiere deCo-
phene,font habitées par les Aftacenicns
& les Affaccmens , qui (ont nations ln-
dienes: &ne font ces peu pics de (i gran-
* V©'%^^^ de corpulence que ceux qui font pardcla
^i^^^ ^W l'Inde: ne fi forts 8c& bafannez que les
^^r^. r !^P r ^V autrcs Indiés.Us ont cité long têpsloitbs
la puiffanec des Roys des Affyricnsâr des Mcdoys.Puis quand
la Monarchie fut tirée des mains des Mcdoys, ils tôbercnt en
1 obeiffance des Perfes, &: leur furent faifts tributaires , paianr
par chacun an à Cyr,celuy qui fut fils de Carnbyfejes finances
à quoy Cyr luy m cimes Icsauoitcottifcz. Quant aux Nyf-
feens, ils ne font naturels Indiens : mais ils font defeendus de
ces trouppesdeGrecs,qucDcnis(autrementappelléBacchas)
menaaucc luy àfon voyage es parties de Lcuantmfques aux
frontières d'Indie, où il battit la ville de Nyfl'c. Pour peupler
laquelle
D'ALEX. LE GRAND. LL Vîlt m
laquelle il y laiflà ceux qui par vicilleflc, maladie ou accident
de guerre ne pouuoient plus porter les armcs:&: Ci y feit entrer
ceux du pays qui de leur bon gré y voulurent aller demeurer :
nommant la ville Nyffc,&: la contrée Nyifee. Mefmcmcntil Montaign( .
nomma la montaigne fur laquelle celte ville eft aflife , Cuiffe : j e cuific. -
àcaufede ce qui luy cftoit aduenu a fa naiftahec : ainfi qu'il le
trouue és romans &c fables anciennes, & comme les poètes
tant Grecs que eft rangers C'en tendent bien à feindre telles
chofes. La ville capitale du pays des Aflaceniens, cil Maftaca,
qui eft vne grofle cité. Il y a encorcs la ville de Pcucela, qui eft
auflï vne grande ville, qui n eft pas loin de l'Inde. Lefquels
Aflaceniens tiennêt celle contrée, qui eft depuis le riuaige de
delà l'Inde en venant en deçà iufques au Cophcnc : Se tout ce J^ o ££
qu'ilya de terre par delà l'Inde du cofté du Lcuant, eft appel- mët ap ° pe j| é
le Indie, & ceux qui v habitent font ceux que proprement on J^ c J ft c5 -
appelle Indiens. L'Indic eft bornée vers Tramontane delà b<m ^
montaigne de Taure: laquelle retiét encorcs le nom de Taure Delamon-
en ceftecontrcc.LeTaureafoncommancementàlamcrvers £ a ^ de
Pamphylie, Lycie, Cilicie: &va continuant en égale hauteur
iufques à l'Océan Oriental, mipartilTant toute ï Afie, portant
nom diuers félon la diuerfité des lieux où il feftend. Car en
quelques endroits on le nomme Parapamifc, en d'autres E-
mode, en d'autres encores Emaon , &c encores autrement ail-
leurs. Les Macédoniens &c Grecs qui fuiuircnr Alexandre en Damontde
fes voyages & con quelles , l'appellerent Caucafe : combien Caucafe.
que Caucafe foit vne montaigne de Scythic, &c autre que le
Taure. De là eft aduenu qu'on tient communément pour tout
certain que Alexandre paifa le Caucafe aucç fon armée. Le D ^ hi . .
flcuue d'Inde, ainli que nous auons diâ , arroufe fin die vers dl e n j c r _ iuicie
l'Occident: & fe fendant, fe va dcfgorger en deux bouches,
non fi proches fvne de l'autre que fon t les cinq du Danube,
mais vn peu plus cfloign ces , comme celles du Nil, dans l'O-
céan, dont fefaicT: vne îfle en forme de la lettre Grecque DtL L'ifle débi-
ta, fcmblable à celle d'Egypte, que fut le Nil par fes deftours, jgjkgjjg
laquelle en langage Indien ils appellent Pattala. De la part du d^gypte.
5Ï4 ARïUAN DE L'HISTOIRE
Midy l'Indic cft fermée de l'Océan. Ces bouches dellndc»
Pattala & toute cefte marche qui regarde le Midy, ont eftê
veuës 8c cogneuès par Alexandre 6c les Macédoniens, Sc^fc .
pluiîcurs Grecs. Mais de ce qui eft tourné au Le Liant par delà
JH^ lanuicred'Hyphafis ooeques AkxMd "K^/«^ M
re d'H )T h a - n'en veit aucune chofe : & fe trouue peu d hiftonens qui aient
fis ' efeript quelles nations & villes dy a lulques au Gange :
où cft lemboufchcure & iffuë du Gange en la nier : ny
Palimbo- en quel cndroid cft lituee fur le Gange Pahmborhra, q m
du» pnnci- e ft f a pbs grande vdlc qu'aient les Indiens . ic luiuroy
p a Ic,iUed« , ulloft cn ccft en drûia Eratofthcnc de Cyrenes autheur
' eraue 8c digne de foy, &c lequel me fembic aucur efcnpt plus
diligemment que tous les autres de biituanon & des confins
dcllndic. lletcrk que Hndie depuis le Taure ,uont fourd
Treize mil l'Inde tirant le long du flcuuc iniques a l'Océan , a treize nul
ft»d« «11* ftades d'eftendue: &dc l'autre part a loppolicc prenant de-
Er/na puis Icdiâ mont ioftmes a 1 Océan Oriental , clle tonnent
^oifes. £ ize ml l ft a dcs . Et cft ce cofté pluslorig que L au a eau*
d'vn cap ou promontoire qui Feftcnd n * -o m d ft ■ vs en mer.
i.lï Voylaquelleildiaeftrehlargeutoelli.du, O. ; a laïc*.
|cur d'inJie crucur, il dia qu'ily a vn grad chemin 1 on . .. ..cKoyalj
%«fcsopi- q mco 'nduiadroiadu Ponent au Lcu.int iniques , Palimbo-
thra lequel a efte induré, & contient dix mil iUdc* ou enul,
ronî&qucdclàenauantonn'enfçaic rien de ctrt.un. Maa
ceux qui ont fuiuy l'opinion commune des Indu ^.ekruient
que lalargeur de cefte région auecle promonrone que nous
auons di& l'eftendre en mer , cft de dix mil ftades , & la Ion-
(rucurdevingtmil au plus. LeGoidien Cteiias aileure , que
Plndiccft égale aufurptus de l"Aûc : mais non pas On client,
qui cicrit qu'elle fai&la troiûeme partie de toute 1 Ai»»
Ncarch tefcnoigne qu'il y a le chemin de quatre mois en-
tiers d'vn bout a Tautre, à prendre par les plaines des Indien*
Mais Megaftheneptcnd la largeur de l'Indic du Leuantau
Ponent, que les autres dûment cftrc la longueur: & dift que
bendroiOsoù elle eft plus cftroiae, clic a icize mil ftadcw
se
D'ALEX." LE GRAND. LI. Vllt gjj
Si qu'il faut prendre la longueur du Septentrion au Midy,par
ce quelle fy cftend d'auantaige, comme contenant, mef-
mementoù il y a moindre eftenduc, vingt deux mil trois
ccmftades.il y a autant dcfleuuescn Indie, qu'au refte de Dm flfua , f
l'AÛc; les plus gros defquels font Gange &c Indc,duquel toute
d' lu die.
cefte région a pris fon nom: chafeun defquels eft aulïî gros
que le Danube & le Nil, fils eftoient cnfemble. Encoixs me ^"^JJ
fcmbleAcefines plus gros que le Danube, ou le NU, quand fl 7 uu 7indc. U
ayant reccu en fon canal l'Hydafpc, Hydraote, S-iHyphalis^l
fe defeharge dans l'Inde. Là il a trente ftades de largeur.
Ilpeucauoiren Indie d'autres riuieres encores plus geofles
dont nous nations cognoiflance. Et à la vérité ce qui eft par-
delà fHyphaiis,nous ne l'auons fi parfaitement defcouuerc
ny cogncu,quc nous en puiffions dôner afleuré teimoignage.
Pour le regard de ces deux fleuues Gange & Inde, Mcgafthc-
nc eferit que Gange eft le plus gros de beaucoup: Se autant en
dient tous ceux qui onttraicUd'iceluy. Car premièrement il
a fon origine de grandes lources & fontaines , puis il reçoit
Caina, Erannoboa, Cofloan , puis après Sone, Sittocati, So-
lomati , tous fleuues nauigablcs . Apres eux les riuieres de
Condochati,Sambe,Magone, Agorani & Omali. S'y ren-
dent aufli Commcnafc, qui eft vn puiflant fleuue, Si Cacuthi,
&: Andomati venant du pays des Madiadincs Indiens : &: ou-
tre ceux-là Amyfti pi es la ville de Catadupe : Oxymagi à Pa- La vîllëje
zalcs:&Enncfeaupaysde Mathes,qui eft aufli vne contrée Caudupc.
Indiênc. Defquels n'y a vn feul, comme afleure Mcgafthcne,
qui foit moindre que le Méandre, encores à le prendre au lieu
où il eft plus nauigable. Quant au Gange au lieu où il eft plus
cftroia,ilaiufquesàccntftadcs de largeur. Et en plulicurs
lieux il f'cflargit& fe refpand fi fort, que fi vous ne montez
fur quelque tertre ou colline, vous ne fçaunez voir d'vn bord
àl'autre. Dans l'Inde tombent ces riuieres: Hydraote au pays
desCambiftholcs,Hyphafisau pays des Aftrobicns,Sarangis # _
au pays des Ciccicns *,& Eudre* en celuy des Aflàcemens, fe
deichareent dans Acefincs. Autant en fait Hydafpc chezles ou cudrc *
b R ij
p6 ARIUAN DE L'HISTOIRE
Oxydraqucs après auoirrcccu Sinarau pays des Arifpes. Et
Accfines fc ioinfr à l'Inde en la contrée des Malliens. Hy a
vne autre greffe riuiere appellee Tutape,qui fefcoule dans
Acefincs. Lequel enfle de tous ces flcuucs, 8c apres leurauoir
faift perdre leurs noms, entre en l'Inde. Semblable ment Co-
phenc ayant reccu auec foy Malamant, Soaft & Garée, f c
meileauec l'Inde chez les Peucelaitides.Saparn auffi&Ptaren
nongueres efloignez iVn de l'autre. Et Soame defeendant
des montaignes de Sabifla f'y va rendre, n'eftant enflé d'au-
cune autre riuiere. Tous ces flcuucs ( comme a cfté eferit par
Megafthcne) fontnauigablcs quafipar tour. Il ne faut doncq
pas tenir pour chofe friuolc& incroyable ce qui nous a efte
laine par eferit partant daut heurs de la groiïèur d'Inde & de
Gange, &c qu'ils furpaffent de beaucoup le Nil & le Danube.
Car nous fçauons bien qu'il n'y a aucun flcuuc quife defehar-
ge dans le Nil : ains au contraire que d'iceîuy font tirez plu-
leurs ruifleaux çà & là par le pays d'Egypte . Et le Danube
eft bien petit à fon origine: vray eft qu'il reçoit plufîeurs ri-
uieresauec foy, mais non en fi grand nombre ny femblablcs
en grofleur à ceux qui fc ioignent à l'Inde & au Gange ; & fi y
en a peu qui foiêt capables de porter vaiffeaux. Du nôbre des-
quels i'ay vcuEn&Sau : lequel Enfcmeflc auec le Danube es
«Grifeps.fc confins des Noriciens & Rhcdcns* : Se S au au pays des Pe-
himcBiuie- ans * Etlellcu 0 ù ces deux riuicres fc ioignent cnfemble fe
vpgtic. nomme Taurun . S'il y a quelqu'vn qui fçache autre fleuue
portant bateaux, qui fedefeharge dans le Danube outre ces
deux, il n'en fçauroit gueres nommer. Or filon veut enten-
dre la caufede'la grofleur de ces fieuues Indiens faut l'appren-
dre d'autre que de moy, qui me contenteray de toucher ce?
quei'en ay appris. Megafthcne parle depluficurs autres riuic-
res, qu'il nome parleurs noms, aurres que l'Inde & le Gange,
iufques au nombre en tout de cinquâte & huiÊt portans vaif-
feaux, qu'il diftfe defeharger dans l'Océan Oriental &c Mé-
ridional. Mais iencftnnc pas que Megafthcne ait beaucoup
voyagé dans l'Indie : vray eft qu'il a efté plus auaut que ceux
rc
D'ALEX.. LE GRAND. LI. VIII. 317
quifuyuircnt Alexandre en fes conqucftcs. Cuir il diQt auoir McgaRlienc
dcmcuréauecSandracorpuiffantRoy enlndie, StauecPor, d ^°"™ en
qui fut cncoresplus grand & plus puiflant que Sandracoc. Indic
Ccftui-cyefcrit, que les Indiens ne font ïamais fortis de leur Les InJiens
/■ ~ ,n , ne tunt la
pays pour guerroyer contre aucune nation : 8c que ïamais g Uetrc hors
peuple n'entra dans leurs frontières pour leur faire la guerre, leur pays.
L. 1 r r n ;r ■ ■ 11 - j Selbftri* JE-
Par ce que Sefoltns égyptien, qui conquit la plus grade par- „ vpcien .
tie de lAiîe, depuis qu'il fut paruenu aucc fon armée iufques ïndjLhyrfc
en Europe, feu retourna. Que Indathyrfe Scythe fortic de la Sc >' die '
Scythie aucc grand nombre de combattans : &c aiant defeonfi
plulieurs nations d'Afic, palla victorieux iufques en Egypte.
Que £ AiTyrienne Scmiramis feittous fes efforts d'enuahir les De s mira .
Indiens: mais elle decedaauant que d'auoir mis fes dcflcms à mis.
exécution. Etqueiamais autre que Alexandre n'entra dans -v^ h5 _
flndic aucc armee. On tient toutefois p ourtout certain que m( > n'ëften^
Denis, ceûàdiœ Bacchus, auant Alexandre mena vncarmec ^J 1 ^"
contrcles Indiens ,8c qu'il les desfeit. Quant à Hercule on J^J, Atef .
n'en parle pas fi certainement. Du voyage &: victoire de De- sandre,
nis feruét de remarques afîcz manifeftes la ville de NyfTc, &c le DeB;icchus '
môtdeCuiflè:& encorcs le lierre qui y croifr en plufieursSc di-
uers endroicts: 8c outre cela les tabourins Se cymbales dont les
Nyfîeens vfent en guerre^ les robes bigarccs,cÔmc en portée
ceux qui facrihent à Denis.Mais d'Hercule ne fe voyent point De Hercule,
rant de remarques en ces lieux là. Et ce que l'on dicl: qu'il ne
peut predre d'aiTauk la roche dAorne.laquelle a cfré prife par
ÂlcxandrCjic le tien pourvue vantife Macedoniëne:tout ainfi Vmû& iWa-
que quadles Maccdonics appcllcrcntle Parapamifc, Caucafc: eedqnienae.
qui toutefois ne touche pas feulement au Caucafc : mefme-
ment la cauerne qu'ils auoien t ouy dire eftre au Parapamifc,
ils dirent que c'eftoit celle, où Promcthee au oit effé relégué , Canetne de
y endurant grands tourmens, à caufe du feu qu'il au oit dclro- Piomcrhce.
beaux dieux, & departy aux hommes. Et par ce qu'ils veirent
lesSibefiens, nation Indiêne, vefrus de peaux, ils difoient que
Hercule les y auoit laiffez: d'autant aulïî qu'ils portent des
maffu es, & marquent leurs bœufs &c leurs vaches d'vnc mar-
& iij
L'eau de la
riuiere de Si
la ne peut
porter clio-
fe cjuelcon-
Dont proce
de le regor
gement du
Nil,
L' In die rc-
fcinblc à l'v£
3 iS ARRIAN DE L'HISTOIRE
que portant figure de maiïuë: par ce que Hercule en fouloit
porter vue. Que lilon trouue qu'il y ait en cela quelque vray-
femblance, il faut que ceft Hercule ait efte vn autre queny l e
Thebain , nyle Tyncn , uy l'égyptien : &que ce (bit q ac ^
que Roy puiflaot d'vne région allez proche d Indie. Lon
croira ce qu'on voudra des choies que les cftrangers onteferi-
tes de ce qui eft par delà l'Hyphafis : mais quant a moy , iene
lesfeçoypas toutes pour vrayes. Et de ce qu'ont efent ceux
qui ontfuiuy Alexandre, touchant l'Hyphafis & les pays de
deçà, ic ne le voudroy pas rcietter du tout, par ce qu ils en ont
peu parler certainement. Non plus que ce que Mcgafthend
dict d'vne certaine nuieredlndic (on la nomme S lia) laquelle
il diâ auoir fa fource de mefme nom,& coftoyer des Silecns,
qui ont cité ainfi appeliez à caufe du flcuue.L'cau duquelil dit
auoir celte proprieté,qu'eUc ne peut porter chofe quelcôque.
ny meûncmét endurer eftre chargée de bateaux ou autremet:
maisquetouty va en fond, comme cftant l'eau d'iceluy plus
acrec &c plus légère que celle des autres. En Indic les pluye^|
fcngcndrcntcs montaignes, principalement en efté, &. tpe-
cialement au Parapamife , Emode 8c Himac , dont taillent de
gxoûes Se impetueufes riuieres. 11 tombe auffi de lapluyccs
plaines des Indiens, dont elles font quelquefois toutes cou-
uertes. IufqucslàqucAcefmcs cftant wne fois desborde en
plein efté contraignit le camp d'Alexandre de châger de pla-
ce bien haftiucmcnt. Dont on peut îugcr de la nature du Nil,
■ & qu'il cil bien vrayfcmblablc que des pluyes qui ic font l'cfte
■ esmontaignes des éthiopiens, il f enfle, & tout trouble de
limon furmonte fes bords 8c fefpand par l'Egypte. Et qu'il ne»
faut pas croire que cela procède des neiges fondues . Ce qui
ne peut aduemr, mefmcmcnt en temps d'eftè, Si y fou flan s h£
vents Etcficns : veu que és autres pays de montaignes de 1 A>
thiopieles neiges en telle faifon n y durent pas, à caute de 1 ar-
deur de la région & chaleur du Soleil. Mais qu'il plcuue en ces
lieux- là comme aux montaignes de l'Indie, il n'eft pas încon-
uenient : entendu que quaii en toutes autres choies l'Indie re-
fcmble
D'ALEX. LE GRAND. LI. V II I. 319
femblcaflczbien à l'Ethiopie : iniques là que les fleuues des gg*
Indiens.auflî bien queleNil,quicft éthiopien & égyptien , ( ] ec i, 0 fcs.
postent des Crocodiles & des poiffons fcmblables, hors-mis ^Çtaig.
le cheuald'eau,cncorcs cU&t^eficnt,quê ceftecfpece depoif- °^ u " tmm
fou l'y engendre . Les Indiens 6c les /Ethiopiens lont peu dif- en indie.
ferens de corps : principalement les Indiens quitirent plus au
Midy. Car ils font ainfi noirs de v.fagc &c de poil. Il cftvray
qu'ils ne font pas fi camus, Se Ci n'ont pas les cheueux fi cref- des^chio.
pcs. Et ceux qui approchent des parties Septentrionales ont P"»*
tout tel tci'nft que les /Egyptiens. Les nations Indiennes (ain- ^ ^
Ci que reçue Mcgafthenc; font en nombre cent & dixhuicl: . h " ma . na l n '- ï
Pour mon regardée fuis bien d'accord auec Mcgafthenc qu'il indiennes,
y apluficurs côtrecs enlndie. Maisie ne puis penfcr dont il a
peu apprendre ce nombre certain &c arrefte , veu qu'il n'a pas
voyagé grande partie de l'Indie : & fi cous les Indiens n'ont ^
pas communication ny commerce cn-femblc. Le temps palsc ^ J-J*
les Indiens eftoientpaftrcs, tout ainfi que les Scythcs,lefqucîs pa ftres.
net'addonnent point au labouraige, Se n'habitent point aux
villes, & fi ne dreflent aucuns temples à leurs dieux : mais l'en
vont par le pays dans des chariots ça Se là,fclon que l'oppor-
tunité fc prefence, veftus des peaux des belles fauuaigcs, qu'ils
tuent a la chaflèi « fc iiourriftcnt de feuilles de certains arbres dcs scytfces.
quils appellent Tala: au fommet defqucls vient ie ne Içay
quoy de charneux comme aux palmicts. Ils mangent aufïi de
la chair des beftes fauuaigcs , mais toute crciic . Semblable
cftoit la manière de viure des Indiens, auant que Denis en-
trait dans l'Indie. Et depuis qu'il eut dompté les Indiens 1! y g^> aa
édifia des villes, leur eftablitdesloix, félon lefquelles il voulut a a ux "X'*s,
qu'ils le gouuemalïenf. & leur cnfcignal'vfagc dublcd &du & leor en-
vin, comme il auon faicl aux Grecs, y aiant faiÛ porter du JgJJJÏ
plan & delà femence:& en ce faifant faudrou dire queTripro- f„ vln ,
leme n'alla pas îufques là, quand il fut cnuoyé par Ceres pour
diftribuer & departiraux humains lafeméce defourment: ou
bien, que auât Triptolcrnc quelqu'vn portât ce nom de Denis
ycftoit allé, qui ieurauoit appris à labourer calciner la terre
3 io ARRIAN DE L'HISTOIRE
Denis fut le premier qui trouua moiê de cou pler les bœufs &
lcsafiuie&ir auioug pour labourer. Il feit laplufpartdesln-
JiiSte! diens dc paftrcs laboureurs: leur en feignal via ged es arm*^
' &c de quelles cérémonies il fallait feruu les dieux, meftnçmct
de foy mcfmes, Éçaùoir eft au fon des rabourins & cymbales.
Ilinuentala daofefacyrique que les Grecs appellent Cordax.
DauantaigL il leur enfeigna à porter longue perruque, p or -
ter affublement de tefte, d'vfcr d'ongues & parfums. Et mf.
ques à l'arriuee d'Alexandre en ces pays là, ils alloicnt à la ba-
taille au fon des cymbales Se des tabourins. Quand Denis
fut prefl à partir d'lndic,il y ordonna pour Roy Spartcm-
bas vn des Seigneurs de fa fuitte, qui eftoit homme bien
SuccefRons verfé aux cérémonies & facnfiecs Bacchiques. Apres le
desRoys en ^ cccs duquel, J c Royaume tomba es mains de Budyas fon
Indie depuis ~ . il * ' , ri i
Bacçhus. fils. Spartembas régna cinquante deux ans . cuuyas aianc
règne l'efpace de vingt ans mourut, laiflanc Roy après luy
vn fîcn fils nommé Ctadcuas . Et depuis luy la Royauté
alia ainfi par vn long temps fuccclîîucment de pere en fil*.
llcflioo des S'iladucnoit qu'vn Roy decedaft fans entans habiles à luy
™ fucceder,ils chfoicnt vn d'entre eux homme vertueux & fage,
Hercule In- pourlcs gouuetncr. L'on tient communément que Hercule
iien ' alla en In die, mais les Indiens dient qu'il cftoit natif du pays,
5c le rcucrent beaucoup, principalement les Surafcniens, na-
tion Indienne. Lefquels ont deux grandes villes, à fçauotr
MethoreSi Clifoborefur le Iobar fleuue nauigable. Mcga-
fthenc parlant de l'équipage de ceft Hercule, dieï qu'il eftoit
toutfcmblableà celuy dont fouloit vfer le Thebain Hercule:
ce que pareillement affeurent les Indiens, & racontent qu'il
eut grand nombre d'enfans maOes de plusieurs femmes , 8t
dTmJlc. vnc feulle fille appellcc Pandee: dont pnnt le nom dePandee
la terre où elle fut née, laquelle il luy dona auec cinqcens élé-
phants, quatre mil hommes de chcual, 8c huitt vingts mil de
fanterie. Il y a d'autres peuples en Indie, qui affeurent de ce
mefme Hercule, que aiant trauerfe toute l'Indie, Se icelle
purgée des vices qui y regu oient, il trouua à la mer vue perle
des
D'ALEX. LE GRAND. LI. VITT. 3iI
des plus bcilcs que les marchands qui traffiqutui en ces quar-
tiers en rapportent. Lon (çait allez comme chez les Grecs le
temps pailé, & maintenant chez les Romains, ceux qui onr perIcs »
dequoy , font fort curieux de perles, & lesachcptcnt à pris dicancs,
excefïif , & font appellccs Margantcs en langue Indienne.
Hercule admirant la beauté de celle perle, en fezt ccrchcr
quantité par toute la mer Indienne pour les donner à fa fille.
Le meime Megafthcne di£t,quc les conçhcSjdans Icfquclles fe
con créent les perles, fe preinét au ce des filez : &: qu elles vont
pailliepar trouppes, aiantileur Roy ainlî qucles mouches à Aftiour ^ s
m ici : &hladutenr que leur Roy foit pris des pefcheurs, elles conches en-
viennent à fentour d'eux, ne fc foucians d'aucune violence, i=rs leur
qu'on leur pourroit faire. Et fi le Roy 0 enfuit, elles le fuy tient Koy '
toutes. Que les Indiens lai fient pourri la chair, mais qu ils fe Vafeui des
feruent delà coquille pour ioliucté. Queces perles font efti- perles en in-
mees chez les Indiens trois fois autant que le poix de for ,\ qui ^
, 1 1 1 -Ues mines
eu tire des mines du pays. Il ditt d auantage que en ces con- dot en in-
trecs là, que la fille de Hercule tenoit en tiltre de Royaume , ^
les femmes quand elles font paru en u es à l'age de fept ans font r ^bi«
mariables, 6c défait! fe marient : ôc que les hommes n'y vmêt g= àe fepe
quequarâteansau plus. Et que les Indiens racontent celle hi- n5mes
ftoire, ou plulloft fable : Que Hercule ayant eu de fa femme neviuft que
celle fille eftantja vieil, Se fe voyant élire fur la fin de fes iours, p a ° n(J ^ s en
fans pouuoirtrouuer homme qui mentait luy élire gendre,
& auquel il peuft commodément &c aucchonneur donner la Fable Je Ha
fille en mariage, eut la compagnie d'elle . n'eftantaeee que de cule & de
iept ans, a ce que de tu y demeurait lignée pour la procréation £j Je>
des Roys Indiens. Que au moyen de ce il la rendit nubile , 8c
demeura depuis ce bien-faitl d'Hercule à toute la contrée où
régna Pandee. Toutefois il m'eil aduis qu'il y a bien peu d'ap-
parence de raifon en cela. Parce que fi Hercule pouuoic en-
cor es faire des enfans, & auoir affaire aucc vncfillcfiicunc, il
faut cftimer qu'il cftoit encorcs pour viurc long temps . Et fi
cequcl'ondicfde l'age meur des filles cft chofe certaine, il fe
rapporte à ce que l'on a eferit de l'age des hommes, qu'ils ne
S
3 iï ÀRRIAN DE L'HISTOIRE
viuent que quarante ans tout au plus. Car ceux qui paruien-
nentpSultoft ala vicillefle font plus proches de leur mort , la-
quelle vient par compagnie auec la vicilleiic : &c confequerrt-
ment faut que kurage viril fcpafle bien toft. Partant ceux
qui ont trente ans en ce pays- là commancent ja à entrer en
vieille/Te : ceux qui ont vingt ans font en age d'homme, se
ceux qui en ont quinze font en pleine adolefcence: & au£fi
fembleroit que les femmes en l'âge de fept ans fuffent habi-
les à conecuoir. Le mefrae Megafthene eferit, que en cette
contrée les fruifts de la terre font pluftoft meurs que ailleurs.
Depuis De- D C p U i s Denis iufqucs à Sandracot les Indiens comptent iuf-
Sidraco^j} ques à cent cinquante trois Roys : Se de temps fix mil quaran-
Roys , & tc ÛCUX anSt y ers le comman cernent duquel, & depuis en-
'° 41 '* os * corcs vnc autrefois par trois cens ans, &cncorcsvne autre
paii'cfpacc de fix vingts ans, ils ont vefeu en liberté vfans de
leurs loix. Ils racontent aufli que Denis fut quinze fieclcsauât
Hercule^ queiamais autres a entrèrent dans leurs frontières
pour leur mener guerre ; non pasmefmcs Cyr qui fur his de
Cambyfe, combien qu'il foi t entré en laScythieaucc armée,
& que d'ailleurs il ait faift beaucoup de grandes chofcs } voue
plus que autre Roy qui ait elle eu A lie. Et que quâr à Alexan-
dre, il y entra, & conquit par armes tout le pays où il fut -.se
euft conquis tous les autres, fifon armée n'euft refuie d'aller
plus au an t. Au furplus qu'il nefe trouucra que aucun Indien-
pcfoïS* ait ïamaisforty auec vn camp des frontières d'Indic par coiv
bu pays uoitife de dominer, de peur deftre rcputcziniuflcs. L'on di$
auec forces au gj ^ uc ]es l oc Jiens ne baftiûent point de fepule rires aux
Çnerir. 01 " dcccdcz, allcguans pour leurs rations que les vertus, & k$
Les indiens louanges que l'on chante d'eux font fuffitantes pour fa n e que
^Xdf Ë- les hommes f'en fouuien nen t à umais. 11 n'y a h om me qui ait
putefires, & peufçauoir le nôbtc des villes d'Indie,tant il y en a. Et quanti
poBtqooy. cdlcs q ui f ont f ur les nuieres & fur la mer, elles font bafties-de
Dm vilks bon es matières: car elles ne durcroict pas fi elles euoiët rajêet
4'indic. de brique feulemët.lcaufc des pluies: loin et au ffiq les fleuu es
auandils fcdcsbordcntxouurcnt &rcmpliflcatlc plat pays;
^ Celles,
I
D'ALEX. LE GRAND. LL VIII. 315
Celles qui font fituees es lieux hauts, font conftruictes de bri-
ques & tic terre. La plus grande de toutes les villes Indiennes
eft celle qu'ils appcllêt Palimbothra és confins des Gedro liens,
au confiant & rencontre des fleuues Erannoboa & Gange,
Lequel trannoboa tient le tiers lieu en grandeur entre tous ^""j 3 ^*
les fleuues d'in die: mais il cède au Gange, qui excède de beau- p^^. '
coup tous les autres. Mcgafthene efent que cette ville a qua- thn.
tre vingts ftades de longueur, & de largeur quinze ; qu'elle cft
cnitirouneed'vnfoflejquia trois arpens delargeur, & trente
coudées de profondeur: qu'il y a deux cens loixante &dix
tours, Se foixante & quatorze portes. Mais c'eft vnc chofe re-
marquable que dicl Mcgafthene, que en In die toutes pcrlon- J o °™" P q "*
nés font de franche condition, &c qu'il n'y a aucun efclaue. de franche
Enquoy ils refembttnt aux Laccdçmomcns, chez lefqucls il "j^ 11
n'y a aucun ferf/d n'tft cftrangcr. Les Indiens (ont diuifez en i^/mji"^
fepteftats : le premier èefqûekeÛ. de ceux qui l'appellent So- àiuifa en.
phiftes, ou fages : qui font bien en plus peut nombre que les ^fej^
autres, mais ce font les premiers de tous en hôneurSc dignité, ftes oufaget
Ils n'ont point de bcfoine de trauailler pour viure: ils ne (ont d ' lDjlc . & d Ç
. r ,, e n . . leur vacati»
aftraincîs a aucune charge pcrlonnclle: îlsnelemeileten rien & manière
des affaires p u bh cqu es, &. n'ont autre vacation ou affaire, que dc «ure.
de faire les prières & facrifices pour le bien public . Etfiquel-
qu'vn veut lacrifier en particuher,luy eft baillé vn defes fophi-
flcspourluy monftrer comme il f y doit conduire : comme fi
autrement les la enfiecs n'cftoient pas aggreables aux dieux. ^ ^
LesSophiftcsfculs parmy tous les Indiens font verfez en la j^jgjj
fcience de deuincr : aufïin'eft il pas permis à autres que à eux predifentks
defe méfier deladiuination. Ils predifent ce qui concerne les
, „ . r 111 j nas le publie.
laifons de 1 année, ou h quelque calamité publique doit a due- &nô les pai-
nir. Mais des aduenrures particulières , ou de la fortune bon ôaûfeies, se
ne ou mauuaifc des perfonnes priuees,ils ncfy arr effet point: F 0UI 1 u °y'
foit qu'ils cftiment que la faculté de deuincr ne i'eifende pas
iufqucsaux chofes petites & particulières, ou bien qu'ils ne f'y
veulent arreftev, comme eft ans indignes d'eux & de leur tra-
uail. Si queiqu'vn d'cuxafailly par trois fois à dire la vérité en
S ij
3*4 ARR1AN DE L'HISTOIRE
dcuinant, autre punition ne lu y cft cnioin&e, finon de f e tai-
re : se cela faia on ne le peut plus contraindre de parler . Ces
c« SopKï- ç ■ fafe s £ oM toufiours tousnuds.viuans en temps d'hyucr
toJZT. en plein air, Se non foubs tcft : Sd'cfté és prez & lieux maref-
cacreux & couuerts foubs des arbres : l'ombre defqucls , ainfi
àadem Ncarch , a deux arpens&demy d'eftendue: telle-
ment que mil hommes fe peuuent aifément mettre à la*bry
foubs l'vn d'iccux . Ils fe nourrirent de fueiiles,& dufruiade
certains arbrcs,qui eft doux Si de grande nourriturc.non plus
L'cfiac fecôd ne moins q UC j es figues des palmiers. L'autre eftat après les
eftd«hboa Sophiftes cft cduy des laboureurs : qui font en allez grand
nombrc.Ccux-cy n'ont aucunes armes dont ils pmflent com-
battre: aufil nefe foucient ils auainemcc du faiâ de la guerre,
ains f'addonnent du tour au labouraige, payans tribut aux
Roys&aux villes libres. Èt fil aduient que les Indiens fa-
liberté se cent } a çmerre les vus contre les autres, il eft défendu lur
Sboureu" grandes peines de travailler les laboureurs Se faire aucuu
pen dan £ Ià dommaige ou degalt aux terres cmpomllccs . De raict
Sucne. yous vo i r ez les gens de guerre combattre Se fentre tuer dé-
liant les yeux des laboureurs, lcfquels pour cela n'abandon-
nent leur labourage, ou vendange, ou fagottaige, ou m oit
letierseibt fon Le tiers eftat chez les Indiens eft des paftres : qui auffi
££" P "" n'habitent point en villes ny en Villages, ains vont errai»
çà Sî là par les deferts Se montaignes : Si payent lemblable-
ment tnbur à raifon de leur bcftral: ils {'occupent auffi à la
U 4. rt« chaffe tant du gibier que des groffcsbeftesfauuagcs. L eftat
cft des »rti- d ' a s e n- j cs ai -tifans @C des marchands: lcfquels aufli payent
Sait tribut, à ra^on du proufit qu'Us tirent de leur meftier ou tra-
Priuikget fie, dont n'y a aucun exempt, que les armuriers : auiquels au
des arma- con traire on baille gaige le plus fouuenr des deniers cora-
muns. En ceft ordre font compris les charpentiers & ailcrn-
blcurs de bateaux &nauires,& les marin icrs&baftchcrsaiiffi.
U y ordre Le cinquième ordre cft compofe des gens de guerre, qui font
c ft compofé cn pi us grand nombre que aucun des autres, hon mis les U-
d " S £ns dc boureurs . Ceux-cy louflfcnt de grands priuilcges, liberté &c
8 uctrc - licence.
D'ALEX. LE GRAND. LT. VIII. m
licence. Ils n'ont autre occupation qu'à foigncr de leurs ar-
mes, &r d'o ne autre exercice. Aucuns leur baillent des armes,
d'autres des cheuaux, des elephâts, des chariots, des chartiers PriulIeges ^
Se des conduaeursde chars de guerre. Tant que la guerre Licence des
dure ils y font rouiiours: cft- elle ceffee , ils fc retirent en leurs
maifons. Lafoultc qui leur cft baillcc eft celle., quelle fuftit ti ôo&leur
pour les nourrir Se d'autres encores auec eux Le lixiémc fijly.^
cftat eft de ceux qu'ils appellent- cfgards ou furueillans. L om- cft ^ cf .
ce Se charge defqucls eft d'auoir l'œil, f enquérir Se vifitcr foi- girds .
gncufcmcnc ce qui fe îù€t tant aux villes, que par les champs:
&cn faire rapport aux Roys,fi c cft és Royaumes:ouauxma-
ciftrats, fi c'eft en pays libre: & defenfe à eux de taire vn faux
rapport, com me auffi ne font ils pas. Et n e f eft ïamais veu In-
dien qui ait efté repris en iufiiee d'auoir ditr, rapporte ou tel- nicnf b og c.
moignè chofe fauife: tant ils ont en recommandation la ve-
rite Se lafidelité.Lc dernier ordre Se eftat eft compoie de ceux ccux quimi .
ouifomneot Se ordonnent des affaires publiques, ou auec les .km . k
Roys, ou par les villes libres. Ceux-là font en petit nombre: Ri-
mais à caufe de leur fagcïTc Se preudhommie ils font préfé-
rez à tous autres. S'il faut élire des Princes, legifiateurs ,
financiers, capitaines de guerre parterre Se par mer des offi-
ciers de villcou d'autres qui aient efgard fur les affaires des ^ ^
champs, on kschoifit parmy ceux là. Les mariages y ionc gesprohlbc;c
prohibez entre petfonnes de diuers eftats:Sc n'elt permis a vn mK perfcn
laboureur de prendre à femme la fille d'vnattifan, ny au cou- ™ Iue "
traire II n'eft pas suffi loifiblc à yivhomme d'exercer deux N dH 'oifi-
mefticr^nydelaiftervn meftier pour en prendre vn autre.
Vue fculle choie eft commune à tous eftats, a fçauoir qu on dmx mc .
en peut élire desSophiftes: d'autant que la vie des Sopluftcs fiiers.
cft plus auftere, plus dure Se plus laboricuicquc celle de ncl-
vn des autres eftats dont nous auons parlé. Les Indiens chai-
fcntàtoutcs fortes de beftes fauuaigcs, ainfi que lesGrecs:
mais fur toute cft plaifantc la chafte des elephâs, qu ds font en ^ ^
cefte manière. Les veneurs choifillcnt vn lieu plat Se couuert & prifedes
d'arbres,auffi grand qu'ilfaudroit pour camper vne grofle ar- Eic P h ans .
1
3 2,<î ARÏUAN DE L'HISTOIRE
mec, alentour duquel ils tiret vn fofsé large de cinq couldces '
& profond de quatre, iett.intsla terre fur les bords du fofsé,
&feferuans de la leuee comme d'vn mur. Puis ils font des lo-
gettes dans laleucequi eft en dehors, & y laifTent de petits
trous pour clarté, à fin de voir les beftes approcher, &; entrer
dans l'endos. Et pour y attirer pluftoft tes Elcphâts, ils enfer-
ment là dedans quatre femelles des mieux appnuoifees, & ne
laiiTent quvn pafïàge pour y entrer, qui eft vn pont qu'ils font
par deilus le fofsé, lequel ils couurent fort de gazons, de peur
que les beftes fapperçoiucnt de la rufe. Les veneurs demeu-
rent cachez dans ces logettes . Les Eléphants ne fortent
point de iour es lieux cultiuez : mais par nui£l ils vont pai-
ftrepartrouppes çà &c là où bonleui ïcmble, ayans ordinai-
rement Si (uiuans pour leur guide ecluy d'entre eux qui
eft le plus grand Se le plus couraigcux : tout ainiî quenous
voyons les bœufs & les vaches aller après les taureaux. Quand
cftans proches de l'enclos , ils entendent la voix de celles qui
font enfermées dedans, ëc lesfentent à flairer, ils accourent
incontinant, tournoyans la fermeture tufques à ce qu'ils aient
rencontré le pont: lequel trouuc ils entrent dans l'enclos. Si
toit que ceux qui font là au guet les voyent entrez , ils oftent le
pont. Cependant aucuns d'eux fen vont aux villages pro-
chains aduertir qu'il y en a d'enfermez . Qupy entendu , les
paifans montent incontinent fur des elephans pnuez, Si prin-
cipalement fur ceux qui font de plus grand cueu^Scfcn vont
là. Toutefois ils ne commancent pasli toft qu'ils font arriuez
le combat contre les elephans fauuagcs, ains les laifTent par
«quelque temps matter par faim & par foif. Puis quand ils les"
voyent deueuus plus débiles ôt plus doux,ilsremettctlcpont t
& entrent dedans le parc. De premier abord fe fai£t vn afpre
combat entre ces elephans pnuez & les fauuages : mais à la
longucles fauuages font veincus. Et lors ceux qui font fur les
elephans priuez mettet pied à terre, & licntles ïambes des au-
tres, & les laifTent battre par ces pnuez, iufqucs à ce que ayans
cité bien battus ils tombent.Cela faiclilsleurmettêtdes licols
au
D'ALEX LE GRAND. LL VTIÎ. n7
su col, Se montent deffus pédant qu'ils font tombez ctl texte.
E c à fi n qu'i Is a p p rc n ne 1 i c a c n d tue r q u e fo n m on t c dciïus , &C
fuie qu'on tovpulîc feruir, ils leur découpent la peau à l'eu-
tour du col, &: par defius les playes font paiRr les refnes , a fin
que parle moien de la douleur qu'ils en Tentent, ils fe biffent
plus ailèment gouuerner. Car fils n'endurent leurs che-
u au cheurs, quand cm tir c for t les refn es, ils les en durent bien.
S'il feu prend quelsqucs vus qui (oient trop ieuncs, ou mal
adroi6ts pour en tirer fcruice,ils les îafchenr ; les autres ils
les meinent aux villages, &: leur prefentent premièrement da
foin & des-ro féaux ver ds pour toute viande : Se par ce que du
commancement ils ne veulent point manger eftans criftes 8C
fentans douleur, on f efforce de lesappaifer 8£ refiouyr aucc
chanfons, 5c au Ion des cymbales &c tabounns. Car fil y a ani- ^MenidUM
mal au monde qui tienne quelque chofe de l'entendement eer
humain, ccft i'clcphant. Iufqucs- là qu'il l'en cft trou ué autre-
fois qui ont rcleué leurs mai ttres citants morts en bataille, &£
les charp-eansr fur leur dt>s les ont tirez de laprcffe des ennemis
pour titre mis en fcpukurc, D'«uu:rcs ont défendu leurs raai-
ftres éftans tombez par terre contre la tune de leurs ennemis.
Aucuns fentans leurs cheuaucheurs r en u criez & tombez fe
font mis au deuant, Screceuk mort pour eux. Iisdient, qu'il
feu eft trouué vu, qui après auoir tué citant en furie fou gou-
uerneur, entra en tel regret, qu'il ne voulut manger oneques
puis, & fe tailla mourir . fay veu autrefois vu éléphant aiant
à chafeune cuiffe vn cymbale pendu , & vn autre attaché à fa ^
trompe,au fon defquels tous les autres clephans danfoient en aB *
rond proprement & à certaines cadences,tantolt f'eileuans en *
fair, ores i'cnclinans/elon que le fon & la cadence du premier
le requer oient : & y auoir plaifir à ouyi-l'armonic de ces cym-
bales. Sur le printemps la femelleappctc le malle, tout ainlï
que faictvnc vache ou vneiument : en laquelle fouurent des La gênera-
veines alentour des tempes. Elle porte fon frm£t en fon ven- J^g^
tre au plus iufqucs à dix hui;t mois, au moins feize mois ; & c i C phaes,
ne porte qu vn à la fois aiuii que la iument. Se le nourrit de fon
3 i8 ARRIAN DE L'HISTOIRE
Les clcpiias l a ia iufques à hui£t ans. Les clepbas viuct quelquefois iufqu es
vioeat iaf- v (Jeux ccns ans ji y en a beaucoup qui ne paruiénent iufques à
100 cefl âge, à caufe des maladies où ils tôbcnt. Ceftvn i'ouueraia
remède pour les guenr du mal des ycux,quc du taicr de vache;'
aux autres maladies ic vin vermeil en bruuage lcureft bien
propre : 8c aux playes 8c vlccrcs, on y Applique de la chair de
Lc Tigre porc roftie & broyée. Les Indiens eftiment que le Tigre cft
plus fon ^ beaucoup plus fort que 1 clcphât:& eferit Nearch au ou veu la
l'Eléphant. ^ ^ Tlgl - C)1TI - lls quat a la bcftc,il n'en a ïamais veu. Mais
que les Indiens dient qu'il eft de lagiâdcur d'vnpuiflant chc
uai,& qu'il cil fi vif, û fort,& ûdifpos , qu'il n'y a autre animal
5fiSSSa à comparer à luy. De forte que quâd il entre en combat con-
& du Tigre. t re l'elephant, il l'attaque brulquement, fc dclmarchant dex-
trement îufqucs à ce qu'il l'empoigne parle col & f eftrangle.
Ces belles que nous voyons par deçà, que nous appelions Ti-
JiiT fem- gr«,nc le font pas proprement , mais font Thocs,qui font
blablcs aux animaux d'vn c autre cfpecc, toutefois ainli marquetez : vray
Tigres, cfl: qu'ils font plus grands que les autres Thoë's. Quant au*
fourmis, Ncarchclcnt que vcritablcmcnc il n'en a point veu
de tels que quelsques autres ont eferit: fe trouucren Indie:trop
bien qu'il en a veu des peaux, dont on apportoit grade quan-
tité au camp des Macédoniens. Mcgafthcne efent que ce que
Ion en dit* communément cftvray : & que c'eft chofe certai-
ne 8c aucrec qu'ils fou ifient & tirent l'or de la terre, non pas
pourauoir l'or, mais pour faire leurs cauernes 8c retraites
bien auant foubs terre : ai nfi que ceux de pardeça , bien que
Sk "lus™ P ctits ' c ff° miîcnt quelque peu de terre : Se que ces fourmis
grands P quc font plus grands que regnards. Et quand ils ont ainfi attiré de
legnacd*. j a terre eimemcflcc d'or, les Indiens la repurgent & affinent,
& en tirent l'or. Mais ce qu'il en récite il le fçait pour fauoir
ouy dire feulement, & non comme faiant veu. Pour mon re-
gard, d'autant que ienay aucune prcuuc fuffifante de ces cho-
ies, ic n'en parleray plus auant. Nearch raconte comme chofe
Dcsperro- bien admirable qu'enlndieya des perroquets qui parlent SC
quets tu h- £ ormcnt j curs moî5j reprefentans la parole dei 'homme, le ne
m'arrcflcray
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIII. ? i5
m'arrcfteray àdifcourir de ces oifeaux comme de chofe re-
marquable, en aiant veu pluiieurs de celle elpccc appriuoifez,
8l d'autres lauuatgcs volans librement paiTair:ny aulîidc la
grandeur des Anges, quels fontlcsplus cftimczaupays, &par Dcsfingcs.
quelle rule on les prend : par ce que cela eft tout notoire à vn
chafeun : il eft vray que ceux-là l'ont finguliers pour la grande
beauté dont ils lont . Aiillî elct ir Neareh que en ces lieux- là
Ion prent des ferpens qui on t la peau tachetée de diuerfes cou-
leurs, &: font dVnc eftrangc viftefle : & que celuy que Python
fils d'Antieenc, tua, auoit feize couldees de longueur , 8c que Serpent de
_c> 1 . T j- leize cou-
cncorcsl'y en treuuc il déplus grands^mli que les Indiens deesdclon-
affeurent. Les médecins Grecs ne pcurentiamaistrouuer re- guem.
mede contre la morfure de ces ferpens, qui a bien efté trouué
par les Indiens. Qui fut caufe , ce dicî Neareh , que Alexan-
dre feit venir vers luy & fuiure fon camp tous les expers me- JJ*^
decins d'Indie : 5c qu'il feir publier par le camp, que ceux qui indic.
cftoicntblcflczdcmorfurcsdc ferpens,fc rearaffent à fon pa-
uillon. Et que ces médecins donnèrent des remèdes a beau-
coup d'autres maladies. Il dicî aufli, que les Indiens ne font
fubictts àbcaucoup de fortes de maladies, d'autant qu'ils ont
l'air toutes les quatre faifons de l'année plus tempéré que ail-
leurs. Et l'iladuient qu'il règne quelque maladie dangereufe
extraordinaire, ils ont accouftume d'aller au confeil aux So-
philres,lefquelsgucriffent, non fans quelque grâce diuine, ce
qu'il leur fcmble qu'il faut guérir. Les Indiens fe veftent de r^vcft^at^dl
robes de lin, ainfi que recite le mefme Neareh :& le lin dont robes de lin.
elles font tiffues croift fur des arbres, comme nous auons dicî fa ^ ln fu "^
es hures précédents, & elr plus blanc qu'autre qui foit:ou bien arbres,
le teincï noir $c bazanné des corps le faict paroiftre plus Les ininw
ii T1 , r , j , ■ ■ i portent des
blanc . Ils portent des mppes ou foltanncs de lin qui leur bagues dï-
defeendent îufques à mi- ïambes , & des cappes fur leurs u°irc aux
efpaulcs, qu'ils reicttent par fois fur la tefte . Ils portent I]s p ^ fnt
aux oreilles des bagues d'iuosre, non pas tous, mais ceux-là leurs barbes
feulement qui (ont riches. Ils portent leurs barbes peincles de gjg ^
diuerics couleurs, les vns blanches, les autres bleues, aucuns k urs ,
T
m ARÏUAN DE L'HISTOIRE
joufTes^nelsqucsvns vertes ,d autres nôtres.^ Les plus grands
& autres qui viuentdelicatemér portent Tefté deschappeaux,
ou font porter deuant eux quelque ramée ou autre chofe
faifant ombre, pour fc défendre de 1 ardeur du foleil. lis ont
des fouliers de cuir blanc qui font fort hauts, aucc pluiî y s
femelles, à fin qu'ils paroilTent plus grands. Leurs armes Se
armures font diuerfes. Les Famafïïns portent des arcs auffi
' hauts qu'eux: qu'ils tendent, à fin d auoir plus de force, aucc
k pied gauche, roydiffans la ïambe contre lare en dedans.
Leurs flèches ont quafi crois couldecs de longueur : lefqucllcs
ils décochent de telle roydeur, qu il n y apauois, cuiraffe, ny
autre armure qui puiife refifter. En la main feneftre ils por-
tent des pauoys de cuir de bœuf cru auffi hauks qu eux, mais
vn peu plus eft roi£R Les autresaulieu d'arcs vfent de dards.
Et tous ont 1 cfpcc à large lame ôc longue de trois couldces,
dont ils combattent quand on vient aux mains, (chofe rare
toutefois entre les Indie»s)la prenans à deux mainsà fin de
donner grand coup . Les caualicrs portent chakun deux
dards ou îauelots anczfcmblablcs à ceux des Dannoys, & des
pauois, mais plus petits que ceux des gens de pied. Lctirs che-
uaux n'ont point de Telles, ny dcbndes à mords (bit à-ia Gre-
qucouàîaGauloife: ains fout gouucrncz feulement aucc des
refnes de cuir de beeuferu, dans Icfqucls ils fichent commu-
nément des petits doux de fer ou d'airin , qui ne font pas fort
aiguz,les poindes tournées en dedans. Ceux qui ont dc-
quoy y mettent des doux d'iuoirc. Au refte les Indiens font
les indien* ^{[ CS) nautS) alegres &c difpofts par dcflustousles hommes
5egr CS M & ' du monde. Le co mmun peuple fc fert d c Chameaux, d c che-
diiposplus uaux & d'afnes î &: les grands cheuauchent des Eléphants». Car
S^gni ils eftiment cftre eftat magnifique & Royal d'aller monte
fique dalkx f ur V n éléphant: & le premier honneur d'après, daller en co-
"°ek iam che ou autrc char Kriin ' c P ar c l uan c chcuayxipuis après d'aller
ïntCE 3D " furvn chameau :&n eftiment pas honorable a vue perfonne
d'eftre porté ouchanê par vn chenal fcul. D'auantaige qu A-
n'y a prcfent,fi précieux foit ihpar lequel on puille conompre-
D'ALEX. LE GRAND. ZI VIII. $é
U pudicitê de leurs femmes, qui font chaftes, que d'vn ele- JJjfawi
pliant- ne tciians pour choie deshonnefte fi vnc femme l'a- mceen l n dic
donne au plaifird aucun ayant receù de luy vn éléphant en
don Voue f'en glorifient elles, comme citant leur beauté re- f e ° dent
putee digne d'vn tel prefent. Les filles font mariées fans aucu- dVndephfc
Dc dot bailler ou receuoir. £t quand elles font paruenues en f *^ et
ase eteftre mariées, les peres lesmeinent auecqueseux aux ba ,ii« ou.
btiK publicques : & leur permettent de choifir des .maris en - «~*
tic ceux qui ionr les plus difpofts& adroitts ou a la cou rie, de(marisp;1I
ou a la ba&e, on al'cfcnmc^u à quelque autrecxcrcicehon-
nefte. Les laboureurs du plat pays viuent de pain de tour- cedclcuiJ
nient, ceux des montaignes de chair de belles lauuaiges- 11 peres.
fi ffira dauoir récité mfqucs icy ce que Ncarch Se Mcgafthc-
ne pcrlonnages honorables & bien famezont cfcnpt des In-
diens 6L de leur manière de viure. Car racfmcs mon deflein
rùftoir pas d'eicure delcursrncurs & de kprslott: mais feu-
lement de la nauigation de la flotte d'Alexandre depuis 1 In-
du lufqucs à Ion arnuee en Pcrfe. Nous mettrons donc fin a
ce propos. Quand doneques Alexandre fut arnué aux vail-
le ux qu'il auoit commandez , qui cftoient a l'ancre au ri-
uaige d'Hydafpe, & les trouuant prefts à voguer, il y fctt ^ & ^
monter tous les Phéniciens , Cypnens .& égyptiens qui mec de ma
fc uouucicnt en fon camp, comme ceux qui eftoient les d'Akzâite.
mieux emenduz au &tt de la manne. 11 choifit auffi ceux
qui cfto.cnt des Iilcs , cnfcmble les Ioniens, Si ceux de
deuers l'HdlefpoDf: Se ordonna des capitaines & pilotes
pou r les gall ères. Entre les Macédoniens il choifit Ephefnon,
Lonnat , Lyiïmach, Afclepiodote, Archon , Demomq, Ar-
chias, Ophelle & Timant natifs de la ville de Pelle. D Ampht- ^
noir Nearch de Candie qui a dclcnpt cefte nauigation, Lam-
ddci it la rut-
Pcdon Si Androfthene. De Oreftidc , Cratère Se Perdiccas : ttigauâ % .
de Hcorde , Pcolomet & Arilton : de Pydne , Mccron & Ni ««.
carchide: & outre ceux là AttaleStymphcan , Peucefte 1 y-
(hoo, Alcomene, Leonnai, Egee, Pantauch, Abrite, & Myl-
Ice tous Macédoniens. De Grecs, Mcdic, Eumenc, qui eltoit
T n
53i
AKRIAN DE L'HISTOIRE
Ncarch gê-
nerai dt: la
flotte.
Armée d'A-
lexandre de
plus de fix
vingts mil
çombactans ,
fon feerctaire, Càrdic.CritobLiledeCojThoaSjNicandrcde
Magnefîc Se Andron deTeie.Dc Cypricns,NicocledcSolc S)
8c Nithadon Salaminieo.' De Pecfcs Magoas fcul, lequel il or-
donna pilote d'va vaiiTeau à trois rames pour banc ; Oneficrit
Aftyphalean, fur par Alexandre choiii pourpilote de fa nef:
8c pour clerc de route laflotte,Euagores de Corinthc. Et cfta-
blit pour gcncralNcarch, qui eftou; natif de Candie , mais il
cftoit demeurant à Amphipoli, ville fituec fur la riuicrc de
Strymoti. Apres auoir ainfi difpofé de fes affaires , il feit des
facnfiecs aux dieux du pays,&: autres, félon que les dcuinslny
dirêt qu'il falloit faire.Puiï à NeptumàrOceaiijà Amphitrite,
aux Nereides,à la riuicrc d'Hy dafpe,où il cômançoit ion em-
barquemët,& à Accfincs,dans lequel tombe Hydafpc,tea»fli
à l'Inde , auquel fc vont rendre tous les deux. 11 ordonna au fil
desicux de pris pour la mufique, Se poui l'csbat 8c exercice du
corps , faifant départir Se diftribuer par les côpaignies , ce qui
cftoit refte des (aenfiecs. Quand tout ce qui eftoit neceifaire
pour la nauigation fut appareillé, il ordôna à Cratère de mar-
cher de l'vn des collez de la riuicrc, auec vue partie des côpai-
gnies tant de caualerie que d'infanterie : & de l'autre coftéE-
pheftion auec plus grade partie dcl'armcequc celle qu'il auoir.
baillée à Cratère, & près de deux cens elephas.Etluy feit mar-
cher aucc luy les Argyrafpidcs,tous les ges de trcc^Sc iufqucs
àenuiron trois cens de la caualerie des amis : qui faifoiêï en-
femble le nombre de huicl mil hommes. Il commanda à Cra-
tère 8c à Epheftion démarcher deuant, fans toutefois f'efloi-
gner beaucoup de la flotte. Outre touteela il cnuoya deuant
Philippe, lequel il auoupouru eu de l'effet de gouuerneur de
ce pays là,auccvnc partie de fes trou pp es , Se charge de fat cè-
dre, quand il fcroit arriué à Aceiîncs. En ce faifant il cftoit
fuiuy de fix vingts mil combatans, outre ceux qu'il au oit me-
nez auec luy des pays maritimes de par deçà. En cor es au oit il
dcpcfchc des capitaines de toutes parts auec cômiiiions pour
leuerdes compaignies de toutes nations , de quelque façon
quelles fulfcnc armées, 8c d'iceUes dreifer des camps, Si les luy
amener
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIII. 333
amener. Ce pendant il part auecfes vaifleaux pour bailler Se
aller defeendre par l'Hydafpc au confiant & entre cours de
celle riuicreSî de celle d'Aceftnes , aiant infqncs au nombre
de huift cens vaiffeaux,partic longs & de charge , partie d'au- Flotte S Ale-
rtes dans lcfquels eftoient les viurcs, le bagaigc Sdcs che- ccns
uaux. Quelle fut fa nauigation fur ces flcuues,&: quelles Se yaiffeaux.
combien de nations il foubmit à fou obeiflanefi en icelle:en
quel danger defaperfonne il fut au pays des Malhens , com-
ment il y fut blefsé , puis fecouru parPeuccftas SiLeonnat,
nous cnauonsafîczdifcourucy deuant. Refte maintenant de
recitcrlc voyage quefeit Ncarchfur l'Océan depuis les bou-
ches de L'Inde iniques au goulfe Pcrfiquc, que les autres a> a £
pellcnt la mer rouge. Nearch eferit que Alexandre auoitgrad goulft Pct .
defirdenauigerl'6cea/dcpui S rindicu.fquesenPcrfe:mais *gl*«>
qu'il en fut diucrty quand il fecut la longueur du voyage: &
auffi qu'il craigooit.quc fc rencontrant en quelque contrée
def ertc,ou en quelque cofte de nier fans port Se fans haurc , U
y perdift fon armée Se fa flotte : Se que par cefte tcmctaire en-
treprife à tombait en vne calamité qui fouillait Se cftaçaft cou-
te fa gloire acquifc& félicité paflbc: & ncantmoins l'extrême J%£<£
delir qu'il auoitfc corne né auecluy de faire chofes grades 8c aa&d««
nonaccouflumecs pour rendre fa icuÔmec immortellc,lc gai- «qtufc.
gna. Et corne il cftoit en dclibcratiô qui il éliroit encre tous fes
capitaines qui fcpcuft bien acquicer de la conduiftc de cefte
flocte félon qu'il fouhaittoic : clctic Nearch, qu'il luy deman-
da fon aduis , à qui il deuoic bailler cefte commiffion , fe plai-
gnant, Scblaimant les vns d'eftre timides , craignans f'expofer
aux périls, d'autres comme délicats Se de cueur failly : quels-
ques vns d'eftre trop deiirtux de reuoir leur pays. Et que fur
ce propos il luy offrit faire feruice en cefte charge,f il luy plai-
foid'cn honorer : luy promettant moienant la grâce de dieu,
^conduire fa flotte 8c fk gendarmerie fains Se faufs au pays
de Perle, au cas que la mer y f lift nauigablc , en quelque forte
que ce fi.fr, ou que par entendement humain on en peuft ve-
nir a chef. Ce que Alexàdreluy refufa de parole du corn man- .
T iij
334 A R RI AN DE L'HISTOIRE
cernent : difànt qu'il ne vouloit hazarder aucuns de Tes amis â
lî grands périls : dequoy toutefois il ne hic retroidy , anis p cr>
fitta en farequ*J[*e : & que Alexandre à Imitant cogiioiirarn:
fa bonne volonté , l'infritua &c pourueut de l'cflat de General
de celle année de mer A railon dequoy on commança plus
fort quedeinmt à donner ordre à tout ce qui efton neceflaire
pour ce voyage. Qui tut caufe que les compagnons delà ma-
nne fe rendirent plus uaictables , te perfuadans que Alexan-
dre ne baillcroit cette cômiffion àNearcb/i le danger y citait
grand. D'auantage la (p lendeur de l'appareil, le bel equippai-
ge des v ai fléaux, la bonne volonté des chefs, capitaines 6c pi-
lotes enuers les foldats & compaignons delà marin e,cftoitnt
tels qu'ils pouiioient faire prendre couraige & efpcrance à
ceux qui parauant eftoient abbaïus 8<:»maucz decraintc.AurH
auoitdc beaucoup amoindry la crainte ,1a nauigation d'Ale-
xandre m fqu es hors de l'embouche ure du fleuue: &: ce qu'il
auoitimmolé& faift oblations à Neptun & autres dieux delà
mer, à ce que ce voyage euft bonne iflue. Auec tout cela la
bonne fortune qui auoit toujours iufques là accompaignê
Alexandre leur donnoit opinion, que aucune encrcpnic ne
pouuoit eftre fai£te par luy, ou foubs Ion nom , qui ne fucce-
daft heu reufe ment, Vneautre chofe venoit bien à propos, à
fçauoir que l'eau eftoit calme,eftant ja celfee la tourmente que
caufentenefté les vents Etefiês en ces coftes là fur l'Océan, 5c
Embarque- font fort contraires aux nauigans. Au moien dequoy Ncarch
Ncarch C partit auec fil flotte : qui fut au temps que Cephiiodorc côme
fouucrain magiftrat gouuernoit la République d'Athènes, ai*
mcisd'Aouft que les Athéniens appellent Bocdromion : Se
félon que comptent les Macédoniens & les Aiianques l'on-
ziéme année du règne d'Alexandre. Nearch auaut fou em-
barquement, feit temblablcmcnt dcsfacrificesàlupiterlc fera
* Six Heuës uatcur : & feit iouér des îcux à feicnme, & autre exercice de
& rc quait, cot -p S) puis parut : & alla le premier lour parla nuierc d'Inde,
zcTLjes " iniques à vn fort gros ruiflcau appelle Stur, diftaiK du lieu au-
tour Ikae. q UC \ itfcfloit embarqué d'en u non centitades *: où il leiourna
auec
D'ALEX. LE GRAND. LT. VII T. 335
auec fa flotte par dcuxiours. Le troifiéme iour partant de là,
il defccndit iufques à vn autre rui fléau, qu'ils nomment Cau-
xnanc, ciloigne de trente ftades du premier, où ja l'eau fallee
au gouftcftoit fort femblabic à celle de la mer. D'autant que
quand la marée vient, elle entre & monte iufques à ce lieu. Al-
lant vingt ftades plus auant il farrefta à Coreaec (aiufi appel-
lent- ils ce lieu) &c demeura dans le canal du fleuuc. Eftan t par-
ty delà, il n'alla guetes loin que commanccrcnt à apparoir à
ï'iffuë du fleuuc des vagues bîanchiflantcs à caufe du batte- ;
ment d'iccux contrelcs riuaigcs, & des efeumes brifees: Scvn
fofséuré d'enuiron cinq ftades, dans lequel, du colle quela
terre fembloit plus facile à fouir, il feit garrer les vaifleaux , fi
toft qu'il v cirque la marec commançoit à regorger dans le
fleuue. Audcflogcmcntdelà, il feit vue traifte de cent cin-
quante ftades , iufques à flfle de Crocales : où il farrefta ™£* Cw '
& y pafla encorcs le iour enfumant . De celte Me font ai-
fez proches voulus ceux qu'Us appellent Arabiens, qui eft Arabisai
vnc nation Indienne, dont nous auons faift mention aux Indiens,
liurcs précédents . Et font ainfi nommez à caufe du fleuue
Arabie, qui borne leurs frontières contre celles des Oritains.
De Crocales il marcha plus auant , lai fiant à ntaifl droielc le
montd'Ir: ayant à la gauche vnc 1 lie fort vafeufe: laquelle fc-
ftendant vers le riuaige faiftvn goulfc bien eftroicr, lequel
éafsè on entre dans vn certain port feur Sccalmc/pe Neareh
Voulut eftrc appelle le port d'Alexandre. Vis à vis de l'entrée ^g**?
de ce port.enuiron deux ftades de dift.mcc, Sinon plus, y a
vnc lllé nommée Bibactc. Et la contrée adiacente f'appelle Bibaftcifk.
Saneade. Cefte Me ayant te front vcrsla mer, d'elle mcfme s*>«dccô-
faiet vn port. Mais ces lieux eftoicnt fort agitez d vn vent ve-
nant ducoftéde l'Océan. A raifon de quoy Neareh feit cam-
per fon armée fur terre ferme, Si craignant que les p aï fans
aiîcmblez v muent aflaulirla flotte, feit fortifier fon camp
tout à l'entour d'vne muraille de pierre, Scia demeura vingt
& quatre iours. Cependant ils paiToientlc temps, comme il
iia,à aller ramifier des rats de mer, 2c des huulrcs dvne
3j5 ARRTAN DE L'HISTOIRE
groftcur mcrueilleufc, au regard de celles qui naificnt en no-
ftrt mer: mais qu'il leur falloit boire de l'eau fallee. Quand les
ven es furent accoyfez, il partit au ce la flotte, & ayant fai&
près de foixante ftades de chemin, il paruim à vn nuagefort
fablôneux. Au deuant duquel y au ou vne Illcdcfcrte, qu'on
defen" IflC a PP c " c Doues: qui de ion obitft & abri leur feruie dchaure.
Là il feit arrefter la flotte, & y feiourna deux lours. Ltparce
qu'il n'y auoit point d'eau propre à boire au nuage, ils entrè-
rent cnuiton vingts ftades en pays, & trouuerct de 1 eau dou-
ce. Le lendemain ils vogucrët cent ftades , iufquesà vnc con-
s il e avs trecc l u ' on açpelloit Sarange, ou ils pundrent terre: mais ils
indien. n V feuent aiguade, n'y aiantcau plus près de la mer que de.
hui£t ftades. Delà Nkarch vint à vn pays inhabité nommé
Sacda pays Sacala. Puis ayant pai! é ci : cri di ux bancs ii proches l'vn dç
inhabia. YaxÉxe que les coi ps des vaiiîeaux paifans entre deux froyoiêt
contre ic<u>, des deux coftez, il Kit trois cens ftades, &* vint
Moronto- hj r g ir aux M or on to bar es. Lay avn haurc grand, tout rond,
barcs. & profond , bien leur contre la tourmente , ayant l'cmbou- t
Lchaure des c h curc t' or t c/hoiete . Ceux du pays l'appellent le haurc des
femmes., à eau le d'vnc certaine femme qui régna la première
en cefte région. La flotte après auoir pafsc les deux bancs fuf-
diéts, &c auanc que d'entrer dans ledid haure, fuf cftrange-
ment agitée de vents: & de fedeftourner & circuit ces bancs,
ily auoit apparence d'encourir encores pire fortune. Leiour
d'après cftant parti delà, il rencontra vne lfleà main gauche
ayant fon obiecf vers la mer , & fi proche de terre ferme que
le bras de mer qui eftoit entre deux relTembloit mieux à vn ,
fofsé, qu'à quelque partie de la mer. Ceiourlàfuc nauigé cn-
uiron ïoixâte Se dix ftades. II y auoit au nuage vnc foreft ef-
pefle & fort peuplée d'arbres. L'iileauffi eftoit bien fombre &C
couuertc. Partàt de làfut le poinct du iourilfe trouua en des
lieux fort ferrez Se eftroi£cs,à raifon de ce que la marée ferlant
retirée en auoit laifié grande partie à fec.Dclà ayant vogué fix
vingts ftades, il farrefta à la bouche du fleuuc d'Arabie.
Alentour de laquelle y auoit vn port fpacieux Se feur: mai»
l'eau
D'ALEX. LE GRAND. LI VI T I. 337
l'eau en efi fâllec , d'autant que la mer y en tic pat lad iclc bou-
che. A celte eau Ci? ils rmeue conrraincb de gaigrurà mont
ledicr rlcL uc iniques a cnutron foixante liants, oùiistrou-
utrent vu lac d'eau doulec: dont ils le fournirent, & retour-
nèrent prendre leurroutté. 11 y a vue lfl« visa vis du port
qui eft haute & de longue clUnduc: & alentour d'icdleya
grande quantité de huiihvs, & de toutes autres fortes de
poillon, dont ils pcfchcren r , Se ('en repeurent. Ce fleu-
ue borne flndie dc-cefte part: éc ionr ceux de cefte con-
trée les derniers en venant deçà qui portent le nom d'In-
diens: ceux d'après font les Qritains. Sortant Nearch du
flcuLie d'Arabie alla toufiours corroyant le pays des On-
tains, iniques à ce que ayant faittdcux cens ftades il fut par- onrams.
uenu à Pagaies, où il farreita, auprès dVn rocher , par ce qu'il Pagaies,
y auoit fonds Si moyen J'ancrer. ht pendant le feiom* qui y
fut faicî les uautonmers fcircnt prouilion d'eau. Le iour en-
lu yuan t de grand marin partant de !à,aprcs auoir nauigé trois
cens Itades il arriua à Cabanes:&: d'autant que le nuaigc cftoit Catiancs -
haut& plein de bancs , il feit icttcr les ancres plus loin de la
terre. Côme il l'y acheminoit,vnc raigc de vents f'eileua.dont Trois vaif
la flotte fut fort trauaillec, &c y eut trois vaiffcaux perdus: tou- feam pcidus
tcfois il nemourutpcrfonncde ceux qui eftoiêt dedâs, par ce
qu'ils efloi et proches du riuaige. Deilogcantdelà cnuironla
minuic} après auoir nauigé lufqucs a deux ces ftades, il arriua
à Cocales.Ou il prit terre fartant ictter les ancres près du nua- Coa * es -
ge,& feit delccdrc fes loldats en terre, & câpa:par ce q tant que
ils eftoict,eftans trauaillez de la fatigue de lalôgue nauigatiô,
neccrchoict rien plus que le repos, tt afin que les Barbares ne
les vin fient charger au dcfpourucu, il fortifia fou câp d'vn ra-
part qu'il feu tirer tout à l'en tour. En ce lieu Leonnat, qu'Ale-
xâdrc auoit laiflc foti lieutenant gênerai au pays des On tain s,
auoit eu vneafpre bataille cotre les Oritains,6c quclsques au- Dcs f ai<ae
très qui f'eftoict alliez auec tuxdcfquels il auoit desfaits & taiî- Orkainj
lez en pièces îufqucsau nôbre de fix mil aucc tous leurs chefs: & ' lutrcs p«
& des ficus Une perdit pas plus de quinze hommes de chcual, C0DDa '
V
53 8 ARRÎAN DE L'HISTOIRE
Se bien peu de gens de pied. Entre autres y demeura Apollo-
phancgouucrneurdesGcdroficns. Ces choies ont cite par
nous récitées aux hures précédents: &c encorcs cornent Lcori-
nat tut honoré d'vne couronne d'or qu'Alexandre luy donna.
Cependant Lconnatauitailla la flotte de -tourment en Enfant
le département ainli que Alexandre auoit ordonné. Apres
que en ce lieu eurent ciré refaicts les vaifleaux que la tounnëte
auoit caliez ou autrement endômagez, & qu'on les eut pour-
ueudeviurespourdix iours:les matelots qui le trouUcrent
laflezou ennuyez de la mer furent huilez aucc Lconnat,&:
pour remplir leurs places on y feit entrer autant de ceux que
Leônat auoit aucc luy. b liant la flotte partie de là. après auoit
faict près de cinq cens ftades , elle paruint à vue nuicre qui
Tomcron f> a pp t H c Tomeron , auquel lieu on ietta les ancres, ilyauoit
près de l'iflue de cefte riuicre,&fur le nuage delà mcr,vn eftâg,
Les habitans du payscftoicnt logez dans, des petites cabannes
ou logettes: le-fquels voyans appiochet la flotte i'eflro\ crenc
comme de choie nouuellc ,& qu'ils o'auotcnt iamais vcuÔt
& partrouppcsPalVcmblcrcnt au nuage , failans contenance
de vouloir combattre, files loldats loi coicnt des vaifTcaux.Ils
portoient en main de grulles îauclincsdc fix pieds ou cnmrô
de longueur ,Tans ter, ains feulement aguifees par le fout 8jj
endurcies au feu : &c pouuoient élire quelsqucs lix cens hom-
mes. VoyainleiqutlsNearch f'apprefterau combat, il fut. ip-
procher îa flotte du nuage iulques a la portée du treâ , 6c feit-
décocher furies Barbares. Ce qui clloitfort à leur dtiaduadMj
tage : d autant que leurs rauelocs a eau le de la pcfcntuir àif
ceuxnclcur pouuoient pasfennr de II loin. D autre cuiicA
çhoifitparmyics loldats ceux qui fçauoient mieux nager , S?
qwieitoient légèrement armez, & les faict gaigner le nuage i
nagc,auec commandement que ceux qui auroient les pre-
miers le pied en terre auantque iortir de F eau attcndiflent-
kurs compagnons, pour feioindreauec eux :& qu'ils n'allaf-
fènt point à la charge iniques à ce qu'ils fe veiffenr trois rengs
bien fournis. Et que cela faitt auec huecs Se clameurs Us cum-
nafleûî
D'ALEX. LE GRAND. LI. XIV. 539
nafrntdans les Barbares de telle Se de poinde. Mais quand
Ils Barbares virent marcher a eux ceux qui eftoient defeen-
dus en terre 3 & que des vaifleaux ils eftoient aflàillls &C
ruin ez de coups de u t cl : lomct qu'ils l'eftonncretu de
voir les aimes armures des .Macédoniens reluire , veu
qu'ils eftoient (ans armures & lans armes ferrées ou acerecs,
-, . 1 r 11 1 Barbares en
liste mcirentiiKontmenta laruiue . 11 y en eut quelques vns rou:[:c .
£uezaiafunte,quelqucsvns pris, les autres fe fauuercnt àla
courre aux montaigncs prochaines . Ceux qui furent pris
auoient les ongles aigus Ht durs, defqucls lis l'ai doicut au lieu Ongles au
de Lrrcmcms : ils en tuoicnt dcspoiiîons , en fçioient du bois £^ eac "
tendre :& ledui ils le couppoient auec des pierres : car le fer
n'y citoit aucunement en vfage. Ils auoient pour vertement Vcftcmens
des peaux de belles fauuages, lmon aucuns qui le veftoicnt de btius&de'
peaux efpelfes de grands poiffons. Au refte ils font velus & poiilbns.
ont le cuir fort rude. Nearch aiant bailléia chaife à ces Barba-
res feu approcher la flotte du nuage, a fin de radouber Si cal-
feutrer des vadfcaux quienauoict bclbing:dônant cinq iolhs
aux foldatsSi matelots pour fe rafraîchir : &c le lixiémciour
il en partit. Quand il eut nauigé trois cens ftadcs,il arnua aux
cxtrcmicczuu pavs des Ontains.Ceux delacontrccappellcnr.
ce lieu-la Malana. Les Ontains quihabitenc en terre ferme Ma Iana>
vfent d'habits Se d'armes de la melfne façon que les indiens :
mais ils font différents de parler & de manière de viure .En ce-
lle nauigation Nearch feit de chcmin,à lçauoir depuis la bou-
che d'Inde par la colle des Arabiens, mil ftades : par celle des
Ontains m ï hx cens ltadcs . Les Ontains paiîez, Nearch cf-
cric qu'il n'y a plus d'I ndiens : & quef ombre n'eft pas tournée
de melme forte: mefmes que quand ils furent vn peu entrez
en haute mer , leurs ombres lcmbloicnt cftre tournées au Mi-
dy : mais que quand le Soleil ellcucfaictlc mi-roux, il u y aau-
cum-ment d ombre en ces lieux la. Mcimement des eftoilles ,
à fçauoir que de celles qui leur eftoient apparues pluseileuecs ^J 1 * 1
auparauant, les vnes n'apparoiffoicnt plus du tout , les autres uud/.
fevoyoientfoitabaiflees : & qu'ils en voyoïeut tantoil leucr
V ij
1C d
Puits à Sye-
jic où n y a
point d'om-
bre : autint
à Mcroé.
L'armte d'A-
lexâJrelbut-
frit beau-
coup en la
Gedrolîc.
Deslchthyo
phages.
B agi Taie.
Tafiiecns.
Cokes.
Calâmes,
Carminé
340 ARRIAN DE L'HISTOIRE
eantoft coucher, qui deuant leur eftoient touliours apparen-
tes Et certainement Nearch me femblc n auoir elcrit cela fans
raiion . Par ce que a Syene ville d'Egypte .1 y a vn puits .au,
quelenpleu^oIftLceeitunhlu'y a point dombreau poioft
demidy. Semblablement à Meroé en la mcfme Cuba ne fe
font aucunes ombres. Il y a pareille ration qu autant en ud-
uienne chez les Indiens, au moins ceux qui fout en pays fltue
en la partie Méridionale : fpeaalcment vers la mer Indienne
d'autant plus que cefte mer incline au Mmy Mais ce r aflez
difeouru de cefte matière. Apres les Ontains du cotte déterre
ferme habitent les Gedroficns:par les frontières de Iquels Ale-
xandre trauei fa aucefon armée àbieu grande difticuke: &y
endura plus de trauaux fJcd'mco mmod itcz,quc en tout le îur-
plus du voyase dlndie: ainfi que nous auons efcnpt plus am-
plement ailleurs. Au defîous des Gedrofiens vers ; la mer, font
ceux que Ion appelle Ichthyophagcs. Nearchdcflogeant en-
uiron la féconde veille de la nmet, alla touliours lilant aucc a
floue leur cotrec; Se après auoir vogué fix cens ftades, arrn-a a
Basifare. Il y auoiten ces lieux vn haute foi t comode p our la
retraifte d'vne flotte, & vnvillaige à foixame ftades de la mer
appelle: Pafïre : dont les habnans iont appeliez Pafncens, Le
lendemain dpaflaaucc la flotte, tout icignantvn certain ro-
cher haut & couppê, & fort aduancé dans la mer. Lequel pa -
Ce ilfcitcrcufcr des puits, ou il trouua prou d eau , mais elle
cftoitfallec. Pour ce iour lala flotte demeura al ancre d au-
tant queienuaige cfloit pierreux & plein de bancs • Le tour
d'apr" il vint à Coites, aiant faift deux cens ftades. Partant
delà, le lendemain aupoinft du iour, après auoir vogue m
cens ftades, il Farrcfta aux Calâmes , en vn village proche du
riuaiee delà mer : où l'on trouua quelque quantité de palmesj
SC des figues feichcs. A cent ftades ou enuiron près du nuaigj
y a vnelfle appelé Carminé. Les habitas du villaige futditt
feirét des prefens à Nearch de poiHons ôc de inoutos : h chair
dcfqucls Nearch diareftembler du tout en faueur a celle des
oyleauxquifrequëtentlamcr. Auflilebeihalde «ftecotree
D'ALEX. LE GRAND, 11. VÏIL 341
eft il nourry de poiflon, par ce qu'il n'y a point de prairies ny J^gJ
dcpafturuiges.Lc iour enfumant après auoir nauigé iufqucs
à deux cens ftades ; il feu aborder la flotte, & prendre terre.
Il y a vn bourg diftant de la mer d'enuiron trent^pa des, qu'ils
appellent Cyfc , 6clcnuaigccn ccft cndroicl Carbis. En ce Cyfe.
heu furent trouuees qucïsqucs nafles pefchcrclîcs , mais Caiblî '
point de pcfcheurs. Pour autant que fi toft qu'ils apperceu-
rent la flotte tirer à boit, ils abandonnèrent leurs nafles, 6e
f'enfuirent. line fytrouua point de fourmentr toutefois il
commencent fort à défaillir à la flotte. Parquoy ayant faict
cnleuer du beftial, Amener aux vaifleaux, il partit de là. 11
n'alla pas loin g qu'il rencontra vn cap ou promontoire grand
6c cnuirôné de bancs & rochers f'aduancant en mcriutqucsà
cent cinquante ftades, lequ cl pafsé il arriua à vn certain port
feur 6c calme , qu'on nomme Mofarnc. Ncarch cfcntquc la po °_ arae
il prit Hydracc Gcdrofien pour luy feruir de guide pour tirer
en la Carmame, lequelfe prefenta de luy mcfmc à ce faire.
Tous les pays qui font entre ce lieu 6c le goulfe Perfiquc,ne
font pas de li difficile nauigation, que les precedents: 6c font
bien plus cogneuz 6c rcnômcz,quc les contrées qu'ils auoient
paflees depuis leur embarquement en Indie . Partant de là
Ncarchauccla flotte, après auoir faift fept cens cinquante
ftades de chcmin,pnnt terre au riuaigc desbalomcs.Delàpaf- BaWs.
fanrplus auant cnuiron quatre cens ftades, il arriua à vn villa-
ge, qu'ils appellent Barnc, qui eftoit fortpeuplé de palmiers:
&c yauoit vn îardin, auquel croifloient des Myrtes, 6c des
violettes de pludeurs fortes: dont les femmes du paysfaifoicc
des chapeaux a porter fur la tefte. Ce lieu fut le premier , au-
quel ils veirent des arbres cultiuez , 6c des hommes vn peu
plusappnuoifcz Puis f citant aduancé de deux cens ftades,
îlpaï uintàDendiobofc: mais par ce qu'ils eftoient trop tra- Dcndroboic
uaillez à l ancre , a caufe que lamer eftoit cmeue , il partit de là
à la féconde veille de la nuift.Sc alla îufques à vn port qu'ils
nô Tient Cophârc, éloigne de quatre cens ftades de Dcndro- Port de co-
buie, Ccitcmaichc dtfemblablement habitée de pcfcheurs:
V ùj
Cvifa.
341 ARRIAN DE L'HISTOIRE
kfqueU vfi ut de petits bachots , qu'ils conduifent autrement
quenefbm les Ciecs leurs vaifleaux,a fçauou les au irons dif-
pofezfur les coftez des barreaux, mais en fecourbantlcspufc
foientda*Éfcau comme fils euflent fouy la mer. Il l'y trouui
abondaneed eau nette & douce. Dcfiogeam de la après la
première veille delà nui£t vint aborder à Cyifa, ayant nauigé
huict cens ftades. Le riuaige eftoitfans culture & fans habi-
tation ,& fort rcmply de bancs. A raifon de quoy les ancres
xcrtecs.ilslou^pcrent aux vaiffeaux. Puis ayanspatsé encores
cinq cens Itadcs, ils arriuercntà vn petit bourg alfis fur vne
colline afllz près du riuaige. Ellanc lequel apperceu jur
Ncarch, il eut opinion, comme il elloitauffi vrayiembbpJci
que les terres d'alentour elf oient cultiuces: parquoyM don-
na la commiffion à Archias fils d'Anaxidot Pélican (lequel
droit des plus grands & fignalcz pci fontiaiges de tous ceux
qui reirent le voyaige auec Nçarch) de l'aller emparer du
bourg: fe perluadanc qu'il n'en iheroit ïamais autrcmenr,quc
par force, des bleds ou autres munirions. Toutefois depuis it
penfabienquele prendre par force par vn léger aflaultque
Ion y pourroir loudainement donner,il n'y auoit appareil i.e :
ainsfcroitbcfoin d'y feiourner & lieger. Et neantmoins qu'il
ne falloit pas laitier efchappcr , fi faire fc pouuoit , celle occa-
fiôdc rccouurcr viures:lelqucls, principalcmétlesfouimcns,
defaiUoiêtjdont ilefperoit tirer quelque quâtité du pays, qu'il
eftimoitcftrc fertile en bleds,àcaufc de quclsqucs chaulmes
qu'il auoit veu vers le riuaige L'aduis duquel citant approuué
par ArchiaSjil eômanda qu on tinftlcs autres vaifleaux prefts.
comme pour pourfuyure leur voyage : & donna cefte corn*
million à Archias. Luy auec vn vaiiîeau icul partit de la flotte,.
& facchemina au bourg. Comme il approchoit, les habita»
ce qu'il n'clperoit pas,vindrent au deuant de luy auec des pre-
fcns,quieiloientdc 1 hyns roftis. Car ceux cy qui font les
derniers des lehthyophages,nc viucnt pas de poiflons cruds,
comme les autres Ils leur prefcnrcrcntaulîî des figues feichcs
& autres fruids parez. LeiqucUrcceuzautc toute comtoilie,
Ncarch
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIII. Î4Î
Nearch dicr qu'il auoit de Ur devoir leur ville : ce qu'ils \uf
permirent, 6c partant il y et) tra. Eftant dedans il lailTa. deux
archers a la garde de la porte : &C aucc deux autres & vn tru-
cheman montant lu r la muraille de la ville de ceftepart, dôna
à entendreauec vn certain fignal à Ai\hias,qu'il approchait .
Aquoyne faillit pas Archias : ains en toute diligence feit
aborder la flotte tout contre la ville: & tout foudairi les Ma-
cédoniens fc icttcrcijt en l'eau. Quoy voyans les Barbares, ils
commancerent à fcfmouuoir Se à courir aux armes . Alors le
trucheman, que nous auons di£k eftrc entré dans la ville auec
Nearch, cllcuant fa voix leur di Êfc, que i'ils vouloient fauucr
kurville, il falloir qu'ils fout niflent de bleds l'armée de mer.
Mais ils feirent refponfe qu'ils n'auoient point de bleds, &C
fen allèrent aux murailles pour en dechafler Nearch: où ils
furent receuz 6c tellement chargez de flèches d'enhault, qu'ils
tournèrent ic d JS.Puis quand ds veirenc qu'il ne leur eftoit pas
pofllblc de défendre leur ville p^r force d'almcs^ ftantja arri-
uec l'armée de mer au pied de leurs murs 3 ils curct recours aux
prières: 6c fuppliercnt Nearch de fc contenter de prêdre tous
les bleds qui 11 trouucroicnt dans la ville, & qu'il ne fu ft point
jnesfaiûàeux ny a leur viilc.Deiquclles paroles Nearch adou-
cy, aptes auoir ordonné a Ai chias de fcfuhr des portes Se des
mursdelaville,il feu faire recerchedes bleds par toutela ville,
&c dôner ordre que les habitas n'en cachaiTcnt. Ils monftrcrêt
beaucoup de larme de poillons roftisSd moulus ou pilcz^mais
peu de tourment & d'orge. Car ils vfoict de farine de poillon
au lieu de pain 5 & le pain de fourmêt leur feruoit de faulfe& de
douceur. Nearch en aiant fuel charger vneparti^palïa outre Je
auec la flotte. Et pourluyuant fa iouttc arriua à la roche qu'ils Ba g I(;<
appellent Bagic, queceux du pays difoiét cftre côfacrce au fo-
lcil. Partant de la fur la fecôde veille de la nuitt,il vint àTalmc- Talmene b5
ne port tort calme 6c bien leur cotre les vens, diltâide mil fta- port *
des deBagic.Dclàilvint fuigir àCanali ville dcfertc,efloigncc Canafi ville
de Talmene d'en uiron quatre ccnsitadcs:ou ils trouucret vu dclcttc -
puis, quiy auoit clUfai&,lequel eftuittoutcouucrtpar dcllus-
344 4RRIAN DE L'HISTOIUE
de palmiers fauuagcs , qui y tftoicnt crcuz:aians mangé les
Commets plus tendres, dcfquels pour foufti mr la faim grande
qui lesprcfloit(carlebicu tftoit defaiily en l'armct )ils par-
tirent. Et ayans par cette famine nauigé tout le ioui se lj uuift
fuyuante, Nearch fdtar relier les vaificaux a l'ancre près u'vn
riuaige inhabité : craign.uit que fils dcfccndoicm en tirrc,la
plufpart ennuyez de la manne abandonnafltnt L flotte. Fat-
îaïudelàlcucr les ancres il feu iepteens cinquante itadis.puis
Canatcmôt. fàrVcfta près d'vn mont nommé Canatc: où il pafiavne nuicï.
Puislaiflant ce lieu d'autant que le riuaige citoit trop valeu^
après auoir nauigé huict cens ftades li tut porté au pays des
Pays des Trefens. Là y auoit quclsques villages bien petits & panures
abandonnez des paytans,aufquels ils trounereni quelque peu
defi"oument& des figues de palmicrs,& lept ehameaux,de la
chair defquclsj.iprcs les auoir fuit tuer & cuire ils c ha fièrent
la faim. Nearch dellogeàt auec la flotte au pomtt du lourvmt^
Dagaflre. aborder à Dagafire, trois cens liadcs au deçà : lequel lieu eft
habité de quelque peu de paftrcs . Delà aiant nauigé encore^
onze cens ftades, il parumr aux frontières & extremitcz du
pays des k hrhyophages en grande neafiirc demunuions.il
y auoit en ce lieu vn cap qui l\ft en doit fort loin en met: où il
CStàe con nc V0LI ' ut point prendi e ten e :ams feit tenir la flotte a l'ancre
ticni Ucoite àcaufedes bancs & rochers qui cttoient vers le riuaige. La
do uluhyo cofte des lchthyophagcs, cogneuë par cette nauiganon, con-
SonfilsYant L ' ctu P eu P^ L1S $5 oail ttades. i 1s viucnt de poiffon, dont ils
ainiî appel- ont cttéainli appeliez: toutesfois il n'y a pas beaucoup de pef-
' e2, cheurs : d'autant qu'il y a peu de pci ion nés entre eux qui aient
des vaiffeaux, ou qui (oient entendus a la pefchcric. Le reflus
delà merles fournit dcpoifion en abondance. Aucuns d'eux
ont des filez de telle longueur, qu'ils l'ettendet iniques à deux
ftades : qu'ils laflcm de la plus délice efeorce de palmiers , la-
quelle ils cordent comme de la chanure . Quand la marée cft
retirée, il demeure beaucoup de poiflon (ur le fable, ou la ter-
re cft vn peu cllcucc: & où elle cft baffe & finucuftyl y demeu-
re quclquepeu d'eau,ouiis pcfchcntlc poillon auec leurs filez,
ta
D'ALEX. LE GRAND, LL VIIL J45
en grande abondance. Le menu & plus tendre poiifon , ils le
mangent tout cru, tel qu'ils le preinent: le plus gros & plus
dur, ils Je font roftir au loleil. Eftaot roftyiîs lemetteoten
pouldre, donc ils font vue forme de pain. ïl y en a gui en font
delaboullie. Ils en noutrifFcnt aufltleuï bcitul, par ce qu'en
toute celle région n'y a aucuns prcz 3 ny pafturaigc. Il fy trou-
ue grande quantité de cancres & d'huiilres. Le fel fy concrée
de foy mefmes, donc ils font de l'huillc . Ceux qui habitent es
deferts, où il ne croill ny arbre nyfruidt quclconaue, viuent
feulement de poilTon. Les autres ont quelque peu de terres
labourables. Ceux eyvfent de four ment pour toute douceur,
& mangent du poifïbn au lieu de pain. Ils ba/tiflent leurs mai-
fons de celle façon. Ceux qui font les plus riches d'entre eux,
fe feruent des plus grands oflcmens de baîines à faire des foli- Mrffcw U
ues Se cheurons : & des plus gros & malfifs , ils font les huiffe- JS/j??
ries. Le relie du peuple baftzr d'autres os depoiiîons. Il y a poi/W
en l'Océan de gros p cirions, Se d'vne grandeur defmefu- P° ifr ° ns <*
ree, pluspuiflàns beaucoup Se d'vnc autre efpece que ceux de iwF 8 '
nollrc mer . Nearch eferit que depuis qu'il fut party du pays
des Cyifens il veit par vn matin à l'aube du iour, que eu quels- Comn «nc
ques endroits de la mer, il iallilToit de l'eau en l'air , comme fi
clic eu II elle fouffîcc par quelque impetuofité devent, dont contreees
ceux qui cft oient aux vaifTcaux^emeurerët comme cfpcrdus P oi(W
Se cllôncz, n'en tédans pas dont cela procedoit. Et que quand
ilsfçeurét des guides qu'ils auoient en ce voyage, que c'efcoiéx
poillons, les rames leur tombèrent des mains de frayeur: &
que depuis qu'ils furent vn peu afTcurez, il leur feit tourner les
vaifleauxksproucs droicles vers ces mourir es , comme pour
combattre en guerre nauale, & tirer auant de toute force auec
grad bruit Se tintamarre, efeartez vn peu les vns des autres : Se
en approchant d eux ietter de grâds cris Se huees,& fonner les
trompettes. Ce qu'ayans dextrement exécuté , ces monllres
qui apparoiffoiêc ja proches des vaiiTeauxellonncz de ce fon
Se du bruia des auirons,fe plongèrent au fond de la m cr:d ont
ils remontèrent peu après , Se furent veus des poupes vomit
X
54<î ARRIAN DE L'HISTOIRE
fans vne merucilleufc quantité d'eau . Donc ceux de la flotte
furent bien relîouis, le voyans hors de danger, 5c la prudence
de Nearch grandement louée . Quelques vus d'iceux fe trou-
uansau riuaige quand la mer fc retire, demeurent à fcçfurla
grcué, d'autres eftâs agitez des vagues font lettez à bord com-
me nauires par vne tourmente. Defquels, quand ils font pou-
ris, ils ramaiîcnt les os pour baiîir leurs maifons. Les plus
grandes cottes leur feruent de doublcaux 8c de couuertu-
res , les plus petits d'aïs ; 8c des mâchoires ils en font leurs
portes: d'autant qu'il y en a beaucoup qui ont plus de vingt
& cinq couldces de longueur. En palfantpar la cotte des
Ichthyophagcs Nearch defcouurit vnelile en mer efloignee
denuiron centfbades du riuaige, non cukiuee ny habitée: la-
quelle ceux d'auprès difoicnt cftrc confacree au Soleil , &c ap-
ISe JcNoa- pellce Nofaie: & que perfonne n'y va : Se li quciqu'vn y va d'à-
le inhabitée, uenture , on ne le rcuoitiamais depuis . Melmement Nearch
Scpour^uoy ^jj-^jg^ ^ u > ya CCU2Lm vaiffeau des ficns, auquel eftnicnt.
des ^Egyptiens, périt foudamement allez près de cette îile*^
en veûe de tous, & que les guides dirent, qu'il ne (e ta!; it
plus enquérir de ces ^Egyptiens, puis qu'ils-cftoicnc appro-
chez de riflc:&r que pour leur ils ettoi eut cuanouis &perduz.
Que lors il y voulut enuoyer vne galère à trente rama pour
banc aucc mandement à: ceux de dedans daller a l'en tout de
rifie,6cappcller leurs compaiguons, fans toutefois defeen-
dre en fille. Mais voyant que perlonne n'y ofoit aller, il y alla
en perfonne, Se contraignit les matc'ots roalgtc qu'ils en
eulfent d'aborder fon vmlfeau : & que de fai£t il y defeendir, ;
pour mon fher que ceftoït mcnibtigc tout ce dont ceux dis
pays auoicr.tfaid courir lebruict. On cou toit encorcs vne
Table ton- autlx f ^ blc de Cefte Iflc ' <î ui C& ° h ïék * < ^L VnC d " NeradeS
chant cefte (on ne la nômoit point) y auon autrefois laicl fa refideuce , &C
Ifle * qu'elle fabandonnoit à tous les hommes qui de fortune y
auoient pris terre : lefquels puis après elle trausformoir en
poiHbns,&lcsiettoiten la mer. Dequoy le Soleil irité luy
auroit coioint vuider de ceûe lilc, à quoy elle aauroit poinc
répugne,
D'ALEX. LE GRAND. Lî. VIII. 347
répugné, mais bien aurait elle faicl celte requefte, que ce de-
f ir Iatcit de volupté q u elle auoit luy fuit ofté. Ce que le So-
leil luy aurait accordé :& que ce tziâ ceux que par Tes en-
chantements clic auoit tournez en posons, il les aurait de
rechef tranlmucz en hommes : dont ferait iffue la race des
Ichchyophagcs, qui auroit duré iufqucs à ce temps d'Alexan-
dre. IcncvoypasqueNeareh (efoitaquis beaucoup d'hon-
neur dcI'cÛrc am ufe à réfuter ces choies, qui d'elles mefmes
iont Mes à réfuter & conuamerc de menfonge. Au deflus
des Ichthyophages, du cofté de la terre font les Gcdroiïens-
dont la contrée cil fort ftenle 8c fablonncufe. En laquelle
comme ilaefté pariions difeouru aux hures précédents, l'ar-
mec d Alexandre, & Alexandre luy mefmes, eurent beau-
coup a fourrir. Quand ils furent paruenuz au pays des
Ichthyophages en la Carman^Ncarch feitictter les ancres
au deuanc d'vn certain cap : pat ce que ce cap cirait droift &c
couppc,& la mer aucunement emeue. Quelque temps après
les ancres Jcuccs, il pourfuiuit fon voyage, non plus tirant
dm®, au Poncnt: mais prenant laroutte entre le Ponent8C
leNort. IlstrouucrentlaCarmanic plus peuplée d'arbres & De Ia Cât "
plus fertile que h contrée des Ichthyophages & des Onta.ns:
& outre cela plus abondante en eau. Et quand il fut arnué à
la marche qu'ils appellent des Badiches, il feit arreftcrla flot- Pa ys Je,
te. 11 y auoit en ce lieu des vignes, & de toutes autres fortes Bad,chcs -
d arbres fruitiers, fors d'ohuiers. Efbnt de la pafsé outre
jaques a huift cens ftades, il prit terre à vn riuauge non ha-
bite. Duquel Ion voyoit fort cuidcmmenr vn grand pro-
montoire: qui feitcndoit bien loin en mer, contenant à ce
quon en pouuoit iuger, emuron vn mur de nauigation: le
quel ceux qui cogno Soient ces pays là difoient élire ap-
pelle Macère: & que de là le Cmnamome &c autres fernbla-
bles odeurs & parfums font tirez pour eitre tranfportez en SLS
Auyne. tntre ce nuaige ou nous auons dief qu'aborda feCumamo.
j» notre, & celle roche, qu'ils voyoïent vis à vis feftendre T & autrcs
loin en mer, elt, comme tient Neaah (qui eft bien aufc
Xij
54§ ARRIAN DE L'HISTOIRE
u In aduis ) k goutte Perfique , qui palfc entre deux entrant:
^ ^ft ce que n DllS appelions la ~gc
S " cc cap -maisN earch ne le voulut pas,alleguan qu Alexandre
rfaaoic Pas cnuoyê faflotte à ces mers4à,pour la précipiter en
?««d de oerir mais que fon intention cftoïc que lon reco-
Ses, haures, ports K Mes , qui clW
freef mal's Squero'n dcfcouU les villes «
nuclle contrée eftoit fertile, quelle ftcnlc. Quil ne faUoit
St ou^paffer lesbotnes delà charge & commiffion que
ffX Loitbaillec : mefinement eux eftans proches de
S&uaux. Q^clesmunicions, qm leur reft^n
commandée, mais pas pour aller plus loing : ou U eûmt
1 craindre confiderê que cc promontoire tiroit au midy, que
f 1 y nau LoLt , ils Went rendre à quelque région de-
£ rw fan eau & b uflcc du fpleiL Chafcun f accorda à 1 adu s
deNearch parlemoien duquel il me femble auo.r faune k
deiNcarui, ^ ,;„„,. rmerefte roche, comme auflî
Hotte.Pour autant quel on tient que ceite roene,
1« antres lieux d'alentour, font fans eau, n eftans autre enote
" gra ds de^^
. lelàiflottcjifanttoufiours la terre M« J^STS
après auoir faiûfcpt cens ftades, il vint furgir a vn nuaige ap
• ■ fia n lariuierc d Anamis , a vne contiee amie H u ' ia tT
Harmozic les olmes. En ce lieu ptenans terre ils eurent g and p laite
COfltCeC - & rafraich ir , apres tant de trauaux K neceffitez qu d^umet
endure^ores au pays des Ichthyophages, P uis en des région
defertes parmy des gens fauuaiges, 8c autrement fo ««^
«ues là Etainfi que aucuns d'entre eux eftovent entrez vn
Peuananfen P ay q s pour recognoiftre en quelle région >ls -
trerent vn homme veftu àla Grecque. A la rencontreduqv
on dift que les larmes leur tombèrent des yeux , de ce qu
D'ALEX, LE GRAND. LI. VIII. H9
après tant de dagers paflcz,& tant de maux endurez ils auoiéc
cebicndetrouucrenccslicux-làvn homme Grec,&:d'ouyr
le langage grec. Ceft homme citant enquis par eux qui il
eftoit, Se quelle aducnturcl'auoit là amené, îlrefpondit, qu'il
eAoit Grec de nation, fuyuant le camp d'AIcxandrc,quin c-
ftoit pas loin de là, dont il f eftoit efgaré. Lcfquelles nouucllcs
en tendu es, il fut fur le champ en rcfiouyfïancc & allegreiïb in-
croyable mène à Nearch. On fçeut par luy que le camp du
Roy n eftoit que cinq iournees de la mer. Ce perfonnage feit
aulïî veoir à Nearch ecluy que Alexandre auoit lanfé pour
gouuerncur de ce pays : auec lequel aiant quelque temps co-
rn unique Nearch, il fc délibéra daller trouucr le Roy . Mais
auant que partir pour y aller il retourna à la flotte. Et le lende-
main du matin, il feit prendre terre auxvaiflcaux^ànn de faire
refaire & calfeutrer ceux qui eftoient cndômagezpar fi lon-
gue nauigation. Et à fin de lai fier en feureté fes compaignics,
il feit tirer vn fofle Se double rampart depuis vn des bords du
fleuue iufqucs au riuaigc de la mer , au ce vn mur de gazons &C
déterre. Pendant le temps que Nearch eftoit occupé à cela , le
gouuerneur de la prouincc,pcnfant bien qu'il feroit chofeag-
grcable à Alexandre, fil luy faifoit lepremicr fçauoir des nou-
ucllcs del'arriuee de fa flotte faine Se entière , dont ii eftoit en
cfmoy:&: que Nearch fi tort qu'il auroit donné ordre à ce qu'il
faifoitj'iroit trouuer,il alla en diiigêce par les plus courts che-
mins en donner aduertiflement au Roy. Et encores qu'Ale-
xandre ne f'afleuraft pas beaucoup fur ce rapport, û mon-
ftra-il en receuoir bien grand plailir. Apres que vn iour
puis vn autre furent paflez fans enauoir autres nouucllcs de-
puis que ce perfonnaige efloit arriué,il eut opinion que le
ménage n'eftoit pas certain: mcfmcmcnt d'autant qu'aiant
cnuoyc courierfus councr vers Nearch : nef-vn d'eux cftant
de retour, n'auoit rapporté de Nearch aucune chofe fur la-
quelle on peuft afleoir afleuranec de vérité. Parquoy il com-
manda qu'on meift en pnfon ce gouuerneur , qui luy auoit
app or té ces n ouuellc^ comme menteur & donneur de bayes:
X iii
3 p ARRTAN DE L'HISTOIRE
donnant allez à entendre combien il cftoit ftomaqué de ce
que, comme il eflimoit.on lu y auoit faid vn faux récit. Ce
temps pendant , aucuns de ceux qu'Alexandre auoit cnuoyez
vers Nearchauec des cheuaux 8c des coches, rencontrèrent
Nearch , Archias 8c autres de leur trouppeiufques a cinq ou
Ûx feulement, qui t'acheminaient aucc eux : mais ils ne les re-
cogneuretK pas du premier coup , tant ils paroiilbieut chan-
gez de vifage , les cheueuX 5c la barbe longue, maigres, ridez,
lûtes & p ail es.Nearc h Se les au très leur demandèrent où cftoit
Alexandre, ils leur refpondirent , monftrans auec la main le
lieu, &C neantmoins palfoicnt outre tirans vers la mer : quand
Archias fe tournant vers Ncarch iuy dieî, qu'il auoit opinion,
que c'eftoient gens qu'Alexandre auoit cnuoyez pour les ve-
nir trouucr ;vcu mefmcmcnt qu'ils tcnoient le meltne che-
min que eux eftoient venus. Et que cen'tftoit de merueilles
fils ne Icsauoicnt pas recogneus pour eftre ainfi ords Se fa 11 es ;
qu il cftoit d'aduis qu'on les rapdlaft, & qu'on îçcuft d'eux où
ilsalloient:Nearch trouuabon ccltaduis. Eftans doncappel-
lcz,apres auoirfaicï rcfponfe qu'ils cfloietft cnuoyez par Ale-
xandre vers Nearch: il leur fut di£t par Ncarch, qu'ils auoienc
trouué ceux qu'ils cerchoient, qu'il cftoit Ncarch :& qu'ils le
conduifiiTentaucampduRoy. Lefquels ioyeux au poffible,
aians receuceux cy dans leurs coches, rebrouffent tout court
vers le Roy. Quelsqucsvns coururent deuanr au camp pour,
aduertir le Roy: qui entendant que Nearch 8c Archias vc-
noientaueccinq hommes feulement pour toute compaignic,
& qu'on rfclpydifoit rien de la flotte, eut doute que fa flotte
fuftperie, 8c que ce peu d'hommes fe fu lient fauucz. A raifon
dequoy il n'eut pas tant de ioyc du retour fain 8c fauf de
Nearch 8c d'Archias, que de fâcherie pour l'opiniô qu'il auoit
Kcaret Se ^ C la P CrtC ^ ^ ^ OUCl ° n C ^ 01C cncores ^ ur ce propos.quand
Archlalam- on veit venir Nearch &c les autres. Voyant lefquels Alexandre
ki au cap. a li cr vcrs i U y a uec vn fi mau Liais vifaige , 8c fi pi teux cflatde
tout le refte du corps, il tint pour tout leur ce qu'il penloit de
fa flotte perdue'. Eftans venus aluy, après les auoir rcceusàc
embraffez
D'ALEX. LE GRAND. Lî. VIII. jyi
cmbraflczaftcclucufementjlnraNearchàpart, 8c fut quel-
que temps auec luy fans mot dire, aiant la larme à l'œil de dé-
lit qui! au oit de fçauoir des nouu elles defes gens. Enfin lettat
comme vu petit foufpir, il di6t : Que puifquc luy 8c Archias
ientde retour en bonne difpolition , le mal eftoit moin-
dre : mais qu'il defiroit entendre comment fa flotte Se (on ar-
mée de mer ertoient pênes . Alors Near^h ayant defcouuert
la eaufe delà triftxfle d'Alexandre , Sire, diâ il, la flotte & l'ar-
mee de mer vous font demeurées faûues & entières . Nous
en fommes partis pour vous en venir dire des nouuclles.
Quoy entendu, il commença à pleurer plus fort que deuant,
de voiries cliofes aduenues autrement qu'il ne pcnfoit , 5c dc-
manda où eftoicm les vaifleaux? Luy ayant refp on du Ncarch
qu'ils eftoient à la nuiere d'Anamts, où on les refaifoit : il
dicb,par Iupitcrdieu des Grecs, ôt Ara mon de Libye, qu'il
receuoie plus de ioye des nouueUcs de fa flotte fauuee ,
que de la Seigneurie 6c domination qu'il auoit fur toute
TAfie : par ce que fi cefte calamité qu'il craignoit luy fuit
aduenue.elleluy cuit coJlu entièrement le frui£t de fa félicite.
Apres cela par cÔmandcmcnt du Koy à larequefie dcNearch
fut elargy le gouucrneur de promnce,qui auoit efte mis en
pn fo ii , po u r a uo ir, co m m c o à au oi t c fi i m c , fa u I fc m en t ra p -
porté touchant farnuee de Ncarch. Cela fa ici Alexandre fa-
crifia à Iupitcr le feruateur , puis à Hercule, à Apollon Je
chaile-maux, à Ncptun & autres dieux qui ont puiflance fur
la mer : & propofa des icux de pris pour l'efcrime Se pour la
muiiqueauccvnc pompe célèbre. En laquelle Ncarch mar- f c ^il & au"
chou despremiers en veue d'vn chafeun : fur lequel en paf- refourde h
iant l'armée detoutesparts ieuoit des rofes & chapeaux de fluCEe -
fleurs. Lcsièux paracheuez, Alexandre appclla Ncarch,S; luy
dia , qu'il auoit délibéré de ilibrogcr vn autre en fon heu pour
conduircla flotte à Suies. Qtulauokaflezj trauaillé , S.- efloïc
raifonnablc qu'il fcrepofaft . Auquel Ncarch refpondit , qu'il
citoit preft de luy obeyr en tout ce qu'il luy tommandcroir,
commelaraifon le voulûit. Toutefois moicnnant que ion
g) ARïUAN DE L'HISTOIRE
nkifir fufkeUu'il n'endureroit pas.que cefte commiffion luy
fuft oftce pour cftrc baillcc à va autre : & qu il luy defpla.roit
beaucoup de quitter à vn autre lhonneur quil tenoltdefi*
quafi pour tout acquis , cftant facile ce qui reftoit au regard
les dangers & ttaûaux qud auoit pafTez. Comme il parloit
encorestle Roy luy rompit ion propos, & luy d.ft , qu il ne fe
achaft pas pour cela. C&lnignoroic pas combien il eftot
tenu àluy. Parquoy ille licencia pour retourner aux nauices,
aue" peu ^ forces "pour luy faire feorce , damant que foa
chemm fadreffoit par pays domtè Scamy . Neantmoins ce
chemin pour aller trouuer la flotte, ne tut fans trauad ny fans
dan scr. Pour autant que les payfans s que 1 efpcrance du butin ,
ou la cramaeauokaircmble Z ,tenoientles plus forts lieux de
la Carmanic : au moyen de ce que le Satrape du pays par le
conZodement du Roy auoit cftê mis à morn&Tlcpolcme,
qui cftok fubroge en ia place du dcfunft, n'cftoit pas encores ,
bien obey des Carmamcs. De forte que tel ,dur fut qu ,1 fallut
combattre deu* 8c trois fois, venans ces Barbares les charger
nmoft les vns, tantoft les autres. A raifon de ce on narriua
Z \ flotte fans peine, Se fans hazard des perfonnes. Ncarch
Tefta t a res auok ficrifife à Iupitet le feruateur propofa vn
le de P isàlacourfe. Puis après il Embarqua &t fat partir la
flotte & aîantpafll vue certameifleafpre^defcr te, nommée
orgasme. Organe, il vintà vne autre plus grande ^abitec qu^aH
oSLill* pdfcntOataae.cfloignee de trois cens ftades du heu, ou il
fcftoit embarqué. Il y auoit en cefte Me, dernière grand vi-
gnob^bea^coup de palmiers « de. ifai* de plufleurs
fortes. Elle contient huift cens ftades de longueur Le lej
gocur qui commandoit comme fouuerain en cefte Ifle nom-
me Mazenes, accompagnaNearch mfques a Sufçs : & luy i«-
uit de guide à cefte nauigation. L'on difoit quen cefte Me
eftoit le fcpulchre de celuy qui y auoit le premier eu comma-
U~ »- dément, lequel fenommoit Ei 7 tlue ou rouge du nom du-
g< * nuelceftcmerauokprisfonnom. Deceheu Ncarch palianc
ainfi nomc , q auedaflotte dcuxC ensftades,fc vint rendre a vn autre
D'ALEX. LE GRAND. Il VIII. 3ÇÎ
haurç de la mcfmc Iflc . Donc l'on pouuoit vcoir vnc autre
Ifle diftante de quarante lia des tout au plu* decefte cy : & la
difou on confaeree à Ncprun : & que Ton n'y pouuoit aller,
Aupointlduiour il deflogea. Mais la dcflùs le reflus delà
mer arnua fort grâd, qui fut caufe que trois vaiffeaux des plus
proches de terri; demeurcrét a lec fur le fabiejes autres fc reti-
rer et à grâd peine des bancs 8i rochers pour gaigner la pleine
mer. Arailbn dequoy depuis ds phndrentle largue, allans
doucement en attendant ce qui aduiendroit aufdidts trois
vaifleaux:qui peu après au retour delamarcc fcrcleuerét 3 &:fe
Vindrentioindreaucc le furplus delà flotte. Laquelle à qua-
rante ftades de ce lieu fe vmtrêdrc à vn autre Ifle clloignee de
trois cens ftades de terre ferme. De làlaiflantàmain gauche
vne certaine Me déferre, dparumt à l'IAe de Pylore. Enicellc p >' Ioic
y a vn petit bourg qu'ils appellent Sidodon : auquel ne fut
fioffiblc recouurer aucuns viurcs fors de l'eau 8c du poiflbn.
Car les habitans de ce lieu viucnt auflî de poiflon , eftans de-
nucz de toutes fortes de grains: d'autant que la terre eft fte-
rile,&n'cfr propre à porter bled quelconque. Ayant delà vo-
gué trois cens ftades , on paruint a vn cap , qui f aduance fort
loin en mer. Au partir delâNearchauec la flotte ayant raidit
autres trois cens ftades vint aborder à vne Ifle aflez proche du JRe
riuaige de la mer nommée Catee, qui eft inhabitcc&fortva-
feufe : & la difent eftre dediee à Mercure Se à Venus . Et que
en cefte Ifle par chacun an le peuple d'alentour mené des bre-
bis & des cheures les offrans à Mercure Se à Venus : lefquellcs
auec le temps deuiëncnt fauuaiges, 6c fuient la veue des hom-
mes. Le pais des Carmaniensi'cftend iufquesàce lieu : ce qui
eft plus outre eft tenu parles Perfes. La cofte des Carmaniens
contient trois mil fept cens ftades de longueur . Les Carma- Deh e5tfoc
mens viucnt à la mode des Perfes. An fli font ils vpifîns de des c«ma-
la Perfe: & vfent en guerre de pareilles armes, & vont à la ? Icns " & . de
m *i a i .1 ».t 1 leur manière
guerre comme eux. La flotte eftant partie delà, Nearch h> fevime. «
fantla cofte de Perfe vint à fille de Caicandre à quarante Iflc de c ^
ftades; vis à vis de laquelle y a vne autrepetite Ifle quifatdtvn candie.
Y
3T4
AîtîUAN DE L'HISTOIRE
Apoftanes.
Gogane.
Areoa xiuie
re.
port Delà on amua à vne Hic habitée, en laquelle à ce quen
efcnptNearch,on treuuc des pcrlcs,ainu qu'en la mer In-
dienne Apres auoirpaisé vn cap de celte Ifle, à cnmron cin-
quante ftades de là fut crouué vn lieu propre pour la retrait
d'vnc flotte. Decelicu il vint aborder à vne rnontaignequi
fappelloitOchtà laquelle y a vn port fort calme, habite de
nuelsques pcfchcurs. Puis il tira a Apoftancs ayant namge
quatre cens cinquante ftades , L> y auoit grand nombre de
naftes : Ecau deffus du riuaigc enuiron foixante ftades vn vii-
l a «. Partant de là UnuiÛ on vînt gaignervn goulfc qui eft
ciîuironnè de villages quatre cens ftades au deçà La flotte
fut nrccau pied d'vne montaignc, où y auoit plulieurs pal-
miers hauts, & de toutes les fortes de fruitts qui fc trouucnt
enGrccc. La flotte partie de là,apres au oir vogué iix cens fta-
des ,arriua en Gogane pays habite, à la bouche d vne petite
' nuiere qu'ils appellent Arcon: l'entrée de laquelle le trouua
pénible , d'autant que lcflus & venus de la mer en auoit cltre-
cv femboufebeure du fable qu'il y auoit atnafsè; Ncacchfor- '
sitacfkuuc tantdclàfcithina cens ftades, & fut porter fleuuc de Sitac,
auquelilarreftakflotte, bien que l'entrée en fuit auin aller
difficile Toute celle cofte de mer eft fort vafeufe & pierreufe.
En cclieuNcarch trouua bonne promûon de fou rm eut, qui
y auoit elfe mené de l'ordonnance d'Alexandre: & la furent
baillez vingt&vnioursàceux delà floue pourie rafraîchir.-
Pendant lequel temps on radouba les vaificaux qui eftoient*
offenfez. La flotte cftant tirée de là & mife a la rame, il vogua
l'efpaccdc fept cens cinquante ftades, iufqucs a ce quil lut
villcdc Hie paruenu àla ville de Hierati : où il feit monter les vaiiieau*
parle canal d'vnc riuiere appellce Hcratcmi. Le lendemain
deilogeant dès l'aube du jour il vint iufqucs à vne petite rfc
uicre qu'ils nomment Padarge. De part tH d'autre duquel y a
grand nombre c&iardins qui ont l'eau à fouhait:& y a de tou-
tes fortes dcfruicLsàpcpin. Us appellent ce heu Mefambtie j
■ lequel eftreduia quafi en forme d'ifle . Parti qu il fut de Mç-
Mcfambnc. fambrie, après auoii faift deux cens ftades , il deftoumalt
/ 1
rati
J-Ieratemi
liukrc.
Padarge ri-
uicre.
D'ALEX. LÊ GRAND. Lï, VIII. 355
•flotte en Taoc dam la nuicrc de Granide . Au dciîusdela Taoc,
bouche de celte nuicrc cnuiron deux cens ibades auant en (
terre ferme y avn chafteau des appartenances du Royaume
de Perfe . Récite Ncarch auoir veu à ce voyage vne baleine
que la tourmente auoiticttec fur la greue, qui auoit, au rap-
port des nautouniers qu'il feit dclccndreau riuaige pour la
mefurer , cinquante couldces delong :Ja peau cfcailleuic de Vne baleine
l'dpcilcur d'vnc couldce: &c en iccllc des huiftres & autres ^° c £ ° 6 u j~
choies lcmblables,& delamourlecôciececômecn vn rocher. " c ° s '
te que furet veuz des daulphms auprès de celte baleine beau- Des Jaul ,
coup plus puiilans que ceux de la mer de Leuât. Pailaut outre phins.
il put la routte pour venir gaigner vne petite riuicre appcllec
Ro£oni,diftantc deux cens ftadcsdclaiufdi£rc:&dclààvnc Ro S° ni *"
autre petite riuitre de Brizane cinquante Jtaucs plus auant. BnMaeji-
Auqucl lieu il trauailla beaucoup pour lauuer la flocce à l'en-
trecdela riuicre, à eaufe du labic & des bancs, qui font vers
la mer. A la venue delà marée, ils pnnarent port : mais toft
après, au retour d'icellc, les vaiUcaux demeurèrent a fec. Il n'y
fut fsuâ long leiour. Ains cfpiantNcarch le rcrourpropre de
.la marée, fouit de là, & vint àArofis,que Ncarchckrit tibre gtos
le plus gros de tous les fleuries qu'il ait veu en toutecelte naui-
gation tomber en l'Océan. Les Pertes tiennent tout iufqucs à
celle nuicrc. Plus auant loin les Sufiens : lcfqucls ontlcurs Les Sufieni,
loix, leurs eouitumes& manières de vuirc à pan . Ceux qui
fomaudcllus d'eux, du cofté delà terre, fontlcs Vxiens : qui J"^" 8
font ceux que nous auons di£t ésliures precedens eftreban. krs.
douillets & bnsands . La colle entière des Pcrfcs , cou- MfrP &
. r\ 1 . « Ferle diuitc
tient quatre mil quatre cens ftades.Un tient que la région des entrois par-
Perfes citdiuiicc en trois parties fort diueries. Car la partie ocf«Buwfcf.
qui tourne à la mer rouge, cft lablonncutc&itciile, à caufe
des chaleurs excclîîucs: celle qui tire de là vers Tramontane
elt tempérée g£ fertile. 11 y a des prairies abruuecs de fontai-
nes &ruiiTcaux, des vignes, & de toute autre efpece d'arbres
priuczjforsd'oliuiers: & des îardins plaifansà mcrucillc.plan-
tez de toutes fortes de fi uidieis, C uue cela 3 y a des rima es se
Y y
AR RI AN DE L'HISTOIRE
des lacs, dont l'eau eft fort claire &r nette : & de toutes efpeces
d'oifeaux qui viuent à l'en tour de ces lacs & nuieres . Celle
contrée au fli cft fort propre a nourrir chenaux , Se tout autre
haras : & fcmbLiblemcnt propre pour la châtie, comme celle
en laquelle y a pluûeurs forefts. Quant à ce qui eft du tout ex- s
posé au Septentrional eft froid,&: vne bonne partie de l'année
couuert de neiges. Nearch eferit, que luy eftant en la cofte de
Perfc, il eut à la rencontre des Arnbaftadeurs qui venoient du
Pont Euxin,&: auoient pris ie ne fçay quel chemin bien court.
Ce qui rendit Alexandre bien csbay,mcfmcment quand il eut
entendu par ou ils eftoient venus. LesSufiens, ainfi que nous
auons di£t , font vodins des Vxiens : comme font les MarJcs,
(qui font aulfî bandouillers) des Perfes „ & les Coflccns des
Medoys.Touslcfquels peuples, Alcxâdre foubmit àfon obeïf-
fance en temps d'hyucr; où ils ncpcnfoicntpas qu'on lespeuft
aller aflaillir en quelquefaifon de l'année que ce fuft , & prin-
cipalement l'hyuer : & y aiant fai6t baftir des villes, il tes feit de
paftrcs laboureurs : à fin qu'ils poiTedaflent quelque chofe,
qu'ils euflent peur de perdre : & qu'ils ne fc trâuaillafient plus
les vns les autres par volencs & brigandaiges . Nearch, après
cela, aucc la flotte, commançaàfillonncr la cofte des Suficns
(laquelle il ne deferit pas fi amplement qu îlauoitfaid les au-
tres^ luy mcfmc eferit ne l'auoir peu faire, ne l'ayant peu bien
defcouurir, pour eftre fi vafeufe Se pleine de bancs & rochers,
qu'il cft impolfible d'y prendre port , fans danger de naufra-
ge : il deferit feulement quelsques ports, caps & promontoi-
res^ la longueur de la nauigationj aiant faiet prouifion d'eau
duflcuueen chafque vaiticau pour cinq iours:par ce que les
guides en ce voyage difoient , qu'on ne pourrait pas faire ai-
guade que bien loin delà. Quand ils furent à cinq censftades
le lac <k ^ e |^ y £ clt tourner les proues vers le lac de Catadcrby, qui eft
Catadetbi. ^ polfl p onneux _ Al'entrcc duquel y a vne petite lue qu'ils
Mat&t&m appellent Margaftane . Partant de là , le lendemain de grand
Uc - macin.il fe rencontra en vn endroit fi plein de bancs &c de va-
fc , que à peine les vaifleaux y pouuoient-ils patier fvn apr e$
l'autre.
D'ALEX. LE GRAND. LI. VIII. 3 ; r
lautre.L'on cognoifloitlcs bancs à certains pieux quïeftoient
fichez de coite & d'autre , tout ainh que au deftroict d'Ifthmc
entre Lcucide & Acarnanie. Il y a des remarques poices , de
peur que ies vaiffeaux adlent donner dans la vafe. Mais à Leu-
cade la vafe cft lablonncufe , & eft facile d'en tirer les nauires,
mefmcmentàl'arnuee delà marce. Mais en ce lieu, le limon
eft profond Se gluant, tellement qu Û eft malaifé d'en arracher
les vaiflcaux,quand ils y font embourbez, d'autât que les crocs
& perches aucclefquclsonlcs foubléuc &.allcge,n'y feruoient
de rien , ne pouuans prendre fond en ce bourbier creux St te-
nace. Et fi de defeendre du nature e'eftoit en vain: par ce que
la bourbe ne tenant pas ferme, on y enfon droit iufques à là
poidfrine , Apres auoir en celte manière , auec grade dif-
ficulté , nauigé iîx cens ftades fans pouuoir prendre terre
nulle part, force leur fut de demeurer aux vaiffeaux, Sui-
uant Ncarch fa routre, la nuiâ fumante , &" le îour d'a-
près iufques furie foir , dfeit neuf cens ftades , Se vint furgir
à la bouche dclariuicre d'Euphrate, auprès d'vn vdlage des
Babyloniens nommé Diridotis. Auquel lieu y a marché où fe
fai£t grand trafic d'en ces & d'autres onguens Se parfums qui
croiffcnt en Arabie , que les marchansfrequen tans celle mer
ameinent par deçà. Depuis la bouche d'Euphrate iufques à
Babylon Ncarch dief. y auoir trois mil trois cens ftades. En ce
lieu Ncarch eut aduertiftement que Alexâdre auec fon armec
alloit à Sufes . A raifon dequoy il rebroufta chemin quelque
peu vers Pafitigris : à fin que montant à mont le fleuucilfe
peuft îoindre auec Alexandre . Lifant au rebours cefte cofte
ilauoit à gauche la contrée des Sufiens Se vn goulfe, dans le-
quel tombe la riuieredu Tigre : laquelle descendant d'Armé-
nie paffeioignanr Nine cité grande & opulente le temps paf- Ninerité
fé: & de la cnuirônc d'vn cofié & l'Euphrate del'autre le pays, grande & 0 -
qui pour eftre enfermé dans ces deux Acuités eft appelle Me- f"^p^y/ e
fopoiamic. Du goulfe iufques à ce flcuue y a enuiron fix cens Mefôpota-
fladcs. Là cft vn village des Sufiens qu'ils nomment Agini "'^P" 3 '"
diftant de Suies de an q cens ftades . La cofte des Suiicns tuf- Ippcike 1
Y lit
, 35 8 ' A R RI AN DE L'HISTOIRE
quesàla bouche de Pafitigris contient deux mil ftades peu
plus ou peu moins. De ce lieu Ncarch auec la flotte monta
contrcmontlePafitigns par vn pays beau & fende. E t quand
il eut nauigé iufques a cens cinquante ftades, il l'arrefta & kit
■fcioui- lulques à ce que ceux qu'il auoit cnuoicz pour t'enque-
mx oùcftoK le Roy, fiiflcntdrtcrour. Ce temps pédant il fcic
feenfice auec action de grâces aux dieux d'auoir ramené ta
flotte KordÔLia des côbats & icux.de pris: les Soldais & co-
paign'ons de la manne fe donnants du bon temps en toute
ioye& alegrefle. Quand il eut reccu nouuelles que Ale-
xandre appiochoit, il feu haftci La flotte de monter,! fin d'al-
ler au deuant de luy, tant qu'il fut paruenu a vn pont nouvel-
lement faift, par deflus lequel Alexandre auoit délibère faire
parler fon armée pour aller a Sufes. Auquel heu eftant le Rof
arnué 5 d n'eft poilîblc de pëfer auec quelle reliouifiance & ac-
cueil les deux armées fc ioignirét enlemble. C ela Lwâ, Alcxâ-
dre après auoir faenfiè pour le retour de les Vaiffeaux iaufs Se
entiers,*! ordôna des îcux de pris de plufieurs se diuerfes for-
tes Et fut cogneue vue grade biéueillâce Se amour d'vn chaf-
cun enuers Neavch.En quelque part du cap qu'il allaft on luy
icttoit des fleurs & bouquets détoures fortes. Puis Alcxan-
drebonora Ncarch & Leonnat de couronnes d'or : Ncarch
pour auoir faune 1 aimce : & Leonnatàcaule de la vitloire
qu'il auoit eue fur les O mains Se autres Barbares leurs voij
fins. En cefte manière fut ramenée l'armée, que nous avions
diai'iflre embarquée à la bouche du flcuue d'Inde. Quant à
ccquieftàcofté droict de la mer rouge outre les confins des
BabylomésJes Arabes le tiennent pour la plufpart ; & appro-
che d'ailcz près la mer de Phcmcic, & de Syrie Palefttne. 1 lus
outre en tirant au Poncnt âc a la mer mcditcrrancc , font lcs
égyptiens voifins des Arabes. Et legoulfe qui entre de lO-
ccan dans i'^gvpte dcmonftrc claircment,au moyen de 1 en-
tre cours d'iceluy auec l'Océan, que Ion pourroit aller par
merde Babylon dans et goulfe qui tire vers l'^Egypte.Toutc-
fois line l'cft encores trouuc homme qui y ait mange a eau c
de 11
D'ALEX. LE GRAND. Il VIIL 3 y 9
de la chaleur immodérée & des dcferts qui y font. Siccncft
que quelsque* vnsyaycnt efté portez par tourmente. Car
ceux de l'année de Cambyfc qui cfchapperent éftâas parue-
nus d'/Egyptc a Sufes: ceux auffiqui furent enuoyez par Pto-
lomccfils de Lagc vers Seleoc,Nicanor ScBabylon, furet co-
traincïs après auoir paifé auprès d'vn certain cap aux confins j
d'Arabie, de crauerfer par l'efpace de lundi: jours vnpays de-
fert,& dutoucdcniK d'eau. Et montez fut des chameaux éh«-
minoient feulement la nuift, portans de l'eau aucc eux : pour
autant qu'ils n'euflent peu endurer de îour l'ardeur du Soleil.
Tant Sera faut doneques que ce qui eflpkis auant en cefte cô-
trec (que nous appelions Ifthmc) en tirant du goulfc d'Ara-
bie vers la mer rouge foit habité: veu que ce qui cft vers le Se-
ptentrion eft defert,& n'y a que des fables. Voire Ce (ont trou-
uez quelsques vns,lcfqucls partas du goulfc Arabie qui tire en
iEgypte,apres auoir voyage quelque temps pour circuir cefte
pamcd'Arabic,6:defcouurirlamcrvers Sufes 8c le pays de
Pcrfe , après auoir loiïgucmêt vogué par la cofte d'Arabie l'en
retournèrent d'où ils cftoicntjsartis, quand l'eau, dont ils
auoient faitt prouifion, commança à leur défaillir. Quand à
ceux qu'Alexandre cnuoya de Babylon pournauigcr la cotte
di oictc de la mer rouge, Se defcouunr ces lieux là, ils rappor-
tèrent qu'ils auoient troimé quclsqucspctitcs Iilcs, Sceftoicnt
paruenus en quelsques cndroicls îufques à la cofte d'Arabie .
Mais quant à ce grand promontoire que Nearch efent auoir
veu visàvis delà Carmanic,iln'yaeu encorcs perfonne qui
l'ait nauige de part Se d'autre, &pafle- Pour mon regard, i'ay
bien cefte opinion que fil euftefté nauigablc , ou qu'il y euft
eu aucun moyen d'y aller, Alexandre l'cuft defcouuert par fes
gens: tant il cftoit conuoitcux de cognoiftre Si lçauoir les
choies incogneucs aux autres. Hannon carthaginois palla de H ^ nnoa
bien outre les couloncs d'Hercule en l'Océan aucc quelsques Ganhagi-
vaifleaux , laiflant l'A frique à main gauche : & nauigea en Le- jjj^
uanc tant qu'il eut lèvent propice. Aquoy faire il employa
trente cinq îours. Mais quand il fut tourné vers le ruidy,
3^o
il tomba en plusieurs inconueniens, faute d'eau, Se à caufe
des chaleurs extrêmes , voyant comme des ruùïcaux de feufe
dardans dans la m er.Et neantmoins la ville de Cyrcncs,u foit
Koei7mU- quelle foit baftie es defens de Libye , cft affile en lieu fcrtil,
herbeux & abondant en eau : où il y a des bois , des praines,8c
déroutes fortes de fruits Se d'animaux domeftiques : 5c
ceiufques au lieu oùcioiÛ le filphium. Ce qui cft
plus auant eft tout pays fablonneux & inhabi-
té. Voila ce que l'ay ci cru à pan, qui doit
eftre rapporté à l'hiûoirc d'Alexan-
dre de Macédoine qui fut
fils de Philippe.
Pais it la
Tille de Cy
Silphiam h
Cyicnes.
FIN.
RECVEIL DES CHOSES PLVS NO-
TABLES ÏS HVICT LIVRES d'ArRIAN
de l'Hiftoirc d'Alexandre
le Grand .
E S Abafaniensfub-
iugue^ hu.6.page
246
Abies Scythes loue^
pur Homère, It. 4.
pag. 141
Acejines riuiere Indienne, lut. 5.
pag. 212
Achille fouhaite eftre mort duant
Patrocle. 7- 2 *4
Alexandre diSt Achille heureux
dtamireu Homère pour defenre
fesfaitts. lil
AdaPrinaJfede Carie adopte Ale-
xandre pour fon fils. I. 41
Us Adraifles Indiens fe nndent à
Alexandre. S- ll 5
AçisRoy deLacedemon alité auec
. lesPerfes. 2.-7$
Agi* Argicn poète, 4. 156
des Agrtans £r> de Langare leur
Roy. ' 1-8
des Agriàsfes ou Euergetes , & de
leur Repub. bien inftuuee. 3.134
Alexandre dedatré General de F ar-
mée des Grecs contre les Per/es.
I. 2
Alexandre âgé de zo ans quand il
commença Jes conquejîes. 1, Uure t
aulteumefme.
plu fieurs ont cfçrit iAlexadre ainf
qu'il auoit eilé predicl par Ari-
Jlander. 1. 20
Alexadretombe en maladie. 2,58
Alexadre bleft. 3.140.^4.144
&17S
Alexandre en danger de fa pafon-
ne. 6.239
Alexandre ~\cut eilre tenu pour >»
Dieu. 4.1,6. 158 & 159
fiance £ Alexandre à *>» fin mé-
decin. 2. 58
confiance d"Alcxandre,au lieu mef.
continence d'Alexandre. 4.170
le Roy Ddiredefire ouoir Alexan-
dre pour Juccejjeur à la couronne
de Perfe. 4. 171
pays conquis par Alexandre.^. 210
Alexandre ejî exemple à Jesfoldats.
6. z6i
Alexadre efyoufe encores deuxfcm*
mes outre Rboxané. 7. 273
Alexandre imitateur d'Achille . 7 .
289
Alexandre infatiable de 1/iÛoires
S
TABLE DE
& conyurfl's. 7-298
fco"iWf »* égalé Alexandre en con-
quêtes & exploits d'armes. 7.
311
Vertus bonnes parties d'Ale-
xandre , auec excujes des actes
mauuais en luy. 7-309
mort d'Alexandre en l'âge de 32 ans
huiclmok. 7-3°8
Alexandrie d'Egypte conduite par
Alexandre. 3. 95. Autre a»
mont de Caucafe 3. 13 >\ 4-
174. Autre fur le Tanav,.^. I4X.
Autre au pays des Sogdiens . 6.
z^j. Autre aupays des Orirains.
6. 255. Autre e's confins d'Ara-
bie. 7- 3 QI
Alexandre d: cl Epheflion [on amy
eflre ~)>n autre luy me/mes. 2.72
aminé d'Alexandre entiers Ephc-
slion. 7- 2 73
Voyage c? Alexandre au temple de
Jupiter Ammon en Libye 3 96
Alicarnajïe dfoegec , pnje Qr rajee.
I. 41
Am>%ones. 4.164
Amazones amenées à Alexandre,
- fil y en a eu. 7 . zc 7
Jiefpoje hardie d' A mb fadeurs. 1.8
Amour d' Alexandre cnutrs jes fol-
dats, & d eulx enuers luy . 7.2^5
Andxarchjovhijl ■ flateur. 4. 155
Anchiale ~W#e bashe par Sarda-
naoale. 2.^8
Antiquailles de Grèce tranfpune<,s
en A fie rendues aux Grecs pav
Alexandre. 7. 2,97
Aorne roche £7- place forte rendue 4
Alexandre. 4.182, 0- autres pa-
<res fumantes .
des Arabes. 7. 301
Arabie fleuue en Tndie. 6. 254
Arabiens Indiens. 8,535
Arabitains. 6. 2^4
les Aracotiens fubiugue^par Ale-
xandre. 3* I 34-
Royaume des Aradiens foubmu i
Alexandre. i. 75
Arafaaens. 4- 175
Argyrafpidesfoldats pourquoy atnfi
appelle^. I - I S
Anfl.mder Telmiprn predlbl plu- |
fteurs chofes à Alexandre. I. 20.
4. 147. & l 64, ailleurs.
Anfle a efcrtt £ Alexandre. 7 . 292
Anjlobule a efent d'Alexandre. I.
1 jj^ 1 ailleurs,
les \hmes d'Ariflogito &deHar*
modie renvoyées à Athènes par
Alexandre. ^.\\6.<&-J.if7
Ariflote taxé d'auotr faiSt empoi-
fonner Jllt xandre. 7. 3 °^
Armée de Daire de fix cens mil co-
batans. 2.65. siutred'^n million
£'homm<-s dt piei, £7- de cjùar.inte
mildeiheujL 3- lo 4
Csirmie d'Alexandre en gr.tnde
piiueparfutc d'eau. 6. l^~T
Ab ^^ndfe pi nd jes armes autemule
del J aUo4 3 <¥ prend d'autos.
U 21
L'HIS T, D'
i. ii
„4rmes des Indiens. 8. 330
AU xandre tnuon en Grèce de> ar-
me s des Pcrje Vaincus. ^-Yy
les Armuners exempts de tribut en
Jndte. 324
Arofisgrosfliuue. 8 Jf|
Aman parlant defoy. 1. nz
Ajclepiade a efcnt d'Alexandre.
7. 25»!
diutfion del'Afie. 5.
les Afpenduns fe rendent k ^Ale-
xandre puis Je rcuoltent. l. 46
lis ^Jpiens. 4. 175 iy6
Ajfaccnicns. 4. 178. ^8.311
Ajjyric pourquoy appeliee Mefopo-
tamie. y. 177
Athéniens desfaiffs en Stale ^au-
tres lieux. 1. 16
Autan ares. 1.8
AZflniic RoydeTyr. 1. 77
S
Ty Ahylon rendue k Alex. 3. 116
■de Bacchtu ou Venu. \ . 188.^
8- 317. Jnuenttons d'iceluy. 8.
320.
pays des Baflrïans conquis. 3.136.
fa y s des Badiches. 8.347
Baleine ayant 50, coulâtes de lon-
gueur. S. 355
f» \n Banquet neuf mil per/onnes
arable, 7.284
M ai b es des Indiens peintes de diuer-
ARRT AN.
/ëf couleurs, 8.319.
Bataille donee aux Scythes par Aie-
xandre 4. autre donnée a la
riutere de Crante aux Pcrfes. 1.
26. autre à ïj aire 2 . 64. 65. ^7*
66. <xBfree«co»-dw mefrnt Daïre.
3. ni. J12. 113. cS" 114. des lieux
oit ont efle données ces deux der-
nières. 6. 240. autre donnée aux
Catheiens, 5. 21J
Bataille ne Je doit donner denuiCh,
3. 107.
ordonnance d'yne armée m Bataille
e/crtpte en regiflre. 3 . 108
Bat e aux mene^par charroy.%. 2 02.
<& y
Beauté grande de Roxané J & delà
ftmme de D aire. 4. 170
du dieu Bel, 7. 253
BeJJe après le meurtre de D aire fe
fatSÎ appeller Roy dAfe. 3. 131.
eftpru & exécuté a mort par or-
donnance d'Alexandre. 3, 139,
4- tffc
Beflial nourry depoiffon. 8. 341.
5 ewp d'indie enuoye^par Alexan-
dre m Macédoine. 4.178
Bibatle tjle. 8 . 3 35
Btblon lullerendue k Alexandre, 2.
y7
Alexandre ~\>ifw les blcffi?*. 1.29.
des Brahmanes. 6. 235
^6 (t xandre le premier k la Brefche.
6.237
Bri^ane jleuHC. 8. 355
• Z ij
\
TABLE DE
ne.
EucephJchemli 'Alexandre, pu
Vucephale *ÙRè conflruifte parole- l ac « Cataderbt.
xandre enmemone de [on chenal. Catadupe Tulle.
J. 211
CAbanes. 8. 337
C&dmee chafledu de Thcbes.
I. 11.
Caicandre ijle. . 8. 353
Calame. 8. 340
CalanBrachmane fuit Alexandre.
7. 296
CaUiflhencPhilofophe difciple d'A-
rijlote. 4. 156. eîT J5 7 ' w&rf
OomJ> rfe (j*. 1 ■ 57
famine m Camp d'Alexandre. 6.
Canatmont. 8. 34°
Capitaines exécute^ à mort pot*r
concufëions. 6. 265
Capitaines & foldats recompenjt^
par Alexandre. 7- 2 7ï
En la place de capitaine d'Epheflion
n'ejl aucun fuhrogé. 7. 290
La Cappadoae conejuife par Ale-
xandre. 2. 57
Vu pays de Carie. I, 36
T>upaysde Carmanie. 6.2.62.
De la manière deyiuredesCarma-
tiîtns, 8. 353
Carminé ijle 8. 34
De/d 0wr Cajbieme o« Hynanien-
8. J5 «
8- 315
8. 35î
5- 2 15
J3m Catheiens Indiens
Caucafemont. 3. 135. 8.313
Celenes "Wf/f <& chdjleau rendus à
Alexandre. 1 . 50
Cene decede. 6. 219
Chaldeans deuins. 7. 293
chtrdeGordie. 2.
djrf/7<? tf« éléphant. 8. 31Ç
Dii Jjew/ d'Alexandre BuctphaL
5. 211
X d chofere malfeante à toute perfon-
ne. 4' ! 54
Ckor.lfmcmcns. 4' '^4
chorienes &> fit roche. 4. 171
OÏ/«.v f/fc; <5. 152.
CitadeUefaittc de peur de remlte. 6 .
2-47
Mort de dite. 4. 154
cWe-f. . 8- 337
Colonnes d'Hercule. 2.78
Coites. 8. 340
Alexandre combat auec la hante
£~)/ne iaudme. i- 2 7
Amour des Conches enuers leur Roy
8, 321
Toutes perfonnes fontdefrache Con-
dition en Indre. 8.313
Coniuration contre la perfonn-j du
Roy defcouuerte. 3. Ij2. 4«fnr
encor. 4. 160
Confiance d'Alexandre. ' i. 58
Confiance
/
\
V H I S T. D'AKRIA N.
Confiance de CdUnMà mort, ?•
272 ^
Continence d'Alexandre. 4. 170
^«.x contrdiis & autres aèhs pu-
bliques te nom d'Epkijlion appa-
fé. 7- 304
Guerre contre les Coffiien s. 7. iijri
Z« femmes peuuent pdruentr k ld
couronne en Curie. 1.42
Alexandre dicl mourdnt qu il Idif-
fott la Couronne au plm homme de
bien de/es capitaines. 7. 307
Courtoifte d'Alexandre enuers des
Prin ceffes captiu es 2 . 71
Cratère /'>» des plm fidèles amtt
à' Alexandre. 7- 7 ^ï
VroçalesJjU ■ 8. 335
Crocodiles àlariuicred'lnde 6. 228
t#///e mont digne pottrquoy atnfi ap-
pdlce. 5. iS?. 317
Cydncriuicre 2. 58
Cynefœurdî Alexandre. I. 8
Cyr premier finit de LtGedrofic ausc
7. hsmmesrejie^de fin armée.
6. 258
Sepulchre de Cyr^iolé pille'. 6.
166 . 7 t/à/cf prf» 1 Alexandre, ait
mefme listre. ^$7
Epitaphede Cyr. 6.2-66
Cy renés 'Mlle. 8. 360
Cyropoli. 4. 14Z. prife d'i celle. 14J
£?T44-
X f* i? <gjts de Cypre fi ren dent à Ale-
xandre 2. 83
T~\Aire Boy de Perfe desfdiil en
bataille par Alexandre. 2.
69. & derechef 3. 114
Vci'.re fuifî prifinnurdes fiens mef-
mes.^.ïl^. pui<tué 116
Vu Vanube flvuue.l. 6. £7*8. 313
Dm Ddufîns. 8. 3^
Alexadn paye les debtes de fis gens
de guerre. 7' A 74
V émane prfinnicr. 3- *34
Desfaittedes Perfesau Grdnicpar
■ ^Alexandre. C 28
D esfatEle de Vdirc & de fon armée
dcfixcensmilcombdttans.L. 69.
Autre a'yn million d'hommes. 3.
114
Desf aicte de Por Roy Indien. J.
zc8
Desfaiùîe d'indiens en grand nom-
bre. 4-Ï78
Anflander Veuin. ~ïoy en Ari~
fiander.
femme de Syrie V eu 'mereffe. 4. 161
Chaldeans Devins predifmt * Ale-
xandre. 7- L 9}
Science de Deviner commune aux
Telmipens hommes & femmes.
Temple fomptueux de Diane a E-
phtfe. 1.31
des Dieux qui ont fuppofé leur ge-
7.310
Z iij
nealozie,
a
T A B
propos entre .Alexandre &< Dio-
gene de Stnope. 7 , 270
Xerxes moit en meffcm toute Ditti-
ntte'. 7. 289
Dômes Ijle âtferte. 8. 336
les Dragogiens fubiugue^ par Ale-
xandre. î- r 34
deux Dragons fe font guides del'ar-
LE DE
.Alexandre, 2. 81,
de la "w/Ze d'Epht/è. !• 3 1
F,phe]tion aimé d'Alexandre . 2.
Ephefîton efyottfe la belle feur d'A-
mes d'Alexandre
3-97
les Drangiens fubtugue^ par Ale-
xandre. 3. 134
Duetl & transfort d'Alexandre
a la mort d'Epheftion. 7, 28^
Duttl de la mort d'Ephejlion en-
ioinci par tout. 7. 230
47
ne
"C* Au pefîtlemieufê. 4. T
L'eau de la rxuiere de Stla
porte chofe aucune. 8. 31 8
Ecbatanes. 7. 28$
Eiltpje de L une interprétée par An-
Jlander. 3-103
V Egypte fowhmife à Alexandre. 3.
54. Df / E/?Jf & gouucrnement
dtaUe /vu ! s Alexandre, & de-
puto jouis la Romains. 3. roo
Egypte d'où atnfi nommée. 5. 196
chajfe des Elephans. 8 , 33
ÏElephat tient quelque chofe de l'en-
tendement humain. 8- }Zy.ouefl
reaté memeilie des elephans, 0*
dU 5. ZOJ.
£»>/<• /lo> des Byblicns Je rend À
lexandre.
7- *75
trtjp&i d'Ephef}im,& du duetl qu'en
porta Alexandre. 7.288
Epitaphe de Sardanapale. 2. 59
Epitaphe deCyr. 6.166
Ejlat politique dis Seltfiens change.
2. 59
fept t pars entre les indiens. 8. 315
entre perjonnes dediuers Efîar s ma-
riage s prohibe\en in die. 8. 31^
Ejiat royal d'aller monte fur >» élé-
phant. 8.330
Eutrgetes ou ^ivriaffes. 3-134
l Euphrat;- je perd Joubs terre. 5. 164,
yoye^d'tceluy au 7. 2.77
Alexandre ed Exemple a Jes foU
dats. 6. z6ï.
Exemption donee aux pires mè-
res des detede^en gtterre.1,19,
Ç<7* 7. 2,82.
Exempt s de trihut s en Indie> les ar-
muriers, trem de o-uerre. 8. î 2 A
Alexadre Extrce /afiotealaramc*
7. 303
TOAmine au camp d'Alexandre*
6- ^9
femme & Jceur,
1. 41.^ 2.70
femme*
/
rtfïST. D'
femmes marie** à fpt ans. 8, 3 21
les Femmes peuuent parvenir a la
cou tonne en Carte. 1 . 4 2 .
~)/nc Femme riefl biifmee en Indiefe
Uijjinr g varier pour le pnfent
à ~)w éléphant. 8. $30. 331
Ongles au tu u de Ferrements. 3. 339
Fiance d silexanarc à "V» fien mé-
decin* z. 58
Fidélité recogneue par lennemy. 3.
1*9
Tilles mariées feins dot en prefence
&• <"*ec pcrmijùon de leurs pères
enlndie. 8-331
Flateurs pe fies, des Royaumes &
principauté^. 2. 61. & 4. i{$
/fi Fl. itcurs desïournent les Princes
de la coçnoiJ?ancc de la >t rire &
justice. 7 . 309
FUrcrte du fophifte ^inaxareb. 4. 1
•55
FL unes fe pet dans foubs terre. 4 .
Fhte i^lexadre de deux mil "\aif-
feaux ■ 6. 251. en péri', au lieu m,f.
Flore de huiùi cens 1/aifjeaux. 8. 353
Font nne admirable. 5.98.^14-
f"- 4-154
Fourmis en Indie plus grands c/ue
rmards. S. 32.8
Pompe funèbre d^Epheflton mon-
tant. ifx miUior'S d'or. y. 29a
G
*4 nge flcuue d'/ndie le plus <rros
del'^ijie. j. 19 & 8.314
ARRI AN.
Garde du corps grand ejlat. 5. ig r<
& 6. 164.
Ga^e ^iliede la Pale/line apegee.
2. 9t. prife 9$
autre Ga^e. 4,142
D h pays de Gedrofe ou Gadrofte.
Gtroêlrate Roy des ^Aradiens fe
rend À Alexandre. 2. 8 2
Des G êtes de ta guerre contre
eulx. j. c
Glaucaniciens & G (anciens In-
diens Je rendent à Alexandre. J.
212
^Alexandre craint de perdre la gloi-
re cju il auott aojuije. 8- ^33
otrede Gordie de Midas Jon
fi ls *tf
Gouuerneun de pay< exécute-^ à
mort pour coneuf ions. <3.z6y0*
7- f7?
Grantcrmiere. % t 24
Granule nuicre g, ^
les Indiens ne font la Guerre hors
de leur pats. ^-3 7
les Guides perdent cognotjfand des
chemins, t>. 2,61
H
H
Arangue d' Alexandre à fon
armée auant la première ba-
taille contre Daire. 2. 62. autre z.
79- ***** 3 - loé. autre j. 215). au-
tre 7. 278
V
T AB L
JJdrdiejfei^UxMite. 6.135
UsRarues de Harmodie &>Anfto-
gitonnnucyeesdc Pirje à Athè-
nes. 3-»6
HdrM de cent cinquante mil iumas
panières. 7* a ^7
Haulteurde Por de cinq couldees. 5.
210
Htrjtewiriuiere. 8.354
plufieurs ont eflé portans le nom de
Hercule. x -77
de Perfee & Hercule. 3 . 9 *
Hercule ne fut idmau en Indie. 4.
I%z.-yoyle$.liure.
Heropythe remit i&dis Ephefe en li-
berté. *• 3 1 *
ducun neft Heureux auantf* mort.
7.294
Hiflortens difcorddnts. 4. 6?*
^■34° .
Alexandre conuoiteux d Honneur.
5. 219
-> Wf fontdine d'Hutllefourdau camp
d'Alexandre. 4- 16 4
Huifircs g ï6 lf es - 33S
Hydafpes rtuiere Indienne. 5. 191
Hydraotesriuiere Indienne. 5. 114
i»f rf» t/ej Hyrcaniens. 3- 1Z 7
ISlelcarienne en l'Océan. 7.299
des Ichthyophdjrcs. 8.340
A^xandre Imitateur d'Achille. 7.
285)
E DE
d'inddthyrfe Scythe. 8.317
delaruittre d'Inde, & autres fieu-
uesd'lndie. ' 5.191. £7" 8. 3;$
<|«e/ pat* f/î propremet Appelle' Indu.
8.319
Indiens desfaicls en grand nombre.
4.178
Indiens aiment la mufique & U
ddnfe. 6. 231
Indiens quels ? e.ï^.& 8.312.
des meurs Vieeux. 8.317
beaucoup de ebofes f attifes fe racon-
tent du pais d'indie. 19?
InuentionsdeBdcchus. 8.310
ambdjfadeurs d' Italie y ers Alexan-
dre. 7- i 9 i
Liberté' &feureté des laboureux
en Indie, mejmemenx pendant
la guerre. 8.314
le* Lacedemoniens ne Veulent
ejlre commande^ par autruy .
I. 2. o»f f/îf yemeusà Leutlres
0* ailleurs, du mtfme hure,
Lintres. J ' b
Les Indiens fe lté fient de robbet
de Lin croisant fur des arbres.
8. 319
du pdis de Lycte. 1-43
du pan de Lydie. 1-3°
Lyfippe exdUent fondeur &* ima-
l. 28
La
Zer.
V H I S T. D'ARRIAN.
M
T Macédoine mifè en honneur
Valeur par le Rvy Philippe
pere£ Alexandre . 7- 1 -79
dt sfaicle de Macédoniens par Spt-
tarnvnes. 4. 14^
les Macédoniens contoient les choies
a I aduanrage d Alexandre. 5.J 91
"V.twn/t Macédonienne. 8. 317
Mmeterocht) ou croît leannamo-
*>*■ 8. 347
M ai/on s bafïtts d'offimens de potf-
Jons. 6. 257.^7- 8. 345
M al and. £-339
Malades delmfjcx^ faulic de çhjtr-
roy. 6.259
j MaUiens Indiens. 5. 215.
tle d'tct'j.x. 6. 234
les Mardiensjuhiup-ue^. 3- 3°
Martages prohibt\ entre per/onnes
dediuers .Jlars. 8. 5. Quatre-
ygtgts mariages iel:bre\ enftm-
Mr. 7-':*74
^Alexandre licencie les nuuueaux
M dricz^d* ailerl/oir leurs femmes
1. 42-,
Mafjagal/illed'indie 4. 179
Majjagetes. 4.1650*167
Fiance d'Alexandre a ~>w fi en Mé-
decin. 2. 58
Alexandre ordona cjuonfeisl mou-
rir le Médecin cTtpbtjlton pour
i'auoirmalpenfe. 7, 189
Megafthene hiflorien. ^ 19^. *
meure en Indie. 8.317.31032,1
Alexandre en Mémoire de (es con-
quefles fattl euger 12 dttff/i /w*<fx
comme tours. 5. zz6
Dejir d Alexandre de perpétuer U
mémoire d B pbrflton. 7. 304
Les Indiens abhorrent le Meniono-e,
8. 325.
CY^we Alexandre à fa Mère
fimme facheufe. 7. 2S6
Mefopotamie pottrcjuoy dmfi appel-
le. ^ 7. 277. ^ 8.357
N'eslloifibleà "ïn homme d'exercer
deux Aîcftters en Indie. 8.325
Z hiftoire ae Gordie & de AlidAs
/on fis. 2. 5J
Milet.tjitcgce &> prife. i. 32,, 34
Mines d orcn Indie. 8.32F
Mitylcnes. 2. 52, ^3
Modtftit neceffaire Àl/n Prince. 4.
la Mort corne eft drfnie par Ddn-
âamu Brachmane. 7. 271
L hi.mme mourant au fort de f feli-
cité eft heureux. 7. 294
Mofarne port 8 34I
M « fican ferenda Alexadre, puufe
reuohe, & eft pédu. 6. 247. 249
Mutinerie au camp d'Alexandre. 5.
219. &i 7. 278
Mycdlé. I. 3J
D » pays de U Mj lifkde. 1. 43
,Arbrts de myrrhe au pays des Ge~
6. 256
drojiens.
TABLE DE
N
>7 Arden grande quantité en U
V Gtàrohe. * if
H Motion de H artimon Cdrthagt-
nms en Leuant. °\ 35?
Nauires ou galères menées en pièces
parcharroy. 5* 159
les Indiens eftone K deW des che-
naux fur des nduires. 6. 230
tfearch General de L'armée de mer
d'Alexandre. . 6 - 1Z ?
Nearch a defcriptla nauigatton w U
feit par le commandement d Ale-
xandre. 5;ifj
Alexandre penfe auoir trouue Ion-
trmedu Nil. 6 ' Z2 *
l^Nd je nommùh anciennement
Etrypte. 5. ijtf. ^8.316. dure-
<ror<remenr a icefuy. °- 5 1 )
N%eCitéprande & opulente le tëps
paffe. ? 357
Ntffè %tUe baftie par Bacchm en
Indic. 5- l88 ' & l * 9 ' & 8>
plufirurspais ont pris leurs Noms des
riuieres. 5' l ^
80 Nopces célébrées enfembte. 7.
174
Nojalt ijle inhabitée pourquoi
j, kn la fable qu'on en raconte. 8.
les /ophijïes Ornent Nudsenlndie.
8. 314
L
£ s Grecs efbaïs du flux & re-
1 flux de ( Océan. 6. 251
Olympia* mere d'Alexandre endtf-
tordducc Antipater. 7. 286
climat /ans Ombre àmidy. 8.339
Onefnrtt pilote de la nef£ A lexan-
1 6. 229
ire. *
Organe ijl t. _ ' ô ' 35 1
les Orttains Indiens libres. 6. 254
Orontobatesdesfaifi. *? 5(9
Oxc<rrojferiuiere. 3*
dAlexandre. 4. 1 69- 6 -
0.wc<*«p>*'*eW" Vii/t'J. 6. 248
Dej0.vï(iMC/e»i Indiens. 5. aiJ
©r6. 23I
8. 354
1 pàfejhne le rend à Alexan-
dre fors G a^e. 9°
Palimbothra principale ^illedes In-
diens. 8. ,23. grandeur d'uelle a*'
mejme tteu.
TdUacopai ftuue. 7' 3°°
dubaysdeP 'mphylie. l - 45
de Pandee fille de Hercule, & & l<*
fible qu'on raconte d'elle. 8. 32O
des Paphlaçoniens. 2 - 5^
Us Partuques fubtuge^ J>* r Alem
xandre. 3 - 1
wmciUts du Parler des Sidites. l.
A 6
/ ■
ÀfS'
L'HIST. D'ARRÏAN.
Prefages précédants U mort ct^éle-
Pajargades palan Royal de Cyv dé-
moly. 3. Mi. &6- 265
Dettfit des Pattales&de leur Roy.
' 6 249
Perles Indiennes pris d'iceUcs . 8.
de la ~\ille & pays des Perses. 1. 4$
du pays de Per/e diui/e' en trots par-
ties.
dePerfee. 3.96
les Perjes desfaiBlspar Alexandre.
1. 69; 3 114
Peucelaott de région- 4- I 74
pays des Phaf élites. 1 . 43
la mai/on de Pindare fauuee en fa-
tteur de- fi pvefïe. 1. 18
des Piftdiens. 1.43
en faneur delà Poefie la maifon de
Ptndare jauuee. 1. 18
Potffons plm gros en *V» lac £lndie
que m la mer Méditerranée. 6,
Pot fions eftjtrange grandeur, def-
tjuels à peine fe jauua la flate
d'Alexandre. 8. 345
Ponts de bajleaux fur mtr & fur
rmieres. Ç. 197
de For Roy en Indte "\etncu par
Alexandre. ç. zo8. & 6, 2.2,9
ghafcun Pojjede autant de terre qu'il
en touche des pieds en marchant.
7- 179
Prédictions. I.20, & 4-I47. &
7. 112.
xar,dre. J . 20J
P rtjornptwn de philo fophe. 4.
Alexandre célèbre les funiraillcs
de*Pridm. 1. 21
modejîie necejjaire à ">» Prince. 4.
152
h s prifonmers de guerre prennent les
armes pendant la bataille. 3.111
Prodige interprété. I. 20.(^2.91
ftèhon de Promethee. 5. 190. Q* 8 .
Protefîlas I.20
P toi omee fils de L âge a efeript £A-
lexandre. 1. 1. C ailleurs.
Pyles Amaniques. 2. 6l
Pjlet de Ctltcie. 1. 57
PylesdePerfe. 3.
~D Egiflre contenant ordonnance
^ d'armée en bataille^ 3.IC8
Regiflres au/quels on e fermait ce
que fai/ott Alexandre par cba~
cun tour. 7. 306
Repentante louable. 4. 154. £^5-
d7*7- 309
République des Agriafyes ou Euer-
getes bien infinitet. 3 . 13 4
Reuohe de due fils de Bardylee. 1,8,
rfw Thebams. l. il. desAffen-
dtens. 1. 46, é/cj Ajjacemens.
5. 212. de Mufican. 6.249
/m Minières Indiens* greffes en ejie.
TABLE DE
U Hmitre de Sttd ne portechof ejuel-
conque. 8.3'8
Rimer es quifc perdent fvttbs hrre.
plufieurs pays ont pris leurs noms
des Rmieres. 5- T ^
U floche (Csiome rendue à Alexan-
dre. 4. 182. & autres fuiua.ntes.
h Roche de chorienes redite À Ale-
xandre. 4- 1 7 1
la Roche d'Oxyarte place eihmee
imprenable pnfe par Alexandre.
4. 169. & 170
Jto^oninuiere. 8. î^î
Zej Romain ' enummt "Vpv? .Alexan-
dre. 7. z^z. Alexandre pndici
Uurgnndeur,au mtfote littre.
les Romains amateurs de leur liber-
té, ha liants les Roy s. 7.
les Rovs eLuZ^en Indte. 8.31O
Amour des conches entiers leur Roy.
fcj Roy s de Pcfe n-olcftes & info-
lents entiers Leurs Jubiecis. 4. 152
CA~cs de blé feeUe\. 6. i<$7
^ SacaU pays inhabité. 8. 356
Sacrifice exécrable. i- 9
Saillie des Tynens par mer fur Us
Macédoniens. 2.85
Saillie des Thebains afoe*e%. 1.14.
San^de contrée indienne.
Os
Sarange pays Indien. %. 336
de Sardanapale. 1. 58 & 5 >.
Sardis rendre k .Alexandre, r. 50
Sartj?e mot Macédonien figmji.tnt
taudme oui .ncevaye. 1 2,3
Scythes ne pojïedants aucun herirai-
ge. 4.167.
Scythes en Europe &> en A fie.
4. 141
/e j i cythesfe moquent des Macédo-
niens. 4.145^146
Sont desfaicls. 147
Sel concreé en terre. 3. 98. Autre
concreé au lac d'A/cai^ne. 1 . 50
les Selçiens reeews en alliance auec
Alexandre. T. 48
SeleucRoy après la mort &AleX*n~
dre. 7, 02,
Semiram'u fortit de ta Gedrofie auec
20 hommes reiie^dt Jon armée.
6. 1.58. Voy d'etleau S Hure. 317
S.putchre & epir.tphe dr S>ardɻ4-
pdk. S9
Les Indunsne baffi^entp'-inr de je-
puUbres *ux trefpafjez^, p »»"
ejuor. 8. 32.2
Srpulrhre mapnfqut de C-,r. 6. 16$
Serpent ds 16 couldees de longueur,
8 ' 32,9 n
Seioftns Egyptien 0-fes cowjuijlvs.
'8.317
Des Si dites & de leur parler. 1. 46
Sidon tendue à Alexandre, z. 77
Siège de Thebes. 1. 14- d'AÎicar*
8.335 najje. 1. 37. de Or. 2: Si, 02
V H I S T. D'
&< 83. de S.mgala. 5. 216. de
G<%r. l. 91 .
S, lj htttm herbe fmguliere. 3 . 135
ejp* 8. 360
it s Singes en Indie, 8. 3 19
Sit.Acf.mue. . 8. 3J4
Smyrue \ille tf £ o//r. 5. 196
Dtf cours de deux Jotdats en débat de
leur y.nilance. 1. 38
éjjrëlion des Soldats entiers silexÂ-
dre. 6. 259
Us bons So 'dats honore^ 2. 70
les Soldats capitaines recompen-
fe\par stlexand-e. 7- z 7î
Soles ~\nui'tjlatd'tcclle change par
Alexandre. 2.
SxmveiriTtrpr té. 2. 80
Sonneur a tfjituments bon guerner .
4. 166
SpttaiHtni s tue par L s fiens. 4. 167
Strat>?emes notables. 2. \iz. 83.84.
Suje rendue à Alexandre, 3.116
" I ' jin&u viuiere defeendant d»
Cauc4jc> autre l'anau en St y
thte. 3. 13.9
Tarjt rendue à Alexandre. 2. ^7
^t-j Tau lance s {y deClauCiM leur
Roy. I. [2
du mont de Taure. 5. 194. Ç^*8 313
T*mL grande "Ville en Indie. 5.192
TaxiLspmcc Indien. - 4. 174
ARRIAN,
les TeLhifîitnsje foubm'tta k Aie
xandre, 1. 43
Hcrtt on pour auoir p'Ue' le TeMi le
des S ijiens exécute a morr. 6. lG\
dt l t ~^lUt de Thebe;,j~ieve>pri/c 3*
de'motititnd'tcelle. 1. 13, 14
3 'boes animaux jernblabL-s aux 1 i-
gres. 8. 3 i8
guirre contre les ThrAces. 1 . 3
Thurctns, 4. 175
Thyns poijjons. 8. 342
Tigre rtmetf. 7. 277
/<- 7 roye piW /ôrf l'éléphant, de
la grandeur, ~ïtftej]e & dijpofi-
tton d'icJui-, 8. 328
des 7 riballes c> dp S^rme leur Roy .
& dt. la guerre 1 ontre eux. 1. 4
Tribut de chenaux & de bejltal im-
pôt é par Alexandre, aux Vxïens.
3. 118. 0- aux Ajfendiens. 1.46
le mot de Triomphe d'où procède. 6.
264
FjJledeTyle'. 7.299.
Jyrafiierjc. 2. 80. pn/e. 88
les Tyrans hay s À Athènes. 4. 1)6
"pSEttx - mil Va'tfftaux en la flore
*■ d'Alexandre. 6. 230
Vamife Macédonienne. 8.317
ta Vertu reco^neue mefmement des
ennemis. 4. 170
Vejlemenrs de peaux de befles fax-
uagesgr- de poijjons, 8.339
les Indiens fe Vejïent de robhet de
Un. 8. 519
.Alexandre repris defrftrc "Vr/?« à la
mededePer/ê, 4.1^2,
exeufé de cela. 7 ■ 510
Alexandre tnfatiMe de Vittotres
0- conquefies. 7.270
Alexandre ne l'eut defmbher la Vt-
floire en furf tenant /on ennemy
de nuit. 3- 1 °7
Ville de Palimborhra grande. 8,
314.313
hommes ne Vivants que quarante
ans, 8. 311
les eltphans Viuent deux cens ans.
8.318
les Vxiens desjaicls. 3, ll^. font b*-
domliars. ' S. ^55
"V" tnophon hifîorien & capitaine
de nom. 7. i%y
JCerxes auan à mefyru toute dtutni.
té, 7. 18^
r
"yVrongneric mal ponte à toute
perjonne. 4.134
jidracarta l>i!Ie des Hyrca-
mens, 3. 130
pjudes Za Tanguns. 5. 13a,
ZeUcT>iUè. I«*3>
Alexandre pardonne aux Zelltes*
19
Fin de la Table.
DVCTION D'ARRIAN PAR M.
Cl. i/^vîtart Seigneur
de Rofoy.
C o m m e en Ctifon d'efte, de Venus la fleur teinfte
Du fang de l'Archcroc d'vne cfpine piccjuc,
Rwd Ion odeur fouet de chacun fouhaitc,
Ceu & cent mille fois, plus que neft la Iacinthc :
Eimelme temps, Vvitarc couche de viue atteinte
A d'o zele naît" dext rement imite
D'Arian les difcours, aufquels de vérité
h? vi et' Alexandre eft tout au vif dcpeiuftc.
Etdefon guayRofoy de langage grégeois
If Je produitt (Ledeur) parlant vn pur françois
Pb P aigu & doux, il en honore France.
f p.ance heureufe a toufiours, en vn million d'efpries
Excctens en fçauoir, foifonnans des dents,
Mcilansl'vtihtcauecques laplaifance.
A. Ian dï-Covrcillis.
FAVTES TROVVE r S "M VllSfk t SSi^K
D £ Q_V t L Qj; ES EXEMPLAIRES.
E n la t. p.ig. ligne 4. a efté obmis ce mot,
icy, aprea ce mot coucher.
En la nulmepag. ligne 16 & 17 5c ailleurs,
Peloponetc, pour, t'i ioponnele.
P.15 îlig. S QgJ tauï lue, Luy
Pag. 7. en maige, r es, pour Gères,
Pag s.lif,. il ileceu, pour de du u
Pag il. li 14 fautlnccapitaine* au plu.
Pag. w lig. c autte* meubles, au plu
Pa 'j ii.jo.conkruaft, liiez, concernait,
Pa. 17 li. 20. feftant, taurine S citant.
Pj.}8. Il 2;. prenenrjilc'jpreinenc.
Pa. 40 lig 24 de la, liiez, dans la.
Pag j4.li.23 tic diï, pour, desdix.
Pag. 58 lig 16 & 21. &. ailleurs iouucnt.lct-
Pa. 6}.li.3i.forts,pourfors.
Pa. 73. li. dernière. Manammé , liiez Ma-
riamné.
Pag 77 li 17 ceux, liiez, celle,
Pag St- li. ît. creu, liiez, cru,.
Pag. 86.I12. n, rault ofter , v, de deuant vi-
des. ' f
Pag. 90. li. dernière :1a "ille, liiez. La
Pag pv.li. 4.1elr[ucls. ltfï]uclles.lig sEu-
»ie, Eunie. itempa. 101. h. 6.
Pag. 100, lig pécule, euft, eut. item p a&
i»f. II. 14. 6
Pag. 10 1 li. x à plein, liiez, aplani.
ioudaits, iold.us.
Pag. 110. lig. dernière, Tyrimmut , Lf«,
Tyrimmas.
Pag. . i> . li. 1 fur le, pour, fur la.
Pa^. 118 U ji paysalrang rs,Ufez,pycs
eftiangcrrs.
Pag. m. lig d cr . CaducienSjlifez^adu.
iuui
Pag in. lig 18 fachenamina,pour,6|fcniî«
11a.
Pag ri lig 27. armez, pour arm-
Pag H9 li ii la l'Attribue, la cilùperflu,
'"6" 1- - "lu.pour le.
I ag- 77. li. î. battant, li l CZj bannr.
Pag iSi.l.g 7 5>ailkuis, le m.11111 , lif^
la rm-nmi.
Pag i8j.aulieudc,il ) Iirez.Il.
Pag. 184. li g. 4. l'cfforce.inrs ,pour Ceff-f.
çants lig. 11. ces mots, It leiiftema-fynt .
il-! *.ti\ s tommCauBTeo la }5 /
Pag si lig. i*. nettoient, pour mfctMK*
&Ii îi.vcupour.veuë
Pag. iy i.lig. 5 o. ,ly alliez, il a v -
FIN.